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1. Carbonatation du béton
C'est une réaction entre le gaz carbonique (CO 2 ) existant soit en phase gazeuse, soit
par suite; de solubilité dans l'eau (eaux pluviales) avec la chaux (Ca(OH) 2 ) libérée lors de
l'hydratation des silicates bicalcique (C 2 S)et tricalcique (C 3 S) pour former le Carbonate de
Calcium (CaCO 3 ) appelé aussi calcite.
Ca(OH) 2 + CO2 CaCO 3 + H2 O
Cette réaction n'est pas en elle-même pathologique et doit être considérée comme
une évolution normale du béton. Cependant, elle consomme peu à peu la réserve
d'alcalinité du milieu assurée par la chaux, qui a un pH initial compris entre 12 et 13, et
évolue vers la neutralité (pH ~ 9). Conséquence, l'alcalinité n'est plus capable de maintenir
la passivité du film d'oxyde. Une telle situation augmente considérablement la vulnérabilité
des armatures aux phénomènes de corrosion, en particulier si des facteurs aggravants
(sels, chlorures, eaux etc.) se trouvent présents. L’extension et l'intensité de la
carbonatation sont pilotées par plusieurs facteurs :
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De façon générale, les effets de l’absence d’un mûrissement initial sur la
carbonatation persistent pendant plusieurs années, ce qui produit, près de la surface, une
pâte de ciment durci dont la microstructure facilite la diffusion du CO 2 .
Un acide est d’autant plus nuisible que les sels de calcium formés sont plus
facilement solubles. L’acide perchlorique, l’acide nitrique et l’acide chlorhydrique font
donc partie des substances très agressives, car les sels correspondants (perchlorate, nitrate
et chlorure de calcium) sont très facilement solubles dans l’eau. Les phosphates de
calcium, engendrés par l’acide phosphorique, ne le sont que difficilement. Ils forment à la
surface du béton une couche qui empêche de nouvelles agressions par l’acide
phosphorique.
L’acide sulfurique devrait être relativement inoffensif, car les sulfates de calcium
sont difficilement solubles dans l’eau. Mais les ions de sulfate jouent en l’occurrence un
rôle nuisible pour le béton (gonflement dû aux sulfates).
Les acides inorganiques forts ne réagissent pas uniquement avec l’hydroxyde de
calcium. Ils attaquent également les autres composants de la pâte de ciment durcie, en
formant des sels calciques, aluminiques ou ferriques, ainsi que des acides siliciques
colloïdaux (gels de silice).
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L’acide carbonique, H2 CO 3 se trouve dans de nombreuses eaux, car il se forme, entre
autres, lorsque du CO 2 contenu dans l’air se dissout dans l’eau, ou que des matières
animales ou végétales pourrissent. L’acide carbonique peut se trouver dans l’eau sous deux
formes, dont une seulement attaque la pâte de ciment durcie. Les spéciali stes distinguent
entre l’acide carbonique fixé, stabilisant, et l’acide carbonique agressif ou excédentaire qui
est dangereux pour la pâte de ciment durcie, également appelé acide carbonique
dissolvant le calcaire et qui se transforme en carbone de calcium.
Les acides organiques attaquent également le béton, en transformant le Ca(OH) 2 en
sels facilement à difficilement solubles :
Ca(OH) 2 + HO 2 CCH 3 → Ca(O 2 CCH3 ) 2 + 2H 2 O
Hydroxyde de calcium + acide acétique acétate de calcium + eau
L’acide acétique, ainsi que l’acide formique et l’acide lactique, font parties des
acides organiques plus forts, qui forment des sels calciques très facilement solubles dans
l’eau et nuisent donc au béton, l’acide oxalique et l’acide tartrique engendrent e n
revanche des produits réactionnels difficilement solubles, qui conviennent même comme
couches protectrices pour le béton.
Les deux réactions conduisent à la libération des ions Ca2+ et à la formation de gypse
CaSO4.2H2O qui précipite si le produit des ions [Ca2+].[SO42–] excède le produit de solubilité du
composé. La portlandite est dissociée suivant la réaction :
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Les ions calcium des C-S-H, dont le rapport C/S diminue, passent progressivement en
solution, le terme ultime de la réaction étant un gel de silice hydraté.
