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DURABILITE DES BETONS, vis-à-vis des agents agressifs (II) Master 2, Mat/GC

Pr H. KHELAFI Université d’Adrar, 2020-2021


LA DURABILITE DES BETONS
CHAPITRE II DURABILITE DU BETON VIS-A-VIS DES AGENTS AGRESSIFS

1. Carbonatation du béton
C'est une réaction entre le gaz carbonique (CO 2 ) existant soit en phase gazeuse, soit
par suite; de solubilité dans l'eau (eaux pluviales) avec la chaux (Ca(OH) 2 ) libérée lors de
l'hydratation des silicates bicalcique (C 2 S)et tricalcique (C 3 S) pour former le Carbonate de
Calcium (CaCO 3 ) appelé aussi calcite.
Ca(OH) 2 + CO2 CaCO 3 + H2 O

Cette réaction n'est pas en elle-même pathologique et doit être considérée comme
une évolution normale du béton. Cependant, elle consomme peu à peu la réserve
d'alcalinité du milieu assurée par la chaux, qui a un pH initial compris entre 12 et 13, et
évolue vers la neutralité (pH ~ 9). Conséquence, l'alcalinité n'est plus capable de maintenir
la passivité du film d'oxyde. Une telle situation augmente considérablement la vulnérabilité
des armatures aux phénomènes de corrosion, en particulier si des facteurs aggravants
(sels, chlorures, eaux etc.) se trouvent présents. L’extension et l'intensité de la
carbonatation sont pilotées par plusieurs facteurs :

1. La compacité du béton : L'épaisseur de la couche carbonatée n'est que de quelques


millimètres pour des faibles rapports E/C, alors qu'elle atteint plusieurs centimètres
pour des rapports E/C élevés.
2. Climat (l'humidité atmosphérique).
3. L'état plus ou moins saturé du béton.
4. Exposition ou non aux eaux agressives (eau de pluie)

Facteurs influençant la carbonatation


Le facteur fondamental qui contrôle la carbonatation est la diffusivité de la pâte de
ciment durci. La diffusivité est fonction du réseau poreux de la pâte de ciment durci
pendant la période où la diffusion du CO 2 se produit. Il en résulte que le type de ciment, le
rapport eau/ciment et le degré d’hydratation sont importants .

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De façon générale, les effets de l’absence d’un mûrissement initial sur la
carbonatation persistent pendant plusieurs années, ce qui produit, près de la surface, une
pâte de ciment durci dont la microstructure facilite la diffusion du CO 2 .

L’effet des ajouts minéraux sur la carbonatation


La silice contenu dans les cendres volantes réagit avec le Ca(OH) 2 résultant de
l’hydratation du ciment Portland. Il en résulte que les ciments composés ont une plus
faible teneur en Ca(OH) 2 dans la pâte de ciment durci, de sorte qu’une plus petite teneur
de CO 2 est nécessaire pour consommer tout le Ca(OH) 2 en produisant du CaCO 3 .
Il existe cependant un autre effet de la réaction pouzzolanique entre la silice et le
Ca(OH) 2 , à savoir l’obtention d’une pâte de ciment hydraté de structure plus dense, de
sorte que la diffusivité est réduite et que la carbonatation s’en trouve ralentie.

2. Durabilité du béton dans un environnement acide


L’attaque chimique du béton prend la forme d’une décomposition des produits de
l’hydratation et de la formation de nouveaux composés qui, s’ils sont solubles, peuvent
être lessivés et qui, s’ils sont insolubles, peuvent être préjudiciables in situ. Les substances
agressives doivent être en solution. Le Ca(OH) 2 est l’hydrate le plus vulnérable, mais les C-
S-H peuvent aussi être attaqués. Les granulats calcaires sont également vulnérables. Le sel
formé (oxalate de calcium) est insoluble dans l’eau et donc le béton n’est pas endommagé.
C’est aussi le cas avec les acides phosphoriques et tartrique.
Les acides peuvent être divisés en acides organiques et acides inorganiques. L’acide
chlorhydrique, l’acide nitrique et l’acide sulfurique par exemple sont des acides
inorganiques, et l’acide formique, l’acide acétique et l’acide oléique des acides organiques.
Les acides inorganiques sont plus nuisibles pour le béton que les acides organiques.
De nombreux acides inorganiques forment avec le Ca(OH) 2 contenu dans la pâte de
ciment durcie, des composés facilement solubles dans l’eau, par:

