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Université d’Antananarivo

Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie


Département Economie - Troisième Cycle

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du


Diplôme d’études supérieures spécialisées Multidisciplinaire en
Gestion des Risques et des Catastrophes

Adaptation aux conséquences des changements de


l’environnement : cas des riverains du lac Itasy

Présenté par : Mr Tolojanahary Robivelo ANDRIANALIZAH

Soutenu publiquement le : 09 septembre 2013


Pré
Président : Eddy RASOLOMANANA
Examinateur : Julien SALAVA

Encadreur pédagogique : Dr Fano ANDRIAMAHEFAZAFY


Remerciements

Mes premiers remerciements reviennent avant tout à Dieu sans qui rien de tout ceci
n’aurait été possible.

J’exprime toute ma gratitude au Docteur Tiana Mahefasoa RANDRIANARIJAONA,


Directeur de DMGRC (Diplôme d’études spécialisées Multidisciplinaire en Gestion des
Risques et des Catastrophes) de m’avoir permis de participer à la formation.

Je tiens aussi à remercier spécialement le Docteur Fano ANDRIAMAHEFAZAFY, mon


encadreur pédagogique, qui m’a été d’une grande aide dans l’élaboration de ce mémoire à
travers ses conseils éclairés.

Un grand merci également à tous les professeurs de la formation qui n’ont pas ménagé leurs
efforts pour nous partager leurs connaissances et leurs expériences.

J’exprime aussi ma gratitude à ces personnalités de la région de l’Itasy pour leur accueil et
leur dévouement malgré leur agenda chargé :

• Mr Davida Rivosoa RAZANADRAKOTO, Directeur régional du développement rural


de l’Itasy
• Mr Tojoharivelo RAKOTOMALALA, Directeur régional de la pêche et des
ressources halieutiques de l’Itasy
• Mr Edmond RANDRIANARIMALALA, Pisciculteur et Président de la Visti
Vovonana iofanana sy ampianarana ny trondro – Itasy
• Le personnel du programme BVPI Itasy
• Le personnel de la Direction régional de la pêche et des ressources halieutiques de
l’Itasy

I
Liste des sigles et abréviations

AUE : Association des usagers de l’eau

BVPI : Bassins versants périmètres irrigués

CNRE : Centre national de recherche sur l’environnement

CU : Commune urbaine

DRDR : Direction régionale du développement rural

DRPH : Direction régionale de la pêche et des ressources halieutiques

Gerem : Gestion des espaces ruraux et environnement à Madagascar

GRC : Gestion des risques et des catastrophes

IRD : Institut de recherche pour le développement

OP : Organisation paysanne

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PTF : Partenaire technique et financier

PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

RRC : Réduction des risques de catastrophes

SCV : Sur couverture végétale

SRA : Système de riziculture amélioré

SRI : Système de riziculture intensif

SWOT : Strength Weakness Opportunity Threat

Visti : Vovonana iofanana sy ampianarana ny trondro – Itasy

II
Sommaire

Introduction

Partie I Mise en situation


Chapitre 1 Rappel théorique et concepts
1 Concept GRC et RRC
2 Recul de la surface du lac
3 Formes d’érosion autour des lacs à Madagascar
Chapitre 2 Présentation du Lac Itasy
1 Localisation
2 Description

Partie II Méthodologie
Chapitre 1 Grille d’analyse
1 Agriculture
2 Pêche
Chapitre 2 Choix du site de descente
1 Monographie de la commune rurale de Manazary
2 Déroulement de l’enquête et difficultés rencontrées
Chapitre 3 Premières constatations
1 Augmentation de la production agricole
2 Importance des interventions étatiques

Partie III Résultats


Chapitre 1 Volet agricole
1 Utilisation de nouvelles techniques de production
2 Maitrise de l’eau
3 Protection des bassins versants
Chapitre 2 Volet halieutique
1 Gestion des ressources
2 Pisciculture

III
3 Les actions prioritaires définies des autorités étatiques
4 L’adaptation, source d’opportunités pour la filière halieutique

Conclusion

IV
Introduction

Madagascar est un pays dont la plupart de la population vit en milieu rural. Les
activités sont étroitement liées aux ressources naturelles présentes dans chacune des régions
qui composent l’île. Le problème c’est que le pays fait face à une dégradation progressive de
son environnement.

Entre le recul des forêts et les changements d’ordre climatique, la pauvreté qui touche l’île
depuis plusieurs décennies (Madagascar se classant au 151ème rang sur 187 pays selon l’Indice
du Développement Humain du PNUD en 2013) s’est accentuée. L’environnement subit une
forte pression de part de la population et est fragilisé par la déforestation qui découle des feux
de brousse et la production de bois de chauffe pour usages domestiques. Les conséquences sur
les activités de la population sont considérables avec la perte de terres arables, la baisse du
rendement agricole ou encore l’ensablement des rivières et des lacs.

A défaut d’inverser efficacement la tendance, il est donc devenu important pour la population
de s’adapter aux conséquences de ces changements. Ce présent mémoire va s’intéresser au cas
du Lac Itasy qui voit sa superficie diminuer au fil des générations. La situation actuelle de
cette étendue d’eau à quelques kilomètres de la capitale Antananarivo fait craindre le même
scénario que ce qui se passe actuellement au lac Tchad en Afrique, une véritable mer
intérieure d’eau douce qui a vu sa surface divisée par dix en une cinquantaine d’années,
passant de 20 000 km2 à 2 000 km2.

En effet, selon les constatations le lac aurait perdu une grande partie de sa surface au cours
des dernières décennies à cause notamment de son envasement. Cela constitue un changement
important pour les habitants des villages aux alentours de cette étendue d’eau. La région qui
doit d’ailleurs son nom au lac, est une région à forts potentiels. Située sur une zone
volcanique et abritant un important réseau lacustre, l’agriculture et la pêche sont les
principales activités économiques. La problématique est alors de savoir comment la
population riveraine du lac s’adapte aux changements qui touchent leur environnement direct.

Pour répondre à cette question, il est important de se baser sur une grille d’analyse bien
définie. Ainsi, avant toute chose, il convient de dire que le mémoire se focalisera sur les
principales activités de la région, à savoir l’agriculture et la pêche. Les recherches menées,
que ce soient bibliographiques ou sur le terrain, ont donc été axées sur ces deux volets. La
descente a été effectuée dans une localité située dans la commune rurale de Manazary, qui
constitue le second accès au lac après Ampefy pour les pêcheurs. A noter que le travail va
aussi s’intéresser aux actions entreprises par les administrations publiques qui tiennent une
place importante dans le processus d’adaptation.

1
Cette partie méthodologie constitue la deuxième partie du document. Elle utile pour mieux
appréhender les résultats des recherches relatés dans la troisième et dernière partie. La
première partie du travail fera office de mise en situation avec un rappel des concepts
GRC/RRC une présentation du lac et une description de l’aléa progressif auquel il est exposé.
A travers cela, il sera facile de comprendre ce qui se passe vraiment dans la région.

En résumé, le mémoire se divise comme suit :

- Mise en situation ;
- Méthodologie ;
- Résultats.

2
Partie I : Mise en situation

Comme son titre l’indique, cette première partie est une mise en situation du mémoire.
Elle s’intéresse alors au lac Itasy proprement dit avec une présentation et une description.
Ensuite, elle parle de l’aléa qui touche l’étendue d’eau et ses alentours.

3
Chapitre 1 : Rappel théorique et concept
Avant d’aborder directement la situation du lac Itasy, il est important de faire un survol
des concepts qui entrent en jeu. Nous allons aussi voir dans ce chapitre un aperçu des
différents types d’érosion qui sévit à Madagascar.

Section 1 Concepts GRC et RRC


Pour bien cerner le problème, il convient de faire un petit rappel des concepts de base
en Gestion des risques et de catastrophes.1

1. Alea
Le PNUD définit l’aléa comme étant "un évènement rare ou extrême, naturel ou causé par
l'homme, qui menace d'affecter négativement la vie humaine, les biens et les activités, au
point de créer une situation potentielle ou existante qui peut affecter les populations,
détériorer les biens ou l'environnement".

Généralement, lorsque le mot aléa est évoqué, les cyclones et les inondations viennent
immédiatement en tête. Seulement, il en existe plusieurs types. Nous avons entre autres les
aléas naturels, les aléas socio-naturels, les aléas anthropiques, les aléas environnementaux ou
encore les aléas complexes.

Il est aussi possible de classer les aléas selon leur durée dans le temps. Ainsi, nous avons les
aléas brusques à développement soudain et les aléas progressifs à déclenchement soudain.

Le phénomène qui touche le lac Itasy est avant tout un aléa environnemental. Comme sa
manifestation s’étale sur plusieurs années, nous pouvons dire qu’il est progressif. Enfin,
l’envasement du lac est considéré comme un aléa socio-naturel dans la mesure où dans notre
cas ce sont les activités de l’Homme qui accélère le phénomène d’érosion autour de l’étendue
d’eau.

2. Vulnérabilité
Pour l’UNISDR, la vulnérabilité regroupe "les caractéristiques et les circonstances d’une
communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger". De
ce fait, sont considérés comme éléments vulnérables, les "personnes, biens, systèmes, ou
autres éléments présents dans les zones de risque et qui sont ainsi soumis à des pertes
potentielles".

Dans notre cas, les ménages dépendant directement du lac sont considérés comme vulnérables
car ils sont menacés par les changements qui le touchent. Plus précisément, ce sont leurs
moyens d’existence qui sont menacés.

1
Cours Dr Hasimahery, Concepts de base GRC

4
3. Catastrophe
Cela nous amène à définir le terme catastrophe. Toujours selon l’UNISDR, une catastrophe
est une "rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant
d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que
la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources". Ainsi,
une catastrophe est décrite comme d’un côté le résultat d’une combinaison entre l’exposition à
un danger, les conditions de vulnérabilité existantes, et d’un autre l’insuffisance des capacités
ou des mesures visant à réduire ou à faire face aux éventuelles conséquences négatives.

Une des catastrophes qui peut toucher les personnes vivant des ressources aux alentours du
lac c’est une baisse drastique de la production que ce soit agricole ou halieutique. Comme
l’aléa est progressif, cette catastrophe l’est aussi et se développe lentement.

Pour le cas du lac Itasy, l’aléa en question, met la pression sur la population et leurs moyens
d’existence. Dans le cas où les gens exposés ne s’adaptent pas à leur situation, cela peut
conduire à un ensemble de conséquences néfastes.

4. Résilience
Comme le mémoire se focalise beaucoup sur l’adaptation aux changements, il est intéressant
d’apporter une définition au terme résilience. En se référant encore une fois à l’UNISDR, la
résilience désigne "la capacité d’un système, une communauté ou une société exposée aux
risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps
opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration des
structures essentielles et de ses fonctions de base".

Les conséquents du changement autour du lac Itasy provoque des perturbations au niveau des
activités productrices des riverains de l’étendue d’eau. En s’adaptant, ces derniers se donnent
la possibilité d’améliorer leur résilience face à l’aléa qui guette leur environnement direct.

Section 2 Recul de la surface du lac


L’envasement et l’ensablement des périmètres irrigués et des lacs à Madagascar sont
dû en grande partie à l’érosion. A la saison des pluies, ce sont des milliers de tonnes de
sédiments qui se retrouvent dans les zones de bas fonds. Pourtant, sur les alentours des lacs, la
superficie mise en valeur est constituée en majeure partie par la riziculture de bas fonds. Les
éléments d’origine humaine sont les facteurs les plus importants qui aggravent le phénomène
d’érosion.

