Introduction :
Dans ce cours sont présentées les connaissances de base sur lesquelles repose
l'enseignement de l'océanographie chimique ou la chimie des écosystèmes marins.
L’océanographie :
C’est l’étude scientifique des océans. Cette discipline a la particularité d’être à cheval sur
plusieurs domaines, on distingue en effet l’océanographie physique, biologique, chimique et
géologique, mais on retrouve souvent des interactions très fortes entre ces différents
domaines.
La hauteur de la surface terrestre est comprise entre une altitude de 8848 m (Everest)
et une profondeur de 11022 m (fosse de Mariana au Nord-Ouest de l'océan Pacifique). La
profondeur moyenne des océans est d'environ 3800 m. L'altitude moyenne des terres
émergées est de 840 m.
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
1. Constituants majeurs :
Après refroidissement de la terre, atmosphère et hydrosphère, se seraient formées à partir
des gaz et de la vapeur d’eau provenant des couches sous-jacentes (croûte et manteau
terrestre), les éléments alcalins et alcalino-terreux (principaux cations : Na+, K+, Mg++, Ca++)
proviendraient du lessivage de la croûte terrestre primitive. Tandis que les éléments volatils
(halogènes, azote, soufre, bore) proviendraient d’un dégazage à l’intérieur du globe.
L’océan a constitué depuis environ 1 milliard d’années un milieu de composition
chimique originale, qui n’aurait évolué que lentement par la suite des apports et des retraits de
matières. Les apports au milieu marin les plus faciles à identifier, sont les éléments dissous
dans les eaux de rivières.
En faisant une simple comparaison entre l’importance de ces apports et celle du stock
présent dans l’océan mondial, il apparaît qu’on ne peut s’attendre à une évolution perceptible
à l’échelle de 10 siècles. Des processus régulateurs compensent la quasi-totalité des apports.
Ainsi les eaux de mer sont pratiquement saturées en carbonates de calcium et le supplément
apporté par les fleuves est rapidement éliminé par précipitation chimique ou utilisation par les
êtres vivants marins.
Selon DITTMAR, la composition chimique d'une eau de mer est constante. D’autres
admettent qu’il y a une certaine variation de la composition chimique de l’eau de mer au
cours des temps géologiques (Perthuisot, 1980).
Les éléments majeurs sont ceux, dont la présence dans l'eau de mer, modifient certaines
propriétés (densité, salinité, compressibilité, point de congélation, température du maximum
de densité). On donne dans le tableau 1 suivant la composition d'une eau de mer contenant à
35 g de sel par kg d'eau de mer :
Tableau 1 : Concentration des principales espèces chimiques présentes dans une eau de mer
de salinité 35‰ (eau 964,85g). D’après Olivier Le Calvé 2002.
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Le PH de cette solution est voisin de 8,2 (légèrement alcalin). Les gaz dissous sont
constitués à 64% d'azote et 34% d'oxygène. Les concentrations diminuent quand la
température et la salinité augmentent. La proportion de CO2 est 60 plus forte dans la mer que
dans l'air (1,8% au lieu de 0,03%). L'océan apparaît donc comme un régulateur de la teneur en
CO2 de l'atmosphère.
2. Les oligoéléments :
Certains éléments traces ou oligo-éléments considérés comme catalyseurs biochimiques se
trouvent parfois à des concentrations insuffisantes dans l’eau de mer et peuvent par
conséquent limiter le développement des organismes exigeant pour ce type d’éléments. On
peut donner le fer, le cuivre et le manganèse qui peuvent constituer des facteurs limitant la
croissance des organismes phytoplanctoniques.
Le Fer : il existe en faible concentration en mer, environ 0,2 à 1000 μg/l, il peut se
trouver sous deux formes, l’une ioniques soluble et l’autre colloïdale qui a tendance à
se précipiter.
Le Cuivre : la teneur du cuivre dans l’eau de mer est plus faible que celle du fer,
environ 0,2 à 30 μg/l. Il peut être nocif à des concentrations de l’ordre de 1000 μg/l. Il
entre dans la composition de l’hémocyanine, de divers enzymes et chloroplastes.
