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DURABILITÉ DES BÉTONS

SOMMAIRE

CHAPITRE 1 : LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D’ACTION

1. INTRODUCTION

2. CLASSIFICATION DES MILIEUX AGRESSIFS


2.1. Aspectes normatifs
2.2. Les milieux agressifs

3. LES MODES D’ACTION DES AGENTS

4. MECANISMES ELEMENTAIRES DE L’INTERACTION ENTRE AGENTS AGRESSIFS ET LE


BETON
4.1. Réactions d’échanges d’ions entre milieu environnant et la pâte de ciment
4.2. Réactions associées à la cristallisation de composés expansifs

5. LA POROSITE ET LA FISSURATION FACTEURS DE DURABILITE DES BETONS


5.1. INTRODUCTION

5.2. LA FISSURATION
2.1. Ressuage
2.2. Retrait thermique
2.3. Retrait chimique
2.4. Retrait hydrique

5.3. LA POROSITE
5.3.1. Types de pores
5.3.1.1.Dimensions des pores
5.3.1.2.Géométrie des pores
5.3.1.3. Rôle des pores dans le transport de la matière
5.3.2. Facteurs influençant la porosité
5.3.2.1.nfluence du dosage en ciment
5.3.2.2.Influence de la cure
5.3.2.3.Influence du rapport E/C

CHAPITRE 2 : DURABILITE DU BETON VIS-A-VIS DES EAUX AGRESSIVES

1. INTRODUCTION

2. DURABILITES DES BETONS DANS UN ENVIRONNEMENT A TENDANCE ACIDE : RISQUES


DE DISSOLUTION
2.1. Action des eaux naturelles sur les bétons
2.1.1. Eaux douces et eaux pures
2.1.2. Pluies acides : cas extrême des eaux douces
2.2. Action des milieux acides

3. DURABILTE DES BETONS DANS UN ENVIRONNEMENT SULFATIQUES : RISQUES


D’EXPANSION
3.1. Processus d’attaque par les sulfates seuls
3.1.1. Action du sulfate de sodium
3.1.2.Action du sulfate de magnésium
3.1.3.Action des autres sulfates:
3.1.4.Paramètre de défense du béton dans un environnement sulfatique

3.2. Durabilité du béton en milieu marin


3.2.1. Les mécanismes d’attaque par l’eau de mer
Action des chlorures :
Action des sulfates (de magnésium)
Action du dioxyde de carbone
Action de la température
Paramètre de défense du béton exposé à l’eau de mer

3.3.Durabilité de béton dans d’autres milieux exceptionnels

CHAPITRE 3 : PROBLEMES SPECIFIQUES DE DURABILITE DU BETON

1. LA DURABILITE DES ARMATURES ET DU BETON D’ENROBAGE

2. LA DURABILITE DES BETONS EN AMBIANCE HIVERNALE RIGOUREUSE

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CHAPITRE 1
LES AGENTS AGRESSIFS ET LEURS MODES D’ACTION

1. INTRODUCTION
Le pH de la matrice cimentaire est très alcalin, il est voisin de 13, tout autre milieu dont le pH
est inférieur à cette valeur peut être considéré comme un milieu agressif.
Cependant le comportement du béton placé dans un environnement chimiquement agressif
dépend de facteurs complexes et multiples liés d'une part à l'environnement (nature,
concentration et renouvellement ou non des éléments agressifs) et d'autre part au matériau lui-
même (nature et dosage des constituants, conditions de fabrication, durée et paramètres de
cure).
Pour réaliser un béton durable, il suffit, dans la majorité des cas, de réaliser un béton
suffisamment dosé en ciment et très compact. Le respect d'exigences supplémentaires,
notamment le choix du ciment, est nécessaire pour maîtriser des situations plus sévères, telle
qu'une conservation en milieu chimique agressif.

2. CLASSIFICATION DES MILIEUX AGRESSIFS


Les milieux agressifs sont variés, ils peuvent être classés en trois catégories :
Les gaz : d’origine naturelle ou résultant de pollutions atmosphériques et fermentation,
dont les plus fréquemment rencontrés sont les dioxydes de carbone, de soufre, et d’azote,
l’hydrogène sulfuré, les vapeurs chlorées, bromées et iodées, l’ammoniac, …
Les liquides inorganiques ou organiques, qui indépendamment de leurs éventuels effets
purement physiques agissent surtout par leur caractère acide ou basique et par les ions
agressifs qu’ils peuvent contenir.
Les solides : essentiellement des sols et des déchets d’origines diverses

2.1. Aspectes normatifs


La norme Française NF P 18 – 011 définit les environnements agressifs les plus courants :
Quatre classes d'agressivité sont définies: environnement faiblement agressif, moyennement
agressif, fortement agressif et très fortement agressif. Elles sont regroupées dans le tableau 1
qui donne en outre leurs symboles et les niveaux de protection correspondants

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Tableau 1 - Définition des classes d'agressivité
Niveau de
Environnement Symbole protection
Faiblement agressif A1 1
Moyennement agressif A2 2
Fortement agressif A3 3
Très fortement agressif A4 4

Le tableau 2 donne le degré d'agressivité des solutions et des sols les plus courants.

2.2. Les milieux agressifs


Trois catégories peuvent être distinguées :
Tableau 2 - Agressivité des solutions et des sols
a) agressivité des solutions en fonction de leur concentration en agents et de leur
pH : eaux stagnantes ou à faible courant, climat tempéré, pression normale
Degré A1 A2 A3 A4
d'agressivité
Agents agressifs Concentration en mg / l
CO2 agressif * 15 à 30 30 à 60 60 à 100 > 100
SO - -4 250 à 600 600 à 1500 1500 à 6000 > 6000
Mg + + 100 à 300 300 à 1500 1500 à 3000 > 3000
NH + +4 15 à 30 30 à 60 60 à 100 > 100
pH 6.5 à 5.5 5.5 à 4.5 4.5 à 4 <4
La limite est fixée à 3000 mg / l pour l'eau de mer

b) Cas de l'eau douce


T A C ** < 1 méq / l - - -

c) Agressivité des sols en fonction de la teneur en SO - -4


% SO - -4 dans le 0.24 – 0.6 0.8 – 1.2 1.2 – 1.4 > 2.4
sol sec ***
Mg / SO - -4
extrait du sol 1200 à 2300 2300 à 3700 3700 à 6700 > 6700
****
Niveau de 1 2 2 3
protection

* CO2 agressif = excès de CO2 dissous par rapport au CO2 nécessaire au maintien en solution des
hydrocarbonates de Ca et Mg
** T A C titre alcalimétrique complet (norme NF T 90 – 036)
Le titre alcalimétrique complet (TAC) indique la teneur en hydroxyles libres (OH-), carbonates (CO2 -3) et
bicarbonates (HCO-3) et s’exprime en degré hydrotimétrique.
1 degré hydrotimétrique = 10 mg / l de CaCO3
Le milliéquivalent est la masse d’une millimole divisé par la valence
1 mé = 5 degrés français = 2.8 degrés allemand
*** Extraction par HCl à chaud
**** Extraction par l'eau (rapport eau / solution = 2 / 1)

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3. Modes d’action des agents agressifs sur le béton
Mode d’action des gaz
Le transfert des gaz dans le béton se fait généralement par diffusion et dépend très fortement
de l’humidité relative du matériau. Les transferts par diffusion peuvent intervenir sous deux
formes : en phase liquide et en phase gazeuse.
Mode d’action des liquides
Le transfert de liquide se fait soit par mouvement du liquide sous gradient de pression
hydraulique ou par capillarité d’une part, soit par diffusion d’autre part. L’écoulement ou le
mouvement du liquide se produit lorsque le béton est soumis à un gradient de pression
hydraulique (barrage). L’écoulement en phase liquide est engendré par les tensions capillaires
ou encore lorsque le béton est sec subit une ascension capillaire d’eau d’origine extérieure.
Mode d’action des solides
La nocivité des substances solides est directement liée à leur capacité d’extraction et de
passage en solution dans les eaux avec lesquelles ils entrent en contact. Leurs actions se
réduisent alors à des phénomènes voisins de ceux observés dans le cas des agressions par les
liquides.

4. MECANISMES ELEMENTAIRES DE L’INTERACTION ENTRE AGENTS


AGRESSIFS ET CONSTITUANTS DU BETON.
Dissolution
La dissolution d’une base ou d’un acide est une réaction de dissolution ou lixiviation totale ou
partielle. La dissolution d’une base forte ou d’un acide fort est complète ou presque complète.
Ainsi l’hydroxyde de calcium [Ca (OH) 2] qui est une base forte se dissout totalement et se
dissocie en ions Ca+2 et OH-. Dans le cas d’une base faible ou d’un acide faible la dissolution
n’est que partielle.
Hydrolyse :
C’est le nom particulier donné à la dissolution lorsque les ions provenant de la dissolution
d’un sel agissent sur l’eau. L’eau se décompose avec production de protons H+ ou (H3O+) ou
d’hydroxyles OH-.

4.1. Réactions d’échanges de cations entre milieu environnant et la pâte


Dans le cas de réactions d’échanges d’ions trois types d’altération peuvent se présenter
séparément ou simultanément :

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Formation des sels de calcium solubles :
Les solutions d’acide peuvent réagir sur les composés hydratés et principalement la
portlandite en donnant des sels de calcium solubles selon le schéma suivant :
Acide + Ca (OH)2 Ca ++ + eau ou base
La dissolution progressive de la portlandite provoque une diminution de l’alcalinité, un
accroissement de la porosité et une chute des résistances mécaniques.

Substitution des ions Ca2+ par les Mg2+


MgSO4 + Ca (OH)2 CaSO4 + Mg (OH)2

Soluble gypse secondaire précipité


Cristallisé

LIXIVIATION EXPANSION PROTECTION

Formation des sels de calcium non expansifs


Les anions de certains acides donnent lieu à la formation des sels de calcium insolubles ou
très peu solubles, qui précipitent dans les pores et forment une couche inhibitrice de la
réaction. Ces acides sont considérés comme peu agressifs sur le béton.
Substitution d’ions calcium dans les silicates hydratés
Ce type de réaction est le résultat d’un échange de base entre CSH de la pâte de ciment durcie
et la solution agressive. Les solutions de sel de magnésium peuvent remplacer les ions Ca++
des CSH par les ions Mg++. Le produit de la réaction est un silicate de magnésium hydraté
MSH ou un silicate calco – magnésien C, MSH, suivant le degré d’avance de la réaction de
substitution.

4.2. Réactions associées à la cristallisation des composés expansifs


Lorsque la concentration d’une solution dépasse la limite de saturation, pour une espèce
donnée, des cristaux se forment à partir de germes de cristallisation suivant les conditions de
sursaturation de la solution environnante. La formation de cristaux peut engendrer des
pressions suffisantes pour provoquer la fissuration d’un matériau.
Trois modèles sont proposés pour décrire les mécanismes et évaluer les pressions de
cristallisation :

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Cristallisation dans le cas d’une solution fortement concentrée et sursaturée

RT C
P log
VS CS
P – Pression
R – Constante des gaz
T – Température en °K
VS – Volume molaire du sel
C- Concentration du sel
CS – Concentration du sel au-delà de l’état de saturation

Tableau 3 – Pressions de cristallisation de quelques sels


Pression de cristallisation, MPa
Sel Composition C/CS = 2 C/CS = 10 C/CS = 50
0 °C 50 °C 0 °C 50 °C 0 °C 50 °C
Anhydrite CaSO4 33,5 39,8 112,0 132,5 190,0 226,2
Gypse CaSO42.H20 28,2 33,4 93,8 111,0 159,5 190,0

Kiesérite MgSO42.H20 27,2 32,4 91,0 107,9 154,3 184,0

Thénardite Na2SO4 29,2 34,5 97,0 115,0 165,0 196,5


Mirabilite Na2SO410.H20 7,2 8,3 23,4 27,7 39,7 47,3

Bischofite MgCl26.H20 11,9 14,2 39,7 47,0 67,5 80,3

Halite NaCl 55,4 65,4 184,5 219,0 313,5 373,7

Thermonatrite Na2CO3.H20 28,0 33,3 93,5 110,9 159,0 189,1

Pression de cristallisation dépendant de la distribution dimensionnelle des pores.


Pour des raisons thermodynamiques, la cristallisation s’effectue d’abord dans les pores les
plus gros. La solution contenue dans les plus petits pores sert de réservoir à la croissance
cristalline. Si les pores de grand rayon sont remplis par les cristaux, ces derniers tendent à
croître dans les petits pores adjacents. La pression P est donnée par la relation suivante :

1 1
P 2. .
r R
P – Pression de cristallisation
- Tension superficielle de la solution
r – Rayon moyen des petits pores
R – Rayon moyen des grands pores

La relation ci-dessus montre que la pression de cristallisation est d’autant plus importante que
la différence des rayons entre les pores est grande

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Cas particulier de la pression de cristallisation par hydratation
La pression d’hydratation développée lors de la fixation de l’eau par un sel provoque une
augmentation de volume molaire, elle s’exerce sur les parois des pores selon la relation
suivante :

RT PH 2O
P ln
V PSol
P – Pression de cristallisation par hydratation
R – Constante des gaz parfait
T – Température en °K
V – Différence du volume molaire du sel, après et avant hydratation
PH2O – Pression de vapeur d’eau réelle
PSol- Pression de vapeur d’eau de la solution

La pression de cristallisation par hydratation peut atteindre 10 MPa.

5. LA POROSITE ET LA FISSURATION FACTEURS DE DURABILITE

5.1. Introduction
Les transferts dans le béton durci s’établissent par l’intermédiaire :
- d’un réseau de fissures, qui résulte lui-même du fonctionnement normal de certaines
structures en béton armé et éventuellement de diverses causes accidentelles.
- réseau poreux, qui apparaît normalement dans la structuration de la pâte au cours de
l’hydratation

5.2. La fissuration
La fissuration du béton armé est normale lorsqu’elle est maîtrisée, ce qui signifie que les
fissures sont d’ouverture limitée.
En fonctionnement normal, les éléments du béton armé qui travaillent en traction ou en
flexion sont fissurés. Les formules de calcul des structures permettent d’estimer l’ouverture et
l’espacement des fissures, on dispose aussi de règles fixant la limite admissible d’ouverture
des fissures en fonction de l’agressivité du milieu.
Les causes générales de la fissuration précoce auxquelles nous nous intéressons ici sont les
causes physiques. Ces causes sont d’une part le tassement qui accompagne le ressuage et
d’autre part les retraits (chimique, thermique et hydrique)

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5.2.1. Rappel
Ressuage :
C’est un phénomène courant mais qui peut dans certains cas conduire à des désordres. Il se
manifeste par l’apparition d’une pellicule d’eau à la surface horizontale du béton frais, en
relation avec un tassement progressif du squelette sous l’effet de la pesanteur. Cette
déformation verticale de tassement peut être importante et s’accompagner dans les cas
extrêmes de la création de fissures ouvertes au droit des obstacles qui s’opposent au
mouvement de tassement du béton (armatures, variations locales d’épaisseur etc.) (Figure 1)
Ces désordres peuvent commencer à se manifester à travers le film d’eau de ressuage non
encore évaporée, ce qui exclue le retrait hydraulique. On observe aussi parfois en surface des
creux de quelques décimètres carrés, localisés au droit des armatures.
Le mécanisme de tassement s’apparente à une percolation de l’eau à travers la suspension
faiblement floculée des grains de ciment. Il s’agit en fait, d’un tassement d’ensemble de la
phase solide au cours duquel l’eau interstitielle s’écoule dans le réseau poreux entre les grains
pour venir en surface.

Figure 1 – tassement du béton bloqué par


Retrait thermique
La réaction d’hydratation du ciment est exothermique, elle s’accompagne d’un grand
dégagement de chaleur et d’un échauffement du béton. Au fur et à mesure de l’avancement de
la réaction d’hydratation, le dégagement de chaleur ralentit et le béton refroidit. La
contraction du matériau due à ce refroidissement est appelée retrait thermique.
Lorsque cette chaleur n’est pas rapidement évacuée dans les structures massives, la
température au cœur est plus élevée qu’en peau. Le retrait thermique est susceptible

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d’entraîner, lors du refroidissement, l’apparition de contraintes de tractions résiduelles et
éventuellement une fissuration.
Retrait chimique (endogène, d'autodessiccation ou contraction LE CHATELIER)
Ce retrait est dû aux réactions d'hydratation créant une dessiccation sans départ d'eau vers
l'extérieur. Lors de l’hydratation, l’eau de gâchage est progressivement consommée pour
former des hydrates. Cette hydratation présente un bilan volumique négatif : le volume des
hydrates est inférieur à la somme des volumes des constituants (ciment anhydre et eau)
consommés. Cette autodessiccation peut provoquer un retrait au même titre que la
dessiccation proprement dite.
Retrait hydrique (plastique ou exogène)
Lors du séchage du béton, le départ d’eau dans la matrice de ciment provoque un retrait
appelé retrait de dessiccation dû à un déséquilibre hydrique entre le béton et l’air ambiant. Ce
retrait est la réponse mécanique du matériau soumis au séchage.
Remarque :
La fissuration la plus pénalisante pour la durabilité des ouvrages en béton est la fissuration
précoce. Elle donne souvent, en effet, des fissures ouvertes.

