Vous êtes sur la page 1sur 40

Ressources documentaires.

Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en


traitement de l’eau

Opérateur en traitement de l’eau – Version longue avec références et annexes

Zita Antoine ONDOA

Table des matières

Introduction ................................................................................................................... 3
Séquence 1 : Traitement (Production) de l’eau potable .......................................... 4
A. Définition .................................................................................................................... 4
B. Schéma de principe de la chaine de procédé de traitement de l’eau potable ... 4
C. Références Séquence 1 .......................................................................................... 11
D. Annexe 1 – Schémas de procédé du traitement d’eau potable ......................... 11
E. Annexe 2 : Mécanisme de réaction du coagulant ............................................... 13
F. Annexe 3 : Ouvrage de clarification des eaux (décanteur lamellaire) .................. 13
G. Annexe 4 : Mécanisme d’action du chlore (désinfectant) .................................. 13
Séquence 2 : Traitement des eaux usées (Fosses septiques : étapes-
compartiments-design) .............................................................................................. 17
A. Introduction .............................................................................................................. 17
B. Caractérisation des eaux usées domestiques ..................................................... 17
C. Principe de l’épuration des eaux usées. - schéma de principe général ........... 18
D. Fosse septique......................................................................................................... 19
E. Références Séquence 2 .......................................................................................... 23
F. Annexe 1 – Équations aidant à l’estimation des débits ......................................... 24
G. Annexe 2 : Équation de la biodégradation (aérobie) de la charge de l’eau...... 24
H. Annexe 3 : Dynamique (fluctuation) de la population de microorganismes du
bassin aéré eaux usées ..................................................................................................... 24
I. Annexe 4 : Quelques bio-additifs existant sur le marché (Québec) ..................... 25

1
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

J. Annexe 5 : Étude de cas sur la fréquence de vidange d’une fosse septique ç


Bafoussam (Ouest-Cameroun) ......................................................................................... 26
K. Annexe 6 : méthode de la production spécifique et gains financiers .............. 27
L. Annexe 7....................................................................................................................... 28
Séquence 3 : Vulnérabilité et suivi environnemental au niveau communal ou
communautaire (mécanisme citoyen de suivi des lacs, des rivières et plages,
périmètre de protection autour d’un point d’eau) .................................................. 29
A. Où situer la vulnérabilité de l’eau ? ...................................................................... 29
B. Démarche d’analyse de la vulnérabilité (outils)................................................... 32
C. Périmètre de sécurité .............................................................................................. 33
D. Implication citoyenne dans le suivi environnemental ........................................ 35
E. Références ............................................................................................................... 36
F. Annexe 1 – Une approche d’évaluation de la vulnérabilité de l’eau ..................... 37
G. Annexe 2 : Démarche d’analyse de la vulnérabilité (outils) ............................... 38
H. Annexe 3 : Détermination de la vulnérabilité des microorganismes ................ 39
I. Annexe 4 : Qu’est-ce qu’un périmètre de protection ? .......................................... 40

2
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Introduction

Bonjour et bienvenue dans ce module sur le métier d’Opérateur en traitement de l’eau

Le traitement de l’eau, qui recouvre aussi bien la production de l’eau potable que l’épuration
des eaux usées, est tout un art.

C’est un secteur multidisciplinaire qui nécessite polyvalence et autonomie.

Notre formation axée sur le traitement de l’eau abordera de façon pratique les aspects liés à
la production de l’eau potable et à l’assainissement des eaux usées.

Nous couvrirons les aspects :

• de la production d’eau potable, notamment les étapes du procédé,


• de l’épuration des eaux usées (notamment les fosses septiques),
• du suivi environnemental axé sur la ressource eau

3
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Séquence 1 : Traitement (Production) de l’eau potable


Bienvenue dans cette séquence portant sur le traitement de l’eau potable.

A. Définition

À l’état naturel, les eaux brutes (de surface ou souterraines) peuvent être impropres à la
consommation humaine. On y retrouve en effet des impuretés appartenant à deux groupes :

• divers corps solides (toutes sortes de résidus organiques et minéraux) en suspension :


une bonne fraction de ceux-ci peut décanter naturellement au fond après un temps de
repos suffisant ;
• des composés organiques et minéraux de très petite taille en solution (donc dissous
dans l’eau), issus de la décomposition des végétaux et des animaux : ils sont
difficilement ou pas du tout décantables naturellement.
Ce sont ces impuretés qui sont responsables de la coloration et du caractère trouble des eaux
naturelles, créant un sentiment spontané de doute quant à leur consommation potentielle.

Le traitement de l’eau potable ou la production de l’eau potable consiste au transit de ces


eaux brutes à travers plusieurs processus physiques et chimiques successifs, afin de les
débarrasser de leurs impuretés et les rendre saine à la consommation.

La finalité est ici la production et la fourniture d’une eau conforme aux normes de qualité et en
quantité suffisante. Bien que le volet qualité de l’eau fasse l’objet de tout un module, clarifions
déjà ici que les normes de qualité concernent à la fois les aspects physiques, chimiques,
microbiologiques, et organoleptiques.

Il existe une multitude de chaînes (agencement d’étapes) de procédés de traitement d’eau


potable.

B. Schéma de principe de la chaine de procédé de traitement de l’eau potable

Examinons à titre d’exemple le schéma de procédé de production d’eau potable ici proposé :

4
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

1- Le prétraitement

Les eaux de surface entrant dans la chaine de traitement sont chargées de particules
grossières (constituées de feuilles mortes, de morceaux de bois, de restes d’animaux et de
poissons en suspension) qui pourraient briser les équipements de traitement installés en aval
du circuit de traitement. Une fraction de ces particules est retenue par la GRILLE à l’entrée
ou par la CRÉPINE au pied de la pompe d’aspiration (on parle du dégrillage ou du
dégrossissage).

