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Mémoire de Master

Modélisation et Simulation de la
combustion in-situ

Aurélien Genot

30 Septembre 2015

Sous la direction de Pr. Gerald Debenest et Dr. Pierre Horgue

Laboratoire d'accueil :

Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse (IMFT)

Ecole Nationale Supérieur d'Electrotechnique, d'Electronique, d'Informatique,

d'Hydraulique et des Télécommunications

INP Toulouse
Résumé Le pétrole est encore une des principales ressources énergétiques utilisée dans le
monde. De nos jours, les ressources non conventionnelles ont rencontré un intérêt plus élevé
parce qu'elles représentent dorénavant la principale partie des réserves existantes. La combus-
tion in-situ permet en particulier d'extraire l'huile gée dans les pores. A travers cette étude,
il a été observé de nombreux couplages physiques : modèle milieu poreux, combustion, décar-
bonatation, échanges thermiques, évaporation. La diculté principale réside dans le couplage
des réactions, notamment pour la décarbonatation qui est une réaction réversible complexe.
Le modèle physique proposé dans ce rapport a ensuite été développé sous OpenFoam en col-

®
laboration avec d'autres chercheurs de l'IMFT.
Mots-clés : combustion in-situ, décarbonatation, milieu poreux, OpenFoam

Abstract The oil is still one of the major energy sources used in the world. Nowadays,
unconventional resources have encountered a higher interest because they now represent the
main part of the existing reserves. In-situ combustion, in particular, allows to extract the xed
oil in the pores. Through this study, it was observed numerous physical couplings : porous
media model, combustion, decarbonation, heat exchange, evaporation. The main diculty
lies in reaction coupling, in particular for the decarbonation, which is a complex reversible
reaction. The physical model proposed in this report was then developed under OpenFoam in

®
collaboration with other researchers from IMFT.
Keywords : in-situ combustion, decarbonation, porous media, OpenFoam

Resumen El petróleo sigue siendo una de las principales fuentes de energía utilizadas en
el mundo. Actualmente, se ha mostrado mayor interés los recursos no convencionales, ya que
representan la mayor parte de las reservas existentes. La combustión in-situ, en particular,
permite extraer el aceite jado en los poros. A través de este estudio, se observó numerosos
acoplamientos físicos : modelo de medio poroso, combustión, descarbonatación, intercambio de
calor, evaporación. La dicultad principal reside en el acoplamiento de reacciones, en particular
la descarbonatación, la cual es una reacción reversible compleja. El modelo físico propuesto
en este informe, fue desarrollado con OpenFoam en colaboración con otros investigadores del

®
IMFT.
Palabras clave : combustión in-situ, descarbonatación, medios porosos, OpenFoam

I
Table des matières
1 Présentation de l'IMFT 1
2 Introduction Combustion in Situ 2
3 Quelques Applications et situations 3
3.1 Combustion d'une cigarette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.2 La combustion in-situ et la récupération d'huiles lourdes . . . . . . . . . . . . . 3
3.3 Expérience de référence[21] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.3.1 Présentation de l'installation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.3.2 Conditions initiales et limites du système . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4 Caractérisations et réactions chimiques du milieu considéré 7


4.1 La combustion du carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 La réaction de décarbonatation/carbonatation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.3 L'évaporation et la condensation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

5 Présentation du modèle mathématique 13


5.1 Conservation de la masse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
5.1.1 Conservation de la masse solide et des consituants solides . . . . . . . . 14
5.1.2 Conservation de la phase gazeuse et des constituants gazeux . . . . . . . 15
5.2 Conservation de la quantité de mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5.3 Conservation de l'énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5.4 Détermination des conditions aux limites en situation 1D et 2D axisymétrique . 18
5.4.1 Dénition des ux thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5.4.2 Traitement interface Couronne-Milieux poreux . . . . . . . . . . . . . . 20
5.5 Mise en place sous openFoam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

6 Résultats 22
6.1 Validation par confrontation avec une solution analytique . . . . . . . . . . . . 22
6.2 Impact de l'évolution de paramètres thermodynamiques dans un cas 1D . . . . 24
6.2.1 Présentation des modèles thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.2.2 Comparaison des modèles thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
6.3 Evaporation de l'eau contenue dans les pores . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
6.4 Validation modèle 1D Vs résultats expérimentaux Sennoune/Fadaei [7, 21] . . . 30
6.5 Mise en place modèle 2D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
6.5.1 Lois de capacités thermiques et conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . 31
6.5.2 Validation du code en modèle 2D/Axisymétrique . . . . . . . . . . . . . 33

7 Conclusions et perspectives 35
8 Remerciements 37

II
Table des gures
1 Représentation 1D d'un front réactionnel dans une combustion sans amme[19] 3
2 Combustion in-situ : prols de température et de saturations [9] . . . . . . . . . 4
3 Combustion in-situ : prols de température [15] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
4 Modèle expérimental de combustion dans un milieu poreux, avec système de
micro-échantillonnage [14] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
5 Prol du ux radiatif sur la surface du lit en entrée [14] . . . . . . . . . . . . . 7
6 Pression d'équilibre pour le système CaCO3-CaO . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
7 Lois d'Arrhénius . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
8 Champ de température au cours d'une smoldering combustion dans un plan
2D pour plusieurs régimes [6] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
9 Conditions limites plan (x,y) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
10 Interface Milieu poreux / Couronne métallique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
11 Traitement séquentiel du code openFoam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
12 Régimes de réaction [21] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
13 Calcul 1D sans CaCO3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
14 Lois de conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
15 Valeurs moyennes de Cp,sand (T ) [22] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
16 Variation des Cp(T) de matériaux solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
17 Comparatif à conductivité xée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
18 Inuence d'une loi pour la conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
19 Impact de l'eau dans notre modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
20 Comparaison Calcul 1D/Expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
21 Capacités thermiques des espèces solides en fonction de T . . . . . . . . . . . . 32
22 Capacités thermiques des espèces gazeuses en fonction de T . . . . . . . . . . . 32
23 Loi de conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
24 Prol 2D Température (t=3400s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
25 Modèle 2D, conductivité constante (axe central) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
26 Fronts de combustion et décarbonatation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

III
Liste des symboles
Af j constante pré-exponentielle de la réaction j

Cp,g capacité calorique de la phase gaz J/kg/K

Cp,k capacité calorique de l'espèce k J/kg/K

Cp,s capacité calorique de la phase solide J/kg/K

Dk diusivité de l'espèce k m2 /s
Ej énergie d'activation de la réaction j

K perméabilité m2
PCO2 ,eq pression d'équilibre en CO2 de la réaction de décarbonatation

Pambiant pression extérieure Pa


Tambiant temperature extérieure K
Vg vitesse de Darcy m/s
Vk,i vitesse de l'espèce k dans la direction i m/s
Wk masse molaire de l'espèce k g/mol

YO2 ,Air fraction massique de l'oxygène présent dans l'air ambiant

ρk
Yk,g = ρg fraction massique de l'espèce k dans la phase gazeuse

ρk
Yk,s = ρs fraction massique de l'espèce k dans la phase solide

[Xk ] concentration molaire de l'espèce k mol/m3


m
∆HR enthalpie molaire de réaction j J/mol
j

∆h0,m
f,k enthalpie de formation molaire de l'espèce k J/mol
∆h0f,k enthalpie de formation massique de l'espèce k J/kg
ω̇k taux de consommation d'une espèce k kg/m3 /s
 porosité du milieu poreux

λI conductivité thermique de l'isolant W/m/K

λg conductivité thermique de la phase gaz W/m/K

λs conductivité thermique de la phase solide W/m/K

λef f conductivité eective du milieu poreux W/m/K

λsteel conductivité thermique de la couronne métallique W/m/K

Qj taux de progression de la réaction j mol/s

τ tortuosité du milieu poreux

IV
ef f indice signiant eectif, moyenné sur le mileu

fr fraction molaire de monoxyde de carbone produit

nk quantité molaire de l'espèce k mol

tignition durée de la phase d'allumage s

V
1 Présentation de l'IMFT
L'Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse (IMFT) est une unité mixte de recherche
associant le CNRS, l'INP de Toulouse et l'Université Toulouse 3. L'IMFT est reconnu à l'échelle
nationale voire internationale, tant par sa taille que par le spectre des thématiques de recherche
qui y sont abordées et des champs d'application qu'elles recouvrent.
Les thèmes de recherches menés par le laboratoire, qui allient modélisation mathématique,
expériences nes de laboratoire et simulation numérique intensive, sont :
 aéro- et hydrodynamique externe (dynamique des tourbillons et des sillages, interaction
uide-structure, transferts pariétaux),
 combustion en milieu turbulent ou hétérogène,
 dynamique des bulles, des gouttes et des interfaces, ainsi que celle des écoulements
diphasiques associés, avec ou sans changement de phase,
 écoulements chargés en particules (milieux granulaires  mouillés ),
 hydrologie de surface et impact des aménagements hydrauliques,
 instabilités hydrodynamiques en uide homogène ou hétérogène, et leurs prolongements
à la transition, aux perturbations optimales et au contrôle des écoulements,
 interactions écoulement/milieu vivant et biomécanique circulatoire,
 micro-hydrodynamique (fractures, inclusions, cellules, lms) et transferts associés,
 milieux hétérogènes et problèmes de changement d'échelle qu'implique leur description
et celle des transferts qui y prennent place,
 turbulence en situation  non-standard (écoulements à surface libre, stratiés, en pré-
sence d'eets de densité variable ou d'interfaces, en milieu réactif ) et mélange associé.
Ces thématiques trouvent pour la plupart des champs d'application dans les secteurs :
 du transport terrestre et aérien,
 de la conversion et du transport de l'énergie,
 des procédés de transformation, du génie biomédical,
 de la prédiction des écoulements environnementaux et des études d'impact.
Du fait des nombreuses applications dans les domaines de l'environnement, de l'ingénierie
(énergie, procédés, matériaux, . . . ) ou de la santé, l'étude des Milieux Poreux est un domaine
de recherche très actif. Cette étude est menée par le groupe de recherche GEMP.
Les milieux sont aussi variés que le sont les applications :
 Milieux géologiques : sols, roches, eorescences salines, aquifères, gisements pétroliers
ou gaziers,. . .
 Milieux biologiques : os, cartilage, système vasculaire, tumeurs cancéreuses, colonies
microbiennes, ...
 Milieux manufacturés : matériaux de construction, membranes, ltres, bres, cataly-
seurs, mèches poreuses ....
Ces milieux hétérogènes à diérentes échelles sont le siège d'écoulements liquides ou gazeux,
de transferts de matière ou de chaleur, de réactions chimiques ou biologiques, de changements
de phase (dissolution, cristallisation, évaporation, ébullition, condensation), qui jouent un rôle
fondamental dans leur comportement à l'échelle de l'utilisateur.
Les activités du groupe GEMP sont orientées vers l'analyse et la modélisation de ces phéno-
mènes à l'intérieur ou à la surface de milieux poreux.
La démarche fait appel à des connaissances provenant de champs scientiques très divers :
mécanique des uides et du solide, thermique, physique statistique, physico-chimie, biologie,
géologie, mathématiques appliquées, imagerie 3D,.... Elle associe des approches détaillées à

1
l'échelle du pore et des approches de changement d'échelle, qui permettent de rendre compte
des propriétés macroscopiques du milieu.
Au sein de GEMP, les méthodologies génériques ainsi développées permettent d'aborder les
thèmes de recherche suivants :
 Transferts en milieux réactifs.
 Écoulements polyphasiques, changements de phase.
 Transferts en milieux géologiques.
 Mécanique du vivant.
 Instabilités.
 Eets du connement.
De nombreuses applications sont concernées par des milieux poreux géologiques : hydrogéo-
logie environnementale (pollution des sols, intrusion saline, risques naturels liés à la disso-
lution de cavités,...), stockage des déchets (nucléaire,...), génie pétrolier et gazier où GEMP
est notamment impliqué dans le contexte des ressources non-conventionnelles (huiles lourdes,
oil-shales,...), stockage de gaz (hydrocarbures, CO2, H2)...

