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Chapitre 1 : Agents agressifs et modes d’action

1. GÉNÉRALITÉS

Le béton fabriqué conformément aux règles de l´art est un matériau normalement durable si
ses qualités intrinsèques sont adaptées au milieu auquel il est exposé.
Les qualités intrinsèques d´un béton (compacité, perméabilité) qui conditionnent sa durabilité,
sont en relation :
- avec sa composition : catégorie de ciment, dosage en ciment, teneur en éléments fins,
rapport eau/ciment (E/C), composition de l´eau de gâchage, texture, courbe granulométrique
et nature minéralogique des granulats, adjuvants,
- avec sa mise en œuvre : mise en place, compactage, cure, enrobage des armatures.

2. NOMENCLATURE DES ENVIRONNEMENTS AGRESSIFS

Trois catégories peuvent être distinguées :

- milieux gazeux : gaz, vapeurs,


- milieux liquides : eaux douces, eaux de mer, solutions de sels, d´acides ou de bases,
eaux résiduaires, liquides organiques (huiles, pétrole, solvants),
- milieux solides : sols, produits de stockage. Ils agissent surtout par extraction ou
dissolution, le plus souvent par l´eau, des agents nocifs.

L´agressivité du milieu dépend :


- de la concentration de l´agent agressif,
- de la viscosité (huiles),
- de l´humidité relative. L´atmosphère peut être : sèche (H.R. < 60 %), humide (60 % £ H.R. £
75 %), très humide (H.R. > 75 % ou lorsqu´un condensat peut se former à la surface du
béton). Le degré d´agressivité, notamment pour les gaz, augmente généralement avec
l´humidité relative,

- de la température : une élévation de température accroît les vitesses de réaction. Toutefois,


dans le cas de l´attaque par les sulfates, les dégradations sont plus importantes à basse
température. Par ailleurs, les effets du gel peuvent s´ajouter à ceux de l´attaque chimique,

- de la pression (gaz, liquides),

- de la mobilité du milieu (gaz, solutions) qui facilite le renouvellement de l´agent agressif et


les échanges, et qui peut induire un effet mécanique supplémentaire (courant, vagues),

- des cycles éventuels de température et d´humidité relative (variations journalières,


saisonnières, zones de marnage) qui augmentent considérablement les vitesses de dégradation,

- d´actions biologiques (micro-organismes, algues, bactéries).


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La dégradation du béton en milieu agressif est aussi fonction de la durée d´exposition.

3.CLASSIFICATION DES ENVIRONNEMENTS AGRESSIFS

Les milieux chimiquement agressifs, correspondent aux attaques chimiques se produisant


dans les sols naturels, les eaux de surface et les eaux souterraines. Ils sont définis dans trois
classes d’exposition en fonction de valeurs limites :
– XA1 : environnement à faible agressivité chimique ;
– XA2 : environnement d’agressivité chimique moyenne ;
– XA3 : environnement à forte agressivité chimique.

Les valeurs limites pour les classes d’exposition correspondant aux attaques chimiques des
sols naturels et eaux souterraines sont données dans le tableau 1-1.
Le choix de la classe se fait par rapport à la caractéristique chimique conduisant à l’agression
la plus élevée. Lorsqu’au moins deux caractéristiques agressives conduisent à la même classe,
l’environnement retenu doit être normalement celui correspondant à la classe immédiatement
supérieure.

Tableau 1-1 : valeurs limites pour les classes d’exposition correspondant aux attaques
chimiques des sols naturels et eaux souterraines selon la norme NF EN 206-1.

Si les agents agressifs sont en concentrations inférieures à celles qui correspondent au degré
faiblement agressif, l´environnement est considéré comme non agressif (A0).

Il est à noter que ces valeurs sont relatives à des sols et eaux à une température eau/sol
comprise entre 5 °C et 25 °C et où la vitesse d’écoulement de l’eau est suffisamment
faible pour être assimilée à des conditions statiques. De même, les valeurs limites peuvent être
différentes pour certains sols argileux et en cas de risque d’accumulation d’ions sulfate dans
le béton.
Par ailleurs, dans un certain nombre de cas, une étude spécifique est nécessaire pour préciser
l’agressivité de l’environnement du béton :
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– cas des environnements agressifs dans les milieux industriels ;
– cas des sols ou eaux pollués chimiquement ;
– cas d’autres substances chimiques agressives non citées dans le tableau 1.1.

