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PLAN DU COURS

CHAPITRE 1 : Mode de formation des roches exogènes

1- Définition et généralités

2- Phénomènes de météorisation

3- Transport

4- Sédimentation

5- Diagenèse

CHAPITRE 2 : Classification des roches exogènes

1- Roches résiduelles

2- Roches sédimentaires

CHAPITRE 3 : Environnements de dépôt

1- Sédimentation continentale

2- Milieux mixtes

3- Sédimentation marine

Dr KESSE Touvalé Marcel, Enseignant à l’INP-HB (Département STeRMi) 1


COURS DE GEOLOGIE EXOGENE (IC1-ESMG)

CHAPITRE 1 : MODE DE FORMATION DES ROCHES EXOGENES

1) DEFINITION ET GENERALITES

La géologie exogène regroupe l’ensemble des phénomènes géologiques qui se


déroulent à la surface de la lithosphère ou à proximité immédiate.

Elle s’intéresse aux processus tels que l’altération, l’érosion, le transport des
particules, le dépôt de ces particules et les transformations de ces particules après
leur dépôt.

Ces différents processus sont conditionnés par l’orographie (agencement des reliefs,
leur étude et leur représentation), la climatologie, la végétation, l’hydrologie,
l’océanographie, … et aussi de plus en plus par l’influence de l’action de l’homme.

Les roches exogènes se forment par altération et destruction des roches


préexistantes affleurant dans les domaines continentaux soumis à l’altération
superficielle et aux différents processus érosifs.

Une partie minime des produits de cette altération peut demeurer sur place et
constituer les dépôts résiduels (argile rouge et les sols).

Toutefois la majeure partie des produits ameublis des produits d’altération


superficielle est transportée par le vent, les eaux courantes ou les glaciers vers les
parties déprimées des continents et finalement vers les mers et les océans.

2) PHENOMENES DE METEORISATION

2-1) Actions mécaniques

Elles sont généralement le fait des écarts de température. Elles provoquent la


désagrégation des roches. Cette désagrégation est souvent facilitée par la présence
de diaclases, de plans de schistosité ou de sédimentation, de microfissures, de
microinterstices…

Le gel est le principal agent de la désagrégation, même sous climat tempéré ; quand
les vides des roches sont imprégnées d’eau, il fait éclater ces dernières avec une
pression importante. C’est le phénomène de gélifraction.

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La désagrégation peut aussi être accentuée par la présence d’organismes,
notamment les plantes, qui, par leurs racines, agrandissent les fentes et disloquent
les blocs.

Dans l’ensemble, sous les actions mécaniques, les roches se fragmentent sous
diverses formes :

- la fragmentation par blocs anguleux ;

- la desquamation : elle se matérialise par l’écaillement des roches par plaques. Elle
atteint fréquemment les roches feuilletées (roches métamorphiques), mais elle
peut se manifester aussi sur les roches massives (granite, basalte) ;

- l’émiettement se trouve fréquemment dans les structures à grains, comme les


roches cristallines massives.

2-2) Altération

L’agent principal de la dissolution est l’eau, autrement dit le phénomène d’hydrolyse.


Elle concerne l’attaque des roches par des eaux pures ou chargées en CO2.

La molécule d’eau est globalement neutre au point de vue électronique. Cependant,


la disposition de deux atomes d’hydrogène sur un atome d’oxygène entraîne un
déséquilibre dans la répartition des charges. Une molécule d’eau isolée se comporte
donc comme un dipôle : positif d’un côté et négatif de l’autre. Les cations attirent le
côté négatif et les anions le côté positif.

Or cette force d’attraction dépend du potentiel ionique, rapport entre la charge (e) et
le rayon ionique (r) illustré pour les divers éléments chimiques par le diagramme de
GOLDSCHMIDT où on distingue trois domaines :

- le domaine des cations solubles (cations basiques) : e/r<3. Leur faible charge
attire les dipôles d’eau. Les cations sont entraînés avec les dipôles et entrent en
solution. C’est notamment le cas de Na (principal constituant de l’eau de mer), de
Ca et de Mg qui seront évacués vers les océans. Toutefois les cations qui ont une
très faible charge et un gros diamètre (e/r<1) ont moins d’attirance pour la
molécule d’eau (cations dits antistokes Cs, Rb, K). Ces cations ne s’hydratent pas.
De ce fait les cations antistokes, tel que K, entrent facilement dans les structures
minérales, ils sont beaucoup moins mobiles au cours de l’altération (K/Na=1/10
dans les eaux douces et 1/28,5 dans les eaux marines). C’est ce qui explique que
les feldspaths potassiques (orthose) soient moins altérables que les feldspaths
calcosodiques (plagioclases).

- le domaine des précipitations d’hydroxydes (hydrolysats) : 3<e/r<10. Les cations


sont plus attractifs, il y a rupture d’un « des bras » du dipôle et la paire
électronique se déplace vers l’ion. Ces cations précipitent alors à l’état

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d’hydroxydes insolubles à l’origine des gîtes métallifères résiduels (bauxites pour
l’aluminium).

- le domaine des oxyanions : e/r>10. Du fait du potentiel ionique élevé, l’ion


exerce une forte attraction sur O, provoque la rupture du dipôle et la libération
d’H+. C’est par exemple, le cas des carbonates CO32-, des sulfates SO42-, des
phosphates PO43-, et de SiO44-. Ces oxyanions solubles seront évacués aussi par les
eaux vers l’océan où ils se recombinent avec les cations solubles (Ca2+
principalement) pour donner les roches sédimentaires chimiques et biochimiques
(calcaires : Ca et carbonates, gypse : Ca et sulfates, apatite : Ca et phosphates…).

Du point de vue chimique, l’altération apparaît donc comme un processus de


ségrégation qui sépare une phase résiduelle (les hydrolysats) et une phase mobile
(cations et oxyanions solubles) tandis que la sédimentation chimique et
biochimique apparaît comme un processus de recombinaison entre ces deux
dernières catégories d’éléments.

Ces considérations expliquent que l’hydrolyse des minéraux les plus communs dans
les roches, les feldspaths (tectosilicates), conduit au départ du silicium et des
cations basiques, tandis que l’aluminium précipite.

Envisageons à titre d’exemple l’altération de l’orthose, feldspath potassique


Si3AlO8K.

Les premiers stades d’altération de l’orthose aboutissent à la formation de


minéraux argileux, l’illite ou, si le drainage est mauvais, la montmorillonite. La
réaction globale est la suivante :

Orthose + eau illite + silice + potassium (entrainé en solution)

Mais alors que dans l’orthose le rapport Si/Al=3, il devient égal à 2 dans l’illite d’où
le terme de bisiallitisation appliqué à ce processus. Il en est de même lorsqu’il se
forme de la montmorillonite dont la formule globale est voisine de
[(Si4)O10(Al1,7Mg0,3)(OH)2]nH2O.

Un stade plus poussé d’altération s’accompagne d’un lessivage plus important de


silice et l’on obtient généralement de la kaolinite suivant la réaction :

2Si3AlO8K + 11H2O Si2O5Al2(OH)4 + 4Si(OH)4 + 2K+ +2OH-

Dans la kaolinite le rapport Si/Al=1 : processus de monosiallitisation ou


kaolinisation.

