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Document de soutien

Protéger, conserver et restaurer les


affluents et les écosystèmes
riverains et aquatiques
« Une Ressource pour le milieu »

Présenté aux
Conseil d’administration de la CBJC
Conseil scientifique de la CBJC

Réalisé par :
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier

Décembre 2009
Table des matières

1. ÉTAT GÉNÉRAL..........................................................................................................1

2. PORTRAIT DE LA SITUATION................................................................................2

2.1. GESTION DES ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES ET RIVERAINS ........................2


2.1.1. Écosystèmes aquatiques et riverains .................................................... 2
2.1.2. Développement résidentiel, récréotouristique, expansion
agricole et industrielle .......................................................................................... 4
2.1.3. Espèces envahissantes.............................................................................. 8

2.2. DIVERSITÉ DES MILIEUX AQUATIQUES ET RIVERAINS ..............................10


2.2.1. Espèces menacées et vulnérables ..................................................... 10
2.2.2. Bandes riveraines...................................................................................... 12
2.2.3. Vieillissement prématuré des lacs........................................................ 20

2.3. HABITAT DU POISSON...........................................................................................27


2.3.1. Espèces emblématiques ........................................................................ 27
2.3.2. Restauration des habitats du poisson et libre circulation ............. 32

3. PROBLÉMATIQUES .................................................................................................36

4. ORIENTATIONS ET OBJECTIFS PROPOSÉS.....................................................37


Liste des tableaux

Tableau 1. Espèces de plantes à statut particulier………………….…………………15

Tableau 2. Espèces animales à statut particulier……………….………………………15

Tableau 3. Importance relative (%) des types d’occupation, d’aménagements et


des descripteurs de dégradation présents sur les rives du lac Saint-Joseph et de
la rivière aux Pins à l’été 2006…………………..…………………………………………..20

Tableau 4. Importance relative (%) des types d’occupation, d’aménagements et


des descripteurs de dégradation présents sur les rives du lac Saint-Joseph et de
la rivière aux Pins, par municipalité limitrophe au lac, à l’été 2006……………...…20

Tableau 5. Qualité physico-chimique du lac Saint-Joseph…………………………..27

Tableau 6. Principaux apports en phosphore par sous-bassin…………….…………30

Liste des figures

Figure 1. Pourcentage du territoire des rives habitées au lac Saint-Joseph à l’été


2006……………………………………………………………………………………………...21

Figure 2. Pourcentage des rives du lac Saint-Joseph caractérisées par un


aménagement naturel à l’été 2006……………………………………….…….………..23

Figure 3. Phénomène d’eutrophisation des lacs……………………………………….25


1. ÉTAT GÉNÉRAL

Protéger les écosystèmes riverains, aquatiques et humides devient une


préoccupation de plus en plus importante, car ces milieux essentiels subissent de
plus en plus de dommages. Il est primordial de sensibiliser la population, ce qui
signifie qu'on doit lui donner les moyens de mieux connaître et apprécier le
patrimoine et les richesses naturelles qui l’entourent. Les personnes peuvent ensuite
mieux comprendre les actions posées par les décideurs et les organismes pour
protéger la ressource, et y participer.

Il est indispensable d’impliquer la population et tous les acteurs du milieu à la


protection et à la restauration des écosystèmes riverains, aquatiques et humides qui
sont aujourd’hui de plus en plus menacés. Il s’agit d’accélérer cette prise de
conscience par une éducation, en passant par une sensibilisation ciblée conduisant
à une prise de conscience de la population. Pour être efficace, la sensibilisation doit
être récurrente. C’est la répétition d’un message qui permet de l’inscrire dans
l’inconscient. L’adaptation doit se faire en fonction du public à sensibiliser et du
cadre de la sensibilisation.

L’importance des enjeux exige une implication de tous, les actions de sensibilisation
doivent se faire à tous les niveaux et par tous les acteurs : entreprises, municipalités,
associations, citoyens, etc.

De nos jours, les activités ont de nombreux impacts sur les écosystèmes riverains et
aquatiques, ainsi que sur la faune et la flore associés à ces écosystèmes. Cette
question touche un enjeu prioritaire formulé par le Conseil d’administration de la
CBJC lors de la première série de consultations sur le Plan directeur de l’eau (PDE).
La question des milieux a déjà préalablement été traitée dans un autre document.

Thème Enjeu
Gestion des écosystèmes
Assurer la protection, la conservation, la
Espèces envahissantes
restauration et la mise en valeur des affluents et
Diversité des milieux
des écosystèmes riverains, aquatiques et
Habitat du poisson
humides
Activités récréatives

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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
2. PORTRAIT DE LA SITUATION

2.1. GESTION DES ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES ET RIVERAINS


2.1.1. Écosystèmes aquatiques et riverains
Généralités1
Un écosystème aquatique est un ensemble d'organismes interdépendants qui
dépendent également de leur milieu aquatique pour les éléments nutritifs qui s'y
trouvent (azote et phosphore) et l'abri qu'il leur procure. Les étangs, les lacs et les
cours d'eau constituent des exemples familiers d'écosystèmes aquatiques ; toutefois,
ceux-ci englobent également des zones, telles que des plaines d'inondation et des
terres humides, qu'elles soient inondées toute l'année ou seulement pendant
certaines périodes.

Un écosystème aquatique est sain lorsque les activités humaines n'ont pas nui à son
fonctionnement naturel (par exemple, le cycle des éléments nutritifs) ni modifié de
façon appréciable sa structure (par exemple, la composition des espèces). Un
écosystème aquatique est insalubre ou malsain lorsque l'équilibre de l'état naturel a
été perturbé.

Ces perturbations peuvent être physiques (par exemple, l'apport d'eau


anormalement chaude dans un cours d'eau), chimiques (par exemple,
l'introduction de déchets toxiques à des concentrations nocives pour les
organismes) ou biologiques (par exemple, l'introduction et la propagation
d'espèces animales ou végétales non indigènes).

Un écosystème est en mauvais état lorsque se manifestent un ou plusieurs des


symptômes suivants :
• La mort de certaines espèces.
• La prolifération accélérée de certains organismes. La prolifération d'algues
due à une quantité excessive de phosphore et de composés d'azote dans
l'eau (appelée l'eutrophisation), en constitue un exemple.
• L'incidence accrue de tumeurs et de difformités chez les animaux.
• Un changement des propriétés chimiques. La réduction du pH de l'eau
causée par les pluies acides est peut-être l'un des plus importants
changements enregistrés.
• La présence de certains organismes qui témoigne de conditions insalubres.
Les bactéries coliformes, par exemple, peuvent indiquer la présence
d'organismes capables de provoquer chez l'être humain certains malaises ou
maladies, notamment la diarrhée, la typhoïde et le choléra.

1
Sources : http://www.ec.gc.ca/water/fr/nature/aqua/f_aqua.htm;
http://www.cbrr.org/media/pdf/pde/Chapitre_8_Les_milieux_riverains.pdf
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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Les milieux riverains se définissent généralement comme la bande de terre qui
borde les milieux humides (lacs, marais, marécages, étangs, prairies humides, cours
d’eau, etc.) et qui s’étend vers l’intérieur des terres à partir de la ligne des hautes
eaux. La qualité de l’eau des milieux humides est dépendante de plusieurs facteurs
d’origine anthropique et naturelle et est intimement reliée à l’intégrité des bandes
riveraines. La bande de protection riveraine, c’est l'interface entre les écosystèmes
terrestres et aquatiques. Cette bande n'est pas facile à délimiter.

À l’état naturel, on retrouve généralement une zone de végétation riveraine (forêt,


arbustes et herbacées) en bordure des milieux humides qui joue le rôle d’une zone
tampon et de transition entre le milieu terrestre et le milieu aquatique. Ainsi,
lorsqu’on retrouve une dominance de végétation, on parle de bandes riveraines
saines et de grandes qualités, qui assument pleinement les fonctions écologiques
qui leur sont associées, soient la stabilisation des sols, la protection contre l’érosion
des sols, le maintien de la biodiversité, la protection de la qualité de l’eau, etc. À
l’inverse, dénudés de leur végétation, les milieux riverains n’assument que très peu
de fonctions. Ainsi, étant donné leurs rôles fondamentaux, il s’avère essentiel
d’évaluer la condition écologique des milieux riverains.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier2


Les écosystèmes aquatiques du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier sont
bien développés. Plus de 19 rivières, 32 ruisseaux et 457 lacs y sont présents. Ces
écosystèmes couvrent 110 km2, ce qui représente 4,3 % de la superficie totale du
bassin versant.

La rivière Jacques-Cartier est le principal cours d’eau du bassin. Elle prend sa source
dans le lac Jacques-Cartier, le plus grand plan d’eau du territoire, situé à 853 m
d’altitude à l’intérieur de la réserve faunique des Laurentides. Elle s’écoule sur une
distance totale de 177 km avant de se déverser dans le fleuve Saint-Laurent à la
hauteur de Donnacona. La rivière Jacques-Cartier est un des principaux tributaires
du fleuve Saint-Laurent dans la région de la Capitale-Nationale.

Les rivières Launière, Jacques-Cartier Nord-Ouest, Sautauriski, à l’Épaule, Ontaritzi et


aux Pommes sont les principaux tributaires de la rivière Jacques-Cartier. Les rivières
aux Pins et Cachée sont des affluents secondaires importants.

La majorité des lacs du bassin versant de la Jacques-Cartier se situe dans la partie


nord. Le plus grand plan d’eau, le lac Jacques-Cartier, est situé dans la réserve
faunique des Laurentides et subit moins de pressions anthropiques négatives
(pêche, trois refuges, un camping en bordure du lac et la route 175 qui le longe)
que le lac Saint-Joseph par exemple.

2
Source : CBJC, 2008. Plan directeur de l’eau du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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Le lac Saint-Joseph est le deuxième plus grand plan d’eau du bassin et le plus
proche des villes, il subit des pressions d’utilisation plus importantes (villégiature,
résidences secondaires et permanentes, pêche, activités nautiques, etc.).

Dans les zones d’urbanisation du bassin versant, les bandes riveraines subissent une
pression accrue ce qui rend plus vulnérable les milieux aquatiques et riverains.

2.1.2. Développement résidentiel, récréotouristique, expansion agricole


et industrielle
Généralités
La perte et la dégradation des écosystèmes aquatiques et riverains sont
attribuables à plusieurs facteurs. Ces facteurs sont des pressions environnementales
indépendantes, en synergie avec d’autres, ou encore cumulatives. Selon les auteurs
du chapitre 20 de l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire3, ces facteurs sont
le changement de couvert végétal, le drainage, le remblayage. Ces changements
proviennent de l’expansion des terres agricoles et des infrastructures humaines
(urbaines, touristiques et récréatives, industrielles), de l’introduction d’espèces
invasives, de la modification hydrologique, de la pollution, de l’eutrophisation des
écosystèmes et, finalement, des changements climatiques qui auront, dans les
années à venir, un rôle important à jouer dans la santé des écosystèmes aquatiques
et riverains.

Le développement de l’agriculture au cours du siècle dernier est identifié par les


auteurs de ce rapport comme la première cause de détérioration de ces
écosystèmes. En effet, il est estimé qu’en Europe et en Amérique du Nord, 56 à 65 %
des écosystèmes aquatiques continentaux ont été drainés pour l’agriculture
intensive. Au Canada, le développement de l’agriculture est la plus importante
cause de la disparition des zones humides (85 %). Depuis l’arrivée des Européens, on
estime que la conversion de zones humides en terres cultivées représente 20 millions
d’hectares.

La construction de barrages et d’autres structures (routes, ponts, etc.) le long des


rivières est une autre cause majeure identifiée dans ce rapport. Ces structures ont
provoqué la fragmentation des habitats et la régulation des débits de 60 % des
grandes rivières du monde. Ces changements des débits induisent la perte d’une
partie du pouvoir de nettoyage des systèmes aquatiques.

