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© 2017 Publications Chrétiennes Inc.

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John MacArthur

Être
un père
selon Dieu
L’appel à bien diriger sa famille

230, rue Lupien


Trois-Rivières (Québec)
Canada G8T 6W4
Édition originale en anglais :
Being a Dad Who Leads
Copyright © 2014 par John MacArthur
Publié par Harvest House Publishers
Eugene, Oregon 97402

Pour la version française :


Être un père selon Dieu : l’appel à bien diriger sa famille
© 2014 Publications Chrétiennes Inc.
230, rue Lupien
Trois-Rivières (Québec) G8T 6W4
Canada

Traduction : Nathalie Surre

Traduit et publié avec permission

Tous droits réservés

Dépôt légal - 4e trimestre 2014


ISBN : 978-2-89082-244-3

Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec


Bibliothèque et Archives Canada

Imprimé au Canada

À moins d’indications contraires, toutes les citations bibliques


sont tirées de la version revue 1979 Louis Segond
de la Société Biblique de Genève.
Avec autorisation de la Société Biblique de Genève.
À mes enfants : Matt, Marcy, Mark et Melinda,
qui marchent tous avec Christ et qui élèvent leurs
propres enfants en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur. Ce faisant, ils me procurent
ce qui est de loin la plus grande joie qu’un père
puisse éprouver.
Table des matières

Introduction.........................................................7
1 L’origine de la fonction du chef de famille.................... 11
2 Élever ses enfants selon le Seigneur
Première partie................................................... 39
3 Élever ses enfants selon le Seigneur
Deuxième partie.................................................. 63
4 Amener ses enfants à croître en sagesse....................... 87
5 L’amour d’un père pour un enfant rebelle................... 117
6 L’appel à la fermeté et au courage.............................141
Notes...............................................................159
Introduction

A ucun devoir dans ma vie n’est plus important ou plus sacré


que ma responsabilité de mari et de père. C’est là que se
dévoile le plus expressément ma véritable personnalité ; c’est
aussi la meilleure façon qui me soit donnée de prendre la pleine
mesure de mon succès ou de mon échec en tant que dirigeant et
modèle. Tout ce que je fais en qualité de pasteur, d’éducateur,
d’auteur ou de dirigeant spirituel serait gravement compromis si
je ne parvenais pas à diriger ma propre famille comme il se doit.
En fait, c’est l’un des principaux critères qui permet de savoir si
un homme est apte à diriger l’Église, car « […] si quelqu’un ne
sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de
l’Église de Dieu ? » (1 Ti 3.5.) Inversement, si un homme cultive
la grâce, la piété et la pensée de Christ dans sa vie familiale, le
fruit de l’Esprit se manifestera naturellement et abondamment
dans tous les domaines de son existence : son rendement au
travail, ses relations et sa conduite dans le monde.
En outre, étant donné que le foyer est le lieu où le tempérament
d’une personne est révélé avec le plus d’authenticité, qui connaît la
véritable personnalité d’un homme mieux que ses propres enfants ?
Ils la discernent avec une perspicacité dont la plupart des pères ne
sont même pas conscients. Si la façade qu’un homme présente en
public n’est qu’un masque hypocrite qui disparaît dans l’intimité