5
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Mais dans la pratique, ces éléments peuvent se colmater, s’obstruer avec le temps. La
différence de niveau entre l’amont et l’aval de la grille ou la diminution progressive mais
significative du débit est un indicateur opérationnel pour planifier le prochain lavage de
décolmatage de la grille ou de la crépine selon le cas.

2- Sédimentation préliminaire

L’eau ainsi dégrossie rentre et atteint le bassin de sédimentation préliminaire.

Le rapport entre le volume de ce bassin et le débit d’eau entrant donne un temps de séjour
(encore désigné temps de résidence hydraulique) qui favorise la diminution de la turbulence
de l’écoulement et donc le dépôt d’une fraction supplémentaire des particules encore en
suspension comme les graviers, les sables, les limons et autres.

À ce stade, l’eau est cependant encore chargée d’une bonne fraction d’impuretés de très petite
taille (1mm / 100 000) en suspension ou dissoutes dans l’eau (donc en solution).

Ce sont des molécules de nature colloïdale et hydrophobes de charge négative : elles sont
issues de la décomposition des végétaux, des animaux. Elles sont non sédimentables et se
maintiennent en suspension par répulsion hydrostatique, ce qui continue de donner une
coloration et une turbidité à l’eau.

3-Préclarification

Compte-tenu de ces contraintes (petite taille, charge négative), on a donc recours dans la suite
du traitement à une addition de produits chimiques, pour procéder à une pré-clarification.

Dans un premier temps, l’ajout d’un produit liquide comme par exemple le sulfate
d’aluminium [ Al2(SO4)3 ] libère des charges positives dans l’eau (Al3+) qui s’additionnent
(s’associent) aux impuretés (colloïdes de charge négative) jusqu’ici présente dans l’eau. On
parle de COAGULATION.

6
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

https://www.google.ca/search?q=D%C3%A9stabilisation+colloidale&sxsrf=ALeKk03dHTgVzjP3mhujUWSzSP2cO2fC0g
:1603756273379&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUKEwjOiezXudPsAhVtTd8KHfDyAegQ_AUoAXoECAcQAw&b
iw=1366&bih=625#imgrc=28kXzrFkj5zz_M&imgdii=XU0gObacisdALM

Neutralisation des charges

7
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Cette étape exige un mélange sous une agitation vigoureuse. Ce mélange « forcé »
favorise une attraction des charges de signes opposées conduisant à la neutralisation de
l’ensemble de la masse d’eau.

Dans un second temps, on procède à l’ajout d’un second produit chimique appelé floculant
ou polymère ou aide coagulant : c’est la FLOCULATION. Ce second produit va agir comme
une « colle » qui lie (par effet de pontage) l’ensemble des couples de charges neutralisées
sous forme de gros flocons.

Rendu à ce niveau, toutes les impuretés initialement dispersées dans la masse d’eau
sont donc rassemblées en un réseau de flocons sous forme de mèche ou filet.

4-Clarification

La prochaine étape est la clarification par le mécanisme de la décantation :

Le filet de gros flocons va alors tomber (sous le poids des flocons), au fond du bassin, afin de
ne laisser monter vers la surface que du surnageant (eau claire)

À ce niveau, l’Opérateur en traitement des eaux pourra surveiller :

• le débit maximal de production à ne pas dépasser,


• le niveau du voile de boues au fond et leur purge.

Pour optimiser la clarification de l’eau, qui jusqu’ici contient encore une bonne fraction de
particules de très petite taille, on procède ensuite à la filtration.

5-Filtration

La Filtration est le passage d’un fluide (eau) au travers d’un media poreux (sable, charbon
anthracite par exemple).

8
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Selon l’efficacité recherchée, le filtre peut être d’une seule couche (sable, anthracite) ou de
plusieurs couches (sable + charbon anthracite).

La filtration doit être perçue comme une barrière physique dans la chaine de production.

Avantage de la filtration : elle débarrasse l’eau des quelques micro-flocons persistants


dans la masse d’eau et abritant divers microorganismes pathogènes (algues, diatomées,
amibes, kystes d’amibes, œufs de vers parasites et protozoaires)

Elle permet d’atteindre une efficacité de 70-75% d’enlèvement des bactéries et de 10%
environ pour les virus.

Dans les unités de capacité limité (puits), les filtres version modulaire sont privilégiés
(logistique).

Le principe d’opération et de fonctionnement d’un filtre modulaire se résume à :

• l’admission (aspiration) par la pompe,


• le refoulement vers le dessus du filtre,
• la migration ou la percolation de l’eau à travers le média,
• la collecte et le refoulement de l’eau filtrée vers un réservoir au travers d’un
collecteur.
Pendant la filtration, l’Opérateur en traitement des eaux devra surveiller quelques paramètres
d’opération qui renseignent sur le niveau de colmatage du filtre et l’efficacité du traitement.

Il s’agit notamment :
9
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

• des manomètres de pression,


• du débit de filtration,
• de la turbidité de l’eau.

Si la filtration aide à l’enlèvement physique (de 90 %) des impuretés, la purification de l’eau


est complétée dans la suite par l’inactivation des microorganismes par des désinfectants.

6-Désinfection

La désinfection consiste à ajouter un oxydant dans l’eau pour détruire ou inactiver les
microorganismes pathogènes encore présents.

Cela permet aussi d’assurer la protection de l’eau durant son transit de la sortie de l’unité de
production (réserve/réservoir d’eau) jusqu’à son lieu de consommation finale (ménages).

