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Département de Biologie 3 ème année Océanologie

Introduction :
Dans ce cours sont présentées les connaissances de base sur lesquelles repose
l'enseignement de l'océanographie chimique ou la chimie des écosystèmes marins.

L’océanographie :
C’est l’étude scientifique des océans. Cette discipline a la particularité d’être à cheval sur
plusieurs domaines, on distingue en effet l’océanographie physique, biologique, chimique et
géologique, mais on retrouve souvent des interactions très fortes entre ces différents
domaines.

Figure 1 : Résumé sur la structure de l’océanographie

1. La planète terre en chiffres :


La terre à la forme d'un sphéroïde, c'est à dire d'une sphère aplatie aux pôles et renflée
à l'équateur. Ces déformations liées à la rotation sont faibles et la forme de la terre est très
voisine de celle d'une sphère.
Les dimensions de la terre sont les suivantes :

Rayon équatorial : 6378 km


Rayon polaire : 6357 km
Surface : 510 millions de km²
Volume : 1083 milliards de km3

Figure 2 : Océan Atlantique le 16/09/96 9:00 UTC


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2. Répartition des terres et des mers


La surface de la terre est occupée à 71% par des océans. Il y a 2,45 fois plus de mer
que de terre.
La répartition des terres et des mers est inégale et singulière. Cette répartition est
antipodale ou apolaire, l'océan glacial arctique s'oppose au continent antarctique et la masse
continentale Eurasie + Afrique s'oppose à l'océan Pacifique. En fait, toute saillie qui émerge
au dessus de la surface des océans a 19 chances sur 20 d'avoir un creux pour point
diamétralement opposé.
Les masses terrestres sont en grande partie concentrées dans l'hémisphère nord. Hémisphère
nord : 61% de mer, hémisphère sud : 81 % de mer. Cette disparité dans la répartition devient
encore plus évidente si l'on place la terre sur un axe Nord-Sud passant par l'Ouest de la France
vers l'embouchure de la Vilaine et le Sud Est de la Nouvelle-Zélande. On a alors un
hémisphère continental qui comprend 80% de la masse terrestre globale.

Fig. 3.1 : Hémisphère continental Fig. 3.1 : Hémisphère maritime

La hauteur de la surface terrestre est comprise entre une altitude de 8848 m (Everest)
et une profondeur de 11022 m (fosse de Mariana au Nord-Ouest de l'océan Pacifique). La
profondeur moyenne des océans est d'environ 3800 m. L'altitude moyenne des terres
émergées est de 840 m.
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I. Constituant inorganiques (minéraux) dissous de l’eau de mer :

1. Constituants majeurs :
Après refroidissement de la terre, atmosphère et hydrosphère, se seraient formées à partir
des gaz et de la vapeur d’eau provenant des couches sous-jacentes (croûte et manteau
terrestre), les éléments alcalins et alcalino-terreux (principaux cations : Na+, K+, Mg++, Ca++)
proviendraient du lessivage de la croûte terrestre primitive. Tandis que les éléments volatils
(halogènes, azote, soufre, bore) proviendraient d’un dégazage à l’intérieur du globe.
L’océan a constitué depuis environ 1 milliard d’années un milieu de composition
chimique originale, qui n’aurait évolué que lentement par la suite des apports et des retraits de
matières. Les apports au milieu marin les plus faciles à identifier, sont les éléments dissous
dans les eaux de rivières.
En faisant une simple comparaison entre l’importance de ces apports et celle du stock
présent dans l’océan mondial, il apparaît qu’on ne peut s’attendre à une évolution perceptible
à l’échelle de 10 siècles. Des processus régulateurs compensent la quasi-totalité des apports.
Ainsi les eaux de mer sont pratiquement saturées en carbonates de calcium et le supplément
apporté par les fleuves est rapidement éliminé par précipitation chimique ou utilisation par les
êtres vivants marins.
Selon DITTMAR, la composition chimique d'une eau de mer est constante. D’autres
admettent qu’il y a une certaine variation de la composition chimique de l’eau de mer au
cours des temps géologiques (Perthuisot, 1980).
Les éléments majeurs sont ceux, dont la présence dans l'eau de mer, modifient certaines
propriétés (densité, salinité, compressibilité, point de congélation, température du maximum
de densité). On donne dans le tableau 1 suivant la composition d'une eau de mer contenant à
35 g de sel par kg d'eau de mer :

Tableau 1 : Concentration des principales espèces chimiques présentes dans une eau de mer
de salinité 35‰ (eau 964,85g). D’après Olivier Le Calvé 2002.
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Le PH de cette solution est voisin de 8,2 (légèrement alcalin). Les gaz dissous sont
constitués à 64% d'azote et 34% d'oxygène. Les concentrations diminuent quand la
température et la salinité augmentent. La proportion de CO2 est 60 plus forte dans la mer que
dans l'air (1,8% au lieu de 0,03%). L'océan apparaît donc comme un régulateur de la teneur en
CO2 de l'atmosphère.

2. Les oligoéléments :
Certains éléments traces ou oligo-éléments considérés comme catalyseurs biochimiques se
trouvent parfois à des concentrations insuffisantes dans l’eau de mer et peuvent par
conséquent limiter le développement des organismes exigeant pour ce type d’éléments. On
peut donner le fer, le cuivre et le manganèse qui peuvent constituer des facteurs limitant la
croissance des organismes phytoplanctoniques.

 Le Fer : il existe en faible concentration en mer, environ 0,2 à 1000 μg/l, il peut se
trouver sous deux formes, l’une ioniques soluble et l’autre colloïdale qui a tendance à
se précipiter.

 Le Cuivre : la teneur du cuivre dans l’eau de mer est plus faible que celle du fer,
environ 0,2 à 30 μg/l. Il peut être nocif à des concentrations de l’ordre de 1000 μg/l. Il
entre dans la composition de l’hémocyanine, de divers enzymes et chloroplastes.

 Le Manganèse : sa concentration en eau de mer est inférieure à celle du Cuivre et du


Fer, de l’ordre de 0,2 à 10 μg/l. La plus grande proportion du (Mn) se trouve à l’état
colloïdal, constituant des nodules Ferro-manganiques et sédiment sur les fonds marins.
L’exploitation de ces nodules a fait l’objet de plusieurs tentatives.

Tableau 2 : Concentrations des principaux éléments traces


(Oligoéléments) présents en mer, d’après Ivanaoff (1972)

Eléments Concentrations
Fer 0 à 1000 μg/l
Zinc 1 à 50 μg/l
Cuivre 0,2 à 30 μg/l
Vanadium 2 à 3 μg/l
Manganèse 0,2 à 10 μg/l
Cobalt 0,1 μg/l
Aluminium 0 à 10 μg/l
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3. Composition ionique des eaux continentales :


La composition ionique des eaux continentales diffère notablement, quantitativement et
qualitativement de celle de l’eau de mer. Les fleuves sont d’une minéralisation faible, soit
environ 1 mg/l. Ils ont une composition variable, dépendant de la nature des soles lessivés,
mais les ions bicarbonates (HCO3 -) et le calcium (Ca+2) sont dominant tout le temps en raison,
d’une part de la présence du (Ca+2) sur presque toutes les roches et particulièrement les roches
sédimentaires dont la dégradation est facile et, d’autre part l’abondance des bicarbonates
résulte de l’attaque des roches par les eaux de pluies chargées en (CO2).
Les lacs et les mers ont une composition minérale très variable en rapport avec leur origine et
leur régime hydrologique.

Tableau 3 : Composition moyenne des eaux des continents (mg/l) d’après Meybeck (1979).
On notera que ces variations observées d’un continent à l’autre, résultent des climats et des
reliefs différents. Les roches sédimentaires, par exemple, abondent en Amérique du Nord et
en Europe, alors que les roches cristallines sont plus fréquentes en Afrique et en Amérique du
Sud.

Continents SiO2 Ca+2 Mg+2 Na+ K+ Cl- SO4-2 HCO3- Total


Afrique 12 5,25 2,15 3,8 1,4 3,35 3,35 26,7 57,8
A. latine 10,3 6,3 1,4 3,3 1 4,1 3,5 24,4 64,3
A nord 7,2 20,1 4,9 6,45 1,5 7 14,9 71,4 133,4
Asie 11 16,6 4,3 6,6 1,55 7,6 9,7 66,2 123,5
Europe 6,8 24,2 5,2 3,15 1,05 4,65 15,1 80,1 140,2
Océanie 16,5 15 30,8 7 1,05 5,9 6,5 65,1 120,6

Les lacs endoréique sont plus salés que les lacs exoréique, ceux ci ont une composition
minérale très semblable à celle des cours d’eau. Les lacs exoréiques, existent dans les régions
à forte pluviométrie, ils se remplissent et exportent continuellement une partie de leur eau à la
mer, il n’y a pas d’accumulation de sels terrestre. Au contraire les lacs endoréiques se
trouvent dans les régions à faible pluviométrie, il n’y a pas exportation de sels terrestres qui
ont tendance à s’accumuler d’ou la forte salinité enregistrée.

