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L'Amour qui s'égare


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Dr OMEGA

L'Amour
qui s'égare
La débauche à travers les âges

LES EDITIONS F. SCHMID


34, Faubourg Saint-Martin, 34
PARIS
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SI VOUS ÊTES VICIEUSE, MADAME...

Saint Augustin nous apprend qu'il y a dans


chaque homme un serpent, une Eve et un Adam:
Le serpent représente les sens et notre nature,
Eve est l'appétit cpncupiscible.
Adam est la raison.
Du serpent nous avons fait « le cochon qui
sommeille » dans les tréfonds de notre chair.
Tout le monde sait que la compagne d'Adam,
Eve, fut formée par Dieu, disent les écritures,
d'une côte du premier homme pour devenir l'os
de ses os, la chair de sa chair. A l'instigation du
démon, caché sous la forme du serpent, elle man-
gea du fruit défendu et en, fit manger à son
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époux, et cette désobéissance entacha la race hu-


maine du péché originel.
Et voici pourquoi, cher Monsieur et chère
Madame, vous sentez quelquefois remuer ce co-
chon qui s'éveille, malgré votre vertu.
Adam, d'après la Genèse, fut formé par Dieu
à son image, du limon de la terre. Il fut créé
mâle et femelle, et ce n'est que plus tard, pen-
dant son sommeil, que le Tout-Puissant détacha
de son flanc, la femme Eve, formée d'une de ses
côtes.
« Beaucoup de rabins (1) ont regardé la for-
mation d'Adam et d'Eve, et leur aventure, com-
me une allégorie. Toutes les anciennes nations
célèbres en ont imaginé de pareilles ; et par un
concours singulier qui marque la faiblesse de no-
tre nature, toutes ont voulu expliquer l'origine
du mal moral et du mal physique par des idées
à peu près semblables. Les Chaldéens, les In-
diens, les Perses, les Egyptiens ont également
rendu compte de ce mélange du bien et du mal
qui semble être l'apanage de notre globe. Les

(1) V o l t a i r e : « R e l i g i o n ».
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Juifs sortis d'Egypte, imitèrent grossièrement


les imaginations d'un peuple poli et ils imaginè-
rent une femme formée de la côté d'un homme,
l'esprit de vie soufflé de la bouche de t)ieu au
visage d'Adam, le Tigre, l'Euphl"¿te, le Nil et
l'Oxus ayant la même source dans un jardin ;
et la défense de manger d'un fruit, défense qui
a produit la mort aussi bien que le mal physique
et moral. Pleins de l'idée, répandu chez les an-
ciens, que le serpent est un animal très subtil, ils
n'ont pas fait de difficulté de lui accorder l'in-
telligence et la parole.
Ce peuple qui n'était alors répandu que dans
un petit coin de la terre, et qui la croyant lon-
gtté, étroite et plate, n'eût pas de peine à croire
que tous les hommes tenaient d'Adam, et ne
pouvait pas savoir que les Nègres, dont la con-
formation est différente de la nôtre, habitaient
de vastes contrées.
Au reste, il est assez étrange qu'il fut permis
au peuple juif de lire l'Èxode où il y a tant de
miracles qui épouvantent la raison, et qu'il ne
fut pas permis de lire avant vingt-cinq ans le
premier chapitre dé la Genèse, où tout doit être
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nécessairement miracle, puisqu'il s'agit de la


création. C'est peut-être parce qu'il dit que « les
Dieux firent l'homme à leur image », et, que ces
expressions présentent aux Juifs, un Dieu trop
corporel. C'est peut-être parce qu'il est dit que
Dieu ôta une côte à Adam pour en former la
femme, et que les jeunes gens inconsidérés qui
se seraient tâtés les côtes, voyant qu'il ne leur
en manquait point, auraient pu soupçonner l'au-
teur de quelque infidélité. C'est peut-être parce
que Dieu, qui se promenait toujours à midi dans
le jardin de l'Eden, se moque d'Adam après sa
chute et que ce ton railleur aurait trop inspiré
à la jeunesse le goût de la plaisanterie. Enfin,
chaque ligne de ce chapitre fournit des raisons
très plausibles d'en interdire la lecture.
Et le péché originel ! quel fiction 'habile. Vol-
taire avec une logique féroce n'en laisse rien
subsister.
« C'est outrager Dieu, c'est l'accuser de la bar-
barie la plus absurde que d'oser dire qu'il for-
ma toutes les générations des hommes pour les
tourmenter des supplices éternels sous prétexte
que leur premier père mangea d'un fruit dans
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un jardin. Cette sacrilège imputation est d'au-