Eléments Concentrations
Fer 0 à 1000 μg/l
Zinc 1 à 50 μg/l
Cuivre 0,2 à 30 μg/l
Vanadium 2 à 3 μg/l
Manganèse 0,2 à 10 μg/l
Cobalt 0,1 μg/l
Aluminium 0 à 10 μg/l
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Tableau 3 : Composition moyenne des eaux des continents (mg/l) d’après Meybeck (1979).
On notera que ces variations observées d’un continent à l’autre, résultent des climats et des
reliefs différents. Les roches sédimentaires, par exemple, abondent en Amérique du Nord et
en Europe, alors que les roches cristallines sont plus fréquentes en Afrique et en Amérique du
Sud.
Les lacs endoréique sont plus salés que les lacs exoréique, ceux ci ont une composition
minérale très semblable à celle des cours d’eau. Les lacs exoréiques, existent dans les régions
à forte pluviométrie, ils se remplissent et exportent continuellement une partie de leur eau à la
mer, il n’y a pas d’accumulation de sels terrestre. Au contraire les lacs endoréiques se
trouvent dans les régions à faible pluviométrie, il n’y a pas exportation de sels terrestres qui
ont tendance à s’accumuler d’ou la forte salinité enregistrée.
Les précipitations d’espèces ioniques en solutions telles que (Ax+ + By-) pour constituer la
formule solide (AmBn) selon la réaction (mAx+ + nBy-→ AmBn) obéissent à la loi du produit de
solubilité.
(Ax+)m + (By-)n = Ks
Si dans une solution, la concentration devient telle que le produit ionique de deux ions
dépasse la valeur de solubilité du sel correspondant (Ks) celui-ci précipite.
Les diverses combinaisons, entre deux ou plusieurs constituants de l’eau de mer, permettent
d’envisager la formation d’un nombre considérable de phases solides (sels). Plus de 50
minéraux sont répertoriés dans les roches salines ayant pris naissance lors de l’évaporation de
l’eau de mer, on y trouve des associations simples anion-cation, halite (NaCl), Sylvine (KCl),
calcite (CaCO3) etc. Des minéraux correspondant à divers états d’hydratation, anhydrite
(CaSO4), gypse (CaSO4, H2O) etc.
Il existe d’autre part des associations polyioniques telle que la polyhalite : (2Ca SO4, Mg SO4,
K2 SO4, 2 H2O).
Les phosphates précipitent et sédimentent en partie sur les fonds marins et forment des
nodules telle que l’apatite Ca5 (FCl, OH) (PO4)3.
Le manganèse précipite et forme des nodules pouvant atteindre 1m de diamètre. Ces nodules
manganiques proviennent essentiellement des volcans, elles sont constituées d’une dizaine de
minéraux : carbonates de magnésium, oxyde de fer et de manganèse, sulfates de calcium
(Ca SO4), alumine (Al2O3), phosphate de calcium [Ca3(PO4)2] etc.
5. Notion de salinité :
C'est le caractère essentiel de l'eau de mer. L'océan contient en moyenne 35g de sel par
kilo d'eau de mer. Si on considère le volume total de l'océan (1370 millions de km 3) cela
représente 48 millions de milliards de tonnes de sel, soit 95 tonnes par m² sur le globe entier,
ou 320 tonnes par m² sur les parties émergées.
La présence de sel dans l'eau modifie certaines propriétés (densité, compressibilité, point
de congélation, température du maximum de densité). D'autres (viscosité, absorption de la
lumière) ne sont pas influencées de manière significative. Enfin certaines sont essentiellement
déterminées par la quantité de sel dans l'eau (conductivité, pression osmotique).
Le chlorure de sodium (Na Cl) n'est qu'un des très nombreux sels composant la solution.
On a décelé dans l'eau de mer 60 des 92 corps simples existant à l'état naturel. Certains n'ont
peut-être pas encore étés découverts, car ils existeraient en trop faible quantité. En effet
certains corps ne sont décelables qu'après avoir été concentrés par des organismes marins
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
ayant un pouvoir de concentration de 103 à 107, citons par exemple le cobalt (homards et
moules), le nickel (certains mollusques), le plomb (cendres d'organismes marins).
