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Polycopié de cours Traitement et dessalement des eaux

Book · October 2022

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Hadbi Taieb
Hassiba Benbouali University of Chlef
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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université Hassiba Ben Bouali de Chlef

Faculté de Génie Civil & d’Architecture


Département d’Hydraulique

Polycopié de cours
En Hydraulique Urbaine

Traitement et dessalement des eaux


Unité : UEF121 Niveau : Master (S2)

Dr. Taieb HADBI

Année Universitaire : 2021/2022


AVANT-PROPOS
Parmi les grands défis de ce siècle, celui de l’eau est évidemment au premier plan, au même
titre que l’énergie. Le manque d'eau continue d'être une source majeure de préoccupation
pour de nombreuses nations, notamment en Afrique, mais aucune région du monde n'est
épargnée.
De nombreuses régions de notre planète sont menacées par de graves pénuries d'eau. Le
manque de ressources financières et l'absence de structures institutionnelles dans les pays
en développement entraînent l'échec de la plupart des projets de développement
environnemental. Certains pays en développement, déjà dépourvus de ressources en eau
suffisantes, connaîtront inévitablement un ralentissement de leur développement lié à
l’appauvrissement quantitatif de leurs ressources en eau. Certains autres de ces pays,
«riches» en eau, verront la pollution de leurs ressources s’accroître à un niveau tel qu’il
sera difficile d’y remédier. Parallèlement, les pays économiquement développés seront de
plus en plus exigeants sur la qualité de leurs eaux ainsi que sur la sensibilité et le nombre
des contrôles à effectuer sur leurs ressources en eau.
Une haute technicité de conception et de gestion performante des systèmes de traitement
et d’approvisionnement de l’eau sont bien évidemment nécessaires pour relever ces défis,
en s’appuyant sur des techniques fiables, rentables et précises. En effet, ces techniques sont
des outils incontournables pour diagnostiquer et prédire l’évolution de la qualité des eaux
distribuées, ou encore pour suivre le fonctionnement des procédés de traitement des eaux
et d’épuration des effluents aqueux urbains et industriels.
L’objectif de ce polycopié qui est destiné aux étudiants de première année master en
hydraulique, est de faciliter la compréhension et le calcul des phénomènes présents en
hydraulique urbaine, liés aux procédés de traitement de l’eau, les principes de
fonctionnement des ouvrages ainsi que les bases de calcul pour leurs dimensionnements.
Ce cours s'appuie sur une connaissance concrète de la recherche mondiale et s'adresse aux
étudiants en traitement des eaux destinées à la consommation humaine. On a considéré que
le lecteur avait suivi des cours de mécanique des fluides et d’hydraulique générale et des
cours de traitement et épuration des eaux en formation de Licence. C'est-à-dire que le
lecteur est déjà familiarisé avec le vocabulaire de la matière, les unités de mesures telles
que mg/L et les acronymes tels que les concepts de bilan de masse, l'équation de Bernoulli

2
et la perte de charge. Aussi, l'aspect pédagogique a été particulièrement soigné, et la
théorie, présentée de façon claire et précise, est illustrée d'exemples dans la plupart des
chapitres.
Ainsi, on présente au premier chapitre, les différentes origines, composition et
caractéristiques des eaux brutes et les normes relatives à l'eau potable.
Les chapitres suivants, de 2 à 5 sont consacrés à la description des différents procédés
conventionnels de clarification et d’affinage: coagulation/floculation, décantation,
filtration et désinfection.
Les principaux procédés avancés ou spécifiques sont décrits dans le sixième chapitre.
D'autres procédés non conventionnels d'approvisionnement en eau sont présentés au
septième chapitre. Cette partie met l’accent préférentiellement sur le dessalement des eaux
de mer et des eaux saumâtres.
Les deux derniers chapitres illustrent les phénomènes d’entartrages et de corrosion dans
les systèmes hydrauliques, méthodes et moyens de contrôle et les tests particuliers de suivi
de la qualité des eaux.

3
TABLE DES MATIERES

CHAPITRE I : GENERALITES ET NORMES ............................................................................. 9


1.1. COMPOSITION DE L’EAU ............................................................................................ 9
1.1.1. Physique de l’eau .......................................................................................................... 9
1.1.2. Etats des impuretés dans l’eau ...................................................................................... 9
1.1.3. Composition de l’eau et indicateurs de qualité ........................................................... 10
1.1.3.1. Paramètres organoleptiques ................................................................................... 10
1.1.3.2. Matières en suspension (MES) ................................................................................ 10
1.1.3.3. Turbidité .................................................................................................................. 10
1.1.3.4. Température ............................................................................................................ 10
1.1.3.5. Oxygène dissous ...................................................................................................... 11
1.1.3.6. Gaz carbonique (anhydride carbonique, CO2)........................................................ 11
1.1.3.7. Potentiel d’hydrogène (pH) ..................................................................................... 12
1.1.3.8. Matières dissoutes (Substances dissoutes) .............................................................. 12
1.1.3.9. Conductivité électrique ............................................................................................ 14
1.1.3.10. Dureté totale de l’eau (titre hydrotimétrique TH) ................................................... 14
1.1.3.11. Alcalinité d’une eau (Titre alcalimétrique complet TAC) ....................................... 14
1.1.3.12. Matières organiques ................................................................................................ 15
1.1.3.13. Micropolluants ........................................................................................................ 15
1.1.3.14. Micro-organismes vivants ....................................................................................... 15
1.2. QUALITE DES EAUX DE DIFFERENTES ORIGINES ............................................. 16
1.2.1. Eaux souterraines ........................................................................................................ 16
1.2.2. Eaux de surface ........................................................................................................... 16
1.2.3. Eaux de mer et eaux saumâtres ................................................................................... 18
1.3. NORMES DE QUALITE DES EAUX .......................................................................... 19
1.3.1. Introduction ................................................................................................................. 19
1.3.2. Notion de normes ........................................................................................................ 19
1.3.3. Organisation des normes de potabilité ........................................................................ 19
1.3.3.1. Les paramètres organoleptiques ............................................................................. 19
1.3.3.2. Les paramètres physico-chimiques.......................................................................... 20
1.3.3.3. Les paramètres concernant les substances indésirables ......................................... 20
1.3.3.4. Les paramètres concernant les substances à effets toxiques connus ...................... 20
1.3.3.5. Les paramètres microbiologiques ........................................................................... 20

4
1.3.3.6. Les pesticides et produits apparents........................................................................ 20
1.3.3.7. Les paramètres concernant les eaux adoucies ou déminéralisées .......................... 20
1.3.4. Règlementation internationale pour l’eau potable ...................................................... 20
1.3.5. Réglementation Algérienne ......................................................................................... 21
1.3.5.1. Paramètres de qualité de l’eau de consommation humaine .................................... 21
1.3.5.2. Objectifs de qualité des eaux superficielles et souterraines destinées à
l’alimentation en eau potable des populations .......................................................................... 24
1.4. EXERCICES D’APPLICATION ................................................................................... 26
CHAPITRE 02 : COAGULATION ET FLOCULATION ........................................................... 30
2.1. INTRODUCTION .......................................................................................................... 30
2.2. PROCEDES DE TRAITEMENT DE L’EAU ................................................................ 30
2.3. LES PRETRAITEMENTS ............................................................................................. 32
2.3.1. Dégrillage .................................................................................................................... 32
2.3.2. Dessablage................................................................................................................... 33
2.3.3. Tamisage ..................................................................................................................... 34
2.3.3.1. Macro-tamisage .......................................................................................................... 34
2.3.3.2. Micro-tamisage ........................................................................................................... 34
2.4. LES TRAITEMENTS SECONDAIRES ........................................................................ 35
2.4.1. Coagulation, floculation et Décantation ...................................................................... 36
2.4.1.1. Coagulation ................................................................................................................. 36
2.4.1.2. Floculation .................................................................................................................. 40
2.4.1.3. Jar test (essai de floculation) ...................................................................................... 43
2.5. EXERCICES D’APPLICATION ................................................................................... 44
CHAPITRE 3 : DECANTATION.................................................................................................. 48
3.1. INTRODUCTION .......................................................................................................... 48
3.2. TYPES DE DECANTATION ........................................................................................ 49
3.2.1. Décantation des particules discrètes (particules grenues) ........................................... 49
3.2.2. Décantation à flux vertical et à flux horizontal ........................................................... 50
3.2.3. Décantation diffuse (ou coalescente) .......................................................................... 52
3.2.4. Décantation en piston des particules floculées ............................................................ 55
3.3. CALCUL DES DECANTEURS..................................................................................... 57
3.4. ASPECTS TECHNOLOGIQUES .................................................................................. 58
3.4.1. Décantation statique .................................................................................................... 58
3.4.2. Décantation lamellaire................................................................................................. 60

5
3.5. EXERCICES D’APPLICATION ................................................................................... 63
CHAPITRE 4 : FILTRATION ....................................................................................................... 70
4.1. INTRODUCTION .............................................................................................................. 70
4.2. CARACTERISTIQUE DES MATERIAUX FILTRANTS ................................................ 70
4.2.1. Nature des matériaux ................................................................................................... 70
4.2.2. Caractéristiques des matériaux .................................................................................... 70
4.3. MECANISMES DE FILTRATION .................................................................................... 71
4.4. ECOULEMENT DE L’EAU DANS UN FILTRE.............................................................. 73
4.5. FILTRES A SABLE RAPIDES OUVERTS A FLUX DESCENDANT ............................ 73
4.5.1. Contrôle et optimisation du fonctionnement ............................................................... 76
4.5.2. Critères de conception des filtres ................................................................................ 79
4.5.3. Lavage des filtres rapides ............................................................................................ 80
4.6. FILTRES A SABLE LENTS .............................................................................................. 81
4.7. FILTRES SOUS PRESSION .............................................................................................. 82
4.8. FILTRES A TERRE DIATOMEE ...................................................................................... 83
4.9. EXERCICES D’APPLICATION ........................................................................................ 84
CHAPITRE 05 – DESINFECTION .............................................................................................. 89
5.1. INTRODUCTION .............................................................................................................. 89
5.2. PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA DÉSINFECTION ........................................................ 89
5.2.1. Loi de Chick .................................................................................................................... 90
5.2.2. Influence du temps de contact ......................................................................................... 90
5.2.3. Influence de la concentration de désinfectant .................................................................. 90
5.2.4. Influence de la température de l'eau ................................................................................. 91
5.3. DÉSINFECTION PAR LE CHLORE ................................................................................. 91
5.3.1. Définitions ....................................................................................................................... 92
5.3.2. Aspects chimiques de la chloration .................................................................................. 92
5.3.3. Réactions du chlore avec l'azote ...................................................................................... 93
5.3.4. Chloration au point critique ............................................................................................. 94
5.3.5. Pouvoirs désinfectants de différents dérivés du chlore..................................................... 95
5.3.6. Déchloration .................................................................................................................... 96
5.4. DÉSINFECTION PAR LE DIOXYDE DE CHLORE (CℓO2) ........................................... 97
5.4.1. Caractéristiques du dioxyde de chlore ............................................................................. 97
5.4.2. Procédés de production du dioxyde de chlore .................................................................. 97

6
5.4.3. Pouvoir oxydant et désinfectant du dioxyde de chlore ..................................................... 97
5.5. DÉSINFECTION PAR L'OZONE ...................................................................................... 98
5.5.1. Propriétés physiques de l'ozone ....................................................................................... 98
5.5.2. Pouvoir oxydant et désinfectant de l’ozone ..................................................................... 98
5.5.3. Production de l'ozone ...................................................................................................... 99
5.6. DESINFECTION PAR LES ULTRAS VIOLETS............................................................ 100
5.7. RECOMMANDATIONS SUR L’UTILISATION DES PRINCIPAUX DESINFECTANTS
101
5.8. EXERCICES D’APPLICATION ...................................................................................... 103
CHAPITRE 06 – ADOUCISSEMENT ET ELIMINATION DES METAUX ........................... 106
6.1. TRAITEMENTS D’ADOUCISSEMENT ........................................................................ 106
6.1.1. Introduction ................................................................................................................... 106
6.1.2. Origine de la dureté ....................................................................................................... 106
6.1.3. Degré de dureté idéal ..................................................................................................... 106
6.1.4. Types de dureté ............................................................................................................. 107
6.1.5. Expression de la dureté .................................................................................................. 108
6.1.6. Traitement d’adoucissement .......................................................................................... 108
6.2. ELIMINATION DU FER ET DU MANGANESE ........................................................... 112
6.2.1. Introduction ................................................................................................................... 112
6.2.2. Chimie du fer et du manganèse...................................................................................... 113
6.2.3. Procédés de déferrisation et de démanganisation ........................................................... 116
6.3. FLUORURATION ET DEFLUORURATION ................................................................. 122
6.3.1. Fluoruration ................................................................................................................... 122
6.3.2. Élimination du fluor (Défluoruration)............................................................................ 122
6.4. EXERCICES D’APPLICATION ...................................................................................... 124
Chapitre 07 – DESSALEMENT DES EAUX DE MER ET DES EAUX SAUMATRES ......... 132
7.1. OBJECTIF ........................................................................................................................ 132
7.2. CLASSIFICATION DES EAUX ...................................................................................... 132
7.3. MÉTHODES DE DESSALEMENT DES EAUX DE MER ............................................. 132
7.3.1. Osmose inverse Membranes de dessalement ................................................................. 133
7.3.2. Electrodialyse ................................................................................................................ 143
7.3.2.1. Principe ......................................................................................................................... 143
7.3.2.2. Technologie d’un électrodialyseur ................................................................................ 145
7.3.2.3. Economie du procédé .................................................................................................... 146

7
7.3.2.4. Inconvénients du procédé .............................................................................................. 147
7.3.3. Distillation et Evaporation ............................................................................................. 147
7.4. EXERCICES D’APPLICATION ...................................................................................... 152
CHAPITRE 08– ENTARTRAGE ET CORROSION DANS LES RESEAUX D’AEP ET LES
INSTALLATIONS DE DESSALEMENT.................................................................................. 157
8.1. INTRODUCTION ............................................................................................................ 157
8.1.1. Entartrage ...................................................................................................................... 157
8.1.2. Corrosion ....................................................................................................................... 160
8.1.2.1. Définition............................................................................................................ 160
8.1.2.2. Inconvénients dus à la corrosion ............................................................................ 161
8.1.2.3. Protection contre la corrosion ............................................................................... 161
8.1.2.4. Cas de l'eau de mer : corrosivité et entartrage....................................................... 165
CHAPITRE 9 : METHODES POUR LE CONTROLE DES PROCESSUS UNITAIRES ........ 167
9.1. INTRODUCTION ............................................................................................................ 167
9.2. OPERATIONS UNITAIRES UTILISES POUR LE TRAITEMENT DE L’EAU ........... 167
9.3. CONTROLE AUTOMATISE DE LA QUALITE DE L’EAU ......................................... 168
9.4. TESTS PARTICULIERS .................................................................................................. 169
9.4.1. Optimisation de la décantation par ajout de produits chimiques – Jar-Tests .................. 169
9.4.2. Potentiel zêta - zêtamètre............................................................................................... 170
9.4.3. Titration de colloïdes ..................................................................................................... 171
9.4.3.1. Méthode par indicateur coloré ...................................................................................... 171
9.4.3.2. Méthode néphélométrique ............................................................................................. 171
9.4.4. Test de filtrabilité d’une boue ........................................................................................ 171
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... 176

8
CHAPITRE I : GENERALITES ET NORMES

1.1. COMPOSITION DE L’EAU


1.1.1. Physique de l’eau
La structure de l’eau dépend de son état physique.
L’état gazeux (vapeur) correspond exactement à la forme H2O et en
particulier au modèle angulaire (Figure 1.1). Mais les états
condensés (liquide et glace) sont plus compliqués et c’est cette
complication qui explique leurs propriétés anormales.
A l’état solide, l’arrangement élémentaire consiste en une molécule
d’eau centrale et quatre périphériques, l’ensemble affectant la forme Figure 1.1 : Structure
d’un tétraèdre. de l'eau à l'état vapeur

A l’état liquide, il y a association de plusieurs molécules par liaisons particulières dites


liaisons hydrogène, chaque atome d’hydrogène d’une molécule d’eau étant lié à l’atome
d’oxygène de la molécule voisine.

1.1.2. Etats des impuretés dans l’eau


Les impuretés que renferme une eau rencontrée dans la nature sous les trois états : solide,
liquide, ou gazeux, peuvent être caractérisées par la taille qu’elles prennent en solution
dans l’eau (Figure 1.2). Cette taille peut être celle d’une particule isolée ou celle d’un amas
structuré.

Figure 1.2 : Dimensions de diverses particules rencontrées dans les eaux naturelles

9
1.1.3. Composition de l’eau et indicateurs de qualité
Les eaux naturelles constituent un milieu complexe. La qualité des eaux est largement
affectée par le couvert végétal, les pratiques agricoles, l’urbanisation et plus généralement
par l’activité économique développée dans les paysages où elles coulent. Les paramètres
de qualité les plus importants pour le traitement des eaux sont les suivants:

1.1.3.1. Paramètres organoleptiques


Les paramètres organoleptiques sont ceux que le consommateur perçoit immédiatement.
Ces paramètres se rapportent à la couleur, la saveur, l’odeur et la transparence de l’eau.

1.1.3.2. Matières en suspension (MES)


En dehors des matières dissoutes, les eaux naturelles contiennent plus particulièrement des
particules en suspension. Ces particules, dont la taille varie de quelques dizaines de
nanomètres à quelques centaines de μm, sont constituées d’éléments minéraux et
organiques en provenance des sols ou des résidus d’activité humaine.
Les teneurs élevées en MES peuvent empêcher la pénétration de la lumière, diminuer
l’oxygène dissous et limiter alors le développement de la vie aquatique, en créant de
déséquilibres entre les diverses espèces.
Les dépôts dans les zones calmes peuvent entraîner des développements anaérobies, avec
leurs conséquences habituelles.

1.1.3.3. Turbidité
La turbidité d’une eau est due à la présence des particules en suspension, notamment
colloïdales : argiles, limons, grains de silice, matières organiques, etc. L’appréciation de
l’abondance de ces particules mesure son degré de turbidité. ; elle peut être favorisée par
la pluviométrie.
La turbidité engendre les mêmes conséquences que les MES proprement dites.

1.1.3.4. Température
La température d’une eau potable devrait être inférieure en été et supérieure en hiver à la
température de l’air. Pour que l’eau potable soit désaltérante sa température doit se situer
entre 8 et 15 °C ; entre 20 et 25 °C elle désaltère mal.
Pratiquement, la température de l’eau n’a pas d’incidence directe sur la santé de l’homme.
Cependant, une température supérieure à 15 °C favorise le développement des micro-
organismes dans les canalisations en même temps qu’elle peut intensifier les odeurs et les
10
saveurs. Par contre, une température inférieure à 10°C ralentit les réactions chimiques dans
les différents traitements des eaux.

1.1.3.5. Oxygène dissous

La teneur de l’oxygène dissous dans l’eau dépasse rarement 10 mg/l. Elle est fonction de
l’origine de l’eau : les eaux superficielles peuvent contenir des quantités relativement
importantes proches de la saturation, par contre, les eaux profondes n’en contiennent le
plus souvent que quelques mg/l.

Des faibles teneurs en oxygène, peuvent entraîner une altération organoleptique de l’eau.
Dans les milieux à faible taux de renouvellement (lacs, retenues de barrages, etc.) la teneur
en oxygène dissous a tendance à diminuer avec la profondeur, et des phénomènes
anaérobies peuvent se développer dans les fonds.
Les phénomènes d’autoépuration naturelle dans les eaux superficielles sont fonctions des
teneurs en oxygène dissous.
Autoépuration (ou auto-purification)
Processus naturel, biologique, chimique et physique au cours duquel un milieu pollué
retrouve son état initial non pollué. Grace à ce phénomène, les cours d'eau se débarrassent
de la pollution faible par le biais de micro-organismes.

1.1.3.6. Gaz carbonique (anhydride carbonique, CO2)

Généralement les eaux de surface ne contiennent pas plus de 10 mg/l d’anhydride


carbonique. Toutefois, les eaux ayant une activité biologique intense (lacs, étangs,
canaux…) sont susceptibles d’avoir des teneurs de plusieurs dizaines de mg/l. Les eaux
souterraines peuvent aussi présenter des teneurs élevées probablement liées à l’activité
bactérienne des sols.

Le CO2 est une composante majeure de l’équilibre calco-carbonique.


L’équilibre calco-carbonique
Pour une teneur donnée en hydrogénocarbonates de calcium et de magnésium, il existe une
quantité nécessaire d’anhydride carbonique pour stabiliser les hydrogénocarbonates et
éviter la précipitation des carbonates. Cette quantité est connue sous le nom d’anhydride
carbonique équilibrant. Si une eau contient une quantité supérieure à cette quantité
nécessaire, cet excès constitue l’anhydride carbonique agressif.

11
Par contre, dans le cas où la quantité d’anhydride carbonique libre est inférieure à la
quantité théorique d’anhydride carbonique équilibrant, il y aura précipitation des
carbonates et incrustation.
Exemple: pour le cas des hydrogénocarbonates de Calcium, la réaction qui a lieu :

CaCO3 + CO2  Ca(HCO3)2


Toutefois, la présence de CO2 dans les eaux peut être schématisée comme suit (Figure1.3):

CO2

CO2 lié CO2 libre

HCO-3 CO--3 CO2 agressif CO2 équilibrant

Figure 1.3 : Formes de présence d’anhydride carbonique

1.1.3.7. Potentiel d’hydrogène (pH)


Le pH d’une eau représente son acidité ou son alcalinité ; à pH 7 une eau est dite neutre, à
un pH inférieur à 7 une eau dite acide et à un pH supérieur à 7, elle est dite basique. Le pH
des eaux naturelles est lié à la nature des terrains traversés, il varie habituellement entre 7,2
et 7,6. D’une façon générale, les eaux très calcaires ont un pH élevé et celles provenant de
terrains pauvres en calcaire ou siliceux ont un pH voisin de 7 et quelquefois inférieur
(env. 6).

1.1.3.8. Matières dissoutes (Substances dissoutes)


Il s’agit essentiellement des sels minéraux qui sont dissociés par l’eau, qui est un solvant
pratiquement universel. Une partie de la matière organique est également sous forme
dissoute. Les sels minéraux dissous se trouvent dissociés dans l’eau en cations et anions et
représente la minéralisation de l’eau.

Minéralisation d’une eau


Est la somme des teneurs des cations et anions exprimée en mg/l. Les principaux ions
présents peuvent être classés selon leur fréquence de présence décroissante (Tableau 1.1):

12
Tableau 1.1 : Principaux Cations et Anions présents dans les eaux naturelles.

Cations et masse atomique (g/mole) Anions et masse atomique (g/mole)


Calcium (Ca++) 40 Hydrogénocarbonates (HCO3 -) 61
Magnesium (Mg++) 24 Chlorures (Cl-) 35,5
Sodium (Na+) 23 Sulfates (SO4--) 96
+
Ammonium (NH4 ) 18 Nitrates (NO3- ) 62
Fer ferreux (Fe++) 56 Fluorures (F-) 19
Potassium (K+) 39 Phosphates (PO4---) 95

Emploi du milliéquivalent
Pour faciliter les calculs et pour permettre d’établir des bilans ioniques caractéristiques, on
a pris l'habitude d'évaluer les résultats des analyses non pas en grammes par litre mais en
équivalents grammes par litre. Le sous multiple est le milli-équivalent (meq.l-1).
Le milliéquivalent par litre (meq.l-1) est la quantité de l'électrolyte considéré dissoute
dans un litre de solution égale au millième de l'équivalent-gramme de cet électrolyte.
L'équivalent-gramme est le quotient de la masse molaire d'un corps par le nombre de
charges de même signe portées par les ions que libère en solution aqueuse une molécule de
ce corps.
Par exemple, la masse molaire du chlore étant de 35,5 g, si une eau contient 2 g de chlore
par litre, on peut exprimer ce résultat en écrivant qu'elle contient :
2
= 0.05634 équivalent − grammede chlore par litre
35.5
1
Soit 56,34 milliéquivalent de chlore par litre (56,34 meq.l-1)
Emploi du Degré français
Dans la pratique du traitement de l'eau il est d’usage d’employer des unités plus petites que
le milliéquivalent gramme pour tenir compte de l’ordre de grandeur des concentrations en
jeu, on utilise le degré français qui correspond à un cinquième du milliéquivalent-gramme
ou l’équivalent en CaCO3.
1 meq.l-1= 5 °F
1° F = 10 mg/l CaCO3

13
1.1.3.9. Conductivité électrique
La conductivité électrique d’une eau (γ) est la conductance d’une colonne d’eau comprise
entre deux électrodes métalliques de 1 cm2 de surface et séparées l’une de l’autre de 1cm.
La mesure de la conductivité électrique permet d’évaluer rapidement mais très
approximativement la minéralisation globale de l’eau et d’en suivre l’évolution.

Relation entre la conductivité et la minéralisation


Conductivité < 100 µs/cm → Minéralisation très faible
100 µs/cm < Conductivité < 200 µs/cm → Minéralisation faible
200 µs/cm < Conductivité < 333 µs/cm → Minéralisation moyenne
333 µs/cm < Conductivité < 666 µs/cm → Minéralisation moyenne accentuée
666 µs/cm < Conductivité < 1000 µs/cm → Minéralisation importante
Conductivité > 1000 µs/cm → Minéralisation élevée

1.1.3.10. Dureté totale de l’eau (titre hydrotimétrique TH)


La dureté ou titre hydrotimétrique d’une eau correspond à la somme des concentrations en
cations métalliques à l’exception de ceux des métaux alcalins et de l’ion hydrogène. Dans
la plupart des cas la dureté est surtout due aux ions calcium et magnésium auxquels
s’ajoutent quelquefois les ions fer, aluminium, manganèse, strontium.
TH = r [Ca++] + r [Mg++]

L’intérêt de cette détermination réside dans le fait qu’une eau dure n’est pas directement
utilisable ; une teneur élevée nuit à la cuisson des légumes et à la bonne utilisation des
savons ordinaires.
Une faible dureté ne permet pas l’élaboration de couche carbonatée assurant le plus souvent
une protection des canalisations contre certains risques de corrosion ; par contre, une dureté
élevée constitue un risque important d’entartrage des canalisations.

1.1.3.11. Alcalinité d’une eau (Titre alcalimétrique complet TAC)


Elle est mesurée par la somme des anions hydrogénocarbonates (HCO3-), carbonates
(CO3) et hydroxydes (OH-) alcalins (Na) ou alcalino-terreux (Ca, Mg) et exprimée par le
titre alcalimétrique complet.
Dans le cas des eaux naturelles, l’alcalinité est purement bicarbonatée (HCO3-).

14
1.1.3.12. Matières organiques
En dehors des pollutions résultant des activités humaines, les matières organiques
susceptibles d’être rencontrées dans les eaux sont constituées par des produits de
décomposition d’origines animales ou végétales, élaborées sous l’influence des
microorganismes.
L’inconvénient des matières organiques est de favoriser l’apparition de mauvais goûts et
des saveurs désagréables.

1.1.3.13. Micropolluants

Oligo-éléments : Les oligo-éléments sont principalement des cations ou des anions qui se
présente dans les eaux en faible quantité, mais dont le rôle est très important. Les
principaux sont : cuivre, zinc, cobalt, manganèse, argent, aluminium, molybdène,
sélénium…...

Métaux lourds : Les métaux lourds sont largement répandus dans la nature (les rôches),
essentiellement sont : le cadmium, le chrome, le plomb, le mercure, le sélénium, l’arsenic.

Les détergents : Les détergents sont des composés tensio-actifs synthétiques dont la
présence dans les eaux est due aux rejets d’effluents urbains et industriels.

Matières phénoliques : La présence des phénols dans l’eau a, le plus souvent, pour origine
les pollutions industrielles (usines chimiques, cokeries, papeteries, raffineries,
pétrochimie…). Les revêtements bitumineux des canalisations peuvent, lors des
réparations et des mises en service, introduire dans le réseau des quantités de phénols.

Les pesticides : On désigne généralement sous ce terme, les produits utilisés pour lutter
contre les organismes qui portent atteinte à la santé publique, ou qui s’attaquent à tous les
stades et de toutes les manières aux ressources végétales ou animales nécessaires à
l’alimentation humaine. On distingue : les insecticides, les fongicides, les herbicides, etc…

1.1.3.14. Micro-organismes vivants

L’eau ne doit pas contenir aucun germe pathogène. Les germes recherchés proviennent de
la contamination d’origine fécale et sont : Bacille de Coli ou Eschérichia Coli ;
Entérocoque ; Clostridium Sulfitoréducteur ; Bactériophages fécaux ; Streptocoques
fécaux.

15
1.2. QUALITE DES EAUX DE DIFFERENTES ORIGINES
Les réserves disponibles d'eaux naturelles sont constituées des eaux souterraines
(infiltration, nappes), des eaux de surface retenues ou en écoulement (barrages, lacs,
rivières) et des eaux mer.

1.2.1. Eaux souterraines


Les eaux souterraines ont, pendant longtemps, été synonymes "d'eaux propres" et
répondant naturellement aux normes de potabilité. Ces eaux sont en effet moins sensibles
aux pollutions accidentelles.
Les eaux souterraines peuvent contenir des éléments à des concentrations dépassant
largement les normes de potabilité. Ceci est dû à la composition du terrain de stockage. On
peut citer : Fe, Mn, H2S, F...
Les eaux souterraines doivent être traitées avant distribution toutes les fois que la
concentration d'un ou plusieurs éléments dépasse la valeur autorisée par les règlements en
vigueur.

1.2.2. Eaux de surface


Elles ont pour origine, soit des nappes profondes dont l'émergence constitue une source de
ruisseau, de rivière, soit les eaux de ruissellement. Ces eaux se rassemblent en cours d'eau,
caractérisés par une surface de contact eau-atmosphère toujours en mouvement et une
vitesse de circulation appréciable. Elles peuvent se trouver stockées en réserves naturelles
(lacs) ou artificielles (retenues, barrages) caractérisées par une surface d'échange eau
atmosphère quasiment immobile, une profondeur qui peut être importante et un temps de
séjour appréciable.
Les Principales différences entre eaux de surface et eaux souterraines sont illustrées dans le
tableau 1.2 :

16
Tableau 1.2 : Principales différences entre eaux de surface et eaux souterraines.

Caractéristique Eaux de surface Eaux souterraines

Température variable suivant les saisons relativement constante


Turbidité, MES variable, parfois élevée faible ou nulle (sauf en
(vraies ou colloïdales) terrain karstique)
Couleur liée surtout aux MES (argiles, liée surtout aux matières en
algues...) sauf dans les eaux solution (acides humiques
très douces et acides (acides par exemple)
humiques)
Minéralisation variable en fonction des sensiblement constante en
globale terrains, des précipitations, des général nettement plus
rejets... élevée que dans les eaux de
surface de la même région
Fe et Mn divalents (à généralement absents, sauf en généralement présents
l'état dissous) profondeur des pièces d'eau en
état d'eutrophisation
CO2 agressif généralement absent souvent présent en grande
quantité
O2 dissous Le plus souvent au voisinage absent la plupart du temps
de la saturation. Absent dans le
cas d'eaux très polluées
H2S généralement absent souvent présent
NH4 présent seulement dans les présent fréquemment sans
eaux polluées être un indice systématique
de pollution bactérienne
Nitrates peu abondants en général teneur parfois élevée
Silice teneur en général modérée teneur souvent élevée
Micropolluants présents dans les eaux de pays généralement absents, mais
minéraux et développés, mais susceptibles une pollution accidentelle
organiques de disparaître rapidement subsiste beaucoup plus
après suppression de la source longtemps
Éléments vivants bactéries (dont certaines ferrobactéries fréquentes
pathogènes), virus, plancton
(animal et végétal)
Solvants chlorés rarement présents souvent présents

Caractère eutrophe fréquent Accentué par les non


températures élevées

17
1.2.3. Eaux de mer et eaux saumâtres
Ces eaux sont caractérisées par une salinité importante, qui peut varier selon les origines
(tableau 1.3).
Tableau 1.3 : Salinité des eaux de mers selon leur origine.

Origine Salinité g.l-1


Mer Baltique 17
Atlantique et Pacifique 32 à 35
Mer Méditerranée 38 à 40
Mer Rouge 43 à 45
Mer Morte 270

Certaines caractéristiques physiques de l'eau de mer sont particulièrement importantes:


turbidité et matières en suspension. Elles sont très variables selon la localisation.
En pleine mer, les MES sont représentées essentiellement par le zooplancton et le
phytoplancton, dont la valeur est de quelque mg.l-1.
Près des rivages: la teneur en sable peut être importante selon l'agitation (vent, marées) et
la profondeur (présence d'un plateau continental). De plus, à proximité des agglomérations,
la pollution par des rejets urbains et industriels peut devenir prépondérante. Le tableau 1.4
donne la composition d'une eau de mer "standard".
Tableau 1.4 : Analyse standard d'eau de mer, pH = 8,2 - 8,3.

Anions mg.l-1 méq.l-1 Cations mg.l-1 méq.l-1


-
Chlorure Cl 19 880 560 Calcium Ca2+ 440 22
2- 2+
Sulfate SO4 2 740 57 Magnésium Mg 1315 108
- +
Nitrate N03 - - Sodium Na 11040 480
- +
Bicarbonate HCO3 183 3 Potassium k 390 10
Bromure Br - 68 0,9 Strontium 1,3 0,3
22 871 620,9 13186,3 620,3

Salinité totale: 36,4 g.l-1

18
1.3. NORMES DE QUALITE DES EAUX
1.3.1. Introduction
L’eau mise à disposition du consommateur doit avoir été traitée de façon à être « apte à
l’usage prévu », c’est-à-dire répondre à la réglementation en vigueur. Il est donc
nécessaire de traiter l’eau chaque fois que l’un des paramètres analytiques est supérieur
aux normes en vigueur dans le pays considéré.
Le concept « Normes de qualité de l’eau » est utilisé pour l'eau potable ou autres usages
domestiques, industriels ou agricoles nécessitant une eau aux caractéristiques particulières.
Généralement, pour qu’une eau soit potable (propre à la consommation), elle doit répondre
à des normes de qualité. Ces normes s'appuient sur des travaux médicaux établissant les
"doses maximales admissibles" (quantités de substances qu'un individu peut absorber sans
risque, tous les jours de sa vie, avec une marge de sécurité confortable).