La norme EN 206.1 ne donne des dispositions spécifiques selon les milieux que pour les
environnements sulfatiques pour lesquels il est demandé de choisir un ciment résistant aux
sulfates. Par contre, dans la norme NF EN 206.1 et son annexe nationale, le choix du ciment
adapté aux environnements chimiquement agressifs est fait par renvoi au fascicule de
documentation P 18 011.

Tableau 1. 2 : recommandations pour le choix des ciments, d’après le tableau 2 du P 18-011.

4. MODE D´ACTION DES ENVIRONNEMENTS AGRESSIFS

Liquides

Eaux douces
Les eaux pures ou très peu chargées peuvent dissoudre les constituants calciques du béton. La
dissolution est accélérée en présence d´ions Cl- et Na+ et retardée par les ions Mg++ et Ca++.

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Les eaux dont le titre alcalimétrique complet (TAC) est inférieur à 1 mg/l sont faiblement
agressives.

Solutions acides

Les solutions acides sont caractérisées par un pH<7. L´agressivité des acides minéraux ou
organiques dépend de la solubilité des sels formés.
Les acides minéraux libres (HCl, HNO3, H2SO4) sont des acides forts ayant un effet
dissolvant sur le ciment et les granulats calcaires. L´acide sulfurique H2SO4 est doublement
agressif par son acidité et par la formation de sulfate qui donne naissance à des composés
secondaires expansifs (ettringite).
Pour l´acide carbonique contenu dans certaines eaux, la valeur du pH ne constitue pas un
critère suffisant et la concentration de l´anhydride carbonique agressif doit être mesurée
séparément.
Les acides organiques libres, tels que les acides acétique, lactique, butyrique, formique
contenus dans certaines eaux usées provenant des sucreries, papeteries, teintureries,
conserveries, distilleries, tanneries, laiteries, etc. attaquent les constituants calciques du
ciment. Ils sont généralement moins agressifs que les acides minéraux et peuvent même
former des couches protectrices dans le cas des acides oxalique et tartrique par exemple.
Toutefois, ces acides faibles peu dissociés peuvent être très agressifs vis-à-vis du béton
malgré des pH peu inférieurs à 7 : leur neutralisation par des ions alcalins ou alcalino-terreux
entraîne la permanence de la dissociation et par suite une importante émission cumulée d´ions
H+.
Les acides humiques présentent moins de risques pour les bétons durcis. Mais, dans certains
cas, ils peuvent échanger leurs ions H+ contre des cations de sels neutres et former ainsi des
acides libres qui sont surtout des acides minéraux. Ils sont susceptibles également de retarder
ou d´inhiber la prise du ciment.

Solutions basiques

Les solutions basiques sont caractérisées par un pH > 7. Les ciments Portland résistent
généralement bien aux solutions basiques de concentration modérée (exemple NaOH < 10%).
Toutefois, des précautions (durcissement suffisant, imperméabilité) doivent être prises si le
béton est en contact par l´une de ses faces avec la solution, l´autre face étant soumise à
l´évaporation. Dans ce cas, l´accumulation des sels peut provoquer des dégradations
même pour de faibles concentrations.
Les ciments avec ajouts résistent un peu moins bien à ces solutions que les ciments Portland.
Les ciments alumineux sont détruits.

Les solutions salines

L´agressivité des solutions salines dépend des propriétés des produits formés (solubilité,
expansion) qui sont en relation avec les types de cations et d´anions constitutifs des sels.

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Cations

- Magnésium : (chlorure et sulfate) ils provoquent une réaction d´échange de base Ca++ "
Mg++ qui aboutit à la dissolution partielle des constituants calciques du ciment et à la
formation de Mg (OH)2.
- Ammonium : (chlorure, sulfate, nitrate) très nocifs, ils agissent également par échange de
base.