9
10 Être un père selon Dieu

du foyer, les enfants seront les premiers à s’en rendre compte. Il est
difficile d’imaginer une chose plus néfaste pour le développement
moral et spirituel de l’enfant. Un père mécréant, hypocrite
ou indifférent n’est pas simplement un modèle constamment
négatif ; son influence ne manque pas d’engendrer le cynisme,
l’incrédulité, le découragement, le ressentiment et une nouvelle
génération d’hypocrites. Ainsi, Dieu « ne tient point le coupable
pour innocent, et il punit l’iniquité des pères sur les enfants
jusqu’à la troisième et la quatrième génération » (No 14.18 ; voir
Ex 20.5 ; 34.7).
L’aspect positif, c’est que personne ne peut exercer une
influence bénéfique plus puissante ou plus durable sur la vie d’un
enfant qu’un père spirituellement cohérent. Élever ses enfants « en
les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Ép 6.4) n’est
pas qu’un simple devoir ; c’est aussi un grand privilège, car « un
fils sage fait la joie de son père » (Pr 10.1 ; 15.20). Il n’y a pas de
plus grande joie dans la vie que de voir ses propres enfants marcher
dans la vérité (voir 3 Jn 4). Autrement dit, aucun investissement
de temps et d’énergie de la part d’un père n’est plus digne que
celui-ci : Appliquez-vous à être un chef de famille vertueux dans votre
propre foyer. Les retours sur investissements que vous récolterez en
temps voulu comprennent des richesses éternelles d’une valeur
inestimable ; quant aux récompenses terrestres, elles sont plus
douces et plus précieuses que n’importe quel trésor matériel.
J’espère que ce livre vous aidera et vous encouragera à
poursuivre cet objectif. Je l’ai voulu bref, simple et ciblé, ce qui est
en conformité avec les instructions bibliques destinées aux pères.
Bien entendu, la paternité est un thème majeur de la Bible, de la
Genèse à l’Apocalypse, et les principes énoncés sur la parentalité y
Introduction 11

sont partout disséminés. Toutefois, en glanant ces préceptes et en les


organisant, nous découvrons que les lignes directrices en matière
d’enseignement biblique relatif aux pères sont peu nombreuses et
élémentaires. Contrairement à beaucoup de manuels sur le rôle
parental qui nous sont présentés aujourd’hui, l’Écriture n’aborde
pas la parentalité comme une énigme ésotérique ou déroutante.
Les responsabilités du père sont plutôt simples. Si la paternité
nous semble difficile, c’est à cause de nos propres incohérences
et de nos faiblesses. En effet, la parentalité est tout d’abord une
tâche spirituelle : la justice personnelle, la maîtrise de soi et la
mortification de notre propre chair sont toutes des conditions
préalables nécessaires à une discipline et à une instruction adaptée
à nos enfants. En bref, la seule façon d’être un père vertueux dans
son rôle de chef de famille est d’être un père vertueux dans son
style de vie.
Que Dieu vous bénisse et vous donne les moyens d’atteindre
cet objectif.
La responsabilité [d’aimer sa femme] confiée au mari
ne doit pas être prise à la légère. C’est un appel à
conduire, à pourvoir aux divers besoins, à protéger et à
orienter. Elle exige amour, esprit de sacrifice, humilité
et diligence. En fin de compte, on ne peut l’exercer qu’en
se tournant vers Dieu et en vivant chaque jour à la
lumière de l’héritage futur. En attendant, on l’assume en
s’appuyant sur la grâce de Dieu, sachant que la meilleure
des relations humaines ne peut être pleinement appréciée
qu’à la lumière de notre communion avec le Seigneur1.
Rich Gregory
CHAPITRE 1

L’origine de la fonction
du chef de famille

C ’est par décret divin et par la volonté de Dieu que le mari


est le chef de famille ; il est celui qui la guide. La Bible
établit formellement le fait qu’il est responsable de la réussite
de son mariage, de sa famille et du bien-être de chacun dans son
foyer. Cette fonction est attestée dès le commencement, tout
au début de la création. Voici les explications de l’apôtre Paul
à ce sujet : « L’homme est le chef de la femme [...] En effet,
l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée
de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme,
mais la femme a été créée à cause de l’homme » (1 Co 11.3,8,9).
Dans ce passage, Paul met en avant le concept de l’homme en
tant que chef de famille ; il fait appel à l’ordre de la création,
l’homme ayant été créé le premier, puis la femme, pour appuyer
l’homme (Ge 2.18,21‑24).
Plus tard, dans le passage le plus explicite de tout le Nouveau
Testament sur le mariage et les relations familiales, Paul aborde,
une fois de plus, le rôle de l’homme marié à la tête de son propre