La désinfection en détruisant les polluants résiduels encore présents dans l’eau comme le fer,
le manganèse, … les nitrates-nitrites, la matière organique …permet d’améliorer la couleur,
le goût et l’odeur.

Le défi de cette étape est triple :

• éliminer ou réduire le taux des microorganismes,


• maintenir une concentration résiduelle du désinfectant à un niveau acceptable
qui puisse continuer à protéger l’eau et assurer sa qualité jusqu’à son point de
consommation finale,
• minimiser les risques de formation des sous-produits de la désinfection nocifs
pour la santé humaine.
Les agents oxydants communément utilisés sont :

Ozone (O3) ˃ Peroxyde d’hydrogène (H2O2) ˃ Chlore (Cl2, …) ˃ Brome (Br2) ˃ Dioxyde de
chlore (ClO2) ˃ Iode (I2)
(NB : ˃ pouvoir oxydant : potentiel oxydo-réduction décroissant ; inverse du pouvoir de diffusion à travers la membrane de la
bactérie.

La décision sur le choix du désinfectant utilisé est guidée par des contraintes logistiques liées
à la manipulation compte tenu des préoccupations de santé/sécurité des opérateurs.

Notons que l’efficacité de la désinfection va dépendre d’un certain nombre de


paramètres comme :

• la nature de l’eau traitée (eau de surface, eau souterraine),


• la concentration/taux initiale des microorganisme présents (UFC/100 mL),
• le type de microorganismes en présence (bactéries, virus, autres),
• la dose du désinfectant (oxydant) ajoutée dans l’eau,
• le type de désinfectant (oxydant) utilisé (la vitesse d’action),
• le temps de contact ou le temps d’action alloué.

L’eau disponible à ce stade n’est pas encore propre à la consommation, et il est


nécessaire de procéder aux derniers ajustements.

10
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

7-Ajustement du pH

Les différents produits chimiques utilisés jusqu’ici peuvent avoir éloigné la valeur du pH en
dessous ou au-dessus de la norme (6.5 ≤ pH ≤ 8.3), il faut donc procéder à l’ajustement du
pH final de l’eau avant sa distribution.

Ceci passe par le dosage ou l’ajout d’un produit dit « base » :

• chaux hydratée : Ca(OH)2 (colmatage : dosage à sec-poudre absolument) ;


• soude caustique : NaOH (manutention dangereuse : mise en solution fortement
exothermique, dangereux) ;
• bicarbonate de sodium : NaHCO3
• carbonate de sodium anhydre : (Na2CO3) (bouchage conduite)

Avantage du dosage d’une base dans l’eau : le dosage d’un agent correctif de pH présente
le double avantage de relever le pH mais aussi de favoriser un enrobage des conduites avec
une mince couche de calcaire rendant l’eau moins agressive et protégeant les conduites
contre le phénomène de corrosion.

C. Références Séquence 1

Claude ABRAHAM, Monique HENRY, 2009. Caractérisation des Eaux II (260-415-SL). Notes
de cours. Cégep Saint-Laurent, Montréal, Canada.

Jean-Paul Beaudry, 1984. Traitement des eaux. 1 ère éd. Le Griffon d’argile, revue et corrigée.
Collège Saint-Laurent. Montréal, Canada.

Monique Tardat-Henry, 1992. Chimie des eaux. 2ème éd. Le Griffin d’argile.

Patrick Drogui, hiver 2020. Traitement de l’eau pour la production de l’eau potable. INRS-
ETE, pp notes de cours.

D. Annexe 1 – Schémas de procédé du traitement d’eau potable

11
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

(a)

(b)

12
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

(C)

E. Annexe 2 : Mécanisme de réaction du coagulant

Al2(SO4)3 * 14H2O + 3Ca(HCO3) → Al(OH)3↓ + 3CaSO4 + 6CO2 + 14H2O

F. Annexe 3 : Ouvrage de clarification des eaux (décanteur lamellaire)

G. Annexe 4 : Mécanisme d’action du chlore (désinfectant)

Nous exposons ici uniquement l’utilisation de solutions d’Hypochlorite de Sodium (NaOCl),


communément appelé Eau de Javel, comme désinfectant.

Une fois en solution, le NaOCl fait coexister : HOCl ↔ H+ + ClO- dont l’équilibre (proportions
relatives de chacune des formes) dépend du pH du milieu selon les graphiques plus bas.

Ceci est d’un très grand intérêt pratique : l’acide hypochloreux (HOCl) a un pouvoir
bactéricide (désinfectant) beaucoup plus important que l’ion hypochlorite (ClO -). L’opérateur

13
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

devra donc se souvenir que la désinfection aux dérivés de chlore est moins efficace aux pH
élevés.

Action des dérivés du chlore :

• sur les substances naturelles minérales (réductrices) : SO43-; H2S; Fe2+; Mn2+; NO2-
retrouvés dans les eaux souterraines, de surface, résiduaires. Elle conduit à la
formation des sous-produits précipitables (décantation),
• sur l’ammoniac (produit de décomposition des protéines-amines et de l’urée) :
formation puis destruction des chloramines : problème de goût et odeur à l’eau

NH3 + HClO ↔ NH2Cl + H2O (monochloramine) (contribution supplémentaire à la désinfection)

NH3 + HClO ↔ NHCl2 + H 2O (dichloramine) (contribution supplémentaire à la désinfection)


(odeur/gout)

NHCl2 + HClO → NCl3 + H2O (trichloramine) (consommation de chlore) (goût désagréable) (se
dissipe si l’eau agitée et aérée)

2NHCl2 + H2O → N2 ↑ + 3HCl + HClO

La réaction de l’NH3 consomme du chlore avec formation de sous-produits causant goûts et


odeurs

Le dosage du chlore devrait se faire au-delà du break-point afin de garantir un résiduel dans
l’eau.

