Vous êtes sur la page 1sur 15

Note de synthèse

L’analyse environnementale participative :


une opportunité pour mobiliser et apprendre

Mission professionnelle réalisée au sein de


la Division Manufacturing & Technology,
à l’usine Montdésir de GALDERMA

par Anne de MONTEIRO

Tuteur Entreprise : Roger Paul BEZIER


Tuteur ISIGE : Frédérique VINCENT

Mars à Septembre 2004 Cycle 2003 2004


INTRODUCTION

Elevées au rang de valeurs constitutionnelles, avec la récente adoption de la Charte de


l’environnement, la préservation des ressources naturelles et la protection de l’environnement
constituent un enjeu majeur de ce XXI e siècle.

Nombre de sociétés l’ont déjà compris et en ont fait une véritable stratégie d’entreprise, leur
permettant de faire face à la prise de conscience croissante des dommages causés à
l’environnement, à la pression réglementaire grandissante dans le domaine et de créer une
différenciation concurrentielle : une valeur ajoutée à leur image de marque.
Ces nouveaux enjeux n’ont pas échappé à Galderma, société spécialisée en dermatologie, qui a
engagé son site de production d’Alby-sur-Chéran vers la certification ISO 14001.

Point de départ de l’élaboration de tout système de management environnemental (SME),


l’analyse environnementale initiale a pour but d’identifier les sources d’impacts importants,
générées par les activités d’un site, ainsi que les exigences légales qui s’y appliquent. Elle doit
également permettre d’évaluer le niveau de maîtrise qu’a l’entreprise sur ses aspects
environnementaux par l’examen des procédures et des pratiques existantes et la prise en compte
des incidents environnementaux survenus.

En plus de présenter la méthode d’analyse environnementale conçue pour l’usine de Montdésir,


l’objectif de cette étude est non seulement de restituer le contexte et les enjeux qui en sont à
l’origine, mais aussi de rendre compte de l’expérience acquise sur le site de Montdésir de
Galderma lors de la mise en œuvre de la démarche.

Dans cette optique, la présente étude s’attachera à :

1. définir les enjeux propres à l’usine, qui sont liés aux attentes du Groupe, aux spécificités de
l’usine en matière de gestion de l’environnement et à certaines contraintes externes au projet,
2. démontrer comment, au travers de l’analyse environnementale participative engagée en
réponse aux besoins identifiés, il est possible de créer une véritable dynamique
d’apprentissage et de sensibilisation du personnel à l’environnement, préfaçant la conception
de la structure décentralisée du futur SME.

1
1. LES ENJEUX DE L’ANALYSE ENVIRONNEMENTALE INITIALE

Les deux actionnaires de Galderma, Nestlé et L’Oréal, et leur positionnement en faveur de


l’environnement ne sont pas sans relation avec l’engagement actuel de l’entreprise dans la
démarche de mise en place d’un système de management environnemental selon le référentiel
ISO 14001. En particulier, le Groupe l’Oréal, est à l’origine d’une forte demande en la matière
puisqu’il impose une obligation de résultat : la certification ISO 14001 pour l’un des sites industriels
à l’horizon 2005.

Fonctionnant depuis 1994, l’usine de Montdésir est le site de production le plus ancien et le plus
mature de Galderma. Après avoir vécu une décennie de croissance, l’usine se trouve aujourd’hui
en phase de stabilisation de son activité industrielle. Avec plus de 23 millions d’unités produites
par an, elle atteint aujourd’hui sa capacité maximale de production. Ses objectifs actuels sont
d’améliorer ses performances dans tous les domaines connexes à la production : la gestion des
ressources humaines, la qualité, la sécurité, l’environnement, etc.

La demande du Groupe L’Oréal de mettre en place un système de management de


l’environnement ISO 14001 coïncide donc avec la phase de maturité de l’usine. Pour cette raison,
l’usine de Montdésir a été choisie pour être le site pilote de la division Manufacturing &Technology
de Galderma dans la démarche de certification ISO 14001.

Point de départ de l’élaboration de tout système de management environnemental, l’analyse


environnementale initiale a pour but d’identifier tous les aspects significatifs environnementaux
associés aux activités de l’entreprise, c’est-à-dire les sources d’impacts générées par ses activités,
comme par exemple, les émissions dans l’air, les rejets dans l’eau, la gestion des déchets, la
contamination du sol, l’utilisation des matières premières et ressources naturelles, etc.