13
14 Être un père selon Dieu

foyer. En évoquant les rapports entre le mari, sa femme et leurs


enfants (Ép 5.23 – 6.4), Paul établit ainsi le dessein de Dieu :
« Le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de
l’Église » (v. 23). Il donne ensuite des instructions précises sur la
façon dont les maris se doivent de remplir leur rôle de chef de file,
à commencer par ce commandement capital : « Maris, que chacun
aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église » (v. 25).
Telle est donc la responsabilité suprême de l’époux : aimer
sa femme. En recourant au modèle de l’amour de Christ pour
l’Église, Paul explique, dans les versets subséquents, comment le
mari doit manifester son amour. Chaque homme a le devoir d’aimer
sa femme d’un amour sacrificiel, pur, attentionné, indéfectible,
comme l’amour de Christ. Je vous propose d’explorer toutes ces
caractéristiques dans le présent chapitre.

Un manque de leadership masculin


dans le foyer
Cela étant dit, nombre de personnes s’interrogent aujourd’hui :
Où sont donc les époux valeureux ? Où sont les maris et les pères
loyaux, attentionnés et aptes à diriger leur famille ? Où sont donc
les hommes disposés à être le pilier de leur mariage, le fondement
solide de leur famille, et, à la longue, de leur société ?
Un nombre trop important de chefs de famille vivent
aujourd’hui dans un monde complètement déconnecté de celui de
leur famille. À l’extérieur du foyer familial, ce sont des acteurs
motivés : ils s’emploient à résoudre les problèmes en recourant à
toutes sortes de techniques novatrices pour faire de l’argent, et ils
obtiennent des promotions et du prestige, s’assurant ainsi le respect
L'origine et la fonction du chef de famille 15

des personnes faisant partie de leur univers professionnel. À la


maison, en revanche, ils sont majoritairement passifs, indifférents,
voire irresponsables. Même quand ils sont physiquement présents
dans le foyer, leur participation active à la dynamique de la vie
familiale quotidienne fait cruellement défaut.
En examinant le problème selon la perspective historique et
sociologique, un auteur nous livre l’observation suivante :
Une série d’événements historiques, en commençant par la
révolution industrielle, puis la recherche de l’indépendance
américaine, le deuxième grand réveil et son point culminant,
le victorianisme, a eu pour résultat de déposséder les hommes
américains du véritable rôle de père et de chef de famille
dans notre pays. Le mâle américain, autrefois guide spirituel
toujours présent à la tête de la famille coloniale unie, a délaissé
son foyer pour l’usine, motivé par l’appât matérialiste suscité
par la révolution industrielle. Les membres de l’Église les plus
nombreux et les plus actifs, à savoir les hommes, qui avaient
pour habitude de débattre des questions théologiques sur la
place du marché, se retrouvèrent, avec le temps, à la taverne
pour parler de pratiques commerciales. Autrefois, les pères
travaillaient dur pour inculquer à leur progéniture la valeur
de l’effort coopératif. Avec le temps, ils en sont venus à laisser
à leurs enfants le modèle d’une concurrence individuelle
sans borne. Des hommes qui, naguère, enseignaient à leurs
enfants le respect et l’obéissance à l’égard de l’autorité
spirituelle se sont mis à agir comme si l’indépendance était
une vertu nationale. Ceux qui jadis prenaient activement part
à l’éducation de leurs enfants reléguèrent cette responsabilité
à un système d’écoles publiques...
16 Être un père selon Dieu

En l’espace de cent cinquante ans, soit du milieu du 18e siècle


à la fin du 19e siècle, les pères américains ont abandonné
leur responsabilité (confiée par Dieu) de chefs, sur les plans
moral et spirituel, non seulement au sein de leur propre
foyer, mais dans l’enseignement des matières scolaires et de
la Bible, dans toute la nation. Ainsi que le note le sociologue
Lawrence Fuchs : « Le terrain devint alors propice au
développement de foyers sans pères, tels que nous les avons
connus tout au long du 20 e siècle. Dès la fin du 19e siècle, il
a semblé acceptable, pour la première fois, tant sur le plan
social que moral, que les hommes soient déchargés de leurs
responsabilités familiales2.