Les feux de brousses et la coupe des arbres pour usage domestique comme le bois de chauffe
font disparaître la couverture végétale qui maintient le sol. La déforestation est un réel
problème à Madagascar. Ce qui se passe sur l’île est particulièrement alarmantes. Chaque
année, ce sont 200 à 300 000 hectares2 de forêt qui partent en fumée ou qui sont coupés selon
les chiffres de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et du CNRE (Centre
national de recherche sur l’environnement) de Madagascar dans le cadre du Gerem (Gestion
des espaces ruraux et environnement à Madagascar).
2
Madagascar : la forêt en danger, IRD, Avril 2000

5
A côté de cela, il y a une pression démographique de plus en plus accrue sur le milieu et
l’environnement déjà fragilisé. Sous le coup d’une exploitation et d’une utilisation
irrationnelles des ressources, la couverture végétale n’en finit plus de reculer.

D’après le Directeur du développement de la région, à cause de l’érosion, les couches de


sédiments gagnent petit à petit du terrain sur le lac Itasy. De ce fait, l’étendue d’eau perd
progressivement de sa superficie. Par contre la surface des terres cultivables augmente et
comme Itasy est une région volcanique, la population en a profité pour les cultivés. Le
problème c’est que cela accélère la réduction de la superficie du lac. Les différents acteurs qui
travers dans la région de l’Itasy s’accordent à dire qu’à ce rythme, le lac pourrait totalement
disparaitre d’ici une cinquantaine d’années.

Figure 4 : Envasement du lac

6
Section 3 Formes d’érosion autour des lacs à Madagascar3
Plusieurs formes d’érosion touchent les alentours des lacs à Madagascar. Celles-ci
peuvent être accentuées selon la pente du bassin versant et le couvert végétal qui s’y trouve.

5. Erosion en nappe
Cette forme d’érosion provient directement des précipitations. C’est le ruissellement des eaux
de pluies coulant en nappe sur un terrain en pente qui est en cause. Cette action arrache
progressivement les particules du sol. Ainsi, la surface du sol s’érode au fur et à mesure. Le
phénomène se reconnait par les touffes d’herbes qui se mettent en nappe. Cette forme
d’érosion est aggravée par les feux de brousse.

Figure 5 : Erosion en nappe

3.1.Erosion en rigole
C’est sur les terrains plus ou moins escarpés que se produit ce type d’érosion. Les rigoles se
forment au gré des irrégularités sur la surface des terrains sous la pression des eaux de
ruissellement. Les écoulements taillent des petits filets de plusieurs centimètres de profondeur
dans le sol.

3
La stabilisation de lavaka dans la région du lac Alaotra Madagascar

7
Figure 6 : Erosion en rigole

3.2.Erosion en ravine
L’érosion en ravine résulte de l’accentuation de l’érosion en nappe ou en rigole. Plus
précisément, quand les écoulements sont abondants, ils se concentrent sur certains points.
C’est ce qui provoque le ravinement. Une ravine se forme en général au niveau de l’aval
d’une pente. Le sol est grignoté de façon régressive et remonte petit à petit du sommet du
versant.

Figure 7 : Erosion en ravine

8
3.3.Lavakisation
L’érosion en lavaka est une forme avancée d’érosion en ravine très présente dans l’île. Elle se
caractérise par une excavation présentant une paroi quasiment verticale. Le ravin qui en
résulte atteint une envergure de 30 à 200 mètres en formant un entonnoir qui se rétréci en aval
dont l’exutoire mesure 2 à 3 m de large. D’une manière générale, un lavaka a une profondeur
de 10 à 30 mètres. Cette forme d’érosion peut prendre naissance sur les terrains présentant
une pente assez forte. Chaque année, les lavaka déversent à la période des pluies des milliers
de tonnes de sédiments dans les bas fonds.

Figure 8 : Erosion en lavaka

9
Chapitre 2 : Présentation du Lac
Ce chapitre se focalise sur le lac en question en fournissant des données sur sa
localisation et une description physique de l’étendue d’eau.

Section 1 Localisation
Le Lac Itasy est le troisième plus grand lac de Madagascar. Il est situé à environ une
centaine de kilomètres à l’Ouest d’Antananarivo. Il se trouve dans la région à qui il a donné
son nom. Celle-ci est composée de trois districts : Miarinariovo, Arivonimamo et
Soaviandriana. La commune urbaine de Miarinarivo est le chef lieu de région. Le lac s’étend
sur les deux premiers districts. Il fait partie d’un réseau de 51 lacs.

Carte 1 : Localisation du lac Itasy4

4
Google Maps

10
Figure 1 : Image satellite du lac Itasy5

Section 2 Description
Le lac s’étend actuellement sur une surface de 2 967.64 Ha6. Le lac Itasy est perché à
1 200 m d’altitude sur le haut plateau. Il se situe dans une région volcanique. D’ailleurs, un
cratère d’explosion au bord de la rivière Lily a formeéun barrage qui semble être à l’origine
de la formation du lac dans la vallée en amont. Actuellement, l’exutoire est constitué d’une
double série de rapides.

5
Google Earth
6
Données de l’Atelier régional de concertation pour la gestion durable du lac Itasy, 2010, sur le thème
"Développer sans détruire …"

11
Figure 2 : Superficie du lac Itasy7

Les différentes études menées sur le lac ont montré que l’étendue d’eau a été deux à trois fois
plus étendu qu’actuellement. Les chiffres dans les années 80 parlent d’une superficie de 3 500
Ha.8 La profondeur maximale du lac est de 7.8 m environ. Selon la saison des pluies, la
différence entre le niveau le plus bas et le niveau le plus haut varie entre 1.25 m et 1.50 m.
D’une manière générale, le niveau de l’eau commence à monter fin novembre pour atteindre
son plus haut niveau dans le courant du mois de mars. Le niveau commence à baisser fin mars
et atteint l’étiage en novembre. Il est à noter que la remontée est plus rapide que la descente.

Le climat qui prévaut dans les alentours du lac est le climat tropical tempéré par l’altitude
avec une température moyenne annuelle de 20° C, entre 22° et 23° C 9en décembre et entre
16° et 17° C en juillet. La saison des pluies s’étale de la mi-octobre à fin mars.

Le fond du lac est généralement sablonneux jusqu’ à 1 m de profondeur, ensuite vaseux avec
une plus ou moins grande proportion de matières organiques. Des fonds tourbeux existent
près des marécages, surtout au sud et vers l'est. Des affleurements rocheux abondent sur tous
les rivages, ainsi que sur les fonds avoisinants.

7
Données de l’Atelier régional de concertation pour la gestion durable du lac Itasy, 2010
8
Biologie comparée de Tilapia Rendalli (Boulenger) (Pisc. Cichl.) au lac Itasy et au lac Mantasoa, p. 8
9
Biologie comparée de Tilapia Rendalli (Boulenger) (Pisc. Cichl.) au lac Itasy et au lac Mantasoa, p. 10

12
Figure 3 : Zonage du lac et ses alentours10

10
Données de l’Atelier régional de concertation pour la gestion durable du lac Itasy, 2010

13
Le lac sert de point d’orgue à plusieurs activités humaines à commencer par la pêche, les eaux
de l’Itasy étant autrefois réputée pour être particulièrement poissonneuses. Il y a également
l’agriculture qui profite du compost fourni par les sédiments accumulés sur les bords du lac.
Les éleveurs font également paitre leur troupeau sur les berges tandis que les alentours de
l’étendue d’eau est propice à plusieurs activités touristiques.

Conclusion partielle
Ce qui se passe autour du lac Itasy illustre la situation actuelle dans les zones rurales à
Madagascar. La destruction des surfaces végétales a des conséquences graves sur
l’environnement. Les alentours du lac sont affectés et le milieu se dégrade progressivement.
Pourtant cette étendue d’eau est vitale pour les activités des hommes qui vivent autour.

14
Partie II : Méthodologie

Pour rappel, la problématique est de savoir comment la population riveraine du lac


s’adapte aux conséquences des changements qui touchent leur environnement direct. Cette
partie méthodologie va se concentrer sur les critères de jugement qui vont être pris en
considération pour statuer sur le niveau d’adaptation de la population. En second lieu, nous
allons parler de la localité où la descente à été effectuée. Il s’agit d’un fokontany dans la
commune rurale de Manazary. Mais avant cela, nous allons parler de l’intérêt de notre étude
dans le cadre de la RRC.

15
Chapitre 1 : Grille d’analyse
Le mémoire s’est concentré sur les principales activités autour du lac à savoir
l’agriculture et la pêche. C’est ce qui constitue donc les volets de l’étude.

Section 1 Agriculture
Situé dans une région volcanique, les alentours du lac sont exploités par la population
en cultivant principalement du riz. Face aux changements, les critères de jugement que nous
avons identifié pour évaluer le processus de l’adaptation sont la maitrise de l’eau, l’utilisation
de nouvelle semence, de nouvelle technique et la protection des bassins versants.

1.1. Maitrise de l’eau


Le lac Itasy se situe dans les Hautes Terres centrales de Madagascar. Il est perché à une
altitude de 1 000 et 1 600 m en moyenne. Le climat est marqué par deux saisons bien
distinctes à savoir une chaude et humide, de novembre à mai, et une froide et sèche, de juin à
septembre. Aux alentours de l’étendue d’eau, nous notons des bas-fonds ou des plaines
alluviales aménagés essentiellement en rizières.

Comme la zone est volcanique, les zones irriguées sont réputées pour la fertilité des sols. La
campagne rizicole a lieu durant la saison chaude et humide, la rigueur du climat durant la
saison froide ne permettant pas une deuxième campagne.

La maitrise de l’eau tient une place importante dans la riziculture. L’eau joue un rôle
primordial dans la production de riz. D’ailleurs, la riziculture irriguée est le type de culture le
plus courant en concernant près de trois quart de la production mondiale de riz. Il est
primordial pour les cultivateurs de disposer des systèmes d’alimentation et d’évacuation
rapide d’eau en cas de forte pluies.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), "l’eau est étroitement
liée à la santé, l’agriculture, l’énergie et la biodiversité. Sans progrès dans le domaine de
l’eau, il sera difficile voire impossible d’atteindre les autres objectifs du millénaire pour le
développement"11.

Depuis le début des années 90, l’Etat malagasy a transféré la gestion des périmètres irrigués
aux associations d’usagers de l’eau (AUE) dotée d’une personnalité morale et financière à
travers la loi N°90-016 du 20 juillet 199012. Les AUE sont des structures paysannes locales
mises en place pour gérer les périmètres irrigués dans le but de contribuer à l’augmentation de
la production du riz, suite au désengagement de l’État de la gestion, de l’entretien et du
contrôle des réseaux hydro-agricoles.
11
Le potentiel des jeunes AUE à participer au développement durable, Juillet 2011, p. 5
12
Madagascar, de la gestion étatique à la gestion paysanne : le projet de réhabilitation des petits périmètres
irrigués, Mai 1994, p. 11

16
1.2.Utilisation de nouvelles semences
L’utilisation de nouvelles semences dans l’agriculture en général prend tout son sens devant
les changements d’ordre climatique et environnemental actuels. Les effets de ces
bouleversements sur la production alimentaire à l’échelle mondiale commencent à inquiéter
sérieusement. Les recherches s’intensifient donc pour trouver des variétés adaptées à la
situation présente et future. Voilà pourquoi, les chercheurs mettent en ce moment l’accent sur
la résistance des espèces en plus du rendement, car les plants doivent dans certaines régions
faire face à des conditions extrêmes. C’est le cas par exemple des recherches menées par le
Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale. Le but de l’organisation est de
faire en sorte que les cultures résistent mieux aux modifications de leur environnement.