1.1. La nécessité de mise à plat et de partage des connaissances


environnementales

‹ Un besoin d’impliquer les concepteurs de l’usine

Un certain nombre de dispositions préventives et d’urgence en matière de protection de


l’environnement ont été incluses dès la conception de l’usine de Montdésir en 1993. C’est par
exemple le cas de la rétention usine, capable de recevoir les eaux d’extinction d’un incendie ou
des obturateurs d’urgence sur le réseau d’eaux pluviales. L’existence de ce type d’installations
techniques à l’usine de Montdésir ne garantit pas l’absence de tout risque environnemental. La
prévention ou la protection qu’ils peuvent apporter dépend en général de plusieurs paramètres de
fonctionnement, dont le déclenchement d’automatismes ou la nécessité d’une intervention
humaine.

Afin de pouvoir inclure de telles informations dans l’analyse environnementale, de bien connaître
et comprendre le fonctionnement des systèmes physiques de protection installés à l’usine et d’en
repérer les éventuelles failles, la solution la plus simple a été de faire appel aux compétences des
concepteurs de l’usine.
Le responsable Sécurité Hygiène Environnement de la division Manufacturing & Technology
(M&T) de Galderma, qui a supervisé la conception de l’usine en 1993, sera donc impliqué dans la
démarche d’analyse environnementale. En outre, son ancienneté dans l’entreprise va être utile
dans la collecte d’informations relatives aux incidents environnementaux survenus dans le passé.
Sa contribution sera d’autant plus intéressante que la documentation de l’usine en matière
d’informations environnementales fait défaut.

2
‹ Un besoin d’impliquer les gestionnaires de l’environnement

Le service Entretien Travaux Neufs Sécurité Hygiène Environnement (ETNSHE) de l’usine de


Montdésir est notamment responsable de l’animation de la Sécurité, de l’Hygiène et de
l’Environnement. Il est chargé de faire appliquer les règles, d’auditer les services, de sensibiliser et
de former le personnel dans ces trois domaines. Il est également responsable de la conformité du
site aux exigences légales et doit assurer une veille réglementaire.

A plus d’un titre donc, le responsable Sécurité Hygiène Environnement (SHE) de ce service doit
être intégré dans la démarche d’analyse environnementale initiale de l’usine.
Etant le rédacteur des procédures Environnement de l’usine, il connaît parfaitement les modes de
gestion théoriques de l’environnement, comme par exemple :
- la collecte sélective des déchets,
- le contrôle et le rejet des effluents industriels,
- la conduite à tenir en cas de déversement accidentel, etc.
En outre, même si la gestion opérationnelle des déchets a été déléguée au Magasin de l’usine, il
demeure responsable de l’orientation des déchets vers la bonne filière et de la conformité
réglementaire de leur élimination.
De même, en tant qu’animateur de l’équipe de seconde intervention de l’usine, il a un rôle
primordial dans la communication d’informations environnementales et dans la formation des
équipiers sur la conduite à tenir en cas d’incendie ou de pollution accidentelle. En effet, c’est de
l’intervention de ces personnes que peut dépendre l’extension d’un incident en dehors des limites
de l’usine.

‹ Un besoin d’impliquer le terrain

Une partie de la gestion opérationnelle des aspects environnementaux de l’usine est confiée de
fait au personnel des différents secteurs de l’usine. C’est par exemple le cas de la collecte
sélective des déchets, qui si elle est organisée au niveau du service ETNSHE, ne peut fonctionner
que si l’opérateur identifie son déchet correctement, le met dans le bon conteneur et s’il en est de
même pour le personnel du Magasin, chargé de son transfert, de son stockage à la déchetterie
interne et de son enlèvement.

De même, en cas de déversement accidentel de matières, c’est le personnel présent sur les lieux
de l’incident, qui va procéder à l’intervention, au nettoyage et à l’élimination des déchets. Ce sont
donc les opérationnels, confrontés quotidiennement aux problématiques environnementales, qui
détiennent la connaissance des pratiques réelles de gestion de l‘environnement.

Leur intégration dans l’analyse environnementale initiale est en conséquence indispensable pour
réaliser l’examen des pratiques réelles existantes dans ce domaine. Cet examen doit être
accompagné d’une comparaison avec les procédures Environnement, afin de mesurer les écarts
entre la théorie et la pratique et d’évaluer le niveau de maîtrise réelle que l’usine a sur ses aspects
environnementaux.

1.2. La nécessité de sensibiliser le terrain aux questions environnementales

‹ Une prise de conscience à provoquer

Après 10 ans de fonctionnement, l’usine de Montdésir a réussi à instaurer une culture d’entreprise
assez forte. Celle-ci est principalement orientée vers le produit fabriqué, qui nécessite l’application
de mesures d’hygiène et de procédures Qualité très strictes. En parallèle, l’usine travaille depuis
longtemps sur la sensibilisation et la formation du personnel à la Sécurité.