Ca(OH) 2 + 2HCl → CaCl 2 + 2H2 O


Hydroxyde de calcium + acide chlorhydrique chlorure de calcium + eau

Ca(OH) 2 + 2HNO 3 → Ca(NO 3 )2 + 2H 2 O


Hydroxyde de calcium + acide nitrique nitrate de calcium + eau

Un acide est d’autant plus nuisible que les sels de calcium formés sont plus
facilement solubles. L’acide perchlorique, l’acide nitrique et l’acide chlorhydrique font
donc partie des substances très agressives, car les sels correspondants (perchlorate, nitrate
et chlorure de calcium) sont très facilement solubles dans l’eau. Les phosphates de
calcium, engendrés par l’acide phosphorique, ne le sont que difficilement. Ils forment à la
surface du béton une couche qui empêche de nouvelles agressions par l’acide
phosphorique.
L’acide sulfurique devrait être relativement inoffensif, car les sulfates de calcium
sont difficilement solubles dans l’eau. Mais les ions de sulfate jouent en l’occurrence un
rôle nuisible pour le béton (gonflement dû aux sulfates).
Les acides inorganiques forts ne réagissent pas uniquement avec l’hydroxyde de
calcium. Ils attaquent également les autres composants de la pâte de ciment durcie, en
formant des sels calciques, aluminiques ou ferriques, ainsi que des acides siliciques
colloïdaux (gels de silice).

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L’acide carbonique, H2 CO 3 se trouve dans de nombreuses eaux, car il se forme, entre
autres, lorsque du CO 2 contenu dans l’air se dissout dans l’eau, ou que des matières
animales ou végétales pourrissent. L’acide carbonique peut se trouver dans l’eau sous deux
formes, dont une seulement attaque la pâte de ciment durcie. Les spéciali stes distinguent
entre l’acide carbonique fixé, stabilisant, et l’acide carbonique agressif ou excédentaire qui
est dangereux pour la pâte de ciment durcie, également appelé acide carbonique
dissolvant le calcaire et qui se transforme en carbone de calcium.
Les acides organiques attaquent également le béton, en transformant le Ca(OH) 2 en
sels facilement à difficilement solubles :
Ca(OH) 2 + HO 2 CCH 3 → Ca(O 2 CCH3 ) 2 + 2H 2 O
Hydroxyde de calcium + acide acétique acétate de calcium + eau

L’acide acétique, ainsi que l’acide formique et l’acide lactique, font parties des
acides organiques plus forts, qui forment des sels calciques très facilement solubles dans
l’eau et nuisent donc au béton, l’acide oxalique et l’acide tartrique engendrent e n
revanche des produits réactionnels difficilement solubles, qui conviennent même comme
couches protectrices pour le béton.

Effets des ajouts cimentaires sur la résistance aux acides :


La résistance chimique se trouve nettement plus améliorée avec la fumée de silice qu’avec
le métakaolin. Ce dernier, donne une meilleure résistance qu’avec les cendres volantes et diminue
à mesure que le niveau de substitution augmente du niveau de 0 – 10% au niveau de 15 – 30%.
L’influence du métakaolin sur la résistance des mortiers à l’attaque des acides (5% HCl et 5%
H2SO4) est réelle. Les pourcentages de substitution dans le poids pour le mortier contenant le
métakaolin augmente, immergé dans HCl, étaient inférieurs à ceux immergé dans H2SO4. Plus le
pourcentage de métakaolin augmente, plus la résistance de l’attaque acide est haute, la résistance
de l’attaque acide a été réduite lorsque le rapport eau/liant diminuait.

3. Durabilité du béton dans un environnement sulfatique


3.1 Mécanismes généraux de dégradation par les sulfates
Deux mécanismes principaux, indissociables, sont mis en jeu :
Le premier correspond au passage en solution (lixiviation) des ions calcium de l’hydroxyde
de calcium, Ca(OH)2, et des C-S-H. C’est le processus de dégradation dont la conséquence est un
accroissement de la porosité du matériau qui se traduit par une augmentation de la perméabilité
et de la diffusivité et qui accélère le transfert des ions agressifs dans le matériau. Exemple des
réactions qui se produisent avec le sulfate de sodium :

Ca(OH)2 + Na2SO4 + 2H2O→ CaSO4.2H2O + 2NaOH (1)

3CaO.2SiO2.3H2O + 3Na2SO4 + 9H2O → 3CaSO4.2H2O + 6NaOH + 2SiO2.3H2O (2)

Les deux réactions conduisent à la libération des ions Ca2+ et à la formation de gypse
CaSO4.2H2O qui précipite si le produit des ions [Ca2+].[SO42–] excède le produit de solubilité du
composé. La portlandite est dissociée suivant la réaction :

Ca(OH)2 ↔ Ca2+ + 2OH–

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Les ions calcium des C-S-H, dont le rapport C/S diminue, passent progressivement en
solution, le terme ultime de la réaction étant un gel de silice hydraté.
Le second mécanisme, en relation avec le premier, correspond à la formation de sels tels
que l’ettringite, trisulfoaluminate de calcium hydraté de formule chimique
3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O. La précipitation de ce sel peut conduire à des gonflements et des
fissurations plus ou moins importantes du béton. Elle résulte de la réaction du gypse plus ou moins
dissocié en ions SO42– et Ca2+, issus des réactions (1) et (2), avec les aluminates de calcium du liant:
aluminates anhydres, essentiellement l’aluminate tricalcique C3A et, à un degré moindre,
l’alumino-ferrite tétracalcique C4AF, aluminates hydratés de type C4AH13 et monosulfoaluminate
de calcium 3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O. Les réactions avec le C3A et avec le monosulfoaluminate
peuvent s’écrire schématiquement :