1.3.2. Notion de normes


On appelle normes, les recommandations qui émanent d’organismes particulièrement
compétents, et qui précisent ce que doit être la composition de l’eau, afin qu’elle puisse
être consommée par la population sans qu’elle ne puisse porter atteinte à sa santé, à court
ou long terme. Les normes ne constituent pas un recueil de valeurs figées, arrêtées une fois
pour toutes. Elles évoluent avec :
- le progrès de la connaissance,
- le développement de la science et des techniques,
- les incidences que peut (ou ne peut pas) avoir tel ou tel paramètre sur la santé,
- les risques liés au mode de vie, des réalités du pays (ressources en eau disponibles,
niveau de développement, potentiels technique et technologique…).
Ce qui introduit des écarts entre normes guide (NG) et concentration maximale admissible
(CMA).
1.3.3. Organisation des normes de potabilité
Les normes sont réparties en sept groupes :
1.3.3.1. Les paramètres organoleptiques
Ces paramètres concernent la couleur, la transparence, la saveur et l'odeur de l'eau.
Cependant ces critères n'ont pas de valeur sanitaire directe. Une eau peut être trouble,

19
colorée ou avoir une odeur particulière et néanmoins être consommable.
1.3.3.2. Les paramètres physico-chimiques
Il s'agit des caractéristiques telles que le pH de l’eau et sa température. Ces
caractéristiques sont en relation avec la structure naturelle de l'eau.
1.3.3.3. Les paramètres concernant les substances indésirables
Ce sont des substances dont la présence est tolérée en faible quantité. Parmi ces
substances, on peut trouver des éléments qui ne causent que des désagréments pour l'usager
mais d'autres peuvent avoir une incidence sur la santé.
1.3.3.4. Les paramètres concernant les substances à effets toxiques connus
Les normes fixées sont sensiblement inférieures aux seuils considérés comme acceptables
en toxicologie, c'est pourquoi les teneurs tolérées sont extrêmement faibles. Ces paramètres
concernent le plomb et le chrome entre autres.
1.3.3.5. Les paramètres microbiologiques
L'eau ne doit pas contenir de bactéries ou de virus pathogènes. Par contre, les germes banals
y sont admis mais en faible quantité, en effet, puisque l'eau est un milieu vivant, une vie
bactérienne inoffensive et limitée y est normale.

1.3.3.6. Les pesticides et produits apparents


Beaucoup de substances appartiennent à cette catégorie ; leur présence dans l'eau est limitée
à de très petites quantités.
1.3.3.7. Les paramètres concernant les eaux adoucies ou déminéralisées
Les eaux adoucies ou déminéralisées doivent tout de même contenir une teneur minimale
en calcium ou en magnésium (pour la dureté) et en carbonate ou en bicarbonate (pour
l’alcalinité).
1.3.4. Règlementation internationale pour l’eau potable
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) établit, pour chaque paramètre, des
recommandations qui peuvent être adaptées dans chaque pays, en fonction de l’état
sanitaire et des conditions économiques, pour aboutir aux normes réglementaires
nationales.
Dans l’Union Européenne, la qualité des eaux potables est définie par une directive, que
tous les États membres doivent ensuite transposer en droit national. La directive initiale
datait de 1980 et a été transposée en droit français le 3 janvier 1989 ; elle définissait des

20
niveaux-guides et des concentrations maximales admissibles pour 64 paramètres.

1.3.5. Réglementation Algérienne


1.3.5.1. Paramètres de qualité de l’eau de consommation humaine
Décret exécutif n°14-96 du 2 Joumada El Oula 1435 correspondant au 4 mars 2014
modifiant et complétant le décret exécutif n° 11-125 du 17 Rabie Ethani 1432
correspondant au 22 mars 2011 relatif à la qualité de l’eau de consommation humaine
(Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire N° 13, du 7
Joumada El Oula 1435 correspondant au 9 mars 2014) (Tableau 1.5 et Tableau 1.6).
Tableau 1.5 : Paramètres avec valeurs limites
GROUPE DE
PARAMETRES UNITES VALEURS LIMITES
PARAMETRES
Aluminium mg/l 0,2
Ammonium mg/l 0,5
Baryum mg/l 0,7
- Eaux conventionnelles : 1
Bore mg/l
- Eaux dessalées ou déminéralisées : 1,3
Fluorures mg/l 1,5
Nitrates mg/l 50
Nitrites mg/l 0,2
Oxydabilité mg/l O2 5
Acrylamide µg/l 0,5
Antimoine µg/l 20
Argent µg/l 100
Arsenic µg/l 10
Cadmium µg/l 3
Chrome total µg/l 50
Paramètres
chimiques Cuivre mg/l 2
Cyanures µg/l 70
Mercure µg/l 6
Nickel µg/l 70
Plomb µg/l 10
Sélénium µg/l 10
Zinc mg/l 5
Hydrocarbures polycycliques µg/l 0,2
aromatiques (H.P.A²) totaux
Fluoranthène,
benzo (3,4) fluoranthène,
benzo (11,12) fluoranthène,
benzo (3,4) pyrêne,
benzo (1,12) pérylène,
indéno (1,2,3-cd) pyrène,
benzo (3,4) pyrène µg/l 0,01
Benzène µg/l 10
Toluène µg/l 700
Ethylbenzène µg/l 300

21
GROUPE DE VALEURS
PARAMETRES PARAMETRES UNITES
LIMITES

Xylènes µg/l 500


Styrène µg/l 100
Agents de surface régissant au bleu
mg/l 0,2
de méthylène
Epychlorehydrine µg/l 0,4
Microcystine LR µg/l 1
Pesticides par substance individualisée
- Insecticides organochlorés persistants µg/l 0,1
- Insecticides organophosphorés et carbamates µg/l 0,1
- Herbicides µg/l 0,1
- Fongicides µg/l 0,1
- P.C.B µg/l 0,1
- P.C.T µg/l 0,1
- Aldrine µg/l 0,03
- Dieldrine µg/l 0,03
- Heptachlore µg/l 0,03
- Heptachlorépoxyde µg/l 0,03

Paramètres Pesticides (Totaux) µg/l 0,5


chimiques Bromates µg/l 10
(Suite)
Radionucléides Chlorite µg/l 0,07

Trihalométhanes par substance individualisée :


-Chloroforme µg/l 200
- Bromoforme µg/l 100
- Dibromochlorométhane µg/l 100
- Bromodichlorométhane µg/l 60
Chlorure de vinyle µg/l 0,3
1,2-Dichloroéthane µg/l 30
1,2-Dichlorobenzène µg/l 1000
1,4-Dichlorobenzène µg/l 300
Trichloroéthylène µg/l 20
Tetrachloroéthylène µg/l 40
Particules alpha Picocuriel/L 15
Particules béta Millirems/an 4
Tritium Bequerel/l 100
Uranium µg/l 30
Dose totale indicative (DTI) mSv/an 0,15
Escherichia Coli n/100ml 0
Paramètres Entérocoques n/100ml 0
microbiologiques
Bactéries sulfitoréductices y compris les spores n/20ml 0

22
Tableau 1.6 : Paramètres avec valeurs indicatives

GROUPE DE VALEURS
PARAMETRES UNITES
PARAMETRES INDICATIVES

couleur mg/l platine 15

Paramètres Turbidité NTU 5


Organoleptiques Odeur à 25 C Taux dilution 4
Saveur à 25 C Taux dilution 4
Alcalinité mg/l CaCO3 65
pour les eaux dessalées
ou déminéralisées
(valeur minimale)
Calcium mg/l 200
Chlorure mg/l 500
Concentration en ions hydrogène Unité pH ≥ 6,5 et ≤ 9
Conductivité à 20 C µS/cm 2800
Paramètres
Physico-chimiques Dureté (TH) mg/l en CaCO3 500
en relation avec
la structure naturelle Fer total mg/l 0,3
des eaux
Manganèse µg/l 50
Phosphore mg/l 5
Potassium mg/l 12
Sodium mg/l 200
Sulfates mg/l 400
Température C 25

23
1.3.5.2. Objectifs de qualité des eaux superficielles et souterraines destinées à
l’alimentation en eau potable des populations
Décret exécutif n° 11-219 du 10 Rajab 1432 correspondant au 12 juin 2011 fixant les
objectifs de qualité des eaux superficielles et souterraines destinées à l’alimentation en eau
des populations.

Groupes de Valeur maximale


Paramètres Unité
paramètres
Eaux superficielles Eaux souterraines
mg/l
Paramètres Couleur 200 20
Echelle Pt
organoleptiques
Odeur (taux dilution à 25°) — 20 3

Chlorures mg/l Cl 600 500

Concentration en ions
Unité pH ≥ 6,5 et ≤ 9 ≥ 6,5 et ≤ 9
hydrogène (pH)
µS/cm à
Conductivité 2800 2800
20°C
Demande Biochimique en
mg/l O2 7 <3
Paramètres oxygène (DBO5)
physico-chimiques
en relation avec la Demande chimique en mg/l O2 30 —
structure oxygène (DCO)
naturelle des eaux
Matières en suspension mg/l 25 25

Sulfates mg/l SO4 400 400


Taux de saturation en
% O2 30 > 70
oxygène dissous
Température °C 25 25
Ammonium mg/l 4 0,5
Baryum mg/l 1 0,7
Bore mg/l 1 1
Fer dissous mg/l 1 0,3

Paramètres Fluor mg/l 2 1,5


chimiques Manganèse mg/l 1 0,05
Nitrates mg/l NO3 50 50
Phosphore mg/l 10 5
Arsenic µg/l 100 10
Cadmium µg/l 5 5
Chrome µg/l 100 50

24
Cuivre mg/l 2 0,05

Cyanures µg/l 100 50


Mercure µg/l 10 6
Plomb µg/l 50 10
Sélénium µg/l 50 10
Zinc mg/l 5 5
Paramètres
chimiques (suite) Hydrocarbures polycycliques
µg/l 1 0,2
aromatiques

Hydrocarbures dissous µg/l 1000 10


Phénols µg/l 2 0,5
Agents de surface mg/l 0,5 0,2
Azote Kjeldhal mg/l 3 1
Pesticides µg/l 1 0,5
Escherichia coli n/100ml 20.000 20
Paramètres Entérocoques n/100ml 10.000 20
microbiologiques
Absence dans Absence dans
Salmonelles —
1000 ml 5000 ml

25
1.4. EXERCICES D’APPLICATION
EXERCICE 01
Représenter graphiquement, la variation de
l’oxygène dissous en fonction de la
distance, au cours du phénomène d’auto
épuration d’un cours d’eau (Evolution réelle
de l’O2, O2 consommé, et O2 absorbé)

EXERCICE 02
L’analyse chimique d’une eau de forage a donné les résultats suivants :

Cations Ca2+ Mg2+ Na+ K+


Concentrations
153 43 459 6
(mg/L)

Anions HCO3- SO42 - Cℓ - CO32-


Concentrations
373 374 716 -
(mg/L)

Déterminer :
– Le total des sels dissous (Minéralisation).
– La balance des cations et anions et en déduire l’écart des concentrations.
– La dureté totale de l’eau T. H. et donner une classification a cette eau suivant sa dureté
(Voir Tab : Paramètres de qualité de l’eau de consommation humaine).

26
Solution de l’exercice 01
La variation des différentes formes de l’oxygène est illustrée dans le graphique ci-
après (Tracé arbitraire, juste pour montrer l’allure des variations):

Concentration
en oxygène
dissous

Saturation 100 %

C0 Déficit
maximum en
oxygène

Oxygène dissous
minimum
Distance
Zone de dégradation Zone de récupération

Introduction de la Dégradation totale de la matière biodégradable


pollution organique
biodégradable

Variation réelle de l’O2 dissous :


Suite à l’introduction de la matière polluante, des réactions biologiques de dégradation se
déclenchent en consommant de l’oxygène. Ceci conduit à une diminution de ce dernier, et
ce jusqu’à destruction complète de la matière biodégradable. Au-delà, la concentration l’O2
dissous augmente par diffusion de l’air ambiant vers l’eau, afin de rétablir l’équilibre des
concentrations initiales.
Variation de l’O2 consommé
La consommation a lieu, du début de la dégradation, et se poursuit, jusqu’à l’achèvement

27
de la matière polluante.
Variation de l’O2 consommé
L’absorbation de l’oxygène débute, dès qu’il se produit un déséquilibre entre les
concentrations dans l’eau et dans l’air.

Solution de l’exercice 02
- Total des sels dissous (Minéralisation)
Minéralisation d’une est souvent désignée par Le Total des Sels Dissous (TDS) est
égale à (Voir définition dans le cours):
Minéralisation = ∑ cations + ∑ anions (mg/l)
= 153 + 43 + 459 + 6 + 373 + 374 + 716 = 661 + 1468 = 2124 mg/l
- Balance des cations et anions (bilan ionique)

Concentration
Elément
mg/l meq.l- °F
2+
Ca 153 7,65 38,25
2+
Mg 43 3,58 17,92
Na+ 459 19,96
K+ 6 0,15
∑ 661 31,34
HCO3- 373 6,11
2-
SO4 374 7,79
Cℓ – 716 20,17
2-
CO3 -
∑ 1463 34,08
Total 2124 - -

Bilan ionique
Le contrôle des résultats de l’analyse d’une eau naturelle peut être effectué par
l’intermédiaire du bilan ionique: c’est-à-dire par la vérification de l’équation
d’électro neutralité. En théorie, et pour un pH voisin de 7, la somme des anions
exprimée en milliéquivalents doit correspondre exactement à la somme des cations
exprimée de la même manière.

28
Somme des cations (meq/L) = Somme des anions (meq/L)
En pratique, il existe presque toujours un écart entre ces deux chiffres.
L’écart significatif, des concentrations se calcul par la relation suivante :
∑cations − ∑anions
Ecart des concentrations = | | X 100 (%)
∑cations + ∑anions
Dans la pratique des analyses, un bon bilan ionique, est celui qui donne un écart inférieur
à 5%.
Conversion des concentrations en meq.l-1 (Voir le Cours):
Ex : Cas du Ca2+ :
Concentration (mg. l−1 ) 153
= = 7,65 meq. l−1
−1
Masse atomique (g. mole ) 40
Valence 2
Toutefois, pour permette d’interpréter ce bilan, on calcul de l’écart des concentrations :
31,34 − 34,08
Ecart des concentrations = | | X 100 = 4,18 (%)
31,34 + 34,08
Rq : On constate, que l’écart des concentrations donne une valeur 4,18 % qui est inférieur
à la limite recommandée (5%).

3 - La dureté totale de l’eau T. H. :


TH = r [Ca++] + r [Mg++]
= 7,65 + 3,58 = 11,23 meq.l-1
La dureté de l’eau est souvent exprimée en degrés Français (1 meq.l-1= 5 °F) :
D’où : TH = 11,23 x 5 = 56,17 °F
En se référant au tableau 2 (PARAMETRES AVEC VALEURS INDICATIVES) de la
Réglementation Algérienne, la valeur indicative relative à la dureté est de 500 mg/l en
CaCO3, soit 50 ° F (1° F = 10 mg/l CaCO3)
La dureté de l’eau analysée dépasse la valeur indiquée. Il s’agit donc, d’une eau dure.

29
CHAPITRE 02 : COAGULATION ET FLOCULATION

2.1. INTRODUCTION
Les objectifs relatifs à la qualité sont de satisfaire aux normes prescrites par les autorités
responsables (normes physiques, chimiques, bactériologiques). Dans le respect de ces
normes, on vise à préparer une eau qui n’est pas dure, ni incrustante (entartrante) et qui
n’est pas corrosive.
D’une manière générale, les traitements nécessaires doivent être conçus en fonction de
l’usage de l’eau d’une part et, d’autre part en fonction des caractéristiques de l’eau brute.

2.2. PROCEDES DE TRAITEMENT DE L’EAU


Il existe une large gamme de procédés de traitement, il reste au concepteur d’une station
de traitement à faire un choix approprié des traitements utiles et de les classer dans un ordre
optimal. Les principaux procédés sont illustrés dans le tableau 2.1.

Tableau 2.1 : Procédés de traitements de l’eau.

Procédé Objectif (Pollution visée)


Aération Enlèvement des gaz et matières volatiles.
Dégrillage Elimination des matières grossières et objets flottants.
Tamisage Elimination des matières grossières en suspension.
Micro tamisage Réduction de la teneur en planctons
Dessablage Elimination des sables
Déshuilage, Ecumage Enlèvement d’huiles, d’écumes, de matières flottantes.
Sédimentation simple Réduction des matières en suspension aptes à se déposer
Coagulation –floculation- Clarification, décoloration, désinfection partielle, précipitation
sédimentation chimique
Filtration rapide, F. lente Clarification, désinfection partielle
Chloration, Ozonation Désinfection, Oxydation, Décoloration, Suppression d’odeurs.
Précipitation chimique Adoucissement, suppression d’ions toxiques ou indésirables.
Echange ionique Adoucissement, Déminéralisation, suppression d’ions toxiques
indésirables radioactifs.
Adsorption sur charbon actif Décoloration, suppression d’odeurs, de mauvais goûts, de
matières organiques, toxiques ou indésirables.
Correction chimique par Correction de pH, de la dureté, réduction de l’agressivité.
Adjuvants

30
Osmose inverse Purification générale, dessalement, déminéralisation.
Electrodialyse Dessalement.
Distillation Purification générale, dessalement, dessalement,
déminéralisation.
Ultrafiltration Purification partielle.
Irradiation aux rayons U. V. Désinfection.

Les différents procédés de traitement de l’eau peuvent être classer comme suit :
- Des traitements préparatoires, ou prétraitements : le dégrillage, le tamisage et le
dessablage…
- Des traitements radicaux exigent des ouvrages plus complexes qu’on peut qualifier
de traitements majeurs : coagulation-floculation suivi de décantation, filtration sur
sable, oxydation et désinfection au chlore ou à l’ozone…
- Des traitements d’affinage ou complémentaires qui apportent des corrections
nécessaires ou souhaitables à l’eau déjà purifiée : correction du pH, adsorption sur
charbon actif, chloration finale.
Le schéma ci-après montre l’enchainement des procédés de traitement dans une usine
de traitement d’eau de surface (figure 2.1)
Eau brute

Dégrillage
Prétraitement

Dessablage
s

Sédimentation simple
Pré-chloration
éventuelle
Coagulation – Floculation - Décantation
Traitements
majeurs

Filtration rapide sur sable

Désinfection au Cl2 ou O3
Traitements
d’affinage

Adsorption au CAG
Chloration

Eau Traitée

Figure 2.1 : présentation schématique d’une filière de traitement d’une eau de surface.
31
2.3. LES PRETRAITEMENTS
Les eaux brutes doivent généralement subir, avant leur traitement proprement dit, un
prétraitement qui comporte un certain nombre d'opérations uniquement physiques ou
mécaniques. Il est destiné à extraire de l'eau brute la plus grande quantité possible
d'éléments dont la nature ou la dimension constituerait une gêne pour les traitements
ultérieurs. Dans le domaine du traitement des eaux naturelles, ces procédés ne constituent
en général qu’un préalable à un traitement physicochimique plus poussé.

2.3.1.Dégrillage
Le dégrillage, premier poste de traitement, indispensable aussi bien en eau de surface qu'en
eau résiduaire. Il doit être localisé dans le regard de rive, au poste de pompage d’eau brute
ou à l’entrée de l’usine de traitement. Le dégrillage, permet :
- De protéger les ouvrages aval contre l'arrivée de gros objets susceptibles de
provoquer des bouchages dans les différentes unités de l'installation (poste de pompage,
conduites et installations de traitement);
- De séparer et d'évacuer facilement les matières volumineuses charriées par l'eau
brute, qui pourraient nuire à l'efficacité des traitements suivants, ou en compliquer
l'exécution.
Les grilles sont composées d’un ensemble de barres métalliques dont l’espacement est
calculé suivant la nature de l’eau à traiter.
Dans les stations de traitement, on peut distinguer:
 Dégrillage fin, pour écartement inférieur à 10 mm,
 Dégrillage moyen, pour écartement de 10 à 40 mm,
 Pré dégrillage, pour écartement supérieur à 40 mm.
Le dégrillage est assuré par :
- des grilles à nettoyage manuelle : Elles sont composées de barreaux droits, rounds
ou rectangulaires, généralement inclinées de 60° à 80° sur l’horizontale pour faciliter
le raclage.
- des grilles à nettoyage mécanisé : Elles sont constituées de barres fixes
verticales ou inclinées, et équipées d’un système de raclage mécanique (Figures 2.2
et 2.3).

32
Figure 2.2 : Grille automatique droite Figure 2.3 : Grille automatique courbe

 Par principe, la vitesse de passage à travers la grille doit être suffisante pour obtenir
l'application des matières sur la grille, sans provoquer une perte de charge trop
importante, ni entraîner un colmatage en profondeur des barreaux ou un départ des
matières avec le flot; les vitesses de passage entre barreaux communément admises
sont de l'ordre de 0,60 à 1,0 m.s-1 en moyenne, avec des valeurs de 1,20 à 1,40 m.s-1
au débit maximal.
 Le fonctionnement du dispositif de nettoyage de la grille est généralement discontinu.
Il peut être commandé par un système cyclique à cadence (de quelques minutes à une
heure) et de durée (1 à 15 min) réglables, à partir d'un indicateur de perte de charge
différentiel, ou, mieux, par une combinaison des deux systèmes.

2.3.2. Dessablage
Le dessablage a pour but d'extraire des eaux brutes les graviers, sables et particules
minérales plus ou moins fines, de façon à éviter les dépôts dans les canaux et
conduits, à protéger les pompes et autres appareils contre l'abrasion, à éviter de perturber
les stades de traitement suivants.
Le domaine usuel du dessablage porte sur les particules dont la granulométrie égale ou
supérieure à 200 µm.
L'étude théorique du dessablage se rattache à celle de la décantation des particules
grenues. Le dessableur des eaux de surface est généralement rectangulaire du type
couloir. La section transversale est fonction de la vitesse horizontale d'écoulement
désirée: cette vitesse sera supérieure à la vitesse critique d'entraînement des particules
déposées si l'on désire effectuer une évacuation hydraulique des sables, inférieure si l'on

33
prévoit une évacuation par raclage de fond.
La surface horizontale se calcule en divisant le débit maximal à véhiculer par la vitesse
de sédimentation Vc, des particules de plus petite dimension à retenir, corrigée en
fonction de la vitesse horizontale d'écoulement choisie.

2.3.3.Tamisage
Il consiste de faire passer l’eau à travers un filtre dont les mailles sont assez fines
(dégrillage poussé) de façon à retenir les matières en suspension flottantes, les débris
végétaux, les herbes….
Il existe deux modes de tamisages :

2.3.3.1. Macro-tamisage

Les éléments filtrants sont constitués de tôles perforées ou, le plus souvent, de toiles à
mailles croisées en acier inoxydable ou en tissu synthétique, présentant des ouvertures de
0,15 à 2 mm.

Les tamis sont réalisables sous forme de tambours de 1,5 à 6 m de diamètre ou de bandes
de 1 à 3 m de largeur et dont la hauteur de 3 à 15 m est adaptée aux rivières à niveau
variable.

Selon le sens de circulation de l'eau, le système de lavage par pulvérisation est situé au-
dessus du filtre ou à l'intérieur. Une goulotte évacue les effluents de lavage.

Dans les deux cas, la mise en place de panneaux en forme de dièdres ou de demicylindres
permet d'accroître la surface spécifique de filtration. La capacité de ces appareils peut
aller jusqu'à plusieurs milliers de m3.h-1.

2.3.3.2. Micro-tamisage

Les toiles filtrantes, en tissu synthétique, ont des ouvertures de mailles de 30-40μm à
150μm. Elles sont montées sur des tambours. Les équipements de lavage doivent assurer
une pulvérisation plus intense sur la toile du fait de risques de colmatage accrus par les
sables et limons fins (Figure 2.3). L'étanchéité des joints doit être assurée plus
sévèrement.

34
A
2

3
1 4 5

Coupe A - A
A

1 – déversoir 4 – arrivée de l’eau


2 – rampe de jets d’eau 5 - Eau non microtamisée
3 – cuve 6 - Eau microtamisée

Figure 2.3 : Schéma d’un Micro-tamis à tambour

2.4. LES TRAITEMENTS SECONDAIRES

L'eau contient de nombreux composés qui peuvent se regrouper en trois catégories :


o Matières en suspension

Ces produits peuvent être d'origine minérale (sables, limons, argiles, ...) ou organique
(produits de la décomposition des matières végétales ou animales, acides humiques ou
fulviques par exemple). A ces composés s'ajoutent les micro-organismes tels que
bactéries, plancton, algues et virus. Ces substances sont responsables, en particulier, de
la turbidité et de la couleur ;

o Matières colloïdales (moins de 1 micron)


Ce sont des MES de même origine que les précédentes mais de plus petite taille, dont la
décantation est excessivement lente. Elles sont également génératrices de turbidité et de
couleur ;

o Matières dissoutes (moins de quelques nanomètres)


Ce sont généralement des cations ou des anions. Une partie de la matière organique est
également sous forme dissoute. On trouve aussi des gaz (O2, CO2, H2S, ...).
Les procédés de coagulation et de floculation facilitent l'élimination des MES et
colloïdales. Celle-ci est réalisée dans une étape ultérieure de séparation solide liquide:
décantation, flottation ou filtration.

35
2.4.1.Coagulation, floculation et Décantation
Ils sont nécessaires pour clarifier les eaux contenant des colloïdes. Cette clarification se
subdivisera en trois étapes :
- Coagulation: déstabilisation des particules colloïdales et formation de micromicelles
constituées d’hydroxyde métallique et de colloïdes ;
- Floculation : rassemblement des micro-micelles sous forme séparable de la phase
aqueuse ;
- Séparation des phases solide et liquide par décantation ou flottation.
2.4.1.1. Coagulation

Stabilité des suspensions colloïdales


Les colloïdes sont des particules impossibles à décanter naturellement. En effet, les
colloïdes sont soumis à deux grands types de forces :
- Force d'attraction de Van der Vaals, liée à la structure et à la forme des colloïdes
ainsi qu'à la nature du milieu ;
- Force de répulsion électrostatique, liée aux charges superficielles des colloïdes.
La difficulté de séparation des colloïdes présents dans une eau par simple
décantation provient du fait que ces particules, se trouvent dans l’eau à l’état de
particules chargées électriquement (toujours négativement dans les eaux naturelles).
La répulsion mutuelle exercée par ces particules les empêche de s’agglutiner sous l’effet
des forces d’attraction naturelle (appelées à cette échelle forces de Van der Waals) et
d’acquérir ainsi une dimension suffisante pour devenir décantables. On dit alors que la
suspension est stable.
La stabilité d'une suspension colloïdale dépend du bilan des forces d'attraction et de
répulsion (Figure 2.4).

Pour déstabiliser la suspension, il faut franchir la barrière énergétique ES. Pour cela, et
afin de favoriser l'agglomération des colloïdes, il faut diminuer les forces de répulsion
électrostatique. C'est la coagulation qui réalise cette déstabilisation.

36
Figure 2.4 : Stabilité d'une suspension colloïdale
Théorie de la double couche
Les colloïdes présents dans l'eau brute sont très généralement chargés négativement.
Afin de neutraliser cette charge négative de surface, des ions positifs, présents dans l'eau
brute ou ajoutés, viennent former une couche autour du colloïde.
En fait La Théorie de STERN considère la formation de deux couches comme suit :
Une couche d'ions positifs recouvre intégralement la surface du colloïde et assure la
neutralité de l'ensemble (couche adhérée)
Une deuxième couche d'ions positifs recouvre la couche adhérée. Ces ions sont
inégalement répartis autour du colloïde; la neutralité est obtenue à plus grande distance
(couche diffuse).

Le potentiel Zêta
Le rapprochement de deux particules colloïdales engendre des forces de répulsion
électrostatique, qui l'emportent sur les forces d'attraction de Van der Waals. Le colloïde se
déplace avec une partie de sa double couche. Le colloïde se caractérise donc par deux
potentiels (Figure 2.5).
E : Potentiel à la surface du colloïde ou potentiel thermodynamique.
Z : Potentiel à la surface du plan de cisaillement ou potentiel électrocinétique.
Ce potentiel Z, encore appelé potentiel Zéta, régit le déplacement des colloïdes et
leur interaction mutuelle.
Dans la théorie de la double couche, la coagulation par introduction d'ions positifs
trivalents abaisse le potentiel zêta jusqu'à obtention du potentiel critique, à partir duquel

37
les forces d'attraction l'emportent, permettant ainsi la coagulation.

Figure 2.5 : Évolution du potentiel électronégatif en fonction de l’éloignement de la


particule dans le cas de l’eau brute
Mise en œuvre de la coagulation
a) Description de phénomène
La coagulation consiste à ajouter à l’eau un électrolyte permettant de neutraliser les
charges négatives qui sont à l’origine du maintien en suspension stable. On utilise
généralement des sels d’un métal trivalent, Fe3+ ou Al3+.
Les charges positives de l’ion métallique neutralisant les charges négatives du
colloïde, les particules peuvent alors se rassembler sous l’effet des forces attractives de
Van der Waals qui conduit à l’adsorption des colloïdes naturels coagulés.
b) Chimie de la coagulation
Il est souvent important de connaître l’influence de l’emploi d’un coagulant sur les
caractéristiques physico-chimiques de l’eau traitée. Le taux de traitement et la valeur du
temps de séjour peuvent être déterminées par un essai de floculation (Jar test)
Les réactifs coagulants les plus généralement utilisés sont :
 Sulfate d’alumine (ou, mieux, d’aluminium) : Al2(SO4)3 18H2O Présentation :

38
- Cristallisé (poudre, grains, noisettes, pains, etc.)
- Solution à 600 ou 720 g · L–1 environ de sulfate d’alumine cristallisé.
En clarification d'eaux de surface, suivant la qualité des eaux, les doses utilisées varient
de 10 à 150 g.m-3 exprimés en produit commercial solide [Al2(S04)3,18 H2O].
 Chlorure ferrique :
FeCl3 Présentation :
- Sublimé ou cristallisé : FeCl3 ou FeCl3 6H2O ;
- Solution à 600 g · L–1 de FeCl3 environ.
Autres réactifs parfois mis en œuvre : Sulfate ferreux : FeSO4 7H2O, Sulfate
ferrique : Fe2(SO4)3 9H2O, Aluminate de sodium : NaAlO2.

Coagulation au sulfate d’aluminium (cas le plus courant)


La précipitation de l’hydroxyde d’aluminium (qui formera les micro-micelles en
englobant les colloïdes déchargés électriquement) résulte d’hydrolyse du produit
coagulant et de neutralisation de l’acidité ainsi libérée par l’alcalinité (TAC) de l’eau.
La réaction globale qui a lieu est :
Al2(SO4)3 + 3Ca(HCO3)2  3CaSO4 + 2Al(OH)3  + 6CO2

On constate que 1 mole de Al2(SO4)3, soit 342 g de correspondent à 666 g de produit


commercial cristallisé [Al2(SO4)3 18H2O].
Et, 1 mole de sulfate d’aluminium  2Al3+, soit 6 charges positives
1 eq = 666/6 = 111 g ; 1 meq·L–1 = 111 mg·L–1
1 °F = 0,2 meq·L–1 = 22,2 mg·L–1
Ou encore 1 g·m–3 = 1 mg·L–1 = 1/22,2 = 0,045 °F
On déduit finalement que 1 g·m–3 (ou 1 mg·L–1) de sulfate d’aluminium commercial
(correspondant à 0,45 oF) : diminuent le TAC de 0,045 oF.

La diminution du TAC et la libération de CO2 libre abaissent le pH de l’eau ;


dans les eaux très douces et acides, où l’alcalinité est insuffisante, l’emploi d’un réactif
alcalin comme la chaux permet la neutralisation de l’acide fort libéré et le maintien
d’un pH favorable à la précipitation totale de l’hydroxyde d’aluminium.

La réaction qui a lieu :


Al2(SO4)3 + 3Ca(OH)2  3CaSO4 + 2Al(OH)3 

39
Coagulation au chlorure ferrique
La réaction globale du coagulant avec l’alcalinité de l’eau sera :
2FeCl3 + 3Ca(HCO3)2  2Fe(OH)3 + 3CaCl2 + 6CO2

2.4.1.2. Floculation

Description de la floculation
La floculation est l'agglomération des particules "déchargées" en microfloc, puis
en flocons volumineux et décantables, le floc. Cette floculation peut être améliorée par
l'ajout d'un autre réactif: le floculant ou adjuvant de floculation.
Deux phénomènes de transport régissent la floculation :
La floculation péricinétique liée à la diffusion brownienne des particules (agitation
thermique).
La floculation orthocinétique est liée à l'énergie dissipée au cours d’un brassage modéré
de l’eau (agitation forcée). Cette dernière, a beaucoup plus d’intérêt car, elle permet
d'obtenir le floc volumineux séparable physiquement.
Dans la pratique, on utilise un gradient de vitesse G. il se définit comme étant le gradient
de vitesse moyen des particules au sein de multiples tourbillons produites par le brassage.
Le gradient de vitesse est donné par :

P
G= √
V. µ

G : Gradient de vitesse moyen (S-1) ;


P: Puissance réellement dissipée (W);
µ : Viscosité dynamique du liquide (kg/m.s) :
V : Volume occupé par le fluide (m3).

Aspects pratiques de la floculation


La floculation est effectuée dans des enceintes, munies de systèmes d'agitation,
appelées floculateurs. Suivant les applications ou les fluides à traiter, le système
d'agitation, le volume du réacteur et l’énergie dissipée sont différents.
La cuve, le système d'agitation et les équipements annexes, sont conçus pour que
l'ensemble des paramètres géométriques permette :

40
- D’éviter les zones mortes (zone de dépôt dans le fond par exemple),
- De récupérer, sous forme de turbulence, l'énergie dissipée (utilisation de déflecteurs)
- De ne pas avoir de court-circuit entre l'entrée et la sortie du fluide. Il y a deux
familles de floculateurs :
- floculateurs avec un organe mobile d’agitation (Floculateurs agités),
- floculateurs à chicanes ou statiques.
Les floculateurs à hélice (Floculateurs agités ou Floculateurs a pâles)
Le mobile est constitué d'une hélice, à arbre vertical, à 3 ou 4 pales, entraînée
directement par un ensemble motoréducteur avec, le plus souvent, un variateur de vitesse.

a) à écoulement radial b) à écoulement axial


Figure 2.6 : Types de floculateurs de base

Dans ce type de floculateur, l’agitation est causée par un ensemble de pâles. La puissance
transmise par les pâles est donnée par :
1
P= . Cp . . A. Vr3
2
P : puissance transmise (W) ;
Cp : Coefficient de trainée (égale 1,8 pour les pâles plates) ;
A : Surface de la pâle (m2) ;
 : Masse volumique du liquide (kg/m3) ;
Vr : vitesse relative de la pâle par rapport à la vitesse du liquide, soit 0,75 x la vitesse de la
pâle (m/s).

41
Les floculateurs statiques

Beaucoup moins utilisés que les précédents, ils sont conçus de manière à ce que
l'écoulement du fluide à traiter subisse des changements brusques de direction. Les pertes
de charge résultantes fournissent l'énergie nécessaire à la floculation. Ce dispositif est
réservé aux installations rustiques.

Figure 2.6 : Système de floculation à canal chicane


(Floculateur à barrières).

La puissance dissipée sous forme de brassage est donnée par : P = . Q. g. h


P : puissance transmise (W) ;
g : accélération de la pesanteur ; Q : débit volumique du liquide ;
h : dénivellement de l’eau donné par :
V12 V22
h = (n + 1) + n
2. g 2. g
n: nombre de chicane ;
V1 : vitesse linéaire de l’eau en direction parallèles aux chicanes ;
V2 : vitesse linéaire à l’extrémité chicanes.