3
A ce jour, aucune démarche d’envergure n’a été menée pour sensibiliser le personnel à
l’environnement. Aussi, il est permis d’avancer que l’environnement ne fait partie ni de la culture
d’entreprise, ni des préoccupations professionnelles quotidiennes du personnel.
Dans le cadre de la mise en place de son système de management environnemental, l’usine se
trouve en conséquence dans l’obligation d’engager une réelle démarche de sensibilisation du
personnel, qui doit aboutir à l’émergence d’une culture d’entreprise respectueuse de
l’environnement.

Celle-ci s’avère d’autant plus indispensable que le personnel est responsable par ses pratiques et
comportements quotidiens, des sources d’impacts environnementaux de l’usine, que sont les
émissions dans l’air, les rejets dans l’eau, la génération des déchets, l’utilisation des matières
premières, ressources naturelles et énergie, etc.

Par ailleurs, en cas d’accident environnemental, déversement accidentel ou incendie, c’est du


personnel présent sur les lieux de l’incident, puis de l’équipe de seconde intervention de l’usine,
que dépendrait la maîtrise ou l’extension du sinistre.
Etant donné la sensibilité du milieu récepteur des eaux de pluviales - le Chéran - il est
indispensable que l’ensemble du personnel soit informé de la conduite à tenir pour éviter toute
pollution accidentelle de la rivière.

‹ La nécessité de partager la fonction Environnement

L’usine de Montdésir ne compte qu’une seule personne responsable Sécurité Hygiène et


Environnement. Compte tenu du fait que cette personne cumule les trois fonctions Sécurité
Hygiène et Environnement et qu’il lui est demandé de consacrer quasiment tout son temps à la
sécurité, ses actions dans le domaine de l’environnement sont très limitées.

Lorsque le système de management environnemental de l’usine sera opérationnel, sa charge de


travail consacrée à l’environnement est censée augmenter mais il n’est pas question qu’elle
devienne prépondérante par rapport à la sécurité.
En tout état de cause, le responsable SHE de l’usine tiendra le rôle de coordonnateur de
l’ensemble des actions, liées au fonctionnement du système de management.
Aussi, il va être nécessaire de trouver des ressources en dehors du service ETNSHE, pour
prendre en charge notamment une partie des actions à mener par les différents secteurs de
l’usine.

1.3. La nécessité de cohérence les règles et méthodes du Groupe

Le Groupe L’Oréal, par l’intermédiaire du département Sécurité Hygiène Environnement (SHE) de


la Direction Générale Technique (DGT), est à l’origine de règles et de méthodologies à disposition
des sites industriels.

Certaines de ces règles portent en particulier sur la prise en compte de l’environnement à la


conception des sites. D’autres traitent des bonnes pratiques de gestion, telles que la réduction, la
collecte sélective, le recyclage et l’élimination des déchets. Enfin, une dernière catégorie de règles
fixe des principes de management, comme la définition d’objectifs environnement pour l’année ou
la remontée mensuelle d’indicateurs (Tableau de Bord Environnement).
Si l’usine a la certitude que les règles de management sont observées correctement, les
remontées d’incidents et les Tableaux de Bords étant contrôlés par le département SHE de la
DGT, en revanche, il n’en est pas de même pour les autres règles du Groupe, car aucun audit n’a
été fait depuis plus de 5 ans.

4
Ainsi, outre l’évaluation de la conformité de Montdésir par rapport aux législations et
réglementations environnementales, un autre enjeu important de l’analyse environnementale
initiale va être de passer l’usine au crible des règles environnementales du Groupe.
Les points suivants seront notamment analysés et comparées aux règles existantes :
- les risques de pollutions des sols et des eaux pluviales,
- les rejets par nature (émissions dans l’air, effluents, etc.),
- les déchets par mode de traitement (recyclage, réutilisation, élimination),
- les règles de stockage de produits chimiques incompatibles, liquides inflammables, etc.

D’autre part, le département SHE de la DGT a élaboré une méthodologie de détermination et de


mise sous contrôle des aspects environnementaux significatifs. L’usine de Montdésir est donc
censée se baser sur cette méthodologie dans la réalisation de son analyse environnementale
initiale.

Cette méthode consiste à effectuer :


- le recensement de tous les aspects des activités, en tenant compte des situations
normales de fonctionnement, mais aussi des situations dégradées et d’urgence,
- la hiérarchisation des impacts, c’est-à-dire à en estimer la gravité selon les critères de
nuisance (nature des effets sur le milieu), sensibilité du milieu, durée, réversibilité du
phénomène, distance de propagation spatiale des effets et atteinte potentielle à l’image.
Pour chacun des critères, il existe 5 niveaux de gravité, du plus faible au plus important.
- la sélection des aspects significatifs selon l’importance de leur impact,
- la mise sous contrôle des aspects ayant été jugés significatifs en raison de leur impact.
Ceux-ci sont réévalués par la méthode d’évaluation des risques utilisée dans le Groupe.
Cette évaluation est réalisée grâce à une grille qui prend en compte 5 niveaux de
gravité et 5 niveaux de probabilité. Elle tient compte des moyens de prévention et de
maîtrise mis en place,
- la sélection des aspects significatifs selon leur relation avec une réglementation
environnementale.
- la sélection des aspects significatifs selon leur relation avec la politique
environnementale du Groupe.
- le regroupement des aspects environnementaux significatifs selon leur nature.