Anions

- Les sulfates : ils réagissent avec les aluminates du ciment en donnant des composés
expansifs : gypse CaSO4.2H2O et ettringite 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O dont la
cristallisation peut provoquer la fissuration du béton.
- Les nitrates : excepté le nitrate d´ammonium fortement agressif par l´action combinée de
son cation, la plupart des nitrates sont faiblement agressifs.
- Les chlorures : dans les bétons non armés, s´ils sont en forte quantité, ils peuvent être
légèrement agressifs pour le ciment durci par l´influence qu´ils exercent sur la solubilité de
ses constituants. Dans les bétons armés et précontraints, le chlore est capable de détruire la
protection alcaline des armatures et de provoquer leur corrosion.
- les sulfures : en présence d´air et d´humidité, leur oxydation peut conduire à la formation de
sulfates. En milieu acide, il peut se former H2S qui par oxydation, donne de l´acide sulfurique
très agressif.
- Les carbonates, phosphates, oxalates, fluorures : ils forment avec la chaux des composés
insolubles et n´attaquent pas le béton.

Cas particulier de l´eau de mer

Les dégradations du ciment par l´eau de mer sont dues essentiellement aux actions combinées
des ions sulfates et des ions Mg++ telles qu´elles ont été décrites plus haut. La présence
d´ions chlorures réduit notablement l´action des sulfates, mais agit sur les armatures.

Dans les climats froids, l´agressivité des sulfates est accrue. Elle diminue légèrement dans les
climats chauds alors que l´intensité des autres attaques augmente.

Au total, l´attaque par l´eau de mer des bétons armés est plus sévère dans les climats chauds.

L´eau de mer n´a qu´une action assez faible sur les bétons totalement immergés. les bétons
qui ne sont pas en contact direct avec l´eau de mer mais qui sont soumis aux embruns peuvent
subir de légères dégradations. Les attaques les plus sévères ont lieu dans les zones de marnage
et les zones aspergées.

Aux actions chimiques de l´eau de mer peuvent s´ajouter l´action mécanique des vagues,
l´effet du gel et les attaques biologiques.

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Cas particulier des graisses et des huiles

Si elles sont exemptes d´acides, leur agressivité vis-à-vis du béton imperméable est
négligeable. les réactions de saponification donnent des produits insolubles protecteurs.

Leur action dépend de la température qui modifie leur viscosité et leur possibilité de
pénétration.
Certaines huiles telles que les huiles de foie de morue, de baleine, de ricin, de noix de coco
sont agressives et nécessitent une protection superficielle du béton.

Cas particulier d´une agression d´origine interne : la réaction alcalis-granulats

Les alcalins contenus dans la phase aqueuse interstitielle des bétons provenant soit du ciment,
soit des granulats eux-mêmes ou encore du milieu extérieur sont susceptibles de réagir avec
certains types de granulats et de compromettre la pérennité des ouvrages. Deux types de
réactions peuvent se produire :

Réaction alcali-carbonate (dédolomitisation) avec les granulats dolomitiques, qui se traduit


par la dissolution superficielle du granulat et la formation de Mg (OH)2 avec régénération de
l´hydroxyde alcalin suivant les équations :

CaMg(CO3)2 + 2MOH Mg(OH)2 + CaCO3 + M2CO3

M2CO3 + Ca(OH)2 2MOH + CaCO3

avec M = Li, Na, K.

Ces réactions conduisent à la décohésion de l´interface pâte de ciment-granulat et à la


fissuration du béton.

Réaction alcali-silice qui a lieu en présence de roches contenant des variétés de silice mal
cristallisées (opales, calcédoine, schistes, gneiss, certains granits altérés, quartzites, etc.). Elle
conduit à la formation d´un gel de silicate calco-alcalin expansif.