Les floculants
La formation du floc étant amorcée par l’introduction du coagulant, mais aussi par
l’emploi de certains produits appelés floculants. Les floculants sont aussi appelés
adjuvants de coagulation ou de floculation.
Des polymères minéraux (silice activée) et des polymères naturels (amidon, alginate)
ont d'abord été utilisés. Mais, l'apparition de polymères de synthèse très diversifiés a fait
évoluer considérablement les performances de la floculation.
Le taux de traitement à mettre en œuvre est donné, comme pour le coagulant, par un essai
de floculation.

42
2.4.1.3. Jar test (essai de floculation)

La coagulation est optimale pour une introduction de charges électriques positives


correspondant à l’annulation du potentiel zêta des colloïdes.
Ce test a pour but de rechercher la nature et les doses de réactifs qui permettent de traiter
une eau dans les meilleures conditions : coagulants et floculants, ajustement du pH, etc...
On expérimente un seul réactif à des doses différentes; à l’aide un floculateur de
laboratoire, permettant d'agiter simultanément, à une vitesse bien déterminée, le
liquide contenu dans une série de béchers pour que les résultats soient comparables. Il
faut en effet que la vitesse de rotation soit identique dans tous les béchers ayant chacun
un volume de 1 litre ;
L’essai est effectué pendant 20 minutes environ.
En plus de la détermination de la dose de coagulant, ces essais permettent de visualiser
la floculation et de connaître ses effets aussi bien sur l'eau décantée que sur les boues.
Remarque : d’autres précisions seront acquises dans une manipulation au laboratoire.

Figure 2.7 : Floculateur à commande électrique, variateur de vitesses et minuterie.

43
2.5. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
Classer les procédés suivants figurants dans une chaîne de traitement de l’eau de
consommation en justifiant votre réponse :
1. Filtration sur sable
2. Décantation
3. Tamisage
4. Dégrillage
5. Coagulation
6. Floculation
7. Désinfection.
EXERCICE 02
Une eau brute possède une alcalinité de 15 g/m3 exprimé en CaCO3, sont traitement de
coagulation exige un dosage de 40 g/m3 de Sulfate d’aluminium, on veut que l’alcalinité
résiduelle soit de 6g/m3. De combien faut-il hausser (accroitre) l’alcalinité de l’eau pour
une précipitation maximale de Al(OH)3.
EXERCICE 03
Une station de traitement débite 15500 m3 d’eau par jour. Le dosage de sulfate
d’Aluminium au niveau de la décantation est de 46 g/m3. Quel doit être le débit de la
pompe doseuse en m3/J (la concentration du sulfate d’aluminium liquide étant de 48,3%,
sa température 20°C, et sa densité 1,328.
EXERCICE 04
Une chambre de floculation de 81 m3 de volume est
muni d’un agitateur à pâles de type représenté sur la
figure ci-contre.
Calculer la vitesse de rotation des pâles plates de
15 cm de largeur sur 2,5 m de longueur, si le gradient
de vitesse G = 56 S-1.
La température de l’eau est de 20°C, µ = 10-3 Pa.s
EXERCICE 05
Une méthode classique de détermination du taux de traitement optimal d’un coagulant
ou d’un floculant est le JAR-TEST. Elle consiste à disposer dans des béchers d’un litre
de volume remplis d’eau à traiter, une dose croissante du coagulant.
Les analyses classiques de l’eau telles que : pH, TAC et la turbidité permettent de
choisir avec précision le taux de traitement.
Données : solution mère de sulfate d’aluminium préparée à 0,05 M, sa masse molaire
666 g et de 98% de pureté.

44
Le tableau suivant exprime les données expérimentales d’un jar test
Bécher 1 2 3 4 5 6
Volume de SA versé (ml)
Taux de traitement ( mg.L-1) 0 5 7,5 10 12,5 15
Turbidité (NTU) 25 1,2 1 0,8 0,8 0,8
pH 7,5 7,2 7 6,8 6,7 6,2

1.Calculer les différents volumes de sulfate d’aluminium a versé dans chaque


bécher.
2.Déterminer la dose optimale du coagulant.

Solution de l’exercice 01

Classement des procédés de traitement dans l’ordre optimal :


Dégrillage  Tamisage  coagulation  floculation décantation Filtration sur sable
 Désinfection
L’ordre de classement est basé sur le traitement sélective des matières solides, en
commençant par l’élimination des plus grosses jusqu’aux plus fines.
La désinfection est le dernier procédé utilisé avant de livrer l’eau au consommateur pour
garantir une eau de bonne qualité bactériologique.

Solution de l’exercice 02

L’expression logique régissant la variation de l’alcalinité au cours de ce traitement est la


suivante :
Alcalinité résiduelle = Alcalinité initiale - Alcalinité consommée + Alcalinité ajoutée
Alcalinité ajoutée est la fraction demandée.
D’où :
Alcalinité ajoutée = Alcalinité résiduelle - Alcalinité initiale + Alcalinité consommée

Au cours du traitement de coagulation au sulfate d’aluminium : Chaque 1 mg·L–1 de


sulfate d’aluminium, diminue l’alcalinité de l’eau d’une valeur égale 0,045 oF
(Voir le cours).
Alors, 40 g/m3 = 40 mg/l de Sulfate d’aluminium consomme 40 x 0,045 = 1,8 °F de
d’Alcalinité. Soit 18 mg/l en équivalent CaCO3 (1° F = 10 mg/l CaC03)
Finalement : Alcalinité ajoutée = 6 - 15 + 18 = 9 mg/l en CaCO3

45
Solution de l’exercice 03

La concentration du sulfate d’aluminium liquide étant de 48,3%.


Soit : 48,3 g de sulfate d’Aluminium  dans 100 g de la solution
46 X 100
Pour avoir 46 g  il faut prendre g de la solution
48.3

Soit 95,24 g = 95,24 x 10−3 kg

M M 92,24X x 10−3
En unité de volume, il faut prélever : V = = = m3
S.Al. Eau .d 1000 x 1,328

V = 7,17 x 10−5 m3 de sulfate d’aluminium pour chaque m3 d’eau.


Pour réaliser la coagulation du débit total qui de 15500 m3/j, il lui faut un débit de :
15500 x 7,17. 10-5 = 1,11 m3/j de sulfate d’aluminium.
Alors, le débit de la pompe doseuse, de sulfate d’aluminium est de 1,11 m3/j.

Solution de l’exercice 04

P
L’indice G est donné par : G = √
V.µ

D’où : P = G2.. V
Et, P = P1 +P2 (Puissances des pâles 1 et 2)
= 2 P1 (pâles identiques)
1
= 2 ( . Cp . . A. Vr3 ) ; avec Vr = 0,75 V = 0,75 . . r
2
= Cp . . A. (0,75 . . r)3 = G2 . . V

1/3
G2 .  .V
Alors,  = [ ]
Cp ..A.(0,75.r)3

1/3
562 . 10−3 .81
A.N. :  = [ ]
1,8.103 .0,15𝑋2,5.(0,75 .1,5)3
= 0,642 rd/s.
Solution de l’exercice 05

Solution mère de sulfate d’aluminium de 0,05 M, avec M = 666 g/mole et de 98 % de


pureté.
Cela veut dire que, la solution est préparée à raison de :
0,05 x 666x 0,98 = 32,63 g/litre

46
1 - volumes de sulfate d’aluminium à verser dans chaque bécher :
Bécher 2: Dosage 5 mg.L-1
Nous avons une solution mère de dosage : 32,63 g de S.d’Al.  Dissoute dans 1 L
Soit 32,63 x 1000 mg  Dissoute dans 1000 mL
5𝑋1000
Donc, pour avoir 5 mg de S.d’Al.  Il faut prélever : = 0,15 𝑚𝑙
32,63 𝑋 1000

Alors, on doit verser 0,15 ml de la solution mère dans un volume de 1 L pour réaliser un
taux de 5 (mg.L-1).
On suit la même procédure pour les autres taux de traitement
Bécher 1 2 3 4 5 6
Volume de SA versé (ml) 0 0,153 0,230 0,306 0,368 0,460
Taux de traitement (mg.L-1) 0 5 7,5 10 12,5 15
2- dose optimale du coagulant
Bécher 1 2 3 4 5 6
Taux de traitement (mg.L- ) 0 5 7,5 10 12,5 15
Turbidité 25 1,2 1 0,8 0,8 0,8
pH 7,5 7,2 7 6,8 6,7 6,2

Le tracé du graphique Turbidité en fonction du taux de traitement permet de conclure que


le taux optimal est de l’ordre de 6 mg.L-1. Le pH doit se situer entre 7 et 7,2.
La valeur de pH après traitement, ne nécessite pas une correction.

47
CHAPITRE 3 : DECANTATION
3.1. INTRODUCTION
Une fois le floc formé, il faut réaliser la séparation solide-liquide qui permettra
d’obtenir l’eau clarifiée d’un côté et les boues (particules colloïdales initiales + floc) de
l’autre. On utilise en général l’action de la pesanteur sur les particules en suspension et
l’on recueille ensuite l’eau claire à la partie supérieure de l’appareil, alors qu’on soutire
les boues sédimentées dans la partie inférieure : c’est la décantation.

Les particules grenues décantent indépendamment les unes des autres avec chacune
une vitesse de chute constante (Figure 3.1).
Dans un décanteur, lorsque la concentration en matières est faible, les particules plus
ou moins floculées ont des tailles et des vitesses de décantation variables. La vitesse de
chute augmente au fur et à mesure que les dimensions du floc s'accroissent par suite de
rencontres avec d'autres particules, c'est la décantation diffuse.

Lorsque la concentration en matières est plus élevée, l’abondance du floc crée une
décantation d’ensemble, caractérisée par une interface nettement marquée entre la
masse boueuse et le liquide surnageant : c’est la décantation en piston ou « à contact
de boues », principalement utilisée dans les décanteurs « à lit de boues » ou « à
recirculation de boues » ou appelé aussi « accélérés », dans lesquels l’eau brute,
additionnée de ses réactifs, est mise en contact avec les boues préexistantes.
Profondeur
Surface

Décantation des particules grenue

Décantation diffuse

Décantation en piston

Compression

Temps
Figure 3.1: Types de décantations

48
La décantation lamellaire, réalisée en introduisant des surfaces inclinées dans
l’espace de décantation, améliore considérablement les conditions de la décantation,
qu’elle soit statique ou accélérée.
On conçoit que les diverses combinaisons possibles de tous ces principes
conduisent à une grande variété d’appareils.
3.2. TYPES DE DECANTATION

3.2.1. Décantation des particules discrètes (particules grenues)

Lorsqu’une particule grenue est laissée dans un liquide au repos, elle est soumise à une
force motrice FM (pesanteur diminuée de la poussée d’Archimède) et à une force
résistante FT (traînée du fluide) résultante des forces de viscosité et d’inertie :

FM = G − L = P . g. v − L . g. v (g : force de la pesanteur, L : poussée d’Archimède)


L
FM = g. v. ( P − L ) FT

C. S. L . V02
FT =
2

p , L: masses volumiques de la particule grenue et du fluide ;


d, s, v : diamètre, surface projeté et volume de la particule grenue.

.d2 .d3
S= ; V= G
4 6
V0: vitesse de décantation de la particule ;
g: accélération de la pesanteur ;
C : coefficient de traînée (adimensionnel).
Très vite un équilibre s'établit (FM = FT) et la décantation de la particule assimilée à une
sphère se fait à vitesse constante V0 telle que :

4 d ( P − L )
V02 = . g.
3 C. L

La valeur de C, coefficient de traînée, est définie par la perturbation, elle-même


fonction de la vitesse de chute. Cette perturbation est caractérisée par le nombre
de Reynolds de grain défini par :

49
L . V0 . d
Re =
µ
Re : nombre de Reynolds, adimensionnel,
μ : viscosité dynamique.
Si Re est petit, les forces de viscosité sont bien supérieures aux forces d’inertie.
Mais, Si Re est grand, les forces de viscosité sont négligeables.
Le coefficient de traînée est donné par : C = a. Rne , avec a et n constantes
Le tableau 3.1 donne les différentes valeurs de : a, n et C en fonction du nombre de
Reynolds.

Tableau 3.1 : valeurs a, n et c en fonction du régime d’écoulement.

En régime laminaire, la loi de Stokes donne:

g. d2
V0 = ( P − L )
18. µ

3.2.2. Décantation à flux vertical et à flux horizontal

Si l’on considère un décanteur rectangulaire de volume V de longueur L, de section


verticale A = H·ℓ (où H est la hauteur de l’eau et ℓ la largeur du bassin) et de section
horizontale SH = L· ℓ, traversé uniformément par un débit Q, soit dans le sens vertical
ascendant, soit dans le sens horizontal.
La charge hydraulique superficielle égale à Q/SH ; (Q : débit d’écoulement) ;
Les conditions pour qu’il retienne une particule grenue décantant à la vitesse Vo dans
une eau immobile seront les suivantes:

- Décantation à flux vertical


Les particules dont la vitesse de sédimentation est supérieure à la vitesse ascendante du
liquide sont retenues, ce qui s’écrit :

Q
V0 > Vasc. =
SH

50
Q = débit du liquide ; SH = surface libre du décanteur.
- Décantation à flux horizontal
La vitesse d’une particule entrant dans le bassin à son niveau supérieur a deux
composantes (Figure 3.3) :
V1 : vitesse horizontale du fluide égale à Q/A,
V0 : vitesse verticale de chute donnée par la loi de Stokes.
Cette particule est retenue dans le bassin si le temps qu’elle met à toucher le radier (ou
H
entrer dans la zone boueuse) t1 = est inférieur au temps de séjour dans le
V0
L L. A
décanteur t 2 = =
V1 Q
H L. A H. Q H. Q Q
Soit : < d’où V0 > = = = VH
V0 Q L. A L . ℓ.H SH

Figure 3.3 : Schéma de la décantation à flux horizontal (particules grenues)

Pour qu’il y ait sédimentation complète de toutes les particules ayant une vitesse de
chute ≥ V0, il faut que les dimensions du bassin soient calculées de façon que les
particules parvenant au bassin à une hauteur H, puissent atteindre le lit des boues avant
la sortie.

Lorsque les particules de diverses dimensions sont uniformément introduites sur toute
la hauteur du bassin, les particules ayant une vitesse verticale supérieure à V0 seront
totalement éliminées. Tandis que les particules ayant des vitesses Vi < V0 seule une
fraction de celles-ci aura le temps d’atteindre le fond du bassin.

51
Théorie du décanteur parfait
Le dimensionnement des bassins de décantation peut se faire à l’aide de la théorie du
décanteur idéal (parfait).
Les hypothèses suivantes sont préalablement admises :
1) Les dispositifs d’admission et de la sortie assurent une équirépartition.
2) Le courant est dépourvu de turbulence (Régime d’écoulement laminaire).
3) Les particules en suspension dans l’eau à l’arrivée sont uniformément reparties et
obéissent aux lois de sédimentation décrites ci-dessus.
4) Une particule est considérée comme étant retenue lorsqu’elle atteint le fond du
bassin.
H
La durée de séjour de l’eau dans le bassin ts est définit par : t s =
V0

H H H Q
D’où : V0 = = V = S.H =
ts S
Q Q

Q
Finalement : V0 =
S
qui est la charge hydraulique superficielle.

Et on constate que :
- Les dimensions du bassin doivent être calculées pour que la charge hydraulique
superficielle égale à la vitesse de chute V0 ;
- La vitesse limite de décantation V0 ne dépend pas de la profondeur du bassin. En
pratique, on utilise une hauteur raisonnable pour les raisons suivantes :
 Pour ne pas remettre en suspension les particules déjà sédimentées.
 Pour faciliter le retrait mécanique des boues.
- V0 est constante, ceci montre que, la trajectoire de la particule est une droite.

3.2.3. Décantation diffuse (ou coalescente)


Contrairement à la décantation des particules discrètes, ici la taille de la particule qui
chute dans le bassin augmente en fonction du temps sous l’effet des collisions produites
au sein du bassin.
En pratique, on a surtout affaire à la décantation des particules floculantes caractérisées
par l’agglomération des particules durant leur chute. Les particules qui résultent de cette

52
agglomération sont à la fois plus grosses et moins denses que les particules initiales et
leur sédimentation se fait avec une vitesse croissante (Figure 3.4).

Figure 3.4: Schéma de la décantation à flux horizontal (particules floculées)

Et on constate que :
- La vitesse de chute des particules augmente en fonction du temps ;
- La trajectoire de décantation des particules sont des courbes et n’ont pas des droites.
- La modification continue des caractéristiques des particules au cours de leur chute rend
la conception d’un modèle mathématique beaucoup plus complexe. On doit donc, dans
la plupart des cas procéder à des essais de laboratoire.

Essai de décantation en colonne


Grâce à l’essai de décantation en colonne, on peut simuler en laboratoire les conditions
de décantation d'une solution diluée de particules floculantes. La réalisation de 1'essai
nécessite le recours à une colonne de décantation (figure 3.5) d'une hauteur égale à la
profondeur du décanteur (entre 1,8 et 2,4m).
Des prises d’échantillons sont effectuées à des distances d1, d2, d3,... de la surface, à
intervalles réguliers (généralement à 0,6 m, 1,2 m et 1,8 m).
Le prélèvement d’échantillons permet de tracer des courbes de mêmes pourcentages
d’élimination des particules (figure 3.6). Celles-ci permettent d’évaluer le pourcentage
des particules éliminées dans le bassin idéal de décantation en fonction du temps de
rétention à des diverses profondeurs.

53
Figure 3.5 : Colonne de décantation diffuse

Figure 3.6 : Courbes de même pourcentage d’élimination des particules

A partir de ces résultats, on peut évaluer le pourcentage d’élimination des particules


éliminées par un bassin idéal de décantation, en fonction de divers temps de rétention et
de diverses profondeurs, à l’aide de l’équation suivante :

h1 R1 + R 2 h2 R 2 + R 3 hn−1 R n−1 + R n


R= . + . + ⋯+ .
H 2 H 2 H 2

54

R : pourcentage moyen de particules éliminées dans un bassin de décantation idéal
(rendement) après un temps de rétention t;
Ri : pourcentages de particules éliminées dans un bassin de décantation idéal, à une
profondeur h, et après un temps de rétention t
h1, h2, ..., hn : hauteurs moyennes entre deux courbes de même pourcentage
d'élimination des particules ;
H : hauteur totale de la colonne.
On reporte ensuite sur un graphique les pourcentages d’élimination moyens en fonction du
temps comme suit (Figure 3.7) :

Figure 3.7 : Courbe de variation des pourcentages d’élimination moyens en fonction des
durées de rétention

A partir de ce graphique, on peut déterminer le temps de rétention nécessaire pour un


pourcentage d’élimination désiré.
D’où :
H
V0 =
ts

3.2.4. Décantation en piston des particules floculées


Dès que la concentration en particules floculées devient importante, les interactions entre
particules ne sont plus négligeables. La décantation est freinée. Les particules adhèrent
entre elles et la masse décante en piston avec formation d'une interface nette entre les
55
flocs et le liquide surnageant. Ce phénomène est caractéristique des suspensions
chimiques floculées quand leur concentration est supérieure à environ 500 mg.l-1.
Observation visuelle
Quand on réalise une décantation en piston dans un tube de hauteur et de diamètre
suffisants (au minimum une éprouvette d’un litre), on observe généralement l'apparition
de quatre zones (Figure 3.8 ) :

Figure 3.8 : Schéma de la décantation en piston

a : Zone de clarification où le liquide est clair.


b : Zone de suspension homogène de même aspect que la solution de départ avec une
interface a-b nette.
c : Zone de transition (pas toujours observable).
d : Zone d'épaississement des boues dont le niveau augmente rapidement avant de
diminuer lentement.
A partir d'un certain état, les zones b et c disparaissent, c'est le point critique. L'évolution
de la hauteur de l'interface a-b en fonction du temps, constitue la courbe de Kynch (Figure
3.9).
Courbe de Kynch

L'hypothèse fondamentale de Kynch est que la vitesse de chute d'une particule ne dépend
que de la concentration locale C en particules.
De A à B, la surface de séparation est plus ou moins nette : c’est la phase de coalescence
des flocons. Cette phase est parfois inexistante.

56
Figure 3.9 : courbe de Kynch

De B à C, une partie rectiligne traduit une vitesse de chute constante V (pente de la droite).
V est fonction, pour un tube de dimensions données, de la concentration initiale en
MES et des caractéristiques de floculation de la suspension. Lorsque, la concentration
initiale C augmente, la vitesse de décantation V de la masse diminue.

Le tronçon CD, concave vers le haut, correspond à un ralentissement progressif de la


vitesse de chute de la couche supérieure du dépôt.

À partir de D, les flocons se touchent en exerçant une compression sur les couches
inférieures.
La théorie de Kynch s’applique aux tronçons BC et CD qui couvrent le domaine
essentiel de la décantation des boues floculées.

3.3. CALCUL DES DECANTEURS


Le paramètre clé entrant dans le calcul dimensionnel d’un décanteur est la charge
hydraulique superficielle ou vitesse ascensionnelle, caractérisant le volume d’eau
traitable par unité de surface et de temps [m3· m–2.h–1] ;

Cette charge est directement liée à la vitesse de décantation des MES. Cette vitesse est
déterminée par la loi de Stokes dans le cas de particules grenues et peut être mesurée
facilement dans le cas de la décantation diffuse de particules floculées.

57
3.4. ASPECTS TECHNOLOGIQUES
Suivant la nature et les caractéristiques physico-chimiques (propriétés électriques, densité,
concentration) des particules en suspension et les conditions d’exploitation désirées,
plusieurs systèmes de décantation peuvent être proposés.

3.4.1. Décantation statique


Elle est assurée dans des bassins de forme circulaire ou rectangulaire avec ou sans raclage
des boues décantées selon la quantité de matières en suspension dans les effluents et le
volume des boues à évacuer.

Décanteurs circulaires raclés


De hauteur comprise entre 2 à 3,5 m, ils sont limités à des diamètres de 50 à 60 m
maximum. Le fond des ouvrages a une très légère pente (4 à 8 %) vers le centre pour
faciliter la collecte des boues. Le dispositif de raclage, fixé à une charpente métallique
tournant autour de l’axe du bassin, possède une double fonction. Il permet, grâce à une lame
continue ou à des raclettes disposées en jalousie, d’amener les boues déposées sur toute la
surface du fond de l’appareil vers une poche centrale d’où partent les tuyauteries
d’extraction. Par ailleurs, un racleur de surface pousse les corps flottants vers un « pot à
écumes » (Figure 3.10).

1 – Arrivée d’eau brute 2 – Pont racleur 3- Zone de floculation


4 – Sortie d’eau décantée 5 – Evacuation des boues
Figure 3.10 : Décanteur circulaire raclé, à entraînement périphérique

Décanteurs rectangulaires
Il existe deux types de décanteurs longitudinaux : les appareils à pont racleur (Figure
3.11) et les appareils à chaînes (Figure 3.12).

58
Les ponts racleurs des décanteurs longitudinaux se déplacent selon un mouvement de
va et vient. Ils raclent à contre-courant seulement.
Les décanteurs à chaînes permettent un raclage continu de la boue et des flottants par une
série de raclettes montées entre deux chaînes sans fin parallèles et tournant le long des
parois verticales du bassin.
La forme correspondant à la meilleure hydraulique donne un rapport de 1 à 6 entre la
largeur et la longueur. La profondeur des bassins est comprise le plus souvent entre
2,5 et 4 m ; la pente du radier est de l’ordre de 1 %.

1 – Arrivée d’eau brute 2 – Pont racleur 3- Sortie d’eau décantée


4 – Reprise des flottants 5 – Evacuation des boues
Figure 3.11 : Décanteur longitudinal à pont racleur

1 – Arrivée d’eau brute 2 – Chaîne racleuse 3- Sortie d’eau décantée


4 – Reprise des flottants 5 – Evacuation des boues
Figure 3.12 : Décanteur longitudinal à chaines

Tous les ouvrages classiques de décantation sont généralement dimensionnés sur la base
de charges hydrauliques superficielles de décantation se situant entre
1 et 2 (m3· m–2.h–1).

59
3.4.2. Décantation lamellaire
La séparation lamellaire a permis une évolution importante de la technologie de
décantation avec la conception d’installations beaucoup plus compactes.
La conception de ces appareils met à profit le fait que le rendement de séparation des
matières en suspension ne dépend, en réalité, que de la surface du décanteur. Sa profondeur
a peu d’influence sur ses capacités de décantation.
Dans ces conditions, si on considère un décanteur rectangulaire ou circulaire de surface S
et de hauteur H, l’installation de N cloisons horizontales, le divisant en N compartiments
superposés de hauteur (H/N), permettra de traiter dans chaque décanteur élémentaire le
débit Q, soit au total un débit de N × Q.
La décantation lamellaire consiste donc, à multiplier dans un même ouvrage les surfaces
de séparation eau-boue. Ainsi le positionnement de faisceaux lamellaires (tubes ou
plaques parallèles) dans la zone de décantation crée un grand nombre de cellules
élémentaires de séparation. Afin d'assurer l’auto-curage des matières sédimentées sur
les plaques, il est nécessaire d'incliner les lamelles d'un angle  par rapport à l'horizontale.
L’inclinaison des plaques est généralement de 45 à 60°, leur espacement de 10 à 20
cm. Par conséquent, la surface effective ou équivalente de décantation du séparateur
lamellaire sera égale à NS, c’est-à-dire à la somme de la projection de chaque plaque (de
surface élémentaire S) sur l’horizontale (Figure 3.13).

Figure 3.13 : Principe de la décantation lamellaire. Calcul de la surface équivalente

Pour le dimensionnement de ces ouvrages, le concept de la charge hydraulique


superficielle reste applicable. On la définit comme étant le rapport entre le débit horaire Q
(en m3/h) passant dans l’installation et la somme des surfaces horizontales projetées des N
décanteurs élémentaires constitutifs.
D’où : La vitesse limite de décantation V dans un élément est :

60
Q
V=
N. L. l. cos()
Avec ; L : longueur de la lamelle
l : largeur de la lamelle
N : nombre de lamelles
 : angle d’inclinaison des lamelles par rapport à l'horizontale.
La décantation lamellaire fonctionne, pour des rendements d’élimination équivalents à la
décantation classique, avec des charges hydrauliques superficielles très élevées de 10 à
15 m/h. Le temps de séjour de l’eau est réduit à environ 10 à 12 min contre 2 h dans un
décanteur classique
De nombreux modèles de faisceaux lamellaires (ou lamelles) sont disponibles : plaques
planes, plaques ondulées, tubes ronds, tubes carrés, chevrons, modules hexagonaux.

Selon la conception technologique des circuits hydrauliques, c’est-à-dire la circulation


relative de la boue déposée et de l’eau clarifiée, on peut distinguer trois grandes familles
de décanteurs à lames minces :
Contre-courant : boue et eau circulent en sens inverse (Figure 3.14 );
Courants croisés : boue et eau circulent perpendiculairement (Figure 3.15 ).
Cocourant : boue et eau circulent de haut en bas (Figure 3.16 );
Il est particulièrement important de signaler que, quelle que soit la conception
technologique des appareillages, il est nécessaire d’implanter en amont des décanteurs à
lames minces, des prétraitements de tamisage efficaces pour éviter tout risque de colmatage
des plaques.

Figure 3.14 : Décantation lamellaire à Figure 3.15 : Décantation lamellaire à


contre-courant courants croisés

61
1 - Entrée de l'eau floculée.
2 - Zone de distribution.
3 - Récupération de l'eau décantée.
4 - Sortie de l'eau décantée.
5 - Fosse à boue.
6 - Évacuation des boues

Figure 3.16 : Décantation lamellaire à


cocourant

Figure 3.17 : Décanteur lamellaire (Degrémont)

62
3.5. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
Calculer la vitesse de chute d’un grain de sable dont la taille est de 0,1 mm dans l’eau
stagnante à 20 °C (10-4 < Re <1, ρs = 2650 Kg/m3).

EXERCICE 02
Dans un bassin d’eau parfait d’une profondeur H = 2,5 m, en conditions statiques à 20°C,
quel est le diamètre d’une particule sphérique ayant juste le temps d’atteindre le fond, la
durée de séjour étant exactement 2 heures, et la densité relative de la particule étant 1,18 ?

EXERCICE 03
Un essai de décantation en colonne réalisé en laboratoire a donné les résultats présentés au
tableau ci-après.
1- Quel sont les pourcentages de particules éliminées dans un bassin dont la
profondeur utile est de 1,8 m, aux périodes de rétention de 5, 15, 25, et 40 min?
2- Déduire la charge superficielle permettant une rétention de 65% des solides en
suspension.
Pourcentage des particules éliminées en fonction du temps et de la profondeur
Profondeur Temps d’échantillonnage (mn)
(m) 10 20 30 40 70
0,60 31 59 63 69 73
1,20 18 49 61 65 69
1,80 20 40 63 67 68

EXERCICE 04
Le temps de séjour déterminé, pour la conception d'un bassin de décantation des eaux, dans
une expérience de laboratoire est de 2,5 h.
Le débit journalier de pointe est de 60000 m3/j. Concevoir un poste de décantation
ayant des ouvrages de forme rectangulaire.

EXERCICE 05
1 - Dimensionner le poste de décantation des eaux dans une station de traitement recevant
un débit de 9000 m3/j pour réduire la concentration des matières en suspension de 200 à 80
mg/l.
2 - Déduire le rendement de l’installation.
Note : Admettre des ouvrages de section circulaire.
Solution de l’exercice 01
La vitesse de chute d’une particule discrète, est donnée par la formule de Stokes :
g. d2
V0 = ( P − L )
18. µ
T = 20°c  µ = 10-3 Pa.s

63
9.81. (0,1. 10−3 )2
V0 = (2650 − 1000)
18. µ

= 0,00899m/s  0,009 m/s soit 0,9 cm/s

Vérification du nombre de Reynolds :

L . V0 . d
Re =
µ

1000.0,009.0,1. 10−3
Re = = 0,9
10−3
10-4 < Re = 0,9 <1
Donc, la condition du nombre de Reynolds est vérifiée.

Solution de l’exercice 02
Calcul de la vitesse de chute :
H
La durée de séjour de l’eau dans le bassin ts est définit par : t s =
V

H 2,5
D’où : V = = = 3,47. 10−4 m/s
ts 2 x 3600

Détermination du diamètre de la particule :


g.d2
La vitesse de chute suivant la loi de stokes est donnée par : V0 = ( P − L )
18.µ

1 1
V0 .18.µ 2 3,47.10−4 . 18. 10−3 2
D’où : d = [ ] = [ ] = 5,95. 10−5 m
g( P − L ) 9,81.103 (1,18− 1)

Soit : d = 0,0595 mm
Vérification du nombre de Reynolds :
L . V0 . d
Re =
µ
1000.3,47. 10−4 . 5,95. 10−5
Re = = 0,0206465
10−3
10-4 < Re = 0,02064654 <1

Solution de l’exercice 03
L’essai de décantation en colonne permet de déterminer le temps de séjour correspondant
à un pourcentage d’élimination désirée, lequel est utilisé pour l’évaluation de la vitesse de

64
chute moyenne des suspensions solides d’un échantillon d’eau. Cette vitesse est analogue
à la charge superficielle qui devrait être appliquée.
La procédure de cette détermination est décrite dans le cours.
1 – Détermination des pourcentages de particules éliminées correspondant aux temps de
rétention de 5,15, 25, et 40 min :

 Tracé des Courbes de même pourcentage d’élimination des particules :


100
%

 Calcul des pourcentages d’élimination moyens correspondants au temps, t = 5,


15, 25, et 40 mn, en utilisant la formule :
h1 R1 + R 2 h2 R 2 + R 3 hn−1 R n−1 + R n
R= . + . + ⋯+ .
H 2 H 2 H 2
0,03 100+70 0,05 70+60 0,12 60+50 1,6 50+10
t = 5 mn  R 5 = . + . + . + . = 34 %
1,8 2 1,8 2 1,8 2 1,8 2

0,13 100+70 0,21 70+60 0,41 60+50 1,05 50+10


t = 5 mn  R15 = . + . + . + . = 50 %
1,8 2 1,8 2 1,8 2 1,8 2

0,25 100+70 0,60 70+60 0,95 60+52


t = 25 mn  R15 = . + . + . = 63 %
1,8 2 1,8 2 1,8 2

0,58 100+70 1,22 70+67


t = 40 mn  R15 = . + . = 74 %
1,8 2 1,8 2

65
100 %

18

15 25

2 - Détermination de la charge superficielle permettant une rétention de 65% des solides


en suspension.
On trace sur un graphique, la variation des pourcentages d’élimination en fonction des
temps des rétentions.

A partir du tracé, on déduit que le temps correspondant au taux de 65% est de  28 mn.

66
D’où, la charge superficielle correspondante est de :

H 1,8
𝑉=U= = = 3,86 m3 . m−2 . h−1
ts 28
60
Solution de l’exercice 04
Choix de charge hydraulique superficielle :
La charge hydraulique superficielle de décantation doit se situer entre1 et 2 (m3·m–2.h–1).
U = 1 à 2 (m3·m–2.h–1), (voir le Cours)
Soit : U = 1,5 m3·m–2.h–1
• La surface horizontale des bassins de décantation est de :

Q 60000
Sh = = = 1667 m2
U 1,5 x 24
Q : Débit des eaux alimentant la station (m3/h) ;
U : la charge superficielle choisie (m3·m–2.h–1).
• Volume total des ouvrages de décantation :

V = Q x ts, ts : temps de séjour de l’eau dans les bassins.

60000x 2,5
V = Q x ts = = 6250 m3
24
• Hauteur de l’eau dans les bassins H:

La profondeur des bassins doit être comprise entre 2,5 et 4 m.