Le sujet de ce stage est associé à une de ces sous-thématiques du groupe GEMP, le génie
pétrolier et gazier. Une des stratégies pour extraire le pétrole est la combustion in Situ. La
modélisation de ce phénomène a été le c÷ur de l'étude que j'ai menée au cours de ce stage. J'ai
particulièrement travaillé avec Mr Gerald Debenest qui m'a guidé pour les modèles physiques,
avec M. Pierre Horgue, premier développeur du code dont j'ai poursuivi le développement pour
simuler une expérience, avec M. Romain Guibert qui collabore avec les deux précédents sur de
nombreux projets et qui m'a apporté des conseils d'un point de vue numérique. Les thématiques
de combustion sont aussi abordées par le groupe PSC (Particules, Sprays et Combustion), j'ai
donc également échangé avec M. Benoît Bédat, enseignant-chercheur au sein de ce groupe, sur
des problématiques d'énergétique (échanges de chaleur, combustion, évaporation, etc.).

2 Introduction Combustion in Situ


Le principe de la Combustion in Situ est la réalisation d'un processus de combustion au sein
d'une formation imprégnée d'huiles non mobiles, en brûlant une partie de la matière organique
en place an de faciliter l'écoulement et l'extraction des fractions non brûlées. La combustion
est généralement amorcée grâce à un dispositif d'allumage qui permet de porter les abords
d'un puits à un niveau thermique susant ; le phénomène se propage ensuite de manière au-
tonome au sein de la formation, grâce à l'injection continue d'air par un ou plusieurs puits.
La température atteinte au niveau du front est généralement supérieure à la température de
saturation de la vapeur d'eau : elle est le plus souvent de 400 à 600°C. Ces huiles sont, avant
réaction, gées dans les pores. On observe en amont de la amme, des réactions pyrolytiques
transformant les huiles en composants carbonés appelés char. Ces réactions sont très com-
plexes et l'on ne considère généralement pas le mécanisme complet de la dégradation. Les seuls
modèles que nous pouvons proposer sont donc des descriptions simpliées où le carbone réagit
avec un oxydant provenant des puits.
La combustion solide est dénie comme une réaction exothermique qui s'auto-entretient grâce
à la chaleur provenant principalement de l'oxydation hétérogène du combustible solide par
une attaque directe de l'oxygène sur sa surface. Il existe 2 types de combustion : smoldering
combustion et aming combustion. Le dégagement de chaleur et l'oxydation s'eectuent

2
dans le solide par décomposition pour la smoldering combustion et dans l'environnement
gazeux du solide pour la aming combustion. Notre modèle s'apparente davantage à de la
smoldering combustion qui est le phénomène le plus largement observé.

3 Quelques Applications et situations


3.1 Combustion d'une cigarette
Ce phénomène, aussi familier soit-il, reste une réelle représentation du phénomène de la
combustion sans amme. La Figure 1 montre une représentation 1D du phénomène de smol-
dering combustion. La cigarette correspond à une combustion à co-courant avec l'écoulement,
le ux d'air entrant par la zone d'ignition de la combustion.

Figure 1  Représentation 1D d'un front réactionnel dans une combustion sans amme[19]
Ce processus de combustion est relativement lent comparé à une combustion d'un combustible
gazeux et dépend directement du débit d'air et de la quantité de combustible en présence. On
peut remarquer également un phénomène de pyrolyse en aval de la combustion (oxydation),
phénomène couramment observé dans la combustion in-situ.

3.2 La combustion in-situ et la récupération d'huiles lourdes


Il s'agit d'un autre exemple de combustion 1D, si l'on suppose le milieu uniforme dans les
autres directions.
On distingue deux types de combustion in-situ : la combustion sèche et la combustion humide.
Dans le premier cas, uniquement de l'oxygène et de l'azote sont injecté. Dans le second, de
l'eau liquide est co-injectée. Seule la combustion sèche est détaillée par la suite.
Le processus de combustion in-situ est très complexe. Sous les eets conjugués du dégagement
de chaleur des réactions chimiques, des phénomènes de transport de matière et des changements
de phases, plusieurs fronts et zones caractéristiques apparaissent. Le front le plus évident est
le front de combustion, spatialement détectable par un maximum de température directement

3
lié à la présence des réactions chimiques. De part et d'autre de ce front, plusieurs zones
caractéristiques peuvent être remarquées. En régime établi, Burger et al. [9] proposent de
distinguer quatre zones numérotées d'amont en aval, comme indiquées en Figure 2.

Figure 2  Combustion in-situ : prols de température et de saturations [9]


Zone 1 : Cette zone est la zone brûlée. La combustion a déjà eu lieu et a laissé une roche quasi
vierge de toute matière organique. L'air injecté s'échaue au contact de cette matrice qui a
accumulé une grande partie de la chaleur de combustion. Ainsi, une partie de cette chaleur
"perdue" est transportée vers la zone de combustion et vers l'huile non brûlée.

Zone 2 : C'est la zone de combustion. L'oxygène est consommé par les réactions chimiques.
C'est précisément ici que se situe le front de combustion et, par conséquent, la température
la plus élevée. La vitesse du front de combustion va dépendre en grande partie de la quan-
tité de réactif en place et du débit d'oxygène injecté : plus il y aura de réactif, moins le
front se déplacera vite et plus le débit d'injection d'oxygène sera élevé, plus le front avancera
rapidement.

Zone 3 : C'est la zone de déposition du fuel. Les fractions lourdes qui n'ont été ni déplacées,
ni vaporisées sont disponibles pour être oxydées en zone 2. C'est ici que l'on trouvera les
premières traces d'huile à proprement parler.

Zone 4 : Lorsque la température est susamment basse, il ne se produit plus d'altération


chimique notable. Cette zone est balayée par les gaz euents et par les liquides déplacés. Dans
la région la plus proche des zones réactionnelles, les fractions les plus légères de l'huile, ainsi que
l'eau, se vaporisent et se condensent successivement. Dans la région où les températures sont
inférieures à la température de condensation de l'eau, on observe une zone dont la saturation
en eau est supérieure à la saturation initiale du gisement : c'est le banc d'eau ou plateau de
vapeur. Celui-ci pousse une zone à saturation en huile supérieure à la saturation initiale en

4
huile. Au delà du banc d'huile, le massif retrouve progressivement ses caractéristiques initiales.

Sarathi [15] propose également un découpage en zones équivalent (Figure 3).

Figure 3  Combustion in-situ : prols de température [15]


An de comprendre les diérents phénomènes en cause dans ces applications, un modèle expé-
rimental a été développé (Martins [14] et Sennoune [21]), et un modèle numérique permettra
par des comparaisons d'établir un modèle simplié et représentatif de la physique mise en
cause. Ces diérents modèles permettent d'identier les couplages thermiques et chimiques
dus aux diérents constituants et aux phénomènes d'échanges thermiques. Dans un sol carbo-
naté soumis à haute température, on peut notamment observer de la décarbonatation.
Le couplage entre le phénomène de décarbonatation, de la combustion et des échanges de
chaleurs (pertes thermiques, ...) rend la combustion in situ dicile à modéliser.
L'objet de ce stage a donc été de reproduire numériquement les travaux expérimentaux de
Sennoune tout en améliorant les modèles proposés. Pour cela j'ai poursuivi le développement
d'un code écrit initialement par Pierre Horgue, an d'implémenter et d'améliorer la description
physique pour modéliser le phénomène de combustion de solides en lit xe.

3.3 Expérience de référence[21]


3.3.1 Présentation de l'installation expérimentale
Le lit (Figure 4) est composé de 3.475 wt.% de carbone xe, de 22.41 wt.% de carbonates
(calcium et magnésium) et de 73.76 wt.% de sable et a pour dimensions : 91 mm de diamètre
et 300 mm de longueur verticale. De l'air entre à ux massique constant et ressort à pression
atmosphérique. Des capteurs expérimentaux sont positionnés an de mesurer la température
en diérents points et ainsi valider le modèle numérique. Cette conguration expérimentale
correspond à une combustion sèche de particules sphériques de carbone. Les particules solides
contenues dans le lit ont un diamètre variant entre 0.5 et 2 mm.

5
Figure 4  Modèle expérimental de combustion dans un milieu poreux, avec système de
micro-échantillonnage [14]

3.3.2 Conditions initiales et limites du système


L'espace vide du milieu poreux est rempli initialement par de l'air à 298 K, autrement dit :
 à t=0, ∀x, YO2 ,g = YO2 ,Air et T = Tambiant = 298 K

On dénit également les conditions limites :


 à t>0, y = 0, YO2 ,g = YO2 ,Air
 à t>0, y = 0, Vg ρg = 0.027 kg.m−2 .s−1
 à t>0, y = L, P = Pambiant = 0 Pa

Durant l'expérience, il y a 2 phases :


 Une phase de pré-chauage et d'ignition de la combustion (de 0 à tignition = 300s)
 Une phase de combustion dans le milieu poreux (t > tignition )

Pendant la première phase, le lit est chaué par un cône chauant par rayonnement (voir
Figure 5).