14
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Réaction du chlore avec les contaminants organiques : phénols et les matières humique

15
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

16
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Séquence 2 : Traitement des eaux usées (Fosses septiques : étapes-


compartiments-design)
Bienvenue dans cette séquence portant sur le traitement des eaux usées.

A. Introduction

L’explosion démographique et la croissance de l’industrie rendent urgent l’innovation dans le


secteur du traitement des eaux usées, puisqu’elles concentrent deux types de pollution : les
rejets localisés (rejets issus des usines de traitement d’eaux usées) et les rejets diffus
(agriculture-élevage).

Dans plusieurs pays, l’ensemble de la pollution correspond uniquement à la pollution diffuse,


compte tenu de l’absence même ou de l’insuffisance des ouvrages de collecte et la pratique
généralisée des latrines et fosses isolées. Cette situation expose les populations à différents
organismes pathogènes par l’entremise de la contamination des eaux de surface et des puits.

Dans le contexte d’un aménagement du territoire mieux planifié, le volume total des eaux
usées atteignant l’usine d’épuration peut être segmenté en :

Qtot. = Qdom. + Qinf. + Qcap. + Qind.

Qtot. = débit d’eaux usées TOTAL atteignant une station/un poste d’eaux à traiter (m 3/jour).

Qdom. = débit d’eaux usées issues ou rejetées par les ménages (m3/jour).

Qinf. = fraction d’eaux « libre » contenues dans le sol retournant (pénétrant) dans les
canalisations (conduites-égouts) sous forme d’eaux parasites.

Qcap. = le débit d’eaux cheminée vers la station par ruissellement de surface à la suite des
aléas de précipitations (pluies) venant ainsi « gonfler » le volume total des eaux usées. Il s’agit
du débit d’eaux usées pluviales. Ce débit suit une certaine fluctuation selon les saisons.

Qind. = débit ou volume d’eaux usées rejetées par les industries (agroalimentaire, santé,
établissements, mines, …). Cette composante est variable.

Dans la suite de cette séquence, nous limiterons notre analyse au Qdom (débit domestique)
pour traiter UNIQUEMENT de l’assainissement par des fosses septiques.

Quelles est la pollution présente dans les eaux usées domestiques ?

B. Caractérisation des eaux usées domestiques

Les eaux domestiques sont majoritairement constituées d’excrétions humaines (solides et


liquides biologiques) et peuvent contenir :

• de la matière organique – des complexes organiques (C-H),


• des nutriments (N, P, S,…),
• des microorganismes pathogènes,

17
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

• des polluants émergents (dérivés médicamenteux, cosmétiques, huiles,


graisses).
D’un point de vue pratique, on peut caractériser les eaux usées au moyen des paramètres
suivants :

• les matière en suspension (MES) : désignant la pollution solide en suspension dans


l’eau ;
• la demande biochimique en oxygène (DBO5) : désignant la pollution dissoute, c’est la
charge organique-biodégradable (par les microorganismes) en solution ;
• la demande chimique en oxygène (DCO) : désignant la quantité totale d’O2 nécessaire
pour dégrader la totalité de la charge organique-biodégradable et la charge non
biodégradable ;
• les phosphates : les produits d’hygiène et de cosmétique à base de dérivés de
phosphore constituent la principale source dans les eaux usées (domestiques)
apportés par des détergents ;
• les microorganismes à savoir des coliformes fécaux, des bactéries, des virus, des
rotifères, des amibes, des nématodes) ;
• les composés azotés (azote total, azote ammoniacal, nitrites, nitrates) ;
• divers autres polluants, huiles et graisses

L’épuration de ces eaux usées suit plusieurs étapes.

C. Principe de l’épuration des eaux usées. - schéma de principe général

Les procédés suivants sont utilisés pour le traitement des eaux usées :

• le traitement physico-chimique : il s’agit du dosage d’un coagulant et/ou d’un polymère,


• le traitement biologique ou les boues activées : il s’agit de favoriser l’action des
microorganismes libres en suspension ou en culture fixées avec injection d’air,
• le traitement par étangs aérés : système comportant une aération partielle dans des
bassins sous un temps de séjour suffisamment long.

De façon illustrée, l’épuration classique des eaux usées consiste à extraire les matières solides
grossières puis, la charge organique et non bio dégradable dissoute et enfin la charge
résiduelle composée des microorganismes et d’autres polluants spécifiques.

18
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Le dégrillage, le dégraissage et le dessablage constituent le prétraitement consistant à


l’enlèvement des gros fragments, des huiles et graisses qui nuiraient à la suite du traitement.

Le décanteur primaire est le premier bassin de tranquillisation afin de laisser sédimenter les
autres particules grossières nos retenues par les grilles.

L’injection ultérieure d’air dans le bassin adjacent favorise la dégradation de la pollution par
les microorganismes. Le dosage ultérieur de produits chimiques facilite une meilleure
clarification des eaux. C’est la clarification.

Enfin dernières étapes : la déphosphatation et la désinfection. Il s’agit de doser un produit


chimique (un additif) qui aide à enlever le phosphore et à éliminer les microorganismes dans
les eaux.

Revisitons le principe général d’épuration des eaux usées à l’échelle d’une fosse
septique.

D. Fosse septique

19
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Le traitement par des fosses septiques est une alternative écologiquement viable. C’est une
option à envisager lorsqu’il n’est pas possible de disposer d’un réseau public d’égouts.

Comment fonctionne une Fosse septique ?