Les 5 niveaux de notation possibles pour chacun des 7 critères (5 critères environnementaux, 1
critère Réglementation, 1 critère Politique) apparaissent comme un facteur de complexité pour la
ou les personnes qui auront à juger la gravité des impacts et entraînent nécessairement un temps
important d’évaluation.

De plus, le fait de procéder à l’évaluation des aspects deux fois apparaît également comme un
facteur de complexité et durée importante de la méthode : la première évaluation est faite en
passant chaque aspect au crible de 7 critères sans tenir compte des moyens de maîtrise et la
seconde en jugeant les aspects selon la grille gravité/probabilité en tenant compte de ces moyens.

1.4. La contrainte d’économie des ressources du terrain

Le fait que l’usine de Montdésir procède, en parallèle de son analyse environnementale initiale, à
la mise en place de son nouveau progiciel de gestion intégré engendre un nouvel enjeu pour la
démarche d’analyse environnementale : Celle-ci doit être économe vis à vis des ressources du
terrain, afin de ne pas perturber le déroulement de cet autre projet prioritaire pour l’usine.

Cette contrainte doit être intégrée aussi bien dans la façon de concevoir la démarche d’analyse
environnementale que dans la manière de conduire le projet.

5
Au niveau de la conception :
La méthode de sélection des aspects significatifs doit être économe vis-à-vis des ressources du
terrain. Elle sera donc courte, claire, facilement compréhensible et rapidement utilisable par le
personnel.
Etant donné la sophistication et la longueur de l’évaluation, l’usine de Montdésir ne peut suivre la
méthodologie du Groupe telle qu’elle. Celle-ci doit donc être adaptée au cas de l’usine de
Montdésir, c’est-à-dire :
- simplifiée pour que l’évaluation puisse être faite par le personnel,
- écourtée pour économiser les ressources terrain.

Toutefois, les points forts de la méthode du Groupe seront conservés, à savoir :


- les critères environnementaux indépendants les uns des autres : nature des effets,
sensibilité du milieu,
- le critère sociétal relatif à l’atteinte potentielle de l’image de l’entreprise,
- le critère lié à la réglementation,
- la prise en compte de la politique et des objectifs environnementaux du Groupe,
auxquels seront ajoutées les règles environnementales issues du département SHE de
la DGT.

Au niveau de la planification du projet :


La planification de l’analyse environnementale doit être bâtie en tenant compte du planning de
mise en place du projet ERP de l’usine.

Au niveau de la conduite du projet :


Le temps passé en Groupe de Travail doit être optimisé :
- Les Groupes de Travail doivent être menés secteur par secteur, afin que chacun
participe à évaluer les aspects des ses propres activités.
- La collecte des données nécessaires à l’évaluation ne peut revenir au personnel des
secteurs et sera prise en charge par le service ETNSHE de l’usine et la division M&T.

6
2. L’ANALYSE ENVIRONNEMENTALE INITIALE : UNE DEMARCHE
PARTICIPATIVE

Suite à l’analyse des enjeux propres à l’usine de Montdésir au début de la démarche de mise en
place de son système de management environnemental, des besoins spécifiques ont été
identifiés et seront pris en compte dès l’élaboration de l’analyse environnementale initiale :
- identifier les aspects environnementaux significatifs, en se basant sur la méthodologie
du Groupe L’Oréal pour la sélection des aspects significatifs. Cette méthode sera
reprise, comparée avec d’autres méthodes, adaptée pour tenir compte des données
contextuelles de l’usine, et fera l’objet d’une validation finale de la part de l’actionnaire,
- comparer les aspects environnementaux de l’usine aux exigences légales et
réglementaires ainsi qu’aux règles environnementales du Groupe,
- examiner les procédures et les pratiques existantes dans le domaine de
l’environnement, en mettant en commun les connaissances des concepteurs de l’usine,
des gestionnaires de la Sécurité, de l’Hygiène et de l’Environnement et des
opérationnels,
- initier la sensibilisation à l’environnement, en impliquant dès le début de la démarche un
membre de chaque secteur, qui deviendra référent en environnement, participera à la
sensibilisation des collaborateurs de son secteur et prendra des responsabilités dans le
fonctionnement du système.