Par ailleurs, la pollution de l’eau et l’eutrophisation de ces écosystèmes sont


répandues, et plusieurs pays font face à une dégradation sévère de leurs
écosystèmes aquatiques et riverains. Que ce soit aux États-Unis (où l’eutrophisation
des lacs est une réalité depuis plusieurs décennies) ou au Québec, les
gouvernements et les citoyens font face à une eutrophisation des milieux
aquatiques. En plus des effets directs de la dégradation sur la biodiversité des

3
Source : http://www.francvert.org/pages/33dossierlesmilieuxaquatiquesenperil.asp
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habitats, il faut compter sur le fait que la pollution réduit aussi la capacité de
filtration et d’assimilation des déchets par les écosystèmes aquatiques et riverains.
Le déclin des écosystèmes aquatiques et riverains fait en sorte que les services
rendus par ceux-ci deviennent de moins en moins efficaces. Il faut donc engager
d’importantes ressources financières afin d’y pallier.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier4


FORÊT
Près de 75 % du territoire du bassin versant est de tenure publique. Le cas des rivières
et de l’appropriation de leurs zones riveraines est à prendre en compte. La rivière
Jacques-Cartier est considérée comme non navigable et non flottable par le
MDDEP. De plus, tous les lots de terre qui ont été concédés par la Couronne avant
le 1er juin 1884, sont considérés comme la propriété privée des riverains. Ceux-ci sont
donc propriétaires du lit de la rivière jusqu’au centre (ou mieux jusqu’au fil de l’eau).
Le lit de la rivière Jacques-Cartier est donc en partie du domaine hydrique privé,
sauf pour les lots achetés par Domtar Inc. à l’époque de l’exploitation de la rivière
pour le flottage du bois.

Dans le but de favoriser la restauration du saumon, les bandes riveraines


appartenant à la compagnie forestière Domtar ont été acquises en 1985 par le
Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Ces terres, désormais
publiques, sont situées le long de la rivière Jacques-Cartier (c’est le cas dans le parc
national de la Jacques-Cartier). Ce statut permet ainsi aux bandes riveraines d’être
accessibles au public. Cette bande riveraine (publique) aide à protéger l’intégrité
biologique et l’aspect visuel des lieux.

Pour sa part, la station touristique de Duchesnay, seule station forestière de la


province, se distingue par ses vocations de recherche, d’expérimentation,
d’enseignement et d’éducation en matière forestière auxquelles s’est ajouté
récemment, sous l’égide de la SÉPAQ, le développement du potentiel
récréotouristique. Son mode de gestion se fait par mandat de réalisation avec la
SÉPAQ. Les vocations du territoire reflètent donc cette mixité d’usages forestiers et
récréatifs. Ainsi, les aires d’affectation forestière pourront comprendre d'autres
formes d'exploitation ou d'occupation du territoire de nature extensive dans la
mesure où celles-ci seront compatibles comme les chalets de villégiature et les
activités inhérentes à la récréation de plein air.

Les ressources forestières du bassin versant de la Jacques-Cartier sont exploitées


depuis très longtemps. Aujourd’hui, la forêt en occupe 87 % du territoire, soit
2 135 km2. Les peuplements forestiers sont principalement situés dans la partie nord
du territoire. L’urbanisation de la partie sud du bassin versant et l’exploitation
agricole qui y est faite, ont mené au défrichement des peuplements forestiers qui y
étaient présents. Des îlots de forêts demeurent, mais ceux-ci sont principalement
situés sur des territoires privés.

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Source : CBJC, 2008. Plan directeur de l’eau du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier
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La forêt publique sous aménagement commercial est entièrement située dans la
réserve faunique des Laurentides. Une superficie d’environ 10 km² est exploitée
chaque année, ce qui représente un volume total de 87 465 m3 de bois. L’unité 031-
53, est la principale unité d’aménagement forestière présente dans le bassin
versant. D’une superficie de 97 624 ha, cette unité couvre la totalité du territoire de
la réserve faunique des Laurentides qui chevauche le bassin versant de la rivière
Jacques-Cartier. Une partie de cette unité d’aménagement est présente entre le
territoire de la Garnison Valcartier et le parc national de la Jacques-Cartier. En ce
qui concerne l’UAF 031-52, moins de 1 % de sa superficie chevauchent le territoire
du bassin de la rivière Jacques-Cartier ce qui représente une superficie négligeable.
La compagnie Scierie Leduc, division de Stadacona Inc., et la compagnie de
Stadacona S.E.C. (Québec-Sciage), réalisent conjointement les travaux sylvicoles
sur le territoire de l’UAF 031-53, pour la partie présente dans le bassin versant de la
rivière Jacques-Cartier. À titre d’exemple, près de 10 % de cette superficie, soit
9 839 hectares, seront consacrés à des travaux sylvicoles au cours des cinq
prochaines années. Les coupes de régénération, soit des coupes avec protection
de la régénération et des sols, seront privilégiées pour les travaux sylvicoles.

BARRAGES
L’avènement de l’ère industrielle à la fin du XIXe siècle a conduit au développement
de la puissance énergétique et hydroélectrique. Les barrages créés à cette époque
étaient principalement localisés sur la rivière Jacques-Cartier. Ils servaient à
alimenter les moulins à scie et à farine, certains étaient destinés à la production
d’énergie électrique.

À ce jour, 72 barrages sont présents sur le réseau hydrographique du bassin de la


Jacques-Cartier. Plus de la moitié d’entre eux ont une forte contenance. La plupart
ont été construits après les années 1960. Ils servent surtout à réguler les apports
d’eau, aux activités de villégiature, à produire de l’hydroélectricité et à préserver les
habitats fauniques. Trois barrages, soit celui de Donnacona, celui de McDougall et
celui de Bird servent à la production d’énergie hydroélectrique. Le barrage situé à
la décharge du lac Jacques-Cartier est, par ailleurs, celui qui a la plus grande
contenance. Ce barrage sert principalement à réguler le niveau des eaux à
l’échelle du bassin versant. Il est en service depuis 1922 et devrait être reconstruit,
car il n’a subi aucune modification depuis cette date. De plus, il ne possède pas de
passe migratoire fonctionnelle. Au départ, il servait au flottage du bois. Ces usages
actuels sont le stockage de l’eau pour la production d’énergie en période
d’étiage, et le maintien d’un niveau minimum d’eau pour la fraie du touladi dans
les eaux du lac.

AGRICULTURE
Une superficie de 124 km2, soit un peu plus de 4 % du bassin versant, est dédiée à la
production agricole. Cette superficie n’est pas répartie uniformément sur le
territoire. Comparativement à la moitié nord du bassin versant où les conditions
biophysiques limitent le développement d’une agriculture de qualité, le sud du
bassin est un secteur agricole par excellence. L’agriculture est prospère de
Donnacona jusqu’à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. Les sols de Cap-Santé,
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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Pont-Rouge et Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier comportent peu de
limitations à la culture et ce territoire bénéficie d’une période de croissance
suffisamment longue pour permettre le développement de bonnes productions. En
2004, 125 exploitations ont été dénombrées, dont 86 de productions animales et 120
de productions végétales.

Sur les 58,90 km2 qui sont cultivés sur le territoire, 44 % sont consacrés à la culture
fourragère et 33 % sont utilisés pour la culture à grand interligne, dont près de la
moitié de cette superficie sert à la culture de maïs. La culture à interligne étroit,
servant principalement à la récolte de céréales, occupe 21 % du territoire. La
culture de pommes de terre (culture à grand interligne) est, quant à elle, une
activité importante dans les secteurs de Pont-Rouge et de Sainte-Catherine-de-la-
Jacques-Cartier avec 11 exploitations représentant 1 068 ha.

INDUSTRIES
Les activités industrielles du bassin versant sont concentrées dans la partie aval du
bassin, particulièrement dans les municipalités de Pont-Rouge et de Donnacona.
Ces municipalités possèdent sur leur territoire les industries les plus lourdes. La
municipalité de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier présente quant à elle le
plus grand nombre de parcs industriels.

MUNICIPALITÉS
Le bassin versant de la Jacques-Cartier chevauche le territoire de 14 municipalités,
comprises dans trois MRC et la CMQ. Sur ces municipalités, on peut considérer que
seulement 10 d’entre elles ont leur population qui a un impact sur le bassin.

De manière générale, la population des municipalités présente dans le bassin a


connu une croissance relativement importante au cours des dernières années avec
un taux de croissance de 8,8 % pour la période de 2001 à 2006, comparativement
aux 4,3 % pour l’ensemble du Québec. Cette croissance s’est surtout manifestée en
amont de la rivière, dans la MRC de la Jacques-Cartier, particulièrement autour du
Lac-Saint-Joseph et dans les municipalités le plus en amont sur le bassin, en raison
de leurs attraits pour la villégiature et les activités récréotouristiques. Les prévisions
montrent que cette croissance se poursuivra. À ce jour, la moitié sud du bassin reste
la partie la plus habitée. En ce qui concerne le lac Saint-Joseph, plus de
600 habitations sont présentes dans les 100 premiers mètres bordant le lac, ce qui
inévitablement, exerce des pressions d’utilisation importante sur le plan d’eau.

En 2008, de nombreux articles ont paru dans la presse pour signaler l’étalement
urbain de la MRC de la Jacques-Cartier. Celle-ci a vu le nombre annuel de mises en
chantier se multiplier par cinq sur son territoire depuis 19985. Certaines municipalités
se distinguent plus que d’autres quant à leur croissance. Depuis 1998, Sainte-
Catherine-de-la-Jacques-Cartier affiche une augmentation de 82,8 %, Saint-
Gabriel-de-Valcartier de 92 % et elle est de 45 % pour les Cantons-Unis de
Stoneham-et-Tewkesbury. La MRC de Portneuf n’est pas en reste. En 2008, le record

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Source : Article du Journal de Québec, vendredi 17 juillet 2009
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de construction a été fracassé dans la MRC, avec plus de 400 mises en chantier. La
municipalité de Pont-Rouge a multiplié par cinq l’émission des permis de
construction depuis 2000. Cependant, on a pu observer une décroissance de ce
nombre en 2008 s’expliquant par la non-disponibilité des terrains. Pont-Rouge mise
sur le dézonage de terres réservées à l’agriculture pour poursuivre son expansion.
Donnacona a connu quant à elle, la hausse la plus importante de mises en chantier
en 2008, triplant celles de 2007. Les villes de Cap-Santé et Neuville présentent
également une croissance importante.

Cet accroissement important de la superficie des municipalités et du nombre de


résidents dans le bassin versant ne sera pas sans impact sur les écosystèmes
aquatiques et riverains, qui se retrouvent de plus en plus restreints.

2.1.3. Espèces envahissantes


Généralités
Une espèce envahissante est un organisme qui a été introduit intentionnellement ou
accidentellement dans une région située en dehors de son aire de répartition
naturelle et qui s'est tellement multipliée qu'elle a remplacé certaines espèces
originales. Les cas d’espèces envahissantes responsables de modifications notables
dans les écosystèmes sont nombreux.

Les impacts des espèces envahissantes sur les milieux aquatiques et riverains sont
importants :

• Modification du débit, de la profondeur, et du temps de drainage de l’eau


dans les milieux humides. Ceci affecte la distribution des espèces végétales
ainsi que des nutriments dans l’eau ;
• perte de biodiversité en entrant en concurrence avec les espèces indigènes
pour l’espace, les matières nutritives et en leur transmettant des maladies et
des parasites ;
• perte de diversité génétique lorsque les espèces envahissantes se
reproduisent avec les espèces indigènes. Le mélange signifie que le bassin
de gènes est modifié et qu’il peut y avoir perte d’adaptation face aux
conditions environnementales du Québec. L’espèce indigène originale peut
éventuellement être perdue. De plus, les générations résultantes des unions
entre deux espèces différentes sont souvent infertiles, diminuant les chances
de l’espèce de se perpétuer dans le temps ;
• modification des pêcheries, entraînant souvent un déclin considérable de la
pêche. Les espèces envahissantes peuvent avoir un impact négatif sur les
espèces exploitables, en entrant en compétition pour la nourriture et
l’espace, en mangeant les espèces indigènes ou en transmettant de
nouvelles maladies et parasites contre lesquelles les espèces indigènes n’ont
pas de protection immunitaire.