Un aspect important de l'eau de mer est que si la concentration totale des sels dissous varie
en fonction du lieu, la proportion des composants les plus importants reste à peu près
constante. Cela tend à prouver que sur une échelle de temps géologique, les océans ont été
bien mélangés, c'est à dire que malgré les circulations particulières à chaque océan, l'eau
circule entre les différents océans.
6. Définition de la salinité :
Il n'existe pas une mais plusieurs définitions de la salinité : une définition purement
théorique et plusieurs définitions pratiques, liées aux méthodes de mesure.
Définition théorique :
La salinité est la quantité totale des résidus solides (en grammes) contenu dans
1 kg d'eau de mer, quand tous les carbonates ont été transformés en oxydes, le
brome et l'iode remplacé par le chlore et que toute la matière organique a été
oxydée.
Il est très difficile d'estimer la salinité par analyse chimique directe (séchage et pesée du
résidu solide), car certains corps présents, notamment les chlorures, s'échappent au cours du
dernier stade de séchage. On utilise le fait (déjà mentionné) que, dans l'eau de mer, les
proportions relatives des principaux constituants sont pratiquement constantes. Le dosage de
l'un d'entre eux est donc susceptible de donner la teneur de tous les autres, ainsi que la
salinité. Les ions du chlore, brome et iode peuvent aisément être dosés, avec précision, par
titrage au nitrate d'argent.
Actuellement avec l’avancée technologique il existe des sondes (salinomètres) à base de
cathodes qui permettent de mesurer avec une certaine précision la salinité d’une eau
quelconque.
Depuis l'introduction de l'échelle pratique de salinité, la salinité n'est plus définie comme
un rapport de masse et s'exprime sans unité (comme par exemple le pH). On trouve encore
dans la littérature des valeurs de salinité exprimées en o/oo ou en g/kg ou encore en psu
(practical salinity unit).
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Un inconvénient majeur est que cette formule donne une salinité de 0,03°/oo pour une
Chlorinité nulle. L'UNESCO a donc proposé en 1969 une nouvelle formule définissant ce
qu'on appelle la salinité absolue :
S = 1,80655 Cl
Ces définitions ont été revues quand de nouvelles techniques permettant de déterminer
la salinité à partir de mesure de conductivité, température et pression, furent développées.
Depuis 1978 l'échelle pratique de salinité définie la salinité en termes de rapport de
conductivité :
La salinité pratique (symbole S), d'un échantillon d'eau de mer, est définie en fonction
du rapport K de la conductivité électrique de cet échantillon d'eau de mer à 15°C et à
la pression atmosphérique normale, et de celle d'une solution de chlorure de potassium
dans laquelle la fraction en masse de KCl est 0,0324356, à la même température et
même pression. Une valeur de K égale à 1 correspond par définition à une salinité
pratique égale à 35 (sans unité). La formule correspondante est :
On peut trouver quelques différences entre toutes ces définitions, mais elles sont en
général négligeables. Par contre dans le cas où la composition de l'eau de mer n'est pas
"standard", (par exemple à proximité des fleuves) seule l'analyse chimique (séchage et pesée)
donne un résultat valable.
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Les variations annuelles de la salinité des océans sont faibles, sauf localement, dans les
régions ayant un climat alternant de fortes précipitations et une période sèche (exemple : les
moussons de l’océan Indien).
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Tableau 4 : Teneurs en Azote, Oxygène, Argon et gaz carbonique (en mg/l) dans les
conditions normales de l’eau distillée (ED) et de l’eau de mer (EM) de salinité 35‰.
On remarquera d’une part que, la solubilité des divers gaz décroît lorsque la
température augmente et, d’autre part, la solubilité est plus faible dans l’eau de mer par
rapport à l’eau distillée.
2. L’Oxygène :
L’origine de l’oxygène dissous est essentiellement biologique, c’est-à-dire le produit de
l’activité photosynthétique.