V 6250
𝐻= = = 3,75 m
𝑆ℎ 1667
Soit : H = 2,5 m.
• Nombre et dimensions des bassins :
La forme rectangulaire est recommandée dans cette application.
Le meilleur hydraulique correspond à un rapport de 1 à 6 entre la largeur et la longueur.
Soit : L = 3 ℓ
L : longueur d’un bassin et ℓ : sa largeur.
Alors : Sh = n. 3 ℓ.ℓ = 3nℓ2 ; n : nombre de bassins à mettre en œuvre.
1
𝑆ℎ 2
D’où : ℓ= ( )
3.𝑛

67
1
1667 2
Pour n = 2  ℓ = ( ) = 16; 76 𝑚
3.2

ℓ = 17 m (il faut toujours, choisir des dimensions avec des chiffres entier) ;
et L = 17 x 3 = 51 m.
Vérification de la charge superficielle appliquée :
Q 60000/ 24
U= = = 1,44 m3 . m−2 . h−1
Sh 2x17x51
La charge superficielle U appartient à l’intervalle : 1 à 2 (m3·m–2.h–1).
Vérification du temps de séjour :
V 17x51x3,5x2
ts = = = 2,4276 h  2,43 h
Q 60000/24
Finalement, les dimensions retenues sont :
Nombre de décanteurs : n = 02 ;
Dimensions de la surface horizontale d’un bassin : Sh1 = 17x 51 m2 ;
Hauteur des bassins : H = 3,5 m ;
Temps de séjour : ts = 2, 43 h ;
La charge superficielle U = 1,44 m3·m–2.h–1.
Solution de l’exercice 05
1 – dimensionnement du poste de décantation :
Dans ce cas, il faut se baser sur les recommandations pratiques :
La charge superficielle U = 1 à 2 (m3·m–2.h–1) ;
Le temps de séjour de l’eau de l’ordre de 2 h ;
La hauteur doit être comprise entre 2 à 3,5 m ;
Diamètre limite ne dépasse pas 50 à 60 m.
Soient : U = 1,5 m3·m–2.h–1 et ts = 2 h
• Surface horizontale des bassins de décantation est de :

Q 9000/24
Sh = = = 250 m2
U 1,5
• Volume total des ouvrages de décantation :
V = Q x ts ,

9000x 2
𝑉= = 750 m3
24
• Hauteur de l’eau dans les bassins H:

V 750
𝐻= = =3m
𝑆ℎ 250

68
• Nombre et dimensions des bassins :
Ouvrages de section circulaire
1
. d2 4.Sh
d = (
2
Sh = n. )
4 n..

1
4.250
n=2 
2
d = ( ) = 12,6 m
2.

Soit d = 13 m (valeur entière)


Vérification de la charge superficielle appliquée :
Q 9000/ 24
U= = = 1,41 m3 . m−2 . h−1
Sh x132
2x
4
Calcul du temps de séjour :
x132
V 2x3x
ts = = 4 = 2,12 h
Q 9000/24
Dimensions retenues sont :
Nombre de décanteurs : n = 2 ;
Dimensions de la surface horizontale, diamètre d = 13 m;
Hauteur des bassins : H = 3 m ;
Temps de séjour : ts = 2,12 h ;
La charge superficielle U = 1,41 m3·m–2.h–1.

2 - Rendement de l’installation :
Le rendement d’un décanteur physique se calcul, par rapport à l’élimination des matières
solides en suspension, comme suit :
C0 − C
R= x 100 %
C0
Avec : R : rendement (pourcentage) d’élimination des matières solides en suspension ;
C0 : Concentration des matières en suspension à l’entrée des bassins,
C : Concentration des matières en suspension à la sortie des bassins,
200−80
R= x 100 % = 60%
200

69
CHAPITRE 4 : FILTRATION
4.1. INTRODUCTION

Que l’eau soit coagulée ou non, décantée ou non, il faut toujours la filtrer pour que
l’élimination des matières insolubles soit aussi complète que possible (c’est-à-dire pour
que la turbidité soit ramenée au voisinage de zéro). C’est surtout la filtration en profondeur,
sur matériau granulaire, qui constitue le cœur de la majorité des stations de préparation
d’eau de consommation.
L'eau à filtrer passe à travers un lit filtrant constitué de matériau granulaire, dont la hauteur
de couche est importante et dépend du type de filtre. Lors de la filtration, le fluide circule
à travers les ouvertures tandis que les particules sont arrêtées.

4.2. CARACTERISTIQUE DES MATERIAUX FILTRANTS


4.2.1. Nature des matériaux

Le sable quartzeux a été le premier des matériaux utilisés pour la filtration et c'est encore
le matériau de base pour la plupart des filtres actuels. D’autres matériaux, combinés ou non
avec le sable, peuvent entrer dans la composition d’un filtre : sable et anthracite en filtre
bicouches, grenat, sable et anthracite ou pierre ponce en filtre multicouches.
Pour certains traitements tels qu'affinage, traitement tertiaire des eaux résiduaires, etc., il
est intéressant d'utiliser des matériaux à forte surface spécifique, tels que biolite, schistes
expansés, pouzzolane, etc.

4.2.2. Caractéristiques des matériaux

Un matériau est caractérisé par différents paramètres dont :

 La granulométrie

Définie par le couple : taille effective (TE) et coefficient d’uniformité (CU) ;


- La taille effective TE :
C’est la taille du tamis laissant passer 10 % de la masse d’un échantillon
représentatif ; les TE usuelles vont de 0,5 mm à 1,5 mm (0,95 mm le plus souvent) ;

- Le coefficient d’uniformité CU :
Est le rapport :
la taille du tamis laissant passer 60 % de l′échantillon d60
CU = =
la taille du tamis laissant passer 10 % de l′échantillon d10

70
Il exprime l’homogénéité du matériau ; il doit être aussi proche que possible de l’unité (en
pratique de 1,2 à 1,4).

 La forme des grains


Anguleux (matériau concassé), ou ronds (sable de rivière ou de mer), ou plus ou moins
plats. Cette forme des grains est importante : l’accroissement de perte de charge est plus
faible avec des grains anguleux qu’avec des grains ronds ; en effet, la porosité d’un lit à
grains anguleux est plus élevée car contrairement à ce que l’on peut penser, les grains de
ce type s’imbriquent moins facilement les uns dans les autres que les grains ronds, et
laissent des sections de passage plus grandes ;

 Friabilité
On estime la friabilité d’un matériau en appréciant la quantité de matériau restant utilisable
après broyage, c’est-à-dire ayant la même taille effective que l’échantillon initial.
Elle permet de choisir les matériaux susceptibles d’être utilisés en filtration, sans risque de
production de fines par les opérations de lavage. Un matériau trop friable est à proscrire,
surtout dans un filtre fonctionnant de haut en bas et dont le lavage se termine par une phase
d’expansion à l’eau seule, car les fines formées s’accumulent en surface et y bloquent
l’encrassement ;

 La perte à l’acide
C’est la perte de poids après contact de 24 heures avec une solution d’HCℓ à 20 %.
Il est bien évident qu’on ne peut tolérer une perte à l’acide importante quand l’eau est
susceptible de contenir du gaz carbonique agressif ou toute acidité minérale.
La perte à l’acide d’un sable doit être inférieure à 2 % ;

 La masse volumique des grains


Est le quotient de la masse de ces grains solides constituant le milieu filtrant en relation
avec leurs vitesses minimales de fluidisation, par leur volume ;

 Les masses volumiques apparentes (en vrac) dans l’air et dans l’eau.
C'est le rapport entre la masse de matériau et le volume apparent de l'ensemble des grains.

4.3. MECANISMES DE FILTRATION


Suivant les caractéristiques des particules à retenir et du matériau filtrant mis en œuvre,
peuvent intervenir l'un ou plusieurs des trois mécanismes principaux suivants: capture,
71
fixation et détachement.

 Mécanismes de capture
Ils sont essentiellement de deux natures :
- Tamisage mécanique
Il s'agit de la rétention des particules plus grosses que la maille du filtre ou que celle des
éléments déjà déposés formant eux-mêmes matériau filtrant. Ce phénomène intervient
d'autant plus que la maille du matériau filtrant est plus fine: il est de peu d'importance pour
un lit filtrant composé de matériau relativement grossier.

- Dépôt sur le matériau filtrant


La particule en suspension suit dans le liquide une ligne de courant; sa taille, comparée à
celle des pores, pourrait lui permettre de traverser le matériau filtrant sans être arrêtée.
Différents phénomènes entraînent cependant un changement de trajectoire et le contact
avec le matériau. On distingue en particulier :
- L’interception directe par frottement,
- La diffusion par mouvement brownien,
- L’inertie de la particule,
- La décantation: par leur poids les particules peuvent se déposer sur le matériau filtrant
quel que soit le sens de filtration.

Ces différents mécanismes de capture interviennent principalement dans la filtration en


profondeur.

 Mécanismes de fixation
La fixation des particules à la surface du matériau filtrant est favorisée par une faible vitesse
d’écoulement. Elle est due à des forces d’origine physique (coincement, cohésion…) et à
des forces d’adsorption, principalement les forces de Van der Waals.

 Mécanismes de détachement
Sous l'action des mécanismes précédents, il se produit une diminution de l'espace entre les
parois du matériau recouvertes de particules déjà déposées. Il y a alors augmentation de la
vitesse d'écoulement. Les dépôts déjà retenus peuvent se détacher partiellement et être
entraînés plus avant dans le matériau filtrant ou même dans le filtrat.

72
4.4. ECOULEMENT DE L’EAU DANS UN FILTRE
Au cours de sa percolation au travers d’un lit filtrant granulaire, l’eau subit par frottement
une perte d’énergie, c’est-à-dire de pression, appelée perte de charge. Celle-ci est régie à
faible vitesse (écoulement en régime laminaire) par la loi de Darcy :

K P 1 P
V= =
µ H R. µ H
et
P µ
= V = R. µ. V
H K
D’où :
1 P 1
𝑅= =
K H V. µ.
Où V : vitesse de filtration,
K : perméabilité de la couche filtrante,
P : perte de charge à travers la couche filtrante,
H: hauteur de couche considérée,
 : viscosité dynamique de l'eau,
R : résistance à la filtration de la couche filtrante.
La perte de charge P est proportionnelle à la vitesse de filtration V, à la viscosité
dynamique de l'eau, à la hauteur de couche et inversement proportionnelle à la perméabilité
du milieu filtrant (ou directement proportionnelle à la résistance de ce milieu).
La formule de Kozeny (ou Kozeny-Carman) précise celle de Darcy en faisant apparaître
l’influence de la porosité du milieu filtrant et de la surface spécifique des grains :
P ķ. µ (1 − )2 a 2
= . ( ) V
H . g 3 V
avec: ķ : constante de Kozeny (environ 5),
ρ : masse volumique du fluide,
g : accélération de la pesanteur,
ε : porosité du milieu filtrant,
a/v : surface spécifique par unité de volume des grains filtrants de diamètre
d, soit 6/d pour un grain sphérique.
4.5. FILTRES A SABLE RAPIDES OUVERTS A FLUX DESCENDANT
L’eau à filtrer percole à travers un lit filtrant constitué d’un ou plusieurs matériau(x)

73
granulaire(s), dont les caractéristiques et la hauteur de couche doivent être adaptées à l’eau
à traiter et au type de filtre choisi. Les matières en suspension sont retenues dans les espaces
intergranulaires, sur la plus grande partie de la hauteur de couche.
Selon le cas, la filtration rapide se met en œuvre dans des appareils ouverts (à écoulement
gravitaire) ou fermés sous pression à des vitesses allant 5 de à 50 m3 /h. m2. Dans les
filières de traitement physico-chimique, c’est le type de filtration le plus courant. On
l’appelle rapide par contraste avec les anciennes installations de filtration lente (vitesses de
l’ordre de 5 m j–1). On distingue essentiellement
- La filtration directe, où l'eau à traiter ne subit aucun apport de réactif ;
- La filtration avec coagulation, sur filtre d'une eau non décantée au préalable; les réactifs
utilisés peuvent être un coagulant, un adjuvant de floculation et un réactif d'oxydation;
- La filtration d'une eau coagulée et décantée.
Dans ce dernier cas, les filtres se trouvent alors dans la situation idéale consistant à recevoir
une eau de qualité pratiquement constante et faiblement chargée. Les vitesses de filtration
sont liées à la qualité du filtrat désiré; elles peuvent s'échelonner entre 5 et 20 m 3 /h. m2
suivant la qualité de l'eau décantée et la nature des filtres utilisés. Le matériau filtrant est
maintenu en place par gravité. L'eau à filtrer traverse généralement le milieu filtrant en
s'écoulant du haut vers le bas, le milieu filtrant étant complètement immergé. L'eau s'écoule
gravitairement.

Figure 4.1: Filtre gravitaire en béton à lavage [air + eau] avec balayage latéral de surface

74
Lorsque le milieu filtrant est encrassé, on lave le filtre en inversant le sens de l’écoulement
de l’eau ; le milieu filtrant est alors en expansion, et les particules d’impuretés, beaucoup
moins denses que les grains de sable, sont décollées et évacuées vers l’égout à l’aide des
goulottes de lavage. Les principaux éléments d’un filtre rapide sont : le fond de filtre, le
gravier de support et le milieu filtrant.

 Fond du filtre
Le fond de filtre est la structure qui sépare le milieu filtrant de l’eau filtrée. Il doit donc
être suffisamment solide pour supporter le milieu filtrant et l’eau située au- dessus de ce
milieu.
Il permet en outre :
- De collecter et d’évacuer les eaux filtrées ;
- De distribuer uniformément l’eau de lavage.
Les filtres de conceptions récentes sont munis d’un fond constitué de dalles en béton
perforées, munis de Buselures espacés de 13 à 20 cm (60/m2 environ).

Figure 4.2: Buselure de filtre lavé à l’air et à l’eau


 Gravier de support
Le gravier de support, situé immédiatement au-dessus du fond de filtre permet :
- De retenir le sable du milieu filtrant ;
- D’améliorer la répartition de l’eau de lavage dans le filtre.
L’épaisseur et les caractéristiques granulométriques de la couche de gravier de support
dépendent des caractéristiques du fond de filtre et de celles du milieu filtrant.

 Milieu filtrant
Les matériaux filtrants les plus utilisés sont le sable et l’anthracite. En filtration rapide,
75
la performance repose sur une granulométrie plus aigüe. En effet les performances
hydrauliques y sont plus cruciales et la nécessité d’une distribution granulométrique
rigoureuse est fondamentale.
La hauteur de couche d’un lit filtrant se situe entre 0,8 et 2 m en général ; le plus souvent,
elle est de l’ordre de 1 m. et la hauteur d’eau au-dessus du lit filtrant, égale à 1 m au
minimum et, dans la plupart des cas, à 1,20 m. Il n’y a alors plus de risque de mise en
dépression et les cycles sont plus longs.

4.5.1. Contrôle et optimisation du fonctionnement


Le fonctionnement du filtre est généralement suivi à l'aide de deux moyens de contrôle:

 Mesure et évolution de la qualité de l’eau filtrée


Les périodes caractéristiques de fonctionnement du filtre, et l’évolution de la turbidité du
filtrat sont définis par la figure 4.3(b) :
c : période de maturation,
b : période de fonctionnement normal,
d : début de crevaison du filtre,
e : limite de turbidité acceptable ; la turbidité de l’eau filtrée atteint cette valeur pour
un temps t1 où le cycle doit être arrêté.

 Mesure et évolution de la perte de charge totale


On établit le graphique donnant l’évolution de la perte de charge P en fonction du temps
(courbe a sur la figure 4.3(a)). Par construction, il existe une perte de charge maximale que
le filtre ne pourra dépasser. Cette perte de charge est atteinte après un temps t2.
Pour obtenir un fonctionnement optimal du filtre, il importe que le filtre atteigne sa perte
de charge P2 correspondant au temps (t2) avant d'avoir crevé au temps (t1), c’est- à-dire que:
t1 > t2

76
Figure 4.3: Courbe de filtration sur lit granulaire
 Courbes de pression (diagramme triangulaire)
On peut facilement mesurer la perte de charge totale à travers un filtre à l'aide de deux
conduites transparentes installées verticalement dans la galerie des filtres. Une conduite est
reliée à l'affluent du filtre (si celui-ci est submergé) et l'autre, à l'effluent. La différence des
niveaux de l'eau dans ces deux conduites correspond à la perte de charge (Perte de
pression).
La figure 4.4 illustre la variation des pertes de charge à l'intérieur d’un filtre ouvert à flux
descendant en fonction de l'épaisseur du milieu filtrant et du temps de filtration. La hauteur
de sable égale à BD et la hauteur d’eau au-dessus du media est de AB. Sur le graphique de
droite sont portées en ordonnées les hauteurs des prises de pression A, B, C, D, au-dessus
du plancher D du filtre, et en abscisses les pressions représentées en hauteur d’eau, avec la
même échelle qu’en ordonnées. Ainsi au point B du filtre, situé au sommet du lit filtrant,
la pression est toujours égale à la hauteur d’eau AB, reportée en B'b. Au point C du lit
filtrant, quand le filtre est à l’arrêt, la pression a pour valeur AC, reportée en C'co ; de
même, la pression statique au niveau du plancher est égale à AD reportée en D'do. Tous les
77
points représentatifs de la pression statique aux différents niveaux du filtre sont sur la droite
à 45° A'do.
Filtre en service, et pour un sable homogène la perte de charge dans le sable propre est,
d'après la loi de Darcy, proportionnelle à la hauteur de sable et au débit, admis constant
pour cette analyse. La pression au point C du filtre devient égale à C'cl, la valeur c0c1,
représentant la perte de charge du sable entre les niveaux B et C ; de même, au niveau du
plancher, la pression en D devient égale à D'dl, la perte de charge dans le sable propre étant
dodl (valeur qu'on peut calculer à l'aide des équations de Carman-Kozeny). La ligne bc1d1
est une droite puisque la couche du sable d’épaisseur BD est homogène.

e2 e0
E

f0
f

D

Figure 4.4: variation de pressions dans un filtre à couche unique homogène


Quand le sable a achevé sa période de maturation, le report des pressions C'c2, D'd2 aux
différents niveaux du sable donne la courbe bc2d2 représentative des pressions dans le filtre;
elle a une partie curviligne et une partie linéaire parallèle à la droite bd 1 représentative de
la perte de charge filtre propre.
Le point e2 figuratif du début de la perte de charge linéaire indique le niveau atteint par des
impuretés dans le sable; en-dessous de E, la perte de charge étant linéaire, le sable est
propre. Le point e2 caractérise la hauteur BE du "front de filtration" au temps considéré.
Donc, La hauteur minimale de sable et la perte de charge minimale à prévoir avant

78
encrassement sont donc respectivement BE et e0e2.
Le déplacement du point e2 au cours de l'encrassement, représente l'avancement du front
de filtration.
La valeur f0f3 correspond à la perte de charge totale à travers l'ensemble du filtre après un
temps de filtration t. En général, on limite les pertes de charge à travers un filtre rapide à
une valeur maximale située entre 1,8 et 2,4 m, ce qui permet d'éviter la formation d'une
zone de pression négative à l'intérieur du filtre. Une zone de pression négative est une zone
dans laquelle la pression est inférieure à la pression atmosphérique. Dans les zones de
pression négative, il y a formation de bulles d'air, ce qui réduit la surface filtrante et entraîne
une augmentation de la vitesse d'écoulement dans le filtre et, par le fait même, un risque de
détérioration de la qualité de l'effluent.

4.5.2. Critères de conception des filtres


Les filtres ouverts fonctionnent à des vitesses de filtration comprises entre 5 et 20 m.h-1
et peuvent être lavés soit simultanément à l'air et à l'eau, soit successivement à l'air puis à
l'eau ;
Un lit filtrant, de granulométrie homogène et qui reste homogène après lavage, dont la
hauteur est généralement comprise entre 0,80 m et 1 m ;
La perte de charge maximale admissible : 1 à 2 m en hauteur d’eau pour les filtres
gravitaires;
Les tailles effectives TE usuelles vont de 0,5 mm à 1,5 mm (0,95 mm le plus
souvent) ;
Le coefficient doit être aussi proche que possible de l’unité (en pratique de 1,2 à 1,4).

 Nombre d’unités filtrantes dans un poste de filtration


Afin de répondre à des considérations d’exploitation, la surface totale nécessaire à la
filtration doit être divisée en petite surfaces de l’ordre de 50 m2.
Le nombre de filtre (Nf ) peut aussi être donné par des estimations empiriques tels que :
 Nf = 0,0195 Q0,5
Q : débit de conception maximal, (m3/ j)
 Nf = 0,5 A0,5
A : Surface totale des filtres (m2)

79
Dimensions standards
Ces dimensions sont celles de filtres à simple cellule et à dalles en béton préfabriquées
utilisés dans les grandes stations de traitement (Tableau 4.1).

Tableau 4.1 : Dimensions standards des filtres rapides ouverts


Largeur en m Surface en m2
3 de 24,5 à 38,5
3,5 de 28 à 52,5
4 de 46,5 à 70
4,66 de 56 à 79
5 de 70 à 105

4.5.3. Lavage des filtres rapides


Lorsque la perte de charge, la turbidité, ou les deux atteignent leurs valeurs maximales, on
lave le filtre en injectant de l'eau par le fond.

 Mécanisme de lavage

Il est toujours assuré en flux ascendant à l'aide d'un ou de deux fluides. Lorsque l'eau de
lavage est injectée par le fond, le milieu filtrant prend de l'expansion et libère les particules
arrêtées par le filtre. Ces particules, beaucoup moins denses que les grains de sable, sont
aisément entraînées vers les goulottes de lavage. Le niveau maximal du sable en expansion
atteint 8 à 30 cm au-dessus de son niveau au repos.
La plupart des impuretés qui encrassent un filtre adhèrent aux grains de sable; elles ne sont
donc pas éliminées par un simple lavage à l'eau. Pour décoller ces impuretés, il faut
augmenter la turbulence dans le milieu filtrant en expansion; on favorise ainsi le frottement
des grains de sable les uns contre les autres et, Par conséquent le décollement des
impuretés. Or, on ne peut pas augmenter la charge superficielle au- delà d'une certaine
limite; en effet, une charge superficielle trop élevée provoque une expansion excessive du
milieu filtrant et, par le fait même des pertes de sable; de plus, il faut alors utiliser des
quantités plus importantes d'eau de lavage.

80
 Modes de lavage
Lavage à l'eau et à l'air
On injecte simultanément, par le fond du filtre, de l'air et de l'eau. L'eau entraîne les
impuretés vers les goulottes de lavage alors que l'air assure un brassage suffisant pour
décoller ces impuretés.
Après l'arrêt des soufflantes, il faut toutefois continuer le lavage à l'eau afin d'entraîner
toutes les impuretés vers les goulottes de lavage.
Le lavage simultané à l’air (50 à 60 m 3· h–1· m–2) et à l’eau pendant le soufflage (5 à
10 m3· h–1· m–2), puis rinçage (15 à 20 m3· h–1· m–2) : c’est le mode de lavage usité sur les
filtres à sable homogène.
Lavage à l'eau seule
Lorsqu'on lave un filtre rapide uniquement avec de l'eau, le brassage est assuré par des
laveurs de surface.
En général, on met en action les laveurs de surface avant d'injecter l'eau de lavage par le
fond du filtre avec une charge superficielle d’environ 60 m 3· h–1· m–2, car cela permet de
briser la croûte d'impuretés qui s'est formée à la surface du filtre.
Le lavage dure 10 à 20 minutes, et se termine par le remplissage du filtre jusqu’à son
niveau normal de filtration.
Ce mode de lavage n’est plus pratiqué que sur les petits filtres à sable très fin.

4.6. FILTRES A SABLE LENTS


Les filtres à sable lents doivent être construits de telle sorte que l'eau traverse lentement
une couche de sable fin et que les particules les plus grosses soient arrêtées près de la
surface du sable. Ces particules forment une couche poreuse très fine, qui facilite
l'adsorption des impuretés, par cette couche ou par le sable sous-jacent. Cette couche
poreuse est constituée de bactéries, d'algues et de protozoaires. La filtration lente combine
donc les effets de processus physiques et de processus biologiques.
La filtration lente donne de bons résultats de clarification, tant que l’eau brute demeure peu
chargée en MES et que l’on respecte une faible vitesse finale de filtration. En outre, la
filtration lente n’est plus généralisable, du fait de la surface de terrain et de la main-
d’œuvre qu’elle requiert. Elle reste cependant toujours peu envisageable.

81
 Conception et mise en œuvre
La filtration lente fait usage d’un sable fin, plus au moins homogène, dont la taille se situe
entre 0,25 et 0,35 mm et d’une hauteur de couche d’environ 1 m.
Dans la conception initiale de ce traitement, l’eau brute subit un prétraitement uniquement
physique (micro-tamisage, ou préfiltration rapide sur gravier et/ou sur sable dans des
«préfiltres » éventuellement précédés de « dégrossisseurs »), puis est envoyée sur des filtres
lents où elle percole à une vitesse de l’ordre de 5 m.j –1 (soit de 0,1 à 0,3 m3.h–1.m–2).

 Nettoyage des filtres lents


Lorsque la perte de charge atteint la valeur limite maximale, il faut arrêter la filtration et
procéder au lavage du sable. Pour ce faire, on enlève habituellement une couche de sable
de 0,5 à 2,5 cm d'épaisseur, cette épaisseur dépendant de la profondeur que la plupart des
matières en suspension ont atteinte. Lorsque l'épaisseur de sable dans le filtre est de 80 cm,
on ajoute 15 cm de sable lavé pour redonner à la couche filtrante son épaisseur initiale.

4.7. FILTRES SOUS PRESSION


Les filtres sous pression servent surtout à traiter les eaux de piscine ou sont utilisés dans
de petites unités de traitement préfabriquées.
Les filtres sous pression fonctionnent selon les mêmes principes que les filtres à sable
rapides, sauf que leurs couches de sable et de gravier, ainsi que leur réseau de drainage,
sont situés dans des cylindres horizontaux ou verticaux, lesquels sont conçus pour
supporter des pressions de l'ordre de 1000 kPa. La vitesse de filtration peut aller jusqu’à
100 m/h
Ces filtres, généralement en acier, se distinguent surtout par leur mode de lavage :
Lavage à l’eau seule

Ce type de lavage est utilisé dans les très petites installations ou lorsque l’on met en œuvre
un sable très fin permettant l’expansion à l’eau seule. La répartition de l’eau de lavage se
fait par collecteur ; il n’y a donc pas de plancher à buselures, mais la couche de sable
filtrant repose sur des couches de gravier.
Lavage [air + eau] ou [air puis eau]

Ce lavage se pratique :
- Soit dans des filtres verticaux métalliques, en forme de bidon fermé par deux fonds
bombés, très utilisés dans les petites installations de filtration directe d’eau de surface

82
(Figure 4.5).
- Soit dans des filtres horizontaux métalliques utilisés dans les plus grandes stations.
Ces filtres sont généralement équipés d’un plancher métallique avec des buselures qui
permettent l’injection simultanée d’eau et d’air pour le lavage (vitesse de filtration: 5 à
50 m3· h–1· m–2).
Diamètre maximal : le plus souvent de l’ordre de 4 m.

Figure 4.5: Filtre vertical métallique sous pression, lavé à l’air et à l’eau

4.8. FILTRES A TERRE DIATOMEE


On utilise fréquemment ces types de filtres pour clarifier l'eau des piscines destinée à être
recyclée. La terre diatomée qui constitue le milieu filtrant est produite à partir de dépôts
naturels de diatomite, laquelle est une roche formée par des débris de diatomées, ces algues
brunes unicellulaires, microscopiques, qui croissent dans les eaux douces ou salées, et dont
la membrane est entourée d'une coquille siliceuse.
Ces types de filtres permettent une bonne clarification des eaux dont la turbidité est faible
et desquelles on peut éliminer, sans recourir à la coagulation, les matières en suspension et
les microorganismes. Par contre, le floc résiduel présent dans l'eau après coagulation et
sédimentation les colmate rapidement.
La charge superficielle la plus économique semble être située entre 2,4 et 4,9 m/ h.

83
4.9. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
En utilisant l’équation de Carman-Kozeny, calculer la perte de charge par unité
d’épaisseur à travers un milieu filtrant constitué d’un sable ayant un diamètre moyen de
0,35mm (particules sphériques – milieu homogène).
La charge superficielle est 0,39 m/h.
La viscosité cinématique de l’eau est de 1,568.10-6 m2/s.
La porosité du sable égale 0,384.

EXERCICE 02
Le débit sortant du bassin de décantation, dans une station de traitement des eaux d’un
barrage est de 936 l/s, pour atteindre un poste de filtration rapide.
Sachant que la charge superficielle désirée est de 7,5 [m3.m-2.h-1].
Déterminer le nombre et les dimensions des filtres qui doivent être mis en œuvre (admettre
𝐍𝐟 =𝟎,𝟓 𝐀 𝟎,𝟓)

EXERCICE 03
Le débit des eaux dirigées vers le poste de filtration rapide dans une station de traitement
des eaux est de 350 l/s.
La charge superficielle recommandée est de 6 [m3.m-2.h-1].
1 – Dimensionner l’installation de filtration (admettre 𝐍𝐟 =𝟎,𝟓 𝐀 𝟎,𝟓).
2 – le débit spécifique admis pour le lavage à l’eau seule est de 50 [m 3.m-2.h-1]
pendant 15 mn.
a – Déterminer le débit des eaux de lavage exprimé en l/s.
b – Quelle est la capacité du réservoir de stockage d’eau de lavage.

EXERCICE 04
Dimensionner le poste de filtration lente d’une station de traitement des eaux de
consommation débitant 900 l/s.

Solution de l’exercice 01
La formule de Kozeny (ou Kozeny-Carman) s’écrit :
P ķ. µ (1 − )2 a 2
= . ( ) V
H . g 3 v
avec: ķ : constante de Kozeny (environ 5),
ρ : masse volumique du fluide,
g : accélération de la pesanteur,
ε : porosité du milieu filtrant,
a/v : surface spécifique par unité de volume des grains filtrants de diamètre
d, soit 6/d pour un grain sphérique.

84
ķ=5
ρ = 103 kg/m3,
ε = 0,384
La viscosité cinématique de l’eau  = 1,568.10-6 m2/s
a/v = 6/d
V = U = 0,39 m/h
P 5.1,568x10−3 (1 − 0,384)2 6 2
0,39
= . ( ) = 0,171 m/m
H 1000x9,81 0,3843 0,35x10−3 3600

Solution de l’exercice 02
- Calcul de la surface totale des filtres :
Q
Atot =
A
Avec :
U : La charge hydraulique superficielle,
Q : Débit des eaux.
9,36x 10−3 x3600
Atot = = 449,28 m2
7,5
- Nombre des filtres Nf (unités de filtration)
𝐍𝐟 =𝟎,𝟓 𝐀 𝟎, 𝟓

= 0,5 (449,28)0,5 = 10,59


Soit Nf = 10 filtres (choisir si possible un nombre pair pour faciliter leur exploitation)
Surface d’une unité filtrante :
Atot 449,928
Ai = = = 44,928 m2
Nf 10
En se référant au tableau 4.1 (Dimensions standards des filtres rapides ouverts), on choisira
la largeur du filtre en fonction de sa surface.
Soit ℓ = 3,5 m
44,928
L= = 12,83 m
3,5
Soient : L = 13 m et ℓ = 3,5 m.
Vérification de la charge superficielle :
- En cas du fonctionnement de l’ensemble des unités filtrantes :
Q 9,36x 10−3 x3600
U= = = 7,41 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 13x3,5x10
- En cas où, l’une des unités filtrantes est en lavage:

85
Q 9,36x 10−3 x3600
U= = = 8,23 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 13x3,5x9
On constate pour les deux cas que la charge superficielle appliquée, ne sorte pas de
l’intervalle des valeurs recommandées pour la vitesse de filtration rapide (5 à 20 m3 /h. m2).

Dimensions retenues, finalement :


Nombre de filtres : Nf = 10 ;
Dimensions de la surface horizontale d’un filtre, L x ℓ = 13 x 3,5 m2;
La charge superficielle :
U = 7,41 m3· m–2.h–1 dans le cas du fonctionnement de l’ensemble.
U = 7,41 m3· m–2.h–1 dans le cas du lavage d’un filtre.

Solution de l’exercice 03
1 – Dimensionnement de l’installation de filtration
Calcul de la surface totale des filtres :
350x10−3 x3600
Atot = = 210 m2
6
Nombre des filtres Nf (unités de filtration) : 0,5 (210)0,5 = 7,24
Soit Nf = 8 filtres
Surface d’une unité filtrante :
Atot 210
Ai = = = 26,25 m2
Nf 8
En se référant au tableau 4.1  Soit ℓ = 3,5 m
26,25
L= = 8,75 m
3,5
Soient : L= 9 m et ℓ = 3 m.
Vérification de la charge superficielle :
- En cas du fonctionnement de l’ensemble des unités filtrantes :
Q 350x 10−3 x3600
U= = = 5,83 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 9x3 x8
- En cas où, l’une des unités filtrantes est en lavage:
Q 350x 10−3 x3600
U= = = 6,66 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 9x3 x7
5 < U < 20 (m3 /h. m2).

86
Dimensions retenues:
- Nombre de filtres : Nf = 8 ;
- Dimensions de la surface horizontale d’un filtre, L x ℓ = 9 x 3 m2;
- La charge superficielle :
U = 5,83 m3· m–2.h–1 dans le cas du fonctionnement de l’ensemble.
U = 6,66 m3· m–2.h–1 dans le cas du lavage d’un filtre.
2–

a – Débit des eaux de lavage exprimé en l/s :.


50x9x3x103
Q Lav. = VLav. xAi = = 375 l/s
3600
b –Capacité du réservoir de stockage d’eau de lavage :
V𝑅
Q 𝐿𝑎𝑣. =
t 𝐿𝑎𝑣.
VR : Volume des eaux de lavage du filtre :
tLav. : Durée de lavage.
D’où : VR = QLav. x tLav.
VR = 375 x 15 x 60 x 10−3
= 337,5 m3
Soit : VR = 350 m3.

Solution de l’exercice 04
Calcul de la surface totale des filtres :
Q
Atot =
U
Avec :
U : La charge hydraulique superficielle,
Q : Débit des eaux.
Dans la filtration lente, l’eau percole lentement à une vitesse de l’ordre de 5 m · j–1 (soit
de 0,1 à 0,3 m3·h–1·m–2).
Choisiront, une vitesse de l’ordre de 0,1 m/h ;
Alors ;
900x10−3 x 3600
Atot = = 32400 m2
0,1
Afin de répondre au critère de la vitesse de filtration d’une part, et satisfaire les

87
recommandations d’exploitation d’autre part (en cas de nettoyage d’un filtre, la vitesse
ne dépasse pas 0,3 m/h), on choisira deux unités filtrantes.
Chaque unité possède une surface de 32400/2 = 1620 m2. Soit 1,62 ha.
Vérification de la charge superficielle :
En cas de de fonctionnement de l’ensemble :
Q 900x 10−3 x3600
U= = = 0,1 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 2x1620
En cas où, l’une des unités filtrantes est au nettoyage:
Q 900x 10−3 x3600
U= = = 0,2 [m3 . m−2 . h−1 ]
Atot 1620
0,1 < U < 0,3 (m3 /h. m2).

88
CHAPITRE 05 – DESINFECTION

5.1. INTRODUCTION
La désinfection est utilisée dans le traitement de l'eau pour réduire les agents
pathogènes à un niveau acceptable. La désinfection n'est pas la même chose que la
stérilisation. La stérilisation implique la destruction de tous les organismes vivants.
L'eau potable n'a pas besoin d'être stérile pour être potable.
Trois catégories d'agents pathogènes entériques humains sont préoccupantes dans l'eau
potable: les bactéries, les virus et les kystes amibiens (parasites). La désinfection
doit être capable de détruire les trois.
On peut procéder à la désinfection en ajoutant à l'eau une certaine quantité d'un produit
chimique doté de propriétés germicides.
Essentiellement, cinq agents ont trouvé un usage courant dans la désinfection de l'eau
potable:
(1) chlore libre, (2) chlore combiné, (3) ozone, (4) dioxyde de chlore et (5)
irradiation aux ultraviolets.
Tous les procédés et les produits de désinfection n'étant pas équivalents, il faut choisir le
procédé le plus approprié, compte tenu de certaines conditions particulières
(caractéristiques et usages de l'eau, types de microorganismes à éliminer, qualité du réseau
de distribution, etc.)
De façon générale :
- Dans le cas des bactéries, l’attaque de l’oxydant rend plus perméable la
membrane cellulaire et porte sur les macromolécules d’acides nucléiques (ADN,
ARN) empêchant alors toute reproduction ;
- Dans le cas des virus, l’oxydant pénètre la capside et altère les protéines des ADN
ou ARN.
5.2. PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA DÉSINFECTION
Le taux de destruction des microorganismes par un désinfectant est fonction de plusieurs
variables: puissance du désinfectant, concentration de désinfectant, temps de
contact, nombre de microorganismes à éliminer, type de microorganismes,
température de l'eau, pH de l'eau et concentration de matières organiques dans l'eau.