Pour ce qui est de la riziculture, les études réalisées ont montré que le riz est particulièrement
vulnérable au réchauffement. En effet, les plants deviennent stériles sous l’effet de la montée
des températures. Par conséquent, on craint une baisse de la production de grains dans les
années à venir notamment en Asie et en Afrique sub-saharienne.

1.3.Utilisation de nouvelles techniques


A côté de l’utilisation de nouvelle semence, le changement du climat nécessite aussi une
évolution des techniques de culture. Dans la production de riz, on a notamment le classique
système de riziculture intensif (SRI). Cette technique a été introduite pour la première fois sur
le continent africain en 1984.13

La vulgarisation des nouvelles techniques agricoles se heurtent à un immobilisme latent qui


sévit dans les campagnes malagasy. C’est le cas notamment du SRI. Ce qui est aberrant avec
le SRI c’est que cette technique a vu le jour dans la Grande Ile. Force est cependant de
constater que les autorités étatiques ont du mal à vulgariser cette technique sur tout le
territoire.

En effet, le SRI a été découvert par hasard par un prêtre du nom de Henri de Laulanie entre
1983 et 1984 près d’Antsirabe. Comme le dit aussi bien la revue Agridape "aussi paradoxal
que cela puisse paraître, Madagascar est loin d’être le champion mondial du SRI, appelé
aussi «Malagasy Rice System ». Ce système innovant de production rizicole connu pour sa
forte productivité et ses faibles impacts sur l’environnement peine à s’imposer dans les
habitudes culturales des paysans malgaches même si l’île en est incontestablement le
berceau"14. L’adoption généralisée du SRI fait encore face à de nombreux obstacles avec en
première ligne le côté socioculturel.

L’adoption du SRI est un défi permanent pour les organismes qui travaillent dans ce sens. En
effet, l’adoption de cette technique doit aller de pair avec l’utilisation de semences adaptées,
des fertilisants organiques mais aussi avec une bonne maîtrise de l’eau. Par ailleurs,
l’insécurité foncière et la difficulté d’accès au crédit sont aussi des facteurs de blocage au
processus d’intensification agricole dans la Grande Ile.

13
Agridape, volume 29, Avril 2013, p. 4
14
Agridape, volume 29, Avril 2013, p19

17
Par ailleurs, les paysans malagasy sont particulièrement réticents au changement. Il est
difficile de motiver les cultivateurs malgré les avantages que représente le SRI. Généralement
la mentalité du paysan malagasy n’évolue qu’au rythme des générations. Le père Henri de
Laulanie a fait remarquer qu’"il faut au minimum 10 ans, au mieux 20 ans, pour qu’une
culture nouvelle, une variété nouvelle, une méthode nouvelle de culture puissent être
considérées comme ayant fait leurs preuves"15.

1.3.1. SRI
Basé sur une utilisation rationnelle de l’eau et des semences, le système permet la réduction
du cycle cultural du riz grâce à une courte durée en pépinière. Ainsi, il est devenu possible de
faire deux campagnes et de réduire du même coup la durée de la période de soudure. Grâce à
toutes ces qualités, le SRI est considéré comme une bonne pratique pour s’adapter au
changement climatique. En quelques mots, le SRI consiste à repiquer le riz dès 8 jours puis de
le repiquer de manière plus espacée. L’apport d’eau est par ailleurs rationné. Enfin, la
technique prévoit de faire une rotation des cultures.

Le SRI intéresse grandement les acteurs du développement rural durable car il a été prouvé
que le système accroit considérablement les rendements. Force est cependant de constater que
le SRI est encore peu utilisé à Madagascar malgré l’insuffisance de la production rizicole
nationale. En effet, si le taux de croissance annuelle de la population est de 3%, celui de la
production de riz est de 1.5% depuis les années 80. De ce fait, l’île a besoin d’importer
chaque année jusqu’à 10% de sa consommation.

Le rendement rizicole stagne ainsi à cause de la persistance des systèmes de production


traditionnels peu performants. Sur les 1 060 000 ha de surface rizicole du pays, seuls 6% sont
exploités selon le SRI tandis les pratiquants ne représente que 9% des riziculteurs.16

1.3.2. SRA
Parmi les nouvelles techniques de production, nous avons également le système de riziculture
amélioré qui se base sur l’utilisation de semences améliorées et la pré-germination des
semences. Le repiquage est aussi précoce entre 15 et 21 jours. Par ailleurs, le système sous-
entend l’apport de fumier organique (sans fumier minéral) et une bonne maitrise de
l’irrigation.

1.3.3. SCV
Le système de culture sur couverture végétale est une nouvelle approche qui est réputée pour
améliorer et stabiliser le rendement des terres. Il s’articule sur trois principaux points à savoir
l’absence de travail du sol, la couverture végétale permanente du sol et la rotation des
cultures. Le principe est simple. Il consiste à semer directement dans une couverture végétale
laissée en permanence. Celle-ci a pour rôle de protéger le sol de l’agression des eaux de
ruissellement et de nourrir les microorganismes qui font vivre le sol.17

15
Agridape, volume 29, Avril 2013, p.20
16
Agridape, volume 29, Avril 2013, p. 19
17
Le semis direct su couverture végétale permanente (SCV) : Une solution alternative aux systèmes de culture
conventionnels dans les pays du Sud.

18
1.1. Protection des bassins versants

Un bassin versant est une portion de territoire délimitée par des lignes de partage des eaux à
l’intérieur de laquelle toutes les eaux tombées suivent, au gré du relief, la pente et alimentent
un même exutoire qui peut être un cours d’eau, un océan ou un lac.

En se frayant un chemin sur le sol, l’eau entraine des sédiments et des matières organiques.
Les activités humaines ont des répercussions sur le mécanisme. Pour le cas de Madagascar,
c’est la déforestation qui pose problème car le manque de végétation sur les flancs ouvre la
voie à l’érosion des sols. Le sable et toutes sortes de débris sont alors acheminés en aval
notamment sur les terrains cultivés. Cela a pour conséquence d’ensabler les rizières et les
systèmes d’irrigation.

Voilà pourquoi, il est important de protéger les bassins versants à proximité des cultures car la
dégradation de ces terrains en pente peut être évitée. Par ailleurs, il est aussi possible de
remettre en état les bassins versants dégradés.

La population tient un rôle central dans la préservation durable des bassins versants car un
changement de comportement est nécessaire. Toutefois, leur réhabilitation passe
essentiellement par la revégétalisation des surfaces en pente afin d’arrêter l’érosion.

19
Figure 9 : Bassin versant

Section 2 Pêche
L’envasement des fonds du lac et la diminution de sa superficie pose surtout problème
à la filière pêche dans la région qui, rappelons-le, a toujours été réputée pour ses poissons.

La production baisse progressivement alors que les pressions sur les ressources en poisson
sont de plus en plus fortes. D’un côté le nombre de pêcheurs et de collecteurs augmente et de
l’autre, le renouvellement des espèces n’est pas assuré à cause de la destruction de
l’environnement et les contrevenants à la législation de la pêche. Toujours autant prisés, les
poissons du lac Itasy font l’objet d’une demande de plus en plus forte notamment avec l’essor
du tourisme.

La question de la gestion des ressources est donc plus que jamais pertinente. C’est l’un des
critères d’adaptation retenus dans le mémoire. Dans ce sens, nous allons également nous
intéresser à l’alternative à la pêche qui est la pisciculture.

1.2. Gestion des ressources halieutiques

La pêche tient une place particulière dans l’économie de Madagascar non seulement parce que
c’est une île mais aussi parce que le pays compte plusieurs lacs et rivières. En effet, si 13% de
communes sont en bord de mer, 40% ont un accès à un lac tandis que 87% on accès à une
rivière18.

Seulement, le rendement en poissons d’eau douce a beaucoup chuté au cours de ces dernières
années. Source non négligeable en protéines pour les populations locales, la pêche en eau
douce souffre du manque de règlementations "effectives" et fait l’objet d’un accès libre. Elle
est alors aujourd’hui caractérisée par une surexploitation qui a fini par faire baisser le
rendement. A titre d’exemple, le rendement de la pêche au lac Alaotra est passé de 3 000
tonnes en 1990 à 700 tonnes en 2000. Sur les rives du lac Itasy, le prix moyen du kilo de
poissons est passé de 1 000 Fmg en 1985 à 5 000 Fmg en 2003 pour atteindre en 2013 35 000
Fmg19.

La gestion rationnelle des ressources en poissons du lac passe par une meilleure
règlementation des filets utilisés et le respect des périodes de pêche pour permettre le
renouvellement des espèces.

1.3. Pisciculture

Devant l’accélération de l’épuisement des ressources halieutiques, la pisciculture est plus que
jamais considérée comme une alternative durable à la pêche. C’est une branche de
l’aquaculture qui désigne l’élevage des poissons d’eau douce. Si la majorité des poissons
18
Recensement des Communes, Programme Ilo, Cornell University/FOFIFA/INSTAT, 2001
19
Enquête sur terrain

20
d’eau de mer est issue de la pêche, ce n’est pas le cas avec les poissons d’eau douce. En 2008,
la pisciculture fournissait 76.4% de la production.

Comme le riz représente la majeure partie de la production agricole de Madagascar, l’île a


intérêt à développer la rizi-pisciculture qui est en quelques mots l’introduction de poissons
dans les rizières. La rizi-pisciculture est une méthode très utilisée en Asie comme en Malaisie
ou en Indonésie.

Cette activité offre une source de revenu complémentaire aux ménages et en apportant une
alimentation additionnelle, elle permet de lutter efficacement contre la malnutrition. De plus,
selon l’ONG APDRA Pisciculture Paysanne qui intervient d’ailleurs dans la région Itasy, elle
augmente le rendement de l’ordre de 10 à 15% car les poissons permettent de limiter les
mauvaises herbes et les insectes potentiellement nuisibles. Ils produisent également des
déchets qui améliorent la fertilité du sol.

Figure 10 : Rizipisciculture20

20
Système Riz-Poisson, Archives FAO

21
Chapitre 2 : Choix du site de descente
Pour répondre à cette question, le mémoire va s’intéresser à l’adaptation des gens qui
vivent aux dépends du lac à travers l’agriculture et la pêche, les principales activités de cette
partie de la région. L’étude concerne aussi l’interaction de la population avec le milieu. Par
ailleurs, le travail va également se focaliser sur les actions entreprises par l’administration
publique et les organismes qui tiennent une place particulièrement importante dans le
processus d’adaptation.