Les réactions alcalis-granulats sont en relation avec :


- la teneur en alcalins du ciment. Les limites suivantes encore controversées sont indiquées :
Na2O équivalent (1) ≤ 0,6 % dans les ciments Portland,
Na2O équivalent (1) ≤ 0,9 % dans les ciments au laitier (> 50 % laitier),
Na2O équivalent (1) ≤ 2 % dans les ciments au laitier (> 65 % laitier).

- la nature des granulats : composition, texture, granularité, teneur en éléments réactifs


(existence d´une teneur critique qui peut être de l´ordre de 3 à 5 % seulement).
- l´humidité relative : c´est un facteur essentiel. Les réactions alcalis-granulats ont lieu
généralement dans des milieux d´humidité relative > 85 %.
- la température : aux environs de 40 °C, les réactions sont très fortement accélérées.
- les cycles d´humidification-dessiccation (gel-dégel, zones de marnage, variations
saisonnières), accélèrent les réactions.

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- le temps : la fissuration du béton peut apparaître entre 5 et 40 ans.

Chaque fois que les conditions d´environnement (température, humidité relative) sont
favorables à une réaction alcalis-granulats, un contrôle de la réactivité potentielle des
granulats doit être effectué (analyse pétrographique, reconnaissance des minéraux
potentiellement réactifs, tests tels que ceux prévus par les normes françaises P 18-584, P 18-
585, les normes américaines ASTM C 289, ASTM C 227, ou autres).

Dans l´état actuel des connaissances, la mesure préventive la plus efficace est l´utilisation de
ciments composés : ciments contenant 30 % de pouzzolane réactive, ciments renfermant au
moins 65 % de laitier.

Gaz
Les gaz de combustion et les gaz rejetés par l´industrie peuvent contenir des acides minéraux
libres, des acides organiques, de l´anhydride sulfureux, de l´acide sulfhydrique et de
l´anhydride carbonique. Des solutions agressives peuvent se former lorsqu´on descend au-
dessous du point de rosée. De plus les composants gazeux, non agressifs en eux-mêmes,
peuvent se dissoudre dans l´eau (eau interstitielle du béton, eau de pluie, neige) et exercer une
action nocive sur le béton : l´agressivité des gaz augmente fortement avec l´humidité relative
du milieu (H.R. > 60 %).

Anhydride sulfureux SO2 son oxydation en présence d´humidité peut provoquer la


formation d´acide sulfurique et de sulfates.

Acide sulfhydrique H2S : se rencontre dans les eaux thermales sulfureuses et ferrugineuses
et surtout dans les eaux usées (égouts), peut également donner lieu par oxydation à la
formation d´acide sulfurique et de sulfates. Une teneur supérieure à 5 mg/l de H2S est
considérée comme agressive.

Anhydride carbonique CO2 : la carbonatation du béton est favorisée lorsque le CO2 est en
présence d´humidité (50 % ≤ HR ≤ 70 %). Elle a pour effet d´augmenter la résistance
chimique du béton.
Mais dans les bétons armés et précontraints, en présence d´humidité et d´oxygène, le CO2
peut provoquer la dépassivation et la corrosion des armatures insuffisamment enrobées.

Solides

Les sols contenant des sulfates présentent les mêmes risques d´agressivité que les eaux riches
en sulfates, s´ils sont humides.
L´agressivité dépend de l´eau contenue dans le sol (niveau de la nappe, variations
saisonnières, courant, porosité du sol), de la quantité et de la nature des sulfates qu´il renferme
(le sulfate de calcium, peu soluble, est potentiellement moins dangereux que les sulfates de
sodium et magnésium très solubles).
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Les sols marécageux peuvent contenir de l´acide carbonique, des acides organiques (acides
humiques).
Les décharges de déchets industriels, ordures ménagères, etc. peuvent renfermer des
substances, déjà énumérées plus haut, susceptibles d´être entrainées par les eaux d´infiltration
et d´attaquer le béton.

Les sols dont l´acidité mesurée suivant BAUMAN-GULLY est ≥ 20 sont faiblement agressifs
(acidité BAUMANGULLY = nombre de cm3 d´acide 0,1 N libéré par 100 g de sol lors du
traitement avec 200 cm3 d´une solution 0,1 N d´acétate de sodium neutre).