89
5.2.1. Loi de Chick
Il est généralement admis que l’inactivation des germes obéit à une loi cinétique de type
Chick. La loi de Chick est une loi empirique selon laquelle le taux de destruction des
microorganismes est proportionnel au nombre de microorganismes dans l'eau (relation du
dN
premier ordre). Soit : = −K. N
dt

Où N nombre de microorganismes dans l'eau t = temps de contact


K = constante de réaction (s-1)
En intégrant l'équation précédente et en supposant que N = N0 lorsque t = 0, on
N
obtient : ln ( ) = −K. t
N0
2,3 N
et qui s’écrit encore : t= Log ( )
K N0
La représentation de cette équation sur papier semi-logarithmique, à partir d'essais en
laboratoire, permet ainsi d'évaluer la constante K.
Remarque : Signalons toutefois, que la loi de Chick ne s'applique pas dans tous les cas.

5.2.2. Influence du temps de contact


Lors de la désinfection de certaines eaux, on a constaté que le taux de destruction des
microorganismes variait avec le temps de contact. Pour tenir compte de ce phénomène, on
N
modifie la loi de Chick de la façon suivante: ln ( ) = −K. t M
N0

Si M<1, le taux de destruction décroît avec le temps, et si M > 1, le taux de destruction


croît avec le temps. On peut évaluer les constantes K et M en traçant la variation du
logarithme de [-1n (N/N0)] en fonction du logarithme du temps de contact.

5.2.3. Influence de la concentration de désinfectant


L’efficacité de certains désinfectants variait avec leur concentration. On peut décrire
l'influence de la concentration de désinfectant à l'aide de la relation empirique suivante :
C n . t p = Constante
Où C : concentration de désinfectant ;
tp : temps de contact requis pour obtenir un taux P (%) d'élimination des
microorganismes ;
n : coefficient qui caractérise le type de désinfectant.
On évalue expérimentalement les constantes de l'équation précédente en traçant la variation
90
du logarithme de la concentration de désinfectant en fonction du logarithme du temps de
contact requis, tp.

5.2.4. Influence de la température de l'eau


Une augmentation de la température de l'eau a pour effet d'accroître les valeurs des
constantes des réactions chimiques et biochimiques. Ainsi, les variations de la constante K
en fonction de la température satisfont à la relation:
K T = K 20 . (T−20)
KT : Constante de réaction à la température T (°C)
K20 : Constante de réaction à 20°C
 : Constante déterminée empiriquement
5.3. DÉSINFECTION PAR LE CHLORE
La chloration des eaux est effectuée à partir de chlore gazeux ou des hypochlorites de
sodium et de calcium, plus faciles à mettre en œuvre.
Le chlore est commercialement disponible sous forme liquide contenu dans des bouteilles
ou des tanks à la pression de 5 bars et de capacité respectivement égale à 50 kg ou 1 000
kg de chlore.
L’hypochlorite de sodium NaOCℓ est formé par dissolution du chlore gazeux dans une
solution de soude en excès :
2NaOH + Cℓ2  NaOCℓ + NaCℓ + H2O
La solution aqueuse commerciale connue sous le nom « eau de Javel » est un liquide jaune
verdâtre de pH 11,5 à 13. La solution technique est caractérisée par une concentration de
47 à 50° chlorométriques correspondant à 149 et 159 g·L–1 de chlore actif. L’eau de Javel
pour usage ménagère est à 15° chlorométriques environ (47,5 g·L–1 de chlore actif).
L’hypochlorite de calcium Ca(OCℓ)2 est utilisé sous forme solide-pastilles, granulés ou
poudre, principalement issu de la réaction du chlore gazeux avec le lait de chaux.
2Ca(OH)2 + 2Cℓ2  Ca(OCℓ)2 + Ca Cℓ2 + 2H2O
Les produits commerciaux contiennent 92 à 94 % en masse d’hypochlorite de
calcium, soit 65 à 70 % en masse de chlore actif.
On peut désinfecter l’eau aussi, en utilisant, d’autres dérivés du chlore, à savoir : les
monochloramines NH2Cl, et le dioxyde de chlore ClO2.

91
5.3.1. Définitions
Chlore résiduel libre : Chlore demeurant dans l'eau à la fin d'une période de contact
déterminée, et qui peut réagir chimiquement et biologiquement comme acide hypochloreux
ou ion hypochlorite.
Chlore résiduel combiné : Partie du chlore résiduel total dans l'eau à la fin d'une
période de contact donnée, qui réagit chimiquement et biologiquement en tant que
chloramine.
Demande en chlore : Quantité de chlore pouvant être consommée par l'eau pour sa
désinfection et pour la destruction des matières organiques.
Surchloration : Chloration au-delà du point critique, faite à des dosages délibérément
élevés pour produire des concentrations résiduelles de chlore libre ou combiné assez
élevées pour exiger la déchloration.
Déchloration : Réduction partielle ou complète du chlore résiduel d'une eau par tout
procédé physique ou chimique.
5.3.2. Aspects chimiques de la chloration
Le chlore gazeux et les hypochlorites réagissent rapidement dans l'eau pour former de
l'acide hypochloreux. HOCl qui est le produit actif dans la désinfection.
Réaction du chlore gazeux :

Cℓ2 + H2O  HOCℓ + Cℓ- + H+

Réaction de l'hypochlorite de sodium :


NaOCℓ + H2O  HOCℓ + Na+ + OH-

Réaction de l'hypochlorite de calcium :


Ca(OCℓ)2 + 2H2O  2HOCℓ + Ca2+ + 2OH-
Ces équations montrent que la différence principale entre les hypochlorites et le chlore
gazeux concerne les produits secondaires. En effet, l'addition de chlore gazeux libère des
ions hydrogène, H+, ce qui abaisse le pH de l'eau, alors que l'addition d'hypochlorites libère
des ions hydroxydes, OH-, ce qui augmente le pH de l'eau.
L'acide hypochloreux, HOCℓ est un acide faible qui réagit de la façon suivante:
HOCℓ  H+ + OCℓ-
Cette réaction est fonction du pH de l'eau. En effet il y a coexistence de HOCℓ et de l’ion
hypochlorites OCℓ- suivant le pH de l’eau et de sa température. La proportion de chacun
de ces constituants est donnée de la façon suivante:

92
[H + ] [OCℓ− ]
K1 =
[HOCℓ ]
À 15 °C, les concentrations relatives des deux espèces évoluent en fonction du pH comme
représenté à la Figure 5.1.

Figure 5.1 : Concentrations relatives en acide hypochloreux et en anion hypochlorite en


fonction du pH à 15 °C.

La valeur de K1 varie en fonction de la température (Tableau 5.1).

Tableau 5.1 : Variation de la constante d'équilibre, K1, de l'acide hypochloreux en fonction


de la température
Température (°C) K1(mole/L)
0 1,5x10-8
5 1,8x10-8
10 2,0x10-8
15 2,3x10-8
20 2,6x10-8
25 2,9x10-8
5.3.3. Réactions du chlore avec l'azote
Les composés azotés sont presque toujours présents dans l'eau à désinfecter, soit sous forme
organique (acides aminés et protéines), soit sous forme inorganique (ammoniac, nitrites et
nitrates). Lorsque le chlore réagit avec un composé azoté et avec l'hydrogène, il y a
production de chlore combiné sous différentes formes.
Formation de Monochloramines :
HOCℓ + NH4+  NH2Cℓ + H3O+

93
Formation de Dichloramines
HOCℓ + NH2Cℓ  NHCℓ2 + H2O
Formation de Trichloramines
HOCℓ + NHCℓ2  NCℓ3 + H2O
Ces trois réactions dépendent de la température de l'eau, de son pH, du temps de contact
et du rapport chlore/ammoniac.
L’ensemble des chloramines inorganiques et organiques constitue le chlore dit, combiné
par opposition au chlore libre.

5.3.4. Chloration au point critique


Lorsqu'on ajoute des concentrations croissantes de chlore à une eau contenant de l’azote
ammoniacal et des substances réductrices, on obtient des résultats à partir desquels on peut
tracer une courbe semblable à celle présentée à la figure 5.2.

Figure 5.2 : Chloration au point critique.


On peut expliquer la configuration de cette courbe de la façon suivante:
- Jusqu’à la valeur A, le chlore ajouté réagit avec les agents réducteurs (H2S. Mn2+.

Fe2+) et la matière organique non azotée;


- A partir de la valeur A, le chlore ajouté réagit avec l'azote ammoniacal, ce qui produit
des monochloramines, et ce jusqu'à la valeur B. La courbe présente théoriquement

94
un maximum (point B) lorsque le rapport molaire entre le chlore (HOCℓ, exprimé en
équivalent de Cℓ2) et l'azote ammoniacal (NH4, exprimé en équivalent de N) est de 1: 1
(en masse, ce rapport est de 5: 1) ;
- Au-delà de la valeur B, lorsque le rapport massique entre le Cℓ2 et le NH4 est supérieur à
5, les monochloramines se transforment en dichloramines et en acide chlorhydrique
HCℓ. Par ailleurs la courbe présente théoriquement un minimum (point C, appelé
point critique ou point de remontée ou Break- point) lorsque le rapport massique
entre le chlore et l'ammoniac est de 7,6: 1. Le point de rupture C marque la
transformation complète (B à C) des chloramines formées (A à B) et le début
d’apparition de chlore libre (D) ;
- Enfin, au-delà du point critique, le chlore ajouté est du chlore libre très efficace pour la
désinfection.
5.3.5. Pouvoirs désinfectants de différents dérivés du chlore
Il est difficile de comparer les divers désinfectants, car ils agissent respectivement sur
différents microorganismes (bactéries, spores ou virus), et ce de différentes façons. Ainsi,
un désinfectant donné peut détruire plus efficacement les virus et moins efficacement les
spores qu'un autre désinfectant.
Pour comparer les efficacités respectives de divers désinfectants, on peut mesurer le
coefficient de mortalité , de différents microorganismes, imputable à chacun de ces
désinfectants.
4,6
 =
CR . t 99
Où CR : concentration résiduelle de désinfectant (mg/L) ;
t99 : temps de contact nécessaire pour éliminer 99 % des microorganismes (min). Le
tableau 5.2 présente les coefficients de mortalité de quelques microorganismes
(destruction de 99 %) imputables à quelques produits de désinfection.
Tableau 5.2 : Coefficients de mortalité imputables à quelques désinfectants
Désinfectant Bactéries Virus Spores
Ozone O3 500 5 2
Acide hypochloreux, HOCℓ 20 1,0 0,05
Ions hypochlorites, OCℓ- 0,2 < 0,02 < 0,0005
Monochloramines, NH2Cℓ 0,1 0,005 0,001

95
Toutefois, on peut admettre, d’une manière générale, la classification suivante de
l’ordre du pouvoir désinfectant des dérivés du chlore :
CℓO2 > HOCℓ > OCℓ- > NaOCℓ > Ca(OCℓ)2 > NH2Cℓ > NHCℓ2 > NCℓ3
L’ordre de résistance moyenne des germes à la désinfection chimique peut être, lui-
même, schématisé comme suit (figure 5.3).

Figure 5.3 : Classement des germes en fonction de leur résistance moyenne au traitement par
désinfection chimique
5.3.6. Déchloration
Lorsqu'on effectue une surchloration ou lorsqu'il y a eu déversement accidentel de
chlore, il faut procéder à une déchloration.
Rappelons que, selon le Règlement sur l'eau potable, la concentration minimale de chlore
libre doit être de 0,2 mg/L après 10 min de contact ou que celle de chlore total doit être de
0,2 mg/L après 60 min de contact. Cependant, dans plusieurs usines de traitement, on limite
la concentration maximale de chlore libre à 1,0 mg/L, ou la concentration de chlore
combiné à 2,0 mg/L.
On peut utiliser plusieurs produits ou procédés pour déchlorer une eau, entre autres: le
dioxyde de soufre, le sulfite de sodium, le charbon activé, les résines échangeuses
d'ions et l'aération. On ne recourt aux résines échangeuses d'ions que pour la déchloration
de petites quantités d'eau. L'aération n'est efficace que pour l'élimination de l'acide
hypochloreux; les ions hypochlorites étant en effet très solubles, ils ne sont pas affectés
par l'aération.
A titre d’exemple, les principales réactions qui ont lieu dans le cas de déchloration par
le dioxyde de soufre sont les suivantes:
Réaction avec l'acide hypochloreux
SO2 + HOCℓ + H2O  Cℓ- + SO42- + 3H+
Réaction avec les monochloramines
SO2 + NH2Cℓ + 2H2O  Cℓ- + SO42- + NH4+ + 2H+

96
5.4. DÉSINFECTION PAR LE DIOXYDE DE CHLORE (CℓO2)
Le dioxyde de chlore est un gaz instable de couleur jaune et d’odeur piquante. Pur, il
explose en libérant du chlore sous l’effet de la chaleur, par exposition à la lumière ou au
contact de matières organiques. Mélangé à l’air, il devient explosif lorsque sa concentration
dépasse 10 % en volume.
On doit le produire immédiatement avant son injection dans l'eau. Par ailleurs, la solubilité
du dioxyde de chlore dépend de la température et de la pression.

5.4.1. Caractéristiques du dioxyde de chlore


Les principales caractéristiques du dioxyde de chlore sont résumées ci-dessous :
- Bien qu'il soit très soluble, le dioxyde de chlore ne réagit pas chimiquement avec l'eau.
- Le dioxyde de chlore réagit rapidement avec la matière oxydable.
- Le dioxyde de chlore ne réagit pas avec l'azote ammoniacal.
- Le dioxyde de chlore ne forme pas de trihalométhanes lorsqu'on l'utilise pour désinfecter
des eaux contenant de la matière organique.
- Le dioxyde de chlore élimine très efficacement les phénols.
- Le dioxyde de chlore est plus stable dans l'eau que le chlore.

5.4.2. Procédés de production du dioxyde de chlore


Le dioxyde de chlore est toujours produit "in situ", par réaction d'une solution de chlore ou
d'acide chlorhydrique sur le chlorite de sodium :
- Action de chlore sur le chlorite de sodium
2NaCℓ2 + Cℓ2  2CℓO2 + 2NaCℓ
On constate que, 1,34 g de chlorite de sodium réagit avec 0,5 g de chlore pour produire 1g
de dioxyde de chlore.
- Action d’acide chlorhydrique sur le chlorite de sodium :
5NaCℓO2 + 4HCℓ  4CℓO2 + 5NaCℓ + 2H2O

5.4.3. Pouvoir oxydant et désinfectant du dioxyde de chlore


Le pouvoir désinfectant du dioxyde de chlore dans l’élimination des bactéries est plus
important par rapport à celui du chlore.
Par ailleurs, Le dioxyde de chlore est en outre plus efficace que le chlore pour la
destruction des spores, et il est même plus efficace que l'ozone pour celle de certains

97
virus. On peut expliquer l'efficacité du dioxyde de chlore en ce qui concerne les virus de
la façon suivante: puisque la couche protectrice des virus contient des protéines qui ont
la propriété d'adsorber le dioxyde de chlore, celui-ci est concentré autour des virus. Son
efficacité vis-à-vis de la couleur est supérieure à celle du chlore. Elle l’est également
vis-à-vis des goûts.
Utilisé en préoxydation, il oxyde rapidement le fer et le manganèse. CℓO2 permet encore
de dégrader un certain nombre de composés organiques, sans former de trihalométhanes
indésirables.

5.5. DÉSINFECTION PAR L'OZONE


L'ozone est un gaz instable obtenu par l'activation électronique de l'oxygène. Il est composé
de molécules d'oxygène triatomique, O3. Puisque l'ozone se décompose rapidement en
oxygène, on doit le produire immédiatement avant son utilisation. Dans la production de
l'ozone, les coûts imputables à l'énergie électrique utilisée et à l'entretien sont très
importants.

5.5.1. Propriétés physiques de l'ozone


- L'ozone est un gaz bleu instable qui dégage une odeur irritante caractéristique.
- Puisque l'ozone est un oxydant très puissant, on doit choisir avec soin les matériaux
avec lesquels il entre en contact; le verre et la porcelaine résistent bien à l'ozone, ce qui
n'est pas le cas pour le caoutchouc.
- La solubilité de l'ozone dans l'eau est de 570 mg/L à 20°C, soit 12 fois moindre que celle
du chlore dans les mêmes conditions.

5.5.2. Pouvoir oxydant et désinfectant de l’ozone


Le pouvoir oxydant très élevé de l'ozone est la caractéristique qui rend ce produit si
intéressant pour le traitement des eaux. En effet, l'ozone permet de réduire la
couleur, les goûts et les odeurs, de détruire les produits à base de phénol et
d'oxyder les ions ferreux et manganeux solubles, ce qui les transforme en ions
insolubles. Par ailleurs, contrairement au chlore, l'ozone ne réagit pas avec l'azote
ammoniacal.
Le pouvoir désinfectant de l'ozone est de l0 à 100 fois supérieur à celui du chlore, et
ce pour tous les types de microorganismes. Il est même efficace contre les spores et les

98
kystes qui sont pourtant les microorganismes les plus résistants.
L’ozone est l’oxydant et le désinfectant le plus puissant que l’on connaisse, mais il disparaît
rapidement de l’eau par décomposition spontanée : il n’a donc pas de pouvoir
désinfectant rémanent ;
Après ozonation, il peut donc être nécessaire de compléter la désinfection par une petite
dose d’un autre oxydant capable de laisser des traces résiduelles dans l’eau distribuée,
c’est-à-dire du chlore ou du dioxyde de chlore.
Souvent, dans le cas d’une désinfection par l’ozone, on doit assurer le maintien d’un
résiduel d’ozone de 0,4 mg· L–1 pendant au moins 4 min pour qu’en particulier l’effet
virucide soit atteint (figure 5.4) : la désinfection prend place dans la chambre b après
satisfaction de la demande chimique de l’eau en ozone dans la chambre a ;

Figure 5.4 : Disposition classique d’une tour de contact eau-ozone


5.5.3. Production de l'ozone
L’ozone (O3) est fabriqué à partir de l’oxygène de l’air ou d’oxygène pur (industriel, ou
fabriqué sur place pour les gros débits) ; lorsque l’on utilise l’air, celui-ci doit, au
préalable, subir un refroidissement (dans un échangeur de température) et une dessiccation.
L’air passe ensuite entre deux électrodes (avec diélectrique intercalé) sous une tension
alternative comprise entre 3 000 et 20 000 V en fonction de la technologie adoptée.
Suivant la forme des électrodes, il existe des ozoneurs à plaques ou à tubes ; la plupart des
ozoneurs modernes sont équipés avec des tubes. La figure 5.5 donne une idée de la
conception de base d’un ozoneur.

99
Figure 5.5 : Schéma de principe d’un ozoneur

5.6. DESINFECTION PAR LES ULTRAS VIOLETS


Les rayons ultraviolets, de longueur d'onde comprise entre 200 et 300 nm, UV-C,
présentent une action germicide puissante, dont le maximum se situe aux environs de
260 nm. Leur utilisation en traitement d'eau permet la destruction des bactéries et virus
sans addition de produits chimiques.
En pratique, ces rayons sont produits par des lampes à vapeur de mercure. Deux types
de lampes existent: lampes basse pression(BP) ou haute pression(HP). Ces dernières
émettent des puissances UV-C plus élevées (environ 100 à 150 W UV-C) mais avec des
rendements énergétiques inférieurs. Les durées de vie de ces lampes sont d'environ 8000h
pour le type BP et 3 000 h pour le type HP.
Un appareil de traitement UV se compose d'une ou plusieurs lampes placées dans des
gaines de quartz pour être isolées thermiquement de l'eau. Certains appareils industriels
sont équipés de systèmes de contrôle de fonctionnement des lampes, couplés à des
dispositifs de sécurité.
Les lampes peuvent être assemblées dans un tube cylindrique (appareil de type fermé
Figure 5.6) ou dans un canal (appareil de type ouvert). Dans les deux cas, l'eau à
traiter circule, au voisinage des lampes, en couche mince car les rayons sont rapidement
absorbés par l'eau.
L'énergie consommée pour la désinfection varie en fonction de l'absorption du
rayonnement par l'eau à traiter (turbidité, présence de métaux, MO, ...)

100
Figure 5.6 : Principe de réacteur UV de type fermé
Les domaines préférentiels d'application des UV sont la production d'eau ultra- pure
et l'aquaculture. Ce procédé présente l'avantage de ne pas introduire d'éléments étrangers
dans l'eau à traiter; par contre, il n'a pas d'effet rémanent. Son application en traitement
d'EP est donc limitée.
5.7. RECOMMANDATIONS SUR L’UTILISATION DES PRINCIPAUX
DESINFECTANTS
Chlore
Le maintien d'un taux de 0,5 mg.l-1 de chlore libre, pendant un temps de contact de 30
min à pH inférieur à 8, permet d'éliminer les bactéries pathogènes et les virus de la
poliomyélite ; mais on risque de voir apparaître des goûts et des THM dans le réseau en
présence de COT.
Dioxyde de chlore
Le maintien d'un taux de 0,2 mg.l-1 pendant 15 min assure une protection efficace. L'effet
rémanent est important. Mais il n'est pas souhaitable, et même interdit dans certains pays,
d'utiliser une dose trop importante de CℓO2 pour la désinfection. L'action oxydante de
CℓO2 sur les MO libère l'ion CℓO 2- qui a été reconnu comme toxique et communique à
l'eau une saveur métallique désagréable.
Ozone
Le maintien d'un taux de 0,4 mg.L-1 pendant 4 min est recommandé pour l'élimination des
bactéries pathogènes et des poliovirus. Il serait impératif de vérifier que la mise en œuvre
d'un tel traitement n'entraîne pas la formation de sous-produits d'oxydation indésirables,
notamment les bromates (BrO3-) qui sont considérés comme dangereux à des valeurs < 10
µg/L. La désinfection par l'ozone exige que l'eau à ozoner ne contienne plus de manganèse
soluble (Mn2+) sous peine de communiquer à l'eau une couleur rose. Cette couleur évolue
ensuite vers le brun-marron par suite de la précipitation de MnO2.

101
Chloramines
Elles ne sont pratiquement pas utilisées pour leur effet bactéricide (beaucoup trop faible),
mais plutôt comme un "bactériostatique" sur le réseau vu leur effet rémanent, tout
particulièrement dans la distribution des eaux relativement chaudes (25°C ou plus), car
elles sont plus stables que le chlore libre à cette température. Dans les pays où est accepté
un fort taux de désinfectant résiduel au robinet du consommateur, l'emploi des
chloramines se développe après une désinfection effectuée soit à l'ozone soit au chlore
(effet bactéricide).

102
5.8. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
Quel est le pourcentage du HOCl libre, après traitement de désinfection d’une eau, par ajout
de15 mg /L de HOCl et que le pH final mesuré est égal à 7,0 ? La température de l’eau, est
de 25 °C.

EXERCICE 02
En une journée donnée, une station de traitement a produit 23800 m3 d’eau potable et a
consommé 56,7 Kg de chlore lors de la désinfection.
Le laboratoire de contrôle indique que le chlore résiduel moyen a été de 0,55g/m3. Dans ces
conditions, quelle a été la demande en chlore de l’eau traitée en g/m3.

EXERCICE 03
La variation du chlore résiduel en fonction du chlore ajouté, dans un essai de
désinfection d’une eau a permis d’obtenir les résultats suivants :
Chlore introduit (mg/l) 0,5 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Chlore résiduel (mg/l) 0 0,4 1,2 1,8 2,1 1,3 0,2 1 2 3 4
1 – Tracer le graphique Chlore résiduel = f(Chlore introduit)
2 – Quel est le but de cette expérience ?
3 – Déduire les coordonnées du point critique ? Quel est sa signification vis-à-vis à la
désinfection des eaux ?

EXERCICE 04
Des essais de laboratoire effectués sur un même type de micro-organismes ont permis de
mesurer les coefficients de mortalité λ relatifs aux différents désinfectants :

Désinfectant Ozone Acide hypochloreux L’ion hypochloreux Monochloramines


λ 15 2,8 0,05 0,01
Quel désinfectant permet d’éliminer 99 % des micro-organismes lorsque sa concentration
résiduelle est inférieure à 2 mg/l et le temps de contact inférieur à 30 mn ?

Solution de l’exercice 01
La réaction de l'acide hypochloreux HOCℓ dans l’eau, est la suivante :
HOCℓ  H+ + OCℓ-
La proportion de chacun de ces constituants est donnée en fonction de la constante
d’équilibre K1 de la façon suivante:
[H + ] [OCℓ− ]
K1 =
[HOCℓ ]
-8
avec K1= 2,9x10 pour une température T = 25 °C.
1
Par définition : pH = Log ([H+])

103
Alors, pour un pH = 7  [H+] = 10-7

D’où :
K1 [OCℓ− ] 2,9x 10−8
= = = 0,29
[H + ] [HOCℓ ] 10−7

et [HOCℓ ] = 3,45 x [OCℓ− ]


D’autre part :
Selon la loi de conservation de masse : la fraction de HOCℓ qui n’est pas encore dissociée
+ OCℓ- formé doit être égale à 100% du HOCℓ total ajouté.
[HOCℓ] + [OCℓ−] =100 % (du HOCl total ajouté à 100% à la solution)
Donc : 3,45 x [OCℓ−] + [OCℓ−] =100 %
4,45 x [OCℓ−] =100 %
100
[OCℓ− ] = % = 22,47 %
4,45
Finalement : [HOCℓ] =100 − [OCℓ−] =100−22,47=77,53 %
[HOCℓ] =77,53 %
Commentaires:
1. Notez que la concentration de HOCl n'a pas été utilisée dans la solution du
problème.
2. Pour différentes températures, les pourcentages seront différents, car K1 est fonction
de la température.

Solution de l’exercice 02
La demande en chlore pour la désinfection est la différence entre le chlore ajouté et le
chlore résiduel.
Débit de la station est de 23800m3/J Le chlore ajouté est de 56,7 Kg/J
Le chlore résiduel est de 0,55 g/m3 d’eau, soit 0,55 x 23800 x 10-3 kg/J = 13,09 kg/J
Donc, la demande en chlore est: 56,7 - 13,09 = 43,61 kg/J
43,61 x 103
Cette demande est de : = 1,83 gramme par mètre cube d’eau produit (g/m3).
23800

Solution de l’exercice 03
1 - Tracé du graphique Chlore résiduel = f(Chlore introduit) est présenté ci-après ;
2 – le but de l’expérience est la détermination de la demande en chlore ;
3 – coordonnées du point critique :

104
Chlore introduit = 6 mg/l Chlore résiduel = 0,2 mg/l
Le point critique signifie que le chlore ajouté a réagi avec toutes les substances réductrices
ainsi que les composés azotés présents dans l’eau. Au-delà de ce point, le chlore ajouté
conduit à la destruction des microorganismes pathogènes, qui est l’objet de la désinfection.

Solution de l’exercice 04
Le coefficient de mortalité est donné par :
4,6
 =
CR . t 99
CR : concentration résiduelle de désinfectant (mg/L) ;
t99 : temps de contact nécessaire pour éliminer 99 % des microorganismes (min).
4,6
D’où : CR =
 .t99

Pour t = 30 mn :
Désinfectant Ozone Acide hypochloreux L’ion hypochloreux Monochloramines
λ 15 2,8 0,05 0,01
CR 0,010 0,055 3,067 15,33

Les désinfectants ayant une valeur de CR < 2 mg/l sont : l’Ozone et l’Acide hypochloreux.
Ceci montre l’efficacité de ces deux désinfectants par rapport aux autres.

105
CHAPITRE 06 – ADOUCISSEMENT ET ELIMINATION DES
METAUX

6.1. TRAITEMENTS D’ADOUCISSEMENT


6.1.1. Introduction
La dureté d'une eau est due à la présence d'ions métalliques bivalents, Ca2+ Mg2+, Fe2+,
Mn2+, Sr2+, etc., les plus abondants étant les ions Ca2+ et Mg2+. En pratique, on considère
souvent que la dureté totale d'une eau de consommation est égale à la somme de sa dureté
calcique et de sa dureté magnésienne.
Une eau dure est aussi potable qu'une eau douce: un individu en bonne santé peut par
conséquent en consommer de grandes quantités sans danger. Les eaux dures présentent
cependant deux inconvénients principaux qui, dans certains cas, justifient un traitement
d'adoucissement. Étant donné que les ions responsables de la dureté réagissent avec les
savons, il y a augmentation de la quantité de savon nécessaire pour la lessive. De plus, les
ions calcium, Ca2+, ont tendance à précipiter dans les bouilloires sous forme de carbonate
de calcium.

6.1.2. Origine de la dureté


La dureté d'une eau résulte principalement du contact des eaux souterraines avec les
formations rocheuses. Toutefois, la dissolution a lieu lorsque le sol est riche en dioxyde
de carbone produit par l'action bactérienne. Grâce au faible pH qui en résulte, les éléments
basiques, dans les formations de calcaire, sont dissous.
L’excès en dioxyde de carbone attaque les carbonates insolubles, dans les sols et les
formations calcaires, pour les transformer en bicarbonates solubles.
En général, on trouve des eaux dures dans les régions où la couche de sol organique est
épaisse et où des formations calcaires sont présentes. Les principales réactions qui ont lieu:
Action sur matériaux calcaires : CaCO3 + H2CO3  Ca(HCO3)2
Action sur matériaux magnésiens : MgCO3 + H2CO3  Mg(HCO3)2

6.1.3. Degré de dureté idéal


La dureté n'a pas d'effet tangible sur la santé. En effet, le degré de dureté idéal des eaux de
consommation dépend en fait des consommateurs.

106
Ainsi, ceux qui sont habitués à des eaux très douces considèrent qu'une dureté de 100
mg/L (CaC03) est élevée, tandis que ceux qui utilisent couramment des eaux dures trouvent
cette valeur acceptable.
L'eau étant corrosive lorsque sa dureté est inférieure à 30 ou à 50 mg/L (CaCO3), il n'est
en général pas nécessaire d'adoucir une eau dont la dureté est inférieure à 150 mg/L
(CaCO3). Par conséquent, on réserve en principe les traitements d'adoucissement aux eaux
dont la dureté est supérieure à 150 mg/L (CaCO3); on s'efforce alors de ramener celle-ci à
environ 80 mg/L (CaCO3).

6.1.4. Types de dureté


On classe la dureté d'une eau en deux types: dureté calcique ou dureté magnésienne
(classification selon les ions métalliques présents) ; dureté carbonatée ou dureté non
carbonatée (classification selon les anions associés à ces ions métalliques).
 Duretés calcique et magnésienne
Il peut être parfois important de connaître les fractions de la dureté calcique et la dureté
magnésienne d'une eau, pour permettre le choix du procédé d’adoucissement convenable.
On peut facilement, mesurer séparément en laboratoire la dureté calcique, la dureté
magnésienne et la dureté totale (en effet, il est souvent, constaté que la dureté totale était
presque entièrement due au calcium et au magnésium).
 Duretés carbonatée et non carbonatée
On considère que la dureté carbonatée correspond à la partie de la dureté totale
chimiquement équivalente à la quantité de bicarbonates présents dans une eau.
On peut par ailleurs considérer que la dureté carbonatée correspond à la partie de la dureté
totale imputable à l'action de l'acide carbonique sur les calcaires.
Puisque la mesure de la quantité de bicarbonates (exprimée en CaC03), correspond en
général à l'alcalinité de l'eau, on peut dire que l'alcalinité de la plupart des eaux est égale à
leur dureté carbonatée. Autrefois, on appelait la dureté carbonatée « dureté temporaire»,
à cause du fait qu'une ébullition prolongée peut entraîner une précipitation des ions
carbonates.
On appelle dureté non carbonatée la partie de la dureté qui n'est pas chimiquement
équivalente à la quantité de carbonates. Ce type de dureté est en général associé aux
sulfates, chlorures, nitrates, etc. On calcule habituellement la valeur de la dureté non

107
carbonatée en soustrayant celle de l'alcalinité de celle de la dureté totale (exprimées en
CaCO3).
Autrefois, on appelait la dureté non carbonatée « dureté permanente », à cause du fait
qu'on ne peut pas l'éliminer ou la faire précipiter par ébullition.
Les relations entre la dureté, l'alcalinité et les différents ions en solution sont illustrées à la
Figure 6.1. Dureté OH-
Ca2+ carbonatée
HCO3
Mg2+
CO32 -

Sels Cℓ-
Na+ neutres
K+ NO3-
SO42 -

Figure 6.1 : Relations entre les divers ions présents dans l'eau.
6.1.5. Expression de la dureté
Il faut exprimer les concentrations de tous les ions (anions et cations) en concentrations
équivalentes de CaCO3 pour faciliter les calculs nécessaires à l'élaboration des procédés
d'adoucissement. On réalise cette transformation à l'aide de l'expression suivante:
C x 50
CCaCO3 =
ME
Où : C(CaCO3) concentration de l'ion (mg/L de CaCO3) ;
C : concentration de l'ion (mg/L);
ME : masse équivalente de l'ion (masse atomique divisée par valence).

6.1.6. Traitement d’adoucissement


On obtient l'adoucissement de l'eau en favorisant la formation de précipités insolubles
d'ions Ca2+ et Mg2+. On peut en outre tenter de remplacer les ions Ca2+ et Mg2+ par d'autres
ions métalliques qui n'entraînent pas l'apparition de dureté.
Avant de décrire les différents procédés de traitement, nous allons définir certains termes
et expressions et donner les unités de mesure utilisées.

