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GÉOCHIMIE DES EAUX SOUTERRAINES

Introduction
Tout au long de son cycle, l’eau est soumise à des processus successifs qui modifient sa composition
chimique et affecte ainsi sa qualité. Les processus hydrogéochimiques sont généralement contrôlés ou
influencés par différents facteurs tels que la dissolution de certains minéraux présents dans les roches
et dans les sols, l’infiltration et l’écoulement de l’eau dans l’aquifère, les interactions entre les
minéraux dissous et avec la matière organique, et la salinisation des eaux lorsque l'eau souterraine est
en contact prolongé avec des argiles d'origine marine. Plus le temps de résidence de l’eau dans un
aquifère est long et plus elle atteint des couches profondes, plus elle sera chargée en minéraux dissous.
Selon les processus auxquels elle est soumise, l’eau souterraine acquiert ainsi une signature
géochimique particulière en fonction du milieu où elle se trouve et de ceux qu’elle a traversés le long
de son parcours. Ces signatures permettent de retracer l’origine des eaux souterraines, l’histoire de
leurs interactions et leur âge.
La géochimie des eaux souterraines ou l’hydrogéochimie est une branche de l’hydrogéologie qui
s’intéresse à l’étude des constituants de l’eau (élément chimique naturel ou artificiel et organismes
vivants).
L'eau, au contact des terrains qu'elle rencontre, se charge en divers éléments qui vont influer sur sa
qualité. Certains de ces éléments sont présents naturellement dans le sol, et vont définir la qualité «
naturelle » de l'eau brute. Ainsi l'eau à l'état naturel peut contenir :
 des matières organiques ;
 des matières dissoutes provenant des terrains traversés (calcium, magnésium, sodium,
potassium, bicarbonates, sulfates, chlorures, métaux lourds, …) ;
 des particules en suspension.
D'autres éléments sont d'origine anthropique. La qualité des eaux continentales est dépendante d'un
certain nombre de paramètres, dont la quantité en présence (concentration en éléments traces) va
définir l'état de la qualité de l'eau.
L’hydrogéochimie cherche à déterminer la présence ou non d’éléments indésirables, toxiques dans
l’eau tout en veillant à ce que les normes internationales ne soient pas dépassées. Dans le cas où il y’a
dépassement, la concentration de ces éléments est jugée anormale. Ce qui peut entraîner des cas de
pollution. L’hydrogéochimie permet d’étudier la particularité géologique d’une région à partir de la
concentration de l’eau souterraine et la composition minéralogique des roches. Ainsi, permet-elle
d’étudier la vitesse d’altération des roches d’une région et également la vitesse du niveau d’altération
atteint dans une région. Elle permet également d’étudier le vieillissement des eaux dans l’aquifère, les
phénomènes de réalimentation et des tarissements des nappes, la pérennité des ouvrages.
CHAPITRE 6
ACQUISITION ET ANALYSES DES DONNÉES HYDROGÉOCHIMIQUES

6.1. Mécanismes d’acquisition des ions des eaux souterraines

La minéralisation des eaux commence dans la zone non saturée. Les pluies qui tombent
ramassent des gaz et s’infiltrent avec eux en profondeur. Une eau qui vient de tomber récemment et
qui est encore riche en CO2 se reconnaît par son degré d’agressivité très élevé alors qu’une eau qui a
duré dans l’aquifère et dont le stock de CO2 est épuisé, parce que l’eau utilise le CO2 pour attaquer les
roches en les faisant dissoudre, son stock de CO2 est nul ainsi que son degré d’agressivité. Ce
phénomène est utilisé pour faire la datation des eaux souterraines dans le sol.
Dans la zone saturée, les réactions chimiques qui ont généralement lieu sont : l’hydrolyse, la
carbonation, la dissolution, la sulfatation, l’oxydation etc.
Ainsi, la qualité de l’eau change en fonction de la nature de la roche encaissante et en étudiant les
diagrammes d’équilibre entre l’eau et les minéraux d’altération des roches, on peut arriver à fournir
des renseignements sur la nature pétrographique de la région à partir des résultats d’analyse d’eau.
Les principaux mécanismes de mise en solution des ions sont : la dissolution et l’attaque chimique.

6.1.1. Dissolution
Elle intervient à la surface du sol et pendant le trajet en profondeur de l’eau. Les eaux peuvent
dissoudre aussi bien les gaz que les solutions solides. Il existe des éléments insolubles tels que la silice
ou les silicates qui se laissent dissoudre en très faibles quantités. Le phénomène de dissolution
concerne essentiellement les roches sédimentaires : les calcaires, carbonates, halite, sylvite, etc. On
définit alors le produit de solubilité Ks.

ab abaqbaaq Ks= Aa  b

À une température donnée, pour une substance de formule générale, il existe une limite de solubilité
au-delà de laquelle la solution étant saturée, le système est hétérogène c’est à dire composée de deux
phases : la solution et le soluté non dissout. Il faut toujours distinguer la concentration réelle d’un ion
de sa concentration efficace c’est à dire son activité. Elle est toujours égale à une fraction de la
concentration. L’activité de A est est toujours < 1 et varie avec la concentration de A ().

2
où est le coefficient d'activité de l'espèce i, sa concentration dans la solution, exprimée en mol·L-
1
. Le terme (concentration de référence), est égal, par convention, à 1 mol·L-1.

En présence d’autres ions,  varie non seulement avec  mais également avec la concentration de
tous les éléments présents dans la solution c’est à dire la force ionique ()

  i2xCi

où Ci représente la concentration de l'ion i et Zi son nombre de charges.

6.1.2. Attaque chimique


L’attaque chimique des minéraux est un phénomène chimique que met en jeu des réactions telle que :
l’hydratation, l’oxydoréduction, hydrolyse.