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Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier6
Selon l’étude réalisée par la CBJC au lac Saint-Joseph, deux espèces de plantes
envahissantes ont été relevées dans les eaux du lac, soit le phragmite commun
(Phragmites australis) et l’élodée du Canada (Elodea canadensis) (CBJC, 2007).
Tous les plants de phragmites identifiés au lac Saint-Joseph ont été arrachés
manuellement au cours de l’été 2008. Un suivi devra être assuré pour évaluer la
réussite des travaux.

Pour le moment, aucune mention de myriophylle à épi (Myriophyllum spicatum) n’a


été rapportée. En ce qui concerne la salicaire pourpre (Lythrum salicaria), il n’existe
pas d’inventaire. Cependant, cette espèce est de plus en plus abondante dans le
bassin versant, le long des routes, dans les fossés et la problématique de son
expansion rapide se posera dans les années à venir.

Enfin, depuis 2006, l’apparition de la Renouée du Japon (Fallopia japonica) dans le


parc national de la Jacques-Cartier pose un problème de gestion. En 2009, les
responsables du parc ont décidé de procéder à l’arrachage manuel des plants
(323 m2). Le problème qui se pose, c’est qu’il va falloir continuer à le faire pour
plusieurs années, sans être sûr de pouvoir éradiquer la population de Renouée.

• Le phragmite commun : les zones envahies par cette espèce sont souvent
denses et impénétrables. Le milieu ainsi transformé n’a alors que peu de
valeur pour la faune et la flore indigène. Sa propagation est rapide, il
s’adapte facilement aux périodes d’inondation et d’assèchement, tout en
tolérant de grands écarts de température. Par conséquent, cette plante
très résistante, tolérante et agressive se classe parmi les espèces végétales
envahissantes les plus difficiles à contrôler.

• L’élodée du Canada : cette plante crée des nuisances par son intense
développement et sa rapide extension géographique. La prolifération de
ces populations peut entraîner des dysfonctionnements des milieux
aquatiques, tels que des anoxies périodiques. Elle constitue également un
obstacle à l’écoulement des eaux et une gêne importante pour la pratique
des loisirs nautiques et de la pêche. Enfin, l’extension des peuplements peut
se faire au détriment d’autres espèces végétales.

• La salicaire pourpre : elle produit un tapis de racines denses et coriaces. Les


facteurs naturels comme le vent, l’eau et les animaux, ainsi que les activités
humaines (transport, drainage, etc.) sont les principaux vecteurs de
dissémination de la plante. Agressive et compétitive, la salicaire pourpre
chasse la quenouille et autres espèces nutritives pour les animaux
indigènes. Elle n’a aucun ennemi naturel ni aucune valeur nutritive.
L’absence de contraintes à son développement et son extraordinaire
production de semences ont contribué à son envahissement. Cette espèce

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Source : CBJC, 2008. Plan directeur de l’eau du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier
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Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
est tellement répandue en Amérique du Nord que son éradication semble
pratiquement impossible.

• La Renouée du Japon : plante herbacée très rigoureuse originaire d’Asie.


Elle est devenue l’une des principales espèces invasives et est d’ailleurs
inscrite à la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature
des 100 espèces les plus préoccupantes. La Renouée du Japon affectionne
les zones alluviales et les rives des cours d’eau, mais on la trouve aussi dans
les milieux rudéralisés (bords de routes, alentours des jardins, etc.). Cette
plante est dépourvue de prédateurs locaux et de compétiteurs, elle
s’avère très invasive et défavorable à la biodiversité, elle bloque les
successions végétales naturelles en empêchant la régénération des autres
plantes. Elle constitue une réelle menace pour l’équilibre biologique et
physique des ruisseaux et rivières. Enfin, sa progression se fait aussi au
détriment de la diversité des vertébrés et invertébrés en modifiant la
répartition des espèces herbacées autochtones.

2.2. DIVERSITÉ DES MILIEUX AQUATIQUES ET RIVERAINS


2.2.1. Espèces menacées et vulnérables
Généralités
Toutes les espèces floristiques ou fauniques possèdent leurs propres caractéristiques
et sont importantes, que ce soit pour leur valeur écologique, scientifique,
alimentaire, économique, médicinale, culturelle ou sociale. Avec la Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables, le gouvernement québécois s'est engagé à
garantir la sauvegarde de l'ensemble de la diversité génétique du Québec.

À ce jour, 59 espèces de la flore sauvage et 18 de la faune ont été légalement


désignées menacées ou vulnérables au Québec. De nombreuses espèces sont
susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables. Une espèce est menacée
lorsque sa disparition est appréhendée. Elle est vulnérable lorsque sa survie est
précaire même si sa disparition n'est pas appréhendée.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier7


Seule la vergerette de Philadelphie ssp. de Provancher (Erigeron philadelphicus ssp.
provancheri), désignée menacée au Québec depuis 2005, est présente sur le
territoire (tableau 1).

Dix espèces floristiques susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, sont


considérées comme présentes dans le bassin versant de la Jacques-Cartier (habitat
préférentiel présent), soit le carex argenté (Carex argyrantha), le cyprède royal
(Cypripedium reginae), la listère australe (Listera australis), la platanthère à gorge
frangée variété à gorge frangée (Platanthera blephariglottis var. blephariglottis), la
polygonelle articulée (polygonella articulata), le rhynchospore capillaire
7
Source : CBJC, 2008. Plan directeur de l’eau du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier
10
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
(Rhynchospora capillacea), la sélaginelle cachée (Selaginella eclipes), la stellaire
fausse-alsine (Stellaria alsine), l’utriculaire à bosse (Utricularia gibba) et l’utriculaire à
scapes géminés (Utricularia geminiscapa) (tableau 1).
Tableau 1. Espèces de plantes à statut particulier

Espèces de plantes à statut particulier


Nom commun Nom latin Statut
Carex argenté Carex argyrantha S
Cyprède royal Cypripedium reginae S
Listère australe Listera australis S
Platanthère à gorge frangée Platanthera blephariglottis var.
S
variété à gorge frangée blephariglottis
Polygonelle articulée Polygonella articulata S
Rhynchospore capillaire Rhynchospora capillacea S
Sélaginelle cachée Selaginella eclipes S
Stellaire fausse-alsine Stellaria alsine S
Utriculaire à bosse Utricularia gibba S
Utriculaire à scapes géminés Utricularia geminiscapa S
Vergerette de Philadelphie Erigeron philadelphicus ssp.
M
ssp. de Provancher provancheri
Statut. M : menacée; S : susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables

Dans le bassin de la Jacques-Cartier, en plus de la population de saumon


atlantique qui a démontré des difficultés évidentes à se maintenir dans la rivière
Jacques-Cartier, on recense 11 autres espèces fauniques qualifiées de menacées,
vulnérables ou susceptibles de l’être (tableau 2) et qui nécessitent une attention
particulière pour assurer leur pérennité.

Tableau 2. Espèces animales à statut particulier

Nom vernaculaire Nom latin Statut


Lamproie du Nord Ichthyomyzon fossor S
Fouille-roche gris Percina copelandi V
Omble chevalier ssp. oquassa Salvelinus alpinus ssp. oquassa S
Grenouille des marais Lithobates palustris S
Salamandre sombre du nord Desmognathus fuscus S
Couleuvre verte Liochlorophis vernalis S
Hibou des marais* Asio flammeus S
Grive de Bicknell* Catharus bicknelli S
Grèbe esclavon Podiceps auritus M
Carcajou* Gulo gulo M
Lemming de Cooper* Synaptomys cooperi S
Statut. M : menacée; V : vulnérables, S : susceptibles d’être désignées menacées ou
vulnérables
* : bien que ces espèces ne soient pas en lien direct avec l’eau, les bandes riveraines servent
souvent aux différents cycles de leur vie

11
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2.2.2. Bandes riveraines
Généralités8
Le milieu riverain est essentiel à la survie des composantes écologiques et
biologiques de divers plans d’eau. À cet effet, la politique québécoise de
protection des rives, du littoral et des plaines inondables (adoptée en 1987) vise à
leur accorder une protection minimale.

Les objectifs de cette politique sont les suivants :


• Assurer la pérennité des plans d’eau et des cours d’eau, maintenir et
améliorer leur qualité en accordant une protection minimale adéquate aux
rives, au littoral et aux plaines inondables ;
• prévenir la dégradation et l’érosion des rives, du littoral et des plaines
inondables, en favorisant la conservation de leur caractère naturel ;
• assurer la conservation, la qualité et la diversité biologique du milieu en
limitant les interventions pouvant permettre l’accessibilité et la mise en valeur
des rives, du littoral et des plaines inondables ;
• dans la plaine inondable, assurer la sécurité des personnes et des biens ;
• protéger la flore et la faune typique de la plaine inondable en tenant
compte des caractéristiques biologiques de ces milieux et y assurer
l’écoulement naturel des eaux ;
• promouvoir la restauration des milieux riverains dégradés en privilégiant
l’usage de techniques les plus naturelles possible.

Comme l’indique l’état de divers plans d’eau du Québec, il est évident que cette
politique est couramment méconnue par les acteurs de l’eau. Selon une étude
produite par le ministère de l’Environnement du Québec, il s’avérerait que les
municipalités manquent de ressources et d’expertise pour assurer son application. Il
va sans dire que cette situation est inquiétante.

Q’est-ce qu’une bande riveraine ?


En général, la zone de gestion des terres riveraines s’étend du bord de l’eau
jusqu’aux terres sèches. La bande riveraine représente la portion de végétation qui
pousse entre le milieu aquatique et le milieu strictement terrestre.

Les zones riveraines présentent des caractéristiques variées. La végétation que l’on
retrouve dans les zones qui sont inondées fréquemment, par exemple, se compose
surtout de carex, de graminées et d’arbustes tels que les saules ou les cornouillers.
Les zones riveraines boisées sont habituellement colonisées d’arbres plus gros
comme les aulnes, les peupliers faux-trembles ou les épinettes.

Les lisières boisées le long des cours d’eau sont essentielles à la survie d’une
multitude d’espèces fauniques et floristiques qu’elles abritent. D’ailleurs, leur
protection a non seulement des retombées d’un point de vue environnemental,
mais également sur le plan social et économique.
8
Source : CBJC, 2006 et 2007a
12
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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Les principaux bienfaits de la végétation riveraine sont de :
• Stabiliser le sol avec les systèmes de racine ;
• régulariser la vitesse d’écoulement du cours d’eau ;
• contenir les inondations, limitant les dommages aux propriétés ;
• favoriser la sédimentation des particules en suspension dans l’eau ;
• diminuer la vitesse de ruissellement ;
• retenir les sédiments en milieu terrestre ;
• diminuer la turbidité de l’eau ;
• filtrer les nutriments, la matière organique, les pesticides, etc. ;
• créer de l’ombre contrant le réchauffement excessif de l’eau ;
• offrir un paysage naturel attrayant ;
• agir comme un brise-vent naturel limitant l’érosion éolienne et le risque de
chablis ;
• offrir des abris, de la nourriture et des aires de reproduction pour la faune ;
• contribuer à la diversité par des habitats variés ;
• favoriser un développement récréotouristique durable ;
• amener des retombées économiques pour la région ;
• diminuer les coûts relatifs à l’entretien et la restauration des rives.

Les interventions dans le milieu riverain peuvent engendrer la dégradation des


bandes riveraines, limitant ainsi leur efficacité. Le déboisement des rives et des
berges, pour l’aménagement d’un accès à la rivière, est un bon exemple
d’intervention qui peut contribuer à rendre les berges vulnérables à l’érosion s’il
n’est pas convenablement planifié ou s’il ne tient pas compte des limites du milieu.
Bien que l’érosion soit un phénomène naturel, elle est fréquemment amplifiée par
de mauvaises pratiques en milieu riverain.