6
Figure 5  Prol du ux radiatif sur la surface du lit en entrée [14]
Les conditions limites en entrée pour la température sont les suivantes :
 à t < tignition , y = 0, −λef f ∂T
∂y |y=0 ≈ 50 kW/m²
 à t > tignition , y = 0, T = Tambiant = 298 K

4 Caractérisations et réactions chimiques du milieu considéré


Les constituants chimiques du mélange sont :
 en phase solide : C(s), CaCO3(s) (et MgCO3), CaO(s), H2O(l), sable.
 en phase gazeuse : N2, O2, CO, CO2, H2O(g)

Le carbone peut réagir avec l'oxygène, à condition que la combustion de celui-ci soit initiée
par une montée en température (par rayonnement par exemple).
f rCO
C + [1 − ]O2 ⇒ f rCO CO + (1 − f rCO )CO2 (1)
2
Elle résulte d'un ensemble de réactions et est une simplication du mécanisme très complexe
de combustion de ce carbone non mobile. Elle est expliquée en détail dans Martins et al.
[12, 13, 14] qui démontre bien que cette réaction unique peut être utilisée dans notre cas. Il
est supposé, ici, que f rCO = 0.31[21].
Les enthalpies de formation des diérents constituants sont :
 ∆h0,m
f,C = 0 J/mol
0,m
 ∆hf,O = 0 J/mol
2
0,m
 ∆hf,CO = 1.10e5 J/mol
0,m
 ∆hf,CO = 3.93e5 J/mol
2

On obtient alors une enthalpie de réaction :


m = −f r 0,m 0,m
∆HR1 CO ∆hf,CO − (1 − f rCO )∆hf,CO2 = −3.053e5 J/mol

Dans les milieux poreux que nous étudions, ceux-ci contiennent des carbonates de calcium et
de magnésium. Grâce à l'analyse de Sennoune [21], il est considéré que ces carbonates sont
seulement des carbonates de calcium qui se décomposent en oxydes de calcium :

7
CaCO3 ⇔ CaO + CO2 (2)

Cette réaction est réversible, on parle de décarbonatation et de carbonatation. La direction de


cette réaction est directement corrélée à la proportion massique en CO2 qui correspond à une
MCO2 MCO2 PCO2
pression partielle en CO2 : YCO2 ,g = XCO2 ,g ∗ Mg = Mg P .
Il existe une loi pour la pression partielle d'équilibre en CO2 en fonction de la température,
selon Rao et al. [18] :
8792.3
log10 PCO2 ,eq = − + 10.4022 (3)
T (K)
avec PCO2 ,eq en mmHg, sachant que 1 mmHg = 133.322 Pa. On peut alors dénir :

MCO2 PCO2 ,eq


YCO2 ,eq = (4)
Mg P
PCO2 ,eq
XCO2 ,eq = (5)
P

Figure 6  Pression d'équilibre pour le système CaCO3-CaO


Les modèles réactionnels sont basés sur des lois d'Arrhénius qui sont des lois exponentielles,
augmentant avec la température. A assez basse température (en dessous de la température
d'activation), les réactions sont négligeables voire inexistantes. La carbonatation est exother-
mique et consomme du CO2, la décarbonatation est endothermique et produit du CO2. Le
milieu initial étant composé seulement de carbone, de carbonates et de sable, il est peu pro-
bable de rencontrer de la carbonatation, mais une limitation de la décarbonatation par la
quantité de CO2 en présence.
Pour le calcul de l'enthalpie de réaction, il est important de prendre en compte le mélange de
carbonates. La littérature donne pour le carbonate de calcium (180 kJ/mol ou 1800 kJ/kg) et
pour le carbonate de magnésium (118 kJ/mol ou 1405 kJ/kg). La valeur associée à l'enthalpie
de réaction décarbonatation-carbonatation est donc assez variable en fonction du sol étudié.

Dans un milieu poreux, il est connu que de l'eau peut être gée dans des micro-porosités.
L'évaporation de l'eau joue donc un rôle important dans le bilan thermique. Il est donc utile
de rajouter ce constituant dans les 2 phases. La phase solide est associée à une phase xe de

8
manière générale. Les pores remplies d'eau liquide sont donc considérés comme appartenant à
la phase solide. La réaction réversible s'écrit :
H2 O(l) ⇔ H2 O(g) (6)

La chaleur latente associée à la vaporisation vaut :


m = 40.65
∆Hvap J/mol.

4.1 La combustion du carbone


La combustion du carbone solide est une réaction irréversible dépendant seulement de la
présence des 2 réactifs ou non.
Pour l'espèce k, le taux réactionnel ω̇ k est la somme des taux ω̇ kj produit par toutes les M
réactions :
M
X M
X
ω̇ k = ω̇ kj = W k ν kj Qj (7)
j=1 j=1

où Qj est le taux de progression de la réaction j. Le dégagement de chaleur associé aux


réactions s'écrit :
N
X N X
X M
− ∆hk ω̇ k = − ∆hk W k ν kj Qj (8)
k=1 k=1 j=1

On dénit :
 l'enthalpie de réaction j, dans les conditions standards (T0 = 298K ), en J/mol :

N
X
m
∆HR j
= ∆h0f,k W k ν kj (9)
k=1

 l'enthalpie associé à la réaction j, avec T 6= T0 , en J/mol :

N
X N
X
∆Hjm = ∆hk W k ν kj = m
∆HR j
+ ∆hs,k W k ν kj (10)
k=1 k=1

 l'enthalpie de chaque espèce comme, en J/mol :

ˆ T
hk = h0f,k + hs,k = h0f,k + Cpk dT. (11)
T0

On calcule donc le terme réactif sous la forme :

N
X M
X
− ∆hk ω̇ k = − ∆Hjm Qj (12)
k=1 j=1

Le taux de progression Qj de la réaction j est écrit :

N N
Y 0
νkj
Y
Qj = K f j [Xk ] − K rj [Xk ]ν”kj (13)
k=1 k=1

Kfj et K rj sont respectivement les taux de réaction forward et reverse. Dans le cas d'une
réaction irréversible comme la combustion, K rj = 0.

9
On obtient alors :
N
Y 0
Qj = K f j [Xk ]νkj (14)
k=1

On supposera de plus que Kfj suit la loi empirique d'Arrhénius, soit : Kfj =
E
Af j T βj exp(− RTj )avec Ej l'énergie d'activation et Af j la constante préexponentielle.
Soit M réactions (par exemple la combustion), composé d'au maximum 2 réactifs (Aj et Bj ) :
aj Aj + bj Bj ⇒ P (15)

avec j=1,2,...M
On trouve par exemple :
Qj = K f j [XAj ]aj [XBj ]bj (16)

En prenant en compte seulement la combustion (j=1) :


f rCO
C + [1 − ]O2 ⇒ f rCO CO + (1 − f rCO )CO2 (17)
2
Le terme réactif est égal à :
N
X E1 f rCO
− ∆hk ω̇ k = −∆H1m Af 1 T β1 exp(− )[XC ][XO2 ][1− 2 ] + ... (18)
RT
k=1

On dénit donc le terme réactif associé à la réaction de combustion :

E1 f rCO
Q̇C = −∆H1m Af 1 T β1 exp(− )[XC ][XO2 ][1− 2 ] (19)
RT
Par simplication, on écrit souvent βj = 0. La combustion étant solide, on peut considérer que
notre terme réactif associé à la combustion ne dépend pas de la concentration en carbone (sauf
si elle est nulle). On suppose également que le terme réactif varie linéairement selon l'oxygène.
(
0 si x 6 0
On dénit la fonction heaviside : H(x) .
1 si x > 0
On obtient alors :
E1
Q̇C = −∆H1m Af 1 exp(− )[XO2 ]H([XC ]) (20)
RT
Ce modèle simple a donc des conséquences sur le taux d'avancement de la réaction et sur la
consommation et production des diérentes espèces concernées. Sachant que j=1 correspond
à la combustion, on trouve[24] :

E1
Q1 = Af 1 exp(− )[XO2 ]H([XC ]) (21)
RT

Q̇C = −∆H1m Q1 (22)

M
X M
X
ω̇ k = ω̇ kj = W k ν̇ kj Qj (23)
j=1 j=1

10
4.2 La réaction de décarbonatation/carbonatation
La première hypothèse importante qui a été faite, a été l'irréversibilité pour la décarbonata-
tion. En eet, il a été considéré qu'en observant la Figure 6, la carbonatation était négligeable.
A faible température, les taux réactifs sont faibles et à haute température, on est le plus sou-
vent en décarbonatation dans la conguration étudiée. Néanmoins, ne pas prendre en compte
la réaction exothermique de carbonatation a démontré un réel impact sur le front thermique
et sur le front de décarbonatation.
De nombreux articles[2, 11] ont une approche microscopique du phénomène de l'équilibre de
la réaction. Un modèle est notamment développé en Annexes. Dans ces conditions, l'équilibre
dépend de l'environnement gazeux autour de la particule solide de carbonate et donc seulement
de sa concentration en CO2 . Il s'écrit sous forme d'une Arrhénius de décarbonatation corrigé
par la diérence entre la pression partielle et d'équilibre en CO2 .
Dans une approche macroscopique, l'équilibre dépend de la quantité des réactifs et des produits
et s'écrit :
[XCaCO3 ]
Keq (T ) = (24)
[XCO2 ][XCaO ]
La réaction de décarbonatation/carbonatation s'écrit sous la forme :

CaCO3 ⇔ CaO + CO2 (25)

Le taux d'avancement est déni par :

N N
Y 0
νkj
Y
Qj = K f j [Xk ] − K rj [Xk ]ν”kj (26)
k=1 k=1

Dans le cas de la décarbonatation/carbonatation, on trouve :


E2 E3
Q2 = Af 2 exp(− )[XCaCO3 ] − Af 3 exp(− )[XCaO ][XCO2 ] (27)
RT RT
En utilisant deux lois d'Arrhénius, nous respectons donc l'équilibre dans une approche ma-
croscopique. Pour une décarbonatation simple, nous connaissons les paramètres pour la loi
d'Arrhénius qui ont été validé par des tests sans prendre en compte la carbonatation. Nous
savons que la température d'activation de la carbonatation (600-700°C) est plus faible que celle
de la décarbonatation (800-900°C). La carbonatation est donc favorisée à faible température
et la décarbonatation à haute température. Ces informations sont en cohérence par rapport à
l'analyse de la pression d'équilibre en CO2 (Figure 6). En eet, à partir de 800°C, on observe
essentiellement de la décarbonatation, quelque soit la concentration en CO2 . Nous avons pris
la décision pour simplier le nombre d'inconnues d'imposer l'énergie d'activation pour la car-
bonatation, nulle. La constante pré-exponentielle de la carbonatation Af 3 servira de valeur
seuil permettant de passer d'un régime de carbonatation à de la décarbonatation. Cette équi-
libre sera donc fonction du rapport des concentrations de chacunes des espèces chimiques et
de la température du milieu, par l'intermédiaire de la loi exponentielle de la décarbonatation.
Si on compare les 2 lois d'Arrhénius avec des concentrations égales à 1, on a alors :
Le taux de chaleur produit par la réaction s'écrit :