3CaO.Al2O3 + 3CaSO4.2H2O + 26H2O → 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O (3)

3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O + 2CaSO4.2H2O + 16H2O → 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O

Toutes ces réactions, qui se produisent à l’échelle microscopique, se traduisent sur


l’ouvrage par l’endommagement du béton, la formation de fissures plus ou moins importantes et
des pertes de raideur et de résistances mécaniques. L’accroissement de la perméabilité dû à la
fissuration du matériau peut accélérer les dégradations.

3.3.4. Les différentes catégories d’ettringite


Selon les conditions de sa formation, l’ettringite peut être expansive ou non expansive.
Cependant, la présence de ce composé, même en quantité importante, n’est pas le signe
automatique d’une agression par les sulfates :
– ettringite de formation primaire n’a aucun effet négatif. Il s’agit de celle, également, qui est à
l’origine du durcissement des ciments spéciaux de type sursulfaté ou sulfoalumineux ;
– ettringite de formation secondaire pouvant générer des gonflements, en relation avec un apport
de sulfates externes dans les bétons formulés avec des ciments non résistants aux sulfates
(ciments à teneur élevée en C3A et en C3S) ;
– ettringite de formation secondaire ne provoquant pas d’expansion résultant de phénomènes de
dissolution/recristallisation dus à la percolation d’eau dans le matériau poreux ou fissuré. Cette
ettringite n’a pas de caractère expansif en elle-même mais peut accompagner des phénomènes
d’expansion. C’est aussi celle qui est observée dans les fissures provoquées par l’ettringite de
formation différée dans les bétons ayant subi un échauffement.

3.3.5. Mécanismes d’expansion de l’ettringite


La pression de cristallisation du gypse pour un taux de sursaturation de 2 est de 28 MPa.
Elle est de 160 MPa lorsque le taux de sursaturation est de 50. Les pressions de gonflement sont
régies par deux paramètres majeurs : le degré de sursaturation local et le confinement dans des
régions microporeuses de la pâte de ciment durcie, le confinement impliquant un degré de
sursaturation élevé. Dans les ciments hydratés, des conditions extrêmes de sursaturation peuvent
exister au niveau des sites réactifs (aluminates et silicates anhydres et hydratés) où, au contact des
sulfates venus du milieu extérieur, l’ettringite précipite instantanément in situ, suivant un
processus dynamique d’échange entre la phase liquide interstitielle et les phases solides.
Dans les processus de formation d’ettringite, les alcalins présents dans la solution
interstitielle du béton peuvent avoir une influence notable sur les conditions de stabilité du
minéral en favorisant son passage en solution.

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Le premier faciès correspond à celui de l’ettringite primaire, dite «bien cristallisée», ne
provoquant pas d’expansion et se présentant sous forme d’aiguilles ; le second est caractéristique
de l’ettringite secondaire, dite «mal cristallisée», pouvant provoquer de l’expansion, d’aspect plus
ou moins amorphe et sans forme cristalline nettement exprimée.

3.3.6. Influence du cation associé au sulfate


L’agressivité des sulfates est plus ou moins forte en fonction du cation associé à l’anion SO42– :
– les sulfates de calcium, présents dans les sols sous forme de gypse et d’anhydrite ou dans les
eaux souterraines, sont agressifs vis-à-vis du béton malgré leur faible solubilité, suivant un
processus plus lent que celui qui est observé avec les sulfates de magnésium et d’ammonium ;
– les sulfates de sodium ou de potassium beaucoup plus solubles entraînent des dégradations plus
rapides par formation de gypse et d’ettringite ainsi que par lixiviation de la chaux de la portlandite
et des C-S-H ;
– le sulfate de magnésium très soluble et extrêmement agressif, conduit à des réactions plus
complexes faisant intervenir des échanges Ca2+ → Mg2+ avec formation de brucite Mg(OH)2 :

Ca(OH)2 + MgSO4 + 2H2O → CaSO4.2H2O + Mg(OH)2 (6)

3CaO.Al2O3 + 3CaSO4.2H2O + 26H2O → 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O (7)

C-S-H + MgSO4 + aq. → CaSO4.2H2O + Mg(OH)2 + (C,M)-S-H (8)

La portlandite réagit avec MgSO4 pour donner du gypse et de la brucite ; le gypse réagit
avec le C3A ou les aluminates hydratés du liant pour former de l’ettringite; les C-S-H sont
progressivement dégradés par formation de gypse, de brucite et d’un silicate hydraté calcio-
magnésien de type (C,M)-S-H dans lequel le calcium est remplacé plus ou moins complètement
par le magnésium. Le produit résultant final peut être un mélange de brucite et d’un gel de silice.
La formation de ces phases consomme des ions OH–, et la diminution du pH qui en résulte
provoque la dissolution de la plupart des hydrates de la matrice cimentaire. Le calcium libéré
réagit avec les sulfates pour former du gypse.

