Aménagement des eaux continentales Dr.

BOURIACH Med

Semestre : 3
Intitulé de l’UE : UE Découverte
Intitulé de la matière : Aménagement des eaux continentales
Crédits : 2
Coefficients : 2

Introduction :

L’eau recouvre 71 % de la surface de la Terre, mais l’eau douce ne représente que 2,5
% de l’eau présente sur la planète.

Soixante-dix pour cent de l’eau douce présente sur Terre se retrouve sous forme de
calottes glaciaires et la quasi-totalité du reste se retrouve dans le sol sous forme d’humidité
et à l’intérieur de nappes aquifères profondes. Seulement 0,007 % de l’eau douce de la
planète est accessible pour l’usage humain.

Le débit annuel total des cours d’eau de surface et des nappes souterraines est de 44
800 km3 par an, dont 12 500 km3 sont aisément accessibles pour l’usage humain.
 Les cours d'eau

Les cours d’eau sont des milieux dynamiques évoluant perpétuellement en fonction
des caractéristiques physiques et saisonnières. La qualité de vie d'un cours d'eau dépend
de nombreux facteurs tels que la vitesse du courant, la sinuosité du lit, le débit, la qualité de
la ripisylve, le taux d'oxygène dissous….Ces facteurs peuvent être dégradés ou modifiés.
C'est pourquoi les cours d'eau doivent être entretenus ou aménagés afin de maintenir
leurs différentes fonctionnalités liées aux usages et restaurer leur bon état écologique.

Il est important de bien faire la distinction entre les travaux d’entretien et les travaux

d’aménagement sur les cours d’eau.

 L’entretien a pour objet principal la gestion des embâcles et de la végétation présente

le long des cours d’eau
 En revanche, des interventions plus importantes sur
le lit du cours d’eau ou sur les berges sont des travaux d’aménagement ou de
restauration.
 Toute intervention doit être précédée d’un diagnostic de l’état initial et global du
cours d’eau ce qui permet de mieux cibler les différents objectifs des interventions.
 Toute intervention doit donc être raisonnée et planifiée
 L’impact de ces dernières doit être mesuré ; une évaluation et un suivi des travaux
doivent être réalisés.

1. Travaux d’aménagement sur les cours d’eaux et leur objectif :

 Canalisation : Bétonnage des berges et parfois du fond
 Endiguement : Augmentation de la hauteur des berges pour éviter le débordement des eaux
 Dragage : Approfondissement du lit
 Rectification : Recoupement des méandres
 Recalibrage : Augmentation de la capacité du lit en modifiant sa profondeur et sa largeur

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2. Objectif des travaux d’aménagement

 Le régime hydrologique  Les conditions  La continuité

morphologiques écologique

 Les débits minimums  Les connectivités latérales des  La libre circulation

d’étiage cours d’eau avec ses milieux des organismes
 La connexion avec les annexes. aquatiques et des
eaux souterraines  Le maintien de l’état physique flux de sédiments.
 L’alternance de courants des berges et de la végétation
lents et rapides riveraine.
une variation des
profondeurs

Plusieurs types d’aménagement sont envisageables :

 L'effacement ou l'abaissement des ouvrages

 La reconnexion des annexes hydrauliques

 Augmenter la capacité d’accueil du milieu pour les poissons

 La gestion des espèces exotiques envahissantes

 La restauration des zones humides

 L’entretien des berges et des ripisylves

3. Travaux d’entretien sur les cours d’eau et leur objectif :

 Le faucardage localisé
 L’élagage ou le recépage de la végétation des rives.
 L’enlèvement des embâcles, débris et atterrissements, flottants ou non.
 "L’entretien régulier a pour objet de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre,
de permettre l’écoulement naturel des eaux et de contribuer à son bon état écologique ou,
le cas échéant, à son bon potentiel écologique.[…]"
Ripisylve :

Correspond à l’ensemble de la végétation des berges des cours d’eau, Elle va d’un simple
liser et étroit à un large corridor, composée de trois strates (Figure 01) : une strate herbacée,
une strate arbustive, une strate arborée ; son rôle :

 elle protège et consolide les berges.

 elle retient les pollutions diffuses et élimine naturellement les nitrates.

 elle évite le dessèchement et freine le ruissellement de l’eau.

 elle abrite de nombreuses espèces.

 elle fait office de corridor biologique.

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Figure 01 : Les strates de la ripisylve des cours d’eau.