Ce dont il est question ici, c’est de la disparition du mari et du


père, dont le but était d’offrir une vie meilleure à sa famille (ce qui
était un noble objectif au départ). Bientôt, le père s’est mis à évoluer
dans un monde totalement indépendant de sa propre famille, un
univers peu connu des siens, pour ne pas dire totalement inconnu.
Cela a nécessairement entraîné des changements à la fois subtils et
moins subtils, qui ont eu une incidence dévastatrice sur la famille.
Pour maintes raisons, on constate actuellement que de
nombreux hommes ne sont pas activement impliqués dans la vie
familiale. Ils ont du travail à faire ; ils sont trop fatigués quand
ils rentrent à la maison ; ils ont besoin d’astiquer la voiture, de
jouer au golf avec leurs amis, de maintenir leur forme en allant
au gymnase. Par conséquent, ils n’ont pas le temps d’interagir
ni de jouer avec leurs enfants ; ils ne vont pas davantage les voir
pratiquer un sport et ne participent pas à leurs activités scolaires.
L'origine et la fonction du chef de famille 17

À présent, nous pouvons considérer cette explication historico-


sociologique relative à ce qui est arrivé aux pères et en conclure
que ces changements sont dus à la révolution industrielle, laquelle
a créé un monde étranger au cercle familial. Certains prétendront
d’ailleurs qu’il n’y a pas grand-chose à faire à ce sujet : on doit juste
faire de son mieux pour gérer cette réalité.
Ce n’est en fait qu’une partie du problème. Ce n’est que l’un
des nombreux facteurs ayant contribué à diminuer la quantité de
temps que les pères consacrent à leur famille. Cela dit, il existe
d’autres causes. Nombre d’entre elles sont tout simplement liées
aux choix de vie d’un père, qui finissent par l’éloigner de sa
famille. Certes, les circonstances peuvent contribuer au fait que le
père soit peu disponible pour sa famille. En toute honnêteté, c’est
souvent une question de priorité : à quoi un homme décide-t-il de
consacrer son temps ?
Le résultat ? Les hommes sont nombreux à désobéir à l’appel de
Dieu relativement à leur foyer. Ils ne font pas de la vie familiale une
priorité et ne s’engagent pas à répondre à leurs obligations les plus
élémentaires en qualité de mari et de père. La Bible enseigne qu’un
homme est responsable de montrer l’exemple dans son propre
foyer en étant un chef de file vertueux, en prenant soin de sa femme
et en instruisant ses enfants. Ces responsabilités sont énoncées de
manière explicite dans l’Écriture. S’il les néglige, toute la famille
s’écroule. En effet, les hommes qui abandonnent le rôle que Dieu
leur a confié à la tête de leur foyer ont renoncé à la masculinité
véritable. Parmi les conséquences inévitables de leur choix,
nommons la discorde conjugale et une vie familiale chaotique.
Heureusement, il existe encore des hommes qui se soucient
de mener à bien la mission que Dieu leur a confiée à la tête de
18 Être un père selon Dieu

leur foyer. Le fait que vous soyez en train de lire ce livre indique
que vous êtes l’un d’entre eux. Je suis toujours heureux de voir
un père exprimer un désir sincère d’être un exemple de chef de
famille vertueux pour sa femme et ses enfants. C’est le genre de
désir qu’exprime la lettre suivante :
Cher John,

Ma tendre épouse et moi sommes mariés depuis sept ans.


Nous avons deux garçons extraordinaires. Ils sont doux de
cœurs et affectueux. Jusqu’à présent, la discipline ne nous a
pas posé de problème. Voici ma plus grande préoccupation,
néanmoins : je veux qu’ils connaissent vraiment le Seigneur.
Est-ce que je prends soin de leurs jeunes cœurs comme il se
doit, en tant que père ? Est-ce que je peux mieux faire ?

Chaque jour, je vois combien ils ont besoin d’un homme de


Dieu solide à leurs côtés, surtout à notre époque. Je veux
qu’ils puissent m’observer sans avoir le moindre doute à
l’esprit quant aux convictions de leur papa : Jésus-Christ est
mon Seigneur et mon Maître.