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Dans le stade ultime, en climat tropical humide, toute la silice est lessivée. Il ne reste
qu’un hydroxyde d’aluminium, constituant utile de la bauxite, la gibbsite Al(OH) 3 dans
laquelle le rapport Si/Al=0. La réaction est la suivante :

Si3AlO8K + 8H2O Al(OH)3 + 3Si(OH)4 + K+ + OH-

Ce processus est appelé allitisation, mais comme le plus souvent, le produit


d’altération contient une certaine quantité de fer, on parle de ferrallitisation ou
latéritisation.

Le passage d’un stade à un autre est étroitement dépendant du climat.

2-3) Altération des roches : exemple du granite

Les granites, les granitoïdes et les gneiss ont un faciès d’altération qui varie en
fonction du climat. On peut distinguer deux types d’altération : le phénomène
d’arénisation et l’altération latéritique.

2-3-1) Le phénomène d’arénisation

C’est un phénomène d’altération du granite en zones tempérées. Il aboutit à la


formation d’une roche pourrie appelée arène. L’épaisseur de la partie altérée peut
atteindre quelques mètres et dans laquelle des boules de granite plus sain peuvent
avoir été épargnées.

Les constituants du granite (quartz, orthose, micas, plagioclases) subissent une


altération faible.

2-3-2) Altération latéritique

Le granite, sous un climat tropical, présente une altération très poussée sur
plusieurs dizaines de mètres. On distingue dans la frange altérée, la présence des
horizons dont les constituants proviennent du granite. De bas en haut, une coupe
verticale en zone tropicale montre :

- la zone de départ constituée par la roche mère au début d’altération ;

- une zone où le granite est peu cohérent, proche du faciès arénitique défini dans
les zones tempérées ;

- des horizons riches en argiles à kaolinite abondante. Les argiles proviennent de


l’altération modérée des feldspaths. Leur sommet argileux à kaolinite se termine
par une zone tachetée par les oxydes de fer ;

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- une zone beige lessivée caractérisée par l’absence de Ca, Na, K, par la présence
d’un peu de kaolinite et surtout par beaucoup de Al(OH)3 et Fe(OH)3. Cette zone
caractérisée par une hydrolyse intense des silicates constitue la cuirasse
latéritique ;

- au-dessus de cette cuirasse, le sol renferme des concrétions siliceuses.

(Schéma à réaliser en TD)

3) Transports

Les agents qui favorisent l’érosion et le transport sont la pesanteur, le vent, la glace
et l’eau.

3-1) Pesanteur

L’action de la pesanteur peut s’effectuer soit à l’air libre, soit dans l’eau (lac, mer).

Dans les reliefs jeunes, les éboulis peuvent avoir une ampleur considérable. Les
éboulements peuvent avoir lieu dans les terrains calcaires affectés de phénomènes
de karstification. Les glissements de terrains se produisent aussi dans les sédiments
gorgés d’eau par exemple comme les glissements sous-marins et sous-lacustres
(slumping).

3-2) Transport par le vent

L’action des vents est hautement sélective, soit dans la phase où ils recueillent des
particules solides, soit dans celle où ils transportent et les déposent. Les poussières
fines et les cendres volcaniques peuvent être emportées par une brise légère, mais
les vents proprement dits les soulèvent à grande altitude et peuvent les transporter
sur des milliers de kms. En revanche, le sable ne peut être soulevé que près du sol et
transporté dans le voisinage immédiat. Les petits galets de 3 à 4mm ne peuvent être
mis en mouvement que par des tempêtes et sont alors trainés brièvement à ras de
terre. Quant aux cailloux proprement dits, il est évident que rien ne peut les soulever.
C’est pourquoi, lorsque le vent souffle sur des territoires désertiques, il soulève du
sable et des poussières et laisse derrière lui les éléments lourds qui finissent par
former ce sol pavé de cailloux qu’on appelle le reg.

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3-3) Transport par la glace

Le glacier exerce une action d’érosion et de transport de détritus. Les glaciers ont une
activité de transport et de dépôt de matériaux divers plus évidente que celle
d’érosion. On appelle moraines ces matériaux charriés par les glaciers.

Contrairement aux cours d’eau, les glaciers n’opèrent pas un transport sélectif, car,
étant solides, ils sont en mesure de trainer également et en même temps des masses
énormes de fines poussières et des fragments rocheux, des formats les plus divers,
qui se trouveront tous déposés ensemble au moment de la fonte. De plus, ces
détritus seront plus ou moins émoussés, striés et fracturés, selon leur position dans
le corps du glacier et suivant la durée du transport.

3-4) Transport par l’eau

L’eau est l’agent principal de l’érosion, du transport et de la sédimentation des


particules. La matière génératrice des roches sédimentaires peut être transportée
sous trois formes :

- En particules assez grosses pour que leur dépôt puisse se faire conformément aux
lois de la pesanteur ;

- En particules colloïdales, ou métacolloïdales, capables de former des suspensions


stables ;

- Sous forme de solution.

Nous n’avons à nous occuper ici que des substances du 1 er groupe (en grains), car ce
sont les seules dont le sort soit essentiellement déterminé par le transport.

3-4-1) Mode de transport des matériaux

Les mouvements des particules individuelles peuvent être classés en quatre groupes :
traction, roulement, saltation et suspension.

3-4-1-1) Traction

Ce phénomène se produit rarement dans l’eau, mais il est fréquent dans le transport
par les glaciers et les coulées boueuses.

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3-4-1-2) Roulement

C’est un cas fréquent chez les sables et les galets. La forme d’une particule a un rôle
très important. Une particule bien usée, ronde, sera mise beaucoup plus facilement
en mouvement qu’une autre de même poids et de même volume mais aplatie. La
topographie du fond interviendra aussi, selon qu’elle sera lisse, rugueuse ou jalonnée
d’obstacles.

Dans l’ensemble les grains roulent moins vite que l’eau ne coule.

3-4-1-3) Saltation

Lorsque la turbulence atteint un certain degré, les particules commencent à se


déplacer par bonds désordonnés. Il arrive que les chocs des particules les unes sur les
autres peuvent être violents surtout lorsqu’il s’agit de galets, et contribuent à leur
usure.

3-4-1-4) Suspension

Elle est due aux mouvements turbulents. De nombreux paramètres interviennent


pour le transport en suspension tels que la densité, le volume et la forme des
particules. De même interviennent aussi la densité et la viscosité du liquide, la vitesse
du courant qui entretient la turbulence, la topographie du lit.

3-4-2) Action du transport sur les particules

Le rôle d’un agent de transport ne s’arrête pas uniquement au déplacement des


particules, mais surtout lorsqu’il s’agit de l’eau, il continue les actions destructives
d’altération et au total, il effectue une sélection minéralogique et mécanique des
éléments transportés. Les mécanismes mis en jeu au cours du déplacement d’un
matériel sédimentaire sont : la sélection minéralogique et l’usure des particules.

3-4-2-1) Sélection minéralogique

Au cours de leur déplacement par l’eau, les particules s’entrechoquent et se brisent.


Mais, au cours de ces collisions, les grains les plus tenaces résistent mieux que les
plus fragiles, qui finissent par être réduits en poussière. Par exemple, au cours du
transport des minéraux issus de l’altération du granite, les grains de quartz, à la fois
inaltérables et très durs, résistent et deviennent de plus en plus abondants.
Inversement, les feldspaths aisément altérables sont brisés, puis finalement réduits
en une farine qui passe dans le domaine des métacolloïdes. La présence de
feldspaths dans une roche détritique témoigne donc d’un transport court.