Le second mécanisme, en relation avec le premier, correspond à la formation de sels tels
que l’ettringite, trisulfoaluminate de calcium hydraté de formule chimique
3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O. La précipitation de ce sel peut conduire à des gonflements et des
fissurations plus ou moins importantes du béton. Elle résulte de la réaction du gypse plus ou moins
dissocié en ions SO42– et Ca2+, issus des réactions (1) et (2), avec les aluminates de calcium du liant:
aluminates anhydres, essentiellement l’aluminate tricalcique C3A et, à un degré moindre,
l’alumino-ferrite tétracalcique C4AF, aluminates hydratés de type C4AH13 et monosulfoaluminate
de calcium 3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O. Les réactions avec le C3A et avec le monosulfoaluminate
peuvent s’écrire schématiquement :
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Le premier faciès correspond à celui de l’ettringite primaire, dite «bien cristallisée», ne
provoquant pas d’expansion et se présentant sous forme d’aiguilles ; le second est caractéristique
de l’ettringite secondaire, dite «mal cristallisée», pouvant provoquer de l’expansion, d’aspect plus
ou moins amorphe et sans forme cristalline nettement exprimée.
La portlandite réagit avec MgSO4 pour donner du gypse et de la brucite ; le gypse réagit
avec le C3A ou les aluminates hydratés du liant pour former de l’ettringite; les C-S-H sont
progressivement dégradés par formation de gypse, de brucite et d’un silicate hydraté calcio-
magnésien de type (C,M)-S-H dans lequel le calcium est remplacé plus ou moins complètement
par le magnésium. Le produit résultant final peut être un mélange de brucite et d’un gel de silice.
La formation de ces phases consomme des ions OH–, et la diminution du pH qui en résulte
provoque la dissolution de la plupart des hydrates de la matrice cimentaire. Le calcium libéré
réagit avec les sulfates pour former du gypse.
Important : Les dégradations par les sulfates ont lieu selon deux processus principaux
interdépendants :
– lixiviation des constituants calciques Ca(OH)2 et C-S-H du liant ;
– précipitation de sels pouvant provoquer de l’expansion : gypse et surtout ettringite.
L’ettringite existe sous différentes formes dans le béton et sa présence n’est pas le signe
automatique d’une attaque sulfatique. Son caractère expansif ou non dépend des conditions
physico-chimiques de sa formation en relation avec la composition chimique et minéralogique du
ciment (teneurs en C3A, C3S, SO3…), la formule du béton (dosage en ciment, E/C, teneur en fines…)
et les conditions environnementales (nature du sulfate, température, hygrométrie…).
Le mécanisme d’expansion est en relation avec les pressions de cristallisation élevées
développées, au niveau des sites réactifs (aluminates anhydres ou hydratés), dans des espaces
microporeux et confinés de la pâte de ciment où règnent des conditions de sursaturation
vraisemblablement très élevées.
L’utilisation d’additions minérales (laitier de haut-fourneau, cendres silico-alumineuses,
fumées de silice, pouzzolanes) consommatrices de chaux, productrices de C-S-H abondants de
rapport CaO/SiO2 plus faibles et pouvant contribuer à l’accroissement de la compacité du béton,
permet de réduire les risques de dégradation.
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Les chlorures peuvent apparaître dans le béton soit par ses constituants (granulats de mer non
lavés, béton gâché à l'eau de mer, adjuvants contenant des chlorures...), soit par l'environnement
(proximité de la mer, sels de déverglaçage...).
Lorsque ces chlorures atteignent en quantité suffisante les armatures (seuil limite en chlorures
totaux : 0.65% du poids de ciment selon la norme P18-011), ils conduisent à leur dépassivation et
à une plus grande sensibilité à la corrosion.
Dans le cas où le béton est déjà carbonaté et que la corrosion est amorcée, les chlorures jouent
un rôle de catalyseur.