4. Précipitation des espèces chimiques :


Dans le langage courant, ont dit que l’eau de mer contient du sel (chlorure de sodium,
sulfate de magnésium, carbonates de calcium etc.), ceci n’est pas tout à fait vrais puisque
l’eau de mer est une solution électrolytique contenant un mélange d’ions de signes opposés
nettement individualisés. Pour constituer des sels (association rigide entre cations et ions à
l’intérieur d’un réseau cristallin) il faut exposer l’eau de mer à la chaleur ou une dessiccation.
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Les précipitations d’espèces ioniques en solutions telles que (Ax+ + By-) pour constituer la
formule solide (AmBn) selon la réaction (mAx+ + nBy-→ AmBn) obéissent à la loi du produit de
solubilité.
(Ax+)m + (By-)n = Ks
Si dans une solution, la concentration devient telle que le produit ionique de deux ions
dépasse la valeur de solubilité du sel correspondant (Ks) celui-ci précipite.
Les diverses combinaisons, entre deux ou plusieurs constituants de l’eau de mer, permettent
d’envisager la formation d’un nombre considérable de phases solides (sels). Plus de 50
minéraux sont répertoriés dans les roches salines ayant pris naissance lors de l’évaporation de
l’eau de mer, on y trouve des associations simples anion-cation, halite (NaCl), Sylvine (KCl),
calcite (CaCO3) etc. Des minéraux correspondant à divers états d’hydratation, anhydrite
(CaSO4), gypse (CaSO4, H2O) etc.
Il existe d’autre part des associations polyioniques telle que la polyhalite : (2Ca SO4, Mg SO4,
K2 SO4, 2 H2O).
Les phosphates précipitent et sédimentent en partie sur les fonds marins et forment des
nodules telle que l’apatite Ca5 (FCl, OH) (PO4)3.
Le manganèse précipite et forme des nodules pouvant atteindre 1m de diamètre. Ces nodules
manganiques proviennent essentiellement des volcans, elles sont constituées d’une dizaine de
minéraux : carbonates de magnésium, oxyde de fer et de manganèse, sulfates de calcium
(Ca SO4), alumine (Al2O3), phosphate de calcium [Ca3(PO4)2] etc.

5. Notion de salinité :
C'est le caractère essentiel de l'eau de mer. L'océan contient en moyenne 35g de sel par
kilo d'eau de mer. Si on considère le volume total de l'océan (1370 millions de km 3) cela
représente 48 millions de milliards de tonnes de sel, soit 95 tonnes par m² sur le globe entier,
ou 320 tonnes par m² sur les parties émergées.
La présence de sel dans l'eau modifie certaines propriétés (densité, compressibilité, point
de congélation, température du maximum de densité). D'autres (viscosité, absorption de la
lumière) ne sont pas influencées de manière significative. Enfin certaines sont essentiellement
déterminées par la quantité de sel dans l'eau (conductivité, pression osmotique).
Le chlorure de sodium (Na Cl) n'est qu'un des très nombreux sels composant la solution.
On a décelé dans l'eau de mer 60 des 92 corps simples existant à l'état naturel. Certains n'ont
peut-être pas encore étés découverts, car ils existeraient en trop faible quantité. En effet
certains corps ne sont décelables qu'après avoir été concentrés par des organismes marins
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ayant un pouvoir de concentration de 103 à 107, citons par exemple le cobalt (homards et
moules), le nickel (certains mollusques), le plomb (cendres d'organismes marins).
Un aspect important de l'eau de mer est que si la concentration totale des sels dissous varie
en fonction du lieu, la proportion des composants les plus importants reste à peu près
constante. Cela tend à prouver que sur une échelle de temps géologique, les océans ont été
bien mélangés, c'est à dire que malgré les circulations particulières à chaque océan, l'eau
circule entre les différents océans.

6. Définition de la salinité :
Il n'existe pas une mais plusieurs définitions de la salinité : une définition purement
théorique et plusieurs définitions pratiques, liées aux méthodes de mesure.

Définition théorique :

La salinité est la quantité totale des résidus solides (en grammes) contenu dans
1 kg d'eau de mer, quand tous les carbonates ont été transformés en oxydes, le
brome et l'iode remplacé par le chlore et que toute la matière organique a été
oxydée.

Il est très difficile d'estimer la salinité par analyse chimique directe (séchage et pesée du
résidu solide), car certains corps présents, notamment les chlorures, s'échappent au cours du
dernier stade de séchage. On utilise le fait (déjà mentionné) que, dans l'eau de mer, les
proportions relatives des principaux constituants sont pratiquement constantes. Le dosage de
l'un d'entre eux est donc susceptible de donner la teneur de tous les autres, ainsi que la
salinité. Les ions du chlore, brome et iode peuvent aisément être dosés, avec précision, par
titrage au nitrate d'argent.
Actuellement avec l’avancée technologique il existe des sondes (salinomètres) à base de
cathodes qui permettent de mesurer avec une certaine précision la salinité d’une eau
quelconque.
Depuis l'introduction de l'échelle pratique de salinité, la salinité n'est plus définie comme
un rapport de masse et s'exprime sans unité (comme par exemple le pH). On trouve encore
dans la littérature des valeurs de salinité exprimées en o/oo ou en g/kg ou encore en psu
(practical salinity unit).
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7. Définition pratique de la Salinité et relation avec la Chlorinité :


La relation entre la salinité et la Chlorinité a été définie en 1902 à partir de nombreuses
mesures de laboratoires sur des échantillons provenant de toutes les mers du globe. La
Chlorinité étant la quantité (en g/kg) d'ions chlore, brome et iode qui tout trois sont précipités
lors du titrage au nitrate d'argent.

S = 0,03 + 1,805 Cl      S salinité (°/oo), Cl Chlorinité (°/oo).

Un inconvénient majeur est que cette formule donne une salinité de 0,03°/oo pour une
Chlorinité nulle. L'UNESCO a donc proposé en 1969 une nouvelle formule définissant ce
qu'on appelle la salinité absolue :

S = 1,80655 Cl

Ces définitions ont été revues quand de nouvelles techniques permettant de déterminer
la salinité à partir de mesure de conductivité, température et pression, furent développées.
Depuis 1978 l'échelle pratique de salinité définie la salinité en termes de rapport de
conductivité :

La salinité pratique (symbole S), d'un échantillon d'eau de mer, est définie en fonction
du rapport K de la conductivité électrique de cet échantillon d'eau de mer à 15°C et à
la pression atmosphérique normale, et de celle d'une solution de chlorure de potassium
dans laquelle la fraction en masse de KCl est 0,0324356, à la même température et
même pression. Une valeur de K égale à 1 correspond par définition à une salinité
pratique égale à 35 (sans unité). La formule correspondante est :

S = 0,0080 -0,1692 K1/2 + 25,3853 K + 14,0941 K3/2 - 7,0261 K2 + 2,7081 K5/2

On peut trouver quelques différences entre toutes ces définitions, mais elles sont en
général négligeables. Par contre dans le cas où la composition de l'eau de mer n'est pas
"standard", (par exemple à proximité des fleuves) seule l'analyse chimique (séchage et pesée)
donne un résultat valable.
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8. Répartitions et variations de la Salinité :


Salinité de Surface :
La répartition de la salinité en surface (figure 4) est moins zonale que celle des
températures. Le premier facteur qui détermine la salinité est le bilan évaporation -
précipitation (forte influence des climats continentaux). Ainsi, les effets de la très forte
évaporation au niveau des anticyclones subtropicaux (comme l’anticyclone des Acores)
apparaissent nettement dans la distribution de salinité de surface. Inversement, les
précipitations abondantes de la région équatoriale font que la salinité est faible au voisinage
de l’équateur. D’autres phénomènes ont des effets visibles, comme l’apport des grands
fleuves, en particulier dans l’océan atlantique, qui reçoit les eaux des plus grands fleuves de la
planète (Amazone, Niger, Congo).