5.3. La porosité
La durabilité du béton dépend essentiellement de la difficulté qu’ont les agents agressifs à
pénétrer dans le réseau poreux du matériau. La porosité est un paramètre déterminant de la
durabilité du béton, plus la porosité diminue, plus les propriétés mécaniques augmentent et
plus la perméabilité diminue (Figure 2).

Figure 2 - Relation entre la perméabilité, la résistance à la compression et le niveau de


porosité du béton.

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5.3.1. Types de pores
La porosité est définie par le rapport entre le volume des pores (Vp) et le volume total (Vt =
Vp +Vs) comprenant le volume des pores (Vp) et le volume du solide (Vs)
Vp Vp
P
Vt Vp Vs
La porosité du béton est constituée de plusieurs familles de vide, qu’on peut classer en
fonction de leurs dimensions, leurs géométries et de leur rôle dans le transport de matière :

5.3.2.Dimensions des pores :


Les dimensions sont comprises entre quelques mm et quelques dizaines d'Armstrong (Å). Les
plus petits vides du béton sont donc 1 million de fois plus petits que les plus gros.
Par ordre décroissant de diamètre on retrouve:
- les vides d'air ou pores (diamètre > 1mm), ces vides ne sont généralement pas remplis
d'eau.
- les bulles d'air entraînées (10 < diamètre < 1 mm)
- Les pores capillaires (0,01 m < diamètre < 5 m), si le béton est constamment conservé à
l'humidité, on peut considérer que les pores capillaires sont pratiquement remplis d'eau. Par
contre, si le béton est soumis au séchage, les pores capillaires commencent à se vider
graduellement en commençant par les plus gros.
- les pores de gel (diamètre < 40 Å), contiennent de l'eau qui est en partie adsorbée à la
surface des feuillets de C-S-H. Cette eau est relativement stable et il est difficile de l'extraire
par séchage.

5.3.3.Géométrie des pores


Les pores sont constitués : (figure 3)
- de pores capillaires interconnectés, qui forment un espace continu dans le réseau poreux
- de pores isolés qui ne communiquent pas avec l’environnement
- de pores aveugles qui sont interconnectés d’un seul coté.

5.3.4. Rôle des pores dans le transport de la matière


Ce sont surtout les pores capillaires qui influencent le plus la perméabilité du béton. Les pores
de gel n'ont pas une grande influence sur la perméabilité.

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Réseau de pores interconnectés Réseau de pores discontinu
Matériau poreux perméable Matériau poreux imperméable
Figure 3 - Influence du degré d'interconnectivité sur la perméabilité de la pâte

5.4. Facteurs influençant la porosité


5.4.1.Influence du dosage en ciment
La porosité dite capillaire telle que définie dans le paragraphe 2.1, du béton durcie à base de
CPA, peut être estimée par la relation simplifiée suivante :

P Pbf Vc
P – porosité,
Pbf – porosité du béton frais
Vc – volume de ciment anhydre

Cette relation montre qu’on limite la porosité en fixant un dosage minimal de ciment, à
condition que :
- le ciment s’hydrate effectivement par une bonne cure,
- la porosité du béton soit considérée comme imposée (moyens de mise en œuvre)

5.4.2.Influence de la cure
En l’absence d’un traitement approprié, le béton soumis à la dessiccation dés qu’il est
décoffré (et dés que le coulage est terminé pour les surfaces horizontales). La dessiccation
précoce ralentit fortement et peut même arrêter l’hydratation, la réduction du volume du
ciment entrant en réaction augmente très fortement la porosité du béton durci.

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5.4.3.Influence du rapport E/C
En fixant une borne supérieure au rapport E/C, on limite la porosité de la pâte interstitielle
dans le béton (en appelant ainsi la phase interstitielle située entre les grains de gravillons et
sable, composée de ciment et d’eau). Cependant il faut préciser que la quantité d’eau E dans
le rapport E/C doit être définit, il s’agit de la quantité d’eau efficace qui est différente de la
quantité d’eau introduite comme eau de gâchage dans la bétonnière.
- Définition de la quantité d’eau dans le rapport E/C :
On appelle E eff la quantité d’eau totale contenue dans le mélange de béton frais, diminuée de
la quantité d’eau retenue par la porosité des granulats et des additions.

E eff E totale Ep
E eff – eau efficace
E totale – eau totale dans le malaxeur
E p – eau piégée dans les pores des granulats et des additions

L’eau totale contenue dans le malaxeur est égale à la quantité d’eau introduite au moment du
malaxage (appelée aussi eau d’apport) et l’eau apportée par les granulats

E totale Ed ' apport Eg


E totale – eau totale dans le malaxeur
E g – eau apportée par les granulats
E d’apport – eau introduite dans le malaxeur

E eff Ed ' apport Eg Ep


La valeur de E/C est difficile à mesurer sur les bétons frais ; d’où l’idée d’associer la valeur
maximale de ce rapport à une autre grandeur qu’est la résistance à la compression minimale à
une échéance donnée. L’avantage de cette solution serait double :
- permettre un contrôle facile du critère général de durabilité
- exprimer le critère de durabilité avec une grandeur physique (résistance mécanique),
ce qui nous renvoi à la figure 1. En effet le rapport E/C exerce une grande influence sur la
porosité de la pâte de ciment hydraté car il gouverne directement l'espacement initial entre les
grains de ciment en suspension dans l'eau de gâchage.
On sait que la durabilité dépend essentiellement de la porosité capillaire, il est intéressant
d’approcher l’influence du rapport E/C sur la porosité capillaire
- E/C élevé:
les grains de ciment seront donc très éloignés les uns des autres et, après s'être complètement
hydratés, il restera un surplus d'eau important, donc, une porosité capillaire très importante.
La perméabilité du béton sera très grande et ses propriétés mécaniques seront très faibles.

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- E/C faible :
les grains de ciment seront très près les uns des autres. Toute l'eau pourra réagir avec le
ciment et il ne restera que très peu de porosité capillaire. La perméabilité du béton sera très
faible et les propriétés du béton seront très élevées.
Cependant, on aura utilisé beaucoup trop de ciment car une grande partie de celui-ci n'aura
pas pu réagir par manque d'eau. Même une très faible quantité d'hydrates peut permettre de
combler les espaces intergranulaires. C'est en partie ce qui explique que les bétons avec E/C
faible développent très rapidement leur résistance.
- E/C optimal :
D’un point de vue strictement chimique, en équilibrant les réactions d'hydratation du ciment,
un rapport E/C=0,22 suffit pour hydrater tout le ciment. Cependant, Power a montré que
pratiquement, et d'un point de vue physicochimique, il faut un rapport E/C minimal de 0,42.
En effet, pour que la réaction d'hydratation se poursuive, une certaine quantité d'eau doit être
adsorbée par les hydrates (eau de pores de gel) sans que celle-ci soit liée chimiquement, sa
présence dans les hydrates étant absolument nécessaire à leur formation
En pratique, l'hydratation n'est jamais complète car les plus gros grains de ciment ne
s’hydratent jamais complètement. À un certain stade de leur hydratation, ils sont recouverts
d'une couche d'hydrates qui se densifie et devient de plus en plus imperméable, qui empêche
l’eau de pénétrer vers l'intérieur du grain. C'est pour cette raison qu'en pratique, même dans
les pâtes fabriquées avec un E/C très faible (0,25) il subsiste toujours une certaine porosité
capillaire. La réduction du rapport E/C permet non seulement de diminuer le volume total des
pores capillaires mais elle permet aussi de réduire leur diamètre. Pour un E/C plus faible la
porosité capillaire est en fait constituée d'un réseau de pores plus fin et plus discontinu. Ce
phénomène est illustré sur le figure 4.

Figure 4 - Courbe de porosité au mercure de deux pâtes de ciment conservées pendant 7 jours
dans l'eau

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En réduisant le E/C de 0,45 à 0,25, le volume total de la porosité (cumulative porosity) passe
de 40% à moins de 20% et, en même temps, le diamètre moyen des plus gros pores est
diminué par un facteur 10 !
En général, il est préférable que le réseau de pores capillaires soit constitué de pores les plus
petits possibles car le degré d'interconnections y est plus faible. La perméabilité de la pâte s'en
trouve alors considérablement diminuée car il y a très peu de chemins préférentiels pour le
passage des liquides, des gaz ou des ions potentiellement agressifs

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CHAPITRE II
DURABILITE DU BETON VIS-A-VIS DES EAUX AGRESSIVES

1. INTRODUCTION
En dehors des effets liés à des phénomènes proprement physiques (gel, écaillage, érosion), le
béton est soumis à des agents chimiquement agressifs dont le vecteur commun est l’eau. Les
ouvrages en béton sont exposés à la pluie, à la neige, aux eaux souterraines, à l’eau de mer et
à toutes solutions résultant de la dissolution de sels ou de gaz. Les bétons sont des solides
poreux qui ont un caractère basique dû à la nature de la pâte durcie qui renferme :
- 15 à 20 (%) de portlandite (base forte) ;
- environ 70 (%) de CSH qui peuvent être considérés comme des sels d’acide faible
(silicique) et de base forte [Ca (OH)2] ;
- 10 à 15 (%) d’aluminates et sulfoaluminates de calcium hydratés
- une solution interstitielle dans les pores et les capillaires, enrichie en alcalins [Na
(OH) et KOH] dont le pH varie de 12,5 à 13,5.
Or sauf cas exceptionnel, le pH du milieu est inférieur au pH du béton, il en résulte que le
système chimique que représente la matrice cimentaire du béton est en déséquilibre avec le
milieu. La réaction chimique peut s’écrire de façon simple :
Acide + base sel + eau
Milieu + béton sel + eau
Cette réaction est préjudiciable à la bonne tenue du béton si le sel formé est dénué de
propriétés mécaniques, ou expansif, ou s’il est soluble.
Les observations des ouvrages ont montrés que par ordre d’importance décroissante,les causes
suivantes de détérioration du béton sont :
1. corrosion des armatures suite à la contamination par les chlorures
2. action du gel dans les climats froids
3. Eaux agressives chargées en dioxyde de carbone, sulfates ou chlorures.
Cependant, un béton correctement formulé et soigneusement mis en œuvre, sera très peu
poreux, par conséquent peu accessible aux fluides. Concrètement, lorsque le pH est supérieur
à 6, un bon béton peut subir des altérations tolérables au cours de la durée de vie pour laquelle
il a été conçu

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DETERIORATION DU BETON PAR REACTIONS CHIMIQUE

Réactions d’échange entre le Réactions entraînant Réactions entraînant la


fluide et les constituants de la l’hydrolyse et le lessivage formation de composés
pâte de ciment durcie des composés de la pâte expansifs
de ciment durcie

Déplacement Déplacement Réactions de


des ions des ions Ca²+en substitution
Ca²+en produits remplaçant
produits solubles non les ions Ca²+
solubles expansifs dans les CSH
Accroissement de Accroissement
la porosité et de la des contraintes
perméabilité internes

Croissance Chute de Fissuration


Perte Perte de des résistance et Déformation
d’alcalinité masse processus de et de éclatements
détérioration rigidité

Figure 1 – Processus de détérioration du béton par les attaques chimiques

2. DURABILITES DES BETONS DANS UN ENVIRONNEMENT A TENDANCE


ACIDE : RISQUES DE DISSOLUTION
2.1. Action des eaux naturelles sur les bétons
L’agressivité d’une eau naturelle est fonction de trois paramètres interdépendants qui sont le
pH, la dureté et la quantité de dioxyde de carbone (agressif) ;
- Le pH d’une eau traduit son caractère acide ou basique : une eau sera acide si elle
renferme du dioxyde de carbone libre, des acides minéraux ou des sels d’acide fort et de base
faible. Elle sera basique si elle contient des bicarbonates, des carbonates ou des hydroxydes.
- La dureté ou titre hydrotimétrique d’une eau correspond à la somme des concentrations
en cations métalliques à l’exception de l’hydrogène et des métaux alcalins.
- Le dioxyde de carbone agressif représente une partie du dioxyde de carbone dissout dans
l’eau.

17
CO2 total

CO2 libre CO2 lié

CO2 agressif CO2 équilibrant CO2 des bicarbonates CO2 des carbonates

Figure 2 – Le dioxyde de carbone dissout dans l’eau

Le dioxyde équilibrant représente la quantité de dioxyde de carbone libre nécessaire pour


maintenir les bicarbonates en solution, selon la réaction :
H2O + CO2 + CaCO3 Ca (HCO3)2

2.1.1. Eaux douces et eaux pures


Les eaux douces sont faiblement agressives et peu minéralisées de pH de 5,5 à 6,5. En
général, les bétons sont peu sensibles aux attaques par les eaux pures à condition qu’ils soient
compacts. Dans le cas contraire, le béton peut être dégradé, l’attaque consiste en la dissolution
de la portlandite. Les silicates et aluminates, moins solubles sont attaqués plus tardivement
lorsque une partie de la chaux a déjà été lessivée et que la composition de la solution
interstitielle du béton n’est plus déterminée par l’équilibre avec la chaux, mais par l’équilibre
avec les autres hydrates, ce qui entraîne une dissolution sélective de leur calcium qui
provoque un accroissement de leur microporosité et une diminution du rapport molaire CaO /
SiO2. Les ions alcalins Na+ et K+, particulièrement solubles sont lessivés par les eaux.
Le processus d’attaque peut être dû, soit à une érosion progressive par la circulation d’eau à la
surface du béton, soit à une percolation du liquide sous gradient de pression hydraulique à
travers le matériau (cas des tunnels). Dans tous les cas il conduit à des pertes de masse et
d’alcalinité dues au lessivage de la portlandite, ce qui induit une augmentation de la porosité
et de la perméabilité. Il peut se traduire également par une perte de la cohésion et une chute
des résistances mécaniques du béton. Le lessivage de la portlandite se manifeste par la
formation à la surface du béton de stalactites (stalagmites) ou d’efflorescences blanchâtres.
Les ciments les plus résistants à l’attaque des eaux douces sont les ciments dont l’hydratation
libère peu ou pas de chaux, tout en générant des CSH de rapport CaO/ SiO2 faible. C’est le

18
cas des ciments avec additions minérales : laitiers, cendres silico –alumineuses, pouzzolanes
naturelles, fumées de silice etc.

Figure 3 – Pertes de masse en fonction du temps d’éprouvettes de mortier


confectionnées avec différents types de ciments, conservées
dans une eau douce de pH 5 à 5,5

L’attaque du béton par des eaux douces chargées en CO2 se déroule conformément à un
processus de dissolution - précipitation : l’eau amenée à percoler à travers le béton se sature
progressivement en bicarbonates, par suite de la dissolution de la portlandite et à un degré
moindre des CSH. Les bicarbonates solubles entraînés par le flux d’eau correspondent à une
zone dégradée du béton. Lorsque cette solution de bicarbonates vient en contact avec d’autres
cristaux de portlandite, il y a précipitation de carbonate de calcium très peu soluble, qui
accroît momentanément la compacité du béton en diminuant la section de percolation :
Ca (HCO3)2 + Ca (OH) 2 2 CaCO3 + 2 H2O
La précipitation de carbonate de calcium permet à nouveau la formation de bicarbonate et le
processus se répète :
CaCO3 + H2O + CO2 Ca (HCO3)2
L’importance de l’attaque du béton par les eaux douces agressives dépend de la teneur en
dioxyde de carbone agressif, des possibilités de renouvellement de l’eau, de la compacité du
béton et du type de ciment. La résistance à la lixiviation des ions Ca²+ est d’autant plus grande
que le ciment contient moins de chaux. Les bétons de CPA sont plus sensibles à l’altération

19
que les bétons de ciments au laitier ou les bétons de ciment alumineux qui sont exempts de
chaux (figure 3)

2.1.2. Pluies acides : cas extrême des eaux douces


Les pluies ont généralement un pH de 5 à 7 suivant qu’il est conditionné par l’ammoniac
d’origine biologique ou par le dioxyde de carbone. Ces pluies n’ont pas d’effets nocifs sur le
béton normal. En revanche les pluies dites acides, dont le pH peut descendre jusqu’à 4 et
parfois moins, sont agressives. Les pluies acides sont chargées principalement par les oxydes
de soufre SOX d’origine industrielle ou domestique (combustion des charbons, fiouls,
carburants). Le résultat conduit à la formation d’acide sulfurique très hygroscopique, qui se
condense rapidement en gouttelettes susceptibles de contenir des métaux lourds (mercure,
plomb, argent), des sulfates (d’ammonium, de sodium et des oxydes d’azote NOX se
transformant eux-mêmes en acide nitrique (HNO3). La composition et le pH des eaux de
pluies peuvent varier en fonction de la saison et des conditions locales. Le tableau 4 donne
quelques exemples de compositions d’eaux de pluie relevées en Europe.