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6. CAS DES BÉTONS EXPOSÉS AU MILIEU MARIN. INTERACTIONS COUPLÉES
6.1. Importance du problème et multiplicité des facteurs agressifs
La durabilité du béton en milieu marin est un problème complexe en raison du nombre de
facteurs pouvant intervenir lors d’une attaque par l’eau de mer :
– complexité des conditions environnementales (immersion totale, marnage, aspersion, embruns);
– complexité des réactions chimiques susceptibles de se produire en relation avec la diversité des
ions présents dans l’eau de mer (action simultanée des chlorures, des sulfates, des carbonates),
certaines réactions pouvant avoir un effet atténuateur (carbonatation, précipitation de brucite
Mg(OH)2) ;
– couplage avec des agressions physiques et mécaniques (cycles d’humidification /séchage, gel,
actions mécaniques des vagues, érosion…) ;
–les dégradations possibles du béton dues à la corrosion des aciers. La corrosion est souvent la
cause principale des dommages constatés sur les ouvrages en milieu marin.
Dans les zones immergées en permanence (XS2), l’agressivité chimique de l’eau de mer vis-
à-vis des bétons fabriqués suivant les règles de l’art est modérée et, sauf conditions
exceptionnelles (gel par exemple) les dégradations restent superficielles. Dans ces zones, où le
béton est constamment saturé, les risques de corrosion des aciers sont également limités du fait
du très faible coefficient de diffusion de l’oxygène dans l’eau.
Les zones de marnage, les zones soumises à des projections ou des embruns (XS3) sont les
plus exposées en raison des actions physiques qui viennent se superposer aux processus
chimiques : effets mécaniques des vagues et érosion par les sables et graviers, cycles
d’humidification/séchage, variations de température journalières et saisonnières,
dissolution/recristallisation de sels (chlorure de sodium)…Les risques de corrosion des aciers sont
également les plus importants dans ces zones.
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aluminates, sulfo-aluminates, gypse…). Ces réactions provoquent un accroissement de la porosité
du béton ;
– précipitation de produits pouvant être expansifs (ettringite), de composés insolubles plus ou
moins protecteurs (CaCO3, Mg(OH)2) ;
– échange de bases Ca++ ↔ Mg++ avec formation de brucite Mg(OH)2 insoluble, et transformation
des C-S-H initiaux en C-M-S-H plus ou moins riches en magnésium.
6.4. Les paramètres qui conditionnent la durabilité des bétons en milieu marin
6.4.1. Paramètres environnementaux
• Composition de l’eau de mer : teneur en sels, conditions climatiques locales (ensoleillement…).
• Conditions climatiques générales : cycles annuels et saisonniers (gel, ensoleillement…),
température ( un facteur d’accélération des réactions chimiques).
• Zone d’exposition : immersion totale, semi-immersion, zone de marnage et d’aspersion, zone
d’embruns, choc des vagues, érosion par le sable…
Important : L’eau de mer est intrinsèquement un milieu modérément agressif chimiquement. Dans
les zones de marnage et d’aspersion, soumises aux cycles d’humidification/ séchage ainsi qu’aux
effets mécaniques des vagues, le milieu doit être considéré comme fortement agressif. En raison de
la multiplicité des ions en présence, les mécanismes d’attaque sont complexes et très imbriqués :
– dissolution de la portlandite et lixiviation de la chaux des C-S-H ; échanges Ca2+→ Mg2+ avec
précipitation de brucite Mg(OH)2, insoluble, et transformation progressive des C-S-H en C-M-S-H,
sans propriétés liantes ;
– formation de monochloroaluminates de calcium C3A.CaCl2.10H2O. Précipitation de gypse
secondaire CaSO4.2H2O ;
– formation d’ettringiteC3A.3CaSO4.32H2O expansive par réaction des sulfates avec les aluminates
du ciment et par transformation des chloroaluminates ; cristallisation de calcite ou d’aragonite
CaCO3 ;
– formation de thaumasite CaCO3.CaSO4.CaSiO3.15H2O.
L’ensemble de ces réactions se traduit par un accroissement de la porosité du béton, par
des gonflements et des fissurations, fortement aggravés par les cycles climatiques, les effets
mécaniques des vagues et éventuellement par la corrosion des armatures. La formation de brucite
et de calcite à la surface du béton peut avoir un effet atténuateur.