Figure 4 : Salinité en surface. Moyenne annuelle.

Les variations annuelles de la salinité des océans sont faibles, sauf localement, dans les
régions ayant un climat alternant de fortes précipitations et une période sèche (exemple : les
moussons de l’océan Indien).
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Evolution de la salinité avec la profondeur :


Les variations de la salinité dans tout l’océan sont
relativement faibles, elles ont donc moins d’effet sur la
densité. La salinité peut suivre n’importe quelle évolution.
Dans les régions équatoriales, tropicales et subtropicales, on
observe un minimum de salinité à une profondeur comprise
entre 600 et 1000 m, aux grandes latitudes, la salinité est
faible en surface et croît avec la profondeur (figure 5).

Figure 5 : moyennes annuelles des salinités en fonction de


la profondeur. (a) région polaire, (b) région tempérée, (c)
région tropicale.
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II. Gaz dissous dans l’eau de mer :

1. Dissolution des gaz atmosphériques dans l’eau de mer :


Dans les conditions d’équilibre avec l’atmosphère, chacun des gaz atmosphériques :
Azote, Oxygène, Argon, gaz carbonique, se trouvent dissous dans l’eau de mer à des
concentrations inférieurs à 10-3 mole/Kg.
De ce fait, ils obéissent à la loi des solutions diluées, dite lois de Henry.
Pg=KCg, où Pg est la pression partielle en équilibre avec le liquide, et Cg est la concentration
du gaz dissous dans le liquide.
Le coefficient de proportionnalité K, est un coefficient de saturation qui dépend du gaz
considéré, de la température et de la salinité. Le gaz carbonique obéit à l’inverse, à la loi
d’action des masses et non à la loi de Henry, car il réagit avec l’eau pour donner l’acide
carbonique (H2CO3), qui à son tour se trouve en équilibre avec les bicarbonates.

Tableau 4 : Teneurs en Azote, Oxygène, Argon et gaz carbonique (en mg/l) dans les
conditions normales de l’eau distillée (ED) et de l’eau de mer (EM) de salinité 35‰.

0° C 10° C 20° C 30° C


EM ED EM ED EM ED EM ED
Azote 14,20 18,30 11,45 14,40 9,60 11,90 8,20 10,10
Oxygène 8,05 10,23 6,32 7,88 5,20 6,40 4,35 5,30
Argon 0,40 0,52 0,30 0,40 0,25 0,33 0,21 0,28
Gaz carbonique 0,44 0,51 0,30 0,36 0,24 0,26 0,18 0,20

On remarquera d’une part que, la solubilité des divers gaz décroît lorsque la
température augmente et, d’autre part, la solubilité est plus faible dans l’eau de mer par
rapport à l’eau distillée.

2. L’Oxygène :
L’origine de l’oxygène dissous est essentiellement biologique, c’est-à-dire le produit de
l’activité photosynthétique.

Photosynthèse
6 CO2 + 6 H2O + 67n Kcal C6H12O6 + 6 O2
Respiration

C’est le phytoplancton qui est le premier responsable de la production d’oxygène en


mer. La respiration animale utilise cet oxygène et à moindre degré la respiration végétale
nocturne.
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10
Ainsi les variations diurnes de l’oxygène 9
8
dissous dans l’eau de mer sont 7
6
sensiblement liées à l’intensité de la 5
photosynthèse te la respiration. 4
3
2
1
0
0 6 12 16 18 0

La teneur en O2 de l’eau est influencée par quatre facteurs importants : les facteurs
physiques (la température et la salinité), les facteurs biologiques (végétation émergée,
oxydation des déchets, et respiration), les facteurs mécaniques (l’agitation de l’eau ramène
l’oxygène à saturation) et les facteurs chimiques représentés par la pollution.

Figure 7 : Schéma représentatif des mécanismes de diffusion des gaz atmosphériques dans
l’eau de mer (cycle de l’eau pénétration de la lumière, vagues, courants de fonds etc.)
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a) Les facteurs physiques :


Le taux d’oxygène dissous et une fonction inverse de la température et de la salinité,
mais augmente avec la pression pour une température donnée. L’eau peut dissoudre un taux
fixe d’oxygène appelé taux de saturation. Cependant, dans la nature, ce taux n’est pas toujours
atteint ou peut être exceptionnellement dépassé. Ainsi une augmentation brutale de la
température, peut maintenir momentanément le taux d’O2 à la saturation, à la température
initiale, donc en sursaturation par rapport à la nouvelle température. La saturation se rétablit
peu à peu par diffusion de l’O 2 vers l’atmosphère : apparition de bulles sous les objets
immergés.
b) Les facteurs biologiques :
Durant le jour, la production de l’oxygène est prédominante. Une saturation de l’eau
peut être alors observée, en particulier en début d’après midi.
Dans les zones eutrophiques, des développements intenses du phytoplancton, engendre
des saturations allant de 150 à 200%. Pendant la nuit, la respiration prend le relais et le taux
d'O2 dissous diminue relativement. S’ajoute à cela, la dégradation bactérienne des détritus,
laquelle consomme énormément d’O2 à raison de 1g d’O2 /kg de matière sèche.

c) Les facteurs mécaniques :


Les facteurs mécaniques (agitation par les courants, houle, vague, tempêtes etc.)
tendent à relever le taux d’O2 au maximum jusqu'à la saturation. Le principe de leur action est
l’augmentation de la surface de contacte avec l’air, ou entre masses d’eaux, qui permettent
une diffusion plus intense de l’O2 de l’air vers l’eau vers les masses d’eau les moins
oxygénées.

d) Mesure de l’oxygène dissous :


Pour la mesure de l’oxygène dissous la méthode de Winkler est la plus connue. Elle est
basée sur l’oxydation du Mn++ par l’oxygène de l’eau et le dosage de la quantité de ce produit
qui a été oxydé. La méthode est amplement détaillée dans le manuel de Chaussepied et
Aminot (1983), celui de Parsons et al. (1989) et celui de Rodier et al. (1998)
D’autres méthodes électriques peuvent être mentionnées, il s’agit de plusieurs types
d’oxymètres qui peuvent détecter des teneurs en O2 au 0,1 mg/l prés, avec un principal
inconvénient, un prix excessivement élevé.
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e) Distribution verticale de l’oxygène dissous :


Les eaux superficielles sont très riches en O2 en raison de l’activité photosynthétique, la
teneur en O2 varie entre 8 mg/l dans les eaux froides (hautes latitudes) et 4,5 mg/l dans les
eaux chaudes au voisinage de l’équateur (basses latitudes). Tandis que dans les eaux
profondes, la teneur en O2 dépend de la circulation. Ainsi les zones de remontées sont très
riches en O2, tandis que les eaux calmes ne favorisent pas la dissolution de l’O2.
Les milieux saumâtres, sont souvent hypoxiques en particulier en été, en raison de la
dominance du métabolisme anaérobie, engendré lui même par l’accumulation excessive de la
matière organique (détritus). Des crises dystrophiques estivales peuvent apparaître par la suite
de la chute de la teneur en O 2 et causent ainsi souvent de mortalités en masse de la faune
exploitée.
Un renouvellement d’eau (artificiel ou naturel) peut améliorer l’oxydation du milieu et
permet une meilleure circulation de la matière organique et les transferts énergétiques
associés.
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3. Le système gaz Carbonique - Bicarbonates - Carbonates : CO2 – HCO3- - CO3--


La fraction du gaz carbonique (CO2) est constante dans l’air, elle est de l’ordre de 0,03%.
Au contacte de l’eau de mer il se dissout jusqu'à ce que la pression partielle du CO 2 dans l’eau
soit égale à sa pression partielle dans l’air (PCO2 = 0,03 x 760mm Hg = 0,22mm Hg ou 30 x
10-5 atm).

Le CO2 réagit avec l’eau de mer et forme l’acide carbonique (H2CO3) selon la formule
suivante : CO2 + H2O H2CO3
A l’équilibre H2CO3 est 1000 fois moins important que le (CO 2). L’ionisation de cet acide
donne des ions carbonates :

H2CO3 HCO3- + H+ (1).

H   HCO 
3
En fonction de la loi d’action des masses :  K1 (2).
H 2 CO 3

H   HCO 
3
Soit '
 K1 (3). Puisque (H2CO3) est proportionnel à la quantité de (CO 2) dissoute
α ( PCO 2)

dans l’eau de mer. Il y a donc une liaison triangulaire entre (H+), (HCO3-) et α(PCO2). La
variation de l’une de ces composantes conduit à une modification de la teneur des deux autres.
Selon la formule (3) on peut remarquer que la (PCO2) diminue rapidement en fonction inverse
du pH, puisque (H+) est liée au pH [pH = -Log (H+)].