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3-4-2-2) Usure

Au cours de leur transport par un fluide, les particules subissent des chocs de la part
des autres éléments. Le résultat de ces actions est d’user ou encore d’arrondir le
grain de sable ou de caillou en le faisant parvenir à une forme proche de la sphère.

L’examen morphoscopique des galets et des grains de quartz permet d’évaluer


l’importance de l’usure et même d’avoir une idée sur la qualité de l’agent qui a
assuré le transport.

3-4-3) Equilibre entre érosion, transport et sédimentation

L’érosion, le transport et la sédimentation des particules sont fonction de la vitesse


du courant d’eau. HJÜLSTROM a établi expérimentalement les courbes d’équilibre
érosion-transport-sédimentation (Figure 1, Planche 2).

4) Sédimentation

4-1) Sédimentation des particules détritiques

Les phénomènes de sédimentation varient en fonction de la vitesse du courant, et la


granulométrie d’un sédiment est déterminée par les conditions dynamiques du
milieu au moment du dépôt.

Lorsqu’une suspension se décante, les matériaux les plus gros atteignent le fond
avant les plus fins. C’est pourquoi, dans les sédiments ainsi formés, on trouve les
matériaux les plus grossiers à la base du dépôt, et les plus menus dans sa partie
haute. C’est ce qu’on appelle le classement vertical progressif, ou granoclassement
ou encore graded bedding.

Dans les ensembles détritiques, chaque strate possède son propre classement
vertical.

Le classement vertical est d’autant plus régulier que le dépôt s’est opéré dans des
eaux plus profondes et plus calmes.

Lorsque la sédimentation s’opère dans des milieux lacustres ou marins affectés par
des courants, au classement vertical s’ajoute un classement horizontal.

Il faut rappeler que le volume total des matériaux détritiques déversés dans les mers
et les lacs, est de beaucoup supérieur à celui des substances apportées par les
rivières, à l’état de solutions. C’est la raison pour laquelle parmi les sédiments, les
roches détritiques prédominent.

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4-2) Sort des solutions

Les substances solubles sont d’abord lessivées par les eaux d’infiltration, sur le
continent, puis entrainées par les eaux courantes.

Dans l’ensemble, toutes ces substances se déversent finalement dans la mer et


contribuent à la salure de l’eau et aussi à la formation des roches chimiques ou
biochimiques.

5) Diagenèse

La diagenèse est l’ensemble des processus physiques et chimiques par lesquels un


sédiment nouvellement déposé se transforme en une roche consolidée et cohérente.

Lorsque l’on veut dire simplement qu’un sédiment meuble a durci, sans se soucier
des mécanismes mis en jeu, on emploie plutôt le terme de lapidification.

Les roches affectées par la diagenèse peuvent contenir deux sortes de minéraux :

- les minéraux détritiques venus d’ailleurs ;

- les minéraux authigènes formés sur place.

La diagenèse peut s’accomplir par quatre mécanismes différents les uns des autres
qui sont : la compaction, la cimentation, la recristallisation, et la métasomatose.

5-1) Compaction

C’est le processus mécanique ou physique fondamental. Il s’agit de la réduction du


volume massique du sédiment sous le poids croissant des dépôts qui le recouvrent.
Ce mécanisme conduit à la réduction de la porosité.

La compaction produit la chasse forcée de l’eau interstitielle et le réarrangement des


grains les uns par rapport aux autres, leurs surfaces de contact devenant plus
importantes.

La compaction est importante dans le cas de la transformation d’anciennes boues


gorgées d’eau en argiles, en pélites puis en schistes ardoisiers. Son premier effet est
de chasser l’eau interstitielle. Une fois l’eau disparue et les particules minérales et
colloïdales serrées les unes contre les autres, la roche est devenue imperméable. Son
retour à l’état de boue par absorption d’eau devient impossible.

5-2) Cimentation

C’est la modification diagénétique la plus commune. Elle consiste en un remplissage


des interstices entre les grains par un dépôt minéral. En effet, dans les sédiments

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détritiques grossiers, quel que soit leur état de compaction, il subsiste toujours des
vides importants entre les grains.

A partir des solutions interstitielles remplissant ces vides, des minéraux


diagénétiques authigènes peuvent cristalliser. C’est la cimentation qui transforme les
sédiments meubles en roches rigides et cohérentes. Elle peut se produire rapidement
au cours de la sédimentation ou plus tardivement. Les matériaux les plus fréquents
qui cimentent sont la calcite, la dolomite, la sidérite (FeCO3) et la silice. Ils peuvent
se former à partir du sédiment et de ses eaux interstitielles ou être introduits par des
solutions extérieures.

5-3) Recristallisation

C’est l’apparition de minéraux nouveaux. En ce cas, certains minéraux de la roche


primitive, sont dissous par les solutions interstitielles et la matière ainsi dissoute va
contribuer à nourrir d’autres cristaux, qui deviennent de plus en plus gros.
Finalement, la structure primitive du dépôt est complètement modifiée. On dit qu’il y
a eu recristallisation. Ce type de diagenèse se rencontre dans la plupart des calcaires.

La recristallisation caractérise aussi la transformation des sables en quartzites.

5-4) Métasomatose

C’est la transformation d’une roche avec apport extérieur. C’est une sorte
particulière de recristallisation. Ce sont des phénomènes de remplacement d’un
minéral par un autre de composition chimique différente avec ou sans changement
de forme (en ce cas, les solutions interstitielles sont venues d’ailleurs et n’ont pas la
même composition chimique que celles qui auraient normalement rempli les pores
de la roche).

On parle d’épigénisation d’un calcaire en dolomie (dolomitisation).

5-5) Principaux agents de la diagenèse

5-5-1) Pression

Elle joue un rôle essentiellement lors de la compaction qui rapproche les grains
minéraux, expulse et fait circuler l’eau de sédimentation. Aux points de contact entre
les grains, la pression est maximale ; due au poids des sédiments, elle est dite
lithostatique (2 à 3 bars pour 10 m de profondeur d’enfouissement). Dans les vides
entre les grains, seule règne la pression de l’eau, pression dite hydrostatique (environ
1 bar par 10m de profondeur).

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5-5-2) Température

Elle augmente avec l’enfouissement. Elle intervient par son rôle sur la solubilité de
certains ions (la silice est plus soluble à chaud) et sur les équilibres chimiques entre
les minéraux et les solutions qui les baignent. Elle agit sur la matière organique des
sédiments libérant une quantité notable de CO2 qui modifie le PH du milieu, donc la
capacité de dissolution de l’eau.

5-5-3) Circulations d’eau

Les circulations d’eau précoces ou tardives, entraînant des phénomènes d’altération


de minéraux, de précipitation de ciment ou encore de métasomatose.

5-5-4) Facteurs biologiques

Des facteurs biologiques, en particulier bactériens, semblent jouer un rôle dans les
stades précoces de la diagenèse (fermentation de la matière organique).

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CHAPITRE 2 : CLASSIFICATION DES ROCHES EXOGENES

Dans ce chapitre il sera question des roches issues de l’altération des roches
préexistantes, notamment des résidus solides qui sont demeurés sur place, qualifiés
de roches résiduelles, et celles qui ont subi les processus sédimentaires, donnant des
roches sédimentaires.