tant plus inexcusable chez les Chrétiens qu'il n'y
a pas un seul mot touchant cette invention du
péché originel ni dans le Pantateuque, ni dans
les Prophètes, ni dans les Evangiles, soit apo-
cryphes, soit canoniques, ni dans aucun des écri-
vains qu'on
* appelle les premiers Pères de l'E-
glise.
Il n'est pas même conté dans la Genèse que
Dieu ait condamné Adam à la mort pour avoir
avalé une pomme. Il lui dit bien : « Tu mourras
certainement le jour que tu en mangeras » ;
mais cette même Genèse fait vivre Adam neuf
cent trente ans après ce déjeuner criminel. Les
animaux, les plantes, qui n'avaient point mangé
de ce fruit moururent dans le temps prescrit
par la nature. L'homme est né pour mourir ain-
si que tout le reste.
Enfin la punition d'Adam n'entrait en aucune
manière dans la loi Juive. Adam n'était pas plus
juif que persan ou chaldéen. Les premiers cha-
pitres de la Genèse (en quelque temps qu'ils fus-
sent composés) furent regardés par tous les sa-
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vants juifs comme une allégorie et même une


fable très dangereuse.
En un mot, les Juifs ne connaissaient pas plus
le péché originel que les cérémonies chinoises ;
et quoique les théologiens trouvent tout ce qu'ils
veulent dans l'Ecriture, on peut assurer qu'un
théologien raisonnable n'y trouva jamais ce
mystère surprenant.
Avouons que Saint-Augustin accrédita le pre-
mier cette étrange idée, digne de la tête chaude
et romanesque d'un Africain débauché et re-
pentant qui passa sa vie à se contredire lui-mê-
me.
Ou Dieu a créé les âmes de toute éternité, et,
dans ce système, étant infiniment plus anciennes
que le péché d'Adam, elles n'ont aucun rapport
avec lui ou ces âmes sont formées à chaque mo-
ment qu'un homme couche avec unp femme, et,
en ce cas, Dieu est continuellement à l'affût de
tous les rendez-vous de l'univers pour créer les
esprits qu'il rendra éternellement malheureux ;
ou Dieu est lui-même l'âme de tous les hommes,
et dans ce système il se damne lui-même.
Il le faut avouer, nous ne connaissons pas le
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père de l'Eglise jusqu'à Saint-Augustin et Saint


Jérôme qui ait enseigné la doctrine du péché
originel. Saint Clément d'Alexandrie, cet hom-
me si savant dans l'antiquité, loin de parler en
un seul endroit de cette corruption qui a infecté
le germe humain et qui l'a rendu coupable en
naissant, dit en propre mots : « quel mal peut
faire un enfant qui vient de naître ! Comment
a-t-il pu prévariquer ! Comment celui qui n'a
encore rien fait a-t-il pu tomber sous la malé-
diction d'Adam !
Le grand Origène est encore plus positif que
Saint Clément d'Alexandrie. Il avoue bien que
le péché est entré dans le monde par Adam j
mais il tient que c'est la pente au péché qui est
entrée, qu'il est très facile de commettre le mal,
mais qu'il n'est pas dit pour cela qu'on le com-
mettra toujours et qu'on sera coupable dès qu'on
sera né.
Enfin, Ce péché originel, sous Originw, ne con-
sistait que dans le malheur de se rendre sem-
blable au premier homme en péchant comme
lui.
ke baptême était nécessaire ; c'était le sceau
du christianisme ; il lavait tous les péchés ;
mais personne n'avait dit encore qu'il lavait les
péchés qu'on n'avait pas commis ; personne
n'assurait encore qu'un enfant fût damné et
brûlât dans les flammes éternelles pour être mort
deux minutes après sa naissance.
Jésus-Christ n'a jamais dit : l'enfant non bap-
tisé sera damné. Il était venu au contraire pour
expier tous les péchés, pour racheter le genre
humain par son sang ; donc les petits enfants ne
pouvaient être damnés.
En un mot, dans les deux premiers siècles, le
baptême des enfants ne fut point un usage ;
donc on ne croyait point que des enfants fus-
sent victimes de la faute d'Adam. Au bout de
quatre cents ans on crût leur salut en danger.
Enfin, Pélage vint au cinquième siècle ; il
traite l'opinion du péché originel de monstrueu-
se. Selon lui, ce dogme n'était fondé que sur
une équivoque, comme toutes les autres opi-
nions.
Dieu avait dit à Adam dans le jardin : « Le
jour que vous mangerez du fruit de l'arbre de
la science, vous mourrez ». Or il n'en mourut

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