Section 1 Monographie de la Commune Rurale de Manazary


Compte tenu des contraintes temps et financières tout en se souciant de la
représentativité des résultats obtenus, nous avons opté pour la Commune Rurale de Manazary,
dans le district de Miarinarivo. C’est une commune rurale située à 14 kilomètres du chef lieu
de région, Miarinarivo. La route vers Manazary dure entre 1 heure et 1 heure 30 en taxi
brousse. Les activités principales de la Commune sont l’agriculture (riziculture
essentiellement), l’élevage et la pêche. Elle est d’ailleurs réputée pour ses poissons du lac
Itasy car il ne faut pas oublier que le district de Miarinarivo abrite 1/3 de la surface du lac21.

Le centre de la Commune est situé à environ 4 kilomètres à l’est du lac. Manazary constitue
avec Ampefy, l’un des deux accès au lac Itasy pour la pêche. Cette commune comporte 12
fokotany22 dont plusieurs regroupent des villages de pêcheurs.

21
Wikipedia
22
Monographie Région Itasy

22
Figure 11 : Localisation de Manazary23

Commune Fokontany
Fiakarantsoa
Ambohimanambola*
Antsahavory
Avarabohitra
Amboniriana
Anatroa
Manazary
Beapombo
Marosahala
Masindray
Falimanarivo
Maropapelika
Ambohimasina
*Behasy se trouve dans cette commune

Tableau 1 : Les fokontany de Manazary24

23
Google Maps
24
Monographie Région Itasy

23
D’après les données monographiques de la région en 2011, Manazary compte 22 331
habitants ce qui lui vaut d’être la quatrième commune la plus peuplée du district (sur 14).

La commune comporte aussi 7 périmètres irrigués répartis dans les fokontany


d’Ambohimanambola de Fiankarantsoa et de Falimanarivo.

Localisation
Commune Nbre Nom De L’aues Etat Observation
Fokontany Perimetre
Etudes SRGR
Ambanimaso 1 - Moy.fonct.
2006
Barrage
traditionnel
Antsiriry 1 - Non fonct.
/Etat de lieu à
Ambohimanambola
faire

MAMOKATRA Prévue BVPI


Mangabe 1 Fonct.
Antanetimboahangy Phase I

Barrage
Manazary
traditionnel/
Ambonirina 1 - Non fonct
Etat de lieu à
faire
Fiakarantsoa
Barrage
Fiakarantsoa traditionnel/Et
1 - Non fonct.
Lavavolo at de lieu à
faire
Etudes SRGR
Ivezo 1 - Non fonct
2006
Falimanarivo
Etat de lieu à
Loholoka 1 - Non fonct.
faire

Tableau 2 : Etats des barrages25

Section 2 Déroulement de l’enquête et difficultés rencontrées


La descente sur le terrain a d’abord commencé à Miarinarivo où nous avons pu
rencontrer les acteurs étatiques qui interviennent autour du lac :

- Direction régionale du développement rural (DRDR)

25
Monographie Région Itasy

24
- Direction régionale de la pêche et des ressources halieutiques (DRPH)

C’est à travers les entretiens avec les différents responsables de ces organismes que nous
avons pu identifier une zone pertinente pour continuer l’étude. C’est ainsi que l’enquête nous
a emmenés dans le village de Behasy situé dans le fokontany d’Ambohimanambola.

Figure 12 : Localisation de Behasy26

La descente dans le village a duré 5 jours au cours desquels nous avons pu nous entretenir
avec des chefs de famille et obtenu des informations sur une base de 32 toits. Le chef du
Fokontany et le président de Visti, une plateforme qui réunit les associations de pêcheurs
autour du lac Itasy nous ont beaucoup facilité la tâche auprès des villageois, car il faut dire
que ces derniers n’ont pas été très communicatifs au départ.

Pour parler avec les chefs de famille, nous avons du les approcher un par un chez eux où dans
les endroits où ils vaquent à leurs tâches quotidiennes. Comme nous étions allés là-bas après
la montée du riz, nous avons pu facilement trouver les hommes dans le village. Il convient
aussi de noter que plusieurs n’ont pas daigné nous répondre à cause de notre statut d’étudiant.
C’est l’une des principales difficultés de l’étude.

L’enquête s’est donc basée sur des entretiens à travers lesquels nous avons essayé de soutirer
le maximum d’informations se rapportant à notre thème d’étude. Ainsi, pour chaque entretien,
nous avons procédé comme suit :

- nous avons d’abord demandé l’activité principale du chef de ménage ;

26
Google Maps

25
- nous avons ensuite demandé aux villageois s’ils étaient conscients des changements
qui touchent le lac et ses alentours ;
- après, nous leur avons demandé les conséquences de ces changements sur leur
activité ;
- enfin nous avons essayé de déterminer des changements de comportement qui peuvent
être assimilés à une forme d’adaptation à l’évolution de l’environnement.

Il convient de noter que nous n’avons pas utilisé de questionnaire précis préétabli durant
la descente. Le président du Fokontany nous a ensuite aidé à compléter certaines
informations sur l’échantillon.

Ces 32 toits, représentés par leur chef de famille respectif ont été choisi au hasard dans les
différentes parties du village, Behasy Andrefana, Behasy Atsimo et Behasy Afovoany.

Parties Nombre de toits total Nombre de toits enquêtés

Behasy Andrefana 10 7

Behasy Atsimo 32 15

Behasy Afovoany 28 10

Tableau 3 : Répartition des toits enquêtés

26
Chapitre 3 Premières constatations
Les premières discussions avec la population des villages visités nous ont permis
d’identifier un autre changement majeur qui ne touche pas certes le lac directement, mais qui
exerce sur lui une pression particulièrement importante. Il s’agit de la démographie.

L’exploitation des ressources autours du lac et dans le lac s’est donc intensifié au cours des
dernières années à commencer par le nombre de pêcheurs. Ainsi, la population a fait
remarquer la baisse du nombre de poissons dans le lac d’un côté et la baisse des terrains
disponibles de l’autre. Il est donc vital pour les pêcheurs et les agriculteurs de trouver le
moyen de s’adapter pour subvenir aux besoins de leur famille.

Toutefois, nous avons remarqué que la production agricole dans la région et plus
particulièrement autour du lac a augmenté ces dernières années. C’est ce que nous allons voir
dans la première section de ce chapitre. Nous avons aussi remarqué l’importance que prennent
les interventions étatiques dans le processus d’adaptation. Dans ce sens, nous allons nous
pencher sur le plus important projet de la région, il s’agit du programme Bassins
versants/Périmètres irrigués.

Section 1 Augmentation de la production


L’agriculture est la première activité économique de la région. Plus précisément, c’est
le riz qui est principalement cultivé autour du lac Itasy. On peut dire que tout tourne autour de
ce céréale qui n’est ni plus ni moins que l’alimentation principale des malagasy. La descente
dans la région et l’analyse des chiffres fournis par les organismes étatiques ont permis de
noter une augmentation de la production aussi bien pour le riz que pour les autres cultures.

1.1. Riziculture

Alors que la région est frappée par le recul du lac, on note une augmentation de la superficie
exploitée et de la production depuis quelques années. Sous l’action de l’accumulation des
sédiments sur les berges du lac, celui-ci perd progressivement de sa superficie. Les plans
d'eau et les zones humides ne sont pas immuables. Sans intervention humaine, tout plan d'eau
connaît un processus naturel d'atterrissement par envasement progressif et colonisation par la
végétation. Seulement, avec la destruction de la couverture végétale sur les bassins versants,
le phénomène tend à s’accélérer. De plus, en remblayant le littoral, la population gagne de
plus en plus de terrain sur l’étendue d’eau. Résultat, la superficie exploitée pour la riziculture
augmente chaque année d’environ 1% tandis que la production elle augmente en moyenne de
7% entre 2003 et 2012.

27
Année Superficie exploitée Superficie exploitée autour du lac
(1)

2005 46 426 34 973

2006 46 845 35 285

2007 47 270 35 605

2008 47 695 35 925

2009 48 131 36 252

2010 48 568 36 580


(1) Production dans les districts de Miarinarivo et de Soavinandriana

Tableau 4 : Superficie exploitée pour la riziculture27

Année
Production Production autour du lac (1)
2003 184 595 143 255
2004 188 675 146 475
2005 203 975 158 021
2006 201 090 162 760
2007 216 210 167 500
2008 227 025 175 875
2009 263 350 204 020
2010 272 910 211 425
2011 299 825 231 280
2012 346 081 277 536
(1) Production dans les districts de Miarinarivo et de Soavinandriana

Tableau 5 : Production de riz dans la région28

27
Source : Statistiques agricoles, Nanisana
28
Source : Statistiques agricoles, Nanisana

28
Evolution de la production
400 000

350 000

300 000

250 000

200 000

150 000

100 000

50 000

Figure 13 : Evolution de la production rizicole de la région et des districts de


Miarinarivo et Soavinandriana

1.2. Culture de contre saison

A côté de la culture du riz, la population pratique également de plus en plus ce que l’on
appelle la culture de contre saison pour s’assurer des revenus complémentaires et pour
maintenir la qualité du sol.

Les produits sont généralement la pomme de terre, la tomate et l’ananas car ce sont ceux qui
ont plus de valeur marchande et qui intéressent les collecteurs.

Dénomination 2009 2010 2011


Pomme de terre 74 056 101 960 107 252
Ananas 25 593 41 234 42 000
Tomate 43 364 77 253 80 505

Tableau 6 : Production de contre saison Itasy en tonne29

29
Source : Région Itasy

29
L’exploitation des berges représente pourtant un danger pour le lac car il accélère son
rétrécissement en plus de son envasement par le phénomène de l’érosion et de l’avènement
des ilots flottants. C’est une source de préoccupation pour les acteurs étatiques dans la région.
A travers les entretiens que nous avons menés auprès de chacun d’eux, nous avons pu
découvert qu’à ce rythme, le lac Itasy pourrait perdre une très importante partie de sa surface
dans les 50 ans à venir.

Section 2 Intervention de l’Etat à travers le projet BVPI


C’est ainsi qu’à partir de 2008, le projet BVPI s’est étendu au lac Itasy. Le projet est
piloté par la Direction régionale du développement rural (DRDR). Il a pour but de préserver
les bassins versants du lac, d’améliorer l’exploitation des périmètres irrigués et de réhabiliter
ou de mettre en place les canaux d’irrigation. En d’autres termes, il aide la population à
s’adapter aux changements de l’environnement autour du lac. La première phase s’achève en
2014.

Madagascar est une île dont le profil topographique présente des plaines et des bassins
versants à forts reliefs. La situation dans les bas-fonds rizicoles du pays est menacée par
l’abondance des pluies et l’état de la couverture végétale qui ne cesse de s’amenuiser.
L’érosion en amont se traduit très souvent par des dégâts et ensablements des infrastructures
et parcelles irriguées situées en aval.

Andapa Itasy Alaotra Marovoay

CU Andapa Ambatomanjaka Ambohitrarivo Ambolomoty


Ambalamanasy Analavory, Anosibe Ambohijanahary Anosinalainolona
Ambodiangezoka Ifanja, Dondona Anororo Antanimasaka
Ambodimanga I Manazary, Tanambe Manaratsandry
Ankiakabe N Mandiavato Vohitsara Tsararano
Bealampona Miarinarivo
Belaoka, Marovato Sarobaratra
Matrohely Soavinandriana
Betsakotsako
Andranotsara
Andranomena
Antanandava

Tableau 7 : Les communes d’intervention du programme

Les autorités étatiques ont pris conscience de l’importance de la protection des bassins
versants et l’aménagement des périmètres irrigués à Madagascar à travers le programme
national BVPI bassins versants et périmètres irrigués. Le programme part du fait que les
bassins versants et le périmètre irrigué constituent un ensemble géomorphologique,

30
économique et social cohérent. L’idée est de tirer parti des conditions existantes d’accès à
l’eau et d’optimiser les systèmes de production.