1) Roches résiduelles

Les roches résiduelles sont très nombreuses et leur genèse pose des problèmes
extrêmement complexes. Il faut non seulement tenir compte de la nature de la roche
mère, mais aussi de la diversité des conditions climatiques qui ont présidé à son
altération.

Il sera question surtout des formations résiduelles à consistance pierreuse,


autrement dit des véritables roches. Nous laisserons, par contre, de côté, l’étude des
formations résiduelles meubles, qui font partie de la grande famille des sols de
végétation. L’étude des sols fait l’objet d’une science, la pédologie.

Compte tenu de leur constitution minéralogique, les roches résiduelles peuvent être
réparties en deux grands groupes : celui des argiles résiduelles et celui des latérites.

1-1) Argiles résiduelles

Dans ces formations, les feldspaths des roches éruptives et métamorphiques tendent
à se transformer, d’une manière plus ou moins complète, en silicates hydroxylés
d’aluminium, autrement dit en argiles.

Suivant les cas, ces argiles résiduelles peuvent être, principalement, de la kaolinite,
de l’illite ou de la montmorillonite. Il est intéressant de comparer les valeurs du
rapport Si/Al dans le feldspath orthose et dans ces diverses argiles. Ces valeurs sont
données par le tableau ci-dessous :

Espèce minéralogique Rapport Si/Al


Orthose 3
Montmorillonite 2,35
Illite 2
Kaolinite 1

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On voit que l’altération des roches feldspathiques se traduit, au total, par un
appauvrissement en silice et par un enrichissement en aluminium. Dans cette suite, la
kaolinite représente le terme ultime de la dégradation argileuse.

1-2) Latérites

Le caractère distinctif des latérites est que l’altération des silicates y a été poussée
plus loin, jusqu’à la formation d’hydrates d’aluminium et d’hydrates de fer.

Les minéraux qui sont susceptibles de s’individualiser à la suite de cette dégradation


sont les suivants :

Minéraux essentiels des latérites


Gibbsite Al2O3. 3H2O
Minéraux alumineux Boehmite Al2O3. H2O
Diaspore Al2O3. H2O
Limonite Fe2O3. H2O
Minéraux ferriques
Goethite Fe2O3. H2O + Aq

Suivant la nature du minéral qui prédomine, on pourra avoir affaire soit à des
latérites alumineuses, soit à des latérites ferriques.

Les latérites essentiellement alumineuses sont aussi appelées des bauxites. Les
bauxites sont exploitées en tant que minerai d’aluminium.

2) Roches sédimentaires

La façon la plus simple de classifier les roches sédimentaires consiste à les regrouper
suivant la nature de la fraction qui dominait dans le dépôt d’origine. Nous allons ainsi
distinguer les roches d’origine détritique et les roches d’origine chimique.

Quelle que soit la fraction dominante d’une roche sédimentaire, les critères
d’identification sont fondés sur l’observation et éventuellement la mesure des
éléments constitutifs que sont les grains, la matrice qui les enveloppe et les vides
résiduels.

2-1) Caractères généraux des roches sédimentaires

2-1-1) Grains

Les critères généraux recherchés portent sur la taille et le classement des grains
(granulométrie) ainsi que sur leur forme (morphoscopie).

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En granulométrie on cherche à mesurer le diamètre des grains. L’échelle des tailles est
établie en fonction des dimensions des mailles des tamis utilisés pour la séparation
des éléments dans les roches meubles.

Les tailles sont groupées généralement en trois classes granulométriques :

- Les rudites, éléments en majorité plus grands que


2mm ;

- Les arénites, éléments en majorité compris entre


2mm et 62,5μm ;

- Les lutites, éléments en majorité plus petits que


62,5μm.

Dans chaque classe, des distinctions sont encore possibles :

- Lutites séparées en 2 groupes, silts et argiles ;

- Arénites ou sables, séparées en 5 groupes, de très


fin à très grossier ;

- Rudites, également séparées, mais seulement dans


le cas des roches meubles.

La morphoscopie vise à décrire la forme des grains caractérisée par leur arrondi et
leur sphéricité, par leurs caractères de surface observés sous la loupe binoculaire
(grains luisants ou mats plus ou moins émoussés ou anguleux) ou en microscopie
électronique.

2-1-2) Matrice

La matrice lie les grains entre eux (d’où le synonyme de liant). Ses éléments sont
essentiellement visibles au microscope, à l’œil nu ou à la loupe. Elle apparaît comme
une matrice amorphe plus ou moins dure et compacte.

En l’absence de matrice la roche est meuble.

2-1-3) Vides : porosité et perméabilité

La porosité est définie par le rapport entre le volume des vides et le volume total de la
roche.

Vol des vides*100/Vol total = Ø% (porosité en pourcent)

La perméabilité qui est la capacité d’une roche à se laisser traverser par un fluide, est
donnée par la loi de Darcy : Q = S*dP*K/μ*dX

K est en darcys si Q est le débit en cm3/s d’un fluide de viscosité μ en centipoises à


travers un échantillon dont S est la section en cm2, dX la longueur en cm et dP la
différence de pression en atmosphères entre les deux faces.

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2-2) Roches sédimentaires d’origine détritique

Ce sont toutes les roches formées par l’accumulation des débris arrachés par
l’érosion aux roches affleurantes, transportés à des distances variables et déposés
dans des zones de sédimentation. Elles peuvent se repartir en trois grandes
catégories qui correspondent aux trois classes granulométriques : rudites, arénites et
lutites.

Tableau I : Classification des roches sédimentaires détritiques (Wentworth)

Classe Diamètres (Ø) des


Roches meubles Roches consolidées
granulométrique Particules (mm)
Ø > 16 CAILLOUX
RUDITES 4 < Ø < 16 GRAVIERS conglomérats
2<Ø<4 GRANULES
1<Ø<2 Très grossier Très grossier
0.5 < Ø < 1 Grossier Grossier
ARENITES 0.25 < Ø < 0.5 Moyen Sables Moyen Grès
0.125 < Ø < 0.25 Fin Fin
0.0625< Ø < 0.125 Très fin Très fin
Siltites
0.0039< Ø < 0.0625 Silts
LUTITES (silstones)
Ø < 0.0039 Argiles Argilites

2-2-1) Rudites

La taille des galets va de 2mm à plusieurs décimètres. Les rudites meubles et surtout
consolidés forment des conglomérats qui se distinguent :

- suivant la forme :

 brèches à éléments anguleux

 poudingues à éléments arrondis

- suivant la nature pétrographique des éléments :

 conglomérats monogéniques avec des


galets appartenant à un seul type
pétrographique

Dr KESSE Touvalé Marcel, Enseignant à l’INP-HB (Département STeRMi) 16


 conglomérats polygéniques avec des
galets appartenant à plusieurs types
pétrographiques

- suivant la nature de la matrice : conglomérats


gréseux, argileux, calcaires.

2-2-2) Arénites

Les arénites sont subdivisés en cinq sous-classes, de très grossier à très fin. Les grains
sont essentiellement du quartz, des feldspaths, des débris de roche ; le quartz,
élément le plus résistant est généralement dominant.

Les arénites consolidés forment des grès. Certains d’entre eux ont été étiquetés.
Ceux qui se rencontrent le plus souvent :

- Arkose : grès dérivant de l’altération des granites et


des gneiss, pratiquement sans transport. Ils
renferment au moins 30% de feldspaths, souvent
plus, et des débris de roche peu altérée.