Photosynthèse
6 CO2 + 6 H2O + 67n Kcal C6H12O6 + 6 O2
Respiration
10
Ainsi les variations diurnes de l’oxygène 9
8
dissous dans l’eau de mer sont 7
6
sensiblement liées à l’intensité de la 5
photosynthèse te la respiration. 4
3
2
1
0
0 6 12 16 18 0
La teneur en O2 de l’eau est influencée par quatre facteurs importants : les facteurs
physiques (la température et la salinité), les facteurs biologiques (végétation émergée,
oxydation des déchets, et respiration), les facteurs mécaniques (l’agitation de l’eau ramène
l’oxygène à saturation) et les facteurs chimiques représentés par la pollution.
Figure 7 : Schéma représentatif des mécanismes de diffusion des gaz atmosphériques dans
l’eau de mer (cycle de l’eau pénétration de la lumière, vagues, courants de fonds etc.)
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Le CO2 réagit avec l’eau de mer et forme l’acide carbonique (H2CO3) selon la formule
suivante : CO2 + H2O H2CO3
A l’équilibre H2CO3 est 1000 fois moins important que le (CO 2). L’ionisation de cet acide
donne des ions carbonates :
H HCO
3
En fonction de la loi d’action des masses : K1 (2).
H 2 CO 3
H HCO
3
Soit '
K1 (3). Puisque (H2CO3) est proportionnel à la quantité de (CO 2) dissoute
α ( PCO 2)
dans l’eau de mer. Il y a donc une liaison triangulaire entre (H+), (HCO3-) et α(PCO2). La
variation de l’une de ces composantes conduit à une modification de la teneur des deux autres.
Selon la formule (3) on peut remarquer que la (PCO2) diminue rapidement en fonction inverse
du pH, puisque (H+) est liée au pH [pH = -Log (H+)].
250
100
+ OH-
CaCO3
D’une manière générale, d’une part, il y a une étroite relation entre la (PCO2) et la
formation des bicarbonates, puisque la concentration en (H+) est liée au pH. D’autre part, le
pH augmente avec la diminution de la (PCO2) et diminue à l’inverse lorsqu’il y a apport en
(CO2).
Ainsi, une augmentation du (CO2) dans l’eau, par respiration ou oxydation de la matière
organique, entraîne une diminution du pH et une transformation des bicarbonates, puis une
précipitation des carbonates et formation de (CaCO 3). L’équilibre de la réaction précédente se
déplace alors vers la gauche.
A l’inverse, une diminution de la (PCO2), par l’activité photosynthétique, entraîne une
augmentation du pH, et par conséquent, une transformation des bicarbonates en carbonates.
Les carbonates entraînent par hydrolyse, une augmentation du pH et donc une formation du
(CO2) à partir des bicarbonates, dans ce cas la réaction se déplace à droite.
2000
3000
4000
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
D’autre part, la production du CO2 fait augmenter la solubilité des CaCO3 et entraîne, par
conséquent, une augmentation de la réserve alcaline.
Les eaux naturelles, contiennent des ions Ca+2 et des ions carbonates CO3-2 ; les teneurs des
ces ions, sont obligatoirement limités par le produit de la solubilité du carbonate de calcium.
Ce produit correspond à la constante thermodynamique de l’équilibre :
Si dans une solution, on augmente la concentration des ions Ca +2 (par addition d’un sel
soluble tel que le CaCl2) ou celle des ions CO3-2 (par déplacement du système des
bicarbonates), le produit ionique [Ca+2] [CO3-2] va augmenter tout d’abord jusqu'à ce que la
valeur du produit de solubilité soit atteint. A partir de ce moment là, toute nouvelle
augmentation des teneurs en Ca+2 ou en CO3-2 entraînera la précipitation des carbonates de
calcium de telle manière que le produit soit maintenu constant. Inversement si du CaCO3 est
maintenu en contact d’une solution sous-saturée, il va se dissoudre jusqu'à ce que le produit
ionique atteint la valeur du produit de solubilité.
La précipitation des CaCO3 est favorisée par l’augmentation de la température et de la
salinité, cependant, la diminution de la pression augmente la précipitation CaCO3.