108
Décarbonatation : Adoucissement par la chaux avec précipitation de carbonate de
calcium, CaCO3, par destruction de l'équilibre entre les bicarbonates et l'acide
carbonique.
Décarbonatation catalytique : Traitement dans lequel on ajoute, en même temps que la
chaux, des grains de sable fin destinés à servir de germes de cristallisation pour le
carbonate de calcium produit lors de la précipitation de la dureté calcique carbonatée.
Eau séléniteuse : Eau contenant du sulfate de calcium.
Magnésie : Hydroxyde de magnésium, Mg(OH)2.
Permutation sodique : Traitement dans lequel on utilise un échangeur de cations au cycle
du sodium afin que les ions sodium mobiles soient remplacés par des ions Ca2+ et Mg2+.
Unités de mesures utilisées en adoucissement de l'eau : Concentration en mg/L de CaCO3
ou le degré Français (1 mg/l CaCO3 = 0,1 °F)

Adoucissement par précipitation


Dans cette catégorie de procédés, on élimine simultanément la dureté (TCa et
éventuellement TMg) et les bicarbonates et carbonates (TAC) qui lui sont associés. On
distingue les procédés à la chaux et sur résine.
L’Adoucissement-décarbonatation à la chaux, qui est mis en œuvre dans un réacteur-
décanteur, abaisse les titres en calcium et en magnésium de l’eau par précipitation sous
forme de carbonate et d’hydroxyde, respectivement ; on assiste donc simultanément à un
abaissement du TAC, d’où le nom du procédé.
Les principaux procédés d'adoucissement par précipitation sont les suivants:
2+
a) Procédé par addition de chaux seulement (présence de Ca , absence de Mg2+;
dureté carbonatée élevée);
b) Procédé par addition de chaux et de soude (lime-soda) (présence de Ca 2+, absence
de Mg2+; duretés carbonatée et non carbonatée) ;
2+
c) Procédé par addition d'un excès de chaux (excess lime) (présence de Ca et de
Mg2+: dureté carbonatée élevée) ;
d) Procédé par addition d'un excès de chaux et de soude (excess lime-soda)
(présence de Ca2+ et de Mg2+).
Procédé par addition de chaux seulement
Le procédé par addition de chaux seulement, basé sur l'utilisation de la chaux et qui permet
de réduire la concentration d'ions calcium d'une eau n'exerce aucune influence sur la dureté
non carbonatée et sur la dureté magnésienne.

109
L'équation chimique qui régit la réaction sur laquelle repose ce procédé est la suivante:
Ca(HCO3)2+ Ca(OH)2  2CaCO3  + 2H2O
Pour obtenir les résultats escomptés, selon ce procédé, il faut :
1- ajouter autant de chaux qu'il y a de bicarbonates, HCO3-, en présence;
2- laisser 40 mg/L de CaCO3 (solubilité résiduelle du CaCO3);
3 - après précipitation, ajouter autant de CO2 qu'i l y a de CO32- ; cette étape permet de
solubiliser le carbonate de calcium et d'empêcher ainsi qu'il se dépose dans le
réseau de distribution.
Le schéma d'écoulement qui illustre ce procédé est présenté à la figure 6.2:

Ca(OH)2 CO2

Eau Mélange
Eau
Floculation Décantation Carbonatation Filtration
Brute Traitée

Boues

Figure 6.1 : Schéma d'écoulement: procédé par addition de chaux seulement.

Procédé par addition de chaux et de soude


Le procédé par addition de chaux et de soude, basé sur l'utilisation de la chaux et de la
soude, Na2CO3, permet de réduire la dureté non carbonatée d'une eau. On exploite ici deux
phénomènes différents:

 La précipitation (pour une partie de la dureté carbonatée);


 La réaction d'échange entre le calcium et le sodium (pour la partie de la dureté non
carbonatée associée au calcium).
Les équations chimiques qui régissent les réactions sur lesquelles repose ce procédé sont
les suivantes:
Ca(HCO3)2+ Ca(OH)2  2CaCO3  + 2H2O
Na2CO3 + CaSO4  CaCO3  + Na2SO4
Na2CO3 + Ca(OH)2  CaCO3  + 2NaOH
2Na(OH) + Ca(HCO3)2  CaCO3  + Na2CO3 + 2H2O
Pour appliquer correctement cette méthode, il faut:
1 - ajouter autant de chaux qu'il y a d'ions bicarbonates. HCO3-, en présence;

110
2 - laisser 40 mg/L de CaCO3;
3- ajouter autant de soude qu'il y a de dureté non carbonatée associée au calcium;
4 - ajouter autant de CO2 qu'il y a de CO32-.
NOTE: En l'absence de Mg2+, on peut ajouter simultanément la chaux et la soude.
Le schéma d'écoulement qui illustre le procédé par addition de chaux et de soude est
présenté à la figure 6.2.

Ca(OH)2 - Na2CO3 CO2

Eau Eau
Mélange Floculation Décantation Carbonatation Filtration
Brute Traitée

Boues

Figure 6.2 : Schéma d'écoulement: procédé par addition de chaux et de soude.

Procédés par addition d’un excès de chaux


On utilise le procédé par addition d'un excès de chaux pour réduire la dureté des eaux
affectées d'une dureté carbonatée associée aux, calcium et magnésium (Figure 6.3).
Lorsqu'on ajoute suffisamment de chaux, le magnésium se combine avec des ions
hydroxydes pour former un précipité de Mg(OH)2. L’addition d'un excès de chaux, élève
le pH à 11. Ceci permet de réduire la solubilité du Mg(OH)2. En pratique. On considère
que la concentration résiduelle de Mg(OH)2 est de 10 mg/L. Après la précipitation du
Mg(OH)2, on doit procéder à une carbonatation pour obtenir la précipitation de l'excès de
chaux.
Les principales équations chimiques qui régissent les réactions sur lesquelles repose ce
procédé sont les suivantes:
Ca(HCO3)2+ Ca(OH)2  2CaCO3  + 2H2O
Mg(HCO3)2+ 2Ca(OH)2  Mg(OH)2  + 2CaCO3  + 2H2O
Ca(OH)2 + CO2  CaCO3
Pour appliquer ce procédé, il faut:
1 - ajouter une quantité de chaux supérieure de 50 mg/L, à la somme des quantités des
bicarbonates et du magnésium;
2 - laisser 40 mg/L de CaCO3 (solubilité résiduelle du CaCO3);

111
3 - laisser 10 mg/L de Mg(OH)2 (solubilité résiduelle du Mg(OH)2).

Excès de Ca(OH)2
pH = 11 CO2

Eau Mélange Floculation Décantation Carbonatation


Brute
Jusqu’au pH = 9,5
Mg(OH)2
CaCO3
Pour
Floculation l’élimination
de l’excès
de chaux
seulement

CO2

Eau Filtration Carbonatation Décantation


Traitée
pH de 8,0
CaCO3

Figure 6.3 : Schéma d'écoulement: procédé par addition d'un excès de chaux.

Procédé par addition d'un excès de chaux et de soude


Le procédé par addition d'un excès de chaux et de soude, le plus général, permet dans un
premier temps de réduire la dureté carbonatée associée au calcium et au magnésium (excès
de chaux) et, dans un deuxième temps, de réduire la dureté non carbonatée (soude). On
combine donc ici deux des procédés présentés ci-dessus: l'excès de chaux permet d'obtenir
la précipitation du magnésium et la soude, celle de la dureté non carbonatée.

6.2. ELIMINATION DU FER ET DU MANGANESE


6.2.1. Introduction
Le fer et le manganèse étant présents dans la plupart des sols sous forme de minéraux, la
solubilisation de ces derniers est responsable des concentrations élevées de fer et de
manganèse dans les eaux. Le fer est l'un des éléments les plus abondants dans les sols; on

112
le retrouve donc plus fréquemment et en concentration plus élevée que le manganèse. Les
concentrations de fer sont rarement supérieures à l0 mg/L et celles de manganèse, à 2 mg/L.
Le fer et le manganèse ne sont pas des éléments nuisibles pour la santé- au contraire même,
le fer est un élément nutritif essentiel. On doit cependant en contrôler les concentrations et
ce pour des raisons d'esthétique.
En effet, la présence d'une certaine quantité de ces métaux dans l'eau peut entraîner certains
inconvénients ; cela peut:
 Donner à l'eau un goût métallique désagréable;
 Tacher les tissus lors de la lessive, tacher les équipements sanitaires (cuvettes de
porcelaine, baignoires, etc.);
 Former un précipité dans les conduites, ce qui favorise la croissance de bactéries
ferrugineuses.
À cause de tous ces inconvénients, la réglementation algérienne relative à la qualité de
l’eau de consommation humaine, recommande des concentrations maximales de
0,3mg/L de fer et de 0,05 mg/L (ou 50g/l) de manganèse.

6.2.2. Chimie du fer et du manganèse


Les principales observations relatives à la stabilité du fer et manganèse sont :
 En solution dans l'eau, le fer et le manganèse sont toujours présents sous forme de Fe2+
et de Mn2+ ;
 La concentration en oxygène dissous des eaux souterraines qui contiennent de
grandes quantités de fer et de manganèse en solution est toujours nulle, et leur
concentration en CO2 est élevée. Les eaux de surface peuvent être riches en fer et en
manganèse lorsque leur concentration en oxygène dissous est faible ou nulle ;
 Le fer et le manganèse sont stables en présence d'oxygène dissous uniquement
lorsqu'ils existent sous forme de Fe3+ et de Mn4+.
 Ces métaux ont tendance à se combiner à d'autres substances et composés
chimiques pour former des complexes minéraux et organiques. Les principaux
complexes minéraux du fer et du manganèse sont les suivants: FeOH+, Fe(OH)3-,
MnOH+ et Mn(OH)3-.
 Dans les eaux naturelles, le fer et le manganèse ont une forte tendance à former des
complexes chimiques avec les substances humiques (l'acide fulvique, l'acide
113
humique et l'humin) ;
 La stabilité dans l'eau de ces différents complexes dépend de plusieurs variables, comme
le pH de l'eau, la présence d'éléments chimiques (et leurs concentrations) et le potentiel
d'électrode de la solution.
 Pour le cas du fer, les différentes formes sous lesquelles, cet élément est
susceptible de se présenter dans l’eau sont résumées dans la figure 6.4

Figure 6.4 : Formes d’existence du fer dans l’eau


Stabilité du fer et du Manganèse
Pour définir un traitement de déferrisation ou de démanganisation, il ne suffit donc pas de
connaître la teneur totale de ces métaux, mais aussi les différentes formes sous lesquelles
ces éléments sont susceptibles de se présenter. Les Diagrammes de stabilité du fer et du
manganèse dans des eaux contenant de carbonates (Potentiel oxydoréduction en fonction
du pH) sont donnés dans les figures 6.5 et 6.6.
 On voit qu’il est possible de passer d’une forme dissoute du fer (par exemple Fe2+ ou
FeOH+) à une forme précipitée (FeCO3, Fe(OH)2 ou Fe(OH)3) en élevant soit le
potentiel (oxydation), soit le pH, soit les deux à la fois. C’est sur ces principes, et plus
particulièrement sur la séquence [oxydation Fe2+ – précipitation Fe(OH)3, puis
filtration], que sont fondés les différents traitements physico-chimiques envisageables.
 La chimie du manganèse est semblable, à plusieurs points de vue, à la chimie du fer.
Ainsi, lorsque le pH de l'eau et le potentiel d'électrode de la solution sont faibles, le
manganèse est stable sous forme divalente. Les carbonates, les sulfures et les silicates
114
sont pratiquement insolubles dans les solutions neutres ou basiques.

Figure 6.5 : Diagramme de stabilité du fer

Figure 6.6 : Diagramme de stabilité du Manganèse

115
Le fer et le manganèse sont oxydés dans des eaux bien oxygénées; ils produisent alors des
oxydes insolubles, Fe2O3 et MnO2; l'oxydation du manganèse exige cependant un potentiel
d'électrode plus élevé. Lorsqu'on compare les figures 6.5 et 6.6, on remarque la grande
surface occupée par la représentation des carbonates de manganèse, MnCO3, et la surface
beaucoup plus petite occupée par celle des carbonates de fer, FeCO3. Dans des eaux
riches en carbonates, le manganèse précipite sous forme d'oxydes ou de carbonates, selon
le potentiel d'électrode.
6.2.3. Procédés de déferrisation et de démanganisation
On peut réduire les concentrations de fer et de manganèse dissous dans l'eau à l'aide des
procédés d'oxydation, de la précipitation sous forme de carbonates par échangeurs
d'ions et par élimination biologique.
Puisque l'oxydation permet de traiter de façon économique des volumes d'eau importants,
c'est le procédé qu'on utilise le plus dans les usines de traitement municipales. La
précipitation sous forme de carbonates est intéressante à réaliser dans les usines où on
effectue déjà un adoucissement par précipitation à la chaux; les carbonates ferreux
précipitent alors en même temps que le carbonate de calcium. On utilise les autres procédés
de déferrisation et de démanganisation principalement lorsque le débit à traiter et les
concentrations de fer et de manganèse sont faibles (par exemple, dans les installations
domestiques).
Procédés d'oxydation (Déferrisation physicochimique)
Le fer et le manganèse peuvent être oxydés par différents produits chimiques. Le fer
bivalent, Fe2+, est alors transformé en fer trivalent, Fe3+, tandis que le manganèse passe de
la forme Mn2+ à Mn4+. Ces métaux ont alors fortement tendance à se combiner à d'autres
substances et à précipiter.
Cette technique, d’oxydation, a longtemps été la plus couramment utilisée, en
particulier pour les eaux de forage. Éventuellement, on peut y ajouter un certain nombre
de traitements supplémentaires tels que: correction de pH, oxydation chimique,
décantation... Il est toujours utile d'aérer une eau d'origine profonde dépourvue
d'oxygène, même si on utilise également un oxydant chimique. Cette aération est
nécessaire si l'eau contient du H2S.
Les principaux produits qui permettent d'oxyder ces métaux sont l'oxygène, le chlore, le

116
permanganate de potassium, le dioxyde de chlore et l'ozone.
Au cas où l'eau contient une forte proportion de MO ou de manganèse, il faut déterminer
avec soin la dose à introduire.
 Oxydation par l'oxygène
Les principales réactions qui ont lieu sont les suivantes:

4Fe2+ + O2 + 10 H2O  4Fe(OH)3  + 8H+


2Mn2+ + O2 + 2 H2O  2MnO2  + 4H+
On remarque que la quantité d'oxygène requis est deux fois plus élevée pour l'oxydation
du manganèse que pour celle du fer et il y a production d'ions hydrogène, ce qui a tendance,
lorsque l'alcalinité est faible, à abaisser le pH.
 Oxydation par le chlore
Les principales réactions sont :

2Fe2+ + Cℓ2 + 6 H2O  2Fe(OH)3  + 2 Cℓ- + 6H+


Mn2+ + Cℓ2 + 2 H2O  MnO2  + 2 Cℓ- + 4H+
Ces réactions d'oxydation par le chlore libèrent des ions hydrogène, ce qui a tendance à
abaisser le pH et exercent une importante influence sur l'alcalinité, surtout dans le cas du
manganèse.
 Oxydation par le permanganate de potassium
Les principales réactions sont :

3Fe2+ + KMnO4 + 7 H2O  3Fe(OH)3  + MnO2  + K+ + 5H+


3Mn2+ + 2KMnO4 + 2 H2O  5MnO2  + 2K+ + 4H+
On remarque que les quantités de KMnO4 requis pour oxyder le fer sont en général plus
faibles que celles pour le Manganèse.
 Oxydation par le dioxyde de chlore
Les réactions qui ont lieu :

Fe2+ + CℓO2 + 3 H2O  Fe(OH)3  + CℓO - + 3H+


Mn2+ + 2CℓO2 + 2 H2O  MnO2  + 2 CℓO - + 4H+
Le dioxyde de chlore requis est plus important pour le cas du manganèse.
 Oxydation par l'ozone

2Fe2+ + O3 + 5 H2O  2Fe(OH)3  + O2 + 4H+


Mn2+ + O3 + H2O  MnO2 + O2 + 2H+
L’ozone requis est plus important pour le cas du manganèse.

117
En conclusion, on peut dire que: Le manganèse est plus difficile à oxyder que le fer ;
les vitesses de réaction sont toujours plus lentes, et ce quel que soit l'oxydant utilisé.
Application du procédé d'oxydation
Dans la plupart des cas, il est préférable de procéder d'abord à une oxydation par l'oxygène,
afin d'éliminer toutes les substances faciles à oxyder. Après quoi, si cela s'avère nécessaire,
on utilise un oxydant plus puissant.
L’aération ou l’oxydation est suivi par une filtration sur sable en mono ou bicouche.
Cette aération peut se réaliser soit de façon gravitaire (telles que la pulvérisation dans l’air,
par cascades ou par ruissellement), soit par des turbines fonctionnant avec la pression
atmosphérique. Dans le cas où la concentration en fer dans l’eau brute dépasse 10 mg/l ou
en cas de présence de couleur. La solution de choix est de réaliser une étape de coagulation
et d’intercaler un décanteur entre l’aération et la filtration.
La démanganisation s’intègre normalement aux installations de déferrisation. Elle exige
une oxydation énergique (Oxydants forts) juste après l’aération.
Des schémas types d’installations de déferrisation et de démanganisation sont
présentés par les figures 6.7, 6.8 et 6.9.

Figure 6.7 : Station de déferrisation sous pression

Figure 6.8 : Schéma d’élimination du manganèse sur une eau de surface douce et colorée

118
Figure 6.9 : Schéma de déferrisation par aération-ozonation suivi par filtration gravitaire.

Procédés de Précipitation sous forme de carbonates


La décarbonatation à la chaux, génératrice d'un pH élevé, est favorable à l'élimination du
fer et du manganèse. Ainsi, la précipitation du carbonate ferreux est pratiquement totale à
pH 8,2 et celle de l'hydroxyde ferreux à pH 10,5 (Figure 6.10). En présence d'un potentiel
redox élevé, le fer (II) dissous peut-être précipiter sous forme de Fe(OH)3. Pour le
manganèse, les pH de précipitation sont voisins de 9,2 pour le carbonate et de 11,5 pour
l'hydroxyde, respectivement.

Figure 6.10 : Solubilité du fer en fonction du pH dans une eau d’alcalinité


moyenne

Un schéma d’une installation de décarbonatation partielle, déferrisation, démanganisation


et nitrification, est illustré dans la figure 6.11.

119
Figure 6.10 : Schéma d’installation de traitement associé à une décarbonatation

Procédés par échangeurs d'ions


On utilise les échangeurs d'ions pour traiter les eaux contenant de faibles concentrations
de Fe2+ et de Mn2+, par exemple dans le cas d'approvisionnements individuels (procédés
domestiques). Lorsqu'on traite une eau souterraine, il faut éviter de la mettre en contact
avec l'oxygène de l'air avant de l'acheminer vers l'échangeur d'ions; l'oxygène de l'air peut
en effet oxyder le fer, ce qui favorise la formation d'un précipité pouvant colmater la
colonne de résine. En outre, les résines échangeuses d'ions éliminent d'autres cations
comme les Ca2+; on les utilise donc seulement lorsque les débits et les concentrations
de fer et de manganèse sont faibles.
La déferrisation de l’eau est utilisée dans le cas de l’échange d’ions sur zéolite
régénérable au chlorure de sodium. Cette zéolite, qui est développée pour le traitement des
eaux de source, assure plusieurs traitements en simultané : l’élimination du fer, du
manganèse, la neutralisation des pH acides, … Comme tous les autres médias de traitement
de l'eau, cette zéolite doit respecter des conditions d’entretien et d’emploi dans le but de
durer un maximum de temps. Si ces conditions sont respectées, la zéolite dure en moyenne
une dizaine d’années.

Élimination biologique
De nombreuses bactéries sont susceptibles d'oxyder biologiquement le fer, en le fixant à
l'intérieur ou à l'extérieur de leurs gaines. Ces bactéries sont susceptibles de se développer
dans des conditions où l'oxydation physico-chimique du fer n'est pas possible, par exemple.
120
De nombreuses bactéries permettent aussi, en milieu aérobie, une oxydation biologique du
manganèse.
Les conditions de potentiel redox favorables au développement des bactéries impliquées
dans la déferrisation et la démanganisation sont très différentes.

Avantages de la déferrisation et démanganisation biologique


 Le seul réactif, en fonctionnement normal, est l'air d'aération (oxydant
complémentaire, correction de pH et le floculant, sont inutiles) ;
 Le temps de contact pour le cas du fer est court sur la plupart des eaux ;
 La solidité du floc biologique permet, d'adopter des vitesses de filtration élevées ;

Mode d'action
- Oxydation : les bactéries du fer et du manganèse catalysent par production
d'enzymes spécifiques des réactions exothermiques d'oxydation qui alimentent leur
métabolisme grâce à l'énergie libérée :
2FeO + 1/2 O2 + 3 H2O  2Fe(OH)3 + 1057 joules
2 MnO + O2 + 2 H2O  2 MnO(OH)2 + 167 joules
L'oxydation du Fer par voie biologique est plus facile car elle libère 6 fois plus
d'énergie que celle du manganèse.
- Catalyse : les mécanismes possibles de la catalyse sont :
- Adsorption de Fe et/ou Mn sur la surface externe de cellules bactériennes,
- Oxydation bactérienne de Fe et/ou Mn adsorbé,
- Oxydation catalytique de Fe++ ou Mn++ en présence de MnO2.
- Mise en œuvre : en matière d'eaux potables, le traitement biologique s'effectue en
général par filtration, le matériau filtrant servant de support aux bactéries et
favorisant la formation d'une membrane biologique active à grande surface
d'échange.
Le traitement biologique du manganèse est plus difficile : il réclame un potentiel
d'oxydoréduction plus élevé ; de plus le délai d'ensemencement des filtres est beaucoup
plus long (de l'ordre du mois au moins).
Le traitement biologique d'eaux contenant du fer et du manganèse est donc nécessairement
constitué de deux étapes successives d'aération filtration.

121
6.3. FLUORURATION ET DEFLUORURATION
La fluoruration de l'eau est l'ajustement contrôlé de fluor sous forme d'ions fluorure (F−)
dans le système de distribution d'eau potable afin de réduire les cas de carie dentaire. L'eau
fluorée contient du fluorure à un niveau qui est efficace pour prévenir les caries ; cela peut
se produire naturellement ou en ajoutant du fluorure. Par analogie, on parle également de
"défluoruration".
On considère généralement qu’une faible teneur en fluor de l’eau d’alimentation (0,4 à 1
mg· L –1 suivant le climat du pays considéré) est favorable à la formation de l’émail dentaire
et protège les dents contre la carie. En revanche, un excès de fluor entraîne la destruction
de cet émail et provoque un ensemble de troubles à caractère endémique que l’on groupe
sous le nom de « fluoroses ». Ceci apparait suivant les individus pour des teneurs très
variables. Il faut rejeter ou traiter les eaux dès qu’elles contiennent plus de 1 à 1,5
mg.L–1 de F–.

6.3.1. Fluoruration
Ce traitement ne tend pas encore à être généralisé, car il n'est pas sans risque et soulève par
ailleurs des oppositions. On peut utiliser les produits suivants :
 Hexafluorosilicate de sodium : Na2SiF6, le plus souvent ;
 Acide hexafluorosilicique (est l'additif le plus couramment utilisé): H2SiF6 ;
 Fluorure de sodium : NaF.
Un tel traitement doit être accompagné de toutes les précautions utiles concernant la
protection du personnel de l’installation et l’éventualité d’un surdosage accidentel.

6.3.2. Élimination du fluor (Défluoruration)


Dans certaines eaux naturelles, on trouve plus de 10 mg· L–1 de fluor. On cherche à ramener
cette concentration aux environs de 1 mg· L–1 ; La norme algérienne a été fixée à 1,5
mg·L–1. Les procédés employés sont les suivants :

Filtration sur alumine activée


C’est le procédé le plus utilisé. La capacité de rétention peut être très variable : suivant
la teneur initiale en fluor, le pH et la salinité globale de l’eau, la granulométrie
du matériau et les conditions opératoires, on peut fixer 0,3 à 4,5 g d’ion F– par litre de
produit.

122
Coagulation-floculation

Le traitement au sulfate d’aluminium constitue un autre mode d’utilisation de l’affinité du


fluor pour l’alumine, mais la demande en coagulant est très élevée (50 à 150 mg·L–1 pour
1 mg·L–1 de F–, à éliminer) ; il ne peut donc être appliqué qu’à des eaux brutes nécessitant
une décantation et présentant une faible teneur en fluorures.

Adoucissement de l’eau à la chaux

Cette méthode peut être employée, mais à pH > 10 et à condition que l’eau présente une
teneur suffisante en magnésium, car c’est la magnésie qui adsorbe le fluor. On estime qu’il
faut environ 50 mg·L–1 de magnésium pour éliminer 1 mg· L–1 de fluor.

Utilisation du phosphate tricalcique

On a envisagé l’utilisation :
 Soit de produits naturels : cendre d’os (noir animal) ou poudre d’os ;
 Soit de l’apatite synthétique, que l’on peut fabriquer au sein de l’eau par un mélange
soigneusement contrôlé de chaux et d’acide phosphorique.

123
6.4. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
On a mesuré en laboratoire les concentrations des principaux ions présents dans une eau.
Les résultats sont les suivants:
Concentrations (mg/l)
2+
Ca 40,0 HCO3 - 183,0
2+ 2-
Mg 24,2 SO4 57,1
Na+ 9,2 Cl- 6,8
1. Exprimer ces concentrations en équivalents de CaCO3.
2. Construire le diagramme à barres correspondant.
3. Evaluer la dureté totale, dureté carbonatée, dureté non carbonaté et l’alcalinité de cette
eau.
EXERCICE 02
Appliquer le procédé par addition de chaux seulement pour adoucir une eau dont les
caractéristiques sont les suivantes:
Concentrations (mg/l)
2+
Ca 60,0 HCO3 - 152,5
Na+ 23,0 SO42- 72,0
EXERCICE 03
Une eau brute présentant une concentration de 5 mg/ ℓ en Fe2+ est traitée par aération-
filtration. Le débit de l’usine est de 50 m3/h. Calculer :
1. La masse d’O 2 nécessaire pour éliminer 1 mg de fer.
2. Le volume d’air nécessaire par heure (admettre que, un mètre cube d’air contient
285,7 gramme d’O2).
3. La masse du précipité formé
EXERCICE 04
Dans un poste de déferrisation d’une eau souterraine, on désire utiliser une solution de
KMnO4 (0,1M).
Calculer le débit de la pompe doseuse de KMnO4, sachant que le débit des eaux brutes à
traiter est de 125 m3/h, et la concentration en Fe2+ est de 20 mg/ℓ.
EXERCICE 05
Calculer l’intervalle de temps entre deux lavages successifs au niveau du filtre d’une
usine de déferrisation-démanganisation dont les caractéristiques sont les suivants :
Capacité de Capacité de
Vitesse de Débit (Eau 2+ 2+
[Mn ] [Fe ] rétention de rétention de
filtration brute)
Fe2+ Mn2+
5 m.h-1 150 m3.h-1 5 mg.ℓ- 12 mg.ℓ- 0,5 kg.m-2 0,25 kg.m-2

124
EXERCICE 06
Calculer la quantité de produit chimique nécessaire pour fluorurer convenablement
l’eau d'une municipalité dont le débit moyen est de 640 m 3/h, la concentration d'ions
fluorures dans les eaux brutes étant de 0,l mg/ℓ.
Pour chacun des deux produits chimiques présentés ci-dessous (Déterminer la quantité
moyenne à ajouter chaque jour et le volume nécessaire pour disposer d'une réserve d'un
mois : 30 jours).
La concentration désirée en fluorures est de 1,2 mg/ℓ.
Principales caractéristiques des produits chimiques qui génèrent des ions fluorures
Formule Masse moléculaire Pureté Masse
produit chimique chimique (%) volumique
(g/mole) (kg/m3)
Hexafluoro- silicate de
sodium Na2SiF6 188 98 1200
(Poudre fine ou fins granules)
Fluorure de sodium
(Poudre ou granules) NaF 42 97 1444

Solution de l’exercice 01

1 - Conversion des concentrations en équivalents de CaCO3 :


Cx50
CCaCO3 =
ME
Où : C(CaCO3) concentration de l'ion (mg/L de CaCO3) ;
C : concentration de l'ion (mg/L) ;
ME : masse équivalente de l'ion (masse atomique divisée par valence).
Masses atomiques des principaux Cations et Anions présents dans les eaux
naturelles (Tableau 1.1, Chapitre 1).
Conversion des concentrations en équivalents de CaCO3
Concentrations (équivalents de CaCO3)
Cations ME C(CaCO3) ME Anions C(CaCO3)
Ca2+ 20,0 100,0 HCO3 - 61 150,0
Mg2+ 12,2 99,0 SO4 2-
48 59,5
Na+ 23,0 20,0 Cl-
35,5 9,5
Total 219 Total 219
2 – Construction du diagramme à barres :
Puisque les concentrations de tous les ions sont exprimées en équivalents de CaCO3,
on peut en additionner les valeurs et, à partir de là, construire le diagramme à barres
ci- dessous :

125
0 100 199 219

Ca2+ Mg2+

HCO3- SO42- Cl-

0 150 219
209,9
3 - Détermination de la dureté totale, dureté carbonatée, dureté non carbonaté et
l’alcalinité de cette eau.
Dureté totale (T.H.) = [Ca2+] + [Mg2+] = 199 équivalents de CaCO3
Dureté totale = dureté carbonatée + dureté non carbonatée
La dureté carbonatée est celle dont les ions bicarbonates ou carbonates sont associés
avec les ions calcium et magnésium.
Donc, dureté carbonatée = 150 équivalents de CaCO3
La dureté non carbonatée est celle dont les ions calcium et magnésium sont associés
avec autres anions que les bicarbonates et carbonates.
Dans notre cas :
Donc, dureté non carbonatée = 199-150 = 49 équivalents de CaCO3
L’alcalinité de l’eau (TAC) se définit comme étant la somme des concentrations des
anions : HCO3-, CO3- - et OH-.
D’où : TAC = 150 équivalents de CaCO3
Dans ce cas, On peut donc dire que l'alcalinité est égale à la dureté carbonatée.
Solution de l’exercice 02
Conversion des concentrations en équivalents de CaCO3 et Construction du diagramme à
barres :
Conversion des concentrations en équivalents de CaCO3
Concentrations (équivalents de CaCO3)
Cations ME C(CaCO3) ME Anions C(CaCO3)
Ca2+ 20,0 150,0 HCO3 -
61,0 125,0
Na+ 23,0 50,0 SO4 2-
48,0 75,0
Total 200 Total 200

Construction du diagramme à barres de l’eau brute:


0 150 200

Ca2+ Na+
- 2-
HCO3 SO4

0 125 200
126
La procédure par addition de chaux seulement est la suivante :
1- Ajouter autant de chaux qu'il y a de bicarbonates, HCO3-, en présence;
2- Laisser 40 mg/L de CaCO3 (solubilité résiduelle du CaCO3);
3- Après précipitation, ajouter autant de CO2 qu'i l y a de CO32- .
 Addition de la chaux
0 125 0 150 200
150 200

Ca2+ + Ca2+ Ca2+ Na+


Na
- 2-
HCO3
- 2- OH- HCO3 SO4
SO4

0 125 200 125 0 125 200

 Transformation des bicarbonates en carbonates


La réaction chimique qui aura lieu :
HCO3 - + OH-  CO32- + H2O

 Précipitation des carbonates de calcium


Ici, il faut laisser 40 mg/L de CaCO3 soluble (soit 125- 40 = 85 en CaCO3 qui devrait
précipiter)

127
 Eau intermédiaire

La réaction qui aura lieu : CaCO3 + CO2 + H2O  Ca(HCO3)2

 Eau finale

Conclusion

 Le procédé par addition de chaux seulement a permis de réduire la dureté de cette eau
à 65 mg/ℓ.
 Pour ce faire, on a utilisé 125 mg/ℓ de chaux et 40 mg/ℓ de CO2.
 La quantité de boues produites lors de cet adoucissement est de: (2 X 125) - 40 = 210
mg/ℓ. (Toutes ces quantités sont exprimées en équivalents de CaCO3.)

Solution de l’exercice 03

1 - masse d’oxygène nécessaire à l’élimination de 1mg de Fer. La réaction d’oxydation


par l’air s’écrit :
4Fe2+ + O2 + 10 H2O  4Fe(OH)3  + 8H+
4 moles 1 mole 4 moles
(4 x 56 g) (32 g) 4 (56 + (17x3)) = 4 x 107 g
1 mg ?
On constate que 4 moles de fer réagissent avec une mole d’oxygène;

128
32 x 1
Alors 1 mg de fer réagit avec : = 0,143 mg d′O2
56 x 4

Donc, pour éliminer 1 mg de Fer, il lui faut 0, 143 mg d’O2.

2 - le volume d’air nécessaire par heure


La concentration du Fer est de 5 mg/ℓ = 5 g/m3.
Le débit de l’usine set de 50 m3/h.
Flux de Fer oxydé pendant une heure est : 50 x 5 = 250 g/h
La masse d’oxygène nécessaire pour réaliser, l’oxydation de cette quantité est de :
250 x 0,143 = 35,75 g d’O2.
Alors, le volume d’air nécessaire est (mètre cube d’air contient 285,7 gramme d’O2):
35,75
= 0,125 m3 d′ air par heure
285,7

Soit 125 ℓ /h
3 – La masse du précipité formé
La réaction d’oxydation de fer montre que 4 moles de fer donnent naissance à 4
moles de précipité de Fe(OH)3.
Soit 4 x 56 g de fer donnent 4 x 107 g de précipité
D’où : La masse du précipité formé par, l’oxydation de 250 g de fer est de :
250x4x107
= 477,68 g de Fe(OH)3 par heure
4x56
La masse du précipité formé : 477,68 g de 4Fe(OH)3.

Solution de l’exercice 04
 Masse de KMnO4, nécessaire à l’élimination de
1mg de Fer. La réaction d’oxydation s’écrit :

3Fe2+ + KMnO4 + 7 H2O  3Fe(OH)3  + MnO2  + K+ + 5H+


3 moles 1 mole
(3 x 56 g) (39 + 55 + (16x4)) g
Xg ?
(39+44+(16x4)) 158
Alors X g de fer réagit avec : = = 0,94 de KMnO4
3x56 168

Donc, pour éliminer X g de Fer, il lui faut 0, 94 g de KMnO4.

129
 Flux de Fer oxydé
La concentration en Fe2+ est de 20 mg/ℓ = 20 g/m3 ;
Le débit des eaux à traiter est de 125 m3/h.
Le flux de Fer oxydé pendant une heure est : 125 x 20 = 2500 g/h
 Flux de KMnO4 nécessaire à cette oxydation
2500 x 0,94 = 2350 g/h
 Débit de la pompe doseuse de KMnO4
La solution de KMnO4 disponible possède un dosage de 0,1 mole par litre (0,1M)
Soit 0,1 x 158 = 15,8 g/ℓ
C.à.d. : 15,8 g est présent dans  1ℓ de la solution
2350
Pour avoir 2350 g  il faut prélever : = 148,73 𝓵
15,8
et le débit de la pompe doseuse de KMnO4 est égal : 148,73 𝓵/h.