- Grauwacke ou graywacke : le plus souvent un grès


qui renferme outre du quartz et des feldspaths une
matrice de teinte foncée (grise) comprise de débris
de roche (en général basique), de minéraux
ferromagnésiens et de minéraux argileux. C’est une
roche qui dérive principalement de l’altération de
roches volcaniques basiques.

- Quartzite : grès à ciment siliceux.

- Psammite : grès riche en lamelles de mica, dit aussi


grès micacé.

2-2-3) Lutites

Dans cette classe, entrent toutes les roches siliceuses terrigènes composées
essentiellement de grains plus petits que 62.5μm, discernables seulement au
microscope.

Les lutites meubles sont les silts et les argiles. Les lutites consolidés sont les siltites et
les argilites (shales). Les lutites sont également désignés par le terme pélites.

2-3) Roches sédimentaires d’origine chimique et biochimique

Les roches sédimentaires d’origine chimique et biochimique sont des dépôts


consolidés formés principalement de substances précipitées par voie chimique ou par
l’activité des organismes.

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Elles sont regroupées selon leur composition : roches carbonatées, roches siliceuses,
roches ferrifères, évaporites, roches phosphatées et roches carbonées.

2-3-1) Roches carbonatées

On distingue deux groupes principaux de roches sédimentaires carbonatées : les


calcaires et les dolomies. Les calcaires contiennent au moins 50% de calcite, CaCO 3.
Ils font effervescence à froid sous l’action d’un acide dilué (HCl à 10%). Les dolomies
contiennent au moins 50% de dolomite, CaMg(CO3)2. Elles ne réagissent pas aux
acides à froid. Les roches carbonatées peuvent contenir des impuretés comme des
grains de sable, des silts, des argiles, etc.

Les roches carbonatées, en particulier les calcaires, sont très vulnérables à la


dissolution chimique.

2-3-2) Roches siliceuses

Les roches siliceuses contiennent plus de 50% de silice. La silice des eaux naturelles
provient en grande partie des continents, d’où elle est libérée par altération. Les
apports d’origine volcanique sont faibles. Dans les eaux naturelles, la teneur en silice
dissoute, H4SiO4, est faible : inférieure à 1 ppm pour l’eau de mer profonde, et
voisine de 13 ppm pour l’eau des fleuves. La genèse de la plupart des roches
siliceuses sédimentaires passe par des organismes qui fixent la silice dissoute.

Voici les principales roches siliceuses :

- les diatomites sont des roches claires, légères et


poreuses, formées entièrement ou presque de tests
d’algues unicellulaires marines ou lacustres dont la
taille varie entre 0.02 et 0.3mm ;

- les radiolarites sont des jaspes formés par


accumulation de tests siliceux de micro-organismes
(boues à radiolaires). Les radiolarites sont
généralement colorées en rouge par des oxydes de
fer ;

- les lydiennes sont des jaspes à radiolaires, colorés


en gris ou en noir par des matières charbonneuses ;

- les spongolites sont des roches siliceuses formées


de spicules d’éponges (souvent en opale) cimentées
par de l’opale et de la calcédoine, avec des traces de
calcaire et d’argile.

L’on retrouve dans ce groupe les cherts qui regroupent les chailles, les silex, les
silexites et les jaspes.

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2-3-3) Roches ferrifères

Les roches ferrifères sont formées par précipitation d’hydroxydes de fer à partir de
solutions ferrugineuses.

2-3-4) Evaporites

Les évaporites, comme leur nom l’indique, naissent par évaporation intense de l’eau
de mer. A partir d’une solution donnée, les minéraux se cristallisent selon l’ordre
suivant :

- le gypse (CaSO4, 2H2O)

- l’anhydrite CaSO4

- la halite ou sel gemme, NaCl

- la carnallite (KMgCl3, 6H2O)

- la sylvite, KCl

2-3-5) Roches phosphatées

Les roches phosphatées contiennent des minéraux phosphatés sous forme amorphe
ou cryptocristalline. Les roches phosphatées se forment sur le plateau continental.

Les roches phosphatées servent à la fabrication d’engrais. La teneur en phosphore est


généralement exprimée en phosphate, P2O5.

2-3-6) Roches carbonées

Les roches carbonées sont essentiellement constituées de composés du carbone


organique.

On distingue principalement les charbons (houilles, lignites, tourbes) et les huiles


minérales (pétroles).

2-3-6-1) Charbons

Le charbon est une roche sédimentaire stratifiée, servant de combustible, et


essentiellement composée de débris de végétaux. Ces débris ont subi une évolution
complexe avec enrichissement en carbone, déshydratation et appauvrissement en
matières volatiles (H et O).

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Les charbons se forment en eau peu profonde. Les principales catégories de charbons
sont :

- la tourbe, 55% de C, légère et brune. Elle set


employée comme amendement organique dans les
jardins ;

- le lignite, 70 à 75% de C ;

- la houille, 85% de C ;

- l’anthracite, la roche la plus riche en carbone avec


une teneur de 92 à 95%.

Le graphite est le terme ultime de l’évolution des charbons et il est dû au


métamorphisme.

2-3-6-2) Pétroles

Les pétroles sont des mélanges complexes de différents hydrocarbures, formés par la
décomposition d’animaux et végétaux microscopiques déposés avec du sable et de la
boue dans les eaux marines.

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CHAPITRE 3 : LES ENVIRONNEMENTS DE DEPÖTS

Le dépôt des produits de l’altération et de l’érosion peut se faire sur les continents ou plus
fréquemment dans les océans.

1) LA SEDIMENTATION CONTINENTALE

La sédimentation continentale s’effectue dans les dépressions de la surface


topographique. On distingue une sédimentation en milieu aquatique d’eau douce
(lacs, rivières) et une autre en milieu sec. Dans l’un ou l’autre cas, la nature des
matériaux déposés va dépendre étroitement de l’environnement immédiat du lieu de
dépôt c’est-à-dire de la morphologie de la région, de la nature des roches
environnantes et du climat.

1-1) Les environnements glaciaires

Les principaux dépôts glaciaires résultent essentiellement d’actions mécaniques


(désagrégation physique) et constituent une accumulation de fragments rocheux et
grains minéraux de toutes tailles, des blocs géants aux poussières les plus fines
(farine de roche) arrachés au substrat.

Les particules sont le plus souvent argileuses, hétérogènes et mal classées,


fréquemment striées, poinçonnées ou brisées par les forces de frottement et de
pression.

Les sédiments strictement glaciaires constituent des moraines.

1-2) La sédimentation éolienne (Les déserts)

Lorsque l’énergie du vent faiblit les particules qu’il transporte se déposent, formant
des édifices susceptibles d’être remis en mouvement s’ils ne sont pas fixés par la
végétation. Les principaux dépôts éoliens sont les sables, les poussières, les loess et
les cendres volcaniques.
a) Edifices sableux ou dunes
La nature du sable qui constitue les dunes, édifices éoliens hauts de quelques mètres
à plus de 100 m, est généralement un sable siliceux formé de grains de quartz.