Les eaux marines de surfaces sont généralement sursaturées en CaCO 3, tandis que les eaux
profondes sont très pauvres en CaCO3 à cause de la pression. D’un point de vue biologique, le
comportement du carbonate de calcium en eau de mer, conditionne l’existence et le
développement de plusieurs groupes zoologiques, en particulier les mollusques ainsi que les
coraux et les coccolithophoridés.
7. L’Azote :
L’Azote est très impliqué dans les processus biologiques marins : Fixation par les
bactéries et les algues bleues sous forme moléculaire (N2). La répartition de l’azote est
homogène dans les eaux profondes, mais sa distribution spatiale dans les eaux superficielles
est très variable : de 8,2 à 14 mg/l, selon la température des eaux (tableau 4).
La concentration de NH4+ dans l’eau de mer dans les conditions normales varie de 0 à
quelques micromoles par litre.
Les nitrites sont aussi le produit de la réduction des nitrates dans les milieux anoxiques ou
pauvres en oxygène dissous. Cette réduction est réalisée par des bactéries anaérobiques, selon
la réaction suivantes :
La concentration des nitrites dans l’eau de mer varie de 0 à quelques micromoles par litre.
Elle peut dépasser 10 à 20 μmoles/l dans des cas rares. A titre d’exemple prés des côtes
péruviennes où il y a le phénomène de dénitrification : une concentration record de
23 μmoles/l à 24 m de profondeur a été observée par Codispoti et al., (1986)
a) Fixation de l’azote :
On parle de fixation de l’azote quant l’azote moléculaire (N2) est incorporé dans la matière
organique, en se combinant à d’autres éléments ou composés chimiques. La fixation se fait
par des micro-organismes dans le cas ou les autres formes ne seraient pas disponibles.
Les nitrates, les nitrites et l’ammonium sont disponibles dans l’eau de mer de surface (en
faibles quantités), ils sont assimilés par les micro-organismes photo-trophiques pendant la
photosynthèse en présence de la lumière dans la couche euphotique.
NO3- N particulaire
NO3-
NO2-
Temps
L’assimilation de l’azote dissous (NO 3-) est en accord avec l’expression de Michaelis-
Menten, utilisée pour l’étude de la cinétique des enzymes. Cette utilisation a la forme
hyperbolique. Elle est donnée par la formule suivante :
V max S
V Avec, V : vitesse de la réaction enzymatique, S : Concentration du
K m S
substrat, Km : Constante de la ½ saturation
Vmax
½ Vmax
Km Substrat [S]
des formes disponibles ou encore le type de zone : eutrophe, oligotrophe, estuarienne, etc.
Cependant, d’une manière générale, nous avons l’ordre : Nitrate puis nitrites puis ammonium
puis l’azote moléculaire.
Dans les conditions naturelles normales, deux cas extrêmes peuvent être donnés :
Situation dans une zone Eutrophique : une zone Eutrophique se caractérise par une
abondance des sels nutritifs (nitrates). Dans ces régions le développement du
phytoplancton est très aisé. La production primaire totale du phytoplancton dans ces
conditions est très importante. Parallèlement, il rejette des nitrites non consommés,
d’ailleurs ces zones sont caractérisées par l’existence d’un maximum significatif en
nitrites. Les zones eutrophe sont caractérisées par une production primaire totale
maximale, une production régénérée minimale et une production nouvelle maximale.
Situation dans une zone oligotrophique : ce sont des zones pauvres en sels nutritifs.
le développement du phytoplancton, dans ce cas est limité à une subsistance par
manque de substrat chimique nutritionnel. Dans ce cas, le phytoplancton se nourrit
difficilement, surtout sur les nitrites rejetés par son propre organisme. La production
est très faible. Les zones oligotrophes se caractérisent par une production primaire
totale minimale, une production régénère maximale et une production nouvelle
minimale.