Les principaux méfaits de l’érosion sont de :


• Augmenter la sédimentation ;
• colmater les frayères ;
• augmenter la turbidité de l’eau ;
• augmenter la pollution par le ruissellement ;
• provoquer des pertes de terrains ;
• modifier la trajectoire d’écoulement de l’eau ;
• obstruer l’embouchure des tributaires ;
• détruire les habitats pour la faune et la flore ;
• rendre le paysage moins attrayant.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier


La rivière Jacques-Cartier
La rivière Jacques-Cartier ne semble pas échapper à cette problématique. Selon
l’opinion exprimée par différents acteurs de l’eau, le corridor riverain en aval du
parc national de la Jacques-Cartier afficherait des signes évidents de dégradation.
C’est dans le but de sensibiliser les intervenants municipaux, régionaux et les usagers
à l’importance de conserver, protéger et mettre en valeur le milieu riverain de la
Jacques-Cartier qu’a été produit en 2006 un portrait du couvert forestier riverain et

13
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de l’état des berges dans la partie municipalisée de la MRC de la Jacques-Cartier
(phase I; la phase II sera réalisée à l’été/hiver 2009), et en 2007, le même portrait
dans la MRC de Portneuf (phases I et II) (CBJC, 2006 et 2007a).

Ces projets avaient pour but de combler le manque d’information sur le milieu
riverain et de documenter les préoccupations formulées par les différents
intervenants siégeant sur le conseil d’administration de la CBJC, ainsi que par les
citoyens du bassin versant lors des consultations publiques tenues en 2005.

En ce qui concerne le territoire faisant partie de la MRC de la Jacques-Cartier, ce


projet a permis de documenter les préoccupations des différents acteurs de l’eau
en ce qui concerne l’état des rives et des berges de la rivière Jacques-Cartier. Les
résultats de la caractérisation ont mené à un portrait détaillé du corridor riverain
pour la MRC de la Jacques-Cartier. Ce portrait révèle des signes de dégradation du
couvert forestier, une augmentation des pressions anthropiques dans la partie
municipalisée du bassin versant et une apparition de plusieurs signes d’érosion.

Le portrait réalisé en 2007 dans la MRC de Portneuf a permis de terminer le portrait


de l’ensemble du corridor riverain de la rivière Jacques-Cartier. Cette deuxième
caractérisation a permis de montrer que les berges de la rivière Jacques-Cartier,
dans cette portion du territoire, sont plus rarement et difficilement colonisées par
l’homme, car elles sont souvent constituées de hautes parois rocheuses et abruptes.
L’état général du corridor riverain s’en ressent positivement.

La compilation des analyses qualitatives des berges le démontre que le couvert


arborescent occupe 77 % des 100 mètres de rive; la stabilité intrinsèque est élevée à
54%; la tenue du couvert végétal est bonne à 50 %; et enfin que les berges sont
modérément vulnérables à 47 % et peu vulnérables à 41 %. Ce portrait appréciable
du corridor riverain dans ce secteur ne doit toutefois pas mener à l’inaction, car
36 % des berges ont une stabilité faible ou modérée et 50 % sont vulnérables ou
modérément vulnérables.

Ces projets ont permis de faire la lumière sur l’état du corridor riverain, sa nature et
son couvert forestier, ainsi que sur les différentes pressions qu’il subit. Ils ont aussi
permis de cibler, pour chacune des municipalités, de nombreux faits saillants
auxquels une attention particulière devrait être portée tout en approfondissant les
connaissances sur le milieu riverain de la rivière Jacques-Cartier. Pour la majorité du
territoire, les bandes riveraines sont fonctionnelles et d’une largeur adéquate.
Plusieurs cependant, subissent des pressions anthropiques. Souvent, ce sont les
riverains qui sont à l’origine des problèmes rencontrés, ou du moins qui contribuent,
par leurs actions sur les berges et les rives, à accentuer les problèmes d’érosion.

Le lac Saint-Joseph
Il est important de préserver les bandes riveraines naturelles qui ceinturent tout plan
d’eau. Malheureusement, plusieurs riverains déboisent complètement leur rive et
remplacent les arbres et arbustes par de la pelouse ou des matériaux inertes. Afin
de préserver le milieu aquatique, le MDDEP préconise le maintien d’une bande
14
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riveraine en végétation naturelle d’un minimum de 10 à 15 mètres de profondeur,
selon la pente.

En 2006, lors de l’évaluation de l’état de santé du lac Saint-Joseph, la


caractérisation de l’état des bandes riveraines du lac a été réalisée (CBJC, 2007b,
cahier E). Cela visait à identifier les niveaux de détérioration et de construction de la
rive. Les observations ont été effectuées sur les quinze premiers mètres de
profondeur de la rive. Le protocole visait à déterminer les zones homogènes
d’occupation du sol en tenant compte des types d’occupation de la bande
riveraine (naturel vs habité) et des types d’aménagements présents (aménagement
naturel, ornemental, ou matériaux inertes) sur les parties de la bande riveraine
habitées. Le pourcentage de la longueur du rivage (soit environ le premier mètre de
l’interface terre-eau) où on observait des murets et des remblais, ainsi que la
présence de sols dénudés et de foyers d’érosion a également été notée. Ces
dernières observations (descripteurs de dégradation du rivage) ont fourni des
informations sur le niveau de dégradation de la rive immédiate au lac.

Les résultats portent sur le pourcentage de diverses caractéristiques de la bande


riveraine mesuré sur le périmètre total du lac, mais également sur le pourcentage
de ces caractéristiques mesuré sur le périmètre du lac habité (excluant la partie
naturelle, non habitée). Cette seconde interprétation permet d’évaluer plus
précisément l’importance des caractéristiques de dégradation sur la partie habitée
par des riverains.

Le tableau 3 présente les occupations et les aménagements évalués sur les quinze
premiers mètres de la rive, ainsi que la quantité de sols nus, de murets et remblais
évaluée à l’interface immédiate entre la terre et l’eau. Les résultats démontrent que
la majeure partie de la bande riveraine de quinze mètres du lac Saint-Joseph et de
la rivière aux Pins est habitée (figure 1). Le quart du lac et le tiers de la rivière sont à
l’état naturel. Le secteur de la rivière aux Pins, caractérisé comme naturel, se situe
cependant sur la rive sud de la rivière, où un développement résidentiel est en
cours. La proportion de la bande riveraine habitée est similaire pour les municipalités
de Fossambault-sur-le-Lac et de ville de Lac-Saint-Joseph et s’élève à plus de 80 %
(tableau 4). À l’inverse, seulement 20,4 % des bandes riveraines à Sainte-Catherine-
de-la-Jacques-Cartier sont habitées, le reste étant constitué de zones boisées
appartenant à la Station touristique Duchesnay.

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Tableau 3. Importance relative (%) des types d’occupation, d’aménagements et des
descripteurs de dégradation présents sur les rives du lac Saint-Joseph et de la
rivière aux Pins à l’été 2006.

Type d’occupation
Type naturel Type habité
Lac-Saint-Joseph 24.7 75.3
Rivière aux Pins 33.6 66.4
Type d’aménagement
Végétation Végétation Matériaux
naturelle ornementale inertes
total habitée total habitée total habitée
Lac-Saint-Joseph 16.2 21.6 35.8 47.6 23.2 30.8
Rivière aux Pins 17.2 25.9 6.9 10.3 42.3 63.7
Descripteurs de dégradation
Sol nu et érosion Murets et remblais
total habitée total habitée
Lac-Saint-Joseph 19,8 26,3 40,3 53,5
Rivière aux Pins 7,4 11,1 47,4 71,5

Tableau 4. Importance relative (%) des types d’occupation, d’aménagements et des


descripteurs de dégradation présents sur les rives du lac Saint-Joseph et de la
rivière aux Pins, par municipalité limitrophe au lac.

Type d’occupation
Type naturel Type habité
Fossambault-sur-le-Lac
19,5 80,5
(inclus riv aux Pins)
Lac-Saint-Joseph 16,0 84,0
Sainte-Catherine-de-la-JC 79,6 20,4
Type d’aménagement
Végétation Végétation Matériaux
naturelle ornementale inertes
total habitée total habitée total habitée
Fossambault-sur-le-Lac 17,0 21.1 19,5 24,2 44,0 54,6
Lac-Saint-Joseph 17,8 21,2 45,7 54,4 20,5 24,4
Sainte-Catherine-de-la-JC 8,3 40,7 21,6 43,7 3,2 15,7
Descripteurs de dégradation
Sol nu et érosion Murets et remblais
total habitée total habitée
Fossambault-sur-le-Lac 32,3 40,1 35,6 44,3
Lac-Saint-Joseph 14,2 16,9 52,5 62,4
Sainte-Catherine-de-la-JC 4,5 22,3 1,5 7,3

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Figure 1. Pourcentage du territoire des rives habité au lac Saint-Joseph à l’été 2006.

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Au niveau de la zone habitée, la végétation naturelle est peu présente et le
pourtour du lac est davantage dominé par la végétation ornementale (gazon,
plantes et arbustes ornementaux) et les matériaux inertes (béton, quais, etc.). En
particulier, seulement 21,6 % (lac Saint-Joseph) et 25,9 % (rivière aux Pins) de la
bande riveraine habitée (terrains habités) sont constitués de végétation naturelle.
Ce plus fort pourcentage pour la rivière aux Pins est lié au développement de la
Seigneurie du lac Saint-Joseph (rive sud), qui comptait pour une zone habitée, mais
qui présentait encore des rives boisées au moment de l’inventaire. La végétation
ornementale, quant à elle, occupe 47,6 % de la zone habitée du lac et 6,9 % de la
zone habitée de la rivière aux Pins. Finalement, les matériaux inertes comptent pour
30,8 % et 63,7 % de la bande riveraine habitée du lac et de la rivière aux Pins,
respectivement.

La proportion de la bande riveraine habitée (quinze mètres) constituée de


matériaux inertes est plus importante dans la municipalité de Fossambault-sur-le-Lac
(54,6 %) qu’à ville de Lac-Saint-Joseph (24,4 %) et Sainte-Catherine-de-la-Jacques-
Cartier (15,7 %). Ceci est dû, d’une part, à la présence élevée de matériaux inertes
dans la bande riveraine de la rivière aux Pins. D’autre part, les plages privées ou
publiques, plus importantes à Fossambault-sur-le-Lac, étaient aussi considérées
comme des matériaux inertes.

La quantité de murets, remblais et sols dénudés (plages, sols érodés) recensée sur le
pourtour du lac Saint-Joseph, à l’interface immédiate de la terre et de l’eau, est
aussi élevée (figure 2). Plus précisément, 60,1 % des rives du lac et 54,8 % des rives
de la rivière aux Pins sont caractérisées par la présence de murets, remblais ou de
sols dénudés. Ceci équivaut à 79,8 % de la zone habitée. Ainsi, plus de trois terrains
sur quatre sont bordés, en moyenne, d’un muret, remblais ou d’une plage (pas de
végétation à l’interface immédiate entre la terre et le lac). Dans le cas de la rivière
aux Pins, 71,5 % des rives habitées sont caractérisées par des murets ou des remblais.
Plus spécifiquement, 96,1 % de la rive nord de la rivière aux Pins (du lac au pont-
route de la route Fossambault) est caractérisé par des murets et remblais. Ceci en
fait le secteur le plus construit du lac.

Finalement, les rives immédiates au lac sont bordées de murets ou de remblais à


62,4 % (bande habitée) à ville de Lac-Saint-Joseph contre 44,3 % à Fossambault-sur-
le-Lac et 7,3 % à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. En revanche, les rives
immédiates du lac situées à Fossambault-sur-le-Lac présentent plus de sols nus
(plages ; 40,1 % de la bande habitée) que ville de Lac-Saint-Joseph (16,9 %) et
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (22,3 %).

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Figure 2. Pourcentage des rives du lac Saint-Joseph caractérisées par un aménagement
naturel à l’été 2006.

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Les résultats démontrent que les rives du lac Saint-Joseph et de la rivière aux Pins
sont très construites et plutôt dégradées. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus
dans le cadre d’une étude réalisée en 1981 (Ministère de l’Environnement, 1981),
qui indiquaient que 63 % de la superficie du lac était classée comme fortement
affectée par les activités humaines. Bien que les méthodes employées soient
différentes, les deux études indiquent tout de même un niveau élevé de
construction des rives. Ainsi, l’aménagement du territoire en rive ne semble guère
s’être amélioré depuis les années 1980.