E2
Q̇Décarb = −∆H2m Af 2 exp(− )[XCaCO3 ] + ∆H2m Af 3 [XCaO ][XCO2 ] (28)
RT

11
0.04
carbonatation
0.035 décarbonatation

0.03

0.025

Lois Arrhénius
0.02

0.015

0.01

0.005

0
200 400 600 800 1000 1200
Température, (K)

Figure 7  Lois d'Arrhénius

Dans nos calculs Af 2 = 2056970.3 mol/s , Af 3 = 0.01 mol/s et E2 = 1.78e5 J/mol. Les 2
constantes pré-exponentielles sont de même dimension car on travaille en fraction massique
pour les gaz dans le code.
On obtient donc :

N
X E1 E2
− ∆hk ω̇ k = −∆H1m Af 1 exp(− )[XO2 ]H([XC ])−∆H2m (Af 2 exp(− )[XCaCO3 ]−Af 3 [XCaO ][XCO2 ])
RT RT
k=1
(29)
Ce qui équivalent à écrire :
N
X
− ∆hk ω̇ k = Q̇C + Q̇Décarb (30)
k=1

4.3 L'évaporation et la condensation


Dans le cas de l'évaporation ou de la condensation on a :
H2 O(l) ⇔ H2 O(g) (31)

On obtient donc dans ce cas :


ω̇H2 O,l = −ω̇H2 O,g (32)

Pour quantier ce taux de changement de phase, Pujol et al.[17] proposent le modèle suivant :
ω̇H2 O,g = ρg σ(YH2 O,g,eq − YH2 O,g ) (33)

A l'équilibre, la fraction massique d'eau dans la phase gazeuse est donnée par :

Psat X Yk,g
YH2 O,g,eq = MH 2 O RH (34)
P Mk
k∈Gaz

RH, l'isotherme de sorption, la capacité du milieu à retenir l'eau, est déni par la loi :

Y
H2 O,l 1
( A(1−Y H O,l )
)B
2
RH = Y 1
(35)
H2 O,l
1 + ( A(1−Y H O,l )
)B
2

12
Ce modèle est composé de diérents paramètres qu'il est dicile de dénir. Par simplicité, il
a été considéré que RH = 1 et qu'une étude sur σ est susante an de le déterminer.

On dénit le dégagement de chaleur :

Q̇H = −∆Hvap ω̇H2 O,g (36)

et on a :
N
X
− ∆hk ω̇ k = Q̇C + Q̇Décarb + Q̇H (37)
k=1

5 Présentation du modèle mathématique


Le modèle mathématique est basé sur une approche macroscopique contrairement à ce qui
a été fait dans les publications [5, 4, 6, 23]. La dynamique des uides est résolue à l'échelle de
Darcy, ce qui impose l'utilisation de paramètres eectifs. Il pourrait être possible de diérencier
les 2 phases. Dans ce cas là, il faut déterminer un terme d'échange entre la phase gazeuse et
la phase solide. Ce terme étant dicile à déterminer dans la zone de réaction, on considère
dans cette étude l'hypothèse d'équilibre thermique local, c'est à dire l'égalité en tout point du
domaine des températures des phases solide et uide.
Dans des conditions de nombre de Peclet faible, il est possible de faire cette hypothèse car
localement, la diusion de la chaleur par le solide permet de considérer une température
parfaitement homogène dans une cellule de calcul. Ce nombre est déni de la façon suivante
[6] :
ρs Cp,s UF L
P eF s = (38)
λs

avec UF = 4 mm/min[21], la vitesse de front et L= 5 ≈1 mm la longueur caractéristique
[6], sachant que φ≈1 mm est le diamètre d'une particule solide. Ce nombre adimensionnel
compare la vitesse du front à la diusion thermique dans le solide. Le nombre de Péclet évalué
à partir du code OpenFoam est le plus souvent :

P eF s < 0.6 (39)

13
Figure 8  Champ de température au cours d'une smoldering combustion dans un plan 2D
pour plusieurs régimes [6]

Dans [5], le nombre de Péclet associé au gaz est aussi un paramètre indicatif. Si on associe L
au diamètre d'une particule, on trouve :

Vg L
P eO = ≈ 1.15 < 2 (40)
DO

Dans ces conditions (Figure 8) et en accord avec [6], on peut donc considérer que l'approche
moyennée pour la température est convenable. On écrit donc :

< Ts >=< Tg >= T (41)

5.1 Conservation de la masse


La conservation de la masse donne l'équation :


=0 (42)
Dt

5.1.1 Conservation de la masse solide et des consituants solides


Sachant que les espèces solides sont xes (Vk,i = 0 et ui = 0), la conservation de la masse
d'une espèce k, s'écrit :

((1 − )ρs Yk,s ) = ω̇k (43)
∂t

En sommant, sur les espèces de la phase solide, on trouve alors :

∂(1 − )ρs X
= ω̇k (44)
∂t
k∈Solide

14
5.1.2 Conservation de la phase gazeuse et des constituants gazeux
Les gaz ne sont pas des espèces gés dans notre système, on y associe alors, une vitesse
d'advection interstitielle pour l'ensemble des gaz et une vitesse de diusion qui est propre à
chaque espèce gazeuse. La conservation associée à une espèce s'écrit alors
∂ ∂
(ρg Yk,g ) + (ρg (ui + Vk,i )Yk,g ) = ω̇k (45)
∂t ∂xi
Les vitesses interstitielles et de diusion des espèces sont diciles à calculer et demandent
l'utilisation de modèles.
Pour la vitesse interstitielle on utilise la loi de Darcy Vg :

→

u = (0, Vg , 0) (46)

La loi de Darcy est une vitesse moyennée.


Pour les vitesses de diusion d'espèce, il existe un modèle très connu, la loi de Fick (voir par
exemple [16]) faisant intervenir un coecient de diusion eectif :

Dk∗ ∂
Vk,i = − Yk,g (47)
Yk,g ∂xi

On écrit alors :
∂ ∂ ∂ ∂Yk,g
(ρg Yk,g ) + (ρg ui Yk,g ) = (ρg Dk∗ ) + ω̇k (48)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi
Si l'écoulement est à Pe plus élevé, alors on devra prendre en compte un coecient de disper-
sion, directement dépendant de l'écoulement. Dans notre cas, à P e ≈ 1, on peut supposer que
Dk
Dk∗ = τ , avec τ la tortuosité.

En sommant, sur les espèces de chacune des phases, on trouve alors :

∂ρg ∂ X X ∂ ∂Yk
+ (ρg ui ) = ω̇k + (ρg Dk∗ ) (49)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi
k∈Gaz k∈Gaz

∂Yk,g
−Dk∗
P P
On a la relation : Yk,g Vk,i = ∂xi = 0.
k∈Gaz k∈Gaz

On trouve donc la conservation par phase :

∂ρg ∂ X
+ (ρg ui ) = ω̇k (50)
∂t ∂xi
k∈Gaz

Dans notre situation, en utilisant (46), →



u = (0, Vg , 0).

On trouve alors :
∂ρg ∂ X
+ (ρg Vg ) = ω̇k (51)
∂t ∂y
k∈Gaz

On rappelle pour la phase solide :

∂(1 − )ρs X
= ω̇k (52)
∂t
k∈Solide

15
P
En sommant les 2 dernières équations, sachant que ω̇k = 0, on retrouve la conservation de
k
la masse totale :

∂(ρg + (1 − )ρs ) ∂
+ (ρg ui ) = 0 (53)
∂t ∂xi

5.2 Conservation de la quantité de mouvement


Le milieu poreux est considéré comme étant isotrope et homogène, ainsi la perméabilité
absolue est constante, scalaire et uniforme. La porosité et la perméabilité du lit sont respecti-
vement imposées comme 50% et 10−9 m²[21]. Si l'on suppose que la chute de pression à travers
le lit poreux est faible, la perméabilité a une très faible incidence sur la solution. Enn, la
vitesse de Darcy de la phase gazeuse est dénie comme :

K ∂P
ui = − ( − ρg gi ) (54)
µg (Tg ) ∂xi
Pour un écoulement 1D, on dénit donc la vitesse de Darcy Vg :

K ∂P
Vg = − ( − ρg gy ) (55)
µg (Tg ) ∂y

Un modèle pour la viscosité est proposé en fonction de la température. Ce modèle est basé sur
une loi pour le diazote qui est le gaz majoritaire [23] :

ATgB
µ g ≈ µN 2 = (56)
1 + C/Tg + D/Tg2

avec A=6.56e-7, B=0.61, C=54.7 et D=0.


Il a été déni, précédement l'équation suivante :

∂ρg ∂ X
+ (ρg ui ) = ω̇k (57)
∂t ∂xi
k∈Gaz

Si on utilise la loi de Darcy on obtient :

∂ρg ∂ K ∂P X
+ (−ρg ( − ρg gi )) = ω̇k (58)
∂t ∂xi µg ∂xi
k∈Gaz

On dénit la compressibilité par :


∂ρg
Ψ= |T (59)
∂P
Si l'on suppose la loi des Gaz Parfaits valable Pg = ρg RTg , on trouve une équation :

ρ
Ψ= (60)
P
Et on obtient une équation basée sur la pression :

∂ΨP ∂ K ∂P X
+ (−ρg ( − ρg gi )) = ω̇k (61)
∂t ∂xi µg ∂xi
k∈Gaz

16
5.3 Conservation de l'énergie
On dénit la dérivée totale sous la forme suivante :

DT ∂ρCp T ∂ρCp ui T
ρCp = + (62)
Dt ∂t ∂xi
En combustion monophasique, la conservation de l'enthalpie nous donne, selon Poinsot et
Veynante [16], en notation d'Einstein :
N N
DT DP ∂ ∂T X ∂T ∂ui X
ρCp = ω̇T0 + + (λ ) − (ρ Cp,k Yk Vk,i ) + τij + Q̇ + ρ Yk fk,i Vk,i (63)
Dt Dt ∂xi ∂xi ∂xi ∂xj
k=1 k=1

avec N le nombre d'espèces.

Précédemment, 2 phases ont été dénies. Il est possible de dénir des modèles non équilibre

local, avec N champs de température. Dans notre cas, l'hypothèse de l'équilibre local est valide,

tel que mentionné en section Introduction du chapitre 5. Nous obtenons donc une équation

bilan telle que suit :

∂(ρCp )ef f T ∂(ρCp ui )g T


= ω̇T0 + ∂ ∂T ∂T
P
∂t + ∂xi ∂xi (λef f ∂xi ) − (ρg Cp,k Yk,g Vk,i ) ∂xi
+
k∈Gaz
DP ∂ui P
... + Dt + τ ∂xj
+ Q̇ + ρg Yk,g fk,i Vk,i
k∈Gaz
(64)
avec (ρCp )ef f = (ρCp )g + (1 − )(ρCp )s et λef f = λg + (1 − )λs .