PCO2 en mol. 10-5. l-1

250

200 CO2 en mol. 10-5. l-1

100

PCO2 atm. 10-5

7,4 7,6 7,8 8 8,2 8,4 8,6


pH
Eau de mer : Salinité 35‰, 15°C

Figure 8 : Variation du pH en fonction de la pression en (CO2), d’après Copin-Motegut, in


Bougis et al. (1989).
Les ions bicarbonates sont en équilibre avec les ions carbonates, et on a alors :
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CO2 + H2O H2CO3 HCO3- + H+ CO3-2+ H+


CO2

H2O + CO2 aqueux H2CO3 HCO3- + H+ CO3-2 + H+


+ Ca+2

+ OH-
CaCO3
D’une manière générale, d’une part, il y a une étroite relation entre la (PCO2) et la
formation des bicarbonates, puisque la concentration en (H+) est liée au pH. D’autre part, le
pH augmente avec la diminution de la (PCO2) et diminue à l’inverse lorsqu’il y a apport en
(CO2).
Ainsi, une augmentation du (CO2) dans l’eau, par respiration ou oxydation de la matière
organique, entraîne une diminution du pH et une transformation des bicarbonates, puis une
précipitation des carbonates et formation de (CaCO 3). L’équilibre de la réaction précédente se
déplace alors vers la gauche.
A l’inverse, une diminution de la (PCO2), par l’activité photosynthétique, entraîne une
augmentation du pH, et par conséquent, une transformation des bicarbonates en carbonates.
Les carbonates entraînent par hydrolyse, une augmentation du pH et donc une formation du
(CO2) à partir des bicarbonates, dans ce cas la réaction se déplace à droite.

4. Le pH des eaux marines :


Les eaux marines sont caractérisées par un pH légèrement alcalin, qui variant entre 7,5 et
8,3. L’action de la température et de la pression sur les constantes de dissociation de l’acide
carbonique, peut modifier notablement le pH.
Dans les zones à forte activité photosynthétique,
O
le pH s’élève
pH jusqu’à 8,9. Dans les
2

couches profondes obscures, le pH est bas


2 en raison de la8 production
4 7,9 8,1 8,2 du (CO 2) par la
0m
respiration. Le pH peut atteindre des valeurs de l’ordre de 7,5 dans les zones riches en matière
organiques, anoxiques. Mais généralement le pH augmente avec la teneur en (O 2) dans les
eaux profondes. Cette augmentation est toutefois modérée par la pression élevée à ce niveau.
1000

2000

3000

4000
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Figure 10 : Répartition verticale du pH et de l’O2 dissous dans l’océan pacifique au


niveau de l’équateur à 130°W, en 1964 d’après Ivanoff (1972).

5. Alcalinité ou réserve alcaline :


En pratique, on mesure la quantité d’acide fort qu’il faut ajouter à l’échantillon d’eau de
mer pour amener le pH à la neutralité (7). Cette quantité est :
[A] = [HCO3-] + [CO3--] + [H2BO3-] + [OH-] - [H+] exprimée en m.eq.g.l-1 (equiva-gramme =
molécule gr * valence).
Mais généralement cette quantité dépend de la Chlorinité et le rapport [A]/Cl‰ est très peu
variable (alcalinité spécifique). Ce rapport varie entre 0,12 et 0,133. Cependant, il est à
remarquer que les variations de l’alcalinité spécifique suivent sensiblement celle du rapport
[Ca++/Cl‰]. Autrement dit, les variations de la réserve alcaline dépendent essentiellement de
la teneur en CaCO3. Les chimistes ont établi une relation linéaire :

[Ca++] = [A]/2 + 0,465 Chlorinité.

D’autre part, la production du CO2 fait augmenter la solubilité des CaCO3 et entraîne, par
conséquent, une augmentation de la réserve alcaline.

6. Dissolution et précipitation des carbonates :


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Les eaux naturelles, contiennent des ions Ca+2 et des ions carbonates CO3-2 ; les teneurs des
ces ions, sont obligatoirement limités par le produit de la solubilité du carbonate de calcium.
Ce produit correspond à la constante thermodynamique de l’équilibre :

CaCO3 Ca+2 + CO3-2 avec K3 = [Ca+2] [CO3-2-].

Si dans une solution, on augmente la concentration des ions Ca +2 (par addition d’un sel
soluble tel que le CaCl2) ou celle des ions CO3-2 (par déplacement du système des
bicarbonates), le produit ionique [Ca+2] [CO3-2] va augmenter tout d’abord jusqu'à ce que la
valeur du produit de solubilité soit atteint. A partir de ce moment là, toute nouvelle
augmentation des teneurs en Ca+2 ou en CO3-2 entraînera la précipitation des carbonates de
calcium de telle manière que le produit soit maintenu constant. Inversement si du CaCO3 est
maintenu en contact d’une solution sous-saturée, il va se dissoudre jusqu'à ce que le produit
ionique atteint la valeur du produit de solubilité.
La précipitation des CaCO3 est favorisée par l’augmentation de la température et de la
salinité, cependant, la diminution de la pression augmente la précipitation CaCO3.
Les eaux marines de surfaces sont généralement sursaturées en CaCO 3, tandis que les eaux
profondes sont très pauvres en CaCO3 à cause de la pression. D’un point de vue biologique, le
comportement du carbonate de calcium en eau de mer, conditionne l’existence et le
développement de plusieurs groupes zoologiques, en particulier les mollusques ainsi que les
coraux et les coccolithophoridés.

7. L’Azote :
L’Azote est très impliqué dans les processus biologiques marins : Fixation par les
bactéries et les algues bleues sous forme moléculaire (N2). La répartition de l’azote est
homogène dans les eaux profondes, mais sa distribution spatiale dans les eaux superficielles
est très variable : de 8,2 à 14 mg/l, selon la température des eaux (tableau 4).

III.Les sels minéraux dissous :


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1. Les composantes inorganiques de l’azote :


1.1. L’azote moléculaire (N2) :
Son origine dans l’eau de mer est l’atmosphère par l’échange air-mer et les nitrates par
leur réduction dans les milieux aquatiques anoxiques ou pauvres en oxygène dissous. La
fixation de l’azote moléculaire par les algues se fait dans les cas extrêmes où les autres formes
de l’azote sont épuisées (NO3-, NO2- et NH4+). Il a été montré que, dans ces conditions (les
zones tropicales, équatoriales…), les algues bleues et vertes sont capable de fixer N 2. Les
bactéries le font aussi, mais d’une façon moindre.

1.2. L’ammonium (NH4 +) :


Dans l’eau de mer il est le résultat de la dégradation des tissus organiques, des excrétions
et de la réduction des nitrates (NO 3-) et des nitrites (NO2-). La dégradation et la décomposition
de l’azote organique pour donner lieu à (NH4+) se font par un mécanisme bactérien appelé
ammonification. La réduction des nitrites en ammonium se fait aussi par un mécanisme
bactérien en milieu anaérobie selon la réaction suivante :

NO2- + H+ + 2H2O NH4 + + OH- + 3/2 O2

La concentration de NH4+ dans l’eau de mer dans les conditions normales varie de 0 à
quelques micromoles par litre.

1.3. Les nitrites (NO2-) :


Les nitrites sont le résultat de l’oxydation de l’ammonium. Cette oxydation est appelée
nitrosation, opérée par des bactéries (Nitrosomonas).

NH4 + + OH- + 3/2 O2 NO2- + H+ + 2H2O

Les nitrites sont aussi le produit de la réduction des nitrates dans les milieux anoxiques ou
pauvres en oxygène dissous. Cette réduction est réalisée par des bactéries anaérobiques, selon
la réaction suivantes :

NO3- NO2- + 1/2 O2


Les excrétions des organismes marins, rejetés contiennent aussi des nitrites.
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La concentration des nitrites dans l’eau de mer varie de 0 à quelques micromoles par litre.
Elle peut dépasser 10 à 20 μmoles/l dans des cas rares. A titre d’exemple prés des côtes
péruviennes où il y a le phénomène de dénitrification : une concentration record de
23 μmoles/l à 24 m de profondeur a été observée par Codispoti et al., (1986)

1.4. Les nitrates (NO3-) :


Les nitrates résultent dans l’eau de mer des nitrites seulement. Cette réaction d’oxydation
est opérée par des bactéries (Nitrobacter), et on parle de nitratation. Les nitrites sont la forme
la plus répondue dans l’océan, ils représentent environ 65% du stock de l’azote océanique, ce
qui correspond à 570x109 tonnes. Leurs concentrations varient de 0 à environ 45 μ moles/l
(> 45 μ moles/l).