Le déboisement des rives du lac Saint-Joseph et de la rivière aux Pins peut avoir
plusieurs répercussions sur l’état global du lac. Premièrement, le remplacement de
la végétation naturelle des rives par des murets et des remblais contribue
possiblement au réchauffement la zone littorale du lac. La végétation naturelle
créée effectivement de l’ombre sur les rives, prévenant le réchauffement excessif
de l’eau (Goupil, 1998). À l’inverse, les matières inertes telles que le béton près des
rives absorbent beaucoup de chaleur et redistribuent cette dernière vers le lac. Le
déboisement des rives favorise aussi l’eutrophisation et la sédimentation du lac.
Comme mentionné plus haut, les arbres jouent le rôle de filtre et ont la capacité de
retenir les sédiments et d’assimiler les nutriments qui proviennent du bassin versant.
En l’absence de végétation, les nutriments et les sédiments ruissellent librement vers
le lac. Conséquemment, il serait important de surveiller l’évolution de l’état des rives
au fur et à mesure que le développement résidentiel progresse autour du lac Saint-
Joseph. En particulier, le secteur sud de la rivière aux Pins, qui constitue un secteur
encore majoritairement naturel, est un secteur à surveiller et à protéger.

Finalement, le remplacement de la végétation naturelle par la végétation


ornementale affecte également la santé du lac. Par exemple, le gazon assimile
beaucoup moins d’eau, de nutriments et de sédiments que les arbres ou des
arbustes, puisque ses racines sont moins profondes (Hodgson, 2005 ; Hodgson, 2006).
De plus, il protège peu le terrain contre le ruissellement de la pluie et favorise un
écoulement plus grand vers le lac. L’application d’engrais et de pesticides,
généralement associée avec la présence de végétation ornementale, a aussi le
potentiel de détériorer davantage le lac. Les engrais appliqués sur les pelouses
ruissellent en bonne partie vers les cours d’eau où ils favorisent la prolifération des
algues et plantes aquatiques.

2.2.3. Vieillissement prématuré des lacs


Généralités9
Ce phénomène est aussi appelé l’eutrophisation des lacs.

Dans le sud du Québec, les lacs peuvent dater de la fin de la dernière période
glaciaire, soit il y a environ 12 000 ans. Ces lacs peuvent donc être considérés
comme étant au début de leur cycle d’évolution. De façon naturelle, un lac va être
9
Source : Services RAPPEL© 2008
20
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comblé graduellement par les apports de sédiments provenant des tributaires et
par le dépôt de matières organiques. Ce phénomène appelé eutrophisation, se
produit toutefois sur des milliers d’années, voire des centaines de milliers d’années.

L’eutrophisation est un processus de transformation, de vieillissement des lacs se


caractérisant par une augmentation de la productivité d’un lac, c’est-à-dire
notamment par un accroissement des plantes aquatiques et des algues. C’est un
phénomène naturel à l’échelle géologique, mais qui se trouve fortement accéléré
par les matières nutritives et les sédiments apportés par diverses activités humaines.

Dans un plan d’eau en santé et jeune, les éléments nutritifs sont présents à de
faibles concentrations et assurent une croissance normale des plantes aquatiques
et des algues microscopiques (phytoplancton). Lorsque le phosphore devient trop
abondant, il cause une croissance excessive des végétaux aquatiques. Cet
envahissement par les plantes aquatiques et les algues a pour effet de détériorer la
qualité des eaux, affectant ainsi la qualité esthétique, le goût et l’odeur de l’eau et
modifiant la composition de la faune aquatique présente, dont celle des espèces
de poissons d’intérêt sportif. La santé et la pérennité du plan d’eau ainsi que les
différents usages humains sont donc grandement affectés par l’eutrophisation.

Figure 3. Phénomène d’eutrophisation des lacs.

21
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On peut classer les lacs en trois grandes catégories trophiques, selon leur stade
d’eutrophisation :

Lacs pauvres en matières nutritives et contenant plusieurs espèces


Oligotrophe d’organismes aquatiques, chacune d’elles étant représentée en nombre
peu nourri relativement faible. L’eau se caractérise par une grande transparence, une
importante teneur en oxygène et peu de matières organiques.
Lacs qui se situent entre les lacs oligotrophes et les lacs eutrophes. Par
rapport aux lacs oligotrophes, on y note une augmentation de la quantité
Mésotrophe
de matières organiques et des organismes aquatiques (végétaux, animaux,
bactéries).
Lacs riches en matières nutritives. Ces lacs sont relativement peu profonds,
Eutrophe recouverts d’une large ceinture de végétation aquatique et on y note la
bien nourri présence d’espèces de poissons peu exigeants en oxygène. Le fond est
couvert de sédiments riches en matières organiques.

Malheureusement, les activités humaines (urbanisation, villégiature, activités


agricoles, forestières et industrielles) accélèrent le processus d’eutrophisation des
lacs en augmentant significativement les apports de sédiments (particules de sols)
et de nutriments.

Les apports en matières nutritives, comme le phosphore et l’azote, provenant entre


autres d’installations septiques mal entretenues ou d’usages excessifs de fertilisants,
sont responsables de l’eutrophisation accélérée du lac. D’autre part, les apports en
sédiments, provenant essentiellement de l’érosion des sols, envasent le fond et
contribuent également à l’eutrophisation accélérée du plan d’eau.

Les principales sources de nutriments sont les :


• Engrais domestiques (pour pelouses, plates-bandes, etc.) ;
• engrais agricoles (engrais chimiques, lisiers, etc.) ;
• eaux usées (domestiques, municipales) ;
• détergents, lessives et savons ;
• coupes forestières abusives (sols mis à nu) ;
• érosion des rives ;
• rejets de sites d’enfouissement ;
• rejets industriels.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier


Le lac Saint-Joseph est le plus important plan d’eau du bassin versant, et le seul qui
fait l’objet d’un suivi depuis quelques années et dont le niveau trophique est connu.

Le lac Saint-Joseph est alimenté par sept tributaires permanents et six cours d’eau
intermittents. Son principal tributaire est la rivière aux Pins et dans une moindre
mesure, le ruisseau Maher situé à son extrémité nord. Il est composé de deux
bassins, soit le bassin nord et le bassin sud, divisés par une masse sableuse associée
à la vallée de la rivière aux Pins.
22
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Le bassin nord est large et profond (allant jusqu’à 36 mètres dans la fosse centrale)
alors que le bassin sud a une profondeur maximale de douze mètres, il est plus de
deux fois plus petit. La bathymétrie du lac a beaucoup évolué depuis les années 70.
Évaluée selon la comparaison des volumes d’eau entre les données de 1973 et de
2006, l’étude du MRNF (Arvisais, 2007) estime qu’il y a eu une diminution de la
profondeur de 60 cm sur l’ensemble du lac, ce qui correspond au déversement
d’environ 637 000 camions de 10 m³ de sable. Le volume total du lac Saint-Joseph
est passé de 182 350 000 à 175 980 000 m³ en 33 ans. Même en assumant que ces
calculs pourraient être surestimés de 50 %, les apports de sédiments qu’a connus le
lac Saint-Joseph sont énormes. Le bassin sud semble avoir été affecté de façon plus
importante par les apports de sédiments que le bassin nord puisqu’il a perdu 10,3 %
de son volume depuis 1973 comparativement à 2,5 % pour le bassin nord.

Depuis les épisodes de cyanobactéries de 2006, des analyses de la qualité physico-


chimique des eaux du lac Saint-Joseph sont réalisées grâce au Réseau de
surveillance volontaire des lacs du Québec (RSVLac). Cette étude a été adoptée
par les municipalités riveraines du lac via le plan d’action conjoint. Les campagnes
d’échantillonnages de 2006, 2007 et 2008 furent effectuées au-dessus des fosses du
lac. Les niveaux trophiques ont été évalué en se basant sur les données de quatre
descripteurs de qualité de l’eau soit, le phosphore total, la concentration en
carbone dissous, la chlorophylle a et la transparence (tableau 5).

Les descripteurs mesurés indiquent que le bassin sud présente des caractéristiques
d'un milieu légèrement plus eutrophe que le bassin nord. Effectivement, la
compilation des résultats de 2008 conclut que le bassin sud est en stade
mésotrophe alors qu’il est oligo-mésotrophe pour le bassin nord (CBJC, 2009).
Malgré cela, c’est l’ensemble du lac qui présente des signes de vieillissement.

Tableau 5. Qualité physico-chimique du lac Saint-Joseph

Bassin Nord du lac Saint-Joseph


Carbone
Moyenne Phosphore total
Chlorophylle a (µg/L) organique dissous Transparence
estivale (µg/L)
(mg/L)
2006 5,0 4,1 2,8 4,9
2007 5,1 2,2 2,7 5,3
2008 6,6 3,7 3,5 4,3

Bassin Sud du lac Saint-Joseph


Carbone
Moyenne Phosphore total
Chlorophylle a (µg/L) organique dissous Transparence
estivale (µg/L)
(mg/L)
2006 6,9 5,1 2,7 4,1
2007 7,3 3,7 2,7 4,4
2008 7,7 3,7 3,4 3,5

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Concentration en phosphore total (PT)
Des analyses effectuées en 2006 par la Direction du suivi de l’état de
l’environnement du MDDEP ont permis de déterminer que la concentration
moyenne en PT pour la période sans glace était de 5,0 µg/l dans le bassin nord et
de 6,9 µg/l dans le bassin sud. Ces valeurs classent le bassin sud comme étant oligo-
mésotrophe et le bassin nord comme étant oligotrophe (CBJC, 2007, cahier I).
Talonnant ces résultats, les mesures de suivi effectuées depuis 2006 rendent compte
d’une augmentation du taux de phosphore total pour les deux bassins (tableau 5).
Ainsi, l’évolution rapide des concentrations de PT laisse présager l’eutrophisation du
lac.

Concentration en chlorophylle a
Indicateur de la biomasse d’algues microscopiques (phytoplancton) en suspension
dans l’eau, la concentration en chlorophylle a permet d’évaluer la production
primaire. Plus les niveaux sont élevés, plus le système est considéré comme étant
productif et eutrophe (CBJC, 2009). Des analyses effectuées en 2006 par la
Direction du suivi de l’état de l’environnement du MDDEP établissent la
concentration moyenne en chlorophylle a pour la période sans glace à 4,5 µg/l
dans le bassin nord et à 5,1 µg/l dans le bassin sud. Ces valeurs classent les deux
bassins du lac comme étant mésotrophes.

Carbone organique dissous (COD)


La concentration de carbone organique dissous sert à évaluer la présence des
matières responsables de la coloration jaunâtre ou brunâtre de l’eau, tel que
l’acide humique provenant des milieux humides environnants. La transparence de
l’eau diminue avec l’augmentation de la concentration en carbone organique
dissous (MDDEP, 2002). Une concentration inférieure à 5 mg/L est recommandée
pour l’eau potable. Les concentrations moyennes de COD pour le lac varient très
peu entre les bassins, mais ont augmenté de 2,7 à 3,4 pour le bassin sud et de 2,8 à
3,5 mg/L pour le bassin nord depuis 2006 (tableau 5). Elles restent néanmoins en
deçà des seuils acceptables pour l’eau potable. L’augmentation observée est
probablement causée par les fortes pluies de l’année 2008.

Transparence
La transparence est une évaluation de la pénétration de la lumière dans le lac. Plus
l’eau d’un lac est enrichie organiquement, plus la transparence sera faible et plus le
plan d’eau tend vers l’eutrophisation (CBJC, 2007, cahier I). Les mesures effectuées
dans le lac Saint-Joseph depuis 2006 montrent une décroissance de la
transparence, particulièrement pour le bassin sud (tableau 5). Encore une fois, une
partie de cette décroissance de la transparence peut s’apparenter aux fortes pluies
de 2008.

Conductivité et solides totaux dissous (STD)


La conductivité est la propriété qu’a une solution de transmettre le courant
électrique. Ce paramètre est donc le reflet de la présence plus ou moins importante
d’ions dans l’eau, et conséquemment, de la minéralisation. Les valeurs STD

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obtenues en 2006 dans l’étude de l’état de santé du lac Saint-Joseph sont de 22,6
pour le bassin sud et 14,5 pour le bassin nord (CBJC, 2007, cahier I). Ces valeurs sont
considérées comme étant faibles et correspondent à la conductivité d’un lac
oligotrophe.

Le pH
Le pH représente la concentration en ions d’hydrogène. De façon générale, lorsque
le pH se situe entre 5,5 et 9, il ne pose pas de problème au maintien des salmonidés
(CBJC, 2007, cahier I). En 2006, le pH moyen était de 6,5 pour le bassin sud et de 7,1
pour le bassin nord.