Je sais que je commettrai des erreurs de parcours, étant


donné que je ne suis qu’un homme. Mais je veux faire de
mon mieux pour leur plus grand bien, en leur donnant des
fondements solides et en semant autant de bonnes graines que
possible. Je voudrais avoir votre avis en qualité d’enseignant
de la Bible et père de garçons. Je sais que je vais être en
mesure d’enseigner à mes fils les grandes et nobles vérités
de l’Écriture quand ils seront plus âgés et je suis vraiment
impatient de le faire. Mais je sais également que leurs jeunes
L'origine et la fonction du chef de famille 19

années sont précieuses ; je ne veux pas passer à côté de bonnes


occasions de leur parler de notre grand Dieu. Merci, cher
frère en Christ, pour tout le soutien et les encouragements
que vous pourrez m’apporter.

La priorité d’un mari et père

Si l’on veut assister à un retour de la vie de famille selon le


concept de Dieu, il est essentiel de commencer par rétablir la
fonction de chef spirituel du mari au sein de sa famille. Celui-ci
est non seulement responsable de la diriger sur les plans moral
et spirituel, mais aussi de la protéger tant émotionnellement que
physiquement. C’est par là que tout commence ; voilà en quoi
consiste la responsabilité de chef de famille. On ne la découvre pas
en faisant une recherche mystique de sa « masculinité intérieure »
ni en effectuant une analyse psychologique ou sociologique. Elle se
fonde simplement sur l’obéissance assidue aux principes simples et
pratiques énoncés dans la Bible.
Si vous êtes chrétien, vous conviendrez sûrement du fait que
votre réussite sur le plan familial importe beaucoup plus que votre
succès professionnel. Cette vérité prend toute sa dimension quand
on considère le genre de témoignage que représente votre vie
familiale aux yeux de vos collègues, dans le milieu professionnel.
En négligeant de prendre soin de votre famille, vous perdrez
toute crédibilité dans le monde, dans la mesure où c’est la foi
chrétienne qui sera mise sur la sellette.
Bibliquement parlant, vos responsabilités en qualité de mari
et de père sont prioritaires. C’est l’idée de Dieu : au départ, il a
20 Être un père selon Dieu

conçu le mariage et la famille comme les éléments fondamentaux


de toute société humaine. Quand la famille se décompose, la
société se fissure à son tour. Une famille solidaire (et une société
en bonne santé) puise sa force dans l’orientation spirituelle donnée
par le chef de famille.
À quoi ressemble cette responsabilité de chef spirituel ?
Comment un chrétien doit-il s’y prendre pour répondre à Dieu,
qui l’appelle à bien diriger sa maison ? Plus précisément, comment
peut-il devenir un chef de file vertueux pour sa femme et ses
enfants, de façon à renforcer l’unité de la famille, bénir ceux de
l’extérieur et donner gloire à Dieu ?
Dans Éphésiens 5.25‑31, Dieu énonce les responsabilités du
mari vis-à-vis de sa femme. Un peu plus loin, dans Éphésiens 6.4,
nous lisons son instruction divine quant à la façon dont les pères
doivent s’y prendre pour guider leurs enfants sur la bonne voie.
Nous allons nous y intéresser dans la première partie de ce livre.

Bien diriger sa maison en aimant sa femme

Paul décrit ainsi les responsabilités du mari chrétien vis-à-vis


de sa femme :
Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé
l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier
en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire
paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride,
ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable. C’est
ainsi que le mari doit aimer sa femme comme son propre
corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais
L'origine et la fonction du chef de famille 21

personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit et en prend


soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous
sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme
quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les
deux deviendront une seule chair (Ép 5.25‑31).