1.5. Autres espèces inorganiques de l’azote :


 L’hydroxylamine (NH2OH) et l’Hypochlorite (N2O2-) qui se forme lors de la réduction
des nitrates. Ce sont des formes transitoires.
 Le N2O et le NO dont l’origine est atmosphérique. Ces gaz ont pour source aussi la
réduction des nitrates dans les zones anoxiques.
Ces formes se trouvent dans l’eau de mer en très faibles concentrations et sont sans grande
importance.

2. Cycle de l’azote dans l’océan :


Dans l’étude du cycle de l’azote dans l’eau de mer, une grande importance est donnée aux
nitrates, aux nitrites, à l’ammonium et dans une moindre mesure à l’azote moléculaire (N2).
En effet, la position de ce dernier vis à vis du cycle est encore mal connue.

a) Fixation de l’azote :
On parle de fixation de l’azote quant l’azote moléculaire (N2) est incorporé dans la matière
organique, en se combinant à d’autres éléments ou composés chimiques. La fixation se fait
par des micro-organismes dans le cas ou les autres formes ne seraient pas disponibles.

b) Assimilation de l’azote fixe :


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Les nitrates, les nitrites et l’ammonium sont disponibles dans l’eau de mer de surface (en
faibles quantités), ils sont assimilés par les micro-organismes photo-trophiques pendant la
photosynthèse en présence de la lumière dans la couche euphotique.

NO3- N particulaire

NO3-

NO2-

Temps

Figure 11 : Schéma représentatif de l’utilisation des différentes formes


de l’azote minérale par le phytoplancton en fonction du temps

L’assimilation de l’azote dissous (NO 3-) est en accord avec l’expression de Michaelis-
Menten, utilisée pour l’étude de la cinétique des enzymes. Cette utilisation a la forme
hyperbolique. Elle est donnée par la formule suivante :
V max   S
V Avec, V : vitesse de la réaction enzymatique, S : Concentration du
K m   S
substrat, Km : Constante de la ½ saturation

Vmax

½ Vmax

Km Substrat [S]

L’ordre d’utilisation des différentes formes de l’azote minérale par le phytoplancton


dépend de plusieurs facteurs, notamment les micro-organismes et le niveau de concentration
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des formes disponibles ou encore le type de zone : eutrophe, oligotrophe, estuarienne, etc.
Cependant, d’une manière générale, nous avons l’ordre : Nitrate puis nitrites puis ammonium
puis l’azote moléculaire.

Dans les conditions naturelles normales, deux cas extrêmes peuvent être donnés :

 Situation dans une zone Eutrophique : une zone Eutrophique se caractérise par une
abondance des sels nutritifs (nitrates). Dans ces régions le développement du
phytoplancton est très aisé. La production primaire totale du phytoplancton dans ces
conditions est très importante. Parallèlement, il rejette des nitrites non consommés,
d’ailleurs ces zones sont caractérisées par l’existence d’un maximum significatif en
nitrites. Les zones eutrophe sont caractérisées par une production primaire totale
maximale, une production régénérée minimale et une production nouvelle maximale.

 Situation dans une zone oligotrophique : ce sont des zones pauvres en sels nutritifs.
le développement du phytoplancton, dans ce cas est limité à une subsistance par
manque de substrat chimique nutritionnel. Dans ce cas, le phytoplancton se nourrit
difficilement, surtout sur les nitrites rejetés par son propre organisme. La production
est très faible. Les zones oligotrophes se caractérisent par une production primaire
totale minimale, une production régénère maximale et une production nouvelle
minimale.
Le nitrate absorbé par le phytoplancton, malgré qu’il soit sa forme préférée, est d’abord
convertit en NH4+. Cette conversion s’opère en quatre étapes :

NO3- + 2H+ + 2e- NO2- + H2O


NO2- + 4H+ + 4e- N2O2-+ H2O (formation de l’hyponitrite)
N2O2- + 6H+ + 6e- 2NH2OH (formation de l’hydroxylamine)
2NH2OH + 2H+ + 2e- NH3 + H2O (formation de l’ammoniac)

c) Régénération des nitrates :


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La régénération des nitrates à partir de l’azote organique via l’ammonium et les nitrites est
un processus bactérien qui s’opère en trois étapes successives :

Décomposition Oxydation Oxydation


Azote organique NH4 + NO2- NO3-
Ammonification Nitrosation Nitratation
(Nitrosomonas) (Nitrobacter)

Nitrification

Dénitrification

La décomposition de la matière organique n’est pas totale. Une partie résiste généralement à
l’attaque bactérienne et chute en profondeur sous forme d’humus néobiogéniques. Dans le
sédiment marin, cette fraction continue sa dégradation et sa transformation en matière
minérale. Dans les milieux dépourvus ou pauvres en oxygènes, la transformation de la matière
organique (azote organique) s’arrête au niveau de l’ammonium.

d) La dénitrification (réduction des nitrates)


La dénitrification est un phénomène écologique qui s’opère par un mécanisme bactérien.
Il s’effectue en milieu oxyque et en milieu anoxique.

Eau oxyque : Dans les conditions normales de l’eau de mer, la réduction des nitrates
en nitrite est un phénomène écologique et régulateur suivant la composition chimique
moyenne de l’eau de mer et des micro-organismes dominants dans le milieu in situ. Il
s’opère aussi par le phytoplancton dans les milieux riches en nitrates. Ceci par
l’assimilation intensive des nitrates et l’excrétion des nitrites. Ce phénomène est
beaucoup plus prononcé à des intensités lumineuses faibles (à la base de la zone
euphotique).

Eau anoxique : Dans les eaux pauvres ou dépourvues d’oxygène dissous la


dénitrification prend place et les nitrates seront réduits en libérant les nitrites,
l’ammonium et des gaz tels que N2 et N2O etc. le phénomène est aussi écologique et
s’opère par des bactéries anaérobies. Ces bactéries, par manque d’oxygène, utilisent
les ions NO3- comme capteurs d’électrons au lieu de l’oxygène pour l’oxydation de la
matière organique.
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Critères et conséquences de la dénitrification :


- Eau pauvre ou dépourvue d’oxygène dissous.
- Concentrations élevée en nitrite et la présence d’un maximum profond en
nitrites (pour l’océan Pacifique) qui résulte de la réduction des nitrates.
- Le rapport N/P très perturbé et une mauvaise corrélation entre les nitrates et les
phosphates.
- Le rapport N2/Ar présente des anomalies (Richard et Benson, 1961).
- Dépôt de phosphorites : selon Pier et Codispodi (1975) les zones où il y a des
dépôts de phosphorites sont d’anciennes zones e dénitrification. En effet, ces deux
auteurs trouvent, à l’échelle chronologique de la terre, une bonne corrélation entre les
dépôts de phosphorites et l’extinction de certaines espèces biologiques (Fossiles).

Zones de dénitrification dans l’océan mondiale :


- Les eaux profondes de l’océan Pacifique Nord et Nord Est équatorial qui sont
les plus vieilles.
- Une couche d’eau d’une épaisseur moyenne d’environ 1500 m de large du
golfe d’Aden.
- Les eaux profondes (en dessous de 150 à 200 m de profondeur) de la mer noire.