Tableau 4 – Exemples de compositions d’eaux de pluies en Europe


Composés Kurina Plonnige Ukkel Frankfurt De Bilt
ioniques Suède 1 Suède 2 Belgique Allemagne Pays-bas
Nord Sud-Ouest
SO2-4 2,0 4,9 6,0 16,3 7,4
Cl- 0,4 3,5 2,0 3,9 2,8
NO-3 0,3 2,0 2,3 2,8 2,7
NH+4 0,1 0,9 0,5 3,2 0,7
Na+ 0,3 2,0 1,0 1,1 2,1
K+ 0,2 0,3 0,2 - 0,2
Mg2+ 0,1 0,4 0,4 - 0,4
Ca2+ 0,6 0,8 1,3 1,9 1,0
Total 4,0 14,8 13,7 29,2 17,3
Nombre 180 180 189 138 83
d’échantillons
Période 1955 - 1969 1955 - 1969 1955 - 1969 1960 - 1961 1956 - 1962

2.2. Action des milieux acides


Les milieux acides correspondent à plusieurs types de situations, dont les plus fréquentes
sont :
- eaux naturelles des marécages
- eaux industrielles (industries chimiques, agroalimentaires)
- eaux d’égouts :

20
L’action des milieux acides est identique dans le mécanisme de dégradation que les eaux
pures et eaux douces, mais elle est plus intense : la portlandite est dissoute en premier ; puis
les silicates et aluminates de calcium hydratés sont attaqués et perdent leur calcium.
La nocivité des acides dépend du caractère soluble ou insoluble des sels qui se forment par
réaction avec les hydrates calciques. Par exemple l’acide phosphorique car il donne des
phosphates de calcium insolubles est moins dangereux que l’acide chlorhydrique générateur
de chlorure de calcium très soluble.
Dans les réseaux d’égouts, l’activité bactérienne conduit au dégagement d’hydrogène sulfuré
par transformation de produits soufrés. C’est après qu’il soit combiné à l’humidité
atmosphérique , puis condensé sous forme d’acide sulfurique sur les parois que le béton est
agressé.

Figure 4 – Corrosion sulfo-bactérinne d’une canalisation

3. DURABILTE DES BETONS DANS UN ENVIRONNEMENT SULFATIQUES :


RISQUES D’EXPANSION
Les sulfates représentent les risques majeurs d’agression chimique pour le béton. Ils peuvent
être d’origine naturelle, biologique ou provenir de pollutions domestiques ou industrielles. Ils
sont présents dans les sols en faible concentration de 0,01 à 0,05 %. Des valeurs beaucoup
plus élevées peuvent être rencontrées dans les régions dont le sous-sol est riche en gypse
(CaSO42H2O) ou de l’anhydrite (CaSO4), cas de l’Algérie.

21
Les eaux souterraines et les eaux d’infiltration venant en contact avec les sols sulfatiques se
chargent en ions SO-24 dont la solubilité est donnée à titre indicatif dans le tableau 5. Il faut
noter qu’elle dépend de la température et de la présence éventuelle d’autres sels

Tableau 2 – Solubilité des différents sulfates dans l’eau à 20 °C


Sulfate Solubilité, g/l
K2 SO4 111
Na2 SO4 58
Na2 SO4 10 H2O 194
MgSO4 6 H2O 440
FeSO4 7 H2O 260
CaSO4 2,1
CaSO2-4 2 H2O 1,2

3.1. Processus d’attaque par les sulfates seuls


3.1.1. Action du sulfate de sodium
La dégradation des bétons par les sulfates est due principalement à des phénomènes
d'expansion en relation avec la cristallisation d'ettringite dite ettringite secondaire expansive,
à distinguer de l’ettringite « primaire », obtenue lors de l’hydratation des ciments portland par
réaction avec le gypse, car cette ettringite primaire n’est jamais expansive. Schématiquement,
la formation de l’ettringite secondaire se déroule en deux étapes : Cela peut être résumé
comme suit :
a - Formation du gypse secondaire : la formation du gypse dit « secondaire » par opposition
au gypse primaire ajouté au ciment comme régulateur de prise résulte d'une réaction de
substitution entre la portlandite et le sulfate selon la relation :

Ca (OH) 2 + Na2SO4 + 2H2O CaSO42H2O + 2NaOH


Gypse Produit
Secondaire soluble

Une expansion peut se manifester mais dans la majorité des cas elle restera limitée dans la
mesure ou le gypse secondaire se forme selon un processus de dissolution et de cristallisation.

b - Formation de l'ettringite secondaire : la formation de l'ettringite secondaire peut résulter


de la réaction chimique entre le gypse secondaire et les reliquats des aluminates de calcium

22
anhydres (C3 A) ou hydratés (C4AH13) ou du sulfoaluminate de calcium (C3 A CaSO4H12)
selon les relations suivantes:
3CaOAl2O3 + 3CaSO42H2O + 26H2O 3CaOAl2 O33CaSO4 32H2O
4.CaOAl2O3.13.H2O + 3CaSO42H2O + 20.H2O 3CaOAl2O33CaSO4 32H2O
3.CaOAl2O3.CaSO412.H2O + 20.H2O 3CaOAl2 O33CaSO4 32H2O
Suivant la composition de la phase liquide, en particulier la teneur en chaux, la cristallisation
de l’ettringite peut être expansive ou non
Dans les produits riches en chaux, ou sa solubilité est réduite selon les valeurs du tableau 6,
l’ettringite se forme topochimiquement par croissance cristalline, au contact des aluminates de
calcium en présence d’une solution fortement sursaturée. Cette ettringite est massive, mal
cristallisée et expansive.
Dans les ciments qui libèrent moins de portlandite (CEMII et CEM III), l’ettringite précipite à
partir de la solution et cristallise en aiguilles bien formées et n’est pas expansive.

Tableau 6 – Solubilité de l’ettringite à 25 °C


en fonction de la teneur en CaO de la solution
CaO (g/l) 0,056 0,112 0,168 0,224 0,670 1,080
C3A3CaSO4 32H (g/l) 0,255 0,165 0,115 0,080 0,030 0,002

a b
Figure 5 -
a – cristaux d’ettringite bien formés non expansive précipités à partir de la solution
b – ettringite massive mal cristallisée expansive formée topochimiquement

3.1.2. Action du sulfate de magnésium


Le sulfate de magnésium est particulièrement agressif par la double action du cation Mg2 + qui
s'échange avec le cation Ca2 + et l’anion SO42- selon les relations:
Ca (OH)2 + MgSO4 CaSO4 + Mg(OH)2

23
C3A + 3CaSO4 2H2O + 26H2O .CaO.Al2O3.3CaSO4 32H2O (ettringite)
CSH + MgSO4 CaSO42H2O + (C, M) – S – H
Les échanges de Mg2 + avec Ca2 + conduisent à la formation de la brucite Mg (OH)2 qui peut
ralentir temporairement la pénétration des sulfates. Ils provoquent aussi la transformation
progressive des CSH en un silicate de magnésium hydraté MSH sans propriétés liantes. De
plus la cristallisation de l'ettringite instable en présence de sulfate de magnésium intensifie la
réaction de formation du gypse secondaire
Action des autres sulfates:
Le sulfate de calcium présent dans les sols sous forme de gypse et d’anhydrite et dans les
eaux souterraines séléniteuses, est agressif dans le béton malgré sa solubilité relativement
faible. Le processus de dégradation, plus lent que dans le cas des sulfates de magnésium
MgSO4, est dû essentiellement à la formation de l’ettringite secondaire (expansive).
Le sulfate de potassium K2SO4 a une action voisine de celle du sulfate de sodium ; cependant
la vitesse d’attaque est un peu plus lente.

3.1.3. Paramètres de défense du béton dans un environnement sulfatique :


a - comme pour la majorité des environnements agressifs, la perméabilité du béton demeure le
facteur essentiel,
b - utiliser un ciment à faible teneur en C3 A, est une précaution complémentaire, pour
maintenir la durabilité du béton suffisante même si accidentellement le béton est plus poreux
que prévu,

Figure 6 - Influence du dosage en ciment et de la teneur en C3A sur la vitesse de


dégradation du béton (16 ans dans Na2SO4 à10%).

24
c - les additions minérales de laitier, de cendres volantes silico-alumineuses, de pouzzolanes
naturelles et de fumées de silice, améliorent la résistance chimique des bétons à l’action des
sulfates.
L’amélioration est due à la dilution des aluminates, la fixation de la portlandite et la
modification de la structure des hydrates qui deviennent plus compacts au moins pour les
bétons âgés et aux effets intrinsèques d’une addition minérale (de surface, physique, et
chimique).
- réduction de la teneur en C3 A et Ca (OH) 2 (figure 7)
- augmentation de la compacité du béton par effet de remplissage de l’addition jouant le rôle
de granulat très fin d’abord et accroissement de la compacité des hydrates par effet chimique
due à la réaction pouzzolanique qui se produit entre la portlandite libérée par l’hydratation des
silicates de calcium et la silice apportée par l’addition
- Modification de la microstructure des hydrates, en particulier la distribution
dimensionnelle des pores qui se déplace vers les plus faibles rayons (cas des cendres volantes
silico-alumineuses.

Figure 7- Résistance aux sulfates d'échantillons de mortier avec ajouts de laitier.


a: Ciment type II 6,4% de C3A
b: Ciment type V 3,7% de C3A

25
4. DURABILITE DU BETON EN MILIEU MARIN
Les composants agressifs du milieu marin sont nombreux, on distingue quatre catégories de
facteurs :
a. facteurs chimiques : action propre de l’eau de mer, qui contient des ions variés dont les
concentration sont données au tableau 7.
Tableau 3 – Compositions ioniques des différentes eaux de mer
Composition moyenne des eaux de l’océan
Dénomination Salinité en g/l
atlantique,
Mer Baltique 3à8 Salinité de 33,5 à 37,4 g/l
Mer Noire 18,3 à 22,2 Pourcentage des différents ions
Mer Blanche 26,0 à 29,7
Océan atlantique 33,5 à 37,4 Cl- 55,3
Océan pacifique 34,5 à 36,9 Br- 0,2
Océan indien 35,5 à 36,7 SO2-4 7,7
Mer Méditerranée 38,4 à 41,2 CO2-3 0,2
Mer Rouge 50,8 à 58,5 Na+ 30,6
Lac Ontario 72 K+ 1,1
Mer Caspienne 126,7 à 185 Ca2+ 1,2
Mer Morte 192,2 à 260 Mg2+ 3,7
Lac Elton 265

b. facteurs physiques : les fluctuations du niveau marin (marées et tempêtes) font que le
béton est soit totalement immergé, soit totalement émergé ou alternativement immergé et
émergé.
c. Facteurs physico-chimiques : action de l’embrun salin, qui dépend des conditions
climatiques,
d. facteurs mécaniques : l’énergie cinétique des vagues constituent des causes d’érosion et
de fissuration du béton.

4.1 Les mécanismes d’attaque par l’eau de mer


Le processus chimique d’attaque des bétons par l’eau de mer résulte de plusieurs réactions
plus ou moins simultanées et interdépendantes faisant appel à différents mécanismes :
dissolution –lixiviation, réactions d’échange de bases, précipitation de composés insolubles,
et cristallisation de sels expansifs.

Action des chlorures :


Indépendamment de leur effet nocif sur les aciers des bétons armés, les chlorures peuvent être
à l’origine d’altérations de la matrice cimentaire lorsqu’ils sont en proportion élevée. Une

26
partie des chlorures est fixée par les silicates de calcium hydratés, une autre partie se combine
au C3A sous forme de monochloroaluminate de calcium (3CaO,Al2O3, CaCl2,10H2O).
Le chlorure de magnésium réagit également avec la portlandite selon la réaction :
MgCl2 + Ca (OH)2 Mg (OH)2 + CaCl2
La brucite [Mg (OH)2] est insoluble et se dépose à la surface du béton.
Le chlorure de calcium réagit avec l'aluminate tricalcique (C3 A) du ciment selon la relation 2
ou 3 pour former le monochloroaluminate de calcium (3.CaO.Al2O3. CaCl210H2O) ou sel de
Friedel, ou le trichloroaluminate de calcium (3.CaO.Al2O33.CaCl210H2O) :
3CaO.Al2O3 + CaCl2 + 10H2O 3CaO.Al2O3CaCl210H2O (2)
3CaO.Al2O3 + 3CaCl2 + 10H2O 3CaO.Al2O3 3CaCl210H2O (2)

Action des sulfates (de magnésium)


Les mécanismes complets ont été déjà développés au paragraphe 3.1 de ce chapitre

4.1.3. Action du dioxyde de carbone


Les mécanismes complets ont été déjà développés au paragraphe 2.1 de ce chapitre.
Le carbonate de calcium précipite à la surface du béton sous forme d’aragonite et de calcite
qui colmatent les pores (protection du béton).

Figure 8 - Schématisation des zones d'attaque du béton par l'eau de mer (zone
immergée)

27
Tableau 4 – Détérioration du béton par l’eau de mer selon Regourd

1. Action dioxyde de carbone


- Ca (OH) 2 + CO2 + H2O 2 CaCO3 + 2 H2O

précipité

Aragonite calcite

PROTECTION

2. Action des sulfates


a - Substitution des ions Ca2+ par Mg2°
MgSO4 + Ca (OH)2 CaSO4 + Mg (OH)2

Soluble gypse secondaire précipité


Cristallisé

LIXIVIATION EXPANSION PROTECTION

b – Action du gypse secondaire


CaSO4 + C3A + 32 H2O C3A.3.CaSO432.H2O
Ettringite secondaire

EXPANSION

3. Action des chlorures


a - Substitution des ions Ca2+ par Mg2°
MgCl2 + Ca (OH)2 CaCl2 + Mg (OH)2

Soluble précipité

LIXIVIATION PROTECTION

b – Action du CaCl2
CaCl2 + C3A + 10.H2O C3A CaCl2 10.H2O
chloroaluminate

EXPANSION
SO3
C3A 3.CaSO4 32.H2O
ettringite

EXPANSION

CO2 + SiO2

CaCO3.CaSO4 CaSiO3 15.H2O


Thaumasite

EXPANSION

28
3. ACTION DE LA TEMPERATURE
La température joue un double rôle :
- de façon classique elle accélère la prise et le durcissement du ciment,
- elle intervient sur la cure du béton : l’apparition de fissures de retrait thermique
pouvant être préjudiciables au béton et au béton armé,
- elle accélère au même titre les réactions chimiques de dégradation du béton.

4. PARAMETRES DE DEFENSE DU BETON EXPOSE A L’EAU DE MER


La situation de l’ouvrage par rapport au milieu marin détermine le niveau de risque de
détérioration encourus par le béton. On distingue quatre zones :
- Zone d’embruns marins : le béton n’est pas en contact avec le milieu liquide. L’ouvrage est
soumis aux embruns et brouillards marins qui peuvent transporter des sels sur des grandes
distances.
- Zone d’aspersion : elle est située au dessus du niveau de l’eau à marée haute. Le béton est
soumis aux éclaboussures provoquées par les vagues.
- Zone de marnage : elle s’étend sur une hauteur déterminée par les niveaux de l’eau à marée
haute et à marée basse. Les parties des constructions dans cette zone sont alternativement
immergés et émergées.
- Zone d’immersion : elle est continuellement immergée quelque soit le niveau de la mer.
L’expérience montre que les risques les plus grands de dégradation du béton se situent dans la
zone de marnage ou se juxtaposent les effets physiques (séchage / humidification),
mécaniques (action des vagues) et chimiques (interactions des sels avec les hydrates). Pour le
béton armé, les dangers de corrosion des aciers se situent dans la zone aspergée ou l’oxygène
peut diffuser.
Les divers facteurs qui influent sur la résistance des bétons à l’eau de mer sont de même
nature que ceux relatifs à la durabilité des bétons aux sulfates contenues dans les eaux
souterraines.
L’ajout d’additions minérales et en particulier le laitier à des teneurs élevées (> 60%),
améliore fortement la durabilité du béton à l’eau de mer en immersion totale.
Indépendamment de l’exposition de l’ouvrage au milieu marin, la compacité du béton reste le
paramètre décisif de la durabilité du béton à l’eau de mer.