5. Mécanismes élémentaires de l’interaction entre agents agressifs et le béton

L'attaque par les sulfates peut détériorer très significativement le béton dans un laps de
temps relativement court (10 à 15 ans).
• L'eau de mer contient des sulfates en solution. On peut aussi les retrouver en solution dans
les eaux souterraines, dans les eaux usées industrielles et dans certains sous-produits
industriels.
• La plupart des sols contiennent des sulfates sous la forme de gypse (généralement entre
0,01% et 0,05 % (sol sec) exprimés en SO4). Ces concentrations relativement faibles ne
sont généralement pas agressives pour le béton.
- La solubilité du gypse dans l'eau à température normale est relativement faible (approx 1400
mg/litre).
• Dans les eaux souterraines, les concentrations plus élevées en sulfates sont généralement
dues à la présence de sulfates de magnésium (MgSO4) ou de sulfates alcalins (K2SO4 -
Na2SO4).
• Les sulfates d'ammonium (NH4)2SO4 se retrouvent fréquemment dans les sols et les eaux
en milieux agraires.
- L'activité agricole peut aussi générer différents types d'acides organiques (lactique,
acétique, etc)
• Les effluents des fours utilisant des combustibles riches en souffre et les effluents des
industries chimiques peuvent contenir de l'acide sulfurique.
• La décomposition des matières organiques dans les égouts, les silos ou dans les réservoirs
d'entreposage peut conduire à la formation de H2S (gaz) qui peut être transformé en acide
sulfurique par l'activité bactérienne.

Attaque par les sulfates


• Les sulfates peuvent être d'origine naturelle, biologique ou provenir de pollution
domestique et industrielle.
• Dans certaines régions où les sols contiennent du gypse (CaSO4.2H2O) ou de l'anydrite
(CaSO4), on peut rencontrer des concentrations élevées (> 5%).
° Afrique du Nord
° Prairies canadiennes
° Région parisienne

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Na2SO4 (58 g/L)
Na2SO4.10H2O (194 g/L)
K2SO4 (111 g/L)
MgSO4.6H2O (440 (g/L)
CaSO4 (2,1 g/L)

° Les eaux souterraines en contact avec ces sulfates peuvent se charger en ions SO42-.
• Les sols alluviaux ou argileux peuvent aussi contenir des pyrites qui s'oxydent en sulfates
au contact de l'air et d'humidité avec formation d'acide sulfurique.
• Les sulfates peuvent aussi provenir de la décomposition biologique aérobie de substances
organiques contenant du soufre (engrais, plantes).
• Les sources de sulfates peuvent aussi être internes
° Contamination des granulats par du plâtre
° Granulats gypseux
° Sulfures dans certains granulats
Mécanismes de base
• Les sulfates peuvent détériorer le béton selon deux mécanismes physicochimiques:
° Expansion
° Perte des propriétés liantes des C-S-H
Les mécanismes de destruction sont fonction de la concentration et de la source des ions
sulfates (le cation qui leur est associé) dans la solution d'eau externe ou dans la pâte de
ciment.
° L'action des sulfates peut prendre la forme d'une expansion du béton suite à la formation de
produits expansifs (Fig 1-1)
- Lorsque le béton se fissure, la perméabilité augmente et l'eau agressive peut pénétrer plus
facilement, ce qui accélère de rythme de destruction.
- Ces expansions peuvent causer des dommages structuraux considérables
° L'action des sulfates peut aussi engendrer une perte de résistance et une perte de masse du
béton en surface (Fig 1-2).
- Ces effets sont alors dus à l'altération des propriétés liantes de certains hydrates.

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Fig 1-1 : Éprouvettes de béton dégradées après 5 ans de contact avec des sols riches
en sulfates. a: E/C = 0,50 b: E/C = 0,39 [Tiré de CONCRETE CONSTRUCTION
ENGINEERING HANDBOOK 1997, Edward G. Nawy Editor, CRC Boca-
Raton,Florida].