Dans le 1er compartiment d’une Fosse septique s’effectue le PRÉTRAITEMENT et la


liquéfaction des excrétas.

Les matières solides et liquides s’accumulent dans le 1 er compartiment de la fosse septique.


Elles subissent une digestion (fermentation anaérobique) qui s’accompagne d’une forte
production de composés volatiles (relativement dangereux comme : l’acide sulfurique/H 2S ;
L’ammoniac/NH3).

20
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Nous devons donc prévoir l’installation d’une conduite ou d’un réseau d’évent pour
l’évacuation de ces gaz.

Qu’en est-il des performances ?

Performance de traitement dans le 1er compartiment de la Fosse septique : la masse de


matière organique s’accumulant dans le 1er compartiment de la Fosse septique subit une
réduction physique de l’ordre de 80-90% de son volume initial.

Travaux d’entretien

L’Opérateur doit prévoir un préfiltre (à tamis ou à plaques) aussi bien à l’entrée du 1 er


compartiment qu’à la sortie du 2ème compartiment de la Fosse septique.

Le nettoyage des préfiltres évitent le refoulement des eaux usées soit vers l’intérieur de
l’habitation soit à l’extérieur à travers les regards de la Fosse septique et leur déversement
dans l’environnement.

Dimensionnement et hydraulique

La construction d’une Fosse septique se doit respecter certaine dimension afin d’obtenir les
performances évoquées précédemment :

• Le volume du 1er compartiment doit être = 2/3 du volume total de la fosse


septique ;
• Alors que le volume du 2ème compartiment doit être = 1/3 du volume total de la
fosse septique.
Pour ce qui est du volume total de la fosse septique, à défaut du cadre règlementaire local,
l’on peut s’inspirer et adapter les suggestions techniques d’ailleurs comme le modèle du
Québec suggéré ici :

Soulignons enfin pour ce qui est de l’hydraulique général, la disposition physique des
ouvrages d’une fosse septique doit permettre l’écoulement gravitaire.

L’effluent (ou le rejet) d’une Fosse septique renferme un grand nombre d’organismes
pathogènes résiduels.

L’on peut donc avoir recours au dosage des additifs dans le 2ème compartiment ou dans
les deux compartiments de la fosse septique.

Quels additifs pour l’épuration des eaux des fosses septiques ?


21
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

• des additifs chimiques (ce sont des oxydants chimiques, de nature organiques ou
inorganiques).

Toutefois, leur usage comporte quand même quelques inconvénients : à savoir le


risque de destruction de la flore microbienne dans la fosse septique. ILS SONT DONC
MOINS CONSEILLÉS.

• Puis des bio-additifs à savoir des souches de levures, de bactéries,


d’enzymes dans des solutions nutritives. Leur action accroit le taux de digestion des
boues (hydrolyse). CONSEILLÉS.

Ultimement, il faudra vidanger la fosse septique pour garder sa performance et limiter


des nuisances à l’environnement.

Collecte des boues de fosses septiques et leur disposition

Fréquence :

La vidange des boues est partielle. Elle consiste à recueillir une fraction SEULEMENT des
boues et du surnageant afin de soulager la fosse septique tout en préservant la flore microbienne
en place.
Pour ce qui est de la fréquence de vidange : se référer de la réglementation locale ou
régionale en vigueur.
Toutefois, il faut relever ici que selon :

• le contexte de certains pays en Afrique (Cameroun), la fréquence de


vidange est de 3 ans à 4 ans et plus
• le contexte nord-américain (Québec), elle est de 2 ans à 5 ans.

Finalement, il faut procéder à une estimation du volume total de boues dans la Fosse
septique pour une meilleure planification de toute la logistique de sa vidange.

Estimation du volume de boues et du revenu estimatif

La vidange d’une fosse septique présente un intérêt pour le bien être des ménages d’une part
et un gain (revenu) substantiel pour les Opérateurs privés engagés dans cette activité.
Deux méthodes permettent d’estimer le volume total de boues dans la Fosse septique :

• la méthode analytique : qui consiste à la prise d’un échantillon, à la


détermination de la masse de solide encore appelée la siccité des boues en mg
ou en g ou kg. Cette approche n’est pas très conseillée pour des travaux
de terrain ;
• la méthode de la production spécifique : basée sur un « petit » calcul. Cette
méthode (la deuxième) est la plus pratique.

Quelle est la finalité des boues issues des fosses septiques ?


22
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Selon la réglementation régionale ou nationale en vigueur, les boues retirées des Fosses
septiques peuvent être disposées dans :

• des étangs de disposition (étangs aérés),


• des géotubes en sacs de déshydratation,
• des usines de déshydratation

L’expérience de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) est une expérience


pilote qui a su démontrer la possibilité de valoriser des sous-produits issus de l’assainissement
des eaux usées comme :

• des boues stabilisées (épandage agricole comme engrais),


• des eaux épurées et désinfectées puis réutilisées par le BTP-génie civil et
l’irrigation-agriculture.
Un réseau d’assainissement basé sur une chaines des camions vacuum de vidange des boues
de fosses septiques présente plusieurs avantages :

• aide à l’assainissement du milieu,


• soulage des réseaux d’égouts,
• évite les déversements dans la nature,
• valorise des sous-produits,
• garanti de revenus pour les acteurs y engagés

E. Références Séquence 2

Jean François BLAIS, 2020. EAU-420-Gestion de l’eau en milieu urbain : traitement des eaux
usées municipales. pp-Notes de cours, hivers 2020. INRS-ETE. Québec.

DEEDS & DATA, oct 1982. (Water Pollution Control Federation). Keeping Track of the Bugs:
An Operator’s Guide to Understanding the Activated Sludge Process. Volume 19 Number 10.