Le programme met l’accent sur les interventions dans les zones à haut potentiel agricole dans
le but de créer des effets d’entrainement. Ainsi, les zones d’intervention se situent dans les
régions Itasy, Sava, Boeny et Alaotra Mangoro.

Carte 2 : Les zones d’intervention

31
Le programme se divise en plusieurs trois composantes récapitulées dans le schéma ci-après.
ci

Composante A :
Composante B : Composante C :
Développement de
Développement des Développement des
l'Agriculture
Périmètres Irrigués Bassins Versants
Commerciale

Sous composante B1 :
Sous composante A1 : Sous composante C1 :
Appui au
Appui aux services Appui à la gestion des
développement de
agricoles BV
l'irriguation

Sous composante A2 : Sous composante B2 : Sous composante C2 :


Appui à Investissement dans Investissement dans les
l'investissement privé l'irriguation BV

Figure 14 : Les composantes opérationnelles du programme

Conclusion partielle
L’analyse de l’adaptation des personnes vivant autour du lac aux conséquences des
changements qui touchent leur environnement donne une idée sur leur vulnérabilité par
rapport à l’aléa qui est en train de survenir. Comme les activités sont les premières menacées,
nous les avons choisies comme critères de jugement.

32
Partie III : Résultats

Cette partie du mémoire va se concentrer sur comment la population s’adapte aux


conséquences du changement de l’environnement à travers les critères de jugement définis
précédemment. Seront pris en compte les actions entreprises par les différents organismes
étatiques et la réalité que vivent les gens autour du lac. Comme il a été mentionné
précédemment, le site choisi pour la descente a été le village de Behasy dans la commune
rurale de Manazary.

33
Chapitre 1 : Volet agricole
Behasy est un village qui se trouve directement sur la rive de l’Itasy. Situé à
l’extrémité est du lac, il donne sur des périmètres irrigués exploités par les villageois. Ces
derniers subissent donc directement les changements qui touchent le lac et ses alentours. A
travers ce chapitre, nous allons voir comment ils s’adaptent à cela. Durant les 5 jours que nous
avons passé sur place, nous avons pu étudier trente deux (32) ménages.

Figure 17 : Image satellite Behasy

L’activité principale dans le village reste la riziculture. C’est la culture du riz qui prévaut sur
le périmètre irrigué et qui constitue la première source de revenu dans le village comme dans
la commune, malgré que celle-ci soit l’un des accès au lac pour la pêche.

Section 1 Utilisation de nouvelles techniques de production


Les premières discussions avec la population ont permis de dégager l’importante de la
pression démographique sur les ressources de la région. Pour ce qui est de l’agriculture, celle-
ci concerne surtout la disponibilité des terrains. Avec la fécondité galopante propre aux zones

34
rurales de Madagascar, les ménages font face à une diminution rapide des terres disponible
par famille.

Sur les 32 toits étudiés, quelques uns appartiennent d’ailleurs à une même fratrie composée de
plusieurs frères et sœurs. Même si les terres ne sont léguées en général qu’aux garçons, les
familles actuelles disposent de moins en moins de terre pour cultiver. A titre d’exemple, le
chef du ménage de la famille qui nous a hébergés est issu d’une fratrie de dix frères et sœurs.
Agé d’une trentaine d’années, il compte cinq enfants dont trois sont encore en bas âge. Il n’est
pas un cas isolé dans le village car la moyenne d’enfant par ménage enregistré est de 3.8.

Tout cela pour dire que la pression démographique n’est pas en passe de s’affaiblir dans la
région et les surfaces par toit ne va pas cesser de diminuer.

1.1. Taux de pénétration des nouvelles techniques à Behasy

Il est donc important pour les agriculteurs d’adapter leurs techniques agricoles pour
augmenter la productivité. Force est cependant de constater que plusieurs ménages pratiquent
encore les techniques ancestrales. Sur les 32 ménages étudiés, 11 cultivent le riz de manière
totalement traditionnel, sans apport d’engrais, soit environ 34%. En ce qui concerne les
nouvelles techniques de production, c’est le SRA qui est le plus pratiqué. 16 toits, soit 50%
des ménages l’utilisent. Le SRI par contre n’intéresse que 5 toits soit environ 15%. Par contre,
50% utilisent régulièrement de l’engrais.

Malgré les bienfaits avérés des nouvelles techniques de production, certains producteurs se
complaisent des techniques traditionnelles essentiellement par manque de moyen. Il faut le
reconnaitre que le SRI et le SRA nécessitent plus d’heures de travail. Cela signifie également
plus de main d’œuvre. Nous pouvons aussi noter de l’immobilisme de leur part voire une
aversion au changement chez quelques uns.

Système Nombre Pourcentage


Traditionnel 11 34%
SRA 16 50%
SRI 5 16%
Total 32 100%

Tableau 14 : Répartition de méthode de production

35
Traditionnel
SRA
SRI

Figure 18 : Répartition de méthodes de production

Par ailleurs, avec la pratique du repiquage en ligne, de plus en plus de cultivateurs utilisent la
sarcleuse en plus de la traditionnelle herse. Nous avons remarqué que les campagnes de
sensibilisation menées à travers les héros du film Malokila (Rajao et Raly) portent ses fruits
au niveau de la population rurale.

1.2. Les actions du programme BVPI

La promotion de nouvelles techniques de production entre dans le cadre de la composante A


du projet BVPI. Celle-ci a pour but l’intensification de l’agriculture commerciale. Elle
consiste à former et à aider les villageois à améliorer leur productivité à travers de nouvelles
techniques, de nouvelles semences, l’utilisation d’engrais mais aussi la mécanisation agricole.
Cette composante vise à augmenter les revenus des producteurs pour contribuer directement à
la lutte contre la pauvreté.

En effet, les cultures dites de contre-saison, la rotation et les associations culturales ne sont
pas encore assez mis en valeur dans la région. Pourtant, une seconde culture rizicole ou une
production de cultures de contre-saison et une valorisation rationnelle des terroirs
permettraient une amélioration conséquente des revenus et réduiraient par conséquent les
pressions sur les ressources naturelles.

Pour pouvoir profiter de l’aide de la DRDR, les villageois doivent s’organiser en association
qui constitue un sous projet. Chaque association reçoit un appui technique et financier selon
leur besoin qui peut être l’aide à la mise en place de SRI, SRA ou de SCV. Au niveau de la
DRDR, on assure que si le nombre actuel d’associations ne couvre pas la totalité des habitants
autour du lac et dans la région, les recommandations des spécialistes font tâche d’huile auprès
de la population. C’est peut-être ce qui se passe à Behasy et dans ses alentours car pour
l’heure, le programme BVPI n’est pas encore intervenu dans la zone. Selon la DRDR, il se
focalise d’abord sur les périmètres irrigués les plus étendus avant de s’attaquer aux plus petits.

36
Ren
dem
Nbre Nbr ent
Campagn Thèm Spéculat Sup
Code SP Communes Périmètres/SBV Association Mem Fem obte
e e ion (Ha)
bres mes nu
(T/H
a)
Contre
A2-14- Antanetibe Telomiray saison
0228 Ambohimarina 7 3 2012 Haricot 2,10 0,61
Contre
A2-14- Antanetibe Tafaray saison
0229 Fitandambo 12 5 2012 Haricot 3,60 1,15
Contre
A2-14- Antanetibe Miray Ii saison
0230 Ambohimarina 10 3 2012 Haricot 3,00 0,84
Contre
A2-14- Antanetibe Fivoy saison
0231 Ambohimarina 7 3 2012 Haricot 2,10 0,71
Contre
A2-14- Antanetibe Mahavitasoa saison
0232 Ambohimarina 8 2 2012 Haricot 2,40 0,49
Contre
A2-14- Antanetibe Tsiry saison
0233 Fitandambo 8 5 2012 Haricot 2,40 0,96
Contre
A2-14- Manazary Narindra saison Pomme
0234 Antanimenakely 13 1 2012 De Terre 2,00 8,17
A2-14- Meva (Ex Saison
Antanetibe
0235 Antanetibe Psdr) 14 1 2013 SRA Riz 3,00 4,08
A2-14- Tabita (Ex Saison
Antanetibe
0236 Antanetibe Psdr) 12 11 2013 SRA Riz 6,00 4,29
A2-14- Tsaradia (Ex Saison
Antanetibe
0237 Fitandambo Psdr) 9 2 2013 SRA Riz 5,00 6,24
A2-14- Mahasoa (Ex Saison
Antanetibe
0238 Fitandambo Psdr) 11 2 2013 SRA Riz 9,00
A2-14- Anosibe Ftv (Ex Saison
0239 Ifanja Anosibe Psdr) 9 1 2013 SRI Riz 5,00 6,96
Tantsaha
Anosibe Saison
A2-14- Miray (Ex
Ifanja 2013
0240 Anosibe Psdr) 9 4 SRI Riz 4,50 6,46
Tsara
A2-14- Antanetibe Miverina Saison
0241 Antanetibe (Ex Psdr) 11 6 2013 SCV 5,50
A2-14- Anosibe Sitraka (Ex Saison
0242 Ifanja Voaramaina Psdr) 7 4 2013 SRA Riz 7,08
A2-14- Anosibe Saison
Fff Liantsoa
0243 Ifanja Ambatolampy 8 4 2013 SRA Riz 4,00
A2-14- Anosibe Saison
Fitahiana
0244 Ifanja Ambohimandroso 7 6 2013 SRA Riz 3,50 8,40
37
A2-14- Anosibe Saison
Fiavotana
0245 Ifanja Anosibe 9 5 2013 SRA Riz 4,50 5,34
A2-14- Anosibe Saison
Aina Ii
0246 Ifanja Ambatomenarana 8 3 2013 SRA Riz 4,00 7,95
A2-14- Anosibe Saison
Miray
0247 Ifanja Ambohimandroso 12 8 2013 SRA Riz 6,00 5,25
A2-14- Anosibe Tanjona Saison
0248 Ifanja Ambatomenarana Hivoatra 12 5 2013 SRA Riz 6,00 6,77
A2-14- Anosibe Saison
Avotra Ii
0249 Ifanja Ambatomenarana 10 4 2013 SRA Riz 5,00 4,17
A2-14- Anosibe Saison
Vonisoa
0250 Ifanja Ambatomenarana 8 4 2013 SRA Riz 4,00 3,18
A2-14- Anosibe Saison
Kitana
0251 Ifanja Ambatomenarana 11 3 2013 SRA Riz 5,50 8,83
A2-14- Anosibe Saison
Kambana
0252 Ifanja Ambatomenarana 8 6 2013 SRA Riz 4,00 4,81
A2-14- Anosibe Saison
Fiorenana
0253 Ifanja Ambatomenarana 12 5 2013 SRA Riz 4,80 7,47
A2-14- Anosibe Manampisoa Saison
0254 Ifanja Anosibe Ii 11 6 2013 SRA Riz 5,50 7,30
A2-14- Anosibe Saison
Fanevasoa
0255 Ifanja Ambatomenarana 10 4 2013 SRA Riz 5,00 6,42
A2-14- Anosibe Saison
Fanilosoa
0256 Ifanja Ambatomenarana 9 3 2013 SRA Riz 4,50 4,98
A2-14- Anosibe Saison
Dialisoa
0257 Ifanja Ambatomenarana 8 4 2013 SRA Riz 4,00 5,75
Tableau 8 : Extrait de l’état d’avancement du projet au niveau de la composante A30

Nous pouvons noter dans le tableau que le programme prend en compte la participation des
femmes dans les sous-projets. A titre indicatif, la composante compte à ce jour 289 sous-
projets.