- L’hydratation consiste en la pénétration de l’eau dans les systèmes réticulaires des cristaux.
Exemple : CaSO4+H2O  (CaSO4,H2O)

- L’hydrolyse joue un rôle important en particulier pour l’attaque des silicates mais elle ne peut
à elle seule décomposer totalement un minéral car un équilibre tend à s’équilibrer entre elle et les
réactions inverses. Pour qu’il y ait hydrolyse, il faut qu’il y ait évacuation des produits hydrolysés et
un apport d'ions nouveaux. L’élimination se fera par circulation d’eau au contact d’éléments à ioniser.
Un apport d’ion se fera par exemple par dissolution de l’acide carbonique de l’eau.
- L’oxydoréduction intéresse la zone d’infiltration entre la surface du sol et le toit de la nappe
(on a le contact eau - air), mais, elle est intense dans la zone saturée et au-delà. L’oxydoréduction
intéresse les sulfures, les ions ferreux, les ions manganeux, la matière organique. On observe
l’oxydoréduction dans les roches qui contiennent le fer et les ferromagnésiens. Dans l’oxydoréduction,
le fer ferreux Fe2+ se transforme en fer ferrique Fe3+.
L’oxydation aboutit d’une part à la formation de nouveaux minéraux tels que l’hématite et l’acide
sulfurique (pyrite) et d’autre part à la mise en solution des ions NO3-, HPO42+, H+, NO2-, SO42-, Fe2+
etc.
Le phénomène de réduction intervenant dans la chimie des eaux sont surtout des eaux de pétrole.
L’enfoncement de matière organique crée un milieu réducteur et si l’arrivée de l’oxygène libre est
insuffisante dans le milieu, l’oxygène sera emprunté aux nitrates, nitrites ou sulfates. L’hydrofaciès est
fonction de la nature de l’encaissant.

6.2. Différents constituants de l’eau


6.2.1. Paramètres physico-chimiques
Ce sont des paramètres volatiles ou instables, en général ces paramètres ne supportant pas une longue
durée d’attente, leur détermination se fait in situ (sur place). Les plus importants sont :

3
le pH, la température ; la conductivité ; le CO2 dissous ; l’O2 dissous ; la matière en suspension
(MES) ; la turbidité.

6.2.2. Paramètres chimiques

Les paramètres chimiques sont des ions divisés en 2 catégories (les anions et les cations), dans la
catégorie des cations on distingue les cations majeurs et les cations accessoires ;
 Cations majeurs (Ca2+, Mg2+, Na+, K+)
Ca2+, Mg2+ appelés alcalinoterreux sont généralement les plus abondants dans toutes les solutions
parce qu’ils proviennent des roches et minéraux d’altération.
Par contre Na+, K+ sont des alcalins sont en quantité très faible dans l’eau parce qu’ils proviennent des
roches et des minéraux difficilement altérables. Ils sont sollicités par les plantes comme éléments
nutritifs ce qui diminue leur concentration dans les eaux. Dans toute analyse chimique, il est
nécessaire de connaître la concentration de ces 4 éléments majeurs.
- Cations accessoires (Si4+ ; Al 3+ ; Fe2+, Mn2+)
Si4+ est issu de la silice pure, sa présence est en rapport avec l’intensité du pluviolessivage dans le sol.
Sa concentration toujours interprétée par rapport à celle de l’aluminium. Il condition l’apparition des
séquences d’argile.
Lorsqu’on a 2Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est nul (stade 1)
Lorsqu’on a 1Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est important (stade 2)
Lorsqu’on a 0Si4+/1Al3+ alors le pluviolessivage est total (stade 3)
 Le stade 1 est la bisialitisation = la nappe est confinée, elle ne reçoit pas d’eau, l’eau est vieille
dans l’aquifère
 Le stade 2 est la monosialitisation = la nappe est renouvelée, l’aquifère est perméable
 Le stade 3 est l’alitisation = un dépôt d’aluminium qui va donner la bauxite
Dans la catégorie des anions, on distingue : les anions majeurs et anions accessoires.
 Majeurs: Carbonates CO32- (HCO3- dans les eaux en Afrique), Sulfate SO42-, nitrate NO3-,
chlore Cl-.
 Accessoires : phosphate PO43-, nitrite NO2-, fluor (F-)

6.2.3. Paramètres isotopiques

Il existe 2 types d’isotopes : les isotopes stables et les isotopes instables.


Les isotopes stables sont utilisés en hydrogéologie pour identifier l’origine de l’eau et le mécanisme
de recharge des aquifères, les conditions d’évaporation et d’infiltration, et les mélanges entre les
masses d’eau. Ils sont également utilisés pour comprendre les conditions de gisement des eaux, leur
temps de transit dans l’aquifère et leur vitesse d’écoulement. Les isotopes stables largement utilisés
en hydrogéologie sont l’Oxygène-18, le Deutérium (2H) et le carbone-13 (13C). Ils ne décroissent pas
4
dans le temps, mais leurs concentrations subissent des variations en fonction de l’espèce chimique en
solution (13C) ou en fonction de l’état physique de l’eau (2H et 18O).
Les isotopes instables ou radioactifs sont des éléments dont le noyau se transforme en un autre, on
parle de désintégration radioactive. Les isotopes radioactifs couramment utilisé en hydrogéologie sont
3
H (tritium), 14C (Carbone 14C). Ils sont utilisés comme traceurs des mouvements et de la pollution des
eaux et comme chronomètre pour déterminer les lieux et le taux de recharge et pour évaluer l’âge de
ces eaux. L’utilisation en Hydrogéologie des activités 14
C et des teneurs en 3H basée sur l’équation
générale de décroissance radioactive.

6.2.4. Les paramètres biologiques

Les eaux naturelles contiennent souvent de nombreux êtres vivants (végétaux aquatiques, voire
animaux aquatiques) très souvent, l’existence de ces éléments ne constituent pas un danger en soi.
Mais à côté de ceux-ci, on trouve des bactéries, des virus, des microorganismes divers ainsi que des
algues dont la seule existence peut constituer un danger potentiel. L’eau qui est un élément vital peut
entraîner la mort lorsqu’elle contient certains agents pathogènes en autre, ceux responsables du
choléra, l’hépatite, diarrhée, dysenterie, zona, ulcère de burili. Lorsqu’une eau est contaminée par la
pollution fécale les principaux microbes qu’elle contient sont : les streptocoques, les E-coli, les
pneumonas, les staphylocoques, les clostridiums.