29
7. DURABILITE DES BETONS DANS D’AUTRES MILIEUX
Les autres possibilités de dégradation des bétons par des agents chimiques ne concernent que
des situations exceptionnelles. L’usage intensif d’engrais dans les terres agricoles, pose
parfois des problèmes . Les sels agressifs d’engrais impliqués sont les nitrates et surtout les
sels d’ammonium actifs par leur cation NH+4. Les nitrates sont solubles dans l’eau et agisse
par échange de bases suivant la réaction schématique :
Ca (OH) 2 + 2.X. NO3 Ca (NO3)2 + 2.X .OH,
où X est le cation associé à l’ion nitrate
La formation d’un sel de calcium soluble entraîne le lessivage de la chaux et des hydrates.
Le tableau 8 montre que l’agressivité des nitrates seuls est généralement modérée sauf pour
le nitrate d’aluminium et surtout le nitrate d’ammonium.

Tableau 5 – Résistance mécanique en traction en MPa de trois ciments conservés pendant 7


ans dans divers solutions de nitrate
Ciment Ciment au Ciment
Solution
Portland laitier alumineux
Eau H2O 4,2 4,0 3,7
Nitrate de sodium Na2NO3 4,3 4,0 5,7
Nitrate d’ammonium NH4NO3 0,8 1,6 4,1
Nitrate de calcium Ca (NO3)2 3,5 4,1 4,9
Nitrate de magnésium Mg (NO3)2 3,7 4,0 5,4
Nitrate d’aluminium Al (NO3)2 2,7 3,6 3,4
Nitrate de plomb Pb (NO3)2 3,5 3,5 4,5

Les sels d’ammonium (nitrates, chlorure et sulfates) sont très solubles dans l’eau et agissent
par des réactions d’échange avec formation d’un sel de calcium soluble et avec un
dégagement gazeux d’ammoniac. La formation d’ammoniac tend à réduire le pH et empêche
la réaction d’atteindre son état d’équilibre. La réaction peut s’écrire schématiquement :
Ca (OH) 2 + 2 NH4.Y CaY2 + 2.H20+ 2. NH3,
+
(où Y est l’anion associé au cation NH 4)

Le nitrate d’ammonium est très soluble dans l’eau et réagit dans un premier temps avec la
pâte de ciment par des réactions d’échange d’ions avec la formation d’un sel de calcium
soluble [Ca(NO3)], d’un nitro – aluminate de calcium de formule
[3.CaO.Al2O3.Ca(NO3)2.10H2O)] et un dégagement gazeux d’ammoniac (NH3).
La décalcification progressive de la pâte de ciment durcie se traduit par la combinaison de la
chaux avec la partie acide NO-3 qui conduit à la formation d’un nitrate de calcium soluble. La
formation d’ammoniac tend à réduire légèrement le pH et empêche la solution d’atteindre son
état d’équilibre. En effet ce dégagement de NH3 est compensé par une mise en solution de la

30
chaux pour maintenir la constante d’équilibre de la réaction chimique (déplacement de la
réaction dans le sens 1).
1
Ca(OH)2 + 2.NH4NO3 Ca(NO3)2 + 2. H2O + 2.NH3
(soluble) 2 (soluble)
Le nitrate d’ammonium détériore la pâte de ciment sans provoquer, dans un premier temps et
sous certaines conditions, de phénomènes expansifs. En effet le matériau s’affaiblit par
solubilisation progressive de la chaux, sans qu’aucun signe extérieur de dégradation
n’apparaisse, à condition qu’il soit immergé dans la solution et que les phénomènes de
lixiviation puissent être entretenus (renouvellement de la solution).
le chlorure d’ammonium donne le chlorure de calcium CaCl2. Avec le sulfate d’ammonium,
la réaction avec la portlandite et les CSH conduit à la formation du gypse secondaire qui
réagit à son tour avec les aluminates en donnant de l’ettringite secondaire.
En général, les ciments Portland sont attaqués par les sels de nitrates et les sels d’ammonium.
Les ciments à fort dosage en laitier résistent mieux à ces sels en immersion totale, mais
peuvent aussi être dégradés à long termes dans certains cas, notamment une température
élevée qui est un facteur aggravant.
La figure 9 permet de distinguer l’épaisseur de la zone dégradée de couleur claire et le cœur
sain d’éprouvettes en pâte pure attaquées par une solution demi saturée de nitrate
d’ammonium en fonction du temps, de la température et du type de ciment.

Age en jours 35 28 21 14 7

20 °C
C E MI
40 °C

20 °C

C E M II/A

40 °C

20 °C

C E M III/A

40 °C

Figure 9 – Mise en évidence des zones dégradées et des auréoles


des pâtes de ciments conservées dans une solution de nitrate d’ammonium

31
CHAPITRE III

PROBLEMES SPECIFIQUES DE DURABILITE

I. LA DURABILITE DES ARMATURES ET DU BETON D’ENROBAGE

1. INTRODUCTION
Dans le béton armé et précontraint, la durabilité est assurée par la matrice cimentaire qui
protège physiquement et chimiquement l’acier de la corrosion. La solution interstitielle de la
pâte de ciment est à caractère basique, son pH est de l’ordre de 13, ce qui confère une stabilité
aux armatures noyées dans le béton.
Deux processus peuvent altérer la protection assurée par le béton :
diminution du pH de la phase aqueuse interstitielle par action principalement du dioxyde
de carbone de l’air (par carbonatation du béton).
pénétration d’agents agressifs, notamment les ions chlores jusqu’au niveau des armatures
(par action des chlores).
Ces deux processus d’altération sont régies par deux facteurs essentiels :
- la qualité du béton : sa porosité,
- l’épaisseur de recouvrement des armatures « l’enrobage ».
D’autre facteurs peuvent contribuer à la protection des armatures :
- la cure humide qui a une importance particulière, notamment sur l’enrobage qui est
très sensible à la dessiccation,
- la limitation des ions chlores dans les ciments, les granulats et les adjuvants :

Tableau 1 – valeurs admissibles en chlorures en fonction du matériau


Matériaux Teneur en Cl-
Béton non armé 1,00
Béton armé 0,65 (0,40)
Béton précontraint (post tension) 0,20
Béton précontraint (pré-tension) 0,10 (0,20)

- la fixation d’une épaisseur minimale d’enrobage : les codes de calcul fixent une
épaisseur minimale d’enrobage qui dépend de la classe d’environnement

32
- la limitation de l’ouverture de fissures du béton armé : les codes de calcul donnent
les règles pour limiter l’ouverture des fissures du béton armé, qui dépendent de l’agressivité
du milieu et du caractère plus ou moins préjudiciable de la fissuration (peu nuisible,
préjudiciable, très préjudiciable)

2. LES DEUX PHASES DE LA CORROSION


En termes de cinétique on peut schématiser l’évolution la corrosion des armatures en deux
phases distinctes, une phase d’amorçage (I) et une phase de propagation (II), le passage de
l’une à l’autre correspond à la dépassivation de l’acier (A). la phase de propagation de la
rouille conduit à la fissuration, puis à la destruction de l’enrobage (point D)

I II

Amorçage Propagation

D
A

Temps

Figure 1 – Schéma de la cinétique du comportement des armatures


Du béton d’enrobage

- initialement l’acier est protégé par le béton d’enrobage, stabilisé par le milieu environnant de
béton frais : l’acier est « passivé »,
- une première phase, appelée amorçage, qui consiste à rompre cette stabilité par la
dégradation de la protection : l’acier est dépassivé. La cinétique de la phase d’amorçage
dépend essentiellement de la perméabilité du béton et de l’épaisseur de l’enrobage en relation
avec l’agressivité du milieu.
- la période de propagation de la rouille correspond au début de l‘oxydation de la surface des
armatures. Le gonflement qui en résulte induit des contraintes pouvant fissurer et provoquer
l’éclatement du béton d’enrobage

33
3. PASSIVATION DE L’ACIER :
Dés les premiers instants de l’hydratation on peut mesurer un pH de 13,5 de la solution lors
du gâchage d’un CEM I avec de l’eau . Il est dû à la présence des ions OH- provenant des
bases alcalines et de la chaux, dont la solubilité dépend précisément de la concentration en
ions OH-.
C3S (C2S) + H2O CSH + Ca (OH) 2
Ca (OH) 2 + K2SO4 CaSO4 + 2 KOH
Ca (OH) 2 + Na2SO4 Ca Na2SO4 + 2NaOH

Au bout de quelques heures, la solution interstitielle s’enrichit progressivement en bases


alcalines NaOH et surtout KOH alors que la concentration en chaux décroît et devient
négligeable à long terme : ceci explique que le pH reste largement supérieur à 13 alors qu’une
solution saturée en chaux n’a qu’un pH de 12,5.
Pour une valeur de pH de l’ordre de 13,5, le diagramme Fe – H2O à 25 °C présenté sur la
figure 2 montre que le fer ne se corrode pas au dessous d’une valeur de potentiel d’environ –
900 mV (échelle ECS) [ zone I] et pour des valeurs supérieures , les oxydes Fe3O4 et Fe2O3
forment un film passif à la surface de l’acier réduisant la vitesse de corrosion à un niveau
négligeable [ Zone II délimitée par la courbe (1) correspondant à la formation de Fe3O4 et la
courbe (2) correspondant à la formation de Fe2O3]

Potentiel ENH, V Potentiel ECS, V

+ 200 mV

- 900 mV

Figure 2 – Evolution de la composition de la phase interstitielle aqueuse


d’une pâte de ciment en fonction du temps (page 180)

Le diagramme donne la variation du potentiel du fer repéré par rapport à l’électrode normale à l’hydrogène ENH
ou à une électrode de référence au calomel saturé ECS en fonction du pH à 25 °C.
Dans le diagramme Fe-H2O, il existe trois domaines distincts de comportement du fer :

34
I- le fer ne se corrode pas
II- la corrosion ou se forment des ions Fe² + et FeOOH-
III- la passivité ou le fer est recouvert d’une pellicule protectrice de Fe3O4 (courbe 1) ou Fe2O3 (courbe
2)

ENH - L’électrode normale à l’hydrogène est une électrode de référence dont la tension est choisie égale à
0. Elle est constituée d’une lame de platine plongeant dans une solution d’acide chlorhydrique normale ou
barbote à l’hydrogène à la pression atmosphérique.
ECS - L’électrode au calomel saturé consiste en un mélange de Hg –Hg2Cl2 immergé dans du chlorure de
potassium saturé.

D’après le diagramme, le potentiel de l’acier passivé peut varier de – 900 mV à + 200 mV


suivant la disponibilité en oxygène. Pour des structures exposées à l’air dans les conditions
normales les mesures de potentiel de corrosion donnent des valeurs variants entre – 200 mV
et + 100 mV (sur l’échelle ECS) s’inscrivant nettement dans la partie supérieure du domaine
de passivité. L’analyse de la couche passive montre que l’acier dans le béton est effectivement
recouvert d’une pellicule fine d’une solution solide Fe3O4- Fe2O3 dont l’épaisseur varie de
10-3 et 10-1 m . Lorsque la couche passive se détruit et que la corrosion se développe, le
potentiel évolue vers des valeurs négatives.

4. L’AMORÇAGE DE LA CORROSION PAR LA CARBONATATION DU BETON


D’ENROBAGE
4.1. Phénomène général :la carbonatation du béton à l’air
La carbonatation des composés hydratés du ciment par le dioxyde de carbone de l’air réduit le
pH de la solution interstitielle à une valeur telle que la pellicule de l’oxyde passive protégeant
l’acier n’est plus stable. Le film passif se détruit et la corrosion peut alors être amorcée et se
développer en milieu aéré et humide.

4.1.1. Mécanisme de la carbonatation


La carbonatation du béton à l’air résulte de la fixation du gaz carbonique (CO2) par les
hydrates du ciment et principalement la portlandite Ca(OH)2. La réaction est favorisée par une
humidité du milieu comprise entre 60 et 70 %.
Le mécanisme réactionnel de la carbonatation est relativement complexe. La carbonatation
s’effectue à partir du dioxyde da carbone dissous dans l’eau, qui réagit avec la portlandite
passée en solution
L’agent réel de carbonatation est l’acide carbonique (H2CO3) résultant de la réaction mettant
en jeu le dioxyde de carbone et l’eau, car le dioxyde de carbone à l’état gazeux n’est pas
réactif.

35
CO2 + H2O H2CO3

L’acide carbonique (H2CO3) réagit avec la portlandite Ca(OH)2, le carbonate de calcium


précipite sous forme d'aragonite et de calcite selon la relation suivante :
H2CO3 + Ca(OH)2 CaCO3 + 2H2O
Mais d’autres hydrates peuvent être décomposés, des silicates hydratés, de l’alumine et de
l’oxyde de fer étant formés.
L’action du dioxyde de carbone se manifeste même à de très faibles concentrations telles
celles que l’on rencontre dans l’air qui varie de 0.03 % (en volume) dans un milieu non pollué
à 0.3 % dans les grandes villes et peut atteindre exceptionnellement atteindre 1 % dans les
lieux fortement pollués, qui dépend de la pression et de la température.
La carbonatation en soi n’endommage pas directement le béton. Cependant ses effets
constituent un risque de corrosion de l’acier. La carbonatation de la portlandite entraîne une
diminution du pH de la pâte de ciment hydratée, qui peut descendre à une valeur inférieure à
celle que nécessiterait la protection de l’acier (pH = 9 environ). Lorsque toute la portlandite
est carbonatée, la valeur du pH descend à 8.3.
La baisse du pH couplée à une profondeur de carbonatation suffisante (égale ou inférieure de
quelques millimètres à l’épaisseur d’enrobage) conduisent inévitablement à la disparition de
la couche de passivation de l’acier et la corrosion peut alors se développer.
La carbonatation se développe progressivement à partir de la face extérieure exposée au CO2
mais à une vitesse décroissante qui dépend de :
- la porosité de la pâte de ciment, car le CO2 diffuse à travers le réseau poreux
- du degré de saturation en eau des pores, car la diffusion de CO2 dans l’eau est plus
lente que dans l’air.

4.1.2. Cinétique de carbonatation


La cinétique du processus dépend de la facilité avec laquelle le dioxyde de carbone diffuse à
travers le réseau du béton. Or, dans le processus de diffusion du dioxyde de carbone,
l’humidité joue un rôle primordial. En effet, le coefficient de diffusion du dioxyde de carbone
dans l’air est dix mille fois plus élevé que dans l’eau. C'est-à-dire, lorsque les pores du béton
sont remplis d’eau, la pénétration du CO2 est extrêmement faible et la carbonatation
pratiquement inexistante. Inversement si le béton se trouve dans un milieu très sec, la quantité
d’eau est insuffisante pour dissoudre le CO2 et le béton n’est que faiblement carbonaté. C’est

36
pourquoi la carbonatation n’affecte un béton que si l’eau tapisse les surfaces des pores sans
les obstruer (figure 3).

Figure 3 – Représentation schématique du béton carbonaté dans un état


d’humidité courant

Comme l’état d’humidité du béton est lui-même dépendant de l’humidité relative du milieu,
on traduit souvent le phénomène par des courbes qui présentent l’allure de la figure 4.

30 40 50 60 70 80 90 100
Humidité relative (%)
Figure 4 – Influence de l’humidité relative sur la profondeur de carbonatation
Bétons confectionnés avec des rapports E/C de 0,6 (courbe 1) et 0,8 courbe 2) et conservés 16 ans à 20 °C. La
profondeur de carbonatation passe par un maximum pour une humidité relative comprise entre 60 et 70 (%) et
diminue rapidement à partir de 80 % pour s’annuler à la saturation.

De nombreuses équations ont été proposées pour décrire la vitesse de carbonatation en


fonction du temps : l’épaisseur de la couche carbonatée augmente proportionnellement à la
racine carrée du temps.