1.3. Activités agricoles secondaires

Lors des entretiens que l’on a pu avoir avec quelques uns des chefs de ménage, nous avons
noté qu’une grande partie de la production de riz est stockée et sert à l’autoconsommation.
C’est surtout pour éviter d’en acheter durant les périodes de soudure. Par ailleurs, ce stock est
aussi un forme d’assurance pour les villageois dans le cas où ils auraient un besoin pressent
d’argent comme par exemple pour l’achat de médicaments.

Ainsi ce sont les cultures de contre saison qui sont surtout destinées à la vente comme le
haricot, la tomate ou la pomme de terre. Ainsi, le choix des types de culture est dicté par la
demande des collecteurs. Selon les dires des villageois par exemple, la culture de sonjo
(racine comestible) s’est beaucoup développée depuis 7 ans.

Certains lopins de terre sont par ailleurs utilisés pour la culture de maïs et de manioc.

30
Source : DRDR Itasy, Service de suivi-évaluation du projet BVPI

38
Pour ce qui est de l’élevage, les villageois élèvent des bœufs, de la volaille et des porcs. Si
quasiment tout le monde ont des poules et des canards, seuls quelques uns ont des bœufs (13)
et des porcs (5). L’élevage de porc à des fins commerciales est récent dans le village. D’après
les villageois, cela s’est fait depuis 5 ans environ. Pour vendre leurs bêtes, les éleveurs de
porcs les emmènent ensemble directement au marché d’Imerintsiatosika.

Les bœufs quant à eux servent essentiellement pour le labour et pour la production de fumier.
Le cheptel n’est pas très important. Il n’est composé que de quelques têtes. Tout comme le
stock de riz, c’est aussi une assurance pour les propriétaires en cas de problème financier.

Section 2 Maitrise de l’eau


Parmi les critères d’adaptation pris en compte figure la maitrise de l’eau. Le projet BVPI, à
travers sa composante B, s’occupe donc de réhabiliter les canaux d’irrigation et d’améliorer
leur gestion à travers les AUE ou les Associations des usagers de l’eau. En effet l’envasement
touche aussi le système d’irrigation, ce qui a pour conséquence de réduire l’apport en eau des
cultures. Dans ce sens, le projet se charge de curer les canaux et de mettre en place des
réseaux d’irrigation adaptés. L’approche participative vise à renforcer la capacité
opérationnelle des AUE pour la maîtrise technique, financière et organisationnelle du
processus de réhabilitation, de gestion et d’entretien. Cette capacité devrait permettre aux
AUE de collaborer sur des bases contractuelles en conformité avec leurs potentiels réels
d’intervention et l’objectif de production.

39
Figure 15 : Photo d’un barrage à l’entrée de Behasy31

Figure 16 : Ensablement d’une voie d’irrigation à l’entrée de Behasy32

31
Descente sur terrain
32
Id

40
Superficies Montant à Montant
Membres
PERIMETRES AUE redevables recouvrer recouvré Taux %
(nbre)
(ha) (Ariary) (Ariary)
Antanimenakely Fiavotana 67,90 164,00 1 861 500,00 1 783 750,00 95,80
Mangabe Mamokatra 200,00 451,00 7 076 500,00 283 000,00 4,00
Analavory Ezaka 140,39 260,00 4 731 700,00 2 674 000,00 56,50
Santatra Ambatolampy 152,00 325,00 4 885 000,00 2 561 200,00 52,40
Firaisankina
Ambatomenarana 161,70 332,00 4 706 500,00 825 750,00 17,50
Anosibe Ifanja Soanierana
Ambohimandroso 229,20 420,00
6 150 000,00 2 209 000,00 35,90
Ainga Vao Anosibe 169,00 510,00
4 735 000,00 1 582 100,00 33,40
Hiavotra Voaramaina 164,80 380,00
3 405 000,00 496 750,00 14,60
Ezaka Miaramandroso 80,00 300,00
2 860 000,00 - 0,00
Roso Antanetibe 250,00 340,00
8 340 000,00 - 0,00
Fanantenana Anatroa 64,00 105,00
2 100 500,00 - 0,00
Antanetibe
Fanavotana Tongolo 176,00 160,00
2 240 000,00 1 771 270,00 79,10
Miavotra Andakana 110,00 160,00
3 680 000,00 74 000,00 2,00
Mandroso Soa 235,00 250,00
7 810 000,00 32 300,00 0,40
Zarasoa Amboniazy 209,00 300,00
6 838 000,00 - 0,00
Andavakisolo Vaovao 87,86 100,00
1 467 900,00 - 0,00
Tsaramandroso Ambohibary 120,00 140,00
2 010 000,00 58 450,00 2,90
Fandrosoana Ambondrona 19,00 72,00
393 000,00 - 0,00
Avotra Ambohimarina 230,00 250,00
7 610 000,00 - 0,00
Fanantenana Mahatsinjo 203,00 200,00
3 345 000,00 790 350,00 23,60
Fitandambo Ambodivona Miavotra 100,00 117,00
1 484 000,00 949 700,00 64,00
Mitsinjo Tsinjovary 92,00 130,00
1 575 000,00 192 730,00 12,20
Taratr'i Fitandambo 220,00 315,00
3 772 500,00 2 149 250,00 57,00
Manantenasoa Morarano 17,18 58,00
344 700,00 - 0,00
Miavotra Ambohimanana 320,00 373,00
3 578 000,00 1 324 920,00 37,00
Lovasoa Famonjena 340,00 280,00
3 680 000,00 56 000,00 1,50
Fanantenana Miavotra 33,00 83,00
619 500,00 20 000,00 3,20
101 299 19 834
TOTAL 4 191,03 6 575,00 300,00 520,00 19,6
Tableau 9 : Extrait de l’état d’avancement au niveau de la composante B, taux de
recouvrement 2011-201233

33
Source : DRDR Itasy, Service de suivi-évaluation du projet BVPI

41
Date
Sup Membres CPPA Date
Périmètre AUE validation Observations
(Ha) (Nbre) élaboré signature
par AG
Travaux de
Fanantenana réhabilitation
40,66 144 Oui 06/11/2012 17/12/2012
Miavotra prévus pour
l’année 2012
Fandrosoana
21,2 61 Oui 16/11/2012 17/12/2012 idem
Ambondrona
Mitsinjo Tsinjovary 86,46 227 Oui 20/11/2012 17/12/2012 idem
Miavotra
355,97 598 Oui 14/11/2012 17/12/2012 idem
Ambohimanana
Avotra
274 411 Oui 07/11/2012 17/12/2012 idem
Ambohimarina
Ambodivona En cours de
111,42 164 EC*
Fitandambo Miavotra finalisation
Andavakisolo
56,63 170 Non
Vaovao
Tsaramandroso En cours de
87,34 140 EC
Ambohibary finalisation
Taratry i En cours de
220,77 436 EC
Fitandambo finalisation
Zarasoa
231 260 Non
Amboniaza
Fanantenana
197,93 200 Non
Mahatsinjo
Lovasoa
266,91 280 Non
Famonjena
En attente
APD EIES du
Ainga Vao Anosibe 150,68 325 Non
BE
Mamokatra
Firaisankina
258 566 Non idem
Ambatomerana
Ifanja sud
Hiavotra
218,35 365 Non idem
Voaramaina
Santatra
161,47 490 Non idem
Ambatolampy
Soanierana
305,25 693 Non idem
Ambohimandroso
A réactualiser
suivant
Analavory Ezaka 140,39 258 Oui 07/04/2011 13/05/2011 nouveau
modèle de
CPPA
Antanimenakely Fiavotana 67 908 164 Oui 12/04/2011 13/05/2011 idem
Mangabe Mamokatra 214,5 451 Oui 14/04/2011 13/05/2011 idem
Ezaka
Antanetibe 75,59 300 Non
Miaramandroso

42
Roso Antanetibe 251,05 340 Non
Fanantenana
65,64 105 Non
Anatroa
Fanavotana
220,92 160 Non
Tongolo
Miavotra Andakana 122,44 160 Non
Mandroso Soa 214,4 290 Non
*EC : En cours

Tableau 10 : Extrait de l’état d’avancement au niveau de la composante B, situation de


la réalisation du Contrat plan34

Entretien des canaux (ml) Curage de drains (m3) Confection de digues (m3)
Périmètres
Obj. Réal. % Obj. Réal. % Obj. Réal. %
Antanimena
4 813 4 813 100 290 290 100 -
kely
Mangabe 5 000 5 000 100 300 300 100 -
Analavory 4 670 4 670 100 690 670 97
Ifanja 12 080 11 600 96 1 825 1 680 92 -
Antanetibe 14 700 14 490 99 3 860 3 760 97 90 83 92
Fitandambo 33 570 33 010 98 5 538 5 379 97 40 40 100
Total 74 833 73 583 98 12 503 12 079 96,6 130 122,5 92,0

Tableau 11 : Extrait de l’état d’avancement au niveau de la composante B, situation des


travaux d’entretien35

Section 3 Protection des bassins versants


Au-delà des actions des autorités étatiques, la population prend progressivement conscience
de l’intérêt de la préservation des bassins versants. A travers les entretiens, nous avons pu
noter que certains exploitants en bas des collines étaient victimes de l’ensablement de leur
terrain. Pour pallier à cela, les villageois cultivent de plus en plus les flancs en strates afin de
freiner l’érosion.

Le principal problème avec la protection des bassins versants c’est la demande en bois de
chauffe (kitay) des ménages pour la cuisson. Pour l’heure, aucune alternative durable n’a été
trouvée. Le kitay est de plus en plus cher car les vendeurs vont de plus en plus loin pour en

34
Source : DRDR Itasy, Service de suivi-évaluation du projet BVPI
35
Id

43
trouver. Ainsi, une famille de 5 enfants dépense Ar 500 par jour pour le bois. Pour remplacer
le kitay, les gens utilisent de plus en plus les pommes de pin. Sur le marché elles s’achètent à
Ar 2000 le sac. C’est une bonne affaire par rapport au kitay car un sac peut durer une semaine
entière.

Par ailleurs, la direction régionale du développement rural distribue tous les ans des jeunes
pousses d’arbres aux communes rurales pour reboiser les collines environnantes. La
protection des bassins versants constitue la composante C du programme. Il consiste surtout à
promouvoir le reboisement afin de freiner l’érosion. Cela implique une certaine prise de
conscience de la population sur les méfaits de la destruction de la couverture végétale sur les
flancs des collines.

Les crues, les inondations et les dépôts sédimentaires subis en aval des bassins dépendent de
plusieurs facteurs, dont la déforestation, le couvert végétal, les pentes, le compactage du sol,
les pratiques agricoles et la fréquence de passage de pluies cycloniques. Les forêts naturelles,
qui constituent la meilleure protection des eaux et sols, ont pratiquement disparu.