6.3. Techniques d’analyses physico-chimiques

6.3.1. Mesures in situ

Un certain nombre de paramètres doivent impérativement être mesurés sur le terrain. Pour cela, il
faut une stratégie d'échantillonnage planifiée et une méthodologie de mesure bien ficelée.
Les aspects économiques (budget alloué au poste analytique, frais de mission sur le terrain, ..) ne sont
pas à négliger.
Il faudra se donner les moyens de vérifier que la densité spatiale des points est suffisante. Il faudra
veiller à la représentativité du prélèvement dans le temps.
Le nombre de points de prélèvements devra permettre d'effectuer les tests statistiques usuels tels que
l'analyse de la variabilité (analyse de variance pour chaque variable et statistique multivariée). Il sera
possible de détecter les anomalies (points singuliers ou tout simplement erreurs de saisie).
Les paramètres à analyser sont choisis en fonction de l'objectif recherché. Généralement ce sont : la
température, le pH, la conductivité, la turbidité, l’oxygène dissout, TAC (Titre Alcalino terreux).
a) Température
La température de l'eau est un paramètre de confort pour les usagers. Elle permet également de
corriger les paramètres d'analyse dont les valeurs sont liées à la température (conductivité

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notamment). De plus, en mettant en évidence des contrastes de température de l'eau sur un milieu, il
est possible d'obtenir des indications sur l'origine et l'écoulement de l'eau.
La température doit être mesurée in situ. Les appareils de mesure de la conductivité ou du pH
possèdent généralement un thermomètre intégré.
b) Conductivité
La conductivité mesure la capacité de l'eau à conduire le courant entre deux électrodes. La plupart des
matières dissoutes dans l'eau se trouvent sous forme d'ions chargés électriquement. La mesure de la
conductivité permet donc d'apprécier la quantité de sels dissous dans l'eau.
La conductivité est également fonction de la température de l'eau : elle est plus importante lorsque la
température augmente. Ce paramètre doit impérativement être mesuré sur le terrain. La procédure est
simple et permet d'obtenir une information très utile pour caractériser l'eau.
Comme la température, des contrastes de conductivité permettent de mettre en évidence des
pollutions, des zones de mélanges ou d'infiltration… La conductivité est également l'un des moyens
de valider les analyses physico-chimiques de l'eau : la valeur mesurée sur le terrain doit être
comparable à celle mesurée au laboratoire.
c) pH
Le pH (potentiel d’Hydrogène) mesure la concentration en ions H+ de l'eau. Il traduit ainsi la balance
entre acide et base sur une échelle de 0 à 14, 7 étant le pH de neutralité. Ce paramètre caractérise un
grand nombre d'équilibre physico-chimique et dépend de facteurs multiples, dont l'origine de l'eau.
Tableau 1 : Classification des eaux d'après leur pH
pH < 5 Acidité forte => présence d'acides minéraux ou organiques dans
les eaux naturelles
pH = 7 pH neutre
7 < pH < 8 Neutralité approchée => majorité des eaux de surface
5,5 < pH < 8 Majorité des eaux souterraines
pH = 8 Alcalinité forte, évaporation intense

d) Turbidité
La mesure de la turbidité permet de préciser les informations visuelles sur l'eau. La turbidité traduit la
présence de particules en suspension dans l'eau (débris organiques, argiles, organismes
microscopiques…). Les désagréments causés par une turbidité auprès des usagers sont relatifs car
certaines populations sont habituées à consommer une eau plus ou moins trouble et n'apprécient pas
les qualités d'une eau très claire. Cependant une turbidité forte peut permettre à des micro-organismes
de se fixer sur des particules en suspension. La turbidité se mesure sur le terrain à l'aide d'un
turbidimètre.

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Tableau 2 : Classes de turbidité usuelles (NTU, nephelometric turbidity unit)

NTU < 5 Eau claire


5 < NTU < 30 Eau légèrement trouble
NTU > 50 Eau trouble
NTU > 30 La plupart des eaux de surface en Afrique atteignent ce niveau
de turbidité

6.3.2. Échantillonnage

Le prélèvement d’un échantillon d’eau est une opération délicate à laquelle le plus grand soin doit être
apporté; il conditionne les résultats analytiques et l’interprétation qui en sera donnée. L’échantillon
doit être homogène, représentatif et obtenu sans modifier les caractéristiques physico-chimiques de
l’eau (gaz dissous, matières en suspension, etc.).
Le matériel de prélèvement doit faire l’objet d’une attention particulière. L’emploi de flacons en verre
borosilicaté de préférence bouchés. On peut utiliser aussi des flacons en matières plastiques largement
répandus en raison de plusieurs avantages (facilité de transport et nettoyage etc.).
 Conditionnement des solutions
Il n'existe pas de méthode universelle de conditionnement des échantillons. Selon les paramètres
auxquels on s'intéresse, la méthode de conservation variera.
Habituellement, lorsque l'on étudie un nombre important de paramètres, il faudra séparer l'échantillon
prélevé en plusieurs fractions qui seront conditionnés chacun de manière différente. Ceci conduit à
une multiplication des flacons, du poids, du travail et de la préparation.
 Sans conditionnement : pour la plupart des éléments majeurs (sauf nitrates) : pas de
conditionnement. Dans le cas des eaux en dynamique rapide de réaction (ex : eaux de
ruissellement lors des études d'hydrologiques), il est impératif de filtrer sur place le plus
rapidement possible.
 Filtration : la filtration est souvent très utile car elle retire les phases solides pouvant interagir
ultérieurement avec la solution, mais aussi les germes pouvant attaquer les composés
organiques ou azotés. Elle s'avère indispensable pour l'étude des éléments métalliques et des
traces. La solution sera micro-filtrée avec des micro-filtres (0,45µm ou 0,2 µm) préalablement
lavés à l'acide, soigneusement rincés, séchés puis pesés. La pesée du filtre sec permet de
quantifier la quantité de matières solides (en suspension ou non).
 Acidification des solutions filtrées. Une fraction aliquote des solutions filtrées ou micro-
filtrées seront acidifiées afin de maintenir certains éléments tels que les métaux en solution.
L'acidification ne doit jamais précéder bien évidemment la filtration car elle solubiliserait une
grande quantité d'éléments présents dans les phases solides.