X A. t

37
4.1.3. Influence des principaux paramètres relatifs au béton
La profondeur de carbonatation s’accroît lorsque le dosage en ciment diminue ou lorsque le
rapport E/C augmente comme le traduisent les figures 5, 6 et 7 et le tableau 1

Figure 5 – Loi de croissance linéaire de l’épaisseur carbonatée en fonction de t


Prismes de béton confectionnés avec un rapport E/C = 0,80 (courbe 1), E/C = 0,60 (courbe 2), E/C = 0,45
(courbe 3), conservés à 20 °C et 50 % HR. En atmosphère contrôlée l’épaisseur carbonatée croît linéairement en
fonction de la racine carrée du temps traduisant un processus de diffusion

Eprouvettes 7x7x28 cm en béton préparés avec du CPA et des granulats 0/20 de même maniabilité, conservées à
20 °C et 50 % HR pendant 5 ans. Les courbes de 1 à 5 correspondent à des dosages en ciments respectifs de
200, 300, 350, 400b et 500 k/m3. pour des bétons fabriqués à même maniabilité, l’épaisseur carbonatée est
d’autant plus faible que le dosage en ciment est plus élevé.

38
Rapport E/C

Figure 7 – Evolution de la carbonatation en fonction du rapport E/C


Eprouvettes de mortier conservées 7 jours en atmosphère saturée, puis à l’air à 20 °C et 50% HR pendant 2 ans
et demi. La profondeur de carbonatation mesurée à un rapport E/C donné est exprimée en fonction de la valeur
obtenue en A pour un rapport E/C = 0,6 . La carbonatation croît de façon sensiblement linéaire avec le rapport
E/C. Elle fait plus que doubler lorsque la rapport E/C passe de 0,6 à 1,0.

Tableau 1- variation de l’épaisseur carbonatée en fonction du dosage


en ciment et du rapport E/C
Dosage en Epaisseur carbonatée au bout
Rapport
ciment de 5 ans (mm)
E/C 3
(kg/m ) Test à la phénolphtaléine
360 2,8
0,5 320 5,8
290 6,6
260 7,4
360 6,2
0,6 320 6,7
290 8,7
260 10,2
360 8,9
0,7 320 10,1
290 13,1
260 17,4

La Carbonatation est également à relier à la porosité de la couche superficielle du béton


(figure 8). La structure de cette peau dépend directement des conditions de conservation
puisque le ciment cesse pratiquement de s’hydrater si l’humidité relative interne descend au
dessous d’une certaine valeur (70 – 80)%. C’est pourquoi, la réduction du temps de cure
accroît de façon significative la profondeur de carbonatation comme l’illustre les figures 9 et
10

39
x ciment portland
o ciment au cendres

Coefficient de perméabilité (1010 m²/s)

Figure 8 – relation entre le carré de la profondeur de carbonatation


et le coefficient de perméabilité d’un béton d’un an

Une approche intéressante et couramment utilisée consiste à relier la profondeur de


carbonatation à la résistance à la compression, car cette dernière propriété est la plus souvent
mesurée. En fait la résistance à la compression dépend de la porosité du matériau résultant de
sa conservation. Toutes les études s’accordent pour montrer que la carbonatation diminue
lorsque la résistance à la compression à 28 jours s’accroît

Résistance à la compression (MPa)

Figure 9 – Relation entre la résistance à la compression à 28 jours et la profondeur de


carbonatation

Eprouvettes de béton armé confectionnées avec deux ciments différents : un ciment portland (O courbe et
un ciment à 30 % de cendres volantes ( courbe 2) exposées 2 ans à l’extérieur ( ) ou à l’intérieur ( )

40
Figure 9 – Evolution de la carbonatation du rapport E/C
Pour des conditions de cure différentes

Eprouvettes de CPA conservées 24 heures en moule puis 6 ans dans l’air (courbe 1), ou bien 24 heures en moule,
puis 27 jours dans l’eau et en fin 6 ans dans l’air (courbe 2). Conditions de conservation 20°C et 50% HR. La
profondeur de carbonatation est réduite lorsque le béton jeune est conservé suffisamment longtemps dans l’eau
avant d’être exposé au milieu ambiant

Figure 10 – Influence de la cure sur la profondeur carbonatée

Eprouvettes de béton confectionnées avec un ciment portland renfermant 12 % de C 3A (courbe 1) et un ciment


de 70% de laitier (courbe 2), conservées après une cure dans l’eau, pendant un an à l’air, à l’abri de la pluie. Une
cure humide prolongée limite la profondeur de carbonatation. L’effet est particulièrement sensible pour les
premiers jours de conservation

La mesure de la résistance à la compression vraie d’un béton semble constituer un indicateur


fidèle de sa susceptibilité à la carbonatation ; celle-ci devient très faible lorsque c 28 atteint
50 MPa.

41
4.1.4 Rôle des additions minérales vis-à-vis de la carbonatation

D’une façon générale les ajouts de laitiers et de cendres volantes dans le béton accroissent la
carbonatation par rapport à un béton de CPA. La vitesse et le degré d’hydratation des bétons
contenant du laitier ou des cendres volantes sont davantage affectés par les conditions et la
durée de la cure. C’est notamment le cas des bétons contenants de la fumée de silice qui sont
plus sensibles à la carbonatation que les bétons de CPA lorsque les conditions de la cure sont
médiocres.
Vis-à-vis de la carbonatation les bétons de CPJ aux fillers calcaires se comportent de façon
comparable aux bétons de CPA ayant la même classe de résistance.

4.1.5 Carbonatation des bétons de hautes performances


La compacité très élevée d’un béton à hautes performances limite de façon drastique la
pénétration du dioxyde de carbone et conduit à une carbonatation quasiment inexistante.

Profondeur de carbonatation (mm)

Temps (jours)

Figure 11 – Comparaison entre la carbonatation d’un béton ordinaire


et d’un béton à haute performance

Eprouvettes en béton ordinaire (courbes 1 et 2) dosé à 350 kg/m3 et de béton à hautes performances B60 sans
fumée de silice, dosé à 450 kg/m3 avec 2,5 % de fluidifiant (courbe 3). Les courbes 1 et 2 sont relatives à la
carbonatation maximale et moyenne du béton ordinaire. Atmosphère enrichie en dioxyde de carbone à 20 °C et
65 HR

4.1.6. Influence des conditions d’exposition


Le béton exposé sur site naturel subit une variation permanente d’humidité par le jeu des
cycles de séchage et de mouillage. L’évaporation de l’eau à la surface du béton est lente et
tant qu’il reste humide, la carbonatation est négligeable, pour que celle – ci devienne
appréciable , il faut assécher la couche carbonatée jusqu’au front de carbonatation. Au fur et à
mesure que progresse l’épaisseur carbonatée, le temps nécessaire pour assécher la couche
s’accroît également . Il en résulte que l’intervalle de temps pendant lequel le béton se trouve

42
dans des conditions favorables pour se carbonater avec une humidité relative inférieure à 80%
se réduit de plus en plus. Ainsi, lorsque le béton est soumis à des cycles de mouillage et de
séchage, la vitesse de carbonatation se ralentit.
L’exposition des constructions conduit à des différences significatives : les surfaces abritées
de la pluie et séchées par le soleil se carbonatent plus que les surfaces protées du soleil et
recueillant des eaux de pluie.

Conclusion
La carbonatation du béton à l’air obéit à un à un processus de diffusion du dioxyde de carbone
dans la couche superficielle transformée . Elle dépend des paramètres de composition du
béton et des conditions d’environnement et tout particulièrement de l’humidité relative. Plus
la porosité du béton est élevée, plus l’épaisseur carbonatée est importante.
Dans la couche superficielle carbonatée, le pH de la solution interstitielle descend
progressivement jusqu’à 8,5 – 9, valeurs pour lesquelles la stabilité de la couche passive de
l’acier n’est plus garantie.
Les autres espèces chimiques susceptibles de détruire la passivité de l’acier et d’amorcer la
corrosion sont les ions chlore par pénétration dans le béton.

5. L’AMORÇAGE DE LA CORROSION PAR LA PENETRATION DES


CHLORURES
Les chlorures s’introduisent dans le béton soit au gâchage à partir des constituants de base
lors de la confection du béton, soit plus tardivement si l’ouvrage est exposé à des embruns
marins ou à des sels fondants (sels de déverglaçage ou de déneigement).
Toutefois l’état sous lequel se trouve les ions chlore dans le béton est un premier élément à
considérer.

5.1. Les chlorures liés et les chlorures libres


Les chlorures liés se trouvent dans le béton sous deux formes principales : physiquement
adsorbés sur les parois solides des pores ou chimiquement fixés par réaction avec certains
composés du ciment, les produits formés sont le monochloroaluminate hydraté ou sel de
Friedel de formule C3 A.CaCl2.10.H2O et le trichloroaluminate C3A.3.CaCl2.10.H2O. dans les
conditions habituelles de concentration des ions chlore dans le béton, on ne rencontre que le
sel de Friedel.

43
Les chlorures qui ne sont pas liés peuvent migrer plus ou moins facilement à l’intérieur du
béton, par capillarité, sous l’effet des variations d’humidité consécutives aux alternances de
séchage et de mouillage. Il peut être envisagé la pénétration des ions chlore par diffusion dans
le béton sous l’effet de gradient de concentration à partir de l’eau de mer. Ces chlorures libres
sont ainsi susceptibles d’atteindre en quantité suffisante l’armature pour la dépassiver.
La capacité de fixation des ions Cl par le ciment dépend de la quantité de C3 A dans le
clinker, il semble aussi que le C4 AF soit susceptible de former des chlorures complexes.
D’autres espèces ioniques peuvent intervenir sur la fixation chimique des chlorures. Ainsi les
ions sulfates réagissent de préférence aux ions chlore sur le C3 A présent en formant des
sulfoaluminates et en diminuant la capacité de fixation des chlorures. Ce qui explique la
bonne tenue des CPA à forte teneur en C3 A aux milieux chlorés mais pas à l’eau de mer, à
cause justement de la présence des sulfates. En outre la pénétration des chlorures libres
dépend de la structure poreuse du béton ; le pourcentage des chlorures libres s’accroît avec le
rapport E/C (alors que la quantité de chlorures liés reste sensiblement constante) et avec la
concentration en sels du milieu environnant.

5.2. Cinétique de diffusion des ions chlores libres.


La vitesse de pénétration des chlores libres dans les pores du béton dépend de la porosité de la
pâte de ciment. Elle décroît avec le rapport E/C de façon exponentielle et dépend de la
concentration de la solution environnante des sels.
Les coefficients de diffusions apparents des ions Cl- ont été mesurés pour le ciment Portland
et les valeurs moyennes sont regroupées dans le tableau 2.

Tableau 2 – valeurs moyennes des coefficients de diffusion apparents des chlorures dans les
mortiers de ciment Portland en fonction du rapport E/C
coefficient de diffusion
Rapport E/C
Apparent Da (10-12 m²/s)
0,4 – 0,6 1–5
0,6 – 0,8 4 – 12

5.3. Influence de la nature du ciment et des additions minérales


La capacité de fixation des chlorures est déterminée par la concentration en (C3 A et C4AF) du
liant. Or la teneur de ces composés diminue en présence d’addition (laitier ou cendres
volantes). La quantité de chloroaluminates formée étant réduite, la teneur en chlorures libres
devrait être plus élevée pour les ciments incorporant des additions minérales

44
6. PROPAGATION DE LA CORROSION : LES FACTEURS AGGRAVANTS
6.1. La nature électrochimique de la corrosion
La destruction de la couche passive et l’attaque du métal s’effectuent par un mécanisme de
piles électrochimiques nécessitant la conjonction de l’oxygène et de l’eau.
La corrosion électrochimique implique l’existence d’une anode, d’une cathode et d’un milieu
électrolytique pour constituer une pile. A l’anode se déroule le processus de dissolution du
métal
Fe Fe2+ + 2e
Dans un milieu neutre ou alcalin, les électrons libérés par la réaction anodique sont
consommés à la cathode par réduction de l’oxygène
H2O + ½O2 + 2 2 OH
L’anode et la cathode à la surface du métal sont reliés par le métal conducteur qui permet le
passage des électrons, tandis que le milieu électrolytique environnant assure le transport des
ions par diffusion et referme le circuit de la pile. (figure 12).
Les ions ferreux réagissent ensuite avec les ions OH pour former l’hydroxyde ferreux
légèrement soluble.
Fe2+ + 2 OH Fe (OH)2

Figure 12 – Mécanisme de la corrosion électrochimique


La création de piles électrochimiques sur l’armature conduit progressivement à la dissolution du métal dans les
zones anodiques.

Les réactions se poursuivent en présence d’oxygène pour donner Fe(OH)3 et Fe2O3 puis une
oxydation lente conduit aux oxydes hydratés Fe2O3H20 et à la magnétite Fe3O4. la rouille est
formée d’un mélange de ces trois constituants.

45
Le courant de corrosion qui se développe entre l’anode et la cathode est contrôlé soit par la
polarisation anodique, soit par la polarisation cathodique, soit par la différence du potentiel
qui dépend de la résistivité du milieu. L’oxygène et l’eau sont impliqués dans la réaction
cathodique. Ainsi, même si la couche passive est détruite, la corrosion ne se propage pas
lorsque le béton est sec ou immergé totalement dans l’eau.
La quantité de fer dissout est proportionnelle au courant de corrosion débité .

6.2. Rôle des chlorures dans le processus de corrosion


La vitesse de corrosion de l’acier dans le béton est plus élevée en présence d’ions chlore qui
agissent en quelque sorte comme catalyseur.
Le premier effet des chlorures est de diminuer la résistivité de la solution électrolytique dans
le béton, ce qui facilite le transport des ions.
Un deuxième effet des ions chlore se manifeste au niveau de la surface métallique par un
mécanisme d’amorçage plus rapide de la corrosion. La dépassivation de la couche
superficielle pouvant s’amorcer par une dissolution de la couche passive ou par migration des
chlorures à travers le film d’oxydes (Fe2O3 et Fe3O4) . De très faibles concentrations d’ions
chlore, à peine supérieures à 0,01 %, modifieraient la morphologie de la couche passive en
donnant le composé FeOOH, puis des ions complexes instables FeCl 3 qui consomment les
ions OH présents selon les réactions :
Fe + 3 Cl FeCl 3 + 2e
FeCl 3 + 2 OH Fe (OH)2 + 3.Cl
Les électrons libérés par la réaction d’oxydation se déplacent à travers le métal jusqu’aux sites
cathodiques. D’après ces réactions, le processus conduit à une diminution du pH et à un
recyclage des ions chlore.
La concentration en chlorures fait partie des paramètres qui influent sur la vitesse de corrosion
comme le montre la figure 11.
La propagation de la corrosion s’amorce pour une concentration en ions chlore de 0,5 % en
poids par rapport au ciment. La vitesse de corrosion est alors sensiblement proportionnelle à
la quantité de sels ajoutée jusqu’à 2 % en chlorures.

46
Figure 13 – Influence du pourcentage de chlorures introduits dans le béton sur le courant de
corrosion

Béton de ciment Portland dosé à 300 kg/m3 et de rapport E/C = 0,6 (résistance à la compression à 28 jours 35
MPa, conservé à 20 °C et 80 % HR pendant 100 jours (courbe 1) et un an (Courbe 2).

6.3. Influence du pH sur la corrosion


La corrosion se propage pour un pH de l’ordre de 11 pour un béton carbonaté et s’accroît
lorsque le pH diminue. En présence de chlorures, elle a lieu même en milieu très basique
autour d’un pH de 12.

6.4. Influence de la température et de l’humidité


Après dépassivation, la progression de la corrosion dépend de deux paramètres primaires :
- l’humidité à l’intérieur du béton responsable, d’une part de la composition de la solution
interstitielle et de la résistivité du béton et d’autre part, de la disponibilité en oxygène.
L’humidité qui règne à l’intérieur du système poreux détermine directement la quantité de
solution électrolytique disponible. Les mouvements d’eau sont affectés par la dimension des
pores et leur interconnexion. Ainsi le degré d’humidité joue un rôle majeur sur la résistivité
du béton : en passant de 100 à 20 % d’humidité la résistivité du béton est multipliée par un
facteur de 100. L’humidité joue un rôle plus important sur la résistivité du béton que la
présence de chlorures ou qu’une variation du rapport E/C. La diffusion de l’oxygène décroît
avec l’augmentation de l’humidité relative et qu’un béton peu perméable, à faible rapport E/C
freine l’accès à l’oxygène.

47
Généralement l’apport en oxygène dissout est suffisant et c’est la résistivité qui contrôle la
vitesse de corrosion. Ce n’est qu’à partir d’états proches de la saturation, ou la vitesse de
diffusion de l’oxygène devient très faible, que la cinétique est alors régie par la réaction
cathodique. Ainsi, une structure en béton armé totalement immergée ne se corrode qu’à une
vitesse insignifiante puisque l’oxygène ne peut atteindre les armatures.