Le terme réactif ω̇T0 fait intervenir les enthalpies de formation et sensibles de chacune des
espèces :
N
X N
X N
X
ω̇T0 = − hk ω̇ k = − hs,k ω̇ k − ∆h0f,k ω̇ k (65)
k=1 k=1 k=1

Q̇ : le dégagement de chaleur, à ne pas confondre avec la chaleur produite par la combustion,


est considéré nul, excepté dans le modèle 1D où il pourra être utilisé pour modéliser les pertes
par convection externe.

L'énergie produite par les forces volumiques fk (gravité, forces électromagnétiques) sur les
espèces k est considérée négligeable.

Dans le modèle, il est imposé une condition d'entrée d'un ux massique, ce qui peut entraîner
une montée en charge au cours du temps dans le milieu, mais cette variation de pression reste
faible et négligeable devant les phénomènes réactifs et les transferts diusifs (il n'y a pas de
fracturation de notre milieu poreux).

∂ui
τij ∂x j
correspond à l'énergie dégagée par le frottement du uide. De part le modèle de transport

utilisé et devant le terme de réaction, ce terme est négligeable.

17
Nous pouvons faire l'hypothèse que, dans la phase gazeuse, les C p,k sont assez proches, soit
Cp,k ≈ Cp . En eet, les capacités caloriques sont du même ordre pour les gaz et, de plus, le
diazote est dominant. Par conservation de la masse totale et des espèces, on a :

X
Yk,g Vk,i = 0 (66)
k∈Gaz

On peut donc supposer :

X ∂T X ∂T
−(ρ Cp,k Yk,g Vk,i ) ≈ −(ρCp Yk,g Vk,i ) =0 (67)
∂xi ∂xi
k∈Gaz k∈Gaz

Le terme de transport associé à la variation de la température dans l'espace est donc négligé
dans notre modèle physique.

On obtient alors après simplications :


N
∂(ρCp )ef f T ∂(ρCp ui )g T X ∂ ∂T
+ =− ∆hk ω̇ k + (λef f ) + Q̇ (68)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi
k=1

Soit :
∂(ρCp )ef f T ∂(ρCp )g Vg T ∂ ∂T
+ = Q̇C + Q̇Décarb + (λef f ) + Q̇ (69)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi
Q̇C et Q̇Décarb ont été dénis au Chapitre 4. Les paramètres thermodynamiques tels que la
capacité calorique et la conductivité thermique n'ont pas été considérés constants. En eet,
ces paramètres sont fortement corrélés aux fractions massiques et à la température. Des lois
peuvent donc être proposées. Si on prend l'évaporation en compte également, le bilan thermique
devient alors :

∂(ρCp )ef f T ∂(ρCp )g Vg T ∂ ∂T


+ = Q̇C + Q̇Décarb + (λef f ) + Q̇ − ∆Hvap ω̇H2 O,g (70)
∂t ∂xi ∂xi ∂xi

5.4 Détermination des conditions aux limites en situation 1D et 2D axisy-


métrique
La géométrie étant un cylindre (Figure 4), l'axe de symétrie nous permet de prendre en
compte seulement la direction verticale et radiale, pour simuler l'ensemble du système. Dans
la direction radiale (voir Figure 9), le système est constitué successivement du milieu poreux,
de la couronne métallique, de l'isolant puis de l'air ambiant. La couronne métallique de part
sa grande conductivité est susceptible de conduire de la chaleur dans la direction verticale,
l'équation de la chaleur y est alors résolue dans le modèle 2D.

En 1D, l'axe de symétrie est calculé sachant une entrée et une sortie du milieu poreux. Les
eets de bords ne sont pas pris en compte.

En 2D, tout le milieu poreux est simulé. La couronne métallique est également résolue car il est
considéré que la conductivité longitudinale dans la couronne métallique (en noir, Figure 9) est
non négligeable. L'isolant et l'air extérieur sont considérés seulement comme des résistances

18
thermiques radiales, un coecient thermique d'échange équivalent est donc calculé à la surface
de la couronne métallique.

Figure 9  Conditions limites plan (x,y)

5.4.1 Dénition des ux thermiques


Plusieurs conditions limites ont été dénies :
 Paroi : Une paroi échange avec l'isolant + extérieur (conduction et convection => heq )
 Paroi Outlet : Échange convectif avec l'extérieur (convection naturelle)
∂T
 Outlet : Sortie du milieu poreux (−λef f
∂y |y=ymax = 0)
 Paroi Inlet : Rayonnement reçu pendant la phase de chauage puis échange convectif
avec l'extérieur
 Inlet : Entrée du milieu poreux, ux radiatif (phase de chauage) puis condition de
Dirichlet (T=298K ou 320K).
 Axe symétrie : ensemble de point représentant l'axe de symétrie
 Faces symétriques : Face grisée de la Figure 9 (avant et arrière)

L'isolant et l'air extérieur sont considérés seulement comme des résistances thermiques radiales,
un coecient thermique d'échange équivalent est donc calculé à la surface de la couronne
métallique (Paroi).
L'expérimentation de Sennoune[21] est quelque peu diérente de celle de Martins[14], nous
n'avons pas la même quantité d'isolant. En cylindrique, ajouter de l'isolant, augmente éga-
lement la surface d'échange et donc le ux n'est pas forcément réduit. Sennoune propose 2
cm d'acier (standard steel) et 5 cm d'isolant d'une conductivité λI = 0.135 W/m/K (plus ou
moins 10 % entre 20 et 750 °C).
Si on considère que les variations de températures sont faibles dans la couronne, on peut
supposer une densité, une conductivité et une capacité calorique constantes pour celle-ci.

3
ρSteel = 7850 kg/m

On propose par exemple les valeurs : Cp,Steel = 420 J/kg/K

λSteel = 43 W/mK

19
Le rayon du milieu poreux est de 45.5 mm, la couronne métallique est comprise entre 45.5 et
47.5 mm et l'isolant entre 47.5 mm et 52.5 mm.
La surface externe de notre modèle numérique est donc : 2π ∗ 0.0475 ∗ L.
La longueur verticale étant constante quelque soit la zone d'étude, par simplication, on ob-
tient :
1 1 ln(52.5/47.5)
= + (71)
heq ∗ 0.0475 hext ∗ 0.0525 λI
L'extérieur étant en convection naturelle, le coecient d'échange peut valoir, par exemple,
hext = 10 W/m²/K. On obtient dans ce cas heq = 7.956 W/m²/K. Si hext = 5 W/m²/K, on
trouve heq = 4.626 W/m²/K.
Le ux à la Paroi est alors déni comme :

∂T
x = xmax , ksteel |x=xmax = −heq (T − Tambiant ) (72)
∂x
On rappelle que la température en entrée Inlet est xée à partir des conditions limites
suivantes :
 à t < tignition , y = 0, −λef f ∂T
∂y |y=0 ≈ 50 kW/m²
 à t > tignition , y = 0, T = Tambiant = 298 K

Par observation de la Figure 5, on xe les conditions de Paroi Inlet :


 à t < tignition , y = 0, −λef f ∂T
∂y |y=0 ≈ 47.5 kW/m²
∂T
 à t > tignition , y = 0, −λef f ∂y |y=0 = −h(T − Tambiant ) avec h < 10 W/m²/K

De même, Paroi Outlet est déni par : y = ymax , λef f ∂T


∂y |y=ymax = −h(T − Tambiant ) avec
h < 10 W/m²/K.

5.4.2 Traitement interface Couronne-Milieux poreux


Le milieu poreux est modélisé par un lit xe composé de billes sphériques. De part la
sphéricité des éléments solides, les billes ne sont en contact à la surface métallique qu'à travers
un point. Mathématiquement, cela revient à dire que le ux passant des billes solides à la
couronne métallique est nul. Le seul ux entre le milieu poreux et la couronne correspond
au ux entre la phase gazeuse et la couronne (voir Figure 10). Physiquement, la porosité
dans cette zone augmente de manière importante et la conductivité est portée par la phase
dominante, le gaz. Il a donc été considéré que la conductivité sur la face de contact est égale
à la conductivité du gaz soit :
λinterf ace = λg (73)

20
Figure 10  Interface Milieu poreux / Couronne métallique

5.5 Mise en place sous openFoam


La structure du code est restée la même qu'initialement. Les équations bilans sont traitées
de manière séquentielle. Les termes réactifs sont implicités dans la mesure du possible.
Le calcul s'eectue en suivant l'ordre indiqué par la Figure 11 :

Figure 11  Traitement séquentiel du code openFoam


On calcule dans un premier temps la quantité d'oxygène explicitement, excepté le terme réactif
qui est implicité. Connaissant la quantité d'oxygène, on peut en déduire le taux réactif de
combustion. On calcule alors l'ensemble des quantités solides en fonction des taux réactifs.
La réaction de décarbonatation est implicitée pour le calcul de l'espèce CaCO3. Ensuite, on
calcule l'ensemble des quantités gazeuses (excepté l'oxygène) en fonction des taux réactifs. Le
CO2 combine les 2 réactions. Connaissant les taux de réactions, on peut calculer le dégagement
de chaleur eectif, pour en déduire la température. Toutes les propriétés thermodynamiques et
thermochimiques (µ,Cpk ,λef f , taux réactifs,...) dépendant de la température peuvent donc être
mises à jour. La pression est ensuite calculée. Puis on calcule de nouveau l'oxygène connaissant

21
le taux de combustion et l'entrée d'air extérieur, etc.

6 Résultats
Dans le modèle expérimental, les sondes sont placées essentiellement dans l'axe de
symétrie et certaines sur la couronne pour vérier la symétrie. Les données expérimentales,
auxquelles nous nous comparons, correspondent à un temps t=3400s. L'ensemble des résultats
sont basés sur une analyse le long de l'axe médian. Pierre Horgue a initialement implémenté un
code à partir du modèle de Sennoune [21]. Ce code a été comparé, dans un premier temps, à des
résultats analytiques. Dans un second temps, une analyse paramétrique a été eectuée. Puis
des comparaisons et validations entre le modèle numérique et expérimental sont présentées
(1D et 2D).

6.1 Validation par confrontation avec une solution analytique


Dans le cas 1D, des développements analytiques sont proposés par Debenest et al. [5].
Si l'on se place dans un cas de combustion, sans décarbonatation, la température adiabatique,
à l'état stationnaire, est dénie comme :

m
s ∆[XC ]∆HR 1
Tad = (74)
ρCp

avec : ∆[Xk ] = [Xk ]in − [Xk ]out .