Fig 1-2 :Béton détérioré par une attaque par les sulfates - Barrage Fort Peck sur la rivière
Missouri au Montana. [Tiré de MEHTA, P. K. Concrete Structures, Properties and Materials
1986, Prentice Hall, USA, 450 p.].

Les deux types d'interactions chimiques.

• Les aluminates et la portlandite sont les deux produits les plus sensibles à l'attaque par les
sulfates.
• Les dégradations peuvent survenir suite à la formation de produits expansifs
- Les expansions peuvent résulter de la formation d'ettringite secondaire (l'ettringite
primaire n'est pas expansive).
1) Formation de gypse secondaire (substitution ionique entre la portlandite et les
sulfates). Dans le cas du sulfate de sodium:

Ca(OH)2 + Na2SO4 + 2H2O CaSO4.2H2O + 2NaOH

NaOH : Alcalinité élevée stabilisation des C-S-H.

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CaSO4.2H2O : Produit expansif mais qui se forme uniquement dans les espaces internes de la
pâte de ciment hydraté, Dans la majorité des cas, pas ou peu d'expansion.

2) Formation d'ettringite secondaire,


- à partir du C3A anhydre résiduel:
C3A + 3CaSO4.2H2O + 26H2O C3A.3CaSO4.32H2O
- à partir des aluminates hydratés:
(monosulfoaluminates)
C3A.CaSO4.18H2O + 2Ca(OH)2 + 2SO4 + 12H2O C3A.3CaSO4.32H2O
(C4AHx)
C3A.Ca(OH)2.xH2O + 2Ca(OH)2 + 3SO4 + 11H2O C3A.3CaSO4.32H2O
° Dépendant de la composition de la solution interstitielle, (particulièrement de la
concentration en portlandite), la cristallisation de l'ettringite secondaire peut être
expansive.
° La précipitation rapide de l'ettringite conduit à la formation de cristaux très fins
(ettringite non fibreuse de nature colloïdale) dont le volume molaire est de 3 à 8 fois
supérieur (suivant qu'il s'agit duC3A ou du C4AH13) au volume du solide initial (Fig. 1-3).

Fig 1-3 : Ettringite massive mal cristallisée expansive formée topochimiquement [Tiré de
BARON, J. ET OLLIVIER J.-P. 1992 La durabilité des bétons, Presses de l'École nationale
des Ponts et chaussées, 453 p.].

° Dans les ciments qui libèrent moins de portlandite (CHF, CLK - ciment avec laitier),
l'ettringite précipite à partir de la solution dans les vides interstitiels du béton et la
cristallisation en aiguilles n'est pas expansive (Fig 1-4)

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Fig 1-4 : Ettringite bien formée non expansive précipités à partir de la solution [Tiré
de BARON, J. ET OLLIVIER J.-P. 1992 La durabilité des bétons, Presses de l'École
nationale des Ponts et chaussées, 453 p.].

• Le sulfate de magnésium est très agressif (double action)

Ca(OH)2 + MgSO4 CaSO4 + Mg(OH)2 (faible solubilité, alcalinité faible,

pH faible)

C3A + 3CaSO4.2H2O + 26H2O C3A.3CaSO4.32H2O (expansive)

Substitution des ions Ca++ par les ions Mg++ dans les C-S-H :

C-S-H + MgSO4 CaSO4.2H2O + (C,M)-S-H (faiblement cohésif)

• L'attaque par le sulfate de calcium (CaSO4.2H2O ou CaSO4 dans les sols)

est plus lente en raison de sa faible solubilité. Elle conduit à la formation

d'ettringite expansive.

• L'attaque par le sulfate de sodium (très soluble) (Na2SO4 ) entraîne la


formation d'ettringite secondaire expansive.

• Le sulfate de potassium (K2SO4) peut aussi être agressif. Le rythme d'attaque


est similaire à celui du sulfate de sodium.

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• La plupart des sulfates métalliques solubles (FeSO4,...) peuvent être agressifs
(notamment en présence de certaines bactéries).