Le nitrate absorbé par le phytoplancton, malgré qu’il soit sa forme préférée, est d’abord
convertit en NH4+. Cette conversion s’opère en quatre étapes :
La régénération des nitrates à partir de l’azote organique via l’ammonium et les nitrites est
un processus bactérien qui s’opère en trois étapes successives :
Nitrification
Dénitrification
La décomposition de la matière organique n’est pas totale. Une partie résiste généralement à
l’attaque bactérienne et chute en profondeur sous forme d’humus néobiogéniques. Dans le
sédiment marin, cette fraction continue sa dégradation et sa transformation en matière
minérale. Dans les milieux dépourvus ou pauvres en oxygènes, la transformation de la matière
organique (azote organique) s’arrête au niveau de l’ammonium.
Eau oxyque : Dans les conditions normales de l’eau de mer, la réduction des nitrates
en nitrite est un phénomène écologique et régulateur suivant la composition chimique
moyenne de l’eau de mer et des micro-organismes dominants dans le milieu in situ. Il
s’opère aussi par le phytoplancton dans les milieux riches en nitrates. Ceci par
l’assimilation intensive des nitrates et l’excrétion des nitrites. Ce phénomène est
beaucoup plus prononcé à des intensités lumineuses faibles (à la base de la zone
euphotique).
Mer Méditerranée < Océan Atlantique < Océan Indien < Océan Pacifique.
Nitrates (µmole/l )
Profondeur
0 10 20 30 40
0m
1000 m
2000 m
3000 m
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
H3PO4 pH PO4- - -
Les ions orthophosphates dans l’eau de mer peuvent être complexés par des cations
métalliques ou non métalliques notamment les ions Ca++ et Mg++. Kester et Pytkowiez (1959)
estiment que 99,6% des ions PO4-3 et 44% des ions HPO4-2 sont complexés avec des cations
formant des paires d’ions. De leur côté Dirssen et Wedborg (….) trouvent : MHPO4*= 68,4%,
MHPO4-2 = 16,5%, MHPO4-= 14,4% et PO4-3 = 0,023%, où M est un cation métallique ou
non.
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
C'est une classification qui est basée sur l'utilisation biologique des composants de
l'eau' de mer, notamment par le phytoplancton. Dans cette classification les éléments sont
repartis en trois (03) classes :
La différence de leur concentration entre les eaux de surface et les eaux profondes est
caractérisée par la relation suivante :
[C/S]EP - [C/S]ES ≈ 100%
La différence de leur concentration entre les eaux de surface et les eaux profondes est
caractérisée par la relation suivante :
Le cycle biogéochimique d'un élément (C, N, P, ...) est le passage cyclique de cet
élément sous ses différentes formes à travers des milieux (réservoirs ou compartiments)
différents: l'eau, le sol, l'air, les organismes ... etc. Dans l'océan (cycle océanique) l'élément
peut passer par les formes organiques et minérales dissoutes et particulaires le long de la
colonne d'eau de mer.
1) La phase photosynthétique pendant laquelle les éléments sont extraits de l'eau sous leurs
formes dissoutes pour s'incorporer dans la matière organique particulaire dans des
proportions exigées par l'organisme.
Il est admis que les plantes marines nécessitent, pour leur développement, la disponibilité
d'un certains nombre de métaux trace : Fe, Mn, Mo, Zn, Cu, Co, V, ... Le rôle de certains de
ces métaux est bien connu :
Le Fer : entre dans la composition de la ferrédoxine et joue un rôle essentiel dans la
réaction de la lumière lors de la photosynthèse.
Le Manganèse : présent dans les facteurs enzymatiques impliqués dans la
photosynthèse ainsi que dans la réduction des nitrates où des facteurs contenant le Mo
sont important aussi.
Le Cuivre : Les complexes du cuivre servent comme facteur dans les cycles
d'oxydoréduction. Il est incorporé dans l'Hémocyanine (pigment respiratoire qui existe
dans le sang des mollusques et des crustacés).
Le Vanadium : il est concen1r6 par certains ASCIDIES (embranchement des
PROCORDES) qui ont la PORPHYRINE comme pigment sanguin.