Température et oxygène dissous du lac


Le réchauffement de l’eau vient affecter à la baisse la concentration d’oxygène
dissous dans l’eau. L’étude de l’état de santé du lac Saint-Joseph a comparé les
résultats des profils de température et d’oxygène dissous de 2006 aux profils de 1971
réalisés à des périodes comparables. Pour les deux bassins, il semble y avoir eu un
réchauffement de l’eau sur les premiers mètres. Cette hausse de température est
particulièrement critique pour le bassin sud où l’habitat propice au maintien des
salmonidés s’est réduit de façon considérable au fil des ans. En effet, dès la fin du
mois de juillet, les cinq premiers mètres de l’eau du bassin sud présentent une
température maximale critique pour la survie des salmonidés. D’ailleurs, la
température d’eau trop chaude en surface combinée à l’anoxie de l’hypolimnion,
ont été identifiées comme étant les facteurs responsables de la mortalité des ciscos
de lacs en 2006. Ainsi, les mortalités de poissons sont susceptibles de se reproduire
lors des étés secs et chauds (CBJC, 2007, cahier I). Quoique le réchauffement de
l’eau ait aussi affecté les premiers mètres du bassin nord, celui-ci présente une
stratification thermique bien définie et l’eau est bien oxygénée jusqu’à
l’hypolimnion tout au long de la saison. Conséquemment, les conditions de
température et d’oxygène dissous de ce bassin demeurent propices à la survie du
touladi (CBJC, 2007, cahier I).

Capacité de support du lac


Un bilan de phosphore et une évaluation de la capacité de support du lac Saint-
Joseph furent réalisés par la CBJC et le Groupe Hémisphère en 2007. Il s’agit d’un
modèle mathématique appuyé par les mesures hydrologiques et morphométriques
du lac. L’indicateur retenu est le phosphore total (PT), facteur limitant de la
croissance de la végétation dans l’eau.
L’apport excessif de phosphore dans le lac accroît sa productivité et contribue à
son eutrophisation. Or, le phosphore étant l’élément nutritif le plus « contrôlable »
par l’humain, il devient la cible principale des interventions visant à améliorer ou
conserver l’état trophique d’un lac (Groupe Hémisphère, 2008). Les résultats sont
rassemblés dans le tableau 6 et reliés aux différents types d’apports.
En résumé, pour les sous-bassins versants au nord, l’apport en phosphore est surtout
d’origine naturelle alors que pour ceux ceinturant le lac, ils sont principalement
d’origine anthropique dont les plus importants proviennent de la pollution diffuse

25
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reliée aux installations septiques des municipalités riveraines. Plus précisément,
puisque le bassin nord est plus profond que le bassin sud, le temps de
renouvellement de ses eaux est plus long et favorise la sédimentation du phosphore.
Pour cette raison, une certaine marge de manœuvre est disponible. Il est
cependant souhaitable de travailler à réduire, ou du moins maintenir, les apports
actuels de phosphore avant de développer davantage puisque la capacité de
support est atteinte à 84 %. Toutefois, la capacité de support du bassin sud est
dépassée puisqu’elle se situe à 122 %. La concentration en PT limite de 6,7
microgrammes par litre est déjà atteinte selon les dernières campagnes de suivi de
la qualité de l’eau (Groupe Hémisphère, 2008).

Tableau 6 : Principaux apports en phosphore par sous-bassin (Groupe Hémisphère, 2008)

Apports en phosphore (%)


Naturel Anthropique
Milieux Zone
Sous-bassin Apport Chemin
humides Traitement urbaine et
atmos- Forêt Friche Surverse en
et petits autonome de
phérique forêt
lacs villégiature
2
Tantaré (11 km ) 27% 63% 9% - - - - -
2
Rivière aux Pins 1 (101 km ) - 44% 37% 14% - - 2% 3%
2
Rivière aux Pins 2 (60 km ) - 66% 24% 3% 4% - - 2%
2
SJ Nord-Est (13 km ) 16% 11% 4% - 19% 18% 29% -
2
SJ Nord-Ouest (15 km ) 41% 25% 1% - 28% - 4% 1%
SJ Sud-Est (6 km2) 28% 9% 8% - 30% 11% 12% -
2
SJ Sud-Ouest (7 km ) 25% 16% 7% - 40% - 9% 3%

En définitive, les apparitions répétées de fleurs d’eau de cyanobactéries ont


appuyé les différentes analyses proposant le vieillissement prématuré du lac
(eutrophisation). En général, les cyanobactéries, ou algues bleu-vert prolifèrent dans
des milieux riches en nutriments (le phosphore en particulier). Ainsi, les signes
d'eutrophisation accélérée observés sont attribuables aux activités humaines
pratiquées à l'intérieur du bassin versant du lac Saint-Joseph. Plusieurs espèces de
cyanobactéries peuvent produire des toxines (cyanotoxines) qui peuvent affecter le
foie, le système nerveux, ou encore causer des irritations cutanées (Santé Canada,
1999). Il est donc important de s’assurer que l’eau de consommation soit exempte
de telles toxines et que les activités récréatives soient pratiquées avec vigilance
(CBJC, 2007, cahier C).

26
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2.3. HABITAT DU POISSON
2.3.1. Espèces emblématiques
Généralités10
Saumon atlantique
Ce poisson est objet de vénération depuis l’Antiquité. L’habileté et l’énergie qu’il
déploie pour franchir des chutes d’eau et autres obstacles durant sa remontée sont
presque légendaires. Malheureusement, la pollution croissante des cours d’eau, les
pluies acides, l’érection de barrages sans échelle, le braconnage et la
surexploitation sont autant de facteurs qui ont grandement porté préjudice à
l’espèce et sont responsables de la disparition de plusieurs populations, parfois très
importantes. La pêche sportive au saumon atlantique entraîne une activité
économique fort importante dans plusieurs régions du Québec. En eau douce, la
pêche fait depuis longtemps partit du patrimoine québécois. L’exploitation en est
sévèrement réglementée afin de pouvoir maintenir un haut niveau de stocks
reproducteurs. La concertation et la coopération entre différents intervenants sont
une condition essentielle pour assurer la survie du saumon atlantique, poisson aussi
cher aux fins gastronomes qu’aux pêcheurs et aux scientifiques.

Le saumon atlantique incarne le salmonidé typique. Les jeunes vivent en rivière, sur
des fonds graveleux, en eau moyennement rapide. On les retrouvera par la suite en
eau salée, aussi bien dans les eaux côtières qu’en haute mer. Les adultes reviennent
frayer en rivière. Après la fraie, les adultes hiverneront habituellement dans de
grandes fosses de la rivière et dévaleront vers la mer au printemps suivant, au
moment de la crue des eaux. Leurs alevins devenus tacons, demeurent entre deux
et cinq ans en rivière, avant d’entreprendre au printemps leur première migration
qui les mènera en eau salée. Ils sont physiologiquement prêts à s’adapter à l’eau
salée, on parle alors de saumoneau. La migration en eau salée entraînera tous les
saumons atlantiques vers la mer du Labrador. Certains, qu’on appelle les
madeleineaux et qui sont surtout des mâles, reviendront à leur rivière d’origine pour
se reproduire après un seul hiver passé en mer. D’autres demeureront deux ou trois
en mer avant de se reproduite et entreprendront une longue migration qui les
mènera aussi loin qu’au Groenland et possiblement jusqu’en mer d’Irlande. Le
retour en rivière se fait de la fin mai jusqu’à la fin de l’été. Dans certains cas, les
saumons peuvent remonter en rivière quelques jours seulement avant la fraie. En
mer, le saumon peut être la proie de poissons plus gros que lui et de quelques
oiseaux et mammifères piscivores. De retour près des côtes, il retrouve sa rivière
natale grâce à sa formidable faculté de mémoriser l’odeur de sa rivière. Le saumon
atlantique survit à la fraie et peut se reproduire plus d’une fois.

10
Source : Bernatchez L. et M. Giroux, 2000
27
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Omble de fontaine
L’omble de fontaine est un poisson qui aime les eaux fraîches, claires et bien
oxygénées des ruisseaux, rivières et lacs. Il recherche généralement des
températures inférieures à 20 °C. Les adultes peuvent effectuer des migrations en
rivière de plusieurs kilomètres afin d’atteindre les frayères situées dans les secteurs
graveleux de la tête des cours d’eau. Les mouvements en mer des ombles de
fontaine anadromes sont beaucoup moins importants que ceux du saumon
atlantique, se limitant en général aux eaux côtières environnantes. Ils doivent
hiverner en eau douce. La longévité de l’omble de fontaine en milieu naturel
dépasse rarement douze ans.

L’omble de fontaine est l’un des poissons d’eau douce les plus colorés. Sa beauté,
son instinct combatif et l’excellence de sa chair en font une des espèces sportives
les plus estimées et recherchées partout où on la retrouve. En plus des innombrables
populations naturelles originales, l’omble de fontaine a été introduit dans plusieurs
cours d’eau et de nombreuses populations sont maintenues par des programmes
d’ensemencement intensif.

Omble chevalier
On retrouve deux sous-espèces d’omble chevalier au Québec. D’une part, il y a la
sous-espèce erythrinus qui se trouve en abondance dans l’arctique, au nord du
54ème parallèle. Ces populations sont majoritairement anadromes, mais il subsiste
dans certains lacs inaccessibles à partir de la mer, des populations entièrement
d’eau douce. Plus au sud, la sous-espèce oquassa, quant à elle, regroupe en
majorité des populations qui demeurent toujours en eau douce. La sous-espèce
oquassa se retrouve principalement au sud du 52e parallèle le long d’une bande
d’une centaine de kilomètres, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. L’omble
chevalier oquassa figure sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées
menacées ou vulnérables au Québec.

Les populations d’omble de chevalier sont anadromes dans les estuaires et régions
côtières pour s’alimenter. En lacs et rivières pour se reproduire et hiverner.
Populations d’eau douce en eaux froides des lacs profonds. La fraie a lieu en
septembre et octobre dans les hauts-fonds de gravier ou de roches, généralement
en lac, mais aussi en rivière. Les jeunes ombles ne passent les cinq ou sept premières
années de leur vie qu’en eau douce puis descendent vers la mer pour se nourrir
pendant la saison estivale. Ils remontent les rivières à l’automne pour hiverner en
eau douce au cours des années subséquentes. L’omble chevalier peut vivre jusqu’à
40 ans.

De toutes les espèces de poissons d’eau douce, l’omble chevalier a la répartition la


plus nordique. On le retrouve dans toutes les eaux articques, mais il fréquente aussi
de nombreux lacs du sud du Québec. Il est très recherché par les pêcheurs sportifs
qui lui reconnaissent une vigueur incomparable. Au sud du Québec, l’omble
chevalier d’eau douce serait actuellement présent dans 282 lacs répartis dans 9
28
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régions administratives dont 146 dans la région de la Capitale-Nationale et 11 lacs
dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier (7,5 %). L’omble chevalier du sud
du Québec se trouve généralement dans les lacs jeunes, profonds, idéalement plus
de 15 m et peu enrichis de matière organique. Les eaux sont habituellement froides
(moins de 12 °C), transparentes et bien oxygénées (au moins 5 mg/l). En fait,
l’habitat préférentiel de l’omble chevalier d’eau douce est sensiblement le même
que celui du touladi.

Touladi
Cette espèce privilégie les eaux froides sous la thermocline des lacs profonds
pendant la saison estivale. Il se retrouve en surface et à toutes les profondeurs à
partir de la fraie à l’automne jusqu’au printemps. On le retrouve également dans les
lacs peu profonds et les rivières plus au nord.

La fraie du touladi a généralement lieu en octobre, mais s’étale de septembre à


novembre. Les frayères sont habituellement associées au fond rocheux ou
caillouteux et se situent entre 0,5 et 12 mètres de profondeur. Il peut aussi frayer en
rivière. Après la fraie, le touladi s’éloigne en sillonnant le lac, souvent à des dizaines
de kilomètres dans les grands plans d’eau. La maturité sexuelle est atteinte à l’âge
de six ou sept ans. Le touladi peut vivre plus de 45 ans.