Important : Les dégradations par les sulfates ont lieu selon deux processus principaux
interdépendants :
– lixiviation des constituants calciques Ca(OH)2 et C-S-H du liant ;
– précipitation de sels pouvant provoquer de l’expansion : gypse et surtout ettringite.
L’ettringite existe sous différentes formes dans le béton et sa présence n’est pas le signe
automatique d’une attaque sulfatique. Son caractère expansif ou non dépend des conditions
physico-chimiques de sa formation en relation avec la composition chimique et minéralogique du
ciment (teneurs en C3A, C3S, SO3…), la formule du béton (dosage en ciment, E/C, teneur en fines…)
et les conditions environnementales (nature du sulfate, température, hygrométrie…).
Le mécanisme d’expansion est en relation avec les pressions de cristallisation élevées
développées, au niveau des sites réactifs (aluminates anhydres ou hydratés), dans des espaces
microporeux et confinés de la pâte de ciment où règnent des conditions de sursaturation
vraisemblablement très élevées.
L’utilisation d’additions minérales (laitier de haut-fourneau, cendres silico-alumineuses,
fumées de silice, pouzzolanes) consommatrices de chaux, productrices de C-S-H abondants de
rapport CaO/SiO2 plus faibles et pouvant contribuer à l’accroissement de la compacité du béton,
permet de réduire les risques de dégradation.

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3.4. La formation de thaumasite : un cas particulier d’attaque sulfatique


La thaumasite CaSiO3.CaSO4.CaCO3.15H2O est un minéral rare à l’état naturel. La formation
de ce composé peut engendrer des dégradations importantes. On distingue une forme nocive et
une forme non nocive.
La formation de thaumasite nécessite :
– une source d’ions calcium : portlandite ou silicates de calcium (C-S-H) ;
– une source d’ions sulfate : sulfates d’origine interne ou externe ;
– une source de silice : C-S-H ou autre forme de silice réactive ;
– une source d’ions carbonate : CaCO3 (calcite), CO2 atmosphérique, CO2 dissout;
– de l’eau en quantité suffisante pour assurer le transport des espèces réactives ;
– une température inférieure à 15 °C.

Important : La formation de thaumasite, CaSiO3.CaSO4.CaCO3.15H2O, est une forme particulière


d’attaque sulfatique. Elle peut provoquer la dégradation des bétons dans les conditions suivantes :
température inférieure à 15 °C, présence d’eau, existence de sources de sulfates, de carbonates
(fines calcaires ou CO2 atmosphérique ou dissout), de silice réactive (C-S-H). Le mécanisme de
dégradation est essentiellement une destruction des C-S-H entraînant leur transformation en un
produit sans cohésion ayant la consistance d’une boue. La thaumasite est souvent accompagnée
d’ettringite avec laquelle elle présente de grandes analogies de structure et de faciès cristallin et à
partir de laquelle elle peut se former.
Les principales mesures préventives vis-à-vis de ce type d’attaque sont la formulation d’un
béton compact, le choix d’une formule de béton évitant autant que possible la présence de fines
calcaires, l’utilisation de ciments à forte teneur en laitier de haut-fourneau et une protection de
l’ouvrage contre les venues d’eau.

4. Attaque des bétons par les chlorures

Les chlorures peuvent apparaître dans le béton soit par ses constituants (granulats de mer non
lavés, béton gâché à l'eau de mer, adjuvants contenant des chlorures...), soit par l'environnement
(proximité de la mer, sels de déverglaçage...).
Lorsque ces chlorures atteignent en quantité suffisante les armatures (seuil limite en chlorures
totaux : 0.65% du poids de ciment selon la norme P18-011), ils conduisent à leur dépassivation et
à une plus grande sensibilité à la corrosion.
Dans le cas où le béton est déjà carbonaté et que la corrosion est amorcée, les chlorures jouent
un rôle de catalyseur.

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Cristaux de chloroaluminates de calcium.