L’utilisation du feu pour l’élevage constitue la force la plus destructrice. Or, la production en
hauteur est en extension du fait de la réduction de taille des parcelles irriguées par ménage par
forte croissance démographique.

Production
Année de
Pépinière Bassin versant Fokontany
création Saison Saison
2011/2012 2012/2013

Maintsoanala Tsarahonenana Antsampanimahazo 2011 10 000 15 000

Fanarenantsoa Tsarahonenana Antsampanimahazo 2011 13 000 25 000

Taratra Mangabe Antsahavory 2011 10 000 13 000

Maintso Antanetibe Antanetibe 2011 18 914 38 000

Santatra
miavotra Bemamovoka Tanjombato 2011 10 000 5 800

Ezaka Bemamovoka Tanjombato 2011 10 000 2 000

Total 71 914 98 800

Tableau 12 : Extrait de l’état d’avancement au niveau de la composante C, pépinières


(espèces : eucalyptus, pin, acacia), communes rurales Miarinarivo II, Manazary,
Antanetibe, Soavinandriana36

36
Source : DRDR Itasy, Service de suivi-évaluation du projet BVPI

44
Surfaces reboisées Reste
Membre Saison Saison Saison
Bassin versant Fokontany Pépinière
s 2010/201 2011/201 2012/201
1 2 3

Mitsiry 26 1 7,5 10

Voarisoa 17 2,5 1

Tsarahonenana Antsampanimahazo Tsimialona 7 0,5 2 1,5

Fenosoa 10 0 5

Miandrisoa 7 0 5

Tatatra 10 1 1 0
Antsahavory 0
Mangabe Farimbona 7 1 2 0

Beravina 13 2,5 5 6
Amparihitsisivodi 9,5
ny Hasina 8 0 0 2

Telonohoref
18
y 2,5 5 5 10,5
Manjarano Antanetibe Vahatra 9 0 0 6

Santatra
9
Tanjombato 4 2,5

Fanantenan
8
a 4,5 0,5

Manoisoa 7 0 2,5 0

Soafiombon
8
ana 0 2

Nambinints
7
Bemamovoka Tanjombato oa 0 2,5

Total 171 8 32 52 21,5

Tableau 13 : Extrait de l’état d’avancement au niveau de la composante C, surfaces


reboisées, communes rurales Miarinarivo II, Manazary, Antanetibe, Soavinandriana37

37
Source : DRDR Itasy, Service de suivi-évaluation du projet BVPI

45
Chapitre 2 Volet halieutique
Le lac Itasy a toujours été réputé pour ses poissons pourtant c’est aujourd’hui l’activité
la plus menacée par la dégradation de l’environnement et la pression démographique.

Section 1 Gestion des ressources


La filière pêche est la plus affectée par les changements qui touchent le lac. L’envasement et
le développement des ilots flottants, amassement de terre autour de plantes envahissantes
comme la jacynthe d’eau, réduit progressivement la quantité d’oxygène dans l’étendue d’eau.
La profondeur du lac ne cesse de diminuer. Selon un pêcheur du village de Behasy, le lac en a
perdu 7 m entre les années 1980 et 2010 en passant de 16 m à 9 m, au niveau du point le plus
profond que les pêcheurs ont identifié.

Mais c’est la pression démographique associée à l’appauvrissement de la population qui met


le plus à mal les ressources halieutiques du lac Itasy. En espace de 25 ans, le nombre de
pêcheurs autour du lac est passé de 741 avec 332 embarcations (archives FAO) à environ
2 100 pour quelque 800 embarcations (Estimations Visti).

Avec cette forte augmentation de leur effectif, les pêcheurs voient la quantité de leur prise
individuelle se réduire fortement. Dans le village de Behasy, la pêche est généralement une
activité secondaire derrière le riz mais cela n’enlève en rien son importance dans la
subsistance des villageois. Lors de l’ouverture de la pêche, la plupart des chefs de famille se
réunissent en groupe pour aller pêcher au filet maillant. Dans un entretien, l’un d’eux a fait
savoir qu’avant les années 2000, il en capturait 500 kg/an et plus. Dans les années 2000, il
n’en avait plus eu que 300 kg/an.

Force est cependant de constater que les pêcheurs ne respectent pas les règlementations. Selon
les estimations de la Visti, 50% des pêcheurs ne respectent pas les normes en vigueur en
matière de taille des mailles des filets. Par ailleurs 75% ne respectent pas la période de pêche.

Devant ces contrevenants, la Direction régionale de la pêche est dépassée à cause du manque
d’effectif flagrant.

Section 2 La pisciculture
Face à la réduction des prises, l’élevage s’impose d’elle-même pour les villageois comme la
solution durable pour pallier à la réduction des revenus provenant de la pêche. Les autorités et
les organismes œuvrant autour du lac sont conscients de cette opportunité et s’activent dans ce
sens.

46
Dans le village de Behasy, c’est surtout l’ONG APDRA Pisciculture Paysanne qui est
présente. Spécialisée dans la rizipisciculture, elle offre surtout un appui technique aux paysans
à travers des séances de formation.

Le succès des premiers bénéficiaires du projet commence à faire tâche d’huile dans la localité.
Actuellement, presque toutes les rizières du village au bord du lac sont également utilisées
pour la pisciculture.

Il convient cependant de noter que la rizipisciulture n’est pas nouveau dans le village. Cette
pratique a commencé dans les années 80 mais à cette époque, elle ne consistait qu’à piéger les
poissons en élevant les digues après les crues. De nos jours quelques uns des villageois
achètent des alevins pour les élever.

Pour les rizières un peu en hauteur, l’introduction des alevins se fait en décembre et les
poissons sont retirés en mai. Pour les rizières plus proches du lac, l’introduction des alevins se
fait en novembre pour être vendus en juin.

Selon le Président de la Visti, presque tous les pêcheurs de la commune rurale de Manazary
qui ont une rizière pratique la rizipisciculture. D’après la plateforme, la commune en compte
une cinquantaine dont une trentaine d’entre eux sont des pêcheurs reconvertis.

Cette forme d’adaptation est une opportunité de développement pour les villageois devant la
demande en poisson qui est loin d’être satisfaite dans le pays. Au-delà de la rizipiscisulture,
les habitants autour du lac pratique également la pisciculture en cage, mais cela se fait surtout
du côté d’Ampefy. D’après le FIDA, la région Itasy regroupe actuellement 20% de l’ensemble
des éleveurs à Madagascar.

Section 3 Actions prioritaires définies par les autorités étatiques


Pour redynamiser le secteur et développer la filière, les autorités étatiques se sont attelées à
recycler et normaliser les associations de pêcheurs. C’est dans ce sens que la plateforme Visti
(Vovonanana ihofananana sy ampianarana ny trondro – Itasy) a été créée en juillet 2012 pour
remplacer une précédente structure qui s’est dissoute par manque de financement et de
motivation. Cette plateforme regroupe les pêcheurs, les éleveurs, les collecteurs et les hôtels
autour du lac. A terme, elle vise à identifier les opportunités de marché et à fixer les prix.

Le président de la Visti est un éleveur de poisson (rizipisciculture) qui habite le village de


Behasy. Il constitue un bon exemple d’adaptation car dans la région car il a été un pêcheur
auparavant. Intéressé par les différentes formations prodiguées par les ONG notamment
l’APDRA, il a décidé de concentrer ses efforts dans la rizipisciculture.

Par ailleurs, pour assurer une bonne gestion des ressources, la DRPH entend faire connaitre
aux habitants et aux différents acteurs les règles et les principes de gestion durable du secteur
pêche. Dans ce sens les zones de pêche et les zones de ponte ont été délimitées.

47
Face aux problèmes et aux opportunités de la filière, un groupe de travail composé entre
autres de la DRDR, de la DRPH et des ONG Amadese et APDRA a sorti en 2010 des projets
prioritaires pour relancer la filière.

ACTIVITES MODE ACTEURS


D’INTERVENTION
CT MT LT
Reboisement et stabilisation Lavaka : X Région, DREF, BVPI,
communes, OP, Agrisud
Défense et Restauration des sols X Région, DRDR, BVPI, BRL
communes, OP, Agrisud
Enlèvement des îlots flottants et des X ORN, Commune, OP, autres
PTF
plantes aquatiques nuisibles
Extension Opération Domaniale X SRD, SRTopo, Région,
communes, PNF
Concertée
Rempoissonnement du lac Itasy X DRP, communes, OP,
Construction de débarcadères (04) pour X Région, DRTP, communes,
Bailleurs
le lac Itasy
Augmentation d’effectifs des agents X DRP, DRDR
d’encadrement
Construction d’une piste autour du lac X Région, DRTP, communes,
Bailleurs
Itasy
Réhabilitation de la RIP 103 X Région, DRTP, communes,
Bailleurs
Tableau 16 : Projets prioritaires38

Section 4 L’adaptation, source d’opportunités pour la filière halieutique


Forces

Comme il a été dit précédemment, Itasy est une région connue pour ses poissons. De ce fait
les produits du lac sont toujours très prisés notamment dans la capitale. Dans certaines
poissonneries d’Antananarivo, le nom Itasy est même un bon argument de vente.

Par ailleurs, malgré les problèmes liés à l’environnement, les eaux du lac constituent toujours
un environnement favorable à la multiplication des poissons. Ainsi, il est toujours possible
d’envisager un empoissonnement de l’étendue d’eau. Cela entre d’ailleurs dans les intentions
de la DRPH dans le cadre du renforcement de la filière.

38
Plaidoyer pour la gestion intégrée du lac Itasy 2010

48
Enfin, les bas fonds autour du lac qui sont particulièrement fertiles, sont propices à
l’aquaculture que cela soit l’élevage en cage ou la rizipisciculture.

Faiblesses

Malgré un fort potentiel, le marché du poisson dans la région est encore mal structuré.
Comme le poisson est un produit périssable qui nécessite la mise en place d’un cycle de froid,
beaucoup de la production ne sort pas des bords du lac. C’est notamment le cas du côté de
Manazary. La chaîne d’approvisionnement n’est pas encore assez fournie pour faire sortir
facilement les produits. De plus les routes menant aux villages des pêcheurs se sont fortement
dégradés ces derniers temps. Ainsi, lorsqu’on évoque les poissons d’Itasy, les gens ont
tendance à penser automatiquement à Ampefy et oublie l’autre accès au lac. Les producteurs
doivent souvent se débrouiller seuls pour faire sortir leurs poissons.

Carte 3 : Emplacement des principaux points de vente et de conditionnement du poisson


autour du lac Itasy39

Nous pouvons voir sur cette carte que les points de vente et de conditionnement de poisson se
concentrent dans le district d’Analavory notamment à Ampefy.

39
Opportunités économiques de la filière pêche & pisciculture sur l’Itasy - FIDA

49
D’un autre côté, les élevages suivant les normes ne sont pas encore systématiques autour du
lac. On a ici le même problème que rencontre la vulgarisation du SRI. Les initiatives de la
DRPH et des ONG comme Prospérer ou APDRA Pisciculture Paysanne se heurtent encore à
l’immobilisme propre des campagnes malagasy.

Enfin, différentes études ont noté une dégénérescence des espèces. Cette situation rend
nécessaire le rempoissonnement du lac par des espèces sélectionnés pour garantir la pérennité
des poissons du lac.