L'enthalpie étant associée à une valeur correspondant à une température de référence, on écrit
souvent :
m
s ∆[XC ]∆HR 1
Tad = + TRef (75)
ρCp
Au cours de la réaction, ρCp évolue de part la variation de la composition des phases solide et
gaz (consommation du carbone par combustion). On peut dénir 2 ρCp , un avant combustion
(avec carbone solide) et un après combustion (sans carbone solide). Avec carbone, on obtient
TadM ax =1198.5 K et sans carbone TadM in = 1167.4 K. En eectuant la moyenne on trouve :

TadAvg = 1183.0K (76)

Dans ce même article, on trouve également la dénition d'un nouveau paramètre :

ρg C p,g ∆[XC ]
∆≈ (77)
ρs C p,s ∆[XO ]

Ce paramètre sans dimension permet de dénir 2 régimes (Figure 12). Pour ∆ > 1, la plupart
de la chaleur produite dans la zone de réaction est convectée vers la zone aval à la amme
(reaction trailing ). Pour ∆ < 1, la plupart de la chaleur produite dans la zone de réaction
est laissée derrière la zone de réaction (reaction leading ).

22
Figure 12  Régimes de réaction [21]
Dans tous les cas, il est déni une zone de plateau, pour laquelle la température vaut :

Tad
Tp = (78)
|∆ − 1|

On écrit donc :
(TadAvg − TRef )
Tp = TRef + = 1530.2K (79)
|∆ − 1|
Dans le cas de référence expérimental, la température de plateau dépend également de la
décarbonatation. Pour prendre en compte l'ensemble des phénomènes, un calcul numérique
avec OpenFoam nous a permis de nous rapprocher des résultats expérimentaux. Un calcul
analytique prenant en compte la décarbonatation est présenté dans [21].

Avec OpenFoam, si l'on prend en compte seulement la réaction de combustion avec dissociation
en CO et CO2, on trouve à t=3400s, le graphe suivant :

23
1600
ExpFadaei
1D Sans CaCO3
Tp Analytique
1400

Temperature (K) 1200

1000

800

600

400

200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 13  Calcul 1D sans CaCO3


Par observation de la Figure 13, on peut remarquer que le calcul analytique et le calcul
numérique sans prise en compte de la décarbonatation donne des résultats de température
sensiblement proche au niveau du plateau. Ce résultat permet de valider l'implémentation
des équations de conservation du modèle. La non-prise en compte de la décarbonatation est
visible également dans cette gure 13, en comparant ce calcul 1D avec l'expérience de Fadaei
et Sennoune[7, 21]. La décarbonatation réagissant à plus faible température devrait diminuer
la température en amont du front thermique.

6.2 Impact de l'évolution de paramètres thermodynamiques dans un cas


1D
Les calculs 1D présentés dans cette section prennent en compte la décarbonatation. La
carbonatation, l'enthalpie sensible et les eets 2D sont négligés.

6.2.1 Présentation des modèles thermiques


Une première version du code a été implémentée par Pierre Horgue et contenait le modèle
thermique M0 suivant :
∂T ∂(ρCp )g Vg T ∂ ∂T
(ρCp )ef f + = Q̇R + (λef f ) + Q̇ (80)
∂t ∂y ∂xi ∂xi
et supposait que les conductivités thermiques et capacités caloriques étaient constantes pour
chaque espèce.
Il proposait les valeurs suivantes (non présence d'eau) :

24
espèces k O2 CO2 CO N2 C CaCO3 CaO sable
λk (W/m/K) 0.024 0.0146 0.0146 0.024 1 1 1 1
Cpk (J/kg/K) 918 839 839 1040 918 918 918 990

Table 1  Valeurs thermodynamiques par défaut


En combustion, il est important de respecter la thermodynamique. Les paramètres comme
λk et Cpk varient en fonction de la température. Dans cette partie, il est étudié l'inuence de
la variation de ces diérents paramètres pour justier ou améliorer le modèle précédent. Par
rapport, au développement analytique de la partie précédente, il manque également la prise
∂(ρCp )ef f
en compte du terme
∂t T qui a une importance certaine dans la combustion en milieu
poreux, comme nous le verrons par la suite. Notre étude s'est concentrée sur les paramètres
liés à la phase solide, considérant qu'en terme massique, elle représente la plupart de l'énergie.
Plusieurs congurations ont donc été établies (voir Tableau 2) an de comprendre l'importance
et l'inuence de chacun des paramètres que nous pourrions ou non négliger.

∂(ρCp )ef f
...+
∂t T +... λs (T ) Cpk,s (T )
M0
M1 x
M2 x x
M3 x x x

Table 2  Modèles numériques utilisés


Pour la conductivité, il a été plus aisé de trouver des lois utilisées pour un mélange solide dans
la littérature des sols. Par exemple, selon Vosteen [22], il existe une loi valable dans le domaine
de température 273-1073 K du type :

A
λs (T ) = +B (81)
(350 − 273.15 + T )

avec T en Kelvin. Par exemple, on a les lois suivantes en Tableau 3.

A B
metamorphic rocks 705 0.75
acid rocks 807 0.64
limestone 1073 0.13

Table 3  Paramètres de la loi de conductivité


A partir de Rock Physics & Phase Relations : A Handbook of Physical Constants [1], des
données ont été relevées an de les comparer à des lois. Le milieu poreux est composé essentiel-
lement de sable et de carbonates. Des conductivités de roches sédimentaires et de carbonates
ont donc été comparées aux lois précédentes. On peut remarquer, en Figure 14, que la conduc-
tivité du sable peut adopter un comportement diérent de ce que prédisent ces lois. Il est
dit dans la littérature que la conductivité peut également ré-augmenter à haute température.
Pour les carbonates, nous pouvons vérier que la conductivité diminue avec la température.

25
3.5
metamorphic rocks
acid rocks
3 limestone
carbonates
clasticSediments
2.5

Conductivity, (W/m/K)
2

1.5

0.5
0 500 1000 1500 2000
Temperature,(K)

Figure 14  Lois de conductivité


De part, le mélange solide qui constitue le milieu d'étude, il a été supposé que, dans un
premier temps, la loi acid rocks serait la plus appropriée, an d'étudier les eets d'une loi
de conductivité qui varie en température.
Dans toute étude de combustion gazeuse, des lois thermiques sont proposées pour les capacités
caloriques thermiques. Les informations sont très nombreuses pour les gaz, mais la littérature
est bien moins riche pour des matériaux tel que le sable ou les carbonates. A partir d'une
recherche dans le Handbook of Chemistry and Physics [1], des données établies par Chase
[3] pour les capacités caloriques du carbonates de calcium et de l'oxyde de calcium ont été
extraites de 300 K à 600 K. Pour les données manquantes, une extrapolation linéaire est
utilisée. Pour le sable, Vosteen et Schellschimdt [22] nous propose des lois pour les roches, par
exemple la roche sédimentaire qui se rapproche au mieux du sable (voir Figure 15).

Figure 15  Valeurs moyennes de Cp,sand (T ) [22]


A travers la Figure 15, on peut remarquer que les valeurs des capacités caloriques peuvent
varier de manière notable à une même température pour un même type de roche donnée. De
plus, il est dicile de savoir exactement de quoi est fait notre sable. Dans la littérature, très peu
d'informations ont été trouvées au-delà de 600 K, la seule solution a donc été l'extrapolation
des données jusqu'à 2800 K. La pente de l'extrapolation linéaire est donc un paramètre à
prendre en compte. Au vu des fortes variations de capacité calorique du sable, l'extrapolation
et l'interpolation des données semblent être une meilleure proposition que de proposer une
capacité constante.

26
Pour le carbone des lois polynomiales calculées par R.J. Kee et al. [10] ont été utilisées. Les
deux lois sont valables sur 2 plages respectives, de 300 à 1000 K, puis de 1000 K à 5000 K. Dans
cette étude, la plage est comprise entre 300 et 2800 K. La plage a été prise volontairement
assez grande, car en fonction du modèle thermique, la température peut monter assez haut
durant le préchauage. Nous avons donc regroupé l'ensemble des données pour en interpoler
et extrapoler des valeurs puis ensuite dénir des polynômes pour chaque espèce.
Après calcul, nous obtenons des polynômes pour chacune des espèces solides :

n
X
Cpk,s = ai T i (82)
i=0

Et on obtient par exemple les graphe suivants :

1400 2200
CaCO3 CaCO3
CaO 2000 CaO
1300
C C
sand sand
1800
1200

1600
Cp(J/kg/K)

Cp(J/kg/K)
1100
1400
1000
1200

900
1000

800 800

700 600
300 350 400 450 500 550 600 0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Temperature, T(K) Temperature, T(K)

Figure 16  Variation des Cp(T) de matériaux solides


Dans la Figure 16, on a supposé pour l'extrapolation des capacités de sables, de carbonates
de calcium ou d'oxydes de calcium qu'elles étaient proches de valeurs constantes.

6.2.2 Comparaison des modèles thermiques


Dans un premier temps, nous avons comparé (Figure 17) pour une conductivité xée, les
modèles avec prise en compte de la variation temporelle de (ρCp )ef f et la prise en compte de
la variation par rapport à la température des capacités caloriques.

27
1600
ExpFadaei
M0
M1
1400 M2

1200

Temperature (K)
1000

800

600

400

200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 17  Comparatif à conductivité xée


En ajoutant la variation de (ρCp )ef f , on peut remarquer une diérence importante (de 300 K)
au niveau du pic entre M0 et M1 (Figure 17). Cette comparaison conrme donc la nécessité
de prendre en compte la variation de (ρCp )ef f par rapport au temps. En y ajoutant des lois
pour les Cp,k de la phase solide, on se rapproche des points expérimentaux et notamment
au pic (M2). La prise en compte de ces variations est donc une nécessité pour le modèle
physique.
Si l'on ajoute une loi thermique type acid rocks pour la conductivité thermique (M3, Figure
18), on remarque quelques diérences en amont et en aval au niveau de la dynamique du champ
thermique. A faible température, M3 diuse d'avantage, ce qui peut expliquer la diérence en
aval entre M2 et M3 et entre M3 et l'expérience. Le modèle M3 propose de meilleurs
résultats en amont du front.