Le Titane : certains spongiaires accumulent cet élément.
et les éléments traces sont transportés à travers la membrane de la cellule sous forme non
chargée (neutre) ou simplement chargée sous la forme de complexe chloro ou hydroxyle.
Les concentrations des métaux traces exigées par le phytoplancton sont mal connues.
Cependant, il paraît que la concentration présente dans l'océan est largement suffisante pour
supporter la vitesse de la photosynthèse. On pense aussi que certaines espèces planctoniques
sont typiquement côtières en raison de leur besoin important en fer.
Les éléments traces par rapport aux éléments majeurs présentent des concentrations très
faibles. Ils doivent avoir une explication pour leur grande réactivité dans l'eau de mer. Ils ont
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
un parcourt rapide entre la source et le point d'enfouissement. Pour cela trois facteurs peuvent
être pris en considération :
La formation d’ions complexes : On ne peut pas supposer que chaque métal existe
toujours sous le même état d'oxydation: Cuivre (Cu+2), plomb (Pb+2), fer (Fe+2)… La
complexassions des ions est un processus important dans l'eau de mer. Ceci augment
la réactivité des métaux traces.
Les éléments traces n'ont pas besoin nécessairement de former des phases solides
discrètes. Cependant, il est beaucoup plus probable que ces éléments prennent un
comportement géochimique similaire à celui des constituants majeurs dans les phases
précipitées. Par exemple le Co peut se substituer dans les minéraux de fer (comme
dans la goethite (Fe, Co)OOH) et le Pb dans les minéraux de Mn (comme dans l'oxyde
de Manganèse (Mn, Pb)O2 etc. Les métaux traces sont extraits de la solution à des
concentrations plus faibles que celles exigées par le produit de solubilité.
L'équilibre d'oxydoréduction: Le changement de l'état 'd'oxydation d'un élément après
une oxydation ou une réduction peut affecter sa solubilité.
La disponibilité des espèces acceptant ou donnant des électrons dans l'eau de mer
détermine la dominance de l'une des deux équations précédentes (dominance du fer
ferreux (Fe+2) ou du fer ferrique (Fe+3)).
Beaucoup d'éléments sont capables de se précipiter lors de la réaction du transfert
d'électrons surtout pour les éléments de transition (Fe, Mn, C, V, ...) ainsi que l'azote, le
souffre, l'iode, ... etc. Le degré d'oxydoréduction d'une eau naturelle contrôle l'équilibre de
solubilité pour plusieurs éléments.
Exemple :
Le Fe+3 est moins solubles que le Fe+2. Donc dans une eau suffisamment oxydante la
forme Fe+3 sera en faible quantité dans la solution car Fe +3 se précipite en donnant
FeOOH.
Dans un milieu réducteur le fer se trouvera sous la forme Fe 2+ (en grande
concentration dans la solution).
Le cobalt et le manganèse se trouvent dans l'eau de mer sous la forme CO +2 et Mn+2.
Ils peuvent s'oxyder à des formes peu solubles (Co+3 et Mn+3) pour se précipiter.
Mn+4 + 2 O-4 MnO2
Département de Biologie 3 ème année Océanologie
Du point de vue piscicole, dans les cours d’eau normalement peuplés, on peut considérer
qu’à partir de 75 mg/L la situation est particulière ou anormale ; pour les peuplements en
Salmonidés, il est généralement admis que les teneurs supérieures à 10 mg/L sont favorables
(Nisbet et Verneaux). Des teneurs plus élevées peuvent empêcher la pénétration de la lumière,
diminuer l’oxygène dissous, compromettre le développement ichtyologique en créant des
déséquilibres entre les diverses espèces. L’asphyxie des poissons, par colmatage des
branchies, est souvent la conséquence d’une teneur élevée en MES, en particulier au moment
des vidanges périodiques des barrages. Les dépôts dans les zones calmes peuvent entraîner
des développements anaérobies, avec leurs conséquences habituelles.
Remarque :
Certains auteurs considèrent la mesure des MES et de la turbidité (en NTU) comme un
seul et même paramètre (Quevauviller, 2001 et Bliefert and Perraud, 2001).
Département de Biologie 3 ème année Océanologie