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Sans compter d’autres obstacles que nous connaissons bien : c’est dans le
même évangile qu’il est écrit en conclusion de l’histoire du pauvre et du
riche : « Du moment qu’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, même si
quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus » (Lc
16, 31). Il y faut autre chose, un long parcours, un travail intérieur, pour que
s’opère cette découverte : c’est seulement le soir, à l’auberge, que « leurs
yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ».
Voici le temps de Pâques. La grâce nous soit faite de voir sous un autre
jour ce que nous connaissons trop bien. C’est la Foi qui, à chaque
génération, redécouvre un avenir pour le monde. La Foi de quelques-uns
au bénéfice de tous.
Edouard O’NEILL sj
La grâce d’agir, Vie Chrétienne, n°484
Descendons avec lui pour voir l’alliance entre Dieu et les hommes… Là se
trouve Adam, le premier père, et, comme premier créé, enterré plus
profondément que tous les condamnés. Là se trouve Abel, le premier mort,
et comme premier pasteur juste, figure du meurtre injuste du Christ pasteur.
Là se trouve Noé, figure du Christ, le constructeur de la grande arche de
Dieu, l’Eglise… Là se trouve Abraham, le père du Christ, le sacrificateur,
qui offrit à Dieu par le glaive et sans glaive un sacrifice mortel sans mort. Là
demeure Moise, dans les ténèbres inférieures, lui qui jadis a séjourné dans
les ténèbres supérieures de l’arche de Dieu. Là se trouve Daniel, dans la
fosse de l’enfer, lui qui, jadis, a séjourné, sur la terre, dans la fosse aux
lions. Là se trouve Jérémie dans la fosse de boue, dans le trou de l’enfer,
dans la corruption de la mort. Là se trouve Jonas dans le monstre capable
de contenir le monde, c’est-à-dire dans l’enfer, en signe du Christ éternel.
Et parmi les prophètes, il en est un qui s’écrie : “Du ventre de l’enfer,
entends ma supplication, écoute mon cri” et un autre: “Des profondeurs, je
crie vers toi, Seigneur ; Seigneur, entends ma voix.” Et un autre encore
“Fais rayonner ton visage, et nous serons sauvés!”….
Mais, comme, par son avènement; le Seigneur voulait pénétrer dans les
lieux les plus inférieurs; Adam, en tant que premier père et que premier
créé de tous les hommes, et en tant que premier mortel, lui qui avait été
tenu captif plus profondément que tous les autres, et avec le plus grand
soin, il entendit le premier le bruit des pas du Seigneur, qui venait vers les
prisonniers. Et il reconnut la voix de celui qui cheminait dans la prison, et
s’adressant à tous ceux qui étaient enchaînés avec lui depuis le
commencement du monde, il parla ainsi : “J’entends les pas de quelqu’un
qui vient vers nous!” Et pendant qu’il parlait, le Seigneur entra, tenant les
armes victorieuses de la croix. Et lorsque le premier père, Adam, le vit,
plein de stupeur il se frappa la poitrine, et cria aux autres: “Mon Seigneur
soit avec vous tous! » Et le Christ répondit à Adam “Et avec ton esprit”. Et
lui ayant saisi la main, il lui dit:
“Tiens-toi debout, toi qui dormais, lève-toi d’entre les morts, et le Christ
t’illuminera. Je suis ton Dieu et, à cause de toi, je suis devenu ton fils. Lève-
toi, toi qui dormais, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici
enchaîné dans l’enfer. Surgis d’entre les morts, je suis la Vie des morts.
Lève-toi, toi l’œuvre de mes mains, toi, mon effigie qui a été faite à mon
image. Lève-toi et partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi, nous
formons tous deux une personne unique et indivisible. A cause de toi, moi
ton Dieu, je suis devenu ton fils; à cause de toi, moi, le Seigneur, j’ai pris la
forme d’esclave ; à cause-de toi, moi, qui demeure au-dessus des cieux, je
suis descendu sur la terre, et sous la terre. Pour toi, homme je me suis fait
comme un homme sans protection, libre entre les morts. Pour toi,-qui es
sorti du jardin, j’ai été livré aux juifs dans le jardin, et j’ai été crucifié dans le
jardin. Regarde sur mon visage les crachats que j’ai reçus pour toi, afin de
te replacer dans l’antique paradis. Regarde sur mes joues les traces des
soufflets que j’ai subis pour rétablir en mon image ta beauté détruite.
Regarde sur mon dos la trace de la flagellation que j’ai reçue, afin de te
décharger du fardeau de tes péchés, qui avait été imposé sur ton dos.
Regarde mes mains, qui ont été solidement clouées au bois, à cause de toi,
qui autrefois a mal étendu tes mains vers le bois… Je me, suis endormi sur
la croix, et la lance à percé mon côté à cause de toi, qui t’es endormi au
paradis et as fait sortir Eve de ton côté. Mon côté a guéri la douleur de ton
côté. Et mon sommeil te fait sortir maintenant du sommeil de l’enfer. Lève-
toi, et partons d’ici, de la mort à. la vie, de la corruption à l’immortalité, des
ténèbres à la lumière éternelle. Levez-vous, partons d’ici, et allons de la
douleur à la joie, de la prison à la Jérusalem céleste, des chaînes à la
liberté; de la captivité aux délices du paradis, de la terre au ciel. Mon Père
céleste attend la brebis perdue, un trône de chérubin est prêt; les porteurs
sont debout et attendent, la salle de noces est préparée, les tentes et les
demeures éternelles sont ornées, les trésors de tout bien sont ouverts, le
royaume des cieux qui existait avant tous les siècles vous attend.