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 Stockage à l'abri de la lumière et au frais. Quelle que soit la technique retenue pour le
conditionnement, on aura tout intérêt à stocker les échantillons à l'abri de la lumière et à la
fraîcheur. L'activité photosynthétique liée à l'exposition à la lumière peut modifier sa teneur en
nitrates et le carbone organique dissous (COD).

6.3.3. Méthodes d’analyses physico-chimiques

Il existe plusieurs techniques de dosages chimiques permettant de déterminer la composition en


ions de l’eau. En fonction de l’ion à doser, différentes techniques, décrites dans les ouvrages
généraux de chimie, sont utilisées.
- Le titrage : pour la mesure, on ajoute progressivement des quantités précises d’un réactif qui
réagit avec la substance à analyser. Au moment où la substance à analyser est complètement
consommée, on atteint le point d’équivalence qui détermine la fin du titrage. Ce point
d’équivalence peut correspondre à une valeur donnée de pH ou au changement de couleur d’un
indicateur, par exemple. La quantité de réactif utilisé permet de calculer la concentration de la
substance à analyser (par exemple pour les ions HCO3-). L'emploi d’un titrimètre permettant
l’ajout progressif et précis du réactif est facile. A titre d’exemple, les paramètres suivants
peuvent être analysés par titrage sur le terrain : dureté totale, dureté temporaire, dureté
calcique (TAC), CO2 libre, chlorures, chromates et oxygène dissous.
- la colorimétrie: en introduisant un réactif ad hoc dans l’échantillon, on forme avec la
substance à analyser un produit de réaction dont l'intensité de la coloration dépend de la
concentration de cette substance. Cette coloration est mesurée à l’aide d’un colorimètre ou
évaluée ou d’un photomètre.
- la photometrie la substance à analyser en une substance absorbant la lumière à une longueur
d’onde λ spécifique. La photométrie consiste à mesurer l’absorption de cette lumière, laquelle
est proportionnelle à la concentration de la substance (loi de Lambert-Beer).
- La potentiométrie : La mesure directe de la concentration de cations et d’anions est possible à
l’aide d’un ionomètre et d’électrodes spécifiques qui transforment l’activité de l’ion à mesurer
en potentiel électrique. Le système de mesure comprend une électrode de mesure (ou électrode
spécifique) et une électrode de référence. Toute une série d’ions et de substances tels que le
potassium, le sodium, les fluorures, les chlorures, le pH et l’oxygène dissous peuvent être
analysés ainsi.
- La compléxométrie : les titrages complexométriques sont des méthodes titrimétriques basées
sur la formation de complexes. Ces complexes sont constitués d'un ion central et de particules
(chargées ou neutres) appelées ligands ou coordinats. Pour se faire on utilise des agents
complexants. Pour doser les ions Ca2+ et Mg2+, c’est l'acide éthylènediaminetétraacétique
(EDTA) qui utilisé.
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- La spectrophotométrie : la spectrométrie d'absorption atomique est une méthode physique
d'analyse qui consiste à nébuliser l'échantillon liquide et à le soumettre à l’action d'une flamme
air-acétylène ou d'un four. En traversant la flamme, l’onde lumineuse dont la longueur d'onde
correspond à l'élément à doser est absorbée par les ions excités présents dans la flamme.
L'absorption (A) est mesurée à la sortie à l'aide d'un prisme dispersif est directement
proportionnelle à la concentration de l'élément selon la loi de Beer-Lambert. C’est une
méthode très pratique pour mesurer la concentration des cations dans les eaux.
6.3.4. Unités de mesures et expressions
Les résultats de dosage chimique sont généralement exprimés dans trois unités différentes : le
milligramme par litre (mg/L), le milliéquivalent par litre (méq/L) et la mole par le litre (mole/L).
Le milligramme par litre est donné directement par les résultats de dosage. Le milliéquivalent par litre
(méq/l) se calcule en divisant la concentration obtenue en mg/l par le rapport entre la masse (M) et la
valence (V) de l’ion considéré.
c(mg / l)
C en méq/l = M / V
Très souvent, pour des besoins de calcul, les concentrations des ions peuvent être traduites en mole
par litre ou millimole par litre (1mole/l = .1 000 mmoles/l).
C(mg / l)
C en mole/l = M x 10-3
La masse volumique de chaque est fournie dans le même tableau suivant.

6.4. Interprétations des résultats


On vérifie leur fiabilité par l’étude de la balance ionique (BI).
BI   Cela concerne seulement les ions majeurs.
On considère une analyse bonne quand la BI5%. Dans certains cas, on ira jusqu’à 10%. La BI
incluse les erreurs liées à la précision des méthodes de détermination et l’omission des ions mineurs
non pris en compte dans le BI.
L’interprétation des donnés est basée sur des graphiques et des logiciels dans le but de comprendre les
processus de minéralisation des eaux souterraines.
6.5. Classification des eaux et notion d’hydrofaciés
La présence des éléments dissous dans l'eau d'une nappe aquifère est directement influencée par la
nature des roches qui la contiennent. Les concentrations peuvent être un indicateur du temps de
transfert ou de séjour de l'eau dans la nappe. Les éléments systématiquement présents dans les eaux
naturelles en quantités relativement importantes sont appelés " éléments majeurs ". Il s'agit

9
principalement des éléments ou groupements suivants : calcium, magnésium, potassium, sodium, fer,
manganèse,... sulfates, bicarbonates, chlorures, ...
Une analyse chimique de ces éléments permet de classifier les eaux souterraines. Grâce à la méthode
du diagramme de Piper (1944), les eaux d'origine différente sont aisément différenciées.
Application : Détermination des hyrofaciès à l’aide du diagramme Piper
 Diagramme de Piper
Ce diagramme est une représentation graphique le plus souvent utilisé en hydrochimie pour définir le
faciès chimique, il possède trois domaines
 Un parallélogramme divisé en quatre parties qui sert à déterminer le nom de l’hydrofaciès ;
 deux triangles, un à gauche, un à droite dans lesquels on porte respectivement les points
représentatifs des cations et des anions ;
 Sur les diagrammes est représentée en % la part de chaque ion par rapport à la somme des
anions ou cations majeurs. La projection dans un losange des points placés dans le triangle des
anions et des cations classe la solution en faciès suivant les ions prédominants.