Jean-Matthieu Laurens, 2017. Évaluation du rôle des bio-additifs dans la dégradation des
boues de fosse septique et conception de méthodes de mesure de l’activité méthanogène.
Mémoire Maitrise en Génie des Eaux. Université Laval. Québec, Canada.

Célestin Defo, Théophile Fonkou, Paul Blaise Mabou , Paulin Nana and Yacouba Manjeli,
« Collecte et évacuation des boues de vidange dans la ville de Bafoussam, Cameroun (Afrique
centrale) », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [Online], Volume
15 Numéro 1 | mai 2015, Online since 15 May 2015, connection on 28 September 2020. URL :
http://journals.openedition.org/vertigo/15994 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.15994

23
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Blunier, P., Koanda, H., Koné Doulaye., Strauss, M., Tarradellas, J., 2003.
Quantification des boues de vidange. Exemple de la ville de Ouahigouya, Burkina Faso.

F. Annexe 1 – Équations aidant à l’estimation des débits

Qdom.= [ Nbre.hbts. ] x [ (Consommation-m3) / (hbt/jour) ] x [ 0.95 ] ou,

Qdom.= 0.95 x Qeau.potable; 0.95 désigne la fraction d’eau consommée qui est rejetée

Qcap.= Hauteur d’eau accumulée (pluie : mm/jour) x A (surface de captage) x C.R

H (mm) = hauteur totale de la fraction d’eau accumulée sur une surface

A (m2) = aire totale de la surface ou de chacune des types de surface de captage.

C.R (1 – 0.9) = coefficient de ruissellement équivalent à la fraction d’eau n’ayant pas pu


s’infiltrer et donc s’écoulant sur la surface.
Des tables dans la littérature fournissent les valeurs de C.R selon chaque type de surface ou de
recouvrement.

Qinf. = Taux. Infiltration x L x D

Taux Infiltration = Coef. Infiltration = CONSTANTE fournie par des tables (abaques) selon la
nature et l’âge des ouvrages hydrauliques. C’est la fraction d’eau retournant accidentellement
(mais continuellement) dans les conduites. Dans le contexte nord-américain (Québec) et selon
les fluctuations du niveau de la nappe d’eau souterraine au printemps et en automne :

C.R = [ 250 l / ( km-cm) ]-par jour ( km ↔ de conduite; cm ↔ diamètre conduite)

L = longueur de conduite (km) : laisser cette valeur en km

D = diamètre de la conduite (cm)

Dans la pratique : Qdom ˃ Qcap ˃ Qinf (Qind. variable comme déjà mentionné).

G. Annexe 2 : Équation de la biodégradation (aérobie) de la charge de l’eau

(Cx Hy Oz Nv Pw S) + O2 → (CO2 + H2O) + NO3- + ↓PO43- + ↓SO42-

[micro-organismes aérobies] Mat. Inorganiques stables + Boues↓


(respiration)

H. Annexe 3 : Dynamique (fluctuation) de la population de microorganismes du


bassin aéré eaux usées
24
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

I. Annexe 4 : Quelques bio-additifs existant sur le marché (Québec)

25
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

J. Annexe 5 : Étude de cas sur la fréquence de vidange d’une fosse septique ç


Bafoussam (Ouest-Cameroun)

26
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Selon une étude menée dans la Ville de Bafoussam (Cameroun) : les fréquences de vidange
des fosses septiques sont variables (1 fois/4-15 ans), ce qui est au-delà de la réglementation
en vigueur au Cameroun (1 fois/4 ans maximum). 5% des ménages affirment de plus n’avoir
jamais fait vidanger leur fosse septique.

K. Annexe 6 : méthode de la production spécifique et gains financiers

Les travaux de Blunier. P et al. (2003) à Ouahigouya au Burkina Faso, puis par après ceux de
Defo. C et al., 2015 à Bafoussam au Cameroun ont recouru au modèle (formule) proposé par
Blunier et al. (2003) basé sur l’approche de production spécifique utilisant les valeurs
empiriques proposées par Heins et al. (1988) à Accra au Ghana :

(Blunier et al., 2003, Defo C et al., 2015)

Production annuelle de boue

Q (m3/an) = quantité de boues produite;

PFS (résidents) = nombre d’utilisateurs de fosses septiques;

PLS (résidents) = nombre d’utilisateurs de latrines sèches;

qFS [ (L)/(résident.jour) ] = production spécifique de boue de vidange pour les fosses


septiques;

(1 L/résident.jour) (fosse septique). NB : boues humides (faible siccité)

qlS [ (L)/(résident.jour) ] = production spécifique de boue de vidange pour les latrines


sèches.

(0.2 L/résident.jour) (latrine sèche). NB : boues sèches (siccité élevée).

27
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Une fois cette estimation du volume TOTAL (annuel) de boues produites (disponibles)
complétée, on peut dès lors estimer le nombre TOTAL (annuel) de voyages (tours) de camion
qu’il faudra pour la vidange de la fosse septique et/ou de la latrine sèche par :

Q = 365 x N x V

Q = volume de boues estimé plus haut

N = nombre TOTAL (annuel) de tours (voyages) du camion

V = capacité (volume : m3) du camion = volume évacué par voyage ou par tour de vidange

Ici l’inconnu recherché devient N (nombre de voyagement de camion) pour


bénéfices/coûts

D’après l’étude de Defo et al., 2015

Selon une étude menée au Cameroun en 2015, (Defo et al., 2015), le montant global de la
transaction financière reliée à la vidange d’une (01) fosse septique se situe entre :

[ 25 000 frs cfa – 55 000 frs cfa ], soit [ 45.05 $ US – 99.10 $ US ] (1$ US = 555 frs cfa)

Ce montant présenté par l’entrepreneur dans cette étude couvre l’ensemble des charges
(coûts) liées à l’exécution du travail en plus de la marge bénéficiaire escompté par l’entreprise.