3. Distribution de l’Azote inorganique Dissous :


3.1. Variations Saisonnières et Spatiales :
Les grandes variations saisonnières des nitrates, des nitrites et de l’ammonium s’observent
dans la couche de surface. Elles sont plus prononcées dans les moyennes et hautes latitudes
surtout prés des côtes.
En été, avec l’activité biologique qui commence en printemps, ces formes d’azote sont
totalement épuisées de la zone euphotique. Avec l’extinction de cette activité biologique en
automne, la régénération commence et se complète en plein hiver. Pendant cette saison le
mélange vertical fait monter les nitrates des eaux profondes. Cette alimentation profonde
cesse dés le printemps avec la stratification thermique de la thermocline. Ceci peut être
différent dans certaines régions où il y a des régimes particuliers :
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Zones d’upwellings permanents où les eaux sont continuellement riches en sels


nutritifs. C’est l’exemple du Nord Ouest de l’Afrique (Mauritanie, Sahara Occidentale,
Sénégal, Sud du Maroc etc.)
Zone d’upwellings saisonniers ou alternatifs. C’est le cas des côtes Somaliennes et des
côtes algériennes.
Zones de hautes latitudes (zones de convergence des eaux) où les eaux sont très riches
en sels nutritifs.
Dans les eaux profondes, la variation de la concentration des nitrates est très faible et ne se
fait qu’à grande échelle de temps. Pour la concentration des nitrates on trouve des différences
remarquables entre les eaux profondes des différents bassins océaniques. Ceci est valable
aussi pour les phosphates, la silice, le carbone dissous etc. Il dépend du temps de résidence,
l’âge relatif des masses d’eaux profondes et de l’importance de l’activité biologique en
surface. D’une manière générale, nous avons la relation suivante :

Mer Méditerranée < Océan Atlantique < Océan Indien < Océan Pacifique.

3.2. Distribution Verticale des Nitrates :


Généralement nulle en surface, la concentration des nitrates augmente progressivement et
rapidement avec la profondeur pour atteindre un maximum au niveau du minimum de
l’oxygène dissous (800-1000 m de profondeur). Dans les eaux profondes, cette concentration
se stabilise.

Nitrates (µmole/l )
Profondeur

0 10 20 30 40
0m

1000 m

2000 m

3000 m
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2. Le Phosphore inorganique dissous dans l’eau de mer :


Le Phosphore dans le l’eau de mer existe sous forme dissoute et particulaire, organique et
inorganique d’un poids totale de l’ordre de 80 à 120 x 10 9 tonnes. Les formes inorganiques
sont représentées essentiellement par les orthophosphates et dans une moindre mesure par les
polyphosphates. Les formes organiques sont représentées par les phospholipides, DNA, RNA,
ATP, etc.

2.1. Le Phosphore inorganique :


Le phosphore minéral dissous dans l’eau de mer se trouve essentiellement sous forme
d’ions orthophosphates. Trois formes ioniques sont présentes. Dans une eau de mer artificielle
(à pH 8 et à T° 25° et une Salinité de 33‰), d’après certains auteurs, on trouve les
orthophosphates avec les proportions suivantes :

H2PO4- HPO4-2 PO4-3


L’abondance relative 1% 87% 12% (Kester et Pytkowiez, 1959)
0,66% 84,5% 14,4% (Dirssen et Wedborg,….)
des différentes formes
ioniques d’orthophosphates est gouvernée essentiellement par le pH. Le phosphore dans les
ions orthophosphates existe dans un seul degré d’oxydation (P+5).

P 1.0_ HPO4- - _1.0


r
o
p
0.8_ _0.8
o
r 0.6_ _0.6
t PO4- - -
i 0.4_ H2PO4- _0.4
o
n 0.2_ _0.2
s
0.0_6 7 8 9 _0.0

H3PO4 pH PO4- - -

Les ions orthophosphates dans l’eau de mer peuvent être complexés par des cations
métalliques ou non métalliques notamment les ions Ca++ et Mg++. Kester et Pytkowiez (1959)
estiment que 99,6% des ions PO4-3 et 44% des ions HPO4-2 sont complexés avec des cations
formant des paires d’ions. De leur côté Dirssen et Wedborg (….) trouvent : MHPO4*= 68,4%,
MHPO4-2 = 16,5%, MHPO4-= 14,4% et PO4-3 = 0,023%, où M est un cation métallique ou
non.
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Ceci peut conduire, dans certains cas, à la formation et la précipitation de certains


minéraux de phosphore. L’apatite (ou sa solution solide) est le principal minéral qui peut se
former et se précipiter à partir de l’eau de mer. La forme chimique principale de l’apatite est :
Ca5 (PO4)3 X
(X= Cl- chloro-apatite, F- fluoro-apatite ou OH- Hydroxyl-apatite).
En solution solide le calcium peut être substitué par le Na, Sr, Mn, Mg, Lanthanides
(terres rares). L’ion orthophosphate quant à lui, il peut être substitué par : CO3-2, SO4-2 ou
SiO4-4. C’est l’exemple de la francolite [Ca5 (PO4,CO3)3(OH)] et de la dahllite [Ca 5
(PO4,CO3)3(F)].

2.2. Assimilation et régénération du phosphore :


Le phosphore lorsqu’il est incorporé dans la matière organique, reste sous forme
d’orthophosphates (PO4-3). Ceci laisse à penser que ces ions retournent très rapidement au
milieu à l’inverse de l’azote.
En revanche, le phosphore minéral s’absorbe très facilement sur les argiles, les
carbonates et les particules en suspensions. Les ions P se précipitent, en outre, en présence des
cations tels que Fe++, Ca++, Al+++.
Le cycle du phosphore est semblable à celui de l’azote sauf que le phosphore n’a pas
de forme gazeuse et la forme sédimentaire est plus importante.
Il apparaît ainsi que les processus qui apportent et en éliminent le phosphore minéral
dissous sont très rapides. A titre d’exemple, le temps de résidence du phosphore dissous dans
les eaux oligotrophes n’est que de quelques minutes en raison de son utilisation très efficace
par les algues et les bactéries. En pratique, on démontre qu’à 11°C et à l’obscurité, la
régénération du phosphate s’effectue en 2 mois alors que celle de l’azote est deux fois plus
lente.
L’assimilation et l’excrétion sont en revanche plus rapides comparés à la
biodégradation. Le recyclage du phosphore est très largement assuré par la régénération
bactérienne est l’excrétion par les animaux. Le zooplancton pourrait fournir 50 à 180% des
besoins journaliers en P du phytoplancton.
Le phosphore est abondant dans les sédiments. Ces derniers peuvent re-larguer dans la
colonne d’eau des quantités importantes. Par ailleurs, les eaux continentales contribuent
largement à l’enrichissement des milieux côtiers où ils se déversent.
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2.3. Variations saisonnières et verticales du Phosphore :


Les phosphates présentent des variations saisonnières importantes dans les couches
superficielles, avec un maximum en hiver et automne et un minimum au printemps et en été.
Ce nutriment est en revanche plus abondant en profondeur et les teneurs restent très stables au
cours des saisons. Les eaux profondes constituent ainsi un stock important de phosphore
pouvant être disponible partiellement en période de brassage des eaux ou ans les zones
d’upwellings.
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3. Le Silicium Dissous dans l’Eau de Mer :

3.1. Formes dissoutes et importance biologique :


Le silicium dissous se trouve à, 95% sous forme d’acide orthosilicique (Si(OH) 4),
seulement 5% étant sous forme ionisée Si(OH)3-. Ces silicates ne sont pas incorporés
directement dans la matière organique proprement dite, mais présents plutôt dans les
squelettes de certains organismes marins, tels que les Diatomées, les Radiolaires et certaines
espèces d’éponges. Les Frustules (tests, enveloppes) des diatomées par exemple sont
constitués de plus de 60% de (Si), de la fraction minérale totale. La solubilité des silicates
dans l’eau de mer est généralement faible bien que cet élément soit très abondant dans
l’écorce terrestre. La teneur des silicates (Si(OH)4), peut devenir parfois insuffisante pour la
croissance des végétaux à tests siliceuses. En général, les eaux marines sont sous saturées en
(Si) et les quantités les plus élevées ne peuvent dépasser 9mg/l, or on sait que la solubilité de
cet élément peut atteindre 100 mg/l.

3.2. Variations verticales et saisonnières :


Les eaux superficielles, comme pour les phosphates, sont généralement pauvres en (Si)
cela est du à l’absorption de cet élément par les Diatomées. Dans certaines situations
printanières, la (Si) peut ainsi limiter la production des Diatomées. Les régions côtières sont
généralement riches en (Si) en raison des apports terrestres chargés en silicates (les eaux
continentales sont 10 à 50 fois plus riches en silicates que les eaux marines). On peut conclure
que les teneurs en (Si) sont inversement proportionnelles à la Salinité, les eaux de faible
salinité sont plus riches que les eaux de salinité normale ou élevée.
D’une manière générale, les teneurs en (Si(OH)4), augmentent avec la profondeur, en
raison surtout la re-dissolution partielle des carapaces siliceuse au cours de la sédimentation.
Les variations saisonnières sont très semblables à celle des autres nutriments : consommation
au printemps et en été, régénération à la fin de l’automne et hiver. A la différence du
phosphore et de l’azote, la (Si) n’est que très faiblement utilisée par le phytoplancton.
Ceci porte à croire que les silicates retournent rapidement dans le milieu marin.
D’autre part, les particules siliceuses ne se dissolvent que partiellement. La plus grande partie
sédimente et s’accumule au niveau du sédiment. Ceci est particulièrement le cas des
diatomées, qui peuvent former des masses importantes de boues dites boues ou vases à
Diatomées.
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IV. Classification Biologique des Composants de l’eau de Mer :

C'est une classification qui est basée sur l'utilisation biologique des composants de
l'eau' de mer, notamment par le phytoplancton. Dans cette classification les éléments sont
repartis en trois (03) classes :

I. Les éléments Biolimitants :

La différence de leur concentration entre les eaux de surface et les eaux profondes est
caractérisée par la relation suivante :
[C/S]EP - [C/S]ES ≈ 100%

II. Les éléments Biointermédiaires :

Ca, Sr, Ni, Cu, Se, C, Ba, Ra ...