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CHAPITRE 7
QUALITÉ ET POLLUTION DES EAUX SOUTERRAINES
La qualité des eaux souterraines est le résultat d’une acquisition naturelle de minéralisation (bruit de
fond biogéochimique) à laquelle se surajoutent les apports anthropiques (pollution).

7.1. Qualité des eaux souterraines

Les normes de qualité présentées dans les tableaux suivants font référence aux notions de "substances
dont la présence dans l'eau revêt une importance sanitaire" et "substances et paramètres pouvant
donner lieu à des plaintes des utilisateurs" issues de l'OMS. Néanmoins, dans les différents
commentaires des directives de l'OMS, un nombre important de précautions et de dispositions sont
prises pour montrer que:
1. les valeurs indiquées doivent être utilisées en tenant compte du contexte local: structures des
terrains (géologie), niveau de service local (qualité moyenne de l'eau distribuée, normes locales,
couverture en eau potable),
2. les circonstances exceptionnelles n'autorisent pas à respecter ces valeurs (ce qui est le cas de la
majorité des terrains d'intervention humanitaires !): guerre, catastrophe naturelle...
Les tableaux suivants ont été construits à partir de la nomenclature de l'OMS. Les valeurs guides sont
données d'après les "Directives de qualité pour l'eau de boisson", 2e édition 1994 OMS, et
correspondent aux principaux paramètres retenus dans les normes de qualité d'eau de boisson. Les
paramètres difficiles à mesurer et qui ne présentent pas de problème fréquents ne sont pas mentionnés.
Il est cependant nécessaire de rester vigilant, notamment en zone urbaine ou industrialisée. Il est
recommandé de contacter des personnes spécialisées en cas de problème spécifique, et de se référer
aux différentes normes qui proposent des valeurs guides d'éléments dangereux pour la santé non
mentionnés dans cet ouvrage.
7.1.1. Qualité microbiologique de l'eau de boisson

Paramètres Valeurs guide Interprétation


OMS
Coliformes 0/100 ml  indicateurs de pollution fécale
thermotolérants1
Streptocoques pas de norme  indicateurs de pollution fécale.
fécaux
Coliformes totaux 0/100 ml dans  indicateur d'efficacité de traitement
95 % des (désinfection)

1
D'après l'OMS, l'indicateur le plus précis pour estimer la pollution fécale est en fait Eschericia Coli, membre du groupe
de coliformes thermotolérants.
échantillons d'eaux  ne sont pas indicateurs d'une pollution fécale
traitées

7.1.2. Substances chimiques dont la présence dans l'eau de boisson revêt une importance

sanitaire

Paramètres Valeurs Interprétation


guide OMS
Arsenic 2 (As) 0.01 mg/l  Origines: roches, rejets industriels (sidérurgie)
 Santé: effet cancérigène prouvé (cancers cutanés)
Fluorures 3 1,5 mg/l  Origine: roches, engrais, aliments (poisson, thé), pollution
(F) industrielle (fabrication d'Aluminium)
 Santé: fluorose dentaire et du squelette

Paramètres Valeurs guide OMS Interprétation

Manganèse 4 (Mn) 0,5 mg/l  Origine: roches (souvent associé au Fer)


(valeur provisoire)  Santé: effet toxique sur le système nerveux si
C>20mg/jour. Problème de turbidité et de goût si C>0,3
mg/l.
Nitrites 5 (NO2-) 3 mg/l  Origine: matières organiques.
(valeur provisoire)  Santé: méthémoglobinemie du nourrisson.
Nitrates 5 (NO3-) 50 mg/l  Origine: matières organiques, lessivage des sols,
engrais, eaux résiduaires.
 Santé: méthémoglobinemie du nourrisson (les nitrates
réduits en nitrites dans l'intestin se fixent sur
l'hémoglobine et diminuent le transfert d'oxygène)
Chlore 6 5 mg/l  Origine: produit de désinfection de l'eau
(Cl)  Santé: pas de problème prouvé.

2
L'arsenic est parfois présent dans les eaux souterraines. GUIRAUD rapporte ainsi la présence d'arsenic à forte
concentration dans des eaux de socle du Burkina Faso.
3
Le fluor est parfois présent à des concentrations supérieures à la norme dans les eaux souterraines. Bien qu'extrêmement
variables, elles peuvent atteindre 0.3 à 0.5 mg/l dans les granites et 5 à 8 mg/l dans les bassins sédimentaires (Sénégal,
TRAVY).
4
Le Manganèse pose des problèmes de tache (idem Fer) au-dessus de 0,1 mg/l. Dépôt noir possible dans les canalisations.
Certains organismes concentrent le Manganèse, ce qui donne lieu à des problèmes de turbidité et de goût.
5
Les nitrates (NO3-) et nitrites (NO2-) font partie du cycle de l'Azote (N).
6
Chlore: des essais effectués en laboratoire montre que l'absorption d'une dose de Chlore correspondant à une
concentration de 5 mg/l pendant deux ans ne pose pas de problème de santé. Au-dessus de ce seuil, rien n'a été mis en
évidence. Seuil gustatif du Chlore: 0,3-0,6 mg/l, seuil olfactif: 2 mg/l.