Leur présence dans ce cas précis est liée à la proximité de la mer

5. Attaques d’origine biochimique


5.1. Cas des eaux usées
ACTION DES BACTERIES
La dégradation des bétons par les microorganismes se produit essentiellement en milieu
anaérobie riche en matière organique tel que les effluents résiduaires.
Les bactéries qui prédominent dans ces milieux sont de type sulfato-réducteur. Elles se
développent dans des effluents de pH compris entre 5 et 9,5, à des températures s'échelonnant de
–5° à +75°C et dans des milieux caractérisés par un potentiel d'oxydo-réduction assez bas.
L'augmentation dans le milieu de la teneur en sulfures provenant de la réduction des composés
oxydés du soufre (sulfate, thiosulfate) par les bactéries sulfurogènes conduit à la formation de
sulfures qui dégazent dans l'atmosphère sous forme d'H2S. Dans les ouvrages comportant une
partie émergée tels que les ouvrages d'assainissement, les sulfures gazeux peuvent se
recondenser sur les parois en béton et s'oxyder en acide sulfurique et sulfates sous l'action de
bactéries aérobies de type Thiobacillus, Thiooxydans, etc... L'acide ainsi produit conduit à une
dégradation du béton par une succession de réactions chimiques qui aboutissent essentiellement
à la formation de gypse. Ce dernier peut ensuite réagir avec l'aluminate tricalcique du ciment et
former de l'ettringite entraînant le gonflement puis l'éclatement du béton.
Les principaux paramètres qui influent sur la vitesse de dégradation des bétons par les
bactéries sont :
 la composition du milieu et notamment la composition en H2S qui influence la croissance
des bactéries. En dessous d'une teneur en sulfures inférieure à 1 mg/L dans l'effluent,
l'attaque du béton est faible. Elle ne devient importante qu'à partir de 5mg/L ;

 l'humidité : elle est nécessaire à la fois pour la formation du biofilm et pour le


développement de l'attaque acide ;
 la température : elle joue surtout un rôle sur la réactivité de la biomasse produisant les
sulfures ;
 la vitesse d'écoulement et notamment la formation de turbulences.

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6. CAS DES BÉTONS EXPOSÉS AU MILIEU MARIN. INTERACTIONS COUPLÉES
6.1. Importance du problème et multiplicité des facteurs agressifs
La durabilité du béton en milieu marin est un problème complexe en raison du nombre de
facteurs pouvant intervenir lors d’une attaque par l’eau de mer :
– complexité des conditions environnementales (immersion totale, marnage, aspersion, embruns);
– complexité des réactions chimiques susceptibles de se produire en relation avec la diversité des
ions présents dans l’eau de mer (action simultanée des chlorures, des sulfates, des carbonates),
certaines réactions pouvant avoir un effet atténuateur (carbonatation, précipitation de brucite
Mg(OH)2) ;
– couplage avec des agressions physiques et mécaniques (cycles d’humidification /séchage, gel,
actions mécaniques des vagues, érosion…) ;
–les dégradations possibles du béton dues à la corrosion des aciers. La corrosion est souvent la
cause principale des dommages constatés sur les ouvrages en milieu marin.
Dans les zones immergées en permanence (XS2), l’agressivité chimique de l’eau de mer vis-
à-vis des bétons fabriqués suivant les règles de l’art est modérée et, sauf conditions
exceptionnelles (gel par exemple) les dégradations restent superficielles. Dans ces zones, où le
béton est constamment saturé, les risques de corrosion des aciers sont également limités du fait
du très faible coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’eau.
Les zones de marnage, les zones soumises à des projections ou des embruns (XS3) sont les
plus exposées en raison des actions physiques qui viennent se superposer aux processus
chimiques : effets mécaniques des vagues et érosion par les sables et graviers, cycles
d’humidification/séchage, variations de température journalières et saisonnières,
dissolution/recristallisation de sels (chlorure de sodium)…Les risques de corrosion des aciers sont
également les plus importants dans ces zones.

6.2. Les données de l’observation et de l’expérience


L’eau de mer peut être considérée comme un électrolyte dont la concentration en espèces
dissoutes est élevée et dont la salinité varie largement d’une région à l’autre.
Les principaux sels qui composent l’eau de mer sont les suivants :
– le chlorure de sodium (NaCl) qui est prépondérant ;
– le chlorure de magnésium (MgCl2) ;
– le sulfate de magnésium (MgSO4) ;
– le sulfate de calcium (CaSO4) ;
– le chlorure de calcium (CaCl2) ;
– le carbonate acide de potassium (KHCO3).
La durée de vie des constructions en béton soumises à un environnement marin peut être
très longue : beaucoup d’ouvrages sont encore en service après cinquante à soixante-dix ans de
service. Les structures marines construites en béton sont durables, à condition d’avoir choisi un
ciment adapté, suffisamment dosé, d’avoir adopté un rapport E/C pas trop élevé (0,55 et 0,50
respectivement pour les classes d’exposition XS2 et XS3), d’avoir bien vibré le béton et de lui avoir
assuré une cure suffisante. Pour le béton armé, il faut respecter les épaisseurs d’enrobage fixées
par l’Eurocode en fonction de la classe d’exposition.

6.3. Les mécanismes d’attaques par les eaux de mer


Les principaux mécanismes mis en jeu, fortement imbriqués, sont les suivants :
– dissolution et lixiviation du calcium des composés calciques du béton Ca(OH)2 et C-S-H ou
redissolution de composés néoformés à différents niveaux du front de dégradation (chloro-

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aluminates, sulfo-aluminates, gypse…). Ces réactions provoquent un accroissement de la porosité
du béton ;
– précipitation de produits pouvant être expansifs (ettringite), de composés insolubles plus ou
moins protecteurs (CaCO3, Mg(OH)2) ;
– échange de bases Ca++ ↔ Mg++ avec formation de brucite Mg(OH)2 insoluble, et transformation
des C-S-H initiaux en C-M-S-H plus ou moins riches en magnésium.