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A l’origine d’une dune se trouve un obstacle (relief, végétation) qui ralentit la vitesse
du vent, provoquant à l’aval le dépôt des grains de sable.
La forme élémentaire qui en résulte est une barkhane dont la convexité est tournée
vers le vent. Les barkhanes, très fréquentes dans les déserts chauds, progressent de
plusieurs mètres par an à condition que la direction du vent demeure constante.
b) Les poussières
Alors que le vent ne mobilise chaque année au Sahara que 10 à 20 millions de tonnes
de sable, c’est 60 à 200 millions de tonnes de poussières qu’il est susceptible
d’exporter. Ces poussières sont aspirées lors de tempêtes désertiques par un
mouvement cyclonique très violent et demeurent pendant plusieurs semaines, voire
plusieurs mois, en suspension dans l’air sous forme de nuages de poussières ou
lithométéores.
c) Loess (ǿ < 62.5μm)
Les chutes de poussières participent ainsi à la formation des croûtes et des sols. A
l’échelle de plusieurs dizaines de millénaires, ces dépôts de poussières représentent
une épaisseur de plusieurs mètres d’une poudre jaunâtre : le lœss.
d) Cendres volcaniques
Le vent transporte aussi des cendres (en réalité poussières) volcaniques. Après une
éruption volcanique les cendres peuvent rester dans l’atmosphère durant plusieurs
années et retomber dans le monde entier.

1-3) Les lacs

Les lacs sont des étendues d’eau sans communication avec la mer.

On appelle généralement étangs, des lacs peu profonds plus ou moins envahis par la
végétation.

Quant aux lagunes, ce sont des étendues d’eau en relation temporaire ou


permanente avec la mer.

1-3-1) La sédimentation lacustre actuelle

a) Origine détritique
Les matériaux sont apportés par les fleuves qui se jettent dans les lacs. Les sédiments
lacustres détritiques sont des sables, des galets et des vases (sédiments meubles
gorgés d’eau à éléments très fins (argiles, limons, sablons) + colloïdes biologiques).

b) Origine chimique
Ce sont principalement les dépôts salins : chlorures et bromures de sodium, de
potassium et de magnésium.

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c) Origine organique
Les plantes herbacées et le plancton se déposent après la mort. Si la matière
organique se décompose à l’abri de l’air, elle évolue par processus de carbonisation
soit vers les hydrocarbures et le kérogène soit vers les tourbes.

1-3-2) Les dépôts lacustres anciens

Il y a une grande variété et on peut citer :


- les formations détritiques sableuses ou sablo-argileuses ;
- les formations carbonées : houille (85% de C) ;
- les diatomites : formations siliceuses de lacs de régions volcaniques ;
- les calcaires lacustres.

1-4) Les rivières et fleuves

Les fleuves constituent par leur nombre élevé et leur vaste distribution à la surface
du globe terrestre, les principaux agents responsables de la collecte des particules
détritiques issues de l’altération, puis de leur transport jusque dans les bassins
lacustres et marins.
L’extension latérale des dépôts fluviaux n’est importante que dans les plaines
alluviales aux reliefs aplanis et dans certaines plaines côtières. La fossilisation des
sédiments fluviatiles est favorisée dans les zones de fortes subsidences et
accumulations, comme en bordure des océans en expansion ou dans des bassins
versants intramontagneux bordés de failles.
L’abondance des faciès sableux, l’hétérogénéité lithologique fréquente et les
accumulations organiques dans les dépôts fluviatiles, les prédisposent au piégeage
des hydrocarbures, à l’existence des sites uranifères et des gisements de charbons.

Les mécanismes de dépôt fluviatile dans les zones chenalisées dépendent de la


vitesse et de la turbulence des eaux exportées vers l’aval. Le maximum de vélocité et
de turbulence s’observe dans les très petits fonds et en rive concave où prédominent
les phénomènes d’érosion. En revanche la sédimentation s’effectue surtout dans les
creux et en bordure des rives concaves où les flux sont plus lents et laminaires.

En période de crue, les dépôts s’effectuent par des unités reçues dans les plaines
alluviales.
Un autre mécanisme de dépôt est représenté par l’abandon des chenaux principaux
ou secondaires, et les dépôts de crue sur bordures des méandres. Les chenaux
abandonnés sont caractérisés par la présence de sédiments grossiers, souvent
recouverts de dépôts d’inondation plus fins, voire des sols.

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2) MILIEUX MIXTES

A leur arrivée dans un lac ou dans la mer les cours d’eau présentent deux types
d’embouchures : les estuaires et les deltas.
Les estuaires se rencontrent dans les mers à courants côtiers et à courants de marée
importants et les deltas dans les lacs et les mers à marées de faible amplitude, ou
lorsque la charge du cours d’eau est très importante.
La distinction n’a rien d’absolu, il existe des intermédiaires, et on observe parfois une
évolution d’un type vers l’autre en fonction des variations du niveau de la mer et de
l’importance de la charge.

2-1) Estuaires

Outre les substances en solution, les fleuves apportent à la mer des quantités
importantes de sables, de boues, voire de galets lorsque leur régime est torrentiel. A
leur embouchure, par suite de la diminution de la vitesse du courant et de la
différence de densité entre les eaux douces et marines, les sables et les silts en
suspension se déposent. Cette sédimentation encombre l’estuaire des grands
fleuves, ce qui provoque un bouchon vaseux. Le dépôt essentiel des estuaires est la
vase. C’est un sédiment complexe qui comprend une phase minérale, constituée
surtout par des poudres et du sable quartzeux ou calcaire venus du fleuve et de la
mer ; et une phase colloïdale qui sert de liant à la précédente. Cette phase est
constituée de 5 à 10% de matières organiques venant du continent (pollen, humus)
ou de la mer (diatomées, algues), et de fer (dans les régions tropicales riches en
latérites) sous forme d’hydroxydes et de sulfures (pyrite).

La vase, sous sa forme naturelle, se présente comme un ensemble visqueux et


homogène de couleur variée, en général noire. Une de ses propriétés est la
thixotropie, c’est-à-dire la possibilité de se liquéfier brutalement sous l’effet d’une
agitation mécanique.

2-2) Deltas (figure )

Un delta est une terminaison de rivière dans la mer ou dans un lac, où le cours d’eau
se divise en plusieurs bras dans une zone où la sédimentation est importante.
Morphologiquement, un delta comprend de l’amont à l’aval :
- une plaine deltaïque subaérienne qui s’arrête à la ligne de
côte où elle se prolonge par :
- un delta front (ou front de delta), zone bordière peu profonde
qui peut aller jusqu’à 50km en mer ;
- un talus deltaïque ou pro-delta, affecté d’une pente de 1à
10%, qui se raccorde au plateau continental.

Généralement, la sédimentation deltaïque où prédominent stratifications obliques et


entrecroisées est formée d’un empilement de séquences de corps sableux surmontés
par des argiles. Le fort potentiel en hydrocarbures des dépôts deltaïques a pour
origine :

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- les alternances très épaisses de sables et argiles, disposition
favorable à la formation de réservoirs ;
- les apports importants de sels nutritifs par les fleuves qui
engendrent une très forte productivité biologique. C’est la plus
élevée à la surface de la terre ;
- la sédimentation rapide qui permet le piégeage et la
préservation de la matière organique en milieu anaérobie, et
favorise son évolution en kérogène.
2-3) Lagunes (Travail de recherche)

3) SEDIMENTATION MARINE

3-1) Caractères du milieu marin


3-1-1) Morphologie sous-marine et milieux de vie

Les entités majeures de la morphologie sous-marine sont :


- le plateau continental qui est la prolongation
naturelle des terres émergées et le siège de
courants homogènes, bien définis et permanents, la
zone littorale au contact entre mer et continent ;
c’est une zone plane, légèrement incliné vers la mer,
large en moyenne de 80 kms, profonde de 200 m
tout au plus ;
- le talus continental : large de 45 kms en moyenne et
dont la profondeur va de 200 m à 4000 m avec une
pente de 5%. La rupture de pente est souvent
accompagnée par un changement de régime de
courants qui deviennent généraux et longitudinaux
vers le large ;
- les grands fonds (bassin océanique) : ils sont
caractérisés par une mobilité relativement plus
faible des eaux.
La répartition des éléments issus du continent s’effectue par des courants variables
en intensité. Leur sédimentation dépendra donc essentiellement du type
d’écoulement caractérisant le courant (laminaire ou turbulent).