Le touladi est un de nos poissons sportifs les plus importants. Il est particulièrement
recherché à cause de la grande taille qu’il peut atteindre. Malheureusement, les
lacs facilement accessibles pouvant receler des trophées sont cependant de moins
en moins nombreux.

On retrouve environ 1 000 lacs à touladi au Québec dont 38 se trouvent dans la


région de la Capitale-Nationale et 8 dans le bassin versant de la rivière Jacques-
Cartier. La population de touladi de la majorité de ces plans d’eau provient
d’introductions effectuées par le gouvernement du Québec afin de mettre en
valeur cette ressource prisée des pêcheurs sportifs.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier


Saumon atlantique
La rivière Jacques-Cartier est la rivière à saumon atlantique située la plus à l’ouest
dans le continent et la seule se déversant en eau douce. Environ 200 fosses de
rétention, pouvant servir d’aire de repos pour les saumons en montaison, se
succèdent le long du cours d’eau. Cent vingt-cinq d’entre elles sont situées entre
Donnacona et la limite sud du parc national de la Jacques-Cartier (CRJC, 1988).
Vingt-neuf frayères potentielles ont été identifiées dans la rivière. La majorité de ces
aires de reproduction, soit 84 % d’entre elles, ont été localisées en amont de
Shannon. Le nombre de frayères et leurs superficies sont cependant relativement
faibles par rapport à celles des autres rivières à saumon.
29
Document de soutien
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Le saumon a semble-t-il, toujours été très abondant dans la rivière Jacques-Cartier.
Cette rivière jouissait d’une renommée exceptionnelle et elle était considérée
comme un lieu de prédilection pour la pêche au saumon. En 1818, au moment
d’être constitué en réserve exclusive, l’endroit devient l’un des premiers clubs privés
de pêche au saumon consacré à la préservation de la faune et l’exploitation
limitée du potentiel local.

Vers 1840, c’est le début de la pêche commerciale du saumon atlantique dans


cette rivière. Cette pêche, pratiquée entre Pont-Rouge et Donnacona, éliminait
pratiquement tout le saumon qui attendait des conditions propices pour continuer
de remonter la rivière au franchissement des gorges Déry. La qualité et
l’abondance de la ressource, ainsi que la facilité avec laquelle elle pouvait être
récoltée, mènent à une surexploitation, tant commerciale que sportive. Une loi
visant à protéger l’espèce de l’exploitation abusive fut adoptée en 1854. Dès 1857,
on réalise les premières expériences de pisciculture pour l’élevage du saumon
(Mercier et Hamel, 2004). De 1877 à 1913, un club de pêche sélect, le Jacques-
Cartier River Fishing Club, contrôle la pêche sportive du saumon dans la rivière. En
1913, la construction d’un barrage à l’embouchure porte le coup de grâce à une
population de saumons déjà sévèrement en déclin.

L’idée de réintroduire le saumon dans la rivière Jacques-Cartier voit le jour en 1979.


L’arrêt du flottage du bois sur la rivière en 1978, la présence de saumon à
l’embouchure, les sources de pollution limitées et ponctuelles, la mise en place
d’usine d’épuration des eaux, le tout, joint aux rumeurs voulant que le barrage de
Donnacona soit rénové sous peu, a incité l’association des pêcheurs sportifs de
saumon du Québec (APSSQ) à démarrer un projet visant la réintroduction du
saumon atlantique dans ce cours d’eau. Ceci a donné naissance au Comité de
restauration de la Jacques-Cartier (CRJC) qui regroupait des représentants locaux,
des représentants régionaux et des représentants de l’APSSQ (devenue la
Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA)).

Dès 1979, un groupe de travail, constitué de membres de la CRJC et d’employés du


ministère du Tourisme de la Chasse et de la Pêche (MTCP) a été mis sur pied afin
d’évaluer le potentiel salmonicole de la rivière. Leur conclusion était que le
potentiel de récolte de saumon dans la rivière Jacques-Cartier serait de 800 à 1 000
poissons après 12 ans et que la rivière était en mesure de supporter 2 500 saumons
adultes. Les ensemencements de saumons visant à réintroduire l’espèce ont débuté
en 1981 et ils n’ont pratiquement jamais été interrompus jusqu’à ce jour. Dès 1982,
quatre grands saumons reviennent frayer dans la rivière Jacques-Cartier, signe que
la population est en mesure d’y accomplir son cycle vital.

Après la montaison de 864 grands saumons et 238 madeleineaux en 1995, les


montaisons se sont mises à chuter pour n’atteindre que 60 grands saumons et 103
madeleineaux en 2003. Cette diminution préoccupante, conjuguée aux difficultés
de montaison naturelle du saumon aux rapides des gorges Déry ainsi qu’aux
barrages McDougall et Bird, ont amené les responsables du MRNF à imposer le
transport de tous les saumons se présentant à la passe migratoire de Donnacona,
30
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dans le parc national de la Jacques-Cartier, là où se trouve les meilleurs habitats de
reproduction. Conséquemment, le MRNF a dû fermer la pêche au saumon sur la
rivière Jacques-Cartier en 2004. Depuis 2008, on observe à nouveau une
augmentation de saumons se présentant à la passe migratoire.

Omble de fontaine
L’omble de fontaine est sans contredit le poisson du bassin le plus recherché par les
pêcheurs sportifs. Cette espèce est surtout présente dans la partie amont du bassin
versant où les températures et le paysage accidenté favorisent la création de
conditions hydrologiques favorables à la productivité de l’espèce.

L’absence d’un inventaire systématique quant à la pratique et au succès de cette


activité empêche d’évaluer avec justesse son importance pour l’ensemble du
bassin versant. Le tronçon de la rivière situé entre la limite nord-est de la garnison de
Valcartier et Tewkesbury, serait fortement prisé par les amateurs de cette activité.

L’omble de fontaine est sans contredit le poisson du bassin le plus présent, mais
c’est un poisson qui aime l’eau pure, froide et bien oxygénée. Or, dans le cas de la
rivière aux Pommes, les faibles valeurs mesurées pour l’IQBP en 2002, ainsi que les
fortes températures observées au cours des saisons estivales ont engendré une
diminution voir une disparition des populations d’omble de fontaine dans ce cours
d’eau (CRJC, 2002).

Omble chevalier
L’omble chevalier d’eau douce serait actuellement présent dans seulement 11 lacs
du bassin versant de la rivière Jacques-Cartier.

Les principales causes avancées pour expliquer la situation de l’omble chevalier


sont : l’eutrophisation des plans d’eau due au développement de la villégiature,
l’introduction d’espèces compétitrices ou prédatrices, l’augmentation graduelle
des températures et, peut-être, l’acidification des plans d’eau. Ces facteurs ont agi
seuls ou en concomitance (Arvisais, M., communication personnelle, 2008). Certains
lacs de faible superficie et de faible profondeur, possédant des habitats
naturellement restreints et marginaux, sont plus susceptibles (fragiles) quant à ces
contraintes environnementales. La surexploitation par la pêche n’est pas, en
général, une cause de diminution des populations d’ombles chevalier au sud du
Québec. En effet, dans la plupart des cas, l’omble chevalier n’est pas
spécifiquement recherché par les pêcheurs et il constitue plutôt une prise
accidentelle. Cependant, certains indices nous permettent de croire que la pêche
hivernale pourrait avoir un impact non négligeable sur les populations d’ombles
chevalier (Arvisais, M., données non publiées).

31
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Touladi
La seule population de touladi d’origine naturelle du bassin versant vit dans le lac
Saint-Joseph. De récentes études démontrent que son habitat s’est dégradé au
cours des 30 dernières années et que la population souffre d’une carence de
recrutement, c’est-à-dire que l’on retrouve peu de jeunes touladis dans la
population (Arvisais et al., 2007). L’eutrophisation des plans d’eau et la
surexploitation apparaissent comme étant les principales menaces pesant sur les
populations de touladi du bassin de la rivière Jacques-Cartier.

Suite à l’inventaire des frayères du touladi mené au lac Saint-Joseph en 2007 par le
MRNF, en considérant que le premier mètre et demi d’habitat n’est pas en mesure
d’assurer le succès reproducteur du touladi en raison du couvert de glace et du
marnage, et qu’il y existe des problèmes de sédimentation à une profondeur
inférieure à deux mètres, il a été constaté que la superficie d’habitat propice à la
fraie du touladi (pente, profondeur, substrat) est très limitée au lac Saint-Joseph. Il a
était estimé qu’au plus 0,7 % de la superficie du bassin nord du lac Saint-Joseph
présenterait un habita propice à la reproduction du touladi. Sans présenter un
facteur limitant au maintien de l’espèce, la faible superficie d’habitat disponible
pour la fraie du touladi est tout de même préoccupante (Arvisais et al., 2007).

Afin de préserver la population de touladi au lac Saint-Joseph et de maximiser son


succès reproducteur, le MRNF a recommandé la mise en place d’un protocole de
gestion du niveau du lac Saint-Joseph. Celui-ci vise à favoriser la reproduction du
touladi, ainsi que le nettoyage dans la zone littorale profonde (> 2 m), de certaines
frayères naturelles. Après un essai infructueux en 2008, le MRNF abaissera le niveau
de lac Saint-Joseph à compter du 16 septembre 2009, à la côte de 158,40 mètres,
sachant que le niveau d’exploitation durant l’été est de 158,86 mètres.

2.3.2. Restauration des habitats du poisson et libre circulation


Généralités11
Au Canada, le poisson et l'habitat du poisson sont protégés par les dispositions de la
Loi sur les pêches relatives à l'habitat du poisson. Les poissons ont besoin d'endroits
sains pour vivre, se nourrir et se reproduire et de corridors pour migrer entre ces
endroits. On appelle « habitat du poisson » les endroits qui, tout au long du cycle de
vie du poisson, répondent à ses besoins en matière de nourriture, d'abri, de
reproduction et de mouvement. Les lacs, les réservoirs, les rivières, les cours d'eau,
les marais, les marécages, les canaux, les drains et parfois les baissières remplies
d'eau peuvent fournir un habitat important pour le poisson.

Les exigences que doit respecter l'habitat du poisson changent généralement selon
les diverses étapes du cycle de vie de celui-ci, allant de l'œuf à l'âge adulte. Si ces

11
Source : Pêche et Océan Canada, 2009
32
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différentes exigences ne sont pas satisfaites en raison d'une perte d'habitat, le
nombre de poissons chute et, à la longue, la population entière peut disparaître.

Malheureusement, l'habitat du poisson peut être facilement détérioré et détruit par


suite d'activités humaines qui sont exercées dans l'eau ou à proximité ou par suite
de la consommation d'eau. Il en résulte souvent des modifications à l'habitat du
poisson qui peuvent être importantes ou secondaires, marquées ou subtiles, et qui
ont une influence profonde sur les nombreux avantages que les poissons marins et
d'eau douce procurent à la population.

Le ministère des Pêches et Océans (MPO) veille à la conformité aux dispositions de


la Loi sur les pêches relatives à la protection de l'habitat du poisson et, au besoin, à
leur application. Pour aider les Canadiens à s'informer des préoccupations à l'égard
de l'habitat du poisson, le personnel chargé de la gestion de l'habitat du poisson du
MPO participe également à la planification des bassins versants et des zones
côtières, à des projets d'amélioration de l'habitat, à des projets de restauration, à la
formation du public et à des programmes d'intendance.

L’habitat du poisson bénéficie également d’une protection au niveau provincial. Le


Règlement sur les habitats fauniques, adopté en 1993 en vertu de la Loi québécoise
sur la conservation et la mise en valeur de la faune, stipule qu’« il est interdit
d'exploiter des ouvrages ou entreprises entraînant la détérioration, la destruction ou
la perturbation de l'habitat du poisson ». On y définit l’habitat du poisson comme
étant « tout cours d’eau, lacs, marais, marécages ou plaines d’inondation, lesquels
sont fréquentés par le poisson ».

Cinq éléments sont essentiels à la survie et à la reproduction des poissons : de l’eau


de qualité et en quantité suffisante ; des frayères ; de la nourriture ; des abris et des
lieux de repos et un libre accès à toutes ces composantes en tout temps12.