6.4. Les paramètres qui conditionnent la durabilité des bétons en milieu marin
6.4.1. Paramètres environnementaux
• Composition de l’eau de mer : teneur en sels, conditions climatiques locales (ensoleillement…).
• Conditions climatiques générales : cycles annuels et saisonniers (gel, ensoleillement…),
température ( un facteur d’accélération des réactions chimiques).
• Zone d’exposition : immersion totale, semi-immersion, zone de marnage et d’aspersion, zone
d’embruns, choc des vagues, érosion par le sable…

6.4.2. Paramètres géométriques


• Nature et dimensions des éléments exposés : digues, piles, tabliers d’appontement, poutres…
• Épaisseur des éléments, arêtes, particulièrement sensibles aux attaques…

6.4.3. Paramètres en relation avec la formulation du béton


• La compacité est l’indicateur majeur de résistance aux agressions par l’eau de mer. Elle est
représentée essentiellement par la porosité, la perméabilité et la diffusivité.
• Le type de ciment. Outre la limitation des teneurs en C3A et en SO3, le C3S est aussi une source
de portlandite, minéral vulnérable dans l’eau de mer. Les ciments composés à base de cendres
volantes, de pouzzolanes, de fumées de silice ou plus particulièrement de laitier granulé de haut
fourneau, qui conduisent à des bétons moins riches en portlandite, sont généralement bien
adaptés aux travaux à la mer. Les ciments contenant au moins 60 % de laitier (CEM III/A, III/B et
III/C) sont résistants à l’eau de mer.

Important : L’eau de mer est intrinsèquement un milieu modérément agressif chimiquement. Dans
les zones de marnage et d’aspersion, soumises aux cycles d’humidification/ séchage ainsi qu’aux
effets mécaniques des vagues, le milieu doit être considéré comme fortement agressif. En raison de
la multiplicité des ions en présence, les mécanismes d’attaque sont complexes et très imbriqués :
– dissolution de la portlandite et lixiviation de la chaux des C-S-H ; échanges Ca2+→ Mg2+ avec
précipitation de brucite Mg(OH)2, insoluble, et transformation progressive des C-S-H en C-M-S-H,
sans propriétés liantes ;
– formation de monochloroaluminates de calcium C3A.CaCl2.10H2O. Précipitation de gypse
secondaire CaSO4.2H2O ;
– formation d’ettringiteC3A.3CaSO4.32H2O expansive par réaction des sulfates avec les aluminates
du ciment et par transformation des chloroaluminates ; cristallisation de calcite ou d’aragonite
CaCO3 ;
– formation de thaumasite CaCO3.CaSO4.CaSiO3.15H2O.
L’ensemble de ces réactions se traduit par un accroissement de la porosité du béton, par
des gonflements et des fissurations, fortement aggravés par les cycles climatiques, les effets
mécaniques des vagues et éventuellement par la corrosion des armatures. La formation de brucite
et de calcite à la surface du béton peut avoir un effet atténuateur.
Les indicateurs majeurs de la durabilité en milieu marin sont :
– la compacité du béton qui conditionne sa perméabilité et sa diffusivité ;

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– la teneur en C3A du ciment;
– la teneur potentielle en Ca(OH)2, les ciments avec constituants réduisant la teneur potentielle en
portlandite (cendres volantes, pouzzolanes, laitier de hautfourneau…) étant favorables de ce point
de vue.

Important :
Dans les milieux chimiquement agressifs, et compte tenu des diversités et des sévérités des
attaques de la matrice cimentaire, il convient de retenir suffisamment en amont de l’exécution du
chantier une approche méthodologique particulière si l’on veut garantir la durabilité :
– réflexions sur la conception, la formulation, la fabrication, la mise en œuvre et l’entretien
(maintenance) des bétons dans la structure ;
– recherche d’une formulation de béton basée sur une approche performantielle et qualifiée par les
indicateurs de durabilité pertinents de l’attaque considérée ;
– validation de l’approche retenue par des essais, accélérés ou non, représentatifs de l’attaque
considérée.