28
1400
ExpFadaei
M2
M3

1200

1000

Temperature (K)
800

600

400

200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 18  Inuence d'une loi pour la conductivité

6.3 Evaporation de l'eau contenue dans les pores


On rappelle :
ω̇H2 O,g = ρg σ(YH2 O,g,eq − YH2 O,g ) (83)

ω̇H2 O,l = −ω̇H2 O,g (84)

Le paramètre σ, homogène à l'inverse d'un temps, xe toute la physique de l'évaporation telle
que la vitesse du front d'évaporation, la fraction d'eau évaporée, l'impact de l'évaporation dans
le bilan thermique.
Les enthalpies de réaction sont donnés par le tableau suivant :

∆HR Yk
combustion
m
∆HR1 = 3.053e5 J/mol YC = 3.475 wt.%
décarbonatation ∆HRm = 112.4 J/mol YCaCO3 = 22.41 wt.%
2
vaporisation
m
∆Hvap = 40.65 J/mol YH2 O,l = 0.355 wt.%

Table 4  Enthalpies de réactions molaires


Implicitement, la quantité d'énergie produite par une réaction dépend de la quantité des réac-
tifs en présence, de son taux de consommation et de l'enthalpie de réaction. La vaporisation
dans notre milieu est donc à prendre en compte si le taux de consommation est grand et
donc si σ est assez grand. Ce qui implique une rapide consommation, et donc un phénomène
totalement négligeable aux temps longs. Si σ est petit, l'évaporation est négligeable devant
l'ensemble des autres réactions en présence.
En masse, la capacité calorique du mélange dépend principalement de la capacité calorique
de la phase solide. L'eau a une capacité d'environ 4180 J/kg qui est bien plus élevée que
la capacité de la phase solide moyenne. Le code ne prévoit pas de variation de porosité,
l'espèce majoritaire de chaque phase est donc l' espèce d'ajustement permettant d'assurer une
constance dans la porosité. Cette variation non prise en compte, pose donc le problème d'un

29
mauvais calcul de la capacité calorique du mélange qui est bien plus important que l'impact
de l'évaporation.
En comparant, deux mélanges solides quelques peu diérents :

M3 sigma0 sigma0.001 sigma0.01 sigma0.1


ρC 41.5 kg/m3 41.005 kg/m3 41.005 kg/m3 41.005 kg/m3 41.005 kg/m3
ρEau 0 kg/m3 4.189 kg/m3 4.189 kg/m3 4.189 kg/m3 4.189 kg/m3
ρCaCO3 264.4 kg/m3 264.438 kg/m3 264.438 kg/m3 264.438 kg/m3 264.438 kg/m3
ρinert 874.1 kg/m3 870.368 kg/m3 870.368 kg/m3 870.368 kg/m3 870.368 kg/m3
σ 0 s-1 0 s-1 0.001 s-1 0.01 s-1 0.1 s-1

Table 5  Mélanges d'étude pour Evaporation


Il est observable dans la Figure 19, l'impact du mélange entre M3 et sigma0. Lorsque σ = 0,
aucune évaporation n'est observée, la diérence est donc essentiellement dû à la nature du
mélange. Il est remarquable aussi que plus σ augmente (taux d'évaporation plus grand), plus
la température augmente pour les hautes températures aux temps longs. Ce qui physiquement
est totalement absurde. Les résultats sont alors meilleurs aux temps longs pour des congu-
rations sans prise en compte de l'eau et de l'évaporation, car le calcul des fractions massiques
engendrent moins d'erreur sur le calcul de la capacité calorique globale.

1400
ExpFadaei
M3
sigma0.001
sigma0.01LambdaVariable
1200 sigma0.1LambdaVariable
sigma0LambdaVariable

1000
Temperature (K)

800

600

400

200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 19  Impact de l'eau dans notre modèle

6.4 Validation modèle 1D Vs résultats expérimentaux Sennoune/Fadaei


[7, 21]
Après les études paramétriques eectuées, sachant l'évaporation négligeable, le M3 , en
1D, est le modèle physique que nous avons choisi de comparer à l'expérience pour le valider.
En 1D, sans la prise en compte de l'eau dans les pores, sans les eets de couronne ou d'échanges
extérieurs, on obtient :

30
1400
ExpFadaei
1D

1200

1000
Temperature (K)

800

600

400

200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 20  Comparaison Calcul 1D/Expérimental


Cette étude 1D n'est pas valable, car la simulation correspond à un temps de t=3400s alors
que les résultats expérimentaux se situe à un temps t=3800s. L'eet de la couronne métal-
lique peut perturber le front et donc ralentir le front de combustion dans l'axe de symétrie
(stoechiométrie).

6.5 Mise en place modèle 2D axisymétrique


L'expérience est un problème 3D (voir Figure 4), mais l'injection d'air s'eectue de telle
sorte que l'écoulement interne soit essentiellement longitudinal et axisymétrique. On peut donc
considérer qu'un modèle 2D axisymétrique avec une entrée d'air frontale soit susant pour
modéliser ce système. Le modèle 2D utilisé est représenté en Figure 9. Cette simulation prend
en compte les eets ajoutés tels que la couronne et sa conductivité, l'interface entre le milieu
poreux et la couronne, et un coecient d'échange avec isolant+extérieur. La carbonatation
n'a pas été prise en compte dans cette étude.

6.5.1 Lois de capacités thermiques et conductivité


La conductivité thermique choisie correspond à une loi constante. A cette loi, on doit
ajouter une évolution à haute température. Le rayonnement doit être pris en compte. La thèse
[20] propose une loi en T 3 . Nous avons donc un autre paramètre libre an d'imposer un impact
plus ou moins important du rayonnement dans notre modèle thermique :

λ = λ0 + cste ∗ T 3 (85)

Après l'étude 1D, de nouvelles données ont été trouvées dans la bibliographie pour les capacités
thermique. Seule la capacité thermique du CaCO3 a dû être extrapolé. Au delà de 900 K, le
CaCO3 est inexistant à cause de la décarbonatation, donc l'extrapolation est négligeable.

31
2200

2000

1800
CaCO3
CaO
1600 C
SiO2
Cp(J/kg/K)

1400

1200

1000

800

600
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Temperature, T(K)

Figure 21  Capacités thermiques des espèces solides en fonction de T


Dans le cas où l'on souhaite prendre en compte l'enthalpie sensible, la variation des capa-
cités thermiques des espèces gazeuses est importante à prendre en compte. On peut trouver
un certain nombre des données associées aux espèces gazeuses dans les données Chemkin de
Sandia [10]. Il a été remarqué que l'advection doit intégrer également la variation thermique
des capacités thermiques des espèces gazeuses. On trouve alors :

1500

1400

1300
Cp(J/kg/K)

1200

1100
N2
O2
CO2
1000
CO

900

800
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Temperature, T(K)

Figure 22  Capacités thermiques des espèces gazeuses en fonction de T

32
Les polynômes sont d'ordre 5 sous la forme :

5
X
Cpk,φ = ai T i (86)
i=0

Le code prend également en compte la variation de la capacité thermique de la vapeur d'eau.


L'eau liquide s'évapore susamment vite pour que la variation de sa capacité thermique ne
soit pas prise en compte. Pour rappel, l'humidité a été négligée.
Dans les résultats présentés en partie suivante, la conductivité est :

λ = 0.15 + 8.10−10 ∗ T 3 (87)

La conductivité sans rayonnement est volontairement basse en vue des résistances de contact
entre chaque particule. Evaluer correctement les résistances de contact an de prédire une
bonne loi de conductivité devra être un des enjeux des études qui suivront. La valeur de 1
W/m/K qui représentait un bon candidat en 1D est une valeur située dans notre loi à 1150 K.

3.5

Loi de conductivité
3

2.5
Conductivité, (W/m/K)

1.5

0.5

0
200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Température, (K)

Figure 23  Loi de conductivité


6.5.2 Validation du code en modèle 2D/Axisymétrique
On peut remarquer dans la Figure 24 que le front thermique est très perturbé par l'eet de
la couronne. Le front thermique se propage plus rapidement côté couronne. Cette information
reste cohérente à cause de la forte conductivité de la couronne.

33
Figure 24  Prol 2D Température (t=3400s)
Par conservation de l'oxygène entrant, cette perturbation a également des conséquences sur
l'axe central de symétrie. En comparant à l'expérimental, sans et avec convection on obtient
la Figure suivante :

1400
ExpFadaei t=3800s
Sans Convection
1300 hconv isolant+ext = 3 / hconv ext = 4

1200

1100

1000
Temperature (K)

900

800

700

600

500

400

300
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35
Distance, (m)

Figure 25  Modèle 2D, conductivité constante (axe central)


On peut remarquer qu'en entrée une quantité de chaleur est manquante. Cette erreur peut
provenir de notre hypothèse d'équilibre thermique local. La température du pic est trop basse.

34
Une erreur doit donc être présente dans la chimie ou dans le modèle thermique. La carbona-
tation ne se justie pas dans ce cas de gure d'être prise en compte, car les fronts réactifs sont
très proches conformément à ce qui est attendu, comme on peut le voir dans la gure qui suit :

Figure 26  Fronts de combustion et décarbonatation


Une étude paramétrique devra être eectuée sur des paramètres thermodynamiques
(conductivité de la phase solide, de la couronne métallique) et sur la chimie du milieu (com-
bustion frCO, modèle avec carbonatation, etc.)
Un autre modèle de décarbonatation/carbonatation est présenté en Annexe La réaction de
décarbonatation/carbonatation. Dans [11], il est proposé des valeurs pour les paramètres
thermochimiques pour 2 types de sols qui ne correspondent pas à notre modèle expérimental.
Mais ce modèle n'a jusqu'alors donné satisfaction.

7 Conclusions et perspectives
Ce qu'on appelle la combustion in-situ regroupe en réalité de nombreux phénomènes
physiques. De part les applications réelles mises en cause, on y trouve de la combustion, de la
décarbonatation/carbonatation, de l'évaporation/condensation, de la pyrolyse, des échanges
thermiques, des conditions limites, etc. L'objet de ce stage a donc été de modéliser, tout
en révélant les hypothèses trop rigides, ce phénomène de combustion in-situ. En eet, le
modèle thermique a été complexié car les résultats le justiaient et l'évaporation pour des
faibles concentrations s'est avérée être totalement négligeable. Les hypothèses se sont parfois
imposées par manque d'informations ou de données expérimentales. Néanmoins, certains
résultats encouragent à poursuivre la recherche dans ces travaux, notamment dans le modèle
2D. Le modèle 1D est à abandonner car sans la prise en compte de la couronne, le front
dans l'axe ne peut être ralenti. Certains paramètres qui peuvent s'avérer négligeables, de
part le couplage fort entre les phénomènes, ont souvent une réelle conséquence. Etre capable
de reproduire numériquement un modèle able pourra donc permettre de simuler d'autres
situations.