La différence de leur concentration entre les eaux de surface et les eaux profondes est
caractérisée par la relation suivante :

[C/S]EP - [C/S]ES → différence faible ou modérée

Exemple : C ≈ 15%, Ca ≈ 0,5%, Ba ≈ 70%

III. Les éléments non Biolimitants :

Na, K, Rb, Cs, Mg, B, S, F, CI, Br, U ...


La différence de leur concentration entre les eaux de surface et les eaux profondes est
caractérisée par la relation suivante :
[C/S]EP ≈ [C/S]ES

IV. Cycle Biogéochimique d’un élément :


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Le cycle biogéochimique d'un élément (C, N, P, ...) est le passage cyclique de cet
élément sous ses différentes formes à travers des milieux (réservoirs ou compartiments)
différents: l'eau, le sol, l'air, les organismes ... etc. Dans l'océan (cycle océanique) l'élément
peut passer par les formes organiques et minérales dissoutes et particulaires le long de la
colonne d'eau de mer.

Le cycle biologique est obstrué dans deux phases :

1) La phase photosynthétique pendant laquelle les éléments sont extraits de l'eau sous leurs
formes dissoutes pour s'incorporer dans la matière organique particulaire dans des
proportions exigées par l'organisme.

2) La phase de régénération pendant laquelle les éléments sont libérés de la matière


organique sous forme minérale et retournent à l'eau.

Dans ce cycle, l'oxygène à un comportement particulier Il est libéré pendant la phase


photosynthétique et consommé pendant la phase de régénération.

Donc parmi les constituants de l'eau de mer et en rapport avec le cycle


biogéochimique marin on distingue deux types d'élément :

1) Les Eléments recyclés :


Ce sont ceux qui font plusieurs cycles dans l'eau de mer avant de disparaître dans les
sédiments du fond marin. C'est l'exemple de l'azote, du phosphore, du carbone du zinc ... etc.

2) Les Eléments non recyclés :


Ce sont ceux qui ne passeront par les eaux de surface qu'une seule fois et ils ne font
qu'un seul cycle. Ce sont les éléments très réactifs dans l'eau de mer. Ils se fixent et/ou
forment des particules qui augmentent de poids et chutent en profondeur pour se déposer.
C'est l'exemple du fer, du plomb, du thorium ... etc.

V. Les métaux traces :


1) Définitions :
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1.1. Les Métaux  :


Ce sont des corps simples doués d'un éclat particulier appelé « éclat métallique »,
conduisant bien, en général, la chaleur et l'électricité et qui possèdent, en se combinant à
l'oxygène, au moins un oxyde basique.
Tous les métaux sont à l'état solide à la température ambiante sauf le mercure qui se
solidifie à une température de - 39°C

1.2. Les Métalloïdes :


Les métalloïdes sont les éléments suivants : H, F, CI, I, O, S, Se, Te, N, P, As, C, Si, Br.
Le terme « Métalloïde » est l'ancien synonyme de « Non métal ».

1.3. Les Métaux alcalins  :


Ils sont univalents et très oxydables : Li, Na, K, Rb, Cs (Caesium), Fr. La combinaison de
ces éléments avec l'oxygène donne un alcali.

1.4. Les alcalino-Terreux : Ce sont le Ca, Sr, Ba et Ra.

1.5. Les Métaux essentiels  :


Appelés aussi « oligoéléments » sont les métaux qui entrent dans les processus
biochimiques et nutritionnels des êtres vivants : Fe, Cu, Co, Zn, Cr, Mn, Mo, V, Se, Ni, Sn.
Leur absence peut perturber l'activité biologique, tel que le fer et le cuivre qui ont un rôle
important dans le transport de l'oxygène à l'intérieur de l'organisme.

1.6. Les Métaux non essentiels ou toxiques :


Ce sont les métaux qui présentent un effet néfaste pour l'activité biologique et pour
l'organisme. C'est l'exemple du Hg, Pb, Cd, As, ...
L'effet néfaste peut être plus prononcé quand ces métaux sont présent en concentration
plus ou moins élevée et sous forme de substance toxique : méthyles de mercure (HgCH 3,
Hg(CH3)2), la forme hexavalente du chrome Cr+6, le plomb tétraéthyle (Pb2(C2H5)4, …

2) Les Métaux traces et l’activité biologique marine :


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Il est admis que les plantes marines nécessitent, pour leur développement, la disponibilité
d'un certains nombre de métaux trace : Fe, Mn, Mo, Zn, Cu, Co, V, ... Le rôle de certains de
ces métaux est bien connu :
Le Fer : entre dans la composition de la ferrédoxine et joue un rôle essentiel dans la
réaction de la lumière lors de la photosynthèse.
Le Manganèse : présent dans les facteurs enzymatiques impliqués dans la
photosynthèse ainsi que dans la réduction des nitrates où des facteurs contenant le Mo
sont important aussi.
Le Cuivre : Les complexes du cuivre servent comme facteur dans les cycles
d'oxydoréduction. Il est incorporé dans l'Hémocyanine (pigment respiratoire qui existe
dans le sang des mollusques et des crustacés).
Le Vanadium : il est concen1r6 par certains ASCIDIES (embranchement des
PROCORDES) qui ont la PORPHYRINE comme pigment sanguin.
Le Titane : certains spongiaires accumulent cet élément.

3) Assimilation des Métaux traces :


Le processus biologique influe clairement sur la composition de l'eau de mer en éléments
traces par leur utilisation. Cependant, l'évidence directe du caractère biolimitant ou
biointermédiaire est moins évidente encore. En partie, ceci est dû aux concentrations de la
majorité des éléments traces qui sont très faibles (de l'ordre du ppb ou même moins).
Ce ne sont pas toutes les espèces chimiques d'un élément qui peuvent être utilisées par le
phytoplancton. Ce dernier peut facilement utiliser les métaux sous les formes Chélatées,
comme dans les cultures où on utilise l'EDTA (Ethylene Diamine Tetraacitique Acid). Ceci
permet d'avoir des concentrations élevées en métaux dans des formes relativement non
toxiques et sans le risque de précipitation de leurs hydroxydes. Dans l'eau de mer, il est
évident que la formation des chélates, à partir des composants organiques surtout des acides
humiques, joue un rôle important pour le maintien des éléments traces sous des formes
utilisables par les algues.
En plus des formes dissoutes des éléments traces, les algues sont capables d'utiliser les
formes colloïdales et particulaires. Ceci est beaucoup plus important pour le fer qui a une
concentration ionique faible.
Le mode d'assimilation des métaux traces de l'eau de mer par les organismes implique une
chélation compétitive de l'élément sur la surface de la cellule. Les chélates seront décomposés
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et les éléments traces sont transportés à travers la membrane de la cellule sous forme non
chargée (neutre) ou simplement chargée sous la forme de complexe chloro ou hydroxyle.
Les concentrations des métaux traces exigées par le phytoplancton sont mal connues.
Cependant, il paraît que la concentration présente dans l'océan est largement suffisante pour
supporter la vitesse de la photosynthèse. On pense aussi que certaines espèces planctoniques
sont typiquement côtières en raison de leur besoin important en fer.

4) Contrôle des Métaux traces :


4.1. Contrôle Biologique :
Les métaux traces « concentrés » dans les tissus organiques se dissolvent dans l'eau de
mer lors de la dégradation de la matière organique. Dans ce cas Le contrôle biologique des
éléments traces est temporaire et la matière organique ne transporte ces éléments que très peu
(à une faible profondeur).
Cependant, les éléments traces concentrés dans les tests (opale, carbonates de calcium)
solides se dissolvent partiellement surtout dans les niveaux les plus profonds. Une partie sera
enfouie dans le sédiment avec le test qui se dépose au fond. Dans ce cas les éléments traces
subissent un transport plus important.