Dans la topographie sous-marine, on décèle des chenaux d’écoulements profonds


appelés vallées sous-marines et canyons sous-marins. La première citée est la
prolongation évidente du réseau hydrographique continental.

La mer est source de vie que l’on rencontre sous toutes ses formes. On distingue :
- le plancton : ensemble des organismes (animaux et
végétaux) vivant dans la tranche d’eau superficielle
pénétrée par les rayonnements lumineux et
généralement plus chauds ; ils flottent dans l’eau
sans nager ;

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-le necton : ensemble des animaux nageurs tels que
les poissons et les mammifères marins. Ils abondent
en profondeur ;
- le benthos : ensemble des organismes fixés ou non,
vivant sur le fond.
3-1-2) Les agents marins de transport

3-1-2-1) Les marées et courants de marée

Le système terre lune est soumis à un ensemble de forces résultant de leur attraction
réciproque, de leur vitesse de rotation et de la gravité. Les variations de forces
provoquent une oscillation périodique des masses d’eau appelée marée. Le
déplacement général des eaux et les courants locaux qui y sont associés sont
généralement turbulents et provoquent une érosion et une mise en suspension des
particules minérales. Le résultat essentiel des mouvements liés aux marées est la
répartition uniforme des matériaux dans la zone littorale, entre les niveaux des
hautes eaux et des basses eaux.

3-1-2-2) Les vagues

Les masses d’eau qui se déplacent lors des marées sont animées de mouvements
ondulatoires ou vague ou houle. Elles naissent à la suite de forces de frottement
entre l’atmosphère en mouvement (vent) et la surface de l’eau. Un séisme peut
provoquer la formation de vagues rapides et puissantes (raz de marées). Dans la zone
de brisance (où la vague meurt), les vagues sont un agent géologique d’érosion et de
transport.

3-1-2-3) Les courants


On distingue :
- les courants littoraux : courants de mers peu
profondes qui agissent de manière semblable à celle
des courants fluviatiles ;
- les courants océaniques : sont beaucoup plus
étendus et sont liés à des mouvements généraux
des masses océaniques et sont directement
associables au régime des vents ;
- les courants ascendants « d’upwelling » : sont les
apports d’eaux profondes plus froides par ascension
vers la surface près des côtes.

3-2) La sédimentation néritique (littoral et plate-forme)

3-2-1) La sédimentation détritique

Les matériaux détritiques proviennent surtout des cours d’eau, du déblaiement des
formations superficielles, de l’érosion des côtes et des fonds marins. Ils sont usés et

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calibrés par l’action des vagues et répartis par la dérive littorale et les courants de
marée.
Les matériaux détritiques sont compris depuis les blocs jusqu’aux minéraux argileux
en passant par les galets, les graviers et sables.
- Blocs :  > 256mm ( : diamètre)
- Gros galets : 64mm <  < 256mm
- Petits galets : 4mm <  < 64mm
- Granule : 2mm <  < 4mm
- Sable : 0.0625mm <  < 2mm
- Silt : 0.0039mm <  < 0.0625mm (invisible à l’œil nu)
- Argile :  < 0.0039mm

a) Sédiments de rivage (partie du littoral soumise à l’action des


marées)
La résultante générale des mouvements de la mer est dirigée vers les côtes. Les blocs
et galets offrent une grande variété lithologique. La mer rejette ainsi les fragments
empruntés aux éboulis des falaises, aux formations résiduelles continentales, mais
également ceux apportés par les torrents côtiers. Les sables marins, beaucoup plus
fréquents que les galets, sont formés de minéraux détritiques résistants et de petits
fragments de coquilles.
Suivant les dimensions croissantes des grains, on distingue les lutites (argiles et silts),
les arénites (sablons et sables) et les rudites (graviers, galets et blocs).
Les vases littorales sont variées. Elles sont semblables aux vases estuariennes.

b) Les plages
Ce sont des formes d’accumulation de sables ou de galets. Les sables fins qui les
constituent ne viennent pas de la côte, mais sont généralement apportés par les
fleuves.
La plupart du temps les sables des plages sont quartzeux, mais ils peuvent être
calcaires (foraminifères, oolithes), glauconieux (minéraux argileux à faible teneur en
Fe3+), phosphatés ou enrichis en minéraux lourds (rutile, ilménite) ou précieux
(diamants) et constitués de véritables placers (alluvions riches en Or ou pierres
précieuses).
En climat tropical, dans la zone de contact entre l’eau douce et l’eau de mer, le CaCO 3
précipite sous forme d’aragonite (CaCO3 orthorhombique, forme instable) et cimente
les grains de sable pour former un grès de plage.

3-2-2) la sédimentation carbonatée

Elle est due à l’accumulation de restes d’organismes calcaires particulièrement


abondants sur le plateau continental (sédiments bioclastiques ou organogènes).
Certains sédiments carbonatés proviennent du dépôt d’une vase micritique, d’autres
plus rarement, de la précipitation de CaCO3 ou de CaMg(CO3)2.
a) Calcaires chimiques et biochimiques
Ils sont représentés par les sables oolithiques. Les oolithes sont généralement
aragonitiques. On considère qu’elles ont une origine physico-chimique : précipitation
de CaCO3 dans la tranche superficielle (0 à 2m) d’eau chaude et agitée.

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b) Calcaires d’accumulation
Les sédiments calcaires bioclastiques viennent de l’accumulation de tests et de
coquilles souvent brisées (bioclastes) dans une matrice de poudre fine (micrite).
Lorsque les coquilles se déposent sur place, sans transport, c’est une biocénose.
Lorsque leur accumulation est consécutive à un transport (bancs et cordons), c’est
une symmigie.
Fossilisés, les dépôts bioclastiques forment des faluns lorsqu’ils sont demeurés
meubles ou des lumachelles après cimentation par la diagenèse.

c) Calcaires construits
Aux sédiments dus à l’accumulation d’organismes morts s’opposent les calcaires
construits. Les animaux constructeurs et les algues incrustantes jouent un rôle
originel dans la sédimentation littorale.
Les édifices sont constitués de sécrétions des animaux et d’algues incrustantes
auxquelles les sables viennent s’ajouter en comblant les structures caverneuses.
Quand les organismes restent meubles au lieu de s’agglomérer, ils constituent des
dépôts particuliers : maërl.
Les principaux organismes constructeurs sont les coraux.
*1 Conditions d’établissement des récifs coralliens actuels
- La température de l’eau est supérieure à 18°C et
l’optimum se situe vers 25 à 30°C.
- La lumière est nécessaire.
- Profondeur limitée à 30 ou 40m.
- Les eaux doivent être agitées et limpides.
- La salinité  27%0.
*2 Types de récifs (travail de recherche)

3-2-3) La sédimentation évaporitique

L’isolement temporaire d’étendues d’eau de mer dans des lagunes conduit, par
évaporation à la précipitation des sels dissous. Ceux-ci se déposent dans l’ordre
inverse de leur solubilité :
- gypse (CaSO4, H2O) ;
- halite ou sel gemme (NaCl);
- chlorure de potassium (KCl).