- la température à la quelle est soumis le béton : comme dans tout processus d’activation
chimique, la température joue un rôle d’accélération de la corrosion non négligeable.
En conclusion, la propagation de la corrosion n’a lieu qu’en présence d’oxygène pour une
humidité relative dépassant 80%, l’influence de la température n’étant importante qu’au
dessus de 10 °C. La résistivité du béton contrôle ainsi la vitesse de corrosion et toute
réduction de la porosité par l’introduction d’additions par exemple limite la propagation de la
corrosion.

6.5. Influence de la composition du béton


La compacité du béton est aussi un critère à considérer dans la vitesse de corrosion. Une
diminution du rapport E/C de 0,6 à 0,5 divise par deux la vitesse de corrosion en présence de
chlorures pour un CPA. De même l’utilisation d’un ciment de classe supérieure améliore
considérablement la résistance à la corrosion.

6.6. Rôle de la fissuration dans le béton d’enrobage


L’existence de fissures même microscopiques dans le béton facilite la pénétration du dioxyde
de carbone et des chlorures. Si les fissures sont suffisamment profondes et atteignent les
armatures, les substances agressives provoquent une corrosion localisée.
La disposition des fissures par rapport aux armatures est aussi à considérer, lorsqu’elles sont
normales aux armatures, la corrosion reste localisée dans une zone limitée par les dimensions
de celles-ci. Par contre, si les fissures sont parallèles aux armatures, elles contribuent au
décollement du béton d’enrobage.

6.7. Conséquences de la corrosion


Les oxydes et les hydroxydes formés à la surface de l’acier induisent deux conséquences
majeures :
- les réactions d’oxydation se font avec une augmentation de volume (figure 14)

48
Fer

Fe3O4

Fe(OH)2

Fe(OH)3
Fe(OH)3 , 3 H2O

0 1 2 3 4 5 6
3
Volume en cm
Figure 14 – Augmentation du volume des produits d’oxydation du fer
En supposant que la rouille soit constituée entièrement de magnétite Fe304, le volume final est
au minimum deux fois plus grand que la volume initial (métal de base). Les variations
volumiques induisent des contraintes dans le béton d’enrobage avec apparition de petites
fissures. On estime que les fissures se forment dés que la couche d’oxydes de fer atteint une
épaisseur de 0,1 mm.
- Lorsque la corrosion est amorcée par carbonatation du béton, les produits formés
s’accumulent autour de l’acier. Par contre, si elle est initiée par des chlorures, les produits de
corrosion peuvent migrer à l’intérieur du système poreux et même apparaître à la surface du
béton ; le transport des oxydes crée des cavités suggérant que l’acier est alors profondément
altéré. La réduction de la section des armatures diminue la capacité portante des aciers
entraînant des conséquences défavorables sur la déformation et la résistance à la fatigue.
La corrosion entraîne donc des dégâts majeurs :
- une altération de l’aspect extérieur des ouvrages dans les cas les moins graves,
- une détérioration de l’étanchéité,
- une diminution de la capacité portante de la structure dans les cas les plus sévères.
L’émergence de produits de corrosion à la surface du béton avec formation de cavités,
l’apparition de fissures, le décollement du béton d’enrobage sont des symptômes qui
traduisent un état de dégradation avancé et imposent une réparation urgente de façon à
rétablir une qualité acceptable de la construction.

7. Détermination de l’état de la corrosion de l’acier dans le béton


Le potentiel de corrosion de l’armature peut être mesuré par rapport au potentiel d’une
électrode de référence (électrode de calomel saturé ECS ou électrode de cuivre / sulfate de
cuivre), selon le dispositif représenté sur la figure 15.

49
Figure 15 – Dispositif de mesure du potentiel de corrosion d’une armature

On sait que le potentiel de l’acier passivé fluctue entre – 200 et + 100 mV (ECS) et lorsque
le métal s’oxyde, le potentiel évolue vers des valeurs plus négatives. On peut relever plusieurs
plages de valeurs selon l’état dans lequel se trouve l’acier dans le milieu électrolytique.
Lorsque la passivité de l’acier est détruite localement par les ions chlore sous forme de
piqûres, le potentiel de l’acier fluctue entre la limite inférieure de l’état passif – 200 mV et –
500 mV environ.
La corrosion généralisée s’établit lorsque le pH descend vers des valeurs de 9 ou 10 ou
lorsque l’armature est facilement accessible aux ions chlore. Le potentiel s’établit au tour de –
400 et – 600 mV.
Une dernière situation correspond aux ouvrages enterrés ou immergés dans l’eau, dans ce
cas la corrosion est limitée par la disponibilité de l’oxygène. Tout l’oxygène disponible peut
être réduit (réduction de l’oxygène), la couche passive n’est pas stable et il se forme en milieu
alcalin des ions FeOOH solubles. Le potentiel chute alors vers des valeurs fortement
négatives correspondant à un état de corrosion actif de l’acier. Toutefois la vitesse de
corrosion est aussi faible que dans le cas de la passivité et demeure négligeable. Le domaine
de potentiel couvert par cette corrosion faiblement active varie entre – 800 et – 1000 mV.
La norme ASTM C 876 – 80 fixe une probabilité de corrosion en fonction des échelles de
potentiel mesurées selon le tableau 3.

Tableau 3 – Probabilité de corrosion en fonction du potentiel de corrosion


EC mesuré par rapport à une électrode au calomel saturé (ECS)
Probabilité de corrosion p en % Potentiel de corrosion EC (ECS) en Volts
P<5 EC > - 0,20
P = 50 - 0,35 < EC < - 0,20
P > 95 EC < - 0,35

50
Il est souvent nécessaire de coupler ces mesures avec des essais supplémentaires pour pouvoir
tirer des conclusions claires sur l'état de la corrosion:
- Teneur en ions chlore
- Profondeur de carbonatation
- Relevé des zones de délamination
- Analyse des conditions d'exposition (humidité du béton)
- Mesures de résistivité : un appareil spécial, comportant 4 sondes, peut être utilisé pour
mesurer la résistivité du béton. Cette mesure peut être interprétée pour évaluer le niveau
d'activité de corrosion du béton armé. La résistivité électrique permet d'obtenir une évaluation
du degré d'humidité, de la dimension et de la tortuosité des pores du béton. La résistivité est
très sensible à la qualité du béton (dosage en ciment, E/C, mûrissement, ajouts minéraux). Les
pointes des 4 sondes sont insérées par forage ou par enfoncement dans le béton durci.
L'interprétation des mesures de résistivité est empirique:
> 120 cm Etat de corrosion improbable
50 < < 120 cm Etat de corrosion probable
< 50 cm Etat de corrosion certain
Pour être valables, les mesures de résistivité doivent être interprétées en parallèle avec
d'autres type de mesures.

6.9. Les mesures de prévention


Tous les processus qui interviennent au niveau de la transformation du béton d’enrobage et de
la corrosion des armatures sont déterminés en première approximation par des réactions de
diffusion dans lesquelles l’humidité du béton joue un rôle essentiel . Pour éviter la
détérioration du béton armé, il faut intervenir au niveau du béton d’enrobage pour retarder au
maximum la dépassivation selon le schéma présenté sur la figure 16.
En éliminant la formation des fissures macroscopiques, la perméabilité du béton et l’épaisseur
d’enrobage sont deux caractéristiques sur lesquelles il est possible d’agir et que prend en
compte la réglementation en fonction d’un milieu ambiant ou l’humidité et la température
sont des facteurs déterminants.

51
Diffusion des espèces
Chimiques à partir de l’extérieur

Environnement Environnement
normal contaminé par les
chlorures

Fissures
PERMEABILITE
Dosage en ciment
Rapport E/C Béton
Cure
Compactage d’enrobage Epaisseur
D’enrobage

Corrosion des
Armatures
Température Humidité

Figure 16 – Présentation schématique des différents paramètres agissant sur la corrosion des
armatures

Minimiser la perméabilité en fabricant un béton de qualité : La quantité maximale de


chlorures admise dans les bétons armés selon les normes est donnée dans le tableau 4

Tableau 4 – teneurs admissibles en chlorures dans le béton armé et non armé, exprimées en
pourcentages par rapport à la masse de ciment
Concentration en chlorures

Type de béton Fascicule Prénorme


NF P 18 - 011 ENV 206
Béton non armé 1,00 1,00
Béton armé 0,65 0,40
Par post-tension 0,2
Béton précontraint 0,2
Par pré-tension 0,1

Respecter les épaisseurs d’enrobage réglementaires : Les épaisseurs minimales


d’enrobage sont reportées dans le tableau 5.

52
Tableau 5 – Epaisseurs minimales d’enrobage des armatures à respecter en fonction des
conditions d’exposition selon le BAEL 91
Epaisseur minimale d’enrobage des
Conditions d’exposition
armatures en cm
Environnement sec pour intérieur de locaux 1
Environnement humide et agressif pour ouvrages 3 à 2, si la résistance caractéristique du
exposés aux intempéries, condensation et en contact béton est > 40 MPa
avec les liquides
Environnement très agressif pour exposition à la 5 ou 4, si les armatures sont protégés
mer, aux embruns, brouillards salins et en par un procédé efficace.
atmosphère chimiquement agressive

Quelques dispositions particulières pour les milieux très sévères


La durabilité des armatures dans le béton est assurée normalement, dans la plupart des
milieux d’exposition, par un respect des recommandations au sujet du béton et du béton
d’enrobage en particulier. Cependant dans des conditions sévères, des mesures
supplémentaires doivent être envisagées. Trois principaux systèmes de protection ont été plus
particulièrement étudiés : la protection cathodique, l’utilisation des inhibiteurs chimiques de
corrosion et enfin la protection par des revêtements organiques ou métalliques.
- La protection cathodique : La corrosion de l’acier résulte du passage d’un courant dans les
piles locales ou le métal joue le rôle d’anode. Pour supprimer le phénomène, une solution
consiste à porter l’acier à un potentiel (grâce à un courant imposé) pour lequel la réaction
anodique devient pratiquement négligeable. La protection cathodique est un procédé onéreux
qui ne s’applique qu’à des ouvrages (d’arts) sérieusement endommagés.
- Les inhibiteurs de corrosion : un inhibiteur de corrosion est un composé chimique qui
prolonge la passivité de l’acier dans le béton en présence d’agents agressifs. Il existe une
grande variété de produits qui agissent soit au niveau du processus anodique, soit au niveau de
la réaction cathodique.
Les nitrite et benzoate de sodium, ajoutés au mélange. Cependant, ces composés peuvent
réduire la résistance à la compression du béton.
Le nitrite de calcium semble être plus efficace, tout en ayant un effet secondaire
d’accélérateur de prise. Il semble que le nitrite de calcium soit consommé par réaction
chimique avec les chlorures. Même si les effets à très long terme ne sont pas garanties,

53
l’addition de nitrite de calcium allonge la durée de la période d’amorçage et retarde d’autant
la corrosion.
- Revêtement des armatures :
Parmi les revêtements utilisés pour protéger l’acier :
- polymères : résines époxy,
- métalliques : zinc (armatures galvanisées)
Ces revêtements, améliorent la durée de vie des ouvrages et allongent la période d’amorçage
de la corrosion, mais leur coût limite leur utilisation à des milieux d’exposition
particulièrement agressifs.

5.11. Conclusion
L’examen des ouvrages affectés par une détérioration du béton d’enrobage recouvrant les
armatures révèle que les dommages résultent presque toujours d’une épaisseur d’enrobage
trop mince et / ou d’un béton défectueux, poreux et peu résistant.

54
II. LA DURABILITE DES BETONS EN AMBIANCE HIVERNALE RIGOUREUSE

INTRODUCTION
La période hivernale accroît le degré d’agressivité du milieu ambiant vis-à-vis des ouvrages
en béton. Les agressions incriminées sont de deux catégories, bien différentes : les cycles de
gel-dégel et l’application des sels fondants (sels de déverglaçage ou de déneigement).
Les cycles de gel-dégel ont une action qui s’étend à la masse de l’ouvrage, provoque une
légère expansion de l’ensemble et peut même le fissurer. Les risques de dégradation par le gel
n’existent que lorsque le béton est dans un état saturé d’eau ou voisin de l’état de saturation.
L’application des sels fondants conduit à des désordres qualifiés d’écaillage, des éclats le
béton se détachent à partir de la surface, il s’agit donc d’effets superficiels.

1. ACTION DU GEL-DEGEL
1.1. Gélivité de la pâte de ciment
A - Comportement au gel d’une pâte de ciment hydratée
Toute l’eau renfermée dans une pâte de ciment ne se transforme pas en totalité en glace, dés
que la température s’abaisse au dessous de 0°C : il convient d’établir la notion d’eau gelable.
L’eau occupe des sites de dimensions très variables (pores capillaires, micropores et pores de
gel) et se présente sous des formes variables (eau absorbée, eau adsorbée physiquement et
chimiquement et eau liée chimiquement). L’eau structurée (liée chimiquement) ne peut pas
cristalliser sous forme de glace si la température ne s’abaisse pas en dessous de – 78 °C, elle
est pratiquement non gelable. Dans un pore de pâte de ciment l’eau gèle à une température qui
dépend, notamment de la dimension du pore. La figure 1 exprime l’abaissement théorique du
point de fusion d’un bouchon de glace dans un capillaire cylindrique au contact d’eau pure en
fonction du rayon du capillaire.

Figure 1 – Abaissement de la température de fusion de la glace avec la diminution du rayon


du pore

55
Il est connu que le béton, comme de nombreux matériaux poreux augmente de volume en
gelant. La compréhension et l’explication du phénomène peut s’appuyer sur les facteurs
suivants :
- En gelant, le volume de l'eau augmente de 9%. Cet effet n’est cependant pas la cause
principale des gonflements observés ;
- La thermodynamique montre que, sous l’effet d’un gel, suffisamment lent, la glace devrait
se former à l’extérieur du corps poreux. La conséquence est alors une contraction de ce corps
poreux, liée au départ d’eau

- D’où cette conséquence pratique importante, le gonflement du béton n’est pas lié
directement à la baisse de température sous 0°C, mais à la vitesse à laquelle cette baisse se
produit (figure 2).

Figure 2 – Comportements dimensionnels de pâtes de ciment au cours du gel


Les pâtes de ciment ont été gâchées à E/C = 0,6 : la pâte normale a une teneur en eau évaporable égale à 0,48 et
la pâte renfermant de l’air entraîné (facteur d’espacement L = 200 m) une teneur égale à 0,52.
Les deux échantillons ont subi une vitesse de refroidissement de 15°C/h (gel très rapide)
On constate que la pâte normale de ciment se dilate considérablement , alors que le calcul montre qu’elle devrait
se contracter.
L’air entraîné modifie radicalement ce comportement et provoque une très forte contraction.

Au cours du vieillissement normal d’une pâte de ciment, une fraction de l’eau de gâchage,
croissante avec le temps est mobilisée dans les hydrates : il en résulte un remplissage
progressif de la porosité par les hydrates. Comme ceux-ci occupent un volume inférieur à la

56
somme des volumes du ciment anhydre et de l’eau, et, dans le mesure ou cette pâte est
protégée de la pénétration d’eau d’origines externes, une fraction des capillaires ne renferme
qu’une phase gazeuse. C’est ainsi qu’on a mesuré dans des mortiers gâchés à E/C = 0,26 et
conservés pendant six mois dans des sacs étanches à 20°C, une humidité relative de 87%. On
peut alors penser que ces vides constituent un volume tampon dans lequel, si la vitesse de
congélation de la pâte est suffisamment lente, la glace pourra se former sans exercer de
contrainte sur les parois de cavités intéressés. On admet très souvent que la résistance au gel
d’une pâte de ciment sera bonne si le rapport de la quantité d’eau liquide au volume de la
porosité est inférieur à 0,9 : degré de saturation critique, illustré par la figure 3

Figure 3 – Influence du degré de saturation d’un mortier (E/C = 0,6) sur son comportement
dimensionnel au cours du gel

Les mortiers ayant un degré de saturation inférieur ou égale à 90% subissent une contraction régulière pendant
tout le refroidissement. Par contre, les mortiers saturés à plus de 90% se dilatent dés que l’eau gel dans les
capillaires.
Ceci indique qu’un mortier ou un béton lorsqu’il est abrité des venues d’eau extérieures, est naturellement
résistant à un régime de gels lents

On ne doit pas attribuer uniquement l’expansion et les dommages subis par une pâte de
ciment congelée à l’accroissement de volume lié au changement de l’état de l’eau en glace.
Ceci a été démontré expérimentalement, ou une dilatation a été observée sur pâte de ciment et
ceci bien que l’eau des pores ait été préalablement remplacée par du benzène qui se rétracte
par refroidissement.