Pour répondre à l’ensemble de ces besoins, une méthodologie de « détermination et mise sous
contrôle des aspects environnementaux significatifs » spécifique à la division M&T de Galderma
été développée et mise en œuvre.

2.1. Un outil de travail collectif

2.1.1. L’identification des aspects environnementaux par le terrain

La première partie de l’identification des aspects environnementaux associés aux activités de


Montdésir consiste à découper l’usine en services et secteurs.
Pour chaque secteur, les activités sont énumérées et distinguées par procédé (exemples :
fabrication à base de liquides inflammables, conditionnement en tubes ou flacons) ou par
équipement (exemples : densimètre, bain-marie du laboratoire de contrôle des MP).
Chaque activité fait alors l’objet d’un bilan des entrants-sortants, les flux entrants comprenant
l’énergie, l’eau, l’air, les matières premières, des matières recyclées, etc. et les flux sortants les
produits et sous-produits, des flux d’eaux usées, des émissions gazeuses, des déchets, odeurs,
bruits, etc.
De ce fait, les aspects environnementaux liés aux consommations d’eau et d’énergie apparaissent
dans les flux entrants. De même, la génération de déchets, les rejets atmosphériques, les rejets
d’effluents aqueux, les émissions de bruit ou d’odeurs sont mis en évidence dans la liste des flux
sortants des activités.

Ce recensement des aspects doit prendre en compte les situations normales de fonctionnement,
mais aussi les situations dégradées (exemple : maintenance) et les situations d’urgence
(exemple : incendie, déversement accidentel, fuite, etc.). Dans cette première phase les moyens
de maîtrise ne sont pas considérés.

Dans un second temps, il s’agit de lister les impacts potentiels de chaque aspect sur
l’environnement. (exemple d’impacts : épuisement des ressources naturelles, pollution de l’eau).

7
La troisième étape consiste à identifier pour chaque aspect les moyens de maîtrise existants et
leur niveau d’efficacité :
Exemple de moyens de maîtrise : Existence d’une procédure de rinçage de la verrerie de
laboratoire (contenu et première eau de rinçage récupérés dans une bombonne et éliminés selon
la filière Déchets Industriels Spéciaux)
Exemple de jugement de l’efficacité de la maîtrise : Cette procédure n’est pas connue au
laboratoire de contrôle en cours de fabrication et au sein du laboratoire de contrôle des MP, elle
n’est pas forcément suivie par tous les opérateurs de la même façon.

La démarche utilisée s’apparente à la méthode d’audit qui consiste à faire parler et à écouter les
opérationnels de chaque secteur. Elle a pour avantage de favoriser la prise de conscience et la
sensibilisation à l’environnement des opérationnels impliqués dans la démarche.
L’identification des moyens de maîtrise existants consiste à confronter les points de vue des
concepteurs de l’usine des gestionnaires de l’environnement et des opérationnels et à réaliser un
véritable audit des procédures et des pratiques existantes dans le domaine de l’environnement.

2.1.2. La cotation des aspects et impacts par les Groupes de Travail

La deuxième partie de la « méthodologie sur mesure » mise en œuvre à l’usine de Montdésir


consiste à réaliser l’évaluation des aspects et impacts environnementaux.
La démarche proposée est d’inclure dans les groupes de travail les concepteurs de l’usine
(division M&T), le service gestionnaire de l’Environnement (ETNSHE) et les opérationnels des
secteurs.
La méthode retenue permet d’ajouter aux critères environnementaux des critères d’évaluation liés
à conformité par rapport aux exigences légales et aux règles du Groupe. C’est donc une
évaluation technique, réglementaire et stratégique des activités de l’usine au regard de
l’environnement.
Le fait d’intégrer les opérationnels à la méthode d’évaluation favorise leur sensibilisation aux
impacts de l’usine et initie leur formation aux législations, réglementations et règles
environnementales du Groupe.

Nocivité de l’impact NOC


Notation Niveaux d’appréciation Exemples
5 Aucune nuisance ou nuisance négligeable Emission de vapeur d’eau
Nuisance faible, effet limité sur la flore ou la Mousse sur un cours d’eau
3
faune Poissons morts (espèce non protégée)
Atteinte à la santé humaine, effet sur une Toux
1 espèce sensible (faune ou flore), atteinte à la Atteinte à une espèce protégée
vie humaine, effet majeur sur une espèce

Sensibilité du milieu MIL


Notation Niveaux d’appréciation Exemples
Pas de contrainte particulière Site en ZI
5 Sensibilité faible Milieu urbanisé
Non pertinent
Milieu sensible (2 facteurs aggravants) Rivière dont la période d’étiage est importante
3
et proximité d’une zone piscicole
Milieu très sensible (3 facteurs aggravants ou Proximité d’une nappe phréatique, d’un
1 plus) captage, d’un périmètre de protection, sol
Milieu très critique, vulnérable perméable