” Le grain de blé est parfaitement heureux dans son grenier. Il ne pleut pas
dans le grenier. Il n’y a pas d’humidité. Et les petits copains du grain de blé
sont bien gentils ; il n’y a pas de bagarre entre eux. Il est heureux, très
heureux. “
En écrivant, vous imaginerez que ce grain de blé est très pieux et qu’il
remercie Dieu en disant : ” Seigneur, je te remercie pour toutes tes grâces :
il ne pleut pas, il n’y a pas d’humidité, je suis bien tranquille, c’est parfait.
Merci Seigneur. “
En faisant cette prière, le grain de blé s’adresse à un Dieu qui n’existe pas.
Il s’adresse à une idole. Un Dieu qui serait le père et le garant d’un petit
bonheur dans un grenier, ou qui serait l’auteur et le garant de la bonne
santé des hommes, de leur aisance et de leur fortune. Ce Dieu là n’existe
pas. N’allons pas nous mettre à genoux devant une idole. Le Dieu qui
existe est celui qui va transformer le grain pour qu’il devienne ce pour quoi
il existe, c’est-à-dire, un épi.
Mais continuons notre rédaction :” Un jour, on charge le tas de blé sur une
charrette, puis on sort dans la campagne. C’est encore bien mieux que
dans le grenier, c’est merveilleux : le ciel bleu, les oiseaux, les fleurs…
Mais le grain est toujours un grain. Il n’est pas transformé. Pieusement, il
loue Dieu de plus belle : ‘La vie, c’est encore beaucoup plus beau que je ne
pensais, c’est formidable. Merci, Seigneur’ “.
Il s’agit toujours d’un Dieu qui n’existe pas. Bien sûr, vous pouvez nuancer
ce jugement, car ce Dieu existe aussi et j’ai bien le droit de louer Dieu pour
ma joie et mon bonheur ici-bas. Je dois même le faire, à condition que je
m’adresse au vrai Dieu. Or, le vrai Dieu, c’est celui qui va venir maintenant.
François Varillon sj
“Le grand fait d’Israël n’est pas d’avoir enseigné le seul vrai Dieu … c’est
d’avoir montré qu’il était possible en réalité de lui parler, de lui dire TU, de
se tenir debout devant sa Face et d’avoir avec lui un commerce réel.
Partout où il y a l’homme, il y a la prière aussi … Mais ce fût Israël le
premier-qui comprit et bien plus vécut la vie comme un dialogue entre
l’homme et Dieu : Dieu parle avec l’ homme, il lui adresse sa parole et
l’homme répond; puis l’homme est libre de parler à son tour et Dieu lui
répondra. Dieu entendu de la façon la plus concrète comme Celui qui parle
et la création entendue comme sa parole; appel crié dans le néant et
réponse des mondes par leur apparition; la parole créatrice
perpétuellement féconde dans l’existence de toutes les créatures; la vie de
chaque créature ainsi qu’ un dialogue incessant fut le message d’Israël que
sa vocation était de répondre. Et Israël témoigna que le vrai Dieu est celui
auquel on peut parler puisqu’il parle.
NE TARDE PAS!
Seigneur, Dieu, mon Aimé !
Si tu te rappelles encore mes péchés
pour ne pas faire ce que je te demande, Fais en eux, mon Dieu, ta volonté,
qui est ce que je veux par-dessus tout, Et exerce ta bonté et ta miséricorde,
et tu seras connu en eux.
Mais si tu attends mes œuvres
afin, par ce moyen, d’exaucer ma prière, Donne-les-moi, toi, et fais-les-moi,
avec les souffrances que tu voudrais accepter, Et que cela se fasse.
Mais si tu n’attends pas mes œuvres, qu’attends-tu, mon très clément
Seigneur ? Pourquoi tardes-tu ?
Car, enfin, si c’est bien la grâce et la miséricorde que par ton Fils je te
demande,
Prends mon obole, puisque tu la veux,et donne-moi ce bien,
puisque toi aussi tu le veux.
Qui pourra se délivrer
de ces façons et manières basses, Si tu ne l’élèves jusqu’à toi
en pureté d’amour, ô mon Dieu ?
Comment s’élèvera-t-il jusqu’à toi,
l’homme engendré et grandi dans la bassesse, Si toi tu ne l’élèves pas,
Seigneur,
avec la main qui l’a fait ?
Tu ne m’enlèveras pas, ô mon Dieu,
ce qu’une fois tu m’as donné
en ton Fils unique,
Jésus Christ,
en qui tu m’as donné tout ce que je veux.
C’est pourquoi je me réjouirai que tu ne tardes pas, si j’attends.
Quels atermoiements te font-ils attendre,
puisque dès maintenant
tu peux aimer Dieu en ton cœur ?
Miens sont les cieux et mienne la terre.
Miennes les nations.
Les justes sont à moi et à moi les pécheurs. Les anges sont à moi
Et la Mère de Dieu,
et toutes les choses sont miennes.
Et Dieu même est à moi et pour moi,
car le Christ est à moi et tout entier pour moi. Alors que demandes-tu et
cherches-tu, mon âme ? Tout cela est à toi,
et tout est pour toi.
Ne t’estime pas moins et ne te soucie pas
des miettes qui tombent de la table de ton Père. Sors dehors et glorifie-toi
en ta gloire
Cache-toi en elle et jouis,
et tu obtiendras ce que ton cœur désire.