57
C’est l’arrivée du front de gel dans la pâte de ciment qui amène des redistributions de l’eau
dans la porosité : celles-ci sont à l’origine des contraintes qui prennent naissance dans la pâte
et peuvent, localement, la fissurer.
Dans la zone atteinte par le gel, les cristaux de glace se forment dans les plus gros pores, il se
crée ainsi un déséquilibre thermodynamique lié aux différences de tension de vapeur au
contact de ces cristaux de glace d’une part et de l’eau non gelée des pores plus fins (capillaires
et CSH). On observe localement une migration de l’eau non gelée de pores vers les sites de
formation de glace et globalement une migration de l’eau vers le front froid.
Ces migrations d’eau sont à la fois dépendantes des gradients qui les engendrent (température,
tension de vapeur, concentration en sels de la solution interstitielle réelle) et de la perméabilité
de la pâte de ciment.
En fait, les dégâts n’apparaissent pas dans une pâte de ciment après un seul cycle de gel, mais
ils sont le résultat d’un endommagement progressif résultant de la succession d’un nombre
plus ou moins grand de cycles gel-dégel alternés. C’est ce que montre la figure 4.

Figure 4 – Détérioration progressive d’un béton par des cycles gel-dégel


Le critère de qualité est la vitesse du son dans le matériaux. On constate qu’au terme de 425 cycles la ruine est
presque totale, les prismes se désagrègent au moindre choc mécanique.
Le premier palier serait l’indicateur de phénomènes réparateurs par reprise d’hydratation qui sécatriseraient les
fissures crées.

B - Théories du gel : justification du rôle de l’air entraîné


Les phénomènes qui interviennent durant le gel d’une pâte de ciment étant nombreux, chaque
théorie rend compte de cas de terrains différents. En outre, elles conduisent toutes à justifier le
rôle protecteur des réseaux de bulles d’air entraîné.

58
Théorie des pressions hydrauliques (Powers, 1949)
Lorsque l’eau commence à geler dans une cavité capillaire, son volume augmente de 9%, de
sorte que l’eau en excès est expulsée. La vitesse de refroidissement détermine la quantité
d’eau poussée par la glace et qui doit cheminer, car la formation de glace dans le pore n’est
que graduelle à cause de la présence de substances dissoutes dans l’eau. Il s’établit une
pression hydraulique qui est fonction de la résistance à l’écoulement. Cette dernière dépend
de la longueur du trajet et de la perméabilité de la pâte située entre le pore qui gèle et un vide
qui peut accepter l’eau qui en est chassée
Powers, en appliquant la loi de DARCY dans la configuration simple, schématisée par la
figure 5, a conclu que Lmax devait être proportionnelle à :

KT
UR
- Lmax = longueur maximale du trajet que l'eau peut parcourir sans que la pression hydraulique, à l'intérieur du
pore, surpasse la résistance à la traction de la pâte.
- R = Vitesse de refroidissement
- K = Coefficient de perméabilité de la pâte de ciment
- U = Quantité d'eau gelable lorsque la température s'abaisse de 1°C
- T = Résistance à la traction de la pâte

rb Lmax (longueur du trajet que doit parcourir l’eau)

2L

Bulle d’air Bulle d’air

Figure 5 – Présentation schématique de la longueur maximale Lmax et l’espacement critique L

Si la distance à parcourir par l’eau est supérieure à la distance (Lmax), la pression hydraulique
surpasse la résistance à la traction de la pâte de ciment et celle-ci se fissure. On mesure alors
une dilatation résiduelle : c’est le meilleur moyen de déterminer le degré d’endommagement.

On a adopté la notion de facteur d’espacement des bulles d’air ( L ), qui est définie par la
norme ASTM C457, comme étant la demie-distance séparant deux bulles d'air adjacentes
appartenant à un réseau supposé régulier

59
L’intérêt majeur de cette théorie est d’avoir permis le calcul des dimensions à donner à un
réseau protecteur efficace d’air entraîné. Pour protéger la pâte de ciment (E/C = 0,5), contre
les effets du gel, la valeur de L devait être inférieure à environ 250 m. Cette valeur de 250
m est comparable à celle retenue par les normes les plus récentes.
L’inconvénient est que Powers accordait beaucoup d’importance à l’expulsion de l’eau hors
des capillaires, alors que l’expérience a établit que le gel d'une pâte bien protégée
s'accompagne d'un retrait et non pas d'une légère expansion. Il en a conclu que toute l'eau ne
devait pas être expulsée hors des capillaires mais que la majorité des mouvements d'eau se
font des pores des C-S-H vers les pores capillaires.
• Cette démarche a conduit Powers , en association avec Helmuth, à proposer un autre
mécanisme pour expliquer l'action du gel dans le béton.

Théorie des pressions osmotiques (1953)


L’eau d’un pore gèle à des températures d’autant plus basses que celui-ci est petit. Il en
résulte que l’eau gèle en premier dans les gros capillaires. Mais comme cette eau est en réalité
une solution saline, au cours du gel, il se produit donc une séparation en glace et en solution
encore liquide, qui est donc devenue plus concentrée. L’eau des pores voisins , lorsqu’ils sont
plus petits, n’a pas encore gelé : sa concentration saline, ayant gardé son niveau initial, est
largement inférieure à celle du gros pore. Ceci va créer un afflux d’eau des plus petits pores
vers les plus gros suivant les lois de l’osmose. Ces transferts, s’effectuant par des
cheminements déjà saturés, vont créer des pressions qualifiés d’osmotiques.
Si ces pressions viennent à surpasser la résistance à la traction de la pâte, elles fissureront
cette dernière. Le rôle des bulles, est d’entrer en compétition avec les pores ou la glace s’est
formée, car il apparaît aussi un peu de glace à la paroi des bulles. Si les bulles sont bien
rapprochées, elles offrent une bonne protection contre le gel, car elles peuvent accueillir l’eau
qui arrive sans qu’il ne se crée de contraintes trop importantes.
Cette théorie est bien adaptée à la description des phénomènes de gel en milieu enrichi en sel
(cas de l’écaillage, sous l’action des sels fondants ) et explique le retrait observé lors du gel
des pâtes bien protégées par des bulles d’air rapprochées.

Analyses thermodynamiques (Théorie de Litvan, 1972)


On peut schématiquement, retenir que le gel, sans qu’il ne se forme nécessairement de glace
dans les capillaires, crée un déséquilibre qui pousse l’eau des capillaires vers les interfaces

60
pâte-air. Ce mouvement engendre des tensions qui sont d’autant plus fortes que le trajet à
parcourir est long (d’où l’importance de l’espacement des bulles) et que la vitesse de
refroidissement est élevée.
Le point fort de ces analyses est qu’elles sont les plus satisfaisantes pour expliquer les causes
premières des mouvements d’eau et de la dessiccation produite par le gel.

1.2. Gélivité des granulats


Ce sont essentiellement les caractéristiques texturales (porosité et perméabilité) qui créent le
caractère gélif ou non d’une roche. C’est pourquoi on retient l’indice de saturation d’une
roche comme critère de classement en matériau gélif ou non.
Dans le béton, ce sont des éléments de roches de petites dimensions qui sont utilisés, il
s’avère que ce paramètre supplémentaire, la dimension du granulat, influe également sur la
tenue au gel. Enfin, le comportement du granulat dépend aussi de la pâte de ciment qui
l’enrobe puisque c’est elle qui va commander aussi bien l’absorption que la désorption d’eau
du granulat enfermé dans le béton : ces mouvements d’eau sont d’ailleurs à envisager durant
les périodes de gel, mais aussi en dehors de ces périodes

Si un granulat de faible porosité, gèle dans un béton alors qu’il est saturé, il apparaît des
pressions hydrauliques (au sens de la théorie de Powers) qui peuvent le fissurer.
On conçoit toujours par analogie avec l’explication avancée pour la pâte de ciment qu’à
vitesse de refroidissement donnée et pour une perméabilité du granulat donnée, correspond un
trajet maximal que peut parcourir l’eau sans que les pressions hydrauliques engendrées
n’excèdent la résistance à la traction du granulat : c’est cela qui constitue la dimension
critique du granulat. Ceci concorde avec la constatation du béton : un sable présente toujours
moins de risques de gélivité qu’un gravier et encore plus qu’un caillou issu de la même roche.
Le gel des granulats dans un béton se manifeste avec plus d’intensité en surface : il se traduit
par des éclatements locaux et par la formation de petits cratères. La présence de granulats
gélifs peut aussi occasionner de la fissuration dans la masse des bétons.
C’est le volume poreux qui conditionne la quantité maximale d’eau que peut emmagasiner un
granulat et la vitesse à laquelle il peut l’absorber ou la restituer dépend essentiellement de la
dimension des pores (lois de la capillarité et de la perméabilité)
La figure 6 montre que le degré de saturation que peut atteindre un granulat placé dans un
milieu d’humidité relative fixée est dicté par les caractéristiques de porosité

61
20 40 60 80 90 95 98 99
Humidité relative (%)
Figure 6 – saturation de granulats différents en fonction de l’humidité relative de l’ambiance
Placé dans une ambiance dont l’humidité relative est proche de celle du béton, des granulats peuvent acquérir,
suivant leurs propriétés texturales, des degrés de saturation qui varient de 10 à 90 %, même dans le cas d’un
béton saturé à 96 – 97 , il subsiste de très gros écarts dans les granulats dont le degré de saturation varie alors de
30 % environ à 95 %.

1.3. Interactions pâte de ciment – granulats dans les bétons


Pour comprendre la gélivité du béton il ne faut pas, suivant une hypothèse simple supposer
qu’il y a additivité des gélivités propres à la pâte de ciment d’une part, aux granulats d’autre
part. L’expérience établit que, la plupart du temps, des interactions entre les deux phases
interviennent dans le comportement global.

2. L’ATTAQUE DES SURFACES PAR LES SELS FONDANTS


Les sels fondant accroît les dégâts sur les ouvrages par l’apparition d’écaillages à la couche
de surface (riche en laitance), les granulats apparaissent et, ultérieurement peuvent être
déchaussés et arrachés.
L’analyse des facteurs responsables de l’accroissement des dégradations en présence des sels
fondants sont :

1.1.Différence structurale entre la peau et le cœur du béton


Cette peau dont l’épaisseur varie de 2 à 3 cm, est engendrée par plusieurs causes liées à la
mise en place (spécialement à la finition) et à la cure du béton : effet de coffrage, ségrégation,
évaporation, fissuration excessive. Il en résulte l’apparition de gradients parfois importants
dans les principales propriétés du béton lorsque l’on se déplace de la surface externe vers le
cœur de l’ouvrage. La peau est plus poreuse que le cœur. Par ailleurs pendant son
vieillissement, les cycles de mouillage – séchage auxquels elle est soumise ne font
qu’accroître sa porosité et son degré de fissuration.

62
1.2.Modification des propriétés de la peau du béton
Choc thermique :
Lorsque le sel est appliqué sur une surface déjà glacée, il provoque une fusion brutale de la
glace. C’est une réaction fortement endothermique (335 J/g) qui va puiser sa chaleur dans le
matériau au contact, c’est à dire dans du béton, celle-ci va donc se refroidir brutalement et il
apparaît un important gradient thermique.
L’existence de gradient de température entraîne, puisque les raccourcissements sont
empêchés, l’apparition de contraintes internes. Dans ces conditions les contraintes de traction,
atteignant 1,1 à 1,4 MPa, peuvent s’établir en surface et sont susceptibles de créer des
microfissures.
Degré de saturation :
Par définition les surfaces recevant des applications de sels fondants sont recouvertes de neige
ou de glace. La fonte de ces dernières maintient donc la peau du béton en état de saturation.
Par ailleurs, les sels sont hygroscopiques et ceci favorisera le maintien d’un fort degré de
saturation dans le béton.
Action propre des sels fondants
- tous les produits, minéraux ou organiques, employés comme fondants (NaCl et CaCl2, mais
aussi urée et éthanol) produisent un écaillage, on peut déduire alors, qu’il s’agit d’une action
physique et non pas chimique.
- l’introduction de l’air entraîné réduit le taux d’écaillage, mais ne l’annule pas
systématiquement.
En conclusion, la sévérité des dommages résultant de l’action combinée des cycles gel-dégel
et des sels fondants vient de ce qui suit :
- la zone superficielle du béton est avant toute période hivernale structuralement gélive, à
cause de sa porosité élevée ;
- les conditions hivernales renforcent ses défauts en maintenant la peau du béton saturée, en la
soumettant à des chocs thermiques.

3. LES PRINCIPAUX PARAMETRES QUI CONDITIONNENT CES


DEGRADATIONS
Un béton n’est attaqué par le gel que s’il est entièrement saturé d’eau ou dans un état voisin
de la saturation. Ces conditions sont liées aux paramètres de composition du béton et de

63
l’environnement de l’ouvrage. Un béton renfermant de l’air entraîné a une durabilité
supérieure à celui qui en est dépourvu.

3.1.Conditions de formulation et de fabrication du béton :


La structuration du béton et plus spécialement de sa pâte interstitielle dépend étroitement de la
formulation : ciment (nature et dosage), additions minérales (nature et dosage), adjuvants et
rapport E/C.
Le résultat est qu’un béton à un âge donné,aura le souvenir de sa formulation initiale par :
- une distribution porosimétrique (volume et dimensions des pores),
- une perméabilité (elle-même dépendante du degré de connexion des pores,
- un degré de saturation, qui est d’autant plus faible que le taux d’hydratation est plus élevé.

3.2. Conditions de maturation


Les conditions de maturations sont aussi importantes que les paramètres de formulation. Pour
la peau du béton elles sont prédominantes. La perméabilité a été mesurée sur des bétons âgés
de 28 jours, formulés différemment (E/C = 0,4 et 0,7) et conservés différemment (en
atmosphère humide, puis à l’air ) :
- le mauvais béton ( E / C = 0,7) s’améliore grandement par une cure humide prolongée,
- le bon béton ( E/ C = 0,4) nécessite aussi une bonne cure, faute de quoi il peut se révéler
plus perméable que le mauvais béton,
- une cure humide prolongée réduit très fortement les différences de perméabilité de bétons
initialement très différents.

3.3. Conditions d’environnement


Cycles de gel-dégel
La sévérité des dégradations dépend de plusieurs facteurs
- du nombre de cycles gel-dégel,
- de la vitesse de refroidissement,
- de la température minimale atteinte,
- de la durée du gel.
Importance des précipitations
Ce paramètre climatique, en tenant compte des quantités d’eau susceptibles de venir
imprégner le béton, a des répercussions sur le degré de saturation du matériau et donc sur sa
gélivité.

64
Exposition de la surface du béton
Les différentes parties de l’ouvrage sont exposées à des conditions variables par l’humidité
(air, eau, aspersions) ou par la température (ombre, soleil, orientation nord ou sud), ce qui
provoque dans la masse de béton l’apparition de gradients divers (hydriques et thermiques)
Ce sont toujours les parties d’ouvrages dont le béton a le plus fort degré de saturation qui se
dégradent le plus : elles correspondent soit à des parties qui, fonctionnellement sont au
contact de l’eau, soit à des parties qui, par leur dessin retiennent préférentiellement les eaux
de précipitations (surface horizontales). Les cycles de mouillage séchage sont plus marqués
sur des faces exposées au soleil, ils induisent une fissuration superficielles plus dense.

4. LE BETON A AIR ENTRAINE


Il est établit que pour des bétons courants, une condition nécessaire de durabilité en ambiance
hivernale est qu’ils renferment de l’air entraîné. C’est ce que fait apparaître la figure 7.

Figure 7 – Influence de l’air entraîné sur la durabilité


des bétons soumis à des cycles gel-dégel.

L’effet de l’air entraîné est d’autant plus marqué que le rapport E/ C est plus faible

4.1. Caractéristiques d’un réseau efficace de bulles d’air entraîné.


Pour assurer la durabilité du béton au gel, il faut non seulement que celui-ci contiennent de
l’air entraîné, mais encore que le réseau de bulles d’air soit bien réparti. Un tel réseau peut
être caractérisé par trois caractéristiques géométriques :

65
- le facteur d’espacement des bulles d’air L qui correspond à la demi distance séparant les
parois de deux bulles d’air voisines du réseau supposé régulier ;
- le volume d’air, V, généralement exprimé en pourcentage du volume du béton ;
- la surface volumique exprimée en mm2/mm3 qui indique la surface spécifique des bulles
d’air

4.1.1. Le facteur d’espacement L , indicateur de l’efficacité de la protection


Contrairement à certaines idées reçues, anciennes, le paramètre essentiel garantissant
l’efficacité de la protection contre la fissuration interne par un réseau de bulles d’air entraîné
n’est pas le volume d’air entraîné, mais le facteur d’espacement L : il doit être inférieur à une
valeur critique dépendant du béton et de l’environnement.
Le caractère protecteur d’un réseau d’air entraîné ne s’affaiblit pas progressivement au fur et à
mesure que L augmente , mais s’annule brutalement dés que le facteur d’espacement excède
une valeur critique. C’est ce que montre la figure 8.