Les berges

Les berges sont des écotones. Elles constituent une zone de transition entre l’écosystème
aquatique et forestier. Elles abritent des espèces de milieux aquatiques et de rive.
Embâcle :

C’est une accumulation naturelle ou non de matériaux (bois mort, détritus...) bloqués en
amont d’un ouvrage, dans la végétation ou dans un secteur de cours d’eau particulièrement
étroite.
1. Impacts des travaux d’entretien et de gestion des cours d’eau

Une gestion équilibrée des berges et du lit d'une rivière par des opérations
d'entretien ou d’aménagement favorise un contrôle efficace de l'évolution
ultérieure du milieu aquatique :

1. Maintenir ou améliorer la qualité de l’eau

2. Freiner ou favoriser l'écoulement des eaux
3. Protéger la végétation rivulaire, pâturages et stabiliser l
es berges pour lutter contre leur érosion et éviter
leur dégradation par les animaux par la mise en place de :

 Clôtures électriques facilement déplaçables.

 Abreuvoirs

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 Améliorer la qualité des habitats (désherbage biologique, compostage, Remplacement

des pesticides par des prédateurs naturels) .

 Bannir les espèces animales et végétales exotiques envahissantes ou inadaptées.

 Réguler les débits ou produire de l’électricité et de l’énergie par la construction des

barrages.

 Protéger les villes des inondations, ou encore gagner des terres agricoles fertiles par la
construction des digues.

 Faciliter la navigation fluviale, irriguer, alimenter en eau potable les hommes et le bétail,
et beaucoup plus récemment, créer des bases de loisirs.
 Préserver la qualité paysagère, et certains ont fait naître de nouveaux paysages :

 Dans les zones arides, l'irrigation a produit des oasis de verdure. Aujourd'hui,
l'utilisation de rampes d'aspersion crée des nénuphars dans le désert. En Asie, les
hommes ont fabriqué des paysages de rizières, parfois en terrasses. Les huertas sont
des périmètres de cultures irriguées en Espagne. Mais d'autres paysages sont liés aux
aménagements en eau comme les polders.

Ces aménagements sont parfois controversés puisqu’il peut y avoir des impacts à court
terme très localisés sur le site des travaux et des impacts à long terme en amont ou en aval
du site d’intervention.

A°/ Impacts à court terme (au moment des travaux) : il y a évidemment des impacts
immédiats sur le site en aval et possiblement en amont de celui-ci.
a- Impacts de l’érosion et de la sédimentation :

Les principaux impacts à court terme de travaux mal planifiés ou mal exécutés sont causés
par l’érosion et la sédimentation.

Une quantité importante des sédiments entraînant une :

 Modification de l’écoulement

 Détérioration de la qualité de l’eau

 Perturbation de l’habitat du poisson

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b- Impacts des débris :

Les débris végétaux peuvent être entraînés dans le courant ou se déposer au fond du cours
d’eau s’accumulent à des endroits précis obstruction au libre écoulement de l’eau
lentement se décomposent, ce qui exige de l’oxygène : peut « étouffer » le cours d’eau,
dégager des odeurs nauséabondes, nuire à la qualité de l’eau et aux habitats aquatiques.
c- Impacts des interventions dans la rive :

Si la végétation en rive est composée à 100 % de plantes herbacées et n’abrite que des espèces
tolérantes à la pollution, l’impact est relativement moindre que dans une portion de cours
d’eau naturel qui est ombragée.

Si la zone riveraine où les sols ont été dénudés n’est pas stabilisée à court et à moyen termes,
il peut y avoir :

•• Érosion des berges.

•• Apport de sédiments vers le cours d’eau.

•• Glissement de terrain.

•• Assèchement des zones humides riveraines.

d- Impacts d’une contamination directe :

La machinerie utilisée lors des travaux est susceptible de déverser des contaminants comme
des huiles, des graisses ou du carburant.

B°/ Impacts à long terme : Les travaux peuvent avoir des impacts à long terme
insoupçonnés.

a- Impacts sur le libre écoulement de l’eau : les sédiments relâchés lors des travaux et
accumulés au fond des cours d’eau peuvent nuire à l’écoulement à long terme.

b- Impacts géomorphologiques : les travaux de recalibrage, rectification de méandres ou

de sinuosités conduisent à :

 un surdimensionnement du lit du cours d’eau

 une dénaturation du substrat du fond du lit
 une réduction de la longueur du cours d’eau

d- Impacts des interventions dans la zone riveraine :

La destruction, l’uniformisation ou l’artificialisation de la zone riveraine peut avoir des

impacts à long terme comme :

La diminution de la qualité de l’eau

La diminution de la productivité biologique

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d- Passage des poissons :

Rupture des continuités écologiques : Les seuils et barrages en rivières, les ponceaux mal
installés, les canalisations et les amoncellements de débris peuvent bloquer le passage des
poissons. Les migrations ne sont plus possibles s’il y a des obstacles infranchissables et
permanents.