8
Evolution de l’impact EVO
Notation Niveaux d’appréciation Exemples
Effet négligeable, ponctuel, non persistant, Bruit fugitif
réversible immédiatement
5
Et/ou
Effet sur une zone très limitée (intérieur du site)
Effet réversible à court ou moyen terme Dysfonctionnement court d’une station
(quelques semaines, mois, moins d’un an) d’épuration
3 Et/ou
Effet sur une zone limitée inférieure à 1 kilomètre
au-delà des limites de propriété
Effet réversible à long terme (plusieurs années) Rejet de métaux lourds
ou irréversible Et/ou
1
Effet sur plusieurs kilomètres voire propagation à
longue distance

Atteinte potentielle à l’image IMA


Notation Niveaux d’appréciation Exemples
Non applicable Evénement inaperçu
5 Parties prenantes non sensibilisées sur le sujet Aucune réaction chez les voisins,
Pas d’effet sur l’image partenaires, media
Sensibilité d’une catégorie de personnes Plaintes antérieures isolées non récurrentes
3
Effet potentiel ou limité sur l’image
Mobilisation d’une catégorie de personne Actions ou plaintes pertinentes, régulières
Atteinte à l’image Demandes d’information
1
Intérêt de l’opinion publique Activité des associations, riverains
Atteinte à l’image globale

Législation – Réglementation LOI


Notation Niveaux d’appréciation Exemples
Conformité réglementaire respectée Fonctionnement du site dans les limites de
5 niveau sonore admissible en limites de
propriété
Non-conformité ponctuelle Dépassement ponctuel des valeurs limites
3
Action des autorités, surcoût limité sans amende de rejets des effluents
Absence de connaissance du degré de Fonctionnement d’une activité industrielle
conformité sans déclaration auprès de l’administration
Non-conformité réglementaire fréquente ou compétente
récurrente
1 Mise ne demeure, amende, surcoût important
possible
Non-conformité majeure
Risque de condamnation, incidence sur
l’exploitation

Politique POL
Notation Niveaux d’appréciation Exemples
Aucune référence dans la politique ou la Réduction des consommations d’énergie due à
stratégie environnementale la mise en place d’une installation de co-
5 Existence d’une ligne directrice mais les génération
investissements sont trop importants par
rapport au gain attendu
Il existe une ligne directrice définie et les Réduction des consommations d’énergie due à
3 investissements sont raisonnables par rapport la modification de l’éclairage des locaux
au gain attendu (détection de luminosité, minuterie, etc.)
Axe fort de progrès, engagements de résultats Diminution des déchets d’emballage par la
1 définis, objectifs quantifiés mise en place d’emballages navettes
Axe majeur, objectif du Groupe quantifié

9
2.1.3. La documentation de la méthode

La documentation de l’évaluation des aspects et impacts de l’usine constitue une base renfermant,
pour chaque secteur de l’usine, la somme des connaissances normatives (législations,
réglementations, règles du Groupe et procédures environnementales) et tacites (pratiques) qui ont
été regroupées et mises en commun par les concepteurs, les gestionnaires de l’Environnement et
les opérationnels de l’usine à l’occasion de son analyse environnementale initiale.
Chaque secteur a aujourd’hui en sa possession un véritable état des lieux en matière
d’environnement, duquel se dégagent les points forts et les faiblesses de la maîtrise actuelle des
impacts de ses activités.
En outre, la conservation de toutes les données ayant servi de base à l’évaluation et la justification
de la notation permettent de faciliter la mise à jour et garantit la pérennité de la méthode
d’évaluation.

2.2. Une méthodologie de travail appropriée

Le succès de la méthode élaborée pour conduire l’analyse environnementale initiale de Montdésir


est sans conteste, tant dans les résultats de l’analyse, que dans la richesse de la contribution du
terrain ou dans le retentissement du projet au sein du personnel.
Même si cette méthode a été déterminée à la suite d’une analyse minutieuse des besoins et des
conditions de fonctionnement de l’usine, le contenu de celle-ci ne garantit pas à lui seul la réussite
de la démarche. Les véritables raisons qui ont présidé au succès de la méthode résident dans la
manière dont celle-ci a été élaborée et mise en oeuvre. C’est en effet la conduite du projet, à
savoir la façon d’aborder chaque étape de la démarche, de répondre à la problématique posée en
s’appuyant sur les points forts de l’usine ou en palliant ses faiblesses, qui a été déterminante pour
la réussite de celle-ci.
Le bon déroulement de l’ensemble de la démarche d’analyse environnementale repose sur un ou
plusieurs vecteurs de réussite qui seront détaillés pour chacune des phases du projet.