Selon la même étude, l’entreprise réalisait 15 vidanges de fosse septique par mois avec un
camion d’une capacité de 6 m3. La vidange des fosses septiques présente donc un potentiel
d’auto-emploi avec un revenu conséquent pouvant justifier le titrage « Eaux usées : une
ressource inexploitée » contenu dans un des rapports (2017) des Nations Unies sur la mise
en valeur des ressources en eau.

L. Annexe 7

28
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Séquence 3 : Vulnérabilité et suivi environnemental au niveau


communal ou communautaire (mécanisme citoyen de suivi des lacs,
des rivières et plages, périmètre de protection autour d’un point d’eau)
Bienvenue dans cette séquence portant sur la vulnérabilité et le suivi environnemental en
rapport avec les ressources en eau.

En revisitant le cycle de l’eau, l’une des questions d’intérêt à se poser au sujet de la


vulnérabilité de l’eau est la suivante :

A. Où situer la vulnérabilité de l’eau ?

Et comment juge-t-on de sa qualité, de sa potabilité. Nb : qualité ≠ potabilité

Comme nous l’avons vu en introduction, l’eau est omniprésente dans la nature. Elle agit
comme un « continuum », un « communicant » entre les différents compartiments de notre
environnement.

Comprendre la vulnérabilité de l’eau exige donc d’examiner les différents usages (énergie,
agriculture-irrigation, industrie, usages domestiques, autres usages sans prélèvement-nature)
afin de desceller les points de faiblesse.

29
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Les organismes vivants dans les milieux aquatiques sont intégrateurs des marques causées
par différents stresseurs environnementaux. Autrement dit, ces organismes peuvent révéler la
chrnonoséquence des perturbations démontrant la vulnérabilité de l’eau.

La qualité de l’eau peut donc être évaluée à partir de ces bioindicateurs à savoir : les macro
invertébrés/insectes, les poissons, les algues… dont l’état renseigne sur le niveau de
vulnérabilité des eaux.

Quel que soit les usages de l’eau, lorsque inadéquats, on assiste inévitablement à une perte
de qualité des eaux se traduisant par :

• l’acidification des eaux de surface,


• la surgescence d’efflorescence d’algues,
• l’eutrophisation des lacs,
• la contamination des eaux souterraines,
• l’augmentation des coûts de potabilisation de l’eau,
• la restriction des usages récréatifs et autres conséquences.

30
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Alors, compte tenu de toutes ces appréciations, comment REDÉFINIR LA


VULNÉRABILITÉ DE L’EAU ?

La vulnérabilité est étroitement liée à l’existence ou non des faiblesses et des menaces
inhérentes à une source d’alimentation en eau (de surface ou souterraine).

C’est un défaut ou un déficit de protection des plans d’eau de surface ou des nappes d’eau
souterraines contre les risques des foyers de pollution. La vulnérabilité est le risque de
dégradation de la qualité de l’eau associée à une activité ou à un aléa donné.

Une perception de la pureté des eaux (souterraines) est communément partagée, ce qui n’est
pas toujours le cas.

31
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Une fois tous ces aspects mis en relief, examinons les étapes d’une démarche d’analyse
de la vulnérabilité d’un point d’eau.

B. Démarche d’analyse de la vulnérabilité (outils)

La démarche d’analyse de la vulnérabilité d’une source d’eau (souterraine ou de surface)


comporte les étapes suivantes :

• Caractériser le point/secteur du prélèvement,


• Inventorier les éléments susceptibles d’affecter la qualité ou la quantité des
eaux exploitées,
• Évaluer les menaces associées aux éléments inventoriés,
• Identifier les causes probables des problèmes avérés.

Parallèlement, on se doit de documenter les 6 niveaux d’indicateurs suivants :

• A : Vulnérabilité physique du site de prélèvement (source : registre des


évènements)
• B : Vulnérabilité aux microorganismes (source : eau brute)
• C : Vulnérabilité aux matières fertilisantes (source : registre des évènements)
• D : Vulnérabilité à la turbidité (source : eau brute)
• E : Vulnérabilité aux substances inorganiques (source : eau distribuée)
• F : Vulnérabilité aux substances organiques (source : eau distribuée)

Au terme de cette analyse on pourra attribuer une côte à chaque risque au moyen de deux
vecteurs de forces :

• la GRAVITÉ des conséquences associées et,


• la FRÉQUENCE ou la PROBABILITÉ D’OCCURENCE.

Le but ultime d’un tel exercice d’analyse de la vulnérabilité est de bonifier les schémas
d’aménagement permettant d’ériger un périmètre de sécurité autour des points d’eau, que ce
soit à l’échelle d’un puits domestique ou d’un lac.

32
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

C. Périmètre de sécurité

33
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

Un certain nombre de bénéfices ou externalités positives sont tirés de l’érection d’un périmètre
de protection autour d’un point-plan d’eau :

À titre d’exemple on peut citer :

• la diminution des coûts liés à la production de l’eau potable,


• la préservation des revenus issus d’une multitude de services
environnementaux (activités de plaisance).
Le bureau ou le service de gestionnaires de l’environnement a recours à des outils techniques
pour définir avec précision le périmètre de protection

Le périmètre de protection est un rayon sécuritaire suffisant permettant d’empêcher que la


migration des contaminants-polluants éventuels atteigne l’eau prélevée dans un puits ou une
rivière.