Solution de l’exercice 05
Q 150
 Calcul de la surface du filtre : S = = = 30m2
U 5
 Capacité de rétention totale en fer égale à : S x 0,5 = 30 x 0,5 = 15 kg
 Capacité de rétention totale en Manganèse égale à : S x 0,25 = 30 x 0,5 = 7,5 kg
 Flux de fer déposé en 1 heure : 12 x 150 = 1800 g. h -1

Soit 1,800 Kg. h-1


 Flux de Manganèse déposé en 1 heure : 5 x 150 = 750 g. h -1

Soit 0,750 Kg. h-1


 La durée de saturation du filtre en fer :
La capacité de saturation du filtre est de 15 kg, et le filtre retient 1,8 kg de fer
chaque 1 heure.
15
Pour être saturé en fer il lui faut une durée égale à : = 8,33 h
1,8

 La durée de saturation du filtre en Manganèse :


La capacité de saturation du filtre est de 7,5 kg, et le filtre retient 0,75 kg de
manganèse chaque 1 heure.
7,5
Pour être saturé en fer il lui faut une durée égale à : = 10 h
0,75

La périodicité du lavage est basée sur la durée de saturation la plus rapide, soit
toutes les 8,33 heures.

130
Solution de l’exercice 06
La concentration nécessaire à ajouter dans chaque cas est de :
Concentration désirée - Concentration initiale de l’eau brute = 1,2 – 0,1 = 1,1 mg/ ℓ de
fluor F-.
 Addition d'hexafluorosilicate de sodium Na2SiF6
Masse moléculaire de Na2SiF6 : 23x2 + 28 + 19x6 = 188 g/mole
Masse d’une mole de F- est de : 19 g/mole
 Quantité nécessaire (mg/ ℓ) pour obtenir 1,1 mg/ℓ d'ions F
Na2SiF6 se dissocie dans l'eau: Na2SiF6  2 Na++ SiF6-
La réaction de l'hydrolyse du SiF6 est: SiF6- + 2H O  4 H+ +6F - + SiO2
1 mole  6 moles
(188 g) (114 g)
? 1,1 mg
1,1x188 1
Il nous faut : x = 1,85mg de la molécule pure  pour avoir 1,1 mg.
114 0,98

c.à.d. : pour avoir 1,1 mg/ℓ (soit 1,1 g/m3), il nous faut 1,85 mg de la molécule pure.
 La masse nécessaire pour le débit total de l’usine (640 m3/h):
Pour 1 jour : 1,85 x 10-3 x 640 x 24 = 28,42 kg/J.
Pour 1 mois : 28,42 X 30 = 852,6 kg/mois.
852,6
Soit, en unité de volume : = 0,71 m3 /mois.
1200

 Addition de Fluorure de sodium NaF


Masse moléculaire de NaF : 23 + 19 = 42 g/mole
Masse d’une mole de F- est de : 19 g/mole
 Quantité nécessaire (mg/ ℓ) pour obtenir 1,1 mg/ℓ d'ions F
NaF se dissocie dans l'eau: NaF  Na+ + F-
1 mole  1 mole
(42 g) (19 g)
? 1,1 mg
1,1x42 1
Il nous faut : x = 2,51mg de la molécule pure  pour avoir 1,1 mg.
19 0,97

 La masse nécessaire pour le débit total de l’usine (640 m 3/h):


Pour 1 jour : 2,51x 10-3 x 640 x 24 = 38,55 kg/J.
Pour 1 mois : 38,55 X 30 = 1156,5 kg/mois.
1156,5
Soit, en unité de volume : = 0,80 m3 /mois.
1444

131
Chapitre 07 – DESSALEMENT DES EAUX DE MER ET DES
EAUX SAUMATRES

7.1. OBJECTIF
Dans de nombreux cas, la présence excessive de sels dissous dans les eaux naturelles
prohibe leur emploi :
 Comme eaux potables, pour des raisons de santé :
 Comme eaux de fabrication, les sels présents induisant des nuisances graves
telles que la corrosion et l’entartrage.
On doit donc les "dessaler" avant utilisation.
7.2. CLASSIFICATION DES EAUX
Les eaux saumâtres, qui proviennent habituellement des nappes d'eau souterraines,
contiennent le plus souvent de 2000 à 10 000 mg/L de matières dissoutes.
La salinité totale d'une eau de mer varie, la proportion entre les éléments les plus abondants
demeure pratiquement constante. Par contre, dans les eaux saumâtres, les proportions de
sels de magnésium et de sulfates sont plus importantes.
Le classement eaux en fonction des quantités de matières dissoutes qu'elles contiennent est
donné dans le tableau 7.1.
Rappelons que la salinité de diverses mers du globe a été déjà présentée au chapitre 1
(tableau 1.3), ainsi que des concentrations des principaux ions présents dans une eau de
mer d'une salinité totale de 36,4 g/L (Tableau1.4).
Tableau 7.1 : Classification des eaux selon la salinité
Type d’eau Salinité (mg/l)
Eau douce < 500
Eau légèrement saumâtre 1000 - 5000
Eau modérément saumâtre 5000 - 15000
Eau très saumâtre 15000 - 35000
Eau de mer 35000 - 42000

7.3. MÉTHODES DE DESSALEMENT DES EAUX DE MER


On peut classer les méthodes de dessalement des eaux de mer en fonction des
procédés utilisés pour ce faire, soit:
a) Les procédés qui utilisent des membranes (osmose inverse et électrodialyse);
132
b) Les procédés qui font intervenir les changements de phase (distillation et
congélation) ;
c) Les procédés qui agissent sur les liaisons chimiques (échanges d'ions et extraction
par solvant sélectif).
Les procédés d'osmose, et plus récemment de nanofiltration, sont venus concurrencer
progressivement les procédés plus anciens tels que: distillation, électrodialyse, échange
d'ions, pour des raisons essentiellement économiques et de facilité de mise en œuvre
(automatisme simple, dépense énergétique faible...).

7.3.1. Osmose inverse Membranes de dessalement


Pour ces membranes, l'eau est la phase transférée préférentiellement par filtration,
sous l'effet d'un gradient de pression. Elles ont été souvent décrites comme
membranes de filtration ou membrane permsélective (à permeation sélective) et
classées en fonction de leur taille de pores ou de celle des solutés et particules
qu’elles arrêtent (Figure 7.1).

Figure 7.1: Types de filtration membranaire

Mécanisme
Si l’on sépare une solution saline concentrée (Compartiment A) d’une solution plus
diluée (Compartiment B) par une telle membrane dite aussi permsélective (ou semi
perméable) (figure 7.2.a), la différence de potentiel chimique tend à faire passer l’eau

133
du compartiment à bas potentiel B, vers celui à potentiel plus élevé A, pour diluer celui-
ci (osmose directe ou naturel). À l’équilibre, la différence de pression ainsi créée est
appelée pression osmotique du système (figure 7.2.b).

(a) (b)
Figure 7.2 a,b: Phénomène osmotique

Si l’on veut empêcher cette diffusion, il faut exercer une pression sur le fluide « salé »,
égale à la pression osmotique et si l’on veut « inverser » le sens d’écoulement de l’eau,
la pression doit être supérieure à pression osmotique.
Une membrane d’Osmose inverse (OI) idéale ne permet que le passage de l’eau
rejetant tous les solutés, à l’exception de quelques molécules organiques très
voisines de l’eau (faible masse molaire et polarité forte).
La pression osmotique d'une solution croît avec la concentration de celle-ci.

En effet, pour produire de l'eau "pure" à partir d'une solution saline, il faut donc dépasser
la pression osmotique de la solution et l'on peut même dire que pour obtenir des débits
économiquement intéressants, il faut travailler au moins à deux fois la pression osmotique,
soit pour une eau saumâtre contenant quelques grammes de sel par litre, des pressions allant
de 5 à 30 bars et pour l'eau de mer des pressions allant de 50 à 80 bars.
Toutefois, on admet que, la filtration à travers une membrane d’osmose inverse, aura lieu
lorsque, la pression transmembranaire est supérieure à la pression osmotique de la solution
saline (PTMB > )
La pression transmembranaire est donnée par, l’expression suivante :
PAlimentation + Pconcentrât
PTMB = − PPerméat
2

134
 : Pression osmotique ;
PTMB : la pression transmembranaire ;
PAlimentation : la pression d’alimentation du module de filtration ;
PConcentrat : la pression de l’eau de rejet (concentrât) ;
PPermeat : la pression de l’eau filtrée (perméat) ;
Aspects mathématiques
Une équation simple relie la pression osmotique et la concentration dans le cas de
solutions diluées, connue sous le nom de loi de Van’t Hoff :
 =C. R.T
 : Pression osmotique en Pa.
C: différence de concentration en (mole.m-3)
Concentration en Kg. m−3
C =
masse molaire en Kg. mole−1

R : constante molaire des gaz parfaits = 8,314 J.mol-1.°K-1.


T : température en °K.
Exemple: concentration en solution 100 kg.m-3 ; T = 300 °K ; composé de masse
molaire 0,050 kg.mol-1.
100
C = = 2000 mole. m−3
0,05

D’où :  = 2000 x 8,314 x 300 = 4 988 400 Pa


Soit  50 00000 Pa = 50 bars
Dans les mêmes conditions :
- Pour un composé de masse molaire 0,5 kg · mol–1, π = 0,5 bar ;
- Pour une macromolécule de masse molaire 50 kg · mol–1 π = 0,05 bar…
On constate que plus la molécule est petite (faible masse molaire) plus la pression
osmotique créée par une même différence de concentration est élevée.
 On notera que pour les sels ionisés la même formule s’applique en prenant la
concentration molaire de chacun des ions ce qui, pour un sel composé d’ions
monovalents parfaitement dissociés, multiplié par deux la pression osmotique exercée
par rapport au composé non dissocié de même masse molaire.
 Si plusieurs ions et composés non ioniques contribuent à la pression osmotique :

135
n

 = R. T. ∑ Ci
1

 Et si par ailleurs une solution saline existe sur les deux faces de la membrane, on
calculera de même façon, la différence de pression osmotique :
 =  amont −  aval
Lors du transfert de l’eau, les molécules et ions retenus par la membrane ont tendance à
s’accumuler le long de celle-ci dans la couche limite et donc à augmenter la salinité
réellement « traitée » par la membrane et donc la pression osmotique qui doit être
«vaincue» pour dessaler la solution (Figure 7.3).

Figure 7.3: Polarisation de concentration

Ce phénomène est appelé polarisation de concentration de la membrane et caractérisé par


𝐶𝑚
le coefficient  : =
𝐶𝑒

avec: Cm : concentration du liquide au contact de la membrane;


Ce : concentration du liquide à traiter ;
 Flux d’eau et de sel
Pour une solution saline, les flux d'eau et de sel peuvent être obtenus à partir des lois de
FICK et de HENRY.
- Pour l’eau :
S
Qp = Kp . . (P − ). K t
e
avec: Qp : débit d'eau à travers les membranes.

136
Kp : coefficient de perméabilité à l'eau de la membrane.
S : surface de la membrane.
e : épaisseur de la membrane.
P : différence de pression de part et d'autre de la membrane.
 : différence de pression osmotique de part et d'autre de la membrane.
Kt : coefficient de température.
Le débit d'eau à travers la membrane est donc directement proportionnel au gradient de la
pression effective, représentée par la différence entre la pression hydraulique et la pression
osmotique.
L’expression du débit est souvent réduite, comme suit :
Qp = A. (P − )
QP : flux d’eau à travers la membrane (Kg.m-2.s-1)
A : Perméabilité de la membrane à l’eau (Kg.s-1.Pa-1.m-2)
P,  : différence de pression hydraulique et de pression osmotique de part et d’autre
de la membrane (Pa).
- Pour le sel :
S
Qs = Ks . . C . K t
e
avec: QS : débit de sel passant à travers la Membrane ;
KS : coefficient de perméabilité de la membrane au soluté ;
S: surface de la membrane ;
e : épaisseur de la membrane ;
C : différence de concentration en ions, de part et d'autre de la membrane :
Cm - Cp ou Ce. - Cp
Kt : coefficient de température.
De même, le débit de passage de sel est réduit par :
Qs = B.C
Qs : flux de sel à travers la membrane (Kg.m-2.s-1)
B : Perméabilité de la membrane au sel (m.s-1)
C : différence de concentration en sel et part et d’autre de la membrane (Kg.m-3).
La perméabilité des membranes à l’eau est exprimée soit (m.s-1.bar-1), soit souvent en
137
(ℓ.h-1.m-2.bar-1). Elle est comprise en générale entre 0,5 et 1,5 (ℓ.h-1.m-2.bar-1).
La perméabilité de la membrane au sel (NaCℓ), B est de l’ordre 10-7 m/s-1 soit 0,36
ℓ.h-1.m-2.
La concentration en sels, dans l’eau produite (perméat) est donnée par le rapport des deux
flux précédents :
Qs K s Cm − Cp
CP = =
Qp K p (P − )
Et si on néglige Cp devant Cm :
Qs Ks . Ce
CP = =
Qp K p (P − )
Mise en œuvre et bilan autour d’une membrane
Dans la pratique, le système d'osmose le plus simple sera constitué des éléments
suivants (Figure 7.4):
- Une pompe haute pression pour fournir l'énergie au système,
- Un module ou ensemble de modules,
- Une vanne sur le rejet permettant de maintenir la pression dans le système.

Figure 7.4: Schéma de principe d'un poste d’osmose inverse

Un tel système est usuellement caractérisé par les variables suivantes :


𝐐𝐩
 Le taux de conversion Y (%) défini par : 𝐘= 𝐱 𝟏𝟎𝟎
𝐐𝐞
𝐂𝐫
 Le facteur de concentration Fc défini par : 𝐅𝒄 = 𝐱 𝟏𝟎𝟎 (Cr est la
𝐂𝐞
concentration au rejet)
Cp
 Le passage global des sels Ps (%) défini par : P𝑠 = x 100
Ce

 Sélectivité (Taux de rejet : TR) : la sélectivité d’une membrane est définie par le taux
de rétention ou taux de rejet de l’espèce de la membrane est censée retenir :

138
Ce − Cp Cp
TR = x 100 = (1 − ) x100
Ce Cp
Ce : Concentration de l’espèce à retenir dans la solution ;
Cp : Concentration de la même espèce dans le perméat.
 Le débit spécifique ou débit par unité de surface : Il s’exprime souvent en ℓ.m-2.h-1.
Ce débit doit être plus élevé que possible, de manière à minimiser la surface de la
membrane à mettre en œuvre.
 Concentration en eau douce Cp (Evolution de la concentration du perméat dans un
module d’osmose inverse):
B. Ce
Cp =
Qp + B
Association des membranes et conception des modules d’osmose inverse
Les membranes d’osmose inverse sont des membranes asymétriques ou composites à
peau dense qui laissent passer l’eau et idéalement arrêtent tous les sels.
Les appareils unitaires de séparation appelés "modules" ou "cartouches"- mettant en
œuvre des membranes, sont conçus de façon à atteindre deux objectifs essentiels :
- Assurer, au niveau de la membrane, une circulation suffisante du liquide à traiter ;
- Réaliser un module compact, c'est-à-dire présentant un maximum de surface
d'échange par unité de volume.
Le module doit satisfaire à d'autres exigences telles que
- Facilité de nettoyage (décolmatage hydraulique ou chimique, stérilisation éventuelle),
- Faciliter le montage/démontage, etc.
Sur le marché, on trouve quatre grands types de modules: à plaques, spiraux,
tubulaires, fibres creuses.
Modules spiraux
Une feuille poreuse souple (11) est placée entre deux membranes (10) planes. Le sandwich
ainsi réalisé est scellé sur trois de ses bords (12). Le côté ouvert est scellé à un tube
cylindrique collecteur (3) de part et d'autre d'une génératrice percée de trous. Plusieurs
sandwichs sont ainsi fixés, séparés les uns des autres par un espaceur en plastique souple
(9). Le fluide à traiter circule dans l'espaceur (9) ; la feuille poreuse (11) assure le drainage
du perméat vers le collecteur axial (3).

139
Le diamètre d'un élément peut aller jusqu'à 30 cm et sa longueur jusqu'à 1,5 m,
développe des surfaces de membrane de 0,3 m 2 à 41 m2. Plusieurs éléments (2 à 8)
peuvent être mis en série dans un même carter cylindrique, en emboîtant les tubes
collecteurs au moyen d’interconnecteurs munis de joints toriques qui doivent assurer une
étanchéité parfaite et résister aux efforts de compression dus aux pertes de charge de
l’écoulement à travers les espaceurs du module (Figure 7.5).
Aujourd’hui, pratiquement tous les modules de dessalement (NF à OI haute pression) sont
réalisés sous cette géométrie. C’est en effet le plus compact de tous les modules existants,
il offre moins de perte de charge. Il est en revanche aussi le plus sensible à l’encrassement,
demandant des eaux bien prétraitées.

Figure 7.5: Module à enroulement spiral

Différents types d'agencement


Le principe de la mise en œuvre d’un système de dessalement peut être schématisé

140
comme sur la figure 7.6.

Figure 7.6: Schéma simplifié de fonctionnement d’une unité d’osmose

La pompe « d’alimentation » (4) et la vanne (7) permettent de régler indépendamment la


pression d’alimentation et le taux de conversion Y, qui est le rapport entre le débit de
perméat et le débit d'alimentation.
Les unités industrielles à membranes sont constituées de la juxtaposition de modules
élémentaires en série/parallèle et fonctionnent selon différents modes pour obtenir le taux
de conversion requis. On peut ainsi trouver des systèmes allant du mono-étagé au
multiétagé.
Une installation peut comporter un ou plusieurs étages eux même constitués d’un ou
plusieurs modules alimentés en parallèles. Une ligne comporte plusieurs étages.

Régime continu multi-étagé


Dans le cas de dessalement des eaux de mer ou des eaux saumâtres seul le procédé continu
est utilisé, les modules étant montés en série-rejet ou en série production.
Montage en série - rejet des membranes
Ce type de montage est utilisé lorsque l’on veut obtenir un taux de conversion élevé sur
une unité d’osmose inverse fonctionnant suivant un procédé continu. Dans ce cas les rejets
du premier étage alimentent les modules du second étage et ainsi de suite. Deux ou trois
étages sont, en pratique, suffisants pour obtenir la conversion recherchée tout en gardant
un bon balayage des modules. Dans le premier étage, on met un certain nombre de modules
en parallèles, tandis que, dans les autres étages, le nombre de modules diminue
graduellement au fur et à mesure que la concentration de la solution à traiter augmente
(Figure 7.7). Ceci permet d’augmenter progressivement les vitesses de passage et de

141
minimiser ainsi les phénomènes de polarisation.
Dans ce montage, seul le dernier étage fonctionne à une concentration élevée, le flux
moyen par module est donc supérieur à une installation fonctionnant à conversion égale en
un seul étage, les modules étant tous en parallèle.
Un tel agencement où quatre groupes de modules situés en premier étage alimentent deux
groupes de modules équivalents, on parle alors d’un étagement série-rejet 4-2. Dans un tel
cas, on peut, par exemple, réaliser une conversion globale de 75 % en utilisant un premier
étage à 50 % avec huit éléments en série dans un même corps de pression, et un second à
50 % avec par exemple sept éléments par corps de pression.

Figure 7.7: Montage série-rejet sans recirculation


Montage en série-production
Ce type de montage appelé couramment « double pass » est utilisé quand la
sélectivité de la membrane n’est pas suffisante pour effectuer une séparation donnée.
On l’utilise par exemple très souvent pour le dessalement d’eau de mer lorsque la
salinité est élevée comme dans le Golfe arabo-persique où elle peut atteindre 40
à 50 g/l.

142
Figure 7.8: Montage en série-production.
7.3.2. Electrodialyse
L'électrodialyse ne s'applique qu'aux eaux faiblement saumâtres car la capacité de débit
des membranes décroît quand la salinité de l'eau à traiter augmente. Elle n'est économique
que pour les eaux ayant une salinité inférieure à 3 g.l-1 qu'elle ramène à 0,5 g.l-1. Moins
l'eau est saline, plus la consommation de courant s'élève par suite de l'accroissement de
résistivité de l'eau déminéralisée. De ce fait, ce procédé n'est guère utilisable pour traiter
des eaux de minéralisation inférieure à 0,5 g.l-1. Le procédé d'électrodialyse est adapté à
des débits allant jusqu'à quelques milliers de m3.j-1.
7.3.2.1. Principe
L'électrodialyse repose sur la mise au point et l'utilisation de membranes imperméables à
l'eau et sélectives pour les ions. Seuls les anions peuvent traverser une membrane
anionique, et seuls les cations peuvent traverser une membrane cationique.
Si un liquide riche en ions est soumis à un champ électrique grâce à deux électrodes entre
lesquelles on applique une différence de potentiel continue, les cations vont se diriger vers
l'électrode négative (ou cathode) tandis que les anions vont se diriger vers l'électrode
positive (ou anode). Si rien ne s'oppose à leur mouvement, ils viennent se décharger sur les
électrodes de signe contraire, il y a électrolyse.
En revanche, si l'on place entre les électrodes un ensemble de membranes de dialyse
sélectives - les unes, cationiques, perméables aux cations seulement, - les autres,

143
anioniques, perméables aux seuls anions, disposées alternativement comme l'indique la
figure 7.9, on limite la migration des ions, car les anions ne peuvent traverser les
membranes négatives, ni les cations les membranes positives.

Figure 7.9: Principe de l'électrodialyse


Ainsi, dans le cas de la cellule du schéma comportant trois paires de membranes, dont les
compartiment 1, 2, 3, 4 et 5 sont alimentés par une solution de chlorure de sodium,
les ions des compartiments 1, 3 et 5 passent dans les compartiments 2 et 4, sous l'effet du
champ électrique créé par les électrodes.
Il est facile de voir que dans ces conditions l'eau des compartiments 1, 3 et 5 s'appauvrit en
sel ("se déminéralise"), tandis que celle des compartiments 2 et 4 se concentre.
Pour chaque coulomb apporté au système, on observe donc la sortie d'une Valence-
gramme d'anions et de cations de chaque compartiment de déminéralisation (1, 3, 5),
valence-gramme qui vient s'ajouter à celles déjà présentes dans les compartiments de
concentration (2, 4).
La différence de potentiel étant proportionnelle au nombre de cellules, l'énergie nécessaire
par kilogramme de sel éliminé est à peu près constante (0,6 à 0,8 kWh par kg de sel
éliminé), ceci du moins tant que la conductivité électrique reste suffisante.
Ce procédé permet donc une déminéralisation de l'eau. Par contre, les molécules non

144
ionisées (composés organiques en particulier) et les colloïdes, dont la silice colloïdale et
les micro-organismes présents, restent dans l'eau traitée.

7.3.2.2. Technologie d’un électrodialyseur


Description
Un électrodialyseur est constitué par un empilement de membranes alternativement
échangeuses d’anions et échangeuses de cations, séparées par des compartiments dans
lesquels circulent les solutions salines. Cet empilement est serré entre deux presses, soit à
l’aide de tiges filetées et de boulons, soit à l’aide d’un vérin hydraulique.
Un module d’électrodialyse peut être considéré comme une succession de cellules
unitaires, une cellule unitaire étant l’ensemble constitué par :
- Un compartiment de déminéralisation ;
- Une membrane échangeuse de cations ;
- Un compartiment de concentration ;
- Une membrane échangeuse d’anions.
En général le nombre de cellules unitaires est compris entre 100 et 500. Notons que pour
faciliter l’exploitation, certains constructeurs assemblent les membranes d’un module par
paquets indépendants de 50 cellules unitaires, chaque paquet étant séparé du suivant par
une entretoise en matière plastique dans laquelle en fait circuler le circuit de concentration.
L’empilement des membranes peut se faire soit verticalement soit horizontalement.
Electrodes
Dans le cas le plus simple, un module est équipé de deux électrodes (une anode et une
cathode) qui sont placées à chacune de ces extrémités. Mais il est possible et parfois
souhaitable, de placer à l’intérieur du module un ou plusieurs électrodes reliées chacune et
alternativement à un pôle positif et négatif, surtout lorsque le nombre de cellules et trop
élevé, de manière à diminuer la tension électrique aux bornes de module.
Compartiments
Chaque module d’électrodialyse est caractérisé par le type de compartiment utilisé et, en
particulier, par le système de distribution et de répartition du liquide entre les membranes.
Il existe actuellement deux systèmes : écoulement labyrinthe et écoulement en nappe.

145
7.3.2.3. Economie du procédé
Consommation d’énergie
Pour un module d’électrodialyse comportant un nombre élevé de cellules unitaires
(supérieur à 100) on peut négliger les pertes d’énergie aux électrodes et ne considérer que
l’énergie dépensée par effet joule.
La quantité d’électricité nécessaire pour extraire par électrodialyse N (équiv. g/m 3) d’une
solution saline est égale à :
N. F
qi =

Avec : qi : quantité d’électricité nécessaire pour mètre cube d’eau (Ah/m3) ;
F : constante de faraday = 26,8 Ah/équiv.g ;
 : rendement faraday ;
N : quantité de sel à extraire (équiv.g/m3).
L’énergie nécessaire pour le dessalement de 1 m3 d’eau aura pour valeur :
U. qi
Wél =
1000
Avec : Wél : énergie dépensée par électrodialyse (KWh/m3) ;
U : différence de potentiel appliqué à chaque cellule unitaire (V).
D’où :
U. N
Wél =
37,3. 
La consommation d’énergie est donc directement proportionnelle à la quantité de sel à
éliminer.
Surface de la membrane
L’intensité nécessaire pour obtenir le transfert Q. N (equiv.g/h) est égal à :

26,8. Q. N
I=
n. 
Avec : Q : débit du circuit d’alimentation (m3/h) ;
I : intensité du courant (A) ;
n : nombre de cellules unitaires ;
: rendement de faraday.
La surface totale de membrane nécessaire sera égale à :

146
S = SMA + SMC
Avec : S : surface totale de la membrane (m2) ;
SMA : surface de membrane anionique (m2) ;
SMC: surface de membrane cationique (m2).
n. I
SMA = SMC =
10. i. q
Avec : i : densité du courant (mA/cm2) ;
q : fraction de la membrane utile.
D’où :
26,8 Q. N
S = 2. .
10 i. . q
La surface totale de membrane nécessaire pour déminéraliser Q (m3/h) de N
(équiv.g/m3) est donc égale à :
Q. N
S = 5,36 .
i. . q
Cette relation montre que la surface nécessaire pour une déminéralisation donnée est :
- Inversement proportionnel à la densité du courant ;
- Directement proportionnel à la quantité de sel à déplacer.

7.3.2.4. Inconvénients du procédé


 Impossibilité d'obtenir des eaux fortement déminéralisées, En général, il n'est pas
raisonnable de vouloir réduire la salinité de l'eau produite à moins de 200 mg.l-1 ;
 Un coût de l'eau croissant rapidement avec la salinité entrante;
 Limitation du taux d’élimination des sels : on obtient au mieux un rendement
d'élimination des sels de 70 à 85 % par passe. Aussi une configuration
avec recyclage ou en plusieurs passes (électrodialyse à plusieurs étages)
peut être requise ;
 Nécessité de prétraitement.

7.3.3. Distillation et Evaporation


La distillation qui reste en compétition avec l’osmose inverse d’eau de mer, sert dans de
nombreux procédés industriels pour des concentrations diverses.
La distillation est un procédé qui comporte une vaporisation, une condensation et une

147
récupération de la chaleur libérée par la condensation.
Dans les distillateurs modernes, la température de travail oscille entre 95 et 125°C. La
salinité de l'eau douce obtenue par ce procédé est toujours nettement inférieure à 100 mg/L.
On doit donc reminéraliser cette eau lorsqu'elle est destinée à la consommation.

Procédés de distillation
Les techniques de dessalement par distillation de l’eau de mer les plus utilisées, est la
distillation ou dessalement thermique. L'eau de mer est chauffée jusqu'à évaporation.
Seules les molécules d’eau s’échappent, laissant en dépôt les sels et les autres substances.
La vapeur d’eau est condensée pour obtenir de l'eau douce. Ce principe de dessalement très
simple est utilisé depuis longtemps.
 Distillation à simple effet
Un faisceau tubulaire, alimenté par un fluide chauffant est plongé dans l’eau de mer à la
partie basse d’une enceinte étanche et sous vide. Le fluide chauffant provoque alors une
évaporation de l’eau de mer (Figure 7.10).

Figure 7.10: Principe de distillation à simple effet

La vapeur ainsi formée est condensée sur un faisceau tubulaire, placé dans la partie haute
de l’enceinte et dans lequel circule l’eau de mer froide. L’eau distillée et condensée
s’écoule du faisceau et est recueillie dans une goulotte d’où elle est pompée pour des usages
divers. La température d’ébullition de l’eau de mer varie avec la pression donnée, il est
important de noter que, pour une pression donnée, il existe un écart entre la température
d’ébullition de l’eau pure et celle d’une eau saline.

148
 Distillation à multiples effets
La recherche d'une récupération aussi complète que possible de la chaleur latente de
vaporisation, et la distillation sous pression réduite, ont amélioré sensiblement la
consommation spécifique dans les appareils à multiples effets (Figure 7.11).
On utilise la chaleur produite par la condensation de la vapeur dans un premier
évaporateur pour alimenter le faisceau de chauffe d'un deuxième évaporateur, puis
la chaleur de condensation du deuxième évaporateur pour alimenter un troisième et
ainsi de suite.
La déperdition de température d'un effet à l'autre est de 7 à 10 °C. Le nombre d'effets est
en général limité à une dizaine.

Figure 7.11: Principe de distillation à multiples effets

 Distillation a détente étagée (évaporateurs "mufti-flash")


Ce procédé dit Flash consiste à maintenir l'eau sous pression pendant toute la durée du
chauffage ; lorsqu'elle atteint une température de l'ordre de 120°C, elle est introduite dans
une enceinte (ou étage) où règne une pression réduite. Il en résulte une vaporisation
instantanée par détente appelée Flash. Une fraction de l'eau s'évapore puis va se condenser
sur les tubes condenseurs placés en haut de l'enceinte, et l'eau liquide est recueillie dans
des réceptacles en dessous des tubes (Figure 7.12).

149
Figure 7.12: Principe de distillation détente étagée (mufti-flash)

 Distillation solaire
On utilise surtout la distillation solaire pour obtenir de petites quantités d'eau douce. Cette
méthode permet d'approvisionner des familles, Des villages et, exceptionnellement, de
petites villes.
L'énergie solaire globale qui atteint le sol dans les régions tropicales et équatoriales est
d'environ 58.6 kJ/(m2.min) au cours des heures les plus chaudes de la journée.
Un évaporateur solaire est constitué: d'un bac conçu pour contenir l'eau salée à faire
évaporer et pour absorber l'énergie solaire; d'une toiture de verre ou de matière plastique ;
de rigoles destinées à recevoir l'eau douce produite (Figure 7.13).

Figure 7.13: Évaporateur solaire.

L'énergie rayonnante de faible longueur d'onde traverse le toit de verre et est absorbée en
grande partie par l'eau et par le fond du bac, pour être convertie en énergie thermique. Par

150
contre, le rayonnement de grande longueur d'onde émis par l'eau et par le fond du bac ne
peut pas traverser le toit de verre. L'eau ainsi réchauffée produit de la vapeur d'eau; le toit
de verre, refroidi par l'air et par le vent joue ici le rôle de condenseur. Dans un tel
distillateur, la température de l'eau dépasse rarement 70°C.
Les petits distillateurs solaires, dont la surface est de l'ordre du m2, sont maintenant au
point et produisent en moyenne 5 L/(m2.J).
On utilise par ailleurs de plus en plus des distillateurs solaires de grande superficie. On doit
alors soit juxtaposer plusieurs petits distillateurs, soit construire un gros distillateur, qu'on
cloisonne pour en faciliter l'entretien.
Le tableau 7.2 présente les caractéristiques de quelques grands distillateurs solaires.

Tableau 7.2 : Caractéristiques de quelques grands distillateurs solaires


Localisation Surface (m2) Débit (m3/J) Population desservie
Las Marinas (Espagne) 900 3 250
Ile de Simy (Grèce) 2637 15 – 40 300
Ile de Patmos (Grèce) 8667 30 -
Ouenza (Algérie) 400 2 -

151
7.4. EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICE 01
Evaluer les débits de passage de l’eau de mer (Ce = 35 g/ℓ) et, de chlorure de sodium
(NaCℓ) à travers un module d’osmose inverse, sachant que :
P  60 bars ,   25 bars , A = 1 ℓ.h-1.m-2.bar-1 et B  0,36 ℓ.h-1.m-2. Déduire le taux de
rejet.

EXERCICE 02
Une eau artificielle est préparée à partir de chlorure de sodium (NaCℓ). Elle alimente un
module d’osmose inverse.
Calculer la pression d’alimentation minimale pour permettre la filtration.
Données : eau = 5 bars à t = 25 °C ; ; Pconcentrât = 3 bars ; PPerméat = 1 bar

EXERCICE 03
Soit l’installation d’osmose inverse suivante :
Eau Brute Eau Produite
Qp : 350 m3/h Qp : 300 m3/h
Ce.b. : 1,5 moles/ℓ Cp : 10 mmoles/ℓ

Débit du rejet
Eau Recyclé QC : ?
QRC : 130 m3/h
Calculer CC : ?
C =?
1. Le débit réel de filtration Q Ali.
2. Taux de conversion Y de l’installation
3. Taux de rejet TR, le passage en sel Ps et le facteur de concentration FC de
l’installation.

EXERCICE 04
Evaluer la consommation d’énergie, nécessaire :
- Pour le dessalement par électrodialyse d’eau de mer ayant une concentration de sel
égale à 35 g/l, afin de réduire cette concentration à 0,5 g/ℓ (U = 1,5 V et  = 0,8).
- Pour la déminéralisation par électrodialyse d’une eau saumâtre ayant 3,5 g/l de sel,
pour la réduire à 0,5 g/ℓ ( U = 1,2 V et  = 0,8).