2.2.1. La phase d’étude

Le premier vecteur de réussite de la phase d’étude, qui a précédé la conception de la méthode de


sélection des aspects significatifs de l’usine de Montdésir, est évidemment l’intégration des
différents enjeux de l’analyse environnementale, dont certains peuvent sembler contradictoires, à
savoir, l’implication du personnel dans la démarche et l’économie des ressources du terrain.

Un autre vecteur de réussite est le bénéfice apporté par le retour d’expérience des usines du
Groupe L’Oréal, mais aussi par les contacts avec le Groupe Nestlé et la Recherche de Galderma.
C’est, en effet, grâce à ses relations privilégiées avec l’extérieur que l’usine a pu tester et
comparer différentes méthodes de sélection des aspects significatifs, afin de retirer les points forts
de chacune et de les intégrer dans sa propre méthode.

2.2.2. La phase d’élaboration d’une méthode sur mesure

L’un des principaux enjeux de l’analyse environnementale de Montdésir est d’intégrer le personnel
dès le début de la démarche, pour en retirer les savoirs techniques et l’expérience quotidienne des
opérationnels jusqu’ici inconnus du service ETNSHE et pour initier la sensibilisation à
l’environnement, qui sera étendue ultérieurement.
C’est dans cette optique qu’a été développée la méthode de sélection des aspects significatifs de
l’usine.

10
La méthode d’identification des aspects associés aux activités de l’usine se présente sous la forme
d’un entretien, où il est demandé à l’interlocuteur d’énumérer les différentes activités de son
secteur et flux entrants et sortants pour chacune d’elles. Il a été choisi pour le début de la
démarche de commencer par un questionnement sur les connaissances métier du personnel, dans
le but de le mettre à l’aise et de l’intégrer progressivement dans la démarche d’analyse.
La phase de notation est réalisée en Groupes de travail, comprenant les experts de la division
M&T et du service ETNSHE ainsi que les représentants de chaque secteur de l’usine.

La phase d’élaboration de la méthode de sélection des aspects significatifs de l’usine de Montdésir


a été marquée par certains facteurs clé, qui ont favorisé la réussite de la démarche :
- la simplicité et la facilité d’accès de la méthode qui a été proposée aux Groupes de
Travail,
- le professionnalisme et l’intérêt pour l’environnement des interlocuteurs choisis pour
participer à l’analyse environnementale de l’usine.

2.2.3. La phase de validation

Un outil tel que la méthode de sélection des aspects environnementaux aussi adapté et efficace
qu’il puisse être, n’a de valeur que s’il est accepté par ceux qui auront à le mettre en œuvre aussi
bien que par les différentes parties intéressées dans la démarche.

Avant d’être utilisée, elle a donc passé avec succès l’épreuve de la validation de la part :
- du département SHE de la DGT, qui a vu sa propre méthodologie adaptée par
Galderma,
- du service ETNSHE de l’usine, qui aura à mettre en œuvre cette méthode chaque
année lors de la mise à jour des aspects significatifs,
- du directeur de l’usine et de l’ensemble de la hiérarchie, qui doivent donner l’impulsion
et soutenir au projet,
- du personnel qui participera aux Groupes de Travail, afin d’obtenir son adhésion et de
garantir son implication dans la démarche.

2.2.4. La phase de déploiement de la méthode

Les facteurs de réussite de la phase de déploiement de la méthode de sélection des aspects


significatifs sont en premier lieu ceux qui ont conditionné le succès des phases précédentes, à
savoir :
- la simplicité et la facilité d’accès de la méthode,
- le choix des interlocuteurs devant participer à l’analyse environnementale,
- la validation de la méthode par le Groupe,
- l’acceptation de la méthode par la direction de l’usine, l’encadrement et le service client
(ETNSHE),
- l’adhésion des interlocuteurs participant aux groupes de travail.

A ceux-là s’ajoutent certains vecteurs de réussite propres aux conditions de mise en œuvre de la
méthode :
- la présence obligatoire des interlocuteurs du terrain ainsi que leur participation effective
dans le travail d’évaluation demandé aux Groupes de Travail,
- la mise à disposition par le service ETNSHE et la division M&T des données
environnementales nécessaires à l’analyse,
- la communication qui a été faite autour du travail réalisé en groupes de travail a sans
doute été un vecteur de motivation des personnes participant à l’analyse
environnementale de l’usine.

11
2.2.5. La phase de mise à profit

La suite de la démarche d’analyse environnementale va être consacrée à capitaliser à la fois les


résultats et les bénéfices de la démarche participative mise en oeuvre.

Tout d’abord, les conclusions de l’analyse environnementale sont utilisées dans les phases
suivantes de la démarche de mise en place du système de management environnemental, à
commencer par la phase de planification. La définition des grands axes de la politique
environnementale de l’usine et de ses objectifs découle logiquement des aspects significatifs
révélés par l’analyse. Il est de même pour les autres étapes de la planification, à savoir la définition
des cibles par secteur et du programme de management environnemental.