Opportunités

La principale opportunité de la filière pêche en général à Madagascar se situe au niveau de la


demande. En effet, pour l’heure, l’offre ne suit pas la demande de poisson d’eau douce. Voilà
pourquoi, cette nourriture coûte encore très cher arrivé sur les étales à Antananarivo. De plus,
le développement du tourisme du côté d’Ampefy représente une opportunité supplémentaire
de marché.

Du côté de l’offre, l’aquaculture représente une opportunité considérable pour la filière dans
la mesure où elle complète la production issue de la pêche.

Menaces

La mauvaise gestion des ressources halieutiques du lac constitue la principale menace.


Poussés par la pauvreté, les pêcheurs transgressent délibérément les lois de la pêche aussi bien
au niveau des équipements (filets) que de la période de pêche. Le lac souffre donc
actuellement d’une surexploitation d’autant plus que le nombre de pêcheurs et d’embarcations
ne cessent d’augmenter.

A côté de cela, il y a les problèmes liés à l’environnement avec l’envasement et la


prolifération des plantes envahissantes qui forme des ilots flottants au milieu du lac. En plus
de réduire la superficie du lac, cela a des conséquences sur le développement des poissons.

Forces Faiblesses
Lac Itasy : 2 967 Ha Marché mal structuré
Eaux poissonneuses Faiblesse des superficies d’élevage
Fertilités des bas-fonds pour la Dégénérescence des espèces
rizipisciculture
Opportunités Menaces
Rizipisciculture Pauvreté
Pisciculture en cage Non respect de la règlementation des pêches
Demande insatisfaite Envasement
Gestion des ressources

Tableau 15 : Analyse SWOT de la filière halieutique du lac Itasy

50
Conclusion partielle
Les autorités publiques dans la région de l’Itasy sont conscientes de la nécessité de
protéger ce qui reste de l’environnement autour du lac. Le programme BVPI a pour but de
faire en sorte que la population puisse continuer de vivre dans l’environnement tout en
s’adaptant aux contraintes du milieu. Il convient cependant de noter qu’il est difficile d’arriver
à un changement de comportement effectif au niveau de la population. Malgré tous les efforts
des organismes pour vulgariser les techniques de production, un grand nombre de paysans
campent sur leur position et pratiquent toujours les techniques ancestrales.

Quoi qu’il en soit pour ce qui est des gens du lieu de descente, nous notons que l’adaptation se
fait petit à petit. C’est notamment le cas dans la filière poisson avec une opportunité de
développement à la clé. L’effet tâche d’huile est important car le changement se fait
progressivement. Le succès du président de la Visti qui a intensifié son activité de
rizipisciculture suscite l’intérêt des autres paysans.

51
Conclusion

La protection de l’environnement est plus que jamais au cœur de l’actualité à


Madagascar. Plusieurs régions de l’île voient leur milieu se dégrader rapidement. Outre les
dégâts irréversibles que cela engendre au niveau de la faune et de la flore, les populations
rurales qui vivent au contact de l’environnement se retrouvent menacer.

La déforestation qui touche les alentours du lac Itasy a un effet dévastateur sur l’étendue
d’eau. Celle-ci voit sa superficie se réduire au fil des années. A côté de cela, la démographie
autour du lac croit de manière soutenue ces dernières années exerçant une pression
considérable sur le milieu.

Les poissons sont les premiers à faire les frais. Si l’Itasy a toujours été connu pour abriter des
eaux particulièrement poissonneuses, ce n’est plus tout à fait le cas en ce moment. Avec
l’augmentation du nombre de pêcheurs et le non respect des normes en vigueur, les espèces se
renouvellent difficilement. Conscients de cette situation certains villageois se tournent de plus
en plus vers la pisciculture. Il y a deux types de pisciculture à Itasy : l’élevage en cage et la
rizipisciculture. C’est sur la partie d’Ampefy que l’on pratique l’élevage en cage. Du côté de
Manazary, c’est la rizipisciculture qui prévaut. Les techniques utilisées se sont améliorées ces
dernières années avec l’appui technique d’ONG comme APDRA Pisciculture Paysanne.

Pour ce qui est de l’agriculture, on note que Behasy partage le même problème que toutes les
régions de Madagascar. Malgré les rendements supérieurs avérés des nouvelles techniques,
plusieurs exploitants agricoles s’accrochent encore aux techniques ancestrales. Avec la
pression démographique qui ne cesse de s’intensifier, le changement est pourtant inéluctable à
un moment ou un autre. En ce qui concerne la maitrise de l’eau, les autorités publiques
s’activent à renforcer la capacité des Associations des usagers de l’eau à gérer les
infrastructures d’irrigation existant.

Le principal problème de population réside dans l’absence d’alternative durable et rentable


pour le bois de chauffe. Pourtant, au cours de la descente nous avons noté une certaine prise
de conscience par rapport à la destruction de la couverture végétale chez plusieurs villageois.

Au final, malgré la menace qui plane sur le lac Itasy, la région dispose d’arguments poignants
pour se développer durablement si la population s’adapte à leur nouvel environnement. En
d’autres termes, en trouvant le moyen de réduire la vulnérabilité des riverains du lac par
rapport à sa dégradation, il est possible d’apporter un développement économique et social
durable dans toute la région. Cela justifie une fois de plus la nécessité d’intégrer la réduction
des risques de catastrophes dans la politique de développement.

52
Bibliographie

Ouvrage

• MOREAU, J., Biologie comparée de Tilapia Rendalli (Boulenger) (Pise. Cichl.) au


lac Itasy et au lac de Mantasoa, 1971

Revue

• AGRIDAPE, Volume 29. Avril 2013 – Agricultures Network, Global Edition


• LE SEMIS DIRECT SUR COUVERTURE VÉGÉTALE PERMANENTE (SCV) : Une
solution alternative aux systèmes de culture conventionnels dans les pays du Sud
Novembre 2006 – AFD. Agropolis Production

Article

• Isabelle Droy, Madagascar : de la gestion étatique à la gestion paysanne : le projet de


réhabilitation des petits périmètres irrigués, Mai 1994,

Document officiel

• Monographie – région Itasy 2011


• Programme national – Bassins Versants Périmètres Irrigués, Décret N°2006-644 du
05 septembre 2006
• Programme régional de développement rural 2003
• Statistiques agricoles – région Itasy

Rapport

• Garcia, A.F-A., Étude de cas : Le potentiel des jeunes AUE à participer au


développement durable, Programme d’appui à la résilience aux crises alimentaires
(PARECAM) – Programme de promotion des revenus ruraux (PPRR) – Ministère de
l’agriculture Juillet, 2001
• Rapport de l’atelier Plaidoyer pour la gestion intégrée du lac Itasy 2010. DRPH, ONG
Amadese, ONG APDRA
• VIALLE-GUERIN, Anne-Sixtine, Opportunités économiques de la filière pêche &
pisciculture sur l’Itasy, Programme de soutien aux Pôles micro-entreprises rurales et
aux économies régionales – FIDA, Aout 2008

Web

• Archives de documents de la FAO : Système riz-poisson, Resultats de l'enquête cadre


dans les principales pêcheries des eaux intérieures de Madagascar 1988 1989,

53
Introduction de l’aquaculture au lac Itasy, développement de l’aquaculture à
Madagascar.
• Site Aqueduc
• Site Ministère de l’agriculture
• www.banque-pdf.fr/fr_stabilisation-de-lavaka.html : ANDRIAMBOLASOA, B., La
stabilisation de lavaka dans la région du lac Alaotra Madagascar
• www.capfida.mg/site/IMG/pdf/etude_jeunes_aue_et_dev.pdf
• www.ilo.cornell.edu/images/th3.5.pdf : RALISON, E., MINTEN, B., Accès aux
ressources halieutiques et place de la pêche dans l’économie rurale
• www.ilo.cornell.edu/images/th4.4.pdf : BRAND, J., HEALY, T., KECK, A.,
MINTEN, B., RANDRIANARISOA, JC. Mythes et réalités sur l’aménagement des
bassins-versants : Effet de la déforestation des versants sur la productivité des bas-
fonds
• www.ird.fr › La médiathèque › Fiches d'actualité scientifique

54
Table des matières

Remerciements ........................................................................................................................................ I
Liste des sigles et abréviations ................................................................................................................ II
Sommaire ............................................................................................................................................... III
Introduction............................................................................................................................................. 1
Partie I : Mise en situation....................................................................................................................... 3
Chapitre 1 : Rappel théorique et concept ........................................................................................... 4
Section 1 Concepts GRC et RRC ....................................................................................................... 4
Section 2 Recul de la surface du lac ................................................................................................ 5
Section 3 Formes d’érosion autour des lacs à Madagascar ............................................................ 7
Chapitre 2 : Présentation du Lac ....................................................................................................... 10
Section 1 Localisation .................................................................................................................... 10
Section 2 Description..................................................................................................................... 11
Conclusion partielle ....................................................................................................................... 14
Partie II : Méthodologie......................................................................................................................... 15
Chapitre 1 : Grille d’analyse .............................................................................................................. 16
Section 1 Agriculture ..................................................................................................................... 16
Section 2 Pêche ............................................................................................................................. 20
Chapitre 2 : Choix du site de descente .............................................................................................. 22
Section 1 Monographie de la Commune Rurale de Manazary...................................................... 22
Section 2 Déroulement de l’enquête et difficultés rencontrées ................................................... 24
Chapitre 3 Premières constatations .................................................................................................. 27
Section 1 Augmentation de la production .................................................................................... 27
Section 2 Intervention de l’Etat à travers le projet BVPI ............................................................... 30
Conclusion partielle ....................................................................................................................... 32
Partie III : Résultats................................................................................................................................ 33
Chapitre 1 : Volet agricole ................................................................................................................. 34
Section 1 Utilisation de nouvelles techniques de production ....................................................... 34
Section 2 Maitrise de l’eau ............................................................................................................ 39
Section 3 Protection des bassins versants .................................................................................... 43
Chapitre 2 Volet halieutique ............................................................................................................. 46

55
Section 1 Gestion des ressources .................................................................................................. 46
Section 2 La pisciculture ................................................................................................................ 46
Section 3 Actions prioritaires définies par les autorités étatiques ............................................... 47
Section 4 L’adaptation, source d’opportunités pour la filière halieutique ................................... 48
Conclusion partielle ....................................................................................................................... 51
Conclusion ............................................................................................................................................. 52
Bibliographie.......................................................................................................................................... 53
Table des matières ................................................................................................................................ 55

56
Adaptation aux conséquences des changements de l’environnement : cas des riverains
du lac Itasy

Auteur : ANDRIANALIZAH Tolojanahary Robivelo


Adresse : Lot II O 95 bis Anjanahary, Tana 101
Téléphone : 032 02 275 62
Courriel : andrianalizah_tolotra@yahoo.fr

RESUME

Le lac Itasy est un des plus principaux lacs de Madagascar.


Sous les effets de l’envasement et de l’invasion de plantes aquatiques, le lac perd
progressivement de sa superficie. Cette situation induit des changements au niveau de la
population qui vit aux alentours de l’étendue d’eau.
Le but de ce devoir est de voir si les riverains sont adaptés aux conséquences de ces
changements dans le cadre de leurs activités.
Les activités prises en compte sont l’agriculture et la pêche.

Mots-clés : adaptation, environnement, aléa progressif, développement, Itasy,


agriculture, pêche.

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