ACTION DES SELS :


De très nombreux sels attaquent la pâte de ciment durcie en formant des sels
solubles dans l’eau, lesquels sont lessivés. Tous les sels de magnésium, à l’exception du
sulfate de magnésium très difficilement soluble dans l’eau, sont ainsi à même de remplacer
les ions de calcium dans la pâte de ciment durcie. Il se forme à la surface du béton de
l’hydroxyde de magnésium et des silicates de magnésium, qui empêchent une autre
attaque. L’hydroxyde de magnésium se présente toutefois sous forme de masse molle,
gélatineuse, qui est emportée par l’eau coulant rapidement [52]. les sels d’ammonium
dissolvent surtout le Ca(OH) 2 de la pâte de ciment durcie, ce qui engendre de l’ammoniac.
Pour le chlorure d’ammonium, la réaction est par exemple :
Ca(OH) 2 + 2(NH 4 )Cl → CaCl 2 + 2NH 3
Hydroxyde de calcium + chlorure d’ammonium chlorure de calcium +
ammoniac
L’ammoniac libéré, une base se dissout dans l’eau. Il n’attaque pas le béton. Le
carbonate d’ammonium et le fluorure d’ammonium, qui engendreraient du carbonate de
calcium et de fluorure de calcium, des composés difficilement solubles, ne sont pas
dangereux pour la pâte de ciment durcie [53].
Contrairement à l’armature, la pâte de ciment durcie n’est altérée par les ions de
chlorure que s’ils sont fortement concentrés. (Dans l’eau de gâchage, les chlorures
accélèrent l’hydratation du clinker Portland encore existant). Par réaction avec les
aluminates hydratés, les ions de chlorure se transforment en chloroaluminates
difficilement solubles, par exemple 3CaO. Al 2 O3 . CaCl 2 . H 2 O, partiellement fixés dans le
béton. Comme nous le mentionnons plus loin, ils ont dans l’eau de mer un effet positif
quand à de possibles dégâts dus aux sulfates [54].

ACTION DES BASES


Les bases sont en général peu nuisibles pour le béton. Les bases fortes, telles que
l’hydroxyde de sodium ou de potassium, réagissent toutefois avec les composés d’aluminates
hydratés, en particulier avec l’aluminium tricalcique hydraté. Le ciment Portland ne contenant que
peu d’aluminates, ces réactions sont d’importance secondaire. Avec l’hydroxyde de sodium, on a
observé que des solutions à 10% avaient pour effet d’augmenter la résistance ; ce n’est qu’à partir
de concentrations à 25% que les bases entraînent d’importantes pertes de résistance [54].
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7. ÉLÉMENTS DE BASE POUR UNE DÉMARCHE DIAGNOSTIC DES DÉGRADATIONS D’ORIGINE


CHIMIQUE
La démarche doit prendre en compte tous les éléments historiques, techniques,
environnementaux et économiques du problème. Elle comporte quatre grandes phases :
• formulation du problème. Type d’ouvrage, pathologies observées, évolution, conséquences
(esthétiques, structurales…), questions : (identification des pathologies ? État d’avancement ?
Évolution possible ? Gestion à long terme ?)
• informations générales sur la construction, consultation des documents existants :
– catégorie d’ouvrage, importance économique, prestige…
– date de construction, durée, différentes étapes…
– déroulement du chantier : conditions particulières, incidents divers…
• informations sur les matériaux et leur approvisionnement :
– formulation du béton : classe de consistance, classe de résistance,
– type(s) de ciment(s), dosage(s), additions minérales,
– eau de gâchage : dosage, composition,
– granulats : origine (roulés, concassés), nature pétrographique, composition minéralogique,
granulométrie…
• localisation de l’ouvrage et caractéristiques environnementales régionales, variations
saisonnières, conditions locales particulières pour certaines parties de l’ouvrage : parties
enterrées, aériennes, immergées, semi-immergées, en zone de marnage, infiltrations,
écoulements, remontées capillaires, embruns, gaz d’origine industrielle ou domestique…
• visite de l’ouvrage et inventaire des désordres apparents : distinction des dommages au
matériau résultant d’une attaque chimique et des dommages résultant d’effets mécaniques,
couplages éventuels ;
• détermination d’un programme d’essais adapté à l’importance économique et au prestige de
l’ouvrage pouvant comporter :
– des essais sur site : relevé des fissures, efflorescences, exsudations, déformations, mesure de
l’indice de fissuration, instrumentation (suivi des déformations, températures, humidité relative),
auscultation dynamique, dosages chimiques in situ (chlorures, sulfates…). Prélèvements
d’échantillons représentatifs dans des zones dégradées et non dégradées (carottages, éclats,
produits de réaction…) ;
– des essais en laboratoire :
– essais généraux (mesure des résistances mécaniques sur carottes, porosité à l’eau et masse
volumique, analyse chimique globale, identification du ciment par microscopie ou par chimie,
dosage en ciment, mesure de l’eau libre, de l’eau liée, de Ca(OH)2 par ATG/ATD, examens MEB de
la microstructure et identification des produits de réactions et de l’origine des dégradations,
analyse par DRX…),
– essais spécifiques en relation avec le type d’attaque identifié ou supposé.

Important : Compte tenu des multiplicités des types d’agressions chimiques d’une part, et des
similitudes des dégradations constatées d’autre part, il est souvent très difficile d’établir un
diagnostic simple. De plus, dans la plupart des cas, les dégradations observées ne sont pas la
conséquence d’une seule agression mais la somme d’agressions multiples, chimiques, physiques et
mécaniques.
L’approche holistique, réalisée par des spécialistes du diagnostic, représente une méthode sûre et
efficace pour analyser et comprendre la genèse des dégradations observées, phases indispensables
pour proposer ensuite des solutions réparatrices durables.