Figure 8 – Influence du facteur d’espacement des bulles d’air entraîné sur la durabilité d’un
béton

Deux types de béton ont été testés : gâchés à E/C = 0,5 avec superplastifiant ( ) ou sans superplastifiant ( ). Le
critère indicatif de la durabilité du matériau est l’allongement relatif subi après 300 cycles de gel-dégel dans
l’eau. Il est tout à fait clair que ces bétons sont résistants au gel pour toute valeur de L inférieure à 550 m et
vulnérables dés que la valeur de L critique est supérieure à 600 m
Cette valeur critique de L dépend du béton, mais aussi des conditions climatiques et en
particulier la vitesse de refroidissement. On a montré une décroissance importante de L critique
lorsque la vitesse de refroidissement passe de 2 à 12 (°C/h).

66
4.1.2 Le volume d’air entraîné
Le dosage d’entraîneur d’air vise généralement à incorporer 5 à 7 % d’air dans le béton. Le
contrôle de ce paramètre est facile, sur le béton frais, au moyen d’un aéromètre. Cependant,
peut-on en déduire de cette mesure la valeur prise par le facteur d’espacement L du béton
durci. L’expérience montre qu’une teneur en air entraîné qui paraît être convenable dans le
béton frais, n’assure pas nécessairement une valeur correcte du facteur d’espacement

4.1.3. La surface volumique des bulles


La troisième caractéristique du réseau d’air entraîné est la surface volumique des bulles. En
supposant toutes les bulles de même diamètre et régulièrement espacées, le calcul conduit à la
relation simple suivante entre surface volumique et facteur d’espacement L :

4/ L
L’incorporation de bulles d’air entraîné dans un béton, si elle en accroît la résistance au gel en
ambiance hivernale, en diminue par contre la résistance mécanique, suite à l’augmentation de
la porosité. Un ordre de grandeur de 1% d’air entraîné, abaisse la résistance à la compression
d’environ 5%, dans le cas de bétons courants.
La question qui peut alors être posée est : comment concilier la résistance au gel et la
résistance mécanique ? La réponse à cette question est à deux niveaux qui sont étroitement
liés :
- produire un réseau de bulles d’air entraîné qui ait un facteur d’espacement suffisamment
faible
- produire des bulles d’air entraîné de petit diamètre pour minorer le volume d’air, d’où la
nécessité de bulles d’air à surface volumique ( ) élevée.
Dans la pratique, on recommande une valeur de supérieure à 25 mm2 / mm3. Or, cette
valeur de surface volumique n’est possible que si L est inférieur ou égal à 200 m.

4.2. Comment produire un réseau de bulles d’air entraîné bien adapté à l’ouvrage
Dans la mesure ou le degré de protection à assurer n’est pas très élevée, l’utilisation
d’entraîneur d’air constitue à elle seule une mesure préventive. Cependant, pour obtenir un
maximum de durabilité dans des situations plus sévères, il convient de ne pas s’en tenir à
l’usage d’un adjuvant, mais de vérifier l’efficacité du réseau de bulles d’air entraîné.

67
4.2.1. Facteurs influençant la production du réseau de bulles d’air entraîné
A - Rôle du malaxage
C’est le processus de malaxage qui entraîne les bulles d’air dans le béton frais et non pas
l’adjuvant entraîneur d’air.
Les palettes des bétonnières, en malaxant la masse de béton frais y créent des vortex
(tourbillon creux) et introduisent des bulles d’air dans la pâte. Mais ces bulles fusionnent
facilement en bulles plus grosses, qui sont soumises à une poussée d’Archimède importante et
viennent éclater à la surface. Par la suite, la vibration expulse la majorité des bulles
résiduelles.
On a mesuré pour un béton courant :
- facteur d’espacement des bulles : L = 0,6 mm
- teneur en air V = 2,0%
- surface volumique mm3 / mm2
C’est un réseau impropre à assurer une protection efficace contre l’action du gel.

B - Rôle de l’adjuvant
L’adjuvant entraîneur d’air modifie favorablement le réseau de bulles d’air créé par le
malaxage.
Les entraîneurs d’air sont des molécules organiques, de compositions chimiques variables, qui
ont des propriétés de surfactants. Leurs molécules présentent un pôle hydrophobe (qui
repousse l’eau) et un pôle hydrophile (hydrofuge). De ce fait, elles sont adsorbées aux
interfaces air-eau ou ciment-eau et elles abaissent fortement la tension superficielle air-eau
dont la valeur peut passer de 0,072 N/m à 0,018 N/m (premier groupe d’adjuvants).
Dans d’autres cas, il semble établi que l’adjuvant entraîneur d’air produise, au contact de la
solution interstitielle de la pâte de ciment, un précipité insoluble et hydrophobe, qui
s’organise en une membrane à l’interface eau-air (second groupe d’adjuvants). En outre, au
moins pour le premier groupe, la partie hydrophile de la molécule d’entraîneur d’air, parce
qu’elle est chargée électriquement, se fixe solidement sur les grains de ciment de charge
opposée (figure 9)

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Figure 9 – Schéma d’interaction molécule d’adjuvant et bulles d’air

Le résultat pratique est que l’adjuvant entraîneur d’air favorise la création des bulles d’air plus
petites. L’abaissement de la tension superficielle permettant, pour une énergie de malaxage
donnée, de créer des interfaces plus étendues, c'est-à-dire des bulles de plus petites
dimensions et plus stables, à la fois parce que liées électrostatiquement aux grains de ciment
et maintenues séparées par leur charge de même signe.
On a mesuré sur des bétons avec adjuvant les paramètre suivants (on rappelle entre
parenthèses les valeurs correspondant aux bétons sans adjuvant)
- facteur d’espacement des bulles : L = 0,12 mm (0,63)
- teneur en air V = 4,4 % (2,0)
- surface volumique mm3 / mm2 (17)
- diamètre moyen des bulles d = 0,15 mm (0,35)

En jouant sur la nature et le dosage de l’entraîneur d’air,on dispose d’un outil puissant pour
régler les caractéristiques du réseau de bulles d’air entraîné dans le béton (tableau 1 et figure
10)
Tableau 1 – Influence de la nature de l’entraîneur d’air sur les caractéristiques
Du réseau de bulles d’air
Désignation du produit Type mm3 / mm2 d, m
Igepon T Anionique 85 71
Dodécyl Anionique 74 81
Darex AEA Anionique 58 103
Résine vinsol neutralisée Anionique 53 112
Dodécyl tréméthyl bromure cationique 43 128
d’ammonium

69
Figure 10 – Influence du dosage en adjuvant entraîneur d’air et du rapport E/C
Sur le volume d’air dans une pâte de ciment

On peut déduire de cette figure :


- en jouant sur le dosage en adjuvant, on peut ajuster le volume d’air entraîné V,
- le domaine de variation de V, pour des teneurs réalistes en adjuvant, est imposé par les
caractéristiques de la pâte de ciment, ici le rapport E/C.

Toutefois, l’adjuvant n’est pas le seul facteur déterminant du réseau de bulles d’air entraîné.
Deux groupes de facteurs ont une influence décisive, les paramètres de composition et les
conditions de fabrication.

C - Les paramètres de composition


Le ciment :
- la finesse: plus le ciment est fin et plus la quantité d’adjuvant pour produire un même
volume de bulles d’air est grande : l’accroissement va de 75 à 100 % lorsque la surface
spécifique du ciment passe de 3000 à 5000 cm²/g.
- le dosage : Pour certains auteurs, le ciment intervient également par son dosage, mais pour
d’autres ce n’est pas le dosage en soi qui importe, mais le rapport E / C , voire la consistance
liée à une valeur donnée du dosage en ciment. L’activité du ciment se manifeste surtout par
ses alcalins.
Additions minérales
Les additions minérales peuvent influencer le facteur d'espacement critique du béton.

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L'influence des additions minérales sur la tenue au gel du béton en milieu humide est variable
en fonction du type d'addition minérale et du taux de remplacement du ciment.
De nombreuses études tendent à démontrer qu'en général, ces additions minérales (fumées de
silice, cendres volantes, laitiers) ne produisent pas une amélioration significative de la
performance au gel du béton. Pour des taux de remplacement élevés, on mesure plutôt une
diminution de la résistance au gel.
Pour les bétons de résistance normale soumis au gel sans sels dégivrants, on peut néanmoins
profiter des nombreux avantages offerts par les additions minérales en imposant une limite sur
le taux de remplacement du ciment, en s'assurant d'un niveau de maturité suffisant avant la
première exposition au gel et en prévoyant toujours un réseau de bulles d'air de bonne qualité
( L < 200 m).
On trouve plusieurs résultats qui démontrent que les bétons avec fumée de silice possèdent
une bonne tenue au gel si le réseau de bulles d'air est adéquat et si le taux de remplacement du
ciment est inférieur à 10%.
En l'absence de sels dégivrants, la tenue au gel des bétons avec cendres volantes n'est
acceptable que si le béton est protégé par un bon réseau de bulles d'air. Cependant, la tenue au
gel des bétons contenant de fortes teneurs en cendres volantes (> 35%) fait encore l'objet
d'une controverse.
En effet, plusieurs résultats contradictoires suggèrent qu'il serait plus prudent de limiter à
moins de 35% le taux de remplacement du ciment lorsque le béton risque d'être exposé à des
cycles de gel-dégel en milieu humide en l'absence de sels de déglaçages.
Adjuvants
Les adjuvants peuvent manifester des effets secondaires, il en résulte des interactions non
prévisibles, entre ciment, entraîneur d’air, superplastifiant et accélérateur de prise et de
durcissement. Lorsqu’ils sont utilisés simultanément, on peut constater une incompatibilité,
car ces adjuvants sont aussi des surfactants.
Le chlorure de calcium, utilisé en tant qu’accélérateur de prise a pour effet de réduire la
demande en entraîneur d’air. Certains superplastifiants, manifestent une fonction secondaire
d’entraîneur d’air de même que certains entraîneurs d’air jouent un rôle secondaire de
réducteur d’eau.
En pratique, il est recommandé de vérifier la compatibilité des adjuvants avant leur emploi
conjointement dans un même béton.

71
Granulats
Les graviers et les cailloux influencent peu l’entraînement de l’air. Cependant, pour le sable, il
semblerait qu’il agit de façon plus sensible sur l’air entraîné.
Rapport E / C
Ce paramètre influence les principales caractéristiques du béton, est également un facteur
essentiel qui commande pour une large part la géométrie du réseau de bulles d’air entraîné.
Consistance
Il faut distinguer les bétons sans superplastifiant et les bétons avec superplastifiant.
Les variations de consistance des bétons sans superplastifiant sont essentiellement dues aux
modifications du rapport E / C : les meilleurs résultats sont alors obtenus pour les bétons à
consistance plastique, de 6 à 10 cm d’affaissement au cône d’Abrams.
Pour les bétons fluidifiés, la tendance est moins certaine : les superplastifiants contribue à la
formation des bulles d’air de faibles dimensions, mais leur stabilité diminue. Il est donc
difficile d’établir une relation claire entre la plasticité et le facteur d’espacement L .

D – Les conditions de fabrication


Malaxage
Le malaxage étant le processus mécanique qui entraîne les bulles d’air dans le béton frais. Le
réseau de bulles d’air (facteur d’espacement) qui se forme est grandement influencé par
l’énergie et la durée de malaxage
Température
Une augmentation de la température entraîne un accroissement du dosage en adjuvant, si l’on
veut maintenir le volume d’air entraîné à un niveau constant et le facteur d’espacement tend
alors à diminuer. En revanche, si l’on réduit le dosage pour tenir compte d’une diminution de
température du béton, le facteur d’espacement risque d’augmenter

4.2.2. Stabilité du réseau de bulles d’air entraîné au cours de la prise du béton


Le réseau de bulles d’air dans le béton est instable et peut évoluer après malaxage du béton,
jusqu’à la fin de prise. On peut observer alors une diminution du volume d’air (les bulles d’air
s’échappent de la masse de béton frais) et une réduction de la surface volumique due aux
fusionnement des petites bulles en bulles plus grosses.

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Transport
Le béton est soumis au chocs pendant le transport, ce qui modifier ou même peut dégrader la
qualité du réseau de bulles d’air.
Vibration
La vibration est un paramètre favorable à la durabilité de béton, car elle améliore la compacité
ce qui se traduit par une diminution de la teneur en air entraîné. La réduction est due à
l’échappement des grosses bulles d’air et que le facteur d’espacement n’est pas
significativement modifié.

5. REALISATION DE BETONS DURABLES


5.1. Ouvrages courants exposés au gel-dégel et aux sels fondants
Formulation d’un béton de qualité :
- résistance en compression nominale : f c 28 30 MPa,
- utiliser des granulats compacts : absorption d’eau ( 2%), surtout pour les gros granulats,
- adapter le type de ciment aux conditions climatiques de coulage du béton,
- composition du béton (C 300 kg / m3, E / C le plus faible possible au moins 0.50,
consistance plastique du béton frais pour favoriser l’entraînement d’air et un rapport G / S
proche de 2.2)
Réseau efficace de bulles d’air entraîné :
- viser un volume d’air entraîné de 5 à 7 % en volume,
- viser un facteur d’espacement des bulles d’air L < 200 m
Conditions de fabrication et de cure :
- dosage de l’entraîneur d’air, qui sera corrige par les essais de convenance, permettant
d’assurer la stabilité du réseau d’ai entraîné et le facteur d’espacement visé
- malaxage : doit être énergique (malaxeur à malaxage forcé) et suffisamment longue
- délai entre le malaxage et la mise en place : pour les bétons prêt à l’emploi, éviter une
attente trop longue du béton frais à air entraîné due au transport ou à une mauvaise
organisation de chantier entraînant un délai supplémentaire avant son coulage. Cette attente
prolongée peut avoir un effet de dégradation du réseau de bulles d’air et cette dernière peut
conduire à un ajout, sur chantier, d’entraîneur d’air, ce qui est toujours une pratique risquée
car non vérifiable.
- mise en place et vibration : le mode (interne ou externe), la durée et l’intensité de la
vibration doivent être adapté à l’ouvrage et la plasticité du béton frais de manière à éliminer

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les grosses bulles d’air qui sont aussi bien préjudiciables pour la résistance au gel que la
résistance mécanique.
- finition des surfaces : le faïençage des surfaces résultant d’un finissage exagéré est à
proscrire, car il favorise le ressuage et crée une couche superficielle fissurable, qui résiste très
mal à l’écaillage et risque aussi de détériorer le réseau de bulles d’air en surface.
- Cure par temps normal ou chaud : protéger le béton contre une dessiccation excessive et trop
rapide
- Cure par temps froid : assurer une température minimale de 10°C pour permettre le
démarrage de l’hydratation du ciment et assurer une protection pendant une période suffisant
surtout s’il y a risque de gel.
- Maturation : une longue période de maturation est souhaitable si le béton serait exposé au
gel dés son décoffrage.

5.2. Ouvrages courants exposés au gel


Les conditions ambiantes sont moins sévères et les exigences sont allégées :
- facteur d’espacement des bulles L : les valeurs critiques sont fonction de la vitesse de
refroidissement. A titre indicatif, les expériences de laboratoire indiquent les ordres de
grandeur suivantes pour les bétons courants :

L critique en m Vitesse de refroidissement en °C / h


200 15
300 12
400 8
500 5

- classe de résistance du béton : 25 f c 28 30 (MPa).

5.3. Ouvrages courants exposés à un gel modéré


Le gel sévère est définit par les conditions suivantes : température de -5°C atteinte 30 jours
par an et température de – 10°C par an atteinte 10 jours par an .
Le gel modéré peut alors être définit par les mêmes conditions : température de -5°C est
atteinte moins de 30 jours par an et température de – 10°C par an est atteinte moins de 10
jours par an .
Un béton sans entraîneur d’air, peut résister à un gel modéré tel que définit ci-dessus en
respectant les conditions suivantes :

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- adapter les moyens de vise en œuvre à l’ouvrabilité du béton et travailler avec un béton de
consistance ferme à plastique avec un affaissement (< 9cm),
- faire une cure protégé et aussi longue que possible,
- viser un béton de classe B30 (MPa).

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