- Problèmes de soulèvement des dalles sur des fondations contenant des shales
pyritiques

Les facteurs influents de la durabilité

Les facteurs propres au matériau béton

La porosité du béton
Le béton est un mélange composé d’un ensemble de constituants
– ciment, granulats, eau, adjuvants –, mais renfermant aussi des vides dus, entre autres, à
l’eau excédentaire.
Le béton durci courant présente une porosité de 10 à 12 % due à la présence de pores
inclus dans la texture même des hydrates, et de capillaires qui se développent dans la
structure des grains. Les capillaires, qui sont dimensionnellement les plus importants, ne
dépassent pas un diamètre de quelques microns. Les pores des hydrates sont 10 à 100 fois
plus petits.
Le comportement du béton et son évolution ont montré, dès l’origine, l’influence de la
porosité sur la résistance (relation établie par Féret). Mais les corrélations entre durabilité
et résistances mécaniques, entre absorption d’eau et résistance au gel, ou perméabilité et
carbonatation ont été mises en évidence plus récemment.

Il est aujourd’hui admis que la réduction de la porosité du béton, qui est, entre autres, la
condition pour réaliser des bétons de hautes performances, est requise pour l’amélioration
de la résistance du béton, aussi bien d’un point de vue mécanique que vis-à-vis
d’agressions d’ordre physico-chimique.

La réduction de la porosité du béton dépend principalement de sa conception et de sa mise


en œuvre.

Trois facteurs sont prépondérants dans la conception d’un béton de faible porosité :
 un dosage en ciment adéquat ;
 une faible teneur en eau ;
 une granulométrie comportant des éléments fins, éventuellement actifs, en quantité
suffisante pour remplir les espaces entre les plus gros granulats.
Les progrès réalisés dans la connaissance des adjuvants ont permis d’élaborer des
plastifiants qui autorisent des réductions importantes de la teneur en eau sans diminuer

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la plasticité du mélange.
Une étude correcte de la granulométrie du béton, en jouant sur le ciment et le sable, est
généralement suffisante et ne nécessite un recours à des parti- cules ultrafines que pour des
bétons de très hautes performances.

Il faut enfin souligner l’importance de la mise en œuvre du béton sur ses propriétés : un
malaxage efficace, une vibration appropriée, la cure pour les ouvrages horizontaux, sont
des conditions impératives de réalisation d’un béton durable.

La fissuration
Il faut souligner ici le caractère non préjudiciable de la plupart des fissures qui,
correctement maîtrisées par des armatures ou des joints qui en déterminent
l’emplacement et en limitent l’ouverture, n’ont pas d’influence sur la durabilité du béton.
La réglementation, notamment en matière de béton armé, prévoit le dimensionnement des
ouvrages et les dispositions propices à empêcher ou à contrôler efficacement la fissuration
potentielle. Seules, les fissures non contrôlées à caractère fortuit sont susceptibles de jouer
un rôle négatif.
Les principales causes de fissuration sont les suivantes :
 retrait de la pâte de ciment ;
 conditions thermiques et hygrométriques ;
 causes mécaniques.
La pâte de ciment subit différentes phases de déformation aux stades successifs de
l’hydratation : pré-prise, prise et durcissement.
Chacune des phases de déformation est liée à un mécanisme prépondérant qui génère un
gradient de température ou d’humidité dans le béton.

MÉCANISMES LIÉS AUX DIFFÉRENTES PHASES DE DÉFORMATION

Les facteurs qui influent sur les trois phases de déformation peuvent être groupés en quatre
catégories principales, qui concernent plus particulièrement :
 la composition du béton, l’interdépendance des constituants, la cinétique d’hydratation ;
 la mise en œuvre du béton : fabrication, mise en place, vibration, cure ;
 la géométrie de l’ouvrage ;
 le milieu environnant.

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FACTEURS INFLUANT SUR CHACUNE DES PHASES DE DÉFORMATION DU
BÉTON

Le soin apporté à la formulation du béton, et à sa mise en œuvre, et la prise en compte des


conditions extérieures permettront, dans la quasi-totalité des cas, de prévenir l’apparition
d’une fissuration préjudiciable à sa durabilité.

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