Les indicateurs majeurs de la durabilité en milieu marin sont :
– la compacité du béton qui conditionne sa perméabilité et sa diffusivité ;
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– la teneur en C3A du ciment;
– la teneur potentielle en Ca(OH)2, les ciments avec constituants réduisant la teneur potentielle en
portlandite (cendres volantes, pouzzolanes, laitier de hautfourneau…) étant favorables de ce point
de vue.
Important :
Dans les milieux chimiquement agressifs, et compte tenu des diversités et des sévérités des
attaques de la matrice cimentaire, il convient de retenir suffisamment en amont de l’exécution du
chantier une approche méthodologique particulière si l’on veut garantir la durabilité :
– réflexions sur la conception, la formulation, la fabrication, la mise en œuvre et l’entretien
(maintenance) des bétons dans la structure ;
– recherche d’une formulation de béton basée sur une approche performantielle et qualifiée par les
indicateurs de durabilité pertinents de l’attaque considérée ;
– validation de l’approche retenue par des essais, accélérés ou non, représentatifs de l’attaque
considérée.
Important : Compte tenu des multiplicités des types d’agressions chimiques d’une part, et des
similitudes des dégradations constatées d’autre part, il est souvent très difficile d’établir un
diagnostic simple. De plus, dans la plupart des cas, les dégradations observées ne sont pas la
conséquence d’une seule agression mais la somme d’agressions multiples, chimiques, physiques et
mécaniques.
L’approche holistique, réalisée par des spécialistes du diagnostic, représente une méthode sûre et
efficace pour analyser et comprendre la genèse des dégradations observées, phases indispensables
pour proposer ensuite des solutions réparatrices durables.
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La figure I.21 schématise les différents types d'agression chimiques et physico-chimiques que
peuvent subir les ouvrages en bétons, et les conséquences qui en découlent.
Le béton doit présenter une résistance chimique, lorsqu'il est exposé à des attaques
chimiques [94]. La norme EN 206 [95] définit trois classes correspondant aux degrés d'attaques
chimiques - faible (XA1), modérée (XA2) et forte (XA3). Le tableau I.5 regroupe les sept
caractéristiques chimiques, lorsque l'attaque chimique s'effectue par des sols naturels, les eaux de
surface ou l'eau de mer. Lors d'une attaque par les produits chimiques ou en cas de vitesse
d'écoulement élevée des solutions agressives, une expertise spécifique peut s'avérer nécessaire,
pour déterminer les exigences que le béton doit satisfaire.
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Mg2+ mg/L dans l'eau > 300 et < 1000 > 1000 et < 3000 > 3000
Tableau I.5- Valeurs limites pour les classes d'exposition en cas d'attaque chimique [95]
(XA1: attaque faible, XA2: attaque modérée, XA3: attaque forte).
De façon générale, l’attaque chimique du béton prend la forme d’une décomposition des
produits de l’hydratation et de la formation de nouveaux composés qui, s’ils sont solubles peuvent
être lessivés et qui, s’ils sont insolubles, peuvent être préjudiciables in situ. Les substances agressives
doivent être en solution. Le Ca(OH)2 est l’hydrate le plus vulnérable, mais les CSH peuvent aussi être
attaqués. Les granulats calcaires sont généralement vulnérables.
Le tableau I.6 donne une liste limitée de certaines substances agressives. En outre, les
indications spécifiques de quelques autres substances agressives sont données ci-dessous :
Acides
Inorganiques Organiques
Carbonique Acétique
Chlorhydrique Citrique
Fluorhydrique Formique
Nitrique Humique
Phosphorique Lactique
Sulfurique Tannique
Autres substances
Chlorure d’aluminium Graisses végétales et animales
Sels d’ammonium Huiles végétales
Hydrogène sulfuré Sulfates
Tableau I.6- Liste de quelques substances pouvant provoquer de graves attaques chimiques au béton
[97].
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Le tableau I.8 résume quelques solubilités des sels de calcium formés à partir différentes
attaques acides :
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