L’aménagement ou la restauration d’une frayère vise l’amélioration des conditions


de reproduction. Le nettoyage des lieux par l’élimination des sédiments fins et des
débris végétaux s’avère souvent la première opération à effectuer. Le succès est
directement lié au contrôle des activités qui ont engendré ces détériorations.

Les frayères peuvent être créées ou améliorées par l’ajout de substrat d’une
granulométrie adéquate et par une modification des conditions hydrauliques du
cours d’eau. Des abris et des fosses doivent exister à proximité des sites de fraie. Les
principales caractéristiques d’une frayère de qualité sont un substrat constitué
principalement de cailloux et de gravier associé à une profondeur et un débit qui
permettent le développement optimal des oeufs et des alevins.

Les frayères peuvent se détériorer à la suite de travaux de voirie, de l’érosion des


berges, du déboisement excessif ou de la pollution. Les caractéristiques qui en
faisaient des habitats propices s’altèrent. Le changement de débit, l’assèchement,

12
Source : Fondation de la Faune et FQSA
33
Document de soutien
Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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la perte de substrat ou l’accumulation de sédiments fins rendent alors l’habitat
impropre à la reproduction. Dans certains cas, un nombre insuffisant de frayères
pour assurer la reproduction optimale d’une rivière peut agir comme facteur
limitant.

Dans le bassin versant de la rivière Jacques-Cartier


Saumon atlantique13
Dès le début du programme de réintroduction du saumon dans la rivière Jacques-
Cartier, les responsables étaient conscients que plusieurs obstacles devraient être
surmontés afin d’assurer sa migration et sa reproduction naturelle dans le parc
national de la Jacques-Cartier, là où se trouvent les meilleurs habitats de
reproduction. En effet, plus de 80 % des frayères se trouvent en amont de Shannon
alors, que trois barrages infranchissables (Donnacona, McDougall et Bird) font
obstacle à la migration du saumon, et que le franchissement naturel des rapides de
la gorge Déry est douteux.

Ainsi, après l’étude de différents scénarios visant à assurer la montaison (Pluritec


ltée, 1984 ; Georges, 1984 ; Larinier, 1990), il a été décidé de transporter les saumons
par camion en amont du barrage Bird jusqu'à ce que des passes migratoires soient
aménagées et que le franchissement de la gorge Déry ait été évalué. Dès 1985, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a construit une passe migratoire
munie d’une cage de rétention sur la rive gauche du barrage de Donnacona, ce
qui a grandement facilité les captures de géniteurs pour le transport. Dès lors, la
majorité des grands saumons ont été transportés en amont du barrage Bird alors
que les madeleineaux ont été, pour la plupart, remis à l’eau en amont du barrage
de Donnacona à des fins de pêche sportive.

Les transports se sont poursuivis sans interruption jusqu’en 1998. Ils furent de moindre
importance entre 1998 et 2001 puisqu’un suivi de la montaison effectué en 1998
avait révélé que l’ensemble des dispositifs de montaison du saumon était efficace
(Donnacona, gorge Déry, McDougall et Bird) (Therrien et Proulx, 1999). Cependant,
des suivis ultérieurs ont démontré que très peu de saumons arrivaient à monter
naturellement en amont du barrage Bird. Le transport a donc été à nouveau
imposé en 2002 et demeure, pour le moment, la meilleure option de migration.

Omble de fontaine
Depuis 2004, la CBJC a réalisé de nombreux aménagements de seuils et frayères
afin de restaurer et de mettre en valeur plusieurs rivières et ruisseau du bassin
versant, et ainsi favoriser la fraie de l’omble de fontaine. Ces projets ont été réalisés
en partenariat avec le ministère des Transports du Québec (MTQ) et la ville de
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, mais aussi avec le soutien financier de la
Fondation de la faune du Québec (FFQ) et la Fondation héritage faune (FHF).

13
Source : Collectif d’auteurs et CBJC, 2009
34
Document de soutien
Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
En tout, ce sont 4 bassins de sédimentation, 33 seuils en bois ou en pierre, 38 frayères
et aires d’alevinage, ainsi que 2 déflecteurs qui ont été mis en place par la CBJC
depuis 5 ans. Ces aménagements concernent la rivière Noire à Sainte-Catherine-
de-la-Jacques-Cartier, la rivière Noire à Neuville, la rivière Chaude à Pont-Rouge, le
ruisseau Bonhomme à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, les ruisseaux
Gauthier et à l’Eau Froide à Pont-Rouge. Pendant ces aménagements, des travaux
de démantèlement de barrage (qui empêche la migration des poissons) et des
travaux de revégétalisation (pour créer de l’ombre sur les rives) ont également été
réalisés.

Également depuis 2005, la rivière Jacques-Cartier est munie d’un plan de


production et d’ensemencement de l’omble de fontaine. L’objectif visé par ces
ensemencements d’omble de fontaine de type F-2 est d’accélérer le repeuplement
des secteurs qui, auparavant, ont fait l’objet d’aménagements fauniques exécutés
par la CBJC.

En 2005, ce sont 5 000 fretins d’omble de fontaine qui ont été ensemencés dans la
rivière Jacques-Cartier. En 2006, 16 185 fretins d’omble de fontaine ont été
ensemencés en juin dans la rivière Noire à Neuville, dans la rivière aux Pommes à
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, dans le ruisseau Bonhomme et dans le
tronçon principal de la rivière Jacques-Cartier (7 825 fretins). En septembre de la
même année, un nouvel ensemencement de 5 000 fretins sur 5 sites différents de la
rivière Jacques-Cartier a aussi été réalisé. En 2007, ce sont 9 907 fretins d’omble de
fontaine qui furent ensemencés dans la rivière Noire à Sainte-Catherine-de-la-
Jacques-Cartier, dans le ruisseau Dansereau, dans le ruisseau Lady-Brook et dans le
tronçon principal de la rivière Jacques-Cartier (3 594). Enfin en 2008, aucun
ensemencement ne devait être réalisé, mais le MRNF, ayant un surplus, est venu
ensemencer 2 910 fretins dans la rivière Noire à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-
Cartier, dans le ruisseau Dansereau et dans le ruisseau Bonhomme, ainsi que 2 308
fretins dans la rivière Jacques-Cartier.

En tout, en 4 ans, ce sont 41 310 fretins d’omble de fontaine qui furent ensemencés
dans la rivière Jacques-Cartier et ses tributaires.

Touladi14
Un inventaire des sites de reproduction du touladi du lac Saint-Joseph a été
effectué par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec (MLCP)
en 1991 (Boivin, 1992). Cet inventaire avait permis de localiser treize frayères utilisées
et quinze frayères potentielles. Selon les résultats d’une caractérisation du substrat
des berges du lac Saint-Joseph, effectuée en 2006 par la Corporation du bassin de
la rivière Jacques-Cartier (CBJC, 2007), on estime que dix des treize (76,9 %) frayères
identifiées en 1991 présenteraient toujours un substrat composé majoritairement de
blocs, de roches, de galets et de cailloux. Cependant, certains sites présenteraient

14
Source : Arvisais et al., 2007
35
Document de soutien
Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
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aujourd’hui une forte composante (45 % et plus) de matériaux fins (sable et vase)
susceptibles de colmater les frayères (Arvisais, 2007). En ce qui concerne les sites
potentiels identifiés lors du même inventaire, seulement dix des quinze (66,7 %) sites
identifiés présenteraient toujours un substrat favorable à la reproduction du touladi.
C’est donc dire que 28,6 % des sites de reproduction du touladi identifiés en 1991 se
seraient dégradés au cours des seize dernières années.
Or, un inventaire ichtyologique du lac Saint-Joseph réalisé en 2006 par le ministère
des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) (Arvisais, 2007) a révélé que la
population de touladi du lac Saint-Joseph souffre d’une carence de recrutement
qui est attribuée à l’ensablement des frayères et au marnage hivernal du lac.

Suite à l’inventaire réalisé par le MRNF en 2007, des recommandations ont été
émises afin d’assurer le succès reproducteur du touladi au lac Saint-Joseph :

• Il a été recommandé que le niveau d’eau du lac Saint-Joseph soit


graduellement abaissé à la cote 158,4 entre le 15 septembre et le 1er octobre
et que cette cote soit maintenue jusqu’au 1er novembre. Le niveau du lac
pourra par la suite être graduellement remonté à la cote 158,9. Par la suite, le
niveau d’eau ne devrait en aucun temps être abaissé à une cote inférieure à
158,4. L’application de ce protocole permettrait de réduire l’importance du
marnage de 50 % et ainsi, éliminer le risque que des oeufs soient exondés et
minimiser les risques de congélation.

• Il a été recommandé que certaines frayères naturelles fassent l’objet d’un


nettoyage au moyen de jets d’eau afin d’éliminer les dépôts de limon et de
périphyton qui recouvrent le substrat de fraie. Le nettoyage devra être
effectué en fin de saison (début octobre) puisque, à ce moment, le
périphyton est facilement détachable du substrat sur lequel il est fixé. Ce
nettoyage viserait à rétablir la qualité de certaines frayères naturelles se
trouvant sous la zone de marnage (deux à quatre mètres). Cette intervention
est cependant complémentaire et conditionnelle à la mise en place d’un
protocole de gestion du niveau d’eau du lac Saint-Joseph.

3. PROBLÉMATIQUES

L’état de la situation sur les écosystèmes aquatiques et riverains du bassin conduit à


faire certains constats :

• Érosion de plus en plus importante de la bande riveraine des lacs et cours


d’eau du bassin avec plusieurs conséquences comme la perte d’habitat
aquatique et de frayères, la diminution de la biodiversité ou encore des
problèmes de sécurité publique (inondations, glissements de terrain, etc.)

36
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Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
• Modification de la structure des berges avec le remplacement de la bande
riveraine par des surfaces gazonnées, des murets en béton et autres
structures anthropiques

• Remplacement des espèces indigènes par des espèces envahissantes


beaucoup plus compétitives

• La modification des écosystèmes aquatiques et riverains a une influence


directe sur les populations de poisson présentes dans nos lacs et cours d’eau

• Modification de la qualité de l’eau par différents types de pollution


(microbienne, organique, physique et chimique). Les effluents industriels sont
un vecteur majeur de substances toxiques, mais les activités agricoles,
forestières (pesticides) et urbaines (solvants, produits nettoyants,
hydrocarbures, huiles usées, métaux, sels de déglaçage) en émettent aussi

• Les transformations du territoire apportées par l'urbanisation (multiplication


des surfaces imperméables, drainage rapide par des égouts pluviaux) et par
l'agriculture (multitude de fossés et de conduits de drainage, compactage)
amplifient le ruissellement et abrègent le temps de réponse des cours d'eau

• L'opération de machinerie forestière sur les rivages et même dans certains


ruisseaux, la tendance de plusieurs producteurs à labourer jusqu'aux confins
des fossés et des cours d'eau, le batillage provoqué par la navigation de
plaisance, sont autant de facteurs potentiels d'érosion et de dégradation des
habitats riverains

• Quant aux innombrables redressements de cours d'eau, empiétements,


endiguements, assèchements, enrochements, remblayages et bétonnages
de rivages à des fins agricoles, urbaines, touristiques, routières, de villégiature,
de quais ou marinas, ce sont des destructions draconiennes d'écosystèmes
riverains

4. ORIENTATIONS ET OBJECTIFS PROPOSÉS

Voir présentation.

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Document de soutien
Milieux riverains et aquatiques – Décembre 2009
Corporation du bassin de la Jacques-Cartier
Références
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portrait et diagnostic. 189 pages et annexes.

GESTION DES ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES ET RIVERAINS


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CORPORATION DU BASSIN DE LA JACQUES-CARTIER, 2007a. Portrait du couvert forestier


riverain et de l’état des berges de la rivière Jacques-Cartier dans la Municipalité
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GOUPIL, J.-Y., 1998. Protection des rives, du littoral et des plaines inondables : guide des
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du lac Saint-Joseph - 10 cahiers de A à J.
CORPORATION DU BASSIN DE LA JACQUES-CARTIER, 2009. Plan d’action conjoint faisant
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ARVISAIS, M. 2007. Situation de la communauté ichtyologique du lac Saint-Joseph et de
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