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La figure I.21 schématise les différents types d'agression chimiques et physico-chimiques que
peuvent subir les ouvrages en bétons, et les conséquences qui en découlent.

Figure I.21- Processus de détérioration du béton [90].

Le béton doit présenter une résistance chimique, lorsqu'il est exposé à des attaques
chimiques [94]. La norme EN 206 [95] définit trois classes correspondant aux degrés d'attaques
chimiques - faible (XA1), modérée (XA2) et forte (XA3). Le tableau I.5 regroupe les sept
caractéristiques chimiques, lorsque l'attaque chimique s'effectue par des sols naturels, les eaux de
surface ou l'eau de mer. Lors d'une attaque par les produits chimiques ou en cas de vitesse
d'écoulement élevée des solutions agressives, une expertise spécifique peut s'avérer nécessaire,
pour déterminer les exigences que le béton doit satisfaire.

Elément en béton XA1 XA2 XA3


2-
SO4 mg/L dans l'eau > 200 et < 600 > 600 et < 3000 > 3000 et < 6000
SO42- mg/kg dans le sol en gle > 2000 et < 3000 > 3000 et < 12000 > 12000 et < 24000
pH de l'eau < 6.5 et > 5.5 < 5.5 et > 4.5 < 4.5 et > 4.0
Degré d'acidité du sol > 20 °C Baumann-Gully
CO2 mg/L dissolution de calcaire > 15 et < 40 > 40 et < 100 > 100
dans l'eau
NH4+ mg/L dans l'eau > 15 et < 30 > 30 et < 60 > 60 et < 100

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Mg2+ mg/L dans l'eau > 300 et < 1000 > 1000 et < 3000 > 3000
Tableau I.5- Valeurs limites pour les classes d'exposition en cas d'attaque chimique [95]
(XA1: attaque faible, XA2: attaque modérée, XA3: attaque forte).

De façon générale, l’attaque chimique du béton prend la forme d’une décomposition des
produits de l’hydratation et de la formation de nouveaux composés qui, s’ils sont solubles peuvent
être lessivés et qui, s’ils sont insolubles, peuvent être préjudiciables in situ. Les substances agressives
doivent être en solution. Le Ca(OH)2 est l’hydrate le plus vulnérable, mais les CSH peuvent aussi être
attaqués. Les granulats calcaires sont généralement vulnérables.
Le tableau I.6 donne une liste limitée de certaines substances agressives. En outre, les
indications spécifiques de quelques autres substances agressives sont données ci-dessous :

Acides
Inorganiques Organiques
Carbonique Acétique
Chlorhydrique Citrique
Fluorhydrique Formique
Nitrique Humique
Phosphorique Lactique
Sulfurique Tannique
Autres substances
Chlorure d’aluminium Graisses végétales et animales
Sels d’ammonium Huiles végétales
Hydrogène sulfuré Sulfates
Tableau I.6- Liste de quelques substances pouvant provoquer de graves attaques chimiques au béton
[97].

9.4. Mécanisme d’attaque par les acides


Le béton et très alcalin en nature, il est extrêmement susceptible à l’attaque de l’acide. Le
mécanisme pour ce processus est très simple. De façon générale, les réactions chimiques et/ou
l'élimination physique n'endommage qu'un ou deux composants de la pâte de ciment. Le tableau
I.7 mentionne les composants du béton menacés par la corrosion.

Composants du béton Désignation Formule chimique


Pâte de ciment Hydroxyde de calcium (CH) Ca(OH)2
Silicate de calcium hydraté (CSH) 3CaO·2SiO2·3H2O
Aluminate de calcium hydraté 3CaO·Al2O3·6H2O
Aluminate de calcium ferrique 6CaO·Al2O3·Fe2O3·12H2O
hydraté
Granulats Calcaire (Carbonate de calcium) CaCO3
Dolomite CaMg(CO3)2
Grès amorphe SiO2·xH2O
Tableau I.7- Composants du béton menacés par la corrosion [127].

On distingue deux types de détérioration:


i- L'agression résolvante
ii- Le gonflement

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Le tableau I.8 résume quelques solubilités des sels de calcium formés à partir différentes
attaques acides :

Sel de calcium d’acide correspondant Solubilité dans l’eau (wt. %)


Sulfate de calcium 0.2
Chlorure de calcium 46.08
Nitrate de calcium 56.00
Fluorure de calcium 0.02
Formiate de calcium 35.2
Acétate de calcium 52.0
Propionate de calcium 44.0
Oxalate de calcium 6.7 x 10-4
Lactate de calcium 1.05
Hydroxyde de Calcium 0.19
Tableau I.8- solubilité de sels de calcium de quelques acides [128].

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