2
Substances et paramètres de l'eau de boisson qui peuvent donner lieu à des plaintes des utilisateurs

Paramètres physiques (organoleptiques)

Paramètres Valeurs guide OMS


Couleur 7 15 UCV
Goût et odeur acceptables

7
UCV et mg/l de platine: unités de mesure de la couleur. En dessous des valeurs mentionnées la couleur n'est plus
décelable à l'oeil.
3
Paramètres Valeurs guide Interprétation
OMS (voir paragraphes suivants)
Turbidité 8 5 NTU  Origine: matières en suspension, colloïdes, matières
1 NTU pour la dissoutes.
désinfection  Paramètre important dans le traitement de l'eau.
Température 9 acceptable

7.1.3. Substances inorganiques


Paramètres Valeurs guide Interprétation
(voir paragraphes suivants)
Aluminium (Al) 0,2 mg/l  Origine: coagulants utilisés dans le traitement de l'eau,
industrie
 Santé: pas de problème prouvé. Problème de
coloration si C>valeur guide.
Ammoniaque 1,5 mg/l  Origine: matières organiques azotées (déjection, eaux
(NH4+) 5 usées, végétaux...)
 Santé: pas de problème. Problème de goût et d'odeur
si C>VG.
Sulfure 0,05 mg/l  Origine: roche, matière organique en anaérobie.
d'hydrogène 10  Santé: pas de problème par voie orale, mortel par
(H2S) inhalation.
Chlorure (Cl-) 11 250 mg/l  Origine: voir paragraphe suivant.
Sodium (Na+) 12 pas de norme  Santé: pas de problème. Goût lorsque CCl- > 200-250
mg/l

8
Une turbidité forte peut protéger de la désinfection les micro-organismes fixés sur les particules: elle doit donc être la plus
faible possible pour permettre une bonne désinfection. Unités: 1 NTU (Nephelometric Turbidity Unit) = 1 JTU (Jackson
TU) = 1 FTU (Formazin TU).
9
La température peut être utilisée conjointement avec la conductivité pour caractériser facilement un aquifère sur le terrain.
10
Le sulfure d'hydrogène est un gaz reconnaissable à son odeur d'oeuf pourri à faible concentration. A plus forte dose, il
devient inodore et est alors très dangereux par inhalation: accidents mortels fréquents chez les égoutiers en France.
Problème possible dans les puits (Laos, ACF 1996) en présence de Gypse dans le sol.

4
Paramètres Valeurs guide Interprétation

Dureté12 pas de norme  Origine: Dureté = concentration en Calcium et


(Ca + Mg) Magnésium
 Santé: pas de problème. Goût et entartrage si C> 200
mg/l
Phosphate pas de norme  Origine: matière organique (1 à 2 g/per/jour dans les
-
(PO4 ) sels), lessive et engrais.
 Santé: pas de problème.
Potassium pas de norme  Origine: engrais.
 Santé: pas de problème.
+
(K )
Sulfates 250 mg/l  Origine: roches, industrie.
(SO42-)  Santé: effet purgatif, irritation gastro-intestinale. Si
C>250 mg/l, problème de goût et eau agressive pour
le béton.
Fer (Fe) 13
0,3 mg/l  Origine: roche, coagulants (Sulfate d'Al.)
 Santé: pas de problème. Besoins nutritionnels: de 10 à
50 mg/jour/personne. Problème de goût et de couleur.
Oxidabilité pas de norme  Permet de mettre en évidence les matières organiques
facilement oxydables.
Oxygène dissous pas de norme  Origine: oxygène de l'air.
(O2) 14  Santé: pas de problème.
pH 15
pas de norme  Origine: ion Hydrogène
 Santé: pas de problème. Paramètre important pour le
traitement et "paramètre caractéristique" de base.

12
La dureté non carbonatée est la concentration en Ca2+ et Mg2+. La dureté carbonatée est la concentration en
hydrogénocarbonates et carbonates de calcium et de magésium.
Unités: 1 °Français = 10 mg/l de Ca CO3.
13
Le fer: les eaux souterraines anaérobies peuvent contenir du fer ferreux à des concentrations élevées. Lorsqu'il est exposé
à l'air, le Fer ferreux s'oxyde en Fer ferrique et prend une coloration brune/rougeâtre. Si C>0,3 mg/l, le fer tache le linge.
Si C>1 mg/l, problème de goût et de coloration.
14
L'oxygène dissous se mesure en % du taux de saturation ou en mg/l (à 20°C, 100% de saturation = 8,8 mg/l d'O 2
dissous).
15
Le pH: le potentiel Hydrogène mesure la concentration en ions H + dans l'eau, c'est à dire l'alcalinité ou l'acidité sur une
échelle de 7 à 14. A 7 le pH est dit neutre. Il conditionne un grand nombre d'équilibres physico-chimiques dans l'eau. C'est
un paramètre à contrôler soigneusement en cas de traitement de l'eau.

5
Paramètres Valeurs guide Interprétation
OMS (voir paragraphes suivants)
Conductivité pas de norme  Origine: matières en solutions dans l'eau
 Santé: pas de problème direct.

7.1.4. Autres éléments non cités par l'OMS


Paramètres Valeurs guide Valeurs Interprétation
France maxi. (voir paragraphes suivants)
France
Calcium 100 mg/l  Origine: roches
(Ca2+)  Santé: pas de problème direct.
Magnésium 30 mg/l 50 mg/l
(Mg2+)

Les valeurs de concentrations en calcium et magnésium sont tirées de la norme française. L'OMS ne
cite pas ces paramètres explicitement, mais en tient compte dans la mesure de la dureté.

7.2. Détérioration de la qualité

La qualité naturelle des eaux souterraines peut être altérée par l'activité humaine. La détérioration de
la qualité de l'eau est appréciée par mesures des paramètres physico-chimiques et bactériologiques.
Dans le cas d'une détérioration jugée importante, l'eau ne sera plus considérée comme potable pour la
consommation humaine. Elle pourra être telle quelle utilisée à d'autres fins (irrigation...) ou devra
subir un traitement appropriée pour retrouver sa potabilité. L'eau des nappes n'est donc pas à l'abri de
la pollution et l'auto-épuration naturelle n'est pas complète dans toutes les nappes et vis-à-vis de
certaines substances.
7.2.1. Vulnérabilité des nappes à la pollution.
La vulnérabilité dépend du type de nappe, libre ou captive, et du mode de circulation de l'eau dans
l'aquifère. Les nappes libre sont les plus vulnérables: les polluants d'origine superficielle peuvent
diffuser librement dans le sol et la zone non saturée jusqu'au niveau pièzométrique; d'autre part, la
fluctuation verticale saisonnière du niveau piézométrique aboutit à 'rincer' les particules de la zones
non saturée et entraîner les substances qui y sont adsorbées. Les nappes captives en revanche sont
mieux protégées par les couches imperméables qui les surmontent. Leur alimentation en eau
superficielle est plus circonscrite, donc plus aisée à protéger. Leur pollution apparaît lorsque le niveau
protecteur imperméable est percé par un ouvrage (ancien forage, fouille profonde...) Enfin, la
percolation de l'eau dans un milieu poreux peut produire une fixation des substances sur les particules
et donc une épuration de l'eau. Ce phénomène n'existe pas dans les milieux fissurés où la circulation
est bien plus rapide.