L’établissement d’un périmètre de protection tient compte de +/- cinq critères :

• La distance,
• Le rabattement,
• Le temps de parcours d’un contaminant,
• Les limites du bassin versant,
• La capacité d’atténuation du milieu.

Le succès de toutes ces initiatives exige la participation de tous les acteurs ou parties
prenantes à savoir le gouvernement, les communautés, le secteur privé, la société civile.

34
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

D. Implication citoyenne dans le suivi environnemental

Mais comment impliquer davantage les citoyens dans la gestion de l’eau, ceci pour une
meilleure cohabitation des différents usages de l’eau.

Tous les gestionnaires de l’eau s’accordent que le bassin versant est la meilleure échelle de
gestion de l’eau puisque correspondant au territoire naturel d’écoulement des eaux.

Plusieurs actions peuvent être menées par des regroupements citoyens :

• Campagnes de nettoyage (levée de fonds) : enlèvement des débris solides


plastiques,
• Rivières surveillées (réseau citoyen) : surveillance des crues, des étiages, de
la qualité
• Programmes-Campagnes éducatives (scolaire) d’éco surveillance type «
j’adopte un cours d’eau » : inventaire des bioindicateurs, animations, jeux.

Toutes ces initiatives peuvent bénéficier de l’appui des services techniques :

• par l’élaboration-adoption d’un portrait (plan) d’échantillonnage bénévole,


• par la sélection de bioindicateurs ou organismes reconnus sensibles à la
pollution, qui renseigneront sur la sensibilité du point-plan d’eau.

Vous l’aurez compris, la qualité de l’environnement a un impact important sur les efforts de
traitement de l’eau. Il est donc crucial de favoriser la santé de l’environnement pour améliorer
35
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

ou faciliter le traitement de l’eau. C’est sur cet appel pour un environnement sain que nous
arrivons à la fin de ce module de formation sur le métier d’opérateur en traitement des eaux.
Pour ceux et celles qui décideront d’en faire leur métier et source de revenu, nous serons
heureux de recevoir les informations sur votre expérience et d’en partager à la communauté
d’apprenants.

E. Références

Jerôme Comte, 2019. Eau-102-Limnologie (La chimie de l’eau). PP Notes de cours, INRS-
ÉTÉ, hiver 2019.

Ministère de l’Environnement et de Lutte Contre les Changements Climatiques. Guide


des réalisations des analyses de la vulnérabilité des sources destinées à l’alimentation en eau
potable au Québec.2018.

Tabué Youmbi, J. G., Ntamack, D., Feumba, R., Ngnikam, E., Wéthé, J. & Tanawa, É.
(2009). Vulnérabilité des eaux souterraines et périmètres de protection dans le bassin versant
de la Mingoa (Yaoundé, Cameroun). Revue de l’Université de Moncton, 40 (2), 71–96.
https://doi.org/10.7202/1001389ar.

ÉLABORATION ET ÉVALUATION D’UN CADRE D’INDICATEURS DE GESTION INTÉGRÉE


DE L’EAU DANS LA PLAINE D’INNONDATION DU WAZA LOGONE (CAMEROUN).

https://portals.iucn.org/library/sites/library/files/documents/EPLP-050.pdf (03 octobre 2020)

Centre du Droit de l’Environnement de l’IUCN, 2004. Gouvernance de l’eau en Afrique de


l’ouest : aspects juridiques et institutionnels. Ouagadougou, Burkina Faso 25-27 septembre
2002. IUCN, Droit et politique de l’environnement, numéro 50.

http://mddelcc.gouv.qc.ca/eau/prelevements/analyse-vulnerabilite.htm (04 octobre 2020)

Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Détermination


des aires de protection des prélèvements d’eau souterraine et des indices de vulnérabilité
DRASTIC – Guide technique, 2019. http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/souterraines/drastic/guide.pdf

36
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

F. Annexe 1 – Une approche d’évaluation de la vulnérabilité de l’eau

37
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

G. Annexe 2 : Démarche d’analyse de la vulnérabilité (outils)

38
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

H. Annexe 3 : Détermination de la vulnérabilité des microorganismes

39
Ressources documentaires. Métiers de l’environnement /Module Eau – Opérateur en
traitement de l’eau

I. Annexe 4 : Qu’est-ce qu’un périmètre de protection ?

Pour tout plan ou point d’eau (puits de pompage), il est sécuritaire d’ériger un périmètre de
protection d’un rayon suffisant pour empêcher que la migration des contaminants-polluants
atteigne l’eau prélevée dans point/plan d’eau.

De façon empirique et par consensus, le périmètre de protection (rayon) autour d’un point
d’eau est déterminé par la distance parcourue par l’eau souterraine en cinquante jours. Il est
démontré que cette distance est nécessaire pour parvenir à inactiver les micro-organismes
avant qu’elles n’atteignent un puits de pompage riverain (Mathess, 1987 in Banton &
Bangoy, 2010).

Pour ce qui est des contaminants chimiques, on recommande de recourir aux modèles
numériques (mathématiques) qui, eux, ont l’avantage de reproduire le profil de migration d’une
large variété de polluants.

Ainsi, l’approche de délimitation doit ABSOULMENT être associée à l’approche de gestion


restrictive des contaminants potentiels des nappes.

Selon l’US-EPA (1987) in Banton et Bangoy (2010), plus ou moins cinq critères sont à
prendre en compte lors de l’établissement d’un périmètre de protection :

• La distance,
• Le rabattement,
• Le temps de parcours d’un contaminant,
• Les limites du bassin versant,
• La capacité d’atténuation du milieu.

40

Vous aimerez peut-être aussi