4.2. Contrôle Inorganique :


Comme la matière organique ne peut pas concentrer les métaux traces avec un taux élevé,
il ne semble pas que le facteur biologique peut contrôler totalement les métaux traces dans
l'eau de mer. Le facteur inorganique le plus important qui contrôle les métaux traces est la
solubilité. Cette dernière peut être prédite à partir du produit de solubilité des composants
contenant l'élément considéré et les anions majeurs dans l'eau de mer.

Elément Composé C. de Limite supérieure observée


Saturation
Co CoCO3 3 x 10-7 mole/l 6 x 10-9 mole/l
Ni Ni(OH)2 6 x 10-4 mole/l 1 x 10-7 mole/l
Cu Cu(OH)2 2 x 10-6 mole/l 5 x 10-8 mole/l
Zn ZnCO3 2 x 10-4 mole/l 2 x 10-7 mole/l
Cd CdCO3 1 x 10-5 mole/l 1 x 10-9 mole/l
Pb PbCO3 3 x 10-6 mole/l 2 x 10-10 mole/l

Les éléments traces par rapport aux éléments majeurs présentent des concentrations très
faibles. Ils doivent avoir une explication pour leur grande réactivité dans l'eau de mer. Ils ont
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un parcourt rapide entre la source et le point d'enfouissement. Pour cela trois facteurs peuvent
être pris en considération :
 La formation d’ions complexes : On ne peut pas supposer que chaque métal existe
toujours sous le même état d'oxydation: Cuivre (Cu+2), plomb (Pb+2), fer (Fe+2)… La
complexassions des ions est un processus important dans l'eau de mer. Ceci augment
la réactivité des métaux traces.
 Les éléments traces n'ont pas besoin nécessairement de former des phases solides
discrètes. Cependant, il est beaucoup plus probable que ces éléments prennent un
comportement géochimique similaire à celui des constituants majeurs dans les phases
précipitées. Par exemple le Co peut se substituer dans les minéraux de fer (comme
dans la goethite (Fe, Co)OOH) et le Pb dans les minéraux de Mn (comme dans l'oxyde
de Manganèse (Mn, Pb)O2 etc. Les métaux traces sont extraits de la solution à des
concentrations plus faibles que celles exigées par le produit de solubilité.
 L'équilibre d'oxydoréduction: Le changement de l'état 'd'oxydation d'un élément après
une oxydation ou une réduction peut affecter sa solubilité.

Fe+2 -e Fe+3 oxydation.


Fe+3 +e Fe+2 réduction.

La disponibilité des espèces acceptant ou donnant des électrons dans l'eau de mer
détermine la dominance de l'une des deux équations précédentes (dominance du fer
ferreux (Fe+2) ou du fer ferrique (Fe+3)).
Beaucoup d'éléments sont capables de se précipiter lors de la réaction du transfert
d'électrons surtout pour les éléments de transition (Fe, Mn, C, V, ...) ainsi que l'azote, le
souffre, l'iode, ... etc. Le degré d'oxydoréduction d'une eau naturelle contrôle l'équilibre de
solubilité pour plusieurs éléments.
Exemple :
 Le Fe+3 est moins solubles que le Fe+2. Donc dans une eau suffisamment oxydante la
forme Fe+3 sera en faible quantité dans la solution car Fe +3 se précipite en donnant
FeOOH.
 Dans un milieu réducteur le fer se trouvera sous la forme Fe 2+ (en grande
concentration dans la solution).
 Le cobalt et le manganèse se trouvent dans l'eau de mer sous la forme CO +2 et Mn+2.
Ils peuvent s'oxyder à des formes peu solubles (Co+3 et Mn+3) pour se précipiter.
Mn+4 + 2 O-4 MnO2
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VI. La matière en suspension MES :


1) Définition de la matière en Suspension :
La teneur et la composition minérale et organique des matières en suspension dans les
eaux sont très variables selon les cours d’eau (sables, boues, particules organiques, plancton
etc.) : elles sont fonction de la nature des terrains traversés, de la saison, de la pluviométrie,
des travaux, des rejets etc.

2) Différents types de matières en suspensions :


On distingue les matières décantables, qui se séparent de l’eau par gravité, des matières
colloïdales séparées par coagulation.

3) Rôle des matières en suspensions :


D’une manière générale, les matières en suspensions MES interviennent dans la
composition de l’eau par leurs effets d’échanges d’ions ou d’adsorption, aussi bien sur les
éléments chimiques à l’état de traces que sur les micro-organismes. En particulier, les argiles
et les particules organiques ayant une large surface d’adsorption constituent un support idéal
pour les ions, les molécules diverses et les agents biologiques.
De ce fait ils peuvent constituer un vecteur pour la pénétration de ces produits dans
l’organisme, leur action étant alors fonction de leur libération éventuelle dans le transit
alimentaire.

4) Détermination des MES :


La détermination des matières en suspension dan l’eau s’effectue par filtration ou par
centrifugation. La méthode par centrifugation est surtout réservée aux eaux contenant trop de
matières colloïdales pour être filtrées dans de bonnes conditions, en particulier si le temps de
filtration est supérieur à une heure. Les deux méthodes ont leurs inconvénients respectifs liés
à un certain nombre de facteurs. Les différentes méthodes de détermination des MES sont
bien décrites par Rodier, 1998. L’unité de mesure des MES est le mg/L.

5) Effets des MES :


Tous les cours d’eau contiennent des MES et des teneurs de quelques mg/L ne posent pas
de problèmes majeurs. En dehors des périodes de crues, la teneur en MES est presque toujours
inférieur à 25 mg/L.
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Du point de vue piscicole, dans les cours d’eau normalement peuplés, on peut considérer
qu’à partir de 75 mg/L la situation est particulière ou anormale ; pour les peuplements en
Salmonidés, il est généralement admis que les teneurs supérieures à 10 mg/L sont favorables
(Nisbet et Verneaux). Des teneurs plus élevées peuvent empêcher la pénétration de la lumière,
diminuer l’oxygène dissous, compromettre le développement ichtyologique en créant des
déséquilibres entre les diverses espèces. L’asphyxie des poissons, par colmatage des
branchies, est souvent la conséquence d’une teneur élevée en MES, en particulier au moment
des vidanges périodiques des barrages. Les dépôts dans les zones calmes peuvent entraîner
des développements anaérobies, avec leurs conséquences habituelles.

Remarque :
Certains auteurs considèrent la mesure des MES et de la turbidité (en NTU) comme un
seul et même paramètre (Quevauviller, 2001 et Bliefert and Perraud, 2001).
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VII. La radioactivité dans l’eau de Mer :


Les traceurs Océaniques :
Un traceur océanique est défini comme étant un paramètre physique ou chimique
capable de caractériser et de décrire l'évolution et' l'historique d'une masse d'eau ou d'un
phénomène océanique, D'une manière générale on distingue trois types de traceurs :

1) Les traceurs conservatifs :


Ce sont des paramètres dont la variation de leurs valeurs dans l'eau de mer ne dépend que
des facteurs physiques de transport, diffusion et de mélange (exemple: la salinité, la
température potentielle).

2) Les traceurs non conservatifs :


La variation de leurs concentrations dans l'eau de mer dépend des facteurs physiques
(transport, diffusion et mélange), chimiques (oxydation, précipitation) et biologiques
(assimilation, respiration) ainsi que la désintégration radioactive. Dans cette catégorie, on
distingue encore:
Les traceurs non conservatifs stables :
Les éléments nutritifs, les oligoéléments, les isotopes stables tels que 18O etc.
Les traceurs radioactifs :
Ce sont les isotopes radioactifs tels que: 14C (λ=5730 ans), 226
Ra (λ=1620 ans), Ar (λ=280
ans), 228Ra (λ=5.5 ans), 222Rn (λ=3.8 jours), etc.

3) Les traceurs transitoires :


Ce sont des paramètres dont le séjour dans l’eau de mer est relativement court. Ils ne font
qu’un passage transitoire dans l’océan.

Traceurs transitoires radioactifs :


Tritium (3H, λ=12,7 années), 85K (λ=10,7 années), etc.
Traceurs transitoires stables :
Les fréons (F11=CCl3F-, F12 = CCl2F--).

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