En outre, les bénéfices apportés par l’analyse participative - à savoir la dizaine d’interlocuteurs du
terrain motivés, sensibilisés et déjà impliqués dans la démarche - vont être conservés dans la
structure du système de management environnemental de l’usine.
Ces interlocuteurs seront les relais Environnement de leur secteur, chargés de faire circuler les
informations entre le terrain et le service ETNSHE, de réaliser les audits environnementaux et de
prendre en charge les actions à mener par leur secteur.

12
CONCLUSION

Poussée par une démarche de Groupe, l’usine de Montdésir s’est lancée dans le projet de mise en
place de son système de management environnemental, avec pour mission d’être le site industriel
pilote de Galderma et de faciliter la certification ISO 14001 des autres sites industriels de
l’entreprise.

Mais au-delà de ces objectifs, l’étude pour la conception de l’analyse environnementale de l’usine
a fait apparaître de nouveaux enjeux qui se sont révélés primordiaux pour l’élaboration, la mise en
place et le fonctionnement pérenne du futur système de management environnemental :
- la nécessité de mise en commun des savoirs des concepteurs, des gestionnaires de
l’environnement et des opérationnels de l’usine,
- le besoin d’impliquer le personnel, afin d’initier sa sensibilisation à l’environnement et de
l’intégrer dans le fonctionnement du système de management environnemental,
- le besoin d’adapter les méthodologies du Groupe, pour tenir compte des données
contextuelles propres à l’usine, à savoir la participation mesurée et optimale du terrain,
permettant de ne pas perturber le fonctionnement de l’usine.

En réponse à ces besoins identifiés, l’entreprise a décidé de s’engager dans une démarche
d’analyse environnementale de type participatif, intégrant à la fois les concepteurs de l’usine, les
gestionnaires de l’environnement et surtout les opérationnels, confrontés quotidiennement aux
problématiques environnementales.

Cette analyse environnementale a donné des résultats très satisfaisants tant du point de vue des
conclusions de l’évaluation des aspects environnementaux, que de l’implication des interlocuteurs
du terrain ou du retentissement de la démarche au sein du personnel : Au-delà de l’analyse fine
des sources d’impact des activités, la démarche engagée a conduit l’usine à réaliser un véritable
travail de fond, en mettant en commun toutes les connaissances environnementales de
l’entreprise. Elle a été l’occasion de susciter une réelle dynamique d’apprentissage, tous les
acteurs impliqués alimentant et se nourrissant en retour de l’analyse environnementale.

A l’issue de celle-ci, l’usine peut se targuer de compter parmi son personnel opérationnel environ
10% d’interlocuteurs motivés, sensibilisés et déjà initiés aux réglementations, aux règles du
Groupe et aux notions fondamentales relatives à la gestion de l’environnement industriel. Ce point
constitue la principale valeur ajoutée de l’analyse collective réalisée.
Cet indéniable atout pour l’usine va être conservé dans la structure de son système de
management environnemental, puisque celui-ci sera de type décentralisé : Le service ETNSHE
assurera la coordination du fonctionnement du système, tandis que les correspondants
environnement de chaque secteur seront chargés de maintenir la sensibilisation de leurs
collègues, d’assurer la communication entre le terrain et le service ETNSHE, de réaliser des audits
environnementaux croisés et les actions d’amélioration dans leur service.

Il ressort donc de cette expérience que l’entreprise a su profiter de la mise en place de son
système de management environnemental pour repenser son organisation et accomplir un
véritable acte de management. En créant un système décentralisé, animé par des
« correspondants environnement locaux », l’entreprise répond aux problématiques
environnementales, qui touchent par nature tous les secteurs de l’usine. L’essence d’un tel
système repose sur l’intérêt suscité par la protection de l’environnement et l’implication des
opérationnels dans l’amélioration continuelle de sa gestion.

13
L’enjeu majeur d’une telle structure est donc de maintenir la mobilisation du personnel autour des
questions environnementales afin de faire vivre le système de management au niveau des
secteurs, c’est-à-dire au cœur même de l’usine. C’est du personnel que vont dépendre
maintenant l’efficacité et la pérennité de ce système.

Le management des entreprises repose sur la technique, l’organisation et les hommes. L’exemple
de l’usine Galderma de Montdésir démontre que la composante humaine est primordiale dans la
conception de systèmes de management environnemental. En définitive, l’art de gouverner les
hommes au travers de l’environnement est parfaitement saisi par le vieux proverbe indien :

« If you think short term, grow rice ;


if you think medium term, grow cattle ;
if you think long term, grow men. »

14

Vous aimerez peut-être aussi