6
Pour atteindre une nappe libre en milieux poreux, les polluants transportés par les eaux d'infiltration
doivent franchir de nombreux obstacles:
* le sol
L'activité chimique et microbiologique est intense (oxydation, réduction...) De nombreux corps sont
modifiés chimiquement, les polluants organiques peuvent être métabolisés et minéralisés. Néanmoins,
cette biodégradation peut aboutir à des métabolites au moins aussi toxiques que les polluants d'origine.
Les complexes argilo-humiques peuvent fixer de nombreux corps minéraux et organiques par
adsorption.
* la zone non saturée
Comme le sol, elle joue un rôle dans la filtration et la rétention de certaines substances. Cette action
est d'autant plus efficace que la granulométrie est plus faible.
* la zone saturée
La filtration se poursuit dans le milieu poreux de la nappe; le polluant est dilué dans la masse d'eau.
On voit que la protection de la nappe sera d'autant meilleure que le sol et la zone non saturée sont
épais, que leur granulométrie est fine, que la vitesse de percolation de l'eau dans la nappe est faible.
En revanche, ce type de nappe une fois contaminée par un polluant le reste longtemps.
Dans les nappes libres en milieu fissuré, la vulnérabilité à la pollution dépend de leur recouvrement.
Les aquifères en terrains anciens (granites, schistes...) sont généralement recouverts par des
formations meubles d'altération qui jouent le rôle de filtre. Ces matériaux meubles peuvent d'ailleurs
remplir les fissures des roches et prolonger ainsi leur action de protection. Il n'en est pas de même
dans les aquifères calcaires: les polluants s'infiltrent dans les fissures, y circulent rapidement et
réapparaissent en l'état dans les sources et les forages. La pollution apparaît sous forme de pics de
courte durée; elle disparaît rapidement si l'apport de polluant cesse.
Les nappes alluviales sont en connexion hydraulique avec le cours d'eau; la qualité de leur eau dépend
de celle de la rivière. Comme pour le sol, les matériaux couvrant le fond de la rivière jouent le rôle de
filtre.
Dans tous les cas, la pollution des eaux souterraines est favorisée par certains aménagements et
pratiques:
* interventions qui favorisent l'infiltration dans la nappe: forages de puits sans précaution, ouverture
de gravières, puits perdus pour infiltrer les eaux usées...
* mauvaise gestion des eaux de ruissellement, suite à l'imperméabilisation des surfaces (ville, routes),
aux drainages agricoles, et des eaux usées.
* élevages intensifs 'hors sol', nourris de farines de soja ou animales et de maïs fourrage, produisant
une accumulation locale d'excréments difficiles à gérer.
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7.2.2. Principaux types et origine des pollutions
a) Pollution temporaire et pollution chronique
L'émission exceptionnelle de matière polluante à la suite d'un incident (mauvaise manœuvre en usine,
accident de la circulation...) peut entraîner un transfert à la nappe et sa pollution dont la durée dépend
de son pouvoir d'auto-épuration et de sa vitesse de percolation.
Les pollutions chroniques sont plus insidieuses et dommageables; moins spectaculaires, elles peuvent
passer inaperçues (pollution agricole par les nitrates; contaminations par hydrocarbures à partir de sols
pollués).
b) Pollution ponctuelle et pollution diffuse
Le polluant émis sur une faible surface n'affectera qu'un secteur limité de la nappe, qui pourra
s'étendre par diffusion. Seuls les captages à proximité de la zone polluée et en aval seront affectés.
Selon la densité et la solubilité du polluant, la zone polluée sera circonscrite ou diffuse, à la surface ou
à l'intérieur de la nappe.
L'épandage de produits polluants sur une grande surface en revanche affecte l'ensemble de la nappe;
elles sont de plus souvent chroniques et déclasse l'ensemble de la nappe pour la production d'eau
potable, à moins de traitements adaptés (cas ces pollutions agricoles par pesticides).
c) Pollutions historiques
De nombreuses zones polluées l'ont été à une époque où les préoccupations environnementales étaient
inconnues ou sommaires: pollution par les terrils de mines, les décharges non contrôlées...

Origine de la pollution

* origine domestique
Dans le cas d'un assainissement, collectif ou individuel, défectueux, des substances indésirables
contenues dans les eaux vannes et les eaux ménagères peuvent être transférées à la nappe (matières
organiques, détergents, solvants, antibiotiques, micro-organismes...). Le cas se produit avec les puits
perdus, l'assainissement individuel avec infiltration dans le sol mal conçue ou mal dimensionnée, les
stations d'épuration urbaines surchargées... Les ordures ménagères accumulées dans des décharges
sauvages ou non mises à la norme (cas de la décharge d’Akouédo) libèrent également des lixiviats
riches en polluants.
* origine industrielle
Les polluants d'origine industrielle sont trés variés selon le type d'activité: substances organiques
banales, produits organiques de synthèse, hydrocarbures, sels minéraux, métaux lourds...Les
pollutions sont exceptionnelles mais encore trop souvent chroniques (fuite de réservoirs, de
canalisations...) Un cas particulier est celui des exploitations minières. L'extraction des granulats en
plaine alluviale met en contact l'eau de la nappe avec les polluants éventuels.