Tous ces impacts sont susceptibles de générer des dégâts, autrement dit : La destruction
de l’écosystème, la mise en service du barrage par exemple peut entraîner
la destruction de zones habitées (populations déplacées), de sites archéologiques et
patrimoniaux (temples), la modification du microclimat local.
4. Situations en image :

La vallée du Rhin avant l’aménagement

Les bras multiples du fleuve abritaient de
nombreuses îles couvertes de forêts alluviales
foisonnantes Ses eaux hébergeaient une
quarantaine d'espèces de poissons lors de ses
crues, le Rhin devenait violent et inondait les
forêts, entretenant une grande diversité
animale et végétale, et causait des dommages
importants aux villages voisins sur des milliers
d'hectares et la navigation y restait difficile.
La vallée du Rhin après l’aménagement
Aménagement : Endiguement puis canalisation
Les modifications provoquèrent plus de dégâts
qu'elles n'en retirèrent d'avantages. Les
populations situées en aval du secteur aménagé
furent exposées à plus d'inondation que par le
passé.

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Images satellites nous montrent les bouleversements dramatiques que peuvent entraîner
la construction de grands barrages sur les fleuves d'Afrique.

Le bassin Le bassin
hydraulique du hydraulique du
fleuve Bafing au fleuve Bafing au
Mali, juste avant Mali, juste avant
(1977) (1977)

Et après (1999)
l'installation du
barrage de
Et après (1999)
Manantali.
l'installation du
Ce barrage a barrage de
modifié le régime Diama non loin
hydraulique du de la côte.
fleuve Sénégal qui
coule en aval.

Dans les deux cas, l'écosystème et les flux d'irrigation ont été totalement bouleversés sur plusieurs

milliers d'hectares.

Le lac Nasser formé suite à l'installation du barrage d'Assouan a modifié le micro-climat

local ; son évaporation facilite le développement des cellules orageuses. Il a également noyé
des dizaines de sites archéologiques et de monuments égyptiens.

L'UNESCO a même dû procéder à la surélévation du fameux site d'Abou Simbel (le temple
de Ramsès II et le sanctuaire d'Isis), il a été démonté entièrement et reconstruit plus haut,
au bord du lac, sur une colline artificielle à l'abri de la montée des eaux.
Exemple : Exemple du ruisseau Bonhomme-Morency

Des photos d’archive du remontage du temple.

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En 1968, lors de la construction d’une polyvalente à Trois-Pistoles, une rivière

dénommée Renouf a été canalisée sous la polyvalente. Des inondations fréquentes dans les
secteurs environnants ont amené le gouvernement du Québec à détourner près de la moitié
de ses eaux dans le ruisseau Bonhomme-Morency, un cours d’eau d’un tout autre bassin
versant.

« Le ruisseau Bonhomme-Morency se déverse dans la rivière Trois-Pistoles, et

l’augmentation de débit liée au détournement a entraîné une forte érosion du fond du
chenal et des décrochements de talus et de versants sur des dizaines de mètres de haut. La
multitude de sédiments érodés dans le cours d’eau Bonhomme-Morency a été transportée
jusqu’à la rivière Trois-Pistoles. Malheureusement, les frayères à éperlans, à saumons et à
truites sont très sensibles aux perturbations de la sorte.»

Avant : Après :

Pour tenter de limiter ces fortes concentrations de sédiments transportés dans la rivière
Trois-Pistoles, le cours d’eau
Bonhomme-Morency a été enroché sur
plus de 2 km à l’hiver 2008-2009.

Enrochement du cours d’eau Bonhomme-Morency.

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L'espèce Homo sapiens, comme mammifère

aérobie, hétérotrophe, omnivore, mobile, terrestre,
sexué, grégaire, sociable, est un animal qui se
conforme par ses formidables capacités à modifier les
milieux aquatiques sur lesquels il s’installe.

Ces aménagements et interventions

inconsidérées ont conduit les cours d’eau aujourd'hui
à une véritable crise anthropique, influencent de
manière négative le fonctionnement des écosystèmes
et la biodiversité.

Malgré tout l’Homme tente de protéger son

environnement, en utilisant des techniques
végétales moins impactantes dans le but de restaurer
les milieux qu'il a transformé pour préserver
l'équilibre naturel de l’écosystème. Mais les actions
positives de l’Homme réussiront elles à compenser
ses actions négatives ?