Les travaux réalisés pendant ce stage ont permis d'identier certains paramètres ther-
modynamiques non négligeables et de proposer une première simulation 2D. Les pistes de

35
recherche pourraient s'orienter vers une étude plus approfondie des paramètres liés à la ther-
modynamique (conductivité) par une DNS, idéalement YALES2, an d'amorcer un futur code
de combustion en milieux poreux micro- et macroscopique. Une étude des paramètres de la
chimie de la décarbonatation (énergie d'activation et constante pré-exponentielle du modèle
décarbonatation/carbonatation) doit être eectuée dans des simulations 2D. Le paramètre
frCO est également à faire varier pour en comprendre les erreurs que nous pourrions obtenir
à cause de ce paramètre. Cette étude pourrait nous aider à comprendre la déstabilisation trop
importante que nous observons sur le front thermique. La question de la prise en compte de la
variation de la porosité reste également aujourd'hui totalement ouverte et n'a pas été abordé
dans cette étude. Il existe 2 échelles de porosité, celle liée à la quantité de particules solides
dans le volume de l'enceinte, et celle liée à la micro-porosité d'un grain. Dans un modèle ma-
croscopique, il est courant de négliger la micro-porosité. Les réactions réversibles (décarbona-
tation/carbonatation ou évaporation/condensation) à l'échelle microscopique, ont un équilibre
dépendant de l'environnement gazeux de la particule, mais le volume de gaz total n'est pas le
même si l'on prend en compte les micro-porosités ou non. Autrement dit, à l'échelle macro-
scopique, ne pas prendre en compte les microporosités et la variation de leur volume au cours
du temps contraint à proposer un modèle nouveau pour la décarbonatation/carbonatation.
Dans le code, nous avons supposé une porosité constante. Par décarbonatation, une impor-
tante masse de solide est perdue. Si l'on suppose que le volume équivalent correspond à des
micropores, cette hypothèse est cohérente. Mais elle est à vérier par une DNS de nouveau.
La question de la validité de l'hypothèse d'équilibre thermique local reste encore à vérier par
un modèle à 2 températures. Pour résumer les études suivantes devront mener à permettre de
xer les paramètres suivantes :
 une conductivité thermique pour la phase solide (résistance de contact, rayonnement
particules-particules et particules-paroi)
 variation ou non de la porosité et comment la calculer (microporosité ?)
 variation ou non du frCO (avec une valeur moyenne autour de 0.31 ou assez proche)
 un modèle d'équilibre pour la décarbonatation/carbonatation pour une échelle macro-
scopique
 l'équilibre thermique local dans notre cas d'étude.

36
8 Remerciements
Je tiens à remercier, tout d'abord M. Gerald Debenest, et M. Pierre Horgue, mes deux
encadrants.

Je remercie Gerald pour le temps qu'il a bien voulu me consacrer. J'ai beaucoup apprécié
ses qualités humaines, sa clairvoyance et son expertise sur le sujet, sans quoi, tout ceci ne
serait possible.

Je remercie Pierre pour toute la disponibilité qu'il a mis en ÷uvre pour m'expliquer l'an-
cienne version dont il est l'auteur, et pour m'avoir transmis autant de connaissances associées
à l'utilisation d'OpenFoam.

Mes remerciements vont aussi à M. Romain Guibert, qui au sein de cette même équipe
m'a apporté des conseils précieux dans les domaines du numérique et de l'informatique.

Je remercie également M. Benoit Bédat pour tous ses conseils sur l'énergétique dans un
sens large, et plus particulièrement sur les échanges thermiques.

Je tiens à associer à tous ses remerciements mes camarades de l'IFMT (Adrien, Maxime,
Baptiste, Audrey, Yoann, etc.). Je remercie également Gabriela pour son soutien au cours de
ce stage.

Je souhaite que vous puissiez trouver dans ce travail le témoignage de ma sincère gratitude
et mon profond respect.

Je tiens à remercier sincèrement les membres du jury qui me font l'honneur d'évaluer ce
mémoire.

37
ANNEXES
Utilisation du code OpenFoam et structure des chiers utilisateurs
Après la compilation du code combustionPorousFoam, l'utilisateur a accès à un certain
nombre de chiers/dossiers utilisateurs :
 0 : dossier d'initialisation des variables (t=0) => conditions initiale et limites
 constant :
 polymesh : dossier du maillage blockMeshDict
 g : gravité
 specieProperties : paramètres (constants) associés à la thermodynamique des es-
pèces
 transportProperties : Loi de conductivité, paramètres des réactions chimiques, pa-
ramètres thermiques de la couronne métallique (device), ...
 wellboreProperties
 log.decomposePar : chier d'écriture pour le partitionnement du maillage
 log.setFields : chier d'écriture de dénition des zones pénalisées et initialisation des
variables
 log.blockMesh : chier d'écriture correspondant au maillage
 log.combustionPorousFoam.* : chier d'écriture du calcul *=1,2 (1 : première phase du
processus => ignition de la combustion par rayonnement, 2 : de t=300s à 3900s)
 log.decomposePar, log.setFields : chiers d'écriture associés à la décomposition du
maillage et à l'initialisation des variables
 processor* : dossier contenant les résultats des calculs parallèles, pour la partition * (
de 0 à n-1 pour n processeurt utilisés) => nécessité de reconstruire avec reconstructPar
 run.* et clean : Calcul *=1,2 en séquentiel et initialisation/nettoyage du maillage et du
calcul.
 mpirun.* clean12 : même chose que précédemment en mpi (parallèle)
 reconstruction : chier executable an de reconstruire et ouvrir 300/T pour modier la
condition d'entrée avant de lancer la phase 2 du calcul avec mpirun.2
 system :
 controlDict.* : chier de lecture pour les temps physiques (temps initial et nal) et
calcul du pas de temps numérique (à partir des variations associées à la température
ou aux fractions massiques, au CFL, etc.)
 decomposeParDict : chier indiquant le type de partitionnement
 fvSchemes : schémas d'interpolations des diérentes variables volumiques nécessaires
pour des calculs de ux sur des faces des volumes de cellules
 fvSolution
 sampleDict
 setFieldsDict : chier d'initialisation pour les variables renseignées, les autres sont
renseignées dans le dossier 0.
L'utilisateur devra porter son attention essentiellement sur le chier
constant/transportProperties qui contient notamment la loi pour la conductivité. Cette
loi reste une donnée non gée et s'exprime de la façon la plus générale en fonction des
bibliographies sur le sujet :

aS dS
lambdaS = bS + + + eS ∗ T + f S ∗ T 3 (88)
(cS + T ) T

38
Dans ce chier, l'utilisateur peut xer les paramètres qui lui semblent les plus cohérents
pour la conductivité de la phase solide. Il devra également vérier l'initialisation dans sys-
tem/setFieldsDict et dans 0/*. Les conditions limites se dénissent également dans les chiers
0/*. Par exemple pour 0/T.org (chier initial pour la température), on a :
 front { type wedge ; } => face avant
 back { type wedge ; } => face arrière (symétrie axiale)
 paroi { type heatLoss ; h 5 ; Tambient 298 ; value uniform 298 ; } => paroi outlet (en
sortie)
 inletWall { type heatSource ; qHeat 47500 ; value uniform 298 ; } => paroi inlet (en
entrée), reçoit un rayonnement de 0 à t=300s puis échange vers l'extérieur par convec-
tion
 heatWall { type heatLoss ; h 4 ; Tambient 298 ; value uniform 298 ; } => paroi métallique
en contact avec l'isolant, convection=convection externe + conduction isolant
 inlet { type heatSource ; qHeat 50000 ; value uniform 298 ; } =>entrée chaué puis
entrée d'air à 298K
 outlet { type zeroGradient ; } => sortie du milieux poreux
 axis { type empty ; }=> axe de symétrie
En parallèle pour utiliser le code :
 ./mpirun.1
 ./reconstruction
 changer la condition limite
 ./mpirun.2

Un autre modèle de réaction de décarbonatation/carbonatation


A la lecture des sources suivantes [2, 11], on trouve le modèle suivant :

∂fcalc 2
= kc (1 − fcalc ) 3 ([XCO2 ] − [XCO2 ,eq ]) (89)
∂t
nCaCO3
Avec : fcalc = 1 − nCaCO3 ,0 et kc = k ∗ exp( −E
RT )
2
.

En proposant un modèle simplié linéaire, on obtient :


∂fcalc
= kc (1 − fcalc )([XCO2 ] − [XCO2 ,eq ]) (90)
∂t
qui est équivalent à :
∂nCaCO3
= −kc nCaCO3 ([XCO2 ] − [XCO2 ,eq ]) (91)
∂t

A partir des masses volumiques on obtient :


∂ρCaCO3
= −kc ρCaCO3 ([XCO2 ] − [XCO2 ,eq ]) (92)
∂t

La réaction irréversible s'écrit :

CaCO3 ⇔ CaO + CO2 (93)

Le carbonate et l'oxyde de calcium n'interviennent que dans cette réaction, on a alors l'égalité
suivante :

39
∂nCaO ∂nCaCO3
=− (94)
∂t ∂t
g M P
De plus, XCO2 = YCO2 MCO et [XCO2 ] = XCO2 RT .
2

On calcule donc la concentration molaire d'équilibre de la façon suivante :

Mg P
[XCO2 ,eq ] = YCO2 ,eq (95)
MCO2 RT

De manière similaire à la combustion et aux réactions réversibles, à partir de ce modèle, on


peut dénir le taux d'avancement :
E2
Q2 = Af 2 exp(− )[XCaCO3 ] (96)
RT
avec Af 2 = k ∗ ([XCO2 ] − [XCO2 ,eq ]). Et le terme réactif relatif à la décarbonatation :

m
Q̇Décarb/Carb = −∆HR 2
∗ Q2 (97)

D'après la source [11], pour ce modèle, on a les valeurs suivantes :

kc (m3 mol−1 s−1 ) 2056.9703 252.0152


E2 (J/mol) 1.124e5 0.917e5

Par sommation des réactions, le terme de réaction est égal à :

N
X
− ∆h0f,k ω̇ k = Q̇C + Q̇Décarb/Carb (98)
k=1

avec
m
Q̇C = −∆HR 1
∗ Q1 (99)

Connaissant dorénavant tous les taux d'avancement, on peut calculer le taux de consommation
relatif à chaque espèce :
M
X M
X
ω̇ k = ω̇ kj = W k ν̇ kj Qj (100)
j=1 j=1

40
Convection Externe (pour aller plus loin)
Le processus de combustion in-situ est une réaction relativement lente à l'échelle macro-
scopique. On peut donc supposer que l'isolant localement et au cours du temps peut avoir une
évolution de la température. La couronne métallique étant fortement conductrice, il est fort
probable que le ux couronne-isolant soit uniforme mais non constant. Certaines corrélations
existent dans le cas de plaque chauée. Connaissant le ux ou la température imposée à la
plaque, il existe des corrélations à partir du nombre de Grashof.
g0 β(Tp −T0 )y 3
D'après A. Giovannini & B. Bédat [8], le nombre de Grashof est déni par Gry = ν2
g 0 φp y 4
si l'on souhaite utiliser une corrélation de température imposée ou bien Gry = kν 2
si l'on
souhaite utiliser la corrélation de ux φp imposé. Les corrélations à utiliser sont présentes dans
ce même ouvrage[8].

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Références
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[13] M. F. Martins, S. Salvador, J. F. Thovert, and G. Debenest. Co-current combustion of


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