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* origine agricole
La pollution est étendue dans l'espace et dans le temps; elle est chronique et concerne de grandes
surfaces. En effet, les pratiques actuelles des cultures et de l'élevage influencent fortement le régime et
la qualité des eaux. L'utilisation massive des engrais et des produits chimiques de traitement des
plantes détruit la vie dans les rivières et rend impropres à la consommation humaine, et parfois
animale, les eaux superficielles et souterraines. Le transfert des engrais et pesticides à la nappe se fait
soit par infiltration sur l'ensemble de la surface cultivée, soit par rejet dans des puits perdus, des
gouffres et bétoires. La pratique de l'irrigation accélère le transfert.
Les élevages intensifs de porcs, bovins et volailles produisent une grande quantité de déjections
azotées qui doit être stockées en réservoirs étanches avant d'être utilisée comme engrais (ou comme
aliments...).
* origine urbaine et routière
En ville, on trouve, en plus des polluants de la voirie, la contamination possible des nappes par les
eaux usées (raccordement incomplet ou défectueux, mauvais état des réseaux, surcharge ou mauvais
fonctionnement des Stations d'épuration, en particulier absence de traitement tertiaire) par les fuites de
cuves de carburants (essence, fioule), par les cimetières.
L'imperméabilisation des surfaces (routes, rues, parkings, toits) produit une forte quantité d'eau de
ruissellement chargée en produits polluants divers (hydrocarbures, déjections d'animaux...) Ces eaux
pluviales polluées ne doivent en aucun cas être transférées à la nappe.
* injection de produits toxiques dans le sous-sol
Cette méthode est utilisée aux U.S.A. pour se débarasser de produits indésirables. Les risques de
pollution des nappes profondes sont grands. En France, la méthode d'injection n'est utilisée que pour
stocker le gaz.

7.3. Les impacts de l’activité minière sur les eaux souterraines

Les nappes libres sont les plus exposées à la pollution: les polluants d'origine superficielle peuvent
diffuser librement dans le sol et la zone non saturée jusqu'au niveau piézométrique; d'autre part, la
fluctuation verticale saisonnière du niveau piézométrique aboutit à 'rincer' les particules de la zone
non saturée et entraîner les substances qui y sont adsorbées. Les nappes captives en revanche sont
mieux protégées par les couches imperméables qui les surmontent. Leur alimentation en eau
superficielle est plus circonscrite, donc plus aisée à protéger. Leur pollution apparaît lorsque le niveau
protecteur imperméable est percé par un ouvrage (ancien forage, fouille profonde...).
Les activités minières comprennent l'aménagement des mines, leur exploitation, mais aussi les
procédés de traitement des minéraux extraits pour les purifier ou les transformer.

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7.3.1. Recherche de gisement
L'exploration et la prospection sont les procédés de recherche de gisements de minéraux.
Globalement, les activités qui y sont liées et qui peuvent être dommageables pour l'environnement, et
plus spécialement pour l'eau, sont la création des accès, chemins, puits, tunnels et les tests effectués.
Elles peuvent en effet provoquer une érosion importante ou bien rejeter dans le milieu des produits
polluants.
7.3.1. Mines souterraines et à ciel ouvert
En creusant la mine, les conditions d'écoulement des eaux superficielles et souterraines sont
modifiées. Ainsi, les eaux superficielles peuvent par exemple pénétrer dans la mine, alors qu'elles
s'écoulaient superficiellement auparavant.
Les écoulements sont modifiés. En passant, l'eau peut se charger en minéraux et polluer d'autres eaux
superficielles ou les eaux souterraines.
De plus, l'exploitation de la mine génère des eaux très polluées qui s'infiltrent également et dégrade la
qualité des nappes phréatiques.
7.3.1. Extraction minière
Il y’a trois types d’impacts provenant de l’exploitation minière qui affecte la qualité de l’eau.

a) Drainage minier acide


Le Drainage Rocheux Acide (DRA) est un processus naturel où l’acide sulfurique est produit lorsque
le sulfure dans les roches est exposé à l’air et l’eau. Le Drainage Minier Acide (DMA) est
pratiquement le même processus mais amplifié. Quand de grande quantité de roche contenant du
sulfure sont creusée dans des fosses ouvertes, les roches réagisses avec l’eau et l’oxygène ce qui crée
l’acide sulfurique. Lorsque l’eau atteint un certain niveau d’acidité un type naturel de bactérie
Thiobacillus ferroxidans peut aider le processus d’oxydation et d’acidification filtrant plus de métaux
dans les déchets. L’acide filtrera tant que la roche sera exposée à l’air et l’eau jusqu'à ce que le sulfure
soit entièrement filtré dans la roche. Ce processus peut durer des centaines même des milliers
d’années. L’acide se déplace hors des sites des mines grâce à l’eau de pluie ou le drainage et s’infiltre
dans les eaux souterraines. Le DMA dégrade sérieusement la qualité de l’eau, détruit la vie aquatique
et rend l’eau pratiquement inutilisable.
b) Contamination par le métal et filtration
La contamination par les métaux est causée par l’arsenic, le cobalt, le cuivre, le cadmium, le plomb,
l’argent et le zinc contenu dans la roche exposée dans des mines souterraines lorsqu’elles sont en
contact avec l’eau. Les métaux sont filtrés et l’eau qui se déplace en aval nettoie le dessus des roches.
Les métaux peuvent devenirs stables lorsque le taux de pH est neutre. Elle peut également provenir de
la lixiviation des déchets solides ménagers. Des métaux ne produisent que des inconvénients d'aspect

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ou de goût (Fer, zinc, manganèse...); l'eau doit être traitée pour être potable, ou utilisée en l'état pour
d'autres usages. Les métaux lourds, comme le Mercure, le Cadmium, le Plomb, le Chrome, sont
toxiques et rendent l'eau inutilisable. Par contre, le processus de filtration est accéléré lorsque le taux
de pH est bas comme lors du drainage minier acide (DMA).
c) Pollution par les produits chimiques
Ce type de pollution arrive quand les agents chimiques (comme le cyanure ou l’acide sulfurique est
utilisé pour séparer le minéral du minerai) se déversent ou se filtrent dans des étendues d’eau voisine
ou dans les eaux souterraines.

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