3-2-4) La sédimentation organique siliceuse

Les sédiments organiques siliceux sont beaucoup moins fréquents que les sédiments
carbonatés dans les mers néritiques, sauf dans les mers froides où la précipitation de
CaCO3 est ralentie et où les diatomées prolifèrent.

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3-2-5) La sédimentation authigène

Certains minéraux tels les phosphates, la glauconie et des minéraux argileux


néoformés (smectites, sépiolite, attapulgite) peuvent apparaître dans les sédiments
néritiques. En particulier les grains de glauconie se forment généralement dans un
milieu micro-réducteur, dû à la décomposition d’organismes, dans le milieu agité et
oxydant du plateau continental des mers chaudes, entre 50 et 200m de profondeur.

3-3) La sédimentation turbiditique : domaine du talus et du glacis

A cause de la pente relativement forte, 4 à 5° en moyenne, mais qui parfois peut


atteindre la verticalité et de l’importance de la dénivellation (2000 à 4000m), le talus
continental et le glacis qui le prolonge vers 5000m sont le siège d’une grande
instabilité sédimentaire.

Lorsqu’un mouvement de terrain se produit sous l’eau, les matériaux se mélangent à


l’eau et provoquent une augmentation de sa densité par rapport aux masses d’eau
environnantes. Cette eau boueuse glisse sur le fond avec parfois beaucoup d’énergie
et une grande vitesse. Il se crée ainsi un courant appelé courant de densité ou
courant de turbidité, qui glisse sur le fond océanique par gravité et dont la vitesse
peut atteindre 100km/h. Les courants de turbidité peuvent se former à la suite d’un
tremblement de terre. Les courants de turbidité constituent donc un agent de
transport considérable, qui amène des matériaux déposés à proximité des côtes
jusque dans les profondeurs abyssales. Ils sont aussi responsables de l’érosion des
canyons sous-marins.

Lorsque le courant de turbidité perd de sa vitesse en arrivant dans les grandes


profondeurs, les particules en suspension se déposent par ordre décroissant de taille.
Il se crée ainsi un granoclassement vertical, c’est-à-dire un sédiment qui présente une
diminution progressive de la taille des grains, de la base vers le sommet. De tels
sédiments forment des Turbidites, qui sont des couches de sédiments détritiques
déposés en une seule fois par un courant de turbidité. Leur épaisseur est de l’ordre
de quelques centimètres, parfois d’un ou deux mètres, rarement plus.

3-4) La sédimentation pélagique : domaine des bassins et des fosses


océaniques

Si l’on excepte la sédimentation spasmodique (intense et passagère) due aux


courants de turbidité, seules les particules transportées en suspension parviennent
au grand large : poussières, cendres volcaniques apportées par le vent, colloïdes et
argiles venus des fleuves et des côtes et dispersés par les courants. L’essentiel de la
sédimentation des mers profondes est formé de boues constituées par des éléments
minéraux et des squelettes de micro-organismes. C’est la sédimentation pélagique ou
abyssale.
Les boues calcaires sont formées par le dépôt du squelette calcaire d’organismes
planctoniques. Ces boues n’existent pas dans la zone des dépôts terrigènes où les
squelettes sont dispersés au milieu des sables et des argiles. Elles ne se sédimentent

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pas non plus aux très grandes profondeurs car au cours de leur lente descente, les
tests se dissolvent. En effet au fur et à mesure que la température diminue et que la
pression augmente, la teneur en CO2 s’élève et la dissolution s’accélère. Le niveau, à
partir duquel la dissolution augmente brusquement est appelé lysocline. Celui où la
dissolution est totale est le niveau de compensation des carbonates (NCC) ou (CCD:
calcite compensation depth). Le NCC situé vers 5000m dans l’Atlantique est moins
profonde dans le Pacifique (4200-4500m).

Parmi les boues calcaires, on distingue :


- les boues à foraminifères : elles contiennent 30 à
90% de CaCO3 ;
- les boues à nannofossiles calcaires composées
essentiellement de coccolites (végétaux fossiles).
Plus petits que les foraminifères ;
- les boues à Ptéropodes et Hétéropodes,
Gastéropodes planctoniques à coquilles
aragonitiques plus solubles que celles en calcite,
fragiles et de dimensions variables (0.05 à 10mm) ne
dépassent pas 2000m.

Les boues siliceuses sont constituées par les restes d’organismes planctoniques à
tests siliceux végétaux (Diatomées) ou animaux (Radiolaires).
La sous-saturation des eaux superficielles en silice (1 ppm alors que la solubilité peut
atteindre 120 ppm) entraîne une dissolution intense de la silice à faible profondeur.
Par contre, la solubilité de la silice diminue lorsque la température s’abaisse et que la
pression augmente, si bien qu’en dessous de la CCD ou NCC, la sédimentation
siliceuse prévaut à condition que la productivité importante ait permis aux tests de
franchir la zone de dissolution superficielle.

Parmi les boues siliceuses, on a :


- les boues à diatomées, prédominent dans les mers
froides (Pacifique Nord) ;
- les boues à Radiolaires, dans une ceinture
équatoriale bien représentée dans le Pacifique.
Localement les zones d’upwelling (courant d’eau
remontant en surface) favorisant la sédimentation.

Les boues argileuses constituées par l’accumulation de minéraux des argiles.


Les vases organiques noires se déposent en milieu confiné réducteur comme dans les
rifts ou dans les bassins plus vastes à sédimentation calcaire et détritique faible (Mer
Noire). Ces vases noires deviennent par diagenèse des roches mères du pétrole.
Aux grandes profondeurs, on rencontre :
- l’argile rouge des grands fonds, sédiments de
couleur rouge brun, composé de minéraux d’argile
(85%) ; de poussières volcaniques ou cendres
volcaniques.

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- Les nodules polymétalliques, formés principalement
d’oxydes et de sulfures de cuivre, de nickel et de
manganèse.

D’autres sédiments océaniques sont plus localisés ou bien dispersés dans les autres
dépôts si bien, qu’ils ne sont pas lithologiquement exprimés. Citons :
- les sédiments hydrothermaux au niveau des rides
médio-océaniques. Ce sont essentiellement des
sulfures et des oxydes métalliques (Fe, Mn, Cu, Cr,
Pb, Zn…) qui forment des encroûtements et des
édifices locaux ou participent à la genèse des
nodules polymétalliques.
- Les poussières volcaniques transportées par le vent
dont l’accumulation constitue des pyroclastes.
- Les poussières désertiques.
- Les sédiments glacio-marins libérés par la fusion des
glaces.
La vitesse de sédimentation pélagique est très variable, généralement comprise entre
1mm et 10cm par 1000 ans.

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PLANCHE 1

FIG.1 : Diagramme de Goldschmidt

FIG.2 : nature minéralogique et épaisseur du manteau d’altération superficielle


en fonction de la latitude

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PLANCHE 2

FIG. 1 : Diagramme érosion–transport-sédimentation


(D’après Hjulström).

FIG. 2: Courbes de dissolution des tests calcaires et siliceux.

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