Solution de l’exercice 01
Le flux du perméat est donné par :
 𝐐𝐩 = 𝐀. (𝐏 −  )
QP : flux d’eau à travers la membrane (ℓ.h-1.m-2).
A : Perméabilité de la membrane à l’eau (ℓ.h-1.m-2.bar-1).
P,  : différence de pression hydraulique et de pression osmotique de part et

152
d’autre de la membrane (bar).
Alors : Qp = 1. (60− 25)
= 35 ℓ.h-1.m-2
 Le flux de passage de sel à travers la membrane est donné par : 𝐐𝐬 = 𝐁. 𝐂
Qs : flux de sel à travers la membrane (Kg.m-2.s-1) ;
B : Perméabilité de la membrane au sel (m.s-1) ;
C : différence de concentration en sel et part et d’autre de la membrane (Kg.m-3).
L’évolution de la concentration du perméat dans un module d’osmose inverse
est donnée par l’expression:
B. Ce
Cp =
Qp + B
Ce : Concentration de l’espèce à retenir dans la solution (eau brute) ;
Cp : Concentration de la même espèce dans le perméat.
B = 0,36 ℓ.h-1.m-2 ; Ce = 35 g.ℓ -1 ; QP = 35 ℓ.h-1.m-2
−1
0,36 (ℓ. h . m−2 ) x 35 ( g . ℓ−1 )
Cp = −1
35 (ℓ. h . m−2 ) + 0,36 (ℓ. h−1 . m−2 )
= 0,356 g/ℓ
et C = Ce –C p = 35 – 0,356  34,64 g/ ℓ
D’où :
Qs = B.C = 0,36 (ℓ.h-1.m-2) x 34,64 (g/ ℓ) = 12,5 g.m-2.h-1

 Taux de rejet TR :
Ce − Cp 35 − 0,356
TR = x 100 = x 100 = 99 %
Ce 35
Solution de l’exercice 02
La filtration n’est possible que lorsque, la pression transmembranaire est supérieure à la
pression osmotique de la solution :
Avec :
PAlimentation + Pconcentrât
PTMB = − PPerméat
2
avec:

153
 : Pression osmotique de la solution ;
PTMB : la pression transmembranaire ;
D’où : PAlimentation = 2 (PTMB + PPerméat) − Pconcentrât

La filtration, a lieu lorsque (PTMB >  = 5 bars) :


PAlimentation > 2 (+ PPerméat) − Pconcentrât = 2 (5+1) −3 = 9 bars
Donc :
PAlimentation > 9 bars
Solution de l’exercice 03
1. Débit réel de filtration (Débit d’alimentation QAli.) :
QAli. = Qe.b. + QRC
= 350 +130 = 480 m3/h
2. Taux de conversion Y:
Qp
𝐘= x 100
Qe
300
Taux de conversion (rendement) en une seule passe : 𝐘 = x 100 = 85,71 %
350

Taux de conversion (rendement) pour le débit d’alimentation global :


300
𝐘= x 100 = 62,50 %
480

3. Taux de rejet TR, le passage en sel Ps et le facteur de concentration FC


CAlim. −Cp Cp Cp Cr
TR = x 100 = (1 − ) x100 ; P𝑠 = x 100 ; F𝑐 = x 100
CAlim. CAlim. Ce Ce

Ce.b. = 1,5 moles/ℓ ; Cp : 10 mmoles/ℓ ; CAli. = ? ; Cr = ? ; CC = ?


Ce.b. : Concentration de l’espèce à retenir dans l’eau brute ;
CAli. : Concentration dans l’eau d’alimentation ;
Cp : Concentration dans le perméat ;
Cr : Concentration dans l’eau du rejet (concentrât);
CC : Concentration dans l’eau recyclée.
Cr = CC (l’eau recyclée est une fraction de l’eau de rejet)
Dans le cas de cette application, la concentration de l’eau brute (Ce.b.) est différente de la
concentration d’alimentation (CAli.) de l’usine, parce que il y a un recyclage d’une fraction
du concentrât.
Pour pouvoir déterminer les concentrations inconnues, on doit établir des équations

154
logiques suivantes :
QAli.. CAli. = Qp. . Cp. + QC. . CC. + QRC. . Cr. (1)
QAli. . CAli. = Qe.b.. . Ce.b. + QRC. . Cr. (2)
QC. = Qe.b. - Qp. = 350 – 300 = 50 m3/h (3)
Egalisant les deux équations, on obtient :
Qp. . Cp. + QC. . CC. + QRC. . Cr. = Qe.b.. . Ce.b. + QRC. . Cr.
Et après élimination des membres communs, on tire CC :
Q e.b. . Ce.b. − Q p. . Cp
Cc =
Q c.
350.1,5 − 300.10. 10−3
= = 10,44 moles/ℓ
50
L’équation (2) permet d’obtenir CAli. :
Q e.b. . Ce.b. − Q RC. . CR
CAli =
Q Ali.
350.1,5 − 130.10,44
CAli = = 3,92 moles/ℓ
480
Finalement ;
Ce − Cp 3,92 − 10. 10−3
TR = x 100 = x 100 = 99,74 %
Ce 3,92
Cp 10.10−3
P𝑠 = x 100 = x 100 = 2,26 %
Ce 3,92

Cr 10,44
F𝑐 = x 100 = = 2,66
CAli. 3,92
Solution de l’exercice 04
1 équivalent gramme de chlorure de sodium correspond à :
Masse molaire (g) 23 + 35,5
1 Eq. g de NaCℓ = = = 58,5
Valence 1
La concentration du sel est exprimé en g/ℓ soit : 35.10-3.g/m3
 Eau de mer
Calcul de la quantité de sel à extraire N (équiv.g/m3)
(35 − 0,5) 1
N = = 589,74 (équiv. g/m3 )
58,5 10−3
D’où :

155
U. N 1,5 . 589,74
Wé𝑙 = = = 29,64 (𝐾𝑤/m3 )
37,3 .  37,3 . 0,8
 Eau saumâtre
Calcul de la quantité de sel à extraire N (équiv.g/m3)
(3,5 − 0,5) 1
N = = 51,46 (équiv. g/m3 )
58,5 10−3
D’où :
U. N 1,2 . 51,46
Wél = = = 2,07 (Kw/m3 )
37,3 .  37,3 . 0,8

156
CHAPITRE 08– ENTARTRAGE ET CORROSION DANS LES
RESEAUX D’AEP ET LES INSTALLATIONS DE
DESSALEMENT

8.1. INTRODUCTION
L'entartrage et la corrosion provoquent une dégradation d'état de surface, et donc un
accroissement du risque de formation de biofilm.
L'entartrage est le dépôt de tartre sur un objet ou à l'intérieur d'une canalisation. L'eau,
provenant du sous-sol, des fleuves, rivières, lacs, puits ou du robinet, contiennent en plus
ou moins grande quantité des minéraux dissous sous forme de sels, tels que des ions
calcium, magnésium, potassium et de nombreux autres sels minéraux.
Dans certaines conditions (brutale dépression de fluides saturés en minéraux,
augmentation de la température, catalyseurs appropriés ou noyaux de cristallisation,
bactéries), ces minéraux peuvent précipiter, cristalliser ou être utilisés par des biofilms
bactériens, comme c'est le cas avec le tartre dentaire.
La corrosion désigne l'altération d'un objet manufacturé par l'environnement. Les
exemples les plus connus sont les altérations chimiques des métaux dans l'eau - avec ou
sans oxygène - telles la rouille du fer et de l'acier, ou la formation de vert-de-gris sur le
cuivre et ses alliages (bronze, laiton). Ces altérations chimiques sont regroupées sous le
terme de corrosion aqueuse. Elles sont dues à des effets de plusieurs sortes : dissolution
des métaux dans l'eau, apparition de piles électrochimiques, existence de gradients de
concentration, aération différentielle.
8.1.1. Entartrage
L'entartrage est la précipitation sur les surfaces métalliques de sels peu solubles de calcium,
éventuellement de silice.
L’entartrage entraîne :
• Une dégradation d’état des surfaces ;
• Des pertes d’échange thermique;
• Des risques de corrosion sous les dépôts formés;
• Une augmentation des besoins de la maintenance des installations.

157
L’entartrage intervient lors de :
• L’élévation de la température;
• L’augmentation de la concentration en sels;
• La variation du pH ;
• Diminution de la teneur en CO2.

Le phénomène est basé sur la formation de dépôts de sels insolubles à la surface des
matériaux le plus souvent par modification de l’équilibre calco-carbonique :
Ca(HCO)3  CaCO3  + CO2  + H2O
Il peut s’agir également du dépassement du seuil de solubilité d’un sel : dès que l’on atteint
dans l’eau une quantité suffisante d’ions, un précipité peut se former. Dans le cas du sulfate
de calcium, par exemple, le produit de la concentration des ions est supérieur à la constante
de solubilité, il y aura précipitation des sels excédentaires.
[Ca2+] x [SO 2-] > Ks
D’une manière générale les tartres rencontrés sont listés ci-dessous :
• Carbonates de calcium : faible produit de solubilité / dépôts durs et adhérents ;
• Sulfates de calcium : précipitation à température élevée / dépôts durs et adhérents;
• Tartres silicatés : en fonction du pH et de la température, on peut former des
silicates de calcium ou magnésium qui vont donner des tartres difficilement
éliminables;
• Phosphates de calcium : en présence de sels de dureté, les phosphates forment des
boues relativement peu solubles ;
• Hydroxyde de magnésium Mg(OH)2 : dépôts non adhérents.

Inconvénients dus au tartre


Présent naturellement dans l’eau sous forme de sel, les tartres peuvent provoquer des
inconvénients majeurs sur les canalisations et les installations sanitaires.
Ce phénomène naturel résulte à la fois de la circulation, du stockage et du réchauffement
de l’eau dans le réseau de distribution. Si les tartres ne sont pas éliminés, ils impacteront
non seulement le réseau de plomberie, mais aussi les canalisations.
Les principaux impacts d’entartrage sont illustrés sur la figure 8.1.

158
Figure 8.1: Inconvénients dus au tartre
Protection contre l'entartrage
L'entartrage peut être combattu préventivement ou a posteriori :
Préventivement par un contrôle de la minéralisation des fluides, quand cela est possible,
par exemple en déminéralisant l'eau circulant dans les conduites, mais avec le risque
qu'elle soit plus corrosive et qu'elle se charge en éléments traces métalliques (cuivre, zinc
notamment) ou en calcium;
Face aux problèmes de formation des dépôts de tartre, plusieurs palliatifs ont été mis au
point. Les méthodes chimiques fondées sur l'emploi des inhibiteurs d'entartrage
(dits détartrants) ont largement fait la preuve de leur efficacité mais, qui peuvent parfois
aussi être source de corrosion ou d'un entartrage facilité (s'il dégrade les surfaces lisses par
exemple).
La précipitation chimique peut être ralentie, voire bloquée, par certains inhibiteurs:
Inhibition de la cristallisation : Sur des solutions sursaturées, l’addition de faibles doses
d’inhibiteurs de l’ordre du mg·L–1 allonge le temps de germination et ralentissement de la
croissance des germes.
Distorsion du réseau cristallin : Action sur la vitesse de croissance en modifiant le faciès
de la variété allotropique du précipité qui présente moins de risques d’adhérence sur les
parois et donc d’entartrage.
Pouvoir dispersant : Aptitude à maintenir en suspension à l’état divisé des particules
solides qui auraient tendance à s’agglomérer. Elle est due à l’adsorption de polymère sur
les particules ou à l’action sur leurs charges électriques (renforcement de leur pH). Certains
produits, utilisés à forte dose, ont la capacité de remettre en solution ou en suspension des
159
sels déjà précipités sur les parois (nettoyage partiel ou aide au détartrage).
Pouvoir complexant (ou séquestrant) : Propriété d’intégrer dans leur molécule des anions
ou des cations pour former, malgré la présence d’un agent précipitant, de nouveaux
composés solubles stables (Les phosphates condensés ; Les organo- phosphonates ; Les
polyélectrolytes).
8.1.2. Corrosion
8.1.2.1. Définition
L'eau, lors de son transport ou de ses utilisations, peut causer aux différents matériaux avec
lesquels, elle est en contact, des altérations de diverses natures dont la plus fréquente est la
corrosion des métaux, et particulièrement celle de l'acier. D'autres altérations sont possibles
par dissolution des matériaux calcaires ou dégradation de béton.
Le phénomène de corrosion des métaux se traduit par une interaction physico- chimique
entre le métal et son milieu environnant qui se concrétise par un transfert d’électron d’une
anode vers une cathode.
La corrosion entraîne :
• Une dégradation d’état des surfaces ;
• Des pertes d’échange thermique;
• La destruction du métal (M) par libération d’ions métalliques dans l’eau;
• Une augmentation des besoins de maintenance des installations.
Le processus de corrosion peut être résumé par les réactions ci-dessous:
Oxydation à l’Anode : M  Mn+ + n e-
Réduction de la cathode : 2H2O + O2 + 4 e-  4OH- (en présence d’O2)
On aboutit à la destruction de matière et/ou à la formation de produits de corrosion du métal
(Figure 8.2).

Figure 8.2: Processus de corrosion

160
Les causes principales de la corrosion sont la diversité des matériaux, la teneur en oxygène
de l’eau ou de composés oxydants forts, et la concentration en sels d’acides forts
(Chlorures, Sulfates, Nitrates).
8.1.2.2. Inconvénients dus à la corrosion
Il existe plusieurs formes de corrosion :
• Corrosion uniforme ou généralisée : perte uniforme d’épaisseur ;
• Corrosion localisée ;
• Corrosion galvanique due à la présence de matériaux de différentes natures ;
• Corrosion caverneuse (sous dépôt) ;
• Corrosion par piqûres.
Il existe également des causes physiques/mécaniques :
• Corrosion érosion/abrasion/cavitation : frottement et usure;
• Corrosion sous contrainte : fissuration.
Certaines bactéries peuvent par leurs activités métaboliques induire des phénomènes de
corrosion.
• Bactéries du fer : Fe2+ à Fe3+ ;
• Bactéries sulfato-réductrices : MgSO4 à H2S ;
• Bactéries dites “du soufre” : H2S à S ou H2SO4 ;
• Nitrobacteria : NH4+ à NO3-.
Les principaux Conséquences de la corrosion sont illustrées sur la figure 8.3.

Figure 8.3: Conséquences de la corrosion

8.1.2.3. Protection contre la corrosion


Les moyens de lutte contre la corrosion comprennent :

161
• L’isolation physique par des revêtements, métallique (voir acier galvanisé) mais
le plus souvent organique (peintures, ébonitage…), voire minéral (fonte revêtue
de mortier de ciment) …
• Le maintien des caractéristiques chimiques de l’eau dans un état réduisant au
maximum les vitesses de corrosion ;
• L’ajout d’inhibiteurs de corrosion dans l’eau ;
• L’application de potentiels électrochimiques, soit à partir d’un matériau
sacrificiel, soit à partir de sources extérieures (protection cathodique).
Inhibiteurs de corrosion
Les inhibiteurs de corrosion sont des produits chimiques qui, ajoutés à l’eau ou tout autre
fluide de process, réduisent la vitesse de corrosion. On les classe habituellement en :
inhibiteurs anodiques, cathodiques, filmants et absorbeurs d’oxygène, suivant leur mode
d’action. L’efficacité de la plupart des inhibiteurs de corrosion est considérablement
influencée par les caractéristiques chimiques de l’eau et les conditions physiques comme
la température et la vitesse d’écoulement.
Les inhibiteurs anodiques forment un film protecteur sur les surfaces anodiques en
bloquant la réaction électrochimique de dissolution du métal.
Les inhibiteurs anodiques du fer sont classés en produits « oxydants » et « non oxydants »
suivant leur capacité à accélérer ou non la réaction d’oxydation du fer ferreux en fer
ferrique.
Exemples d’inhibiteurs anodiques oxydants :
 Chromates (CrO42–) ;
 Nitrites (NO2–).
Exemples d’inhibiteurs anodiques non oxydants :
 Phosphates (PO43 –) ;
 Benzoates (C7H5O2 –) ;
 Molybdates (MoO42–).
Les inhibiteurs cathodiques sont solubles au pH moyen de l’eau, mais ils forment une
couche protectrice sur les surfaces cathodiques en produisant un composé insoluble à pH
élevé et non conducteur électriquement.
Exemples d’inhibiteurs cathodiques :

162
 Ions zinc (Zn2+) ;
 Polyphosphates (conjointement avec Ca2+) ;
 Phosphonates (conjointement avec Ca2+).
Les inhibiteurs cathodiques sont en général utilisés pour renforcer l’action d’autres types
d’inhibiteurs.
Réduction de l’oxygène dissous de l’eau : Les produits chimiques utilisés à cette fin sont
habituellement des agents réducteurs appelés « absorbeurs d’oxygène ».
Exemples d’absorbeurs d’oxygène couramment utilisés :
 Sulfites ;
 Hydrogène gazeux élémentaire ;
 Hydrazine ou carbohydrazine ;
 Agents réducteurs organiques (érythorbate, hydroquinone, gallate).
Protection cathodique
La protection cathodique consiste à appliquer un potentiel électrique externe à une
structure. Elle provient du fait qu'en vue de protéger une conduite, il suffit de la transformer
en zone d'entrée de courant puisque la corrosion n'existe qu'aux emplacements où le
courant quitte la conduite.
Elle se pratique comme suit :
 Application d’un potentiel et du courant en résultant à partir d’une source
électrique externe ;
 Emploi de métaux sacrificiels tels que le magnésium, le zinc ou l’aluminium, qui
sont moins nobles que l’acier et produisent un courant galvanique protecteur du
fait de leur dissolution sélective.
Cette forme de protection rend entièrement cathodique la structure métallique, qui ne
pourra plus être corrodée tant qu’un potentiel suffisamment négatif est maintenu de façon
à polariser entièrement la surface à protéger et à la maintenir dans la zone de passivité.
Son utilisation est envisageable :
 Soit en présence de différents électrolytes (eaux plus ou moins salées, sols plus ou
moins humides) ;
 Soit lorsque plusieurs métaux sont au contact d’un même électrolyte.
Le critère de protection cathodique de l’acier généralement admis correspond à des valeurs

163
de potentiel appliquées (mesurées à l’électrode cuivre-CuSO4) comprises entre - 0,85 et
- 1,0 V. La densité de courant est fonction de la surface métallique à protéger, par exemple:
• 60 mA· m–2 pour une grille mécanique nue immergée dans l’eau de mer ;
• 5 mA· m–2 pur une grille mécanique revêtue d’époxy ;
• 0,1 mA· m–2 pour une tuyauterie revêtue de brai épikote ou des conduites dans un
sol humide peu conducteur.
En conséquence, la protection cathodique consistera :
 Soit à constituer, avec un métal plus électro-négatif que le fer, une pile où le fer
jouera le rôle de cathode;
 Soit à relier la conduite, d'une part, à une source d'énergie électrique extérieure et,
d'autre part, à une anode enfouie dans le sol et destinée à se corroder.
Protection cathodique par anode réactive
Il suffit de relier, de place en place, la conduite à une pièce de métal plus électro- négatif
que le fer : zinc ou magnésium, de façon à former des piles où la conduite d'acier jouera le
rôle de cathode (Figure 8.4).
Ces anodes réactives seront disposées dans les zones de terrain agressif; ce sont des
cylindres de 15 à 30 kg que l'on enfouit dans le sol, à 3,00 m environ de la conduite,
entourés d'une bouillie à base d'argile colloïdale qui permet d'entretenir autour de l'anode
une humidité favorable. Elles sont reliées à la conduite par un câble isolé. De place en
place, on dispose des bornes de contrôle pour vérifier les potentiels (Figure 8.5).

Figure 8.4: Protection par anode réactive Figure 8.5: Borne de contrôle.
L'espacement des anodes est fonction de la surface S (m2) de la canalisation à protéger, de
la densité i mA/m2 de courant de protection nécessaire et du débit I mA probable de l'anode.

164
Le nombre n d'anodes à prévoir est alors :
S. i
n=
I
i est de l'ordre de 1 à 5 mA/m2 pour les réseaux neufs ou en bon état avec vannes et
accessoires mal isolés du sol. Pour les mêmes réseaux, on peut tabler en première
approximation sur une valeur de I égale à 250 mA.
Protection cathodique par soutirage de courant
Il consiste, à partir d'une source électrique de courant continu (courant alternatif redressé),
à relier la conduite à la borne négative de cette source, la borne positive étant raccordée à
une prise de terre constituée ordinairement par de vieux rails enterrés dans un milieu
humide à une distance assez grande de la conduite, une centaine de mètres, par exemple
(Figure 8.6).

Figure 8.6: Schéma de protection par soutirage de courant


Le courant, en quittant la prise de terre, regagnera le pôle négatif de la source électrique en
passant par la conduite et entraînera la dissolution anodique des vieux rails.
Ce dispositif permet de protéger efficacement des réseaux de toute nature en présence de
courants vagabonds. Il conduit, toutefois, à une dissolution non négligeable. En effet, 1
ampère/an détruit environ 9 kg de fer.
8.1.2.4. Cas de l'eau de mer : corrosivité et entartrage
La corrosivité considérable de l’eau de mer (du fait des ions Cℓ –, SO42–…) vis-à-vis de
l’acier varie avec sa teneur en oxygène et sa température. Les eaux froides à grande
profondeur sont ainsi moins corrosives que les eaux chaudes.
Dans la zone constamment immergée et en eau calme, la corrosion globale de l’acier, régie
par la vitesse de transfert de l’oxygène à travers le film d’oxydes, est de l’ordre de 100 à
200 μm par an. Dans les tuyauteries et les cuves où règne une circulation d’eau on constate

165
la formation de piqûres dont la progression de 400 à 700 μm·an–1 interdit l’emploi d’acier
nu. L’eau de mer est systématiquement utilisée sur les systèmes de réfrigération en bord de
mer, mais ces systèmes demandent des matériaux (acier inox, titane…) et une conception
permettant de les protéger efficacement.
Il faut signaler aussi le caractère entartrant de l'eau de mer au-dessus de 60 °C, vis- à-vis
du calcaire ou de matériaux non métalliques: mais la corrosion rapide peut par contre
coexister avec l'entartrage dans le cas de contact avec des matériaux métalliques,
ferreux ou non ferreux. Les processus électrochimiques de corrosion sont d'autant plus
importants que les matériaux métalliques sont plus hétérogènes.
Protection contre l'entartrage
Mesures constructives
 Emploi de tuyauteries en béton ou FRP ou en acier revêtu.
 Construction de têtes d’échangeurs de chaleur et de boîtes de répartition
 Comportant un revêtement plastique.
 Réalisation d’échangeurs tubulaires en laiton, sinon cupro-nickel ou titane.
 Emploi des aciers inox.
Mesures dynamiques
 Protection cathodique
- A partir d'anodes réactives en Mg ou en Al parfois employées en présence d'eau de
mer (dont la résistivité est faible). Ces anodes assurent une protection de faible
puissance et d'effet limité.
- Par application d'une force électromotrice externe. Ce procédé permet la protection de
grilles et de tambours de tamisage et celle de grandes longueurs de tuyauteries.
 Procédés chimiques inhibiteurs
- Protection des faisceaux tubulaires en laiton par l'injection de sulfate ferreux ;
- Par inhibiteurs phosphate-zinc dans l'eau qui alimente des faisceaux tubulaires en acier.
 Élimination de l’oxygène dissous
- Par désaération sous vide ou strippage au gaz : Cette méthode est systématiquement
prévue pour les eaux de mer d’injection dans les gisements pétroliers.
- Par réduction chimique au bisulfite de sodium catalysé.

166
CHAPITRE 9 : METHODES POUR LE CONTROLE DES
PROCESSUS UNITAIRES

9.1. INTRODUCTION
L'établissement d'une filière (ou chaîne) de traitement pour la production d'eau potable
consiste à assembler un certain nombre de procédés (ou opérations unitaires) de traitement
des eaux, dans un ordre déterminé, destinés à produire une eau agréable, désinfectée et
conforme aux exigences réglementaires, tout en minimisant la formation de sous-produits
de traitement.
Le choix des procédés et de leur disposition dans la filière est évidemment guidé en priorité
par le débit souhaité et par la nature de l'eau, après avoir effectué les analyses nécessaires
sur la qualité de la ressource. D'autres critères peuvent ensuite entrer en ligne de compte,
comme le coût des procédés, leur encombrement, leur autonomie et leur contribution au
développement durable (bilan carbone).
Enfin, la filière doit être choisie de façon à être évolutive, compte tenu de la dégradation
possible de la qualité de la ressource, de l'augmentation de la demande en eau potable
(accroissement de la population raccordée) et de l'évolution probablement de plus en plus
sévère de la réglementation.

9.2. OPERATIONS UNITAIRES UTILISES POUR LE TRAITEMENT DE L’EAU


Une série de opérations unitaires est disponible pour le traitement de l’eau. Le choix du
procédé unitaire dépend en premier lieu des matières à éliminer.
Les opérations unitaires les plus importants se répartissent comme suit:

Tableau 9.1 - Procédés unitaires utilisés pour le traitement de l’eau


Matières non dissoutes Matières dissoutes
(matières solides) Matières organiques
Matières
organiques et non
biodégradables inorganiques
inorganiques biodégradables
Procédés mécaniques Procédés biologiques Procédés physiques/chimiques
 Adsorption
 Flottation  Procédés de séparation par membrane
 Procédés aérobies
 Sédimentation  Echange d’ions
 Procédés anaérobies
 Filtration  Précipitation / Floculation
 Oxydation chimique

167
L’élimination des matières non dissoutes (matières solides) est réalisée à l’aide des
procédés mécaniques. Les matières dissoutes peuvent être éliminées au moyen de procédés
biologiques ou physiques/chimiques.

9.3. CONTROLE AUTOMATISE DE LA QUALITE DE L’EAU

Les procédés de production d’eau potable ont un fonctionnement complexe qui ne peut pas
être mesuré, modélisé et interprété que d’une façon partielle à cause du fait de la complexité
des phénomènes mis en jeu mais aussi par leur nature non stationnaire et aléatoire : ils
peuvent donc avoir des fonctionnements différents d’une expérience à l’autre, pour les
mêmes conditions expérimentales. L’utilisation de techniques issues du domaine de
l’intelligence artificielle apparaît, comme la principale alternative pour aborder ces
problèmes lorsqu’il est nécessaire de prendre en compte l’intervention des experts du
domaine ou de traiter de l’information de nature qualitative.

Dans les appareils utilisés pour la mesure des paramètres spécifiques de l’eau, les
différentes méthodes d’analyse sont mises en œuvre de façon automatique. On peut classer
ces différents appareils en deux grandes catégories : celle des capteurs physiques et celle
des analyseurs chimiques qui réalisent préalablement à toute mesure, une ou plusieurs
réactions chimiques.

Tableau 9.2 : Exemples de mesures dans une station

Paramètres Domaine d’application Objet de la mesure


Préleveur automatique Sur eau brute et eau traitée Contrôle de la qualité en entrée et sortie
Mesure du pH À tout niveau du traitement Régulation du pH
Mesure de l’ozone Désinfection par l’ozone Régulation de l’injection d’ozone
Mesure du chlore Désinfection par le chlore Régulation de l’injection de chlore
Mesure de la turbidité À tout niveau du traitement Contrôle de la qualité en entrée et sortie
Mesure des particules Après filtration Contrôle de la qualité en sortie d’usine
Mesure de la dureté Décarbonatation Contrôle de la qualité de l’eau

Le suivi de la qualité des eaux fait donc, appel à différents paramètres physico-
chimiques. Des capteurs adaptés à toutes les applications sont disponibles en
transmission numérique (Capteur de contrôle de pH, Capteur de contrôle de turbidité

168
et de matières en suspension, Capteurs de conductivité, Capteur d’oxygène dissous,
Capteur de chlore libre, Système de contrôle de la Coagulation …). Les données
d’étalonnage et de configuration sont mémorisées dans le capteur pour une
simplification des opérations de maintenance.

9.4. TESTS PARTICULIERS

9.4.1. Optimisation de la décantation par ajout de produits chimiques – Jar-Tests


L'appareillage utilisé est généralement constitué d'un agitateur à hélices multipostes (4 ou
6 postes), muni d'un variateur de vitesse et d'un compte-tours. À chaque poste est disposé
un bécher d'un volume d'un litre. Chaque bécher est rempli du même volume d'eau, puis
trois principales opérations sont réalisées :
 1e étape : introduction du coagulant sous agitation rapide (100 à 200 tr/min) pendant 2
à 3 minutes (temps qui peut être parfois plus long) et ajustement éventuel du pH (si
possible avant l'introduction du coagulant). C'est la phase de coagulation ;
 2e étape : agitation lente (20 à 40 tr/min) pendant 10 à 20 minutes. C'est la phase de
grossissement des flocs ou floculation ;
 3e étape : décantation pendant 10 à 60 minutes, selon le type de décanteur utilisé;
 Entre la 1e et la 2e étape, il peut être testé l'introduction d'un réactif floculant (ou d'un
charbon actif en poudre) à la fin de la phase de coagulation.
La séquence de ces étapes est illustrée par le schéma de la figure 9.1.

Figure 9.1 : Schématisation de la séquence des opérations de l'expérience « Jar-test ».

169
Les objectifs principaux de l'expérience de « Jar-test » sont très fréquemment de deux
ordres:
 Déterminer la dose optimale de coagulant (et de floculant) ;
 Déterminer la zone optimale de pH de coagulation.
Un appareil type de laboratoire pour le jar-test est présenté sur la figure 9.2

Figure 9.2 : Appareil de « Jar-test ».

9.4.2. Potentiel zêta - zêtamètre


Des mesures de potentiel zêta ( de quelques dizaines de millivolts) peuvent être
envisagées dans le cas d'une coagulation par neutralisation de la charge primaire des
colloïdes, à l'aide d'un zêtamètre. Le potentiel zêta d'une particule ou d'une nanoparticule
en suspension ou en solution représente la charge électrique due aux ions qui l'entourent.
Le but est d'évaluer les conditions de coagulation qui conduisent à l'annulation du potentiel.
La valeur du potentiel zêta  peut être évaluée par mesure de la mobilité électrophorétique
des colloïdes. Elle dépend de la nature des particules et des caractéristiques du milieu,
notamment du pH. Le signe du potentiel zêta est, par convention, le même que celui de la
charge primaire.

170
9.4.3. Titration de colloïdes
La titration colloïdale semble être un paramètre utile pour optimiser la phase de coagulation
d'une chaîne de traitement d'eau. Différentes techniques analytiques peuvent être
appliquées : La méthode par indicateur coloré n’est appliquée qu'aux eaux fortement
chargées alors que la méthode néphélométrique semble tout à fait indiquée pour analyser
les eaux faiblement chargées.
La titration colloïdale met en œuvre deux mécanismes réactionnels selon la nature des
colloïdes dosés. La fraction organique est dosée par une réaction classique acide-base alors
que la fraction minérale est déterminée par adsorption ; cette dernière réaction n'étant en
fait qu'une mesure de capacité d'échange cationique.

9.4.3.1. Méthode par indicateur coloré


En fait, la titration colloïdale a été initialement décrite pour le dosage d'ions organiques de
masse moléculaire élevée. C’est un dosage volumétrique qui permet de doser un poly-
cation par un poly-anion.
Le schéma réactionnel est le suivant :
RSO3- + R N+  RSO3 - N - R
Cette réaction conduit à la formation d'un complexe poly-ions qui précipite.
L'indicateur coloré souvent utilisé est le bleu de toluidine, suivant un protocole
expérimental bien défini.

9.4.3.2. Méthode néphélométrique


Il est aussi simple pour un traiteur d'eau, de suivre l'évolution du trouble à l'aide d'un
turbidimètre, appareil que possèdent la plupart des stations de traitement.
Comme avec les autres techniques, la mesure sur l'échantillon est comparée à un blanc.

9.4.4. Test de filtrabilité d’une boue


Cette détermination permet d’évaluer approximativement la capacité d’un filtre sous vide
industriel. Ce test est réalisé comme suit :
Remplir le büchner de boue à filtrer (préalablement conditionnée) ; 100 à 150 mL de boue
sont généralement suffisants pour l’obtention d’un gâteau final d’épaisseur 8-10mm.
Établir le vide et rechercher rapidement la dépression voulue soit 0,5 bar et veiller à ce
qu’elle reste constante tout au long de l’essai.

171
Dès que le vide est atteint, mettre en route le chronomètre et noter le volume de filtrat déjà
recueilli : volume V0 correspondant au temps t = 0 qui sera à soustraire des volumes repérés
ultérieurement. Noter les volumes du filtrat recueilli au cours de l’essai pour différents
temps de filtration : toutes les 10, 15, 20, 30 ou 60 secondes, selon la vitesse d’écoulement
du filtrat. L’essai est conduit jusqu’à essorage du gâteau (perte de vide due au craquèlement
du gâteau).

Figure 9.2 : Appareillage de filtrabilité sous vide à 0,5 bar

Caractérisation numérique de la filtrabilité des boues

 Siccité des boues


Les boues sont constituées d’eau et de matières sèches. La siccité est le pourcentage
massique de matière sèche. Ainsi une boue avec une siccité de 10 % présente une humidité
de 90 %.
La méthode de mesure consiste à mettre à l’étuve à 105 °C, jusqu’à obtention d’une masse
constante, un échantillon de boue (25 à 100 mL selon la concentration de la boue).
Soit M1 la masse de l’échantillon humide et M2 sa masse après séchage.
M2
Siccité = . 100 (%)
M1

172
 Cohésion des boues
Bien que certaines boues soient « naturellement floculées » ou elles-mêmes issues de
traitement de floculation (ex. : boues d’hydroxydes), leur résistance à la filtration et leur
facteur de compressibilité sont encore trop élevés pour assurer une séparation correcte de
l’eau et de la matière. Il faut donc préalablement « casser la cohésion colloïdale de la boue»
et augmenter artificiellement la taille des particules qui la constitue.
C’est l’objet du conditionnement, qui a recours à des procédés de nature chimique (ajout
de réactifs minéraux ou de polymères de synthèse) et occasionnellement de nature physique
(thermique).

 Décantabilité des boues


Dans le cas d’eaux fortement chargées en MES (supérieures à 2 g·L–1), il est souvent
nécessaire de mettre en œuvre une étape préliminaire de dégrossissage.
La décantation en éprouvette est suivie en fonction du temps (MES de l’eau décantée et
pourcentage des boues) et permet d’apprécier la vitesse de décantation des particules, le
volume de boues engendré et leur concentration. Si un ajout de réactif s’avère nécessaire,
on simulera son action sur un floculateur de laboratoire (jar-test).

 Résistance spécifique à la filtration r


C’est la résistance qu’oppose à la filtration (ou à l’écoulement du filtrat) une quantité de
gâteau déposée sur 1 m2 de surface filtrante et contenant 1 kg de produit sec.
Après plusieurs hypothèses réalistes de simplification (résistance négligeable du support
filtrant par rapport à la résistance r du gâteau et remplacement de la masse de MES déposée
par unité de volume de filtrat par C, concentration en MES des boues), la résistance
spécifique à la pression P (rp) s’établit ainsi :
2. a. P. S 2
rp = (m. kg −1 )
C
P : pression de filtration
S : surface filtrante
C : concentration des boues (MES) à l’entrée de l’appareil
h : viscosité dynamique du filtrat
a : pente de la droite obtenue lors de l’essai de filtrabilité (Figure 9.3).

173
Figure 9.3 : Filtration sous différentes pressions

 Facteur de compressibilité
Lors d’un accroissement de la pression différentielle, il se produit un resserrement des
pores du gâteau, conduisant à une résistance accrue à la filtration. La figure 9.4 donne une
représentation schématique de cette compressibilité.

Figure 9.4 : Représentation schématique de la compressibilité des boues

La valeur de S, facteur de compressibilité, se définit graphiquement par la pente de la droite


log rP = f (log P) et intervient sur le débit de filtration.
Avec : rp = 2S . r0,5 . P S
Si S < 0,7 : la boue est peu compressible et le débit de filtration augmente avec P croissant
(cas des boues hydrophobes et cristallines). L’application de pressions fortes sera donc très
profitable dans ce cas.

174
Si 0,7 < S < 1 : la boue est plus compressible. L’intérêt de fortes pressions (12-15 bar)
subsiste, notamment pour gagner en siccité finale (cas de boues urbaines bien
conditionnées minéralement par exemple).
Si S > 1 : nous pouvons nous contenter de 7 bar car une augmentation de la pression
n’amènera aucun gain sur le cycle et la siccité finale (cas de boues très difficiles comme
des hydroxydes insuffisamment chaulées par exemple).

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