Notez que le point de départ indiqué par ce commandement


est : « Maris, que chacun aime sa femme » (v. 25). Trois versets
plus loin, Paul réitère : « Le mari
doit aimer sa femme. » En fait,
La responsabilité
l’amour est le thème central de
suprême d’un mari est
tout ce passage biblique : l’amour
d’aimer sa femme.
de l’homme pour sa femme, et
celui de Christ pour son Église. Il
apparaît donc assez distinctement que la responsabilité suprême
d’un mari est d’aimer sa femme. C’est ce qui vient en premier.
Tout le reste en découle.
Si Paul n’avait pas dévoilé la façon de manifester cet
amour, on se serait probablement orienté dans mille directions
différentes pour tenter de comprendre comment un homme
doit manifester de l’amour à sa femme. Notre monde actuel a
des idées si confuses sur l’amour qu’il l’éloigne carrément de
sa définition biblique. Les musiciens n’ont jamais cessé d’écrire
sur le thème de l’amour et sur les tiraillements expérimentés
dans les relations. L’amour est communément défini comme une
émotion fluctuante, instable, subjective. Il est décrit comme un
sentiment qui pousse les gens à faire des choses qu’ils ne feraient
pas en temps normal. L’amour ainsi exprimé dans la musique
populaire et l’amour profane n’impliquent pas de sacrifice,
d’engagement, ou de choix : c’est quelque chose qui vous arrive,
22 Être un père selon Dieu

qui vous tombe dessus ou qui vous entraîne. Les gens parlent
d’attendre de tomber amoureux. Ils nourrissent des attentes
romantiques sur l’amour qui sont indéfendables et irréalistes. Ils
pensent à l’amour relativement à ce qu’il va leur procurer, au
lieu de réfléchir aux exigences de l’amour authentique. La quasi-
totalité des notions populaires portant sur l’amour que prône
notre culture égocentrique, saturée de divertissements, est bien
loin de la vérité biblique.
Heureusement, Paul est très clair quant à la façon dont les maris
doivent aimer leurs épouses. Il répond à la question principale en
restant le plus concis possible. C’est avec beaucoup de clarté et de
justesse qu’il dit que le mari doit aimer sa femme « comme Christ
a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle » (v. 25).
L’amour de Christ pour l’Église est le modèle par excellence ;
le mari doit le suivre dans sa relation avec sa femme. En d’autres
termes, l’amour d’un mari pour sa femme est censé illustrer
l’amour rédempteur de Christ. L’amour de Christ est la norme
et l’archétype éternels. L’amour d’un mari pour sa femme est
censé le reproduire assez justement, ce qui explique le caractère
sacré du mariage, et particulièrement la portée unique de
l’appel du mari. Le rôle et les devoirs des maris terrestres sont
spécialement conçus par Dieu pour illustrer l’amour intemporel
de l’Époux céleste pour son Église. Cet amour nous est présenté
dans Éphésiens 5.25‑30, et nous découvrons qu’il se manifeste
principalement de quatre manières.
L'origine et la fonction du chef de famille 23

Aimer sa femme d’un amour sacrificiel

Nous commençons par Éphésiens 5.25, qui dit ceci :


« Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé
l’Église, et s’est livré lui-même pour elle. » Qu’a fait Christ pour
l’Église ? Il s’est sacrifié pour elle. Il est mort sur la croix pour
des pécheurs indignes qui constituent collectivement son épouse
choisie. Son amour pour eux est entièrement immérité ; il l’a
manifesté librement, de sa propre initiative, non pas en raison
d’une œuvre de leur part susceptible de le mériter, ni parce
qu’ils sont charmants ou séduisants, et sûrement pas parce qu’ils
peuvent lui procurer quelque avantage ou bénéfice en retour.
Ils ne méritent pas son amour : il s’agit purement d’un sacrifice
qu’il a accompli en leur faveur. C’est précisément ce modèle que
les maris sont appelés à suivre.
Dans Actes 20.28, nous lisons que Christ s’est acquis l’Église
« par son propre sang ». Romains 5.8 dépeint Jésus démontrant
son amour pour nous en livrant sa vie en notre faveur. Dans
Romains 8.38,39, on nous dit qu’il s’agit d’un amour éternel,
immuable : Jésus nous aime d’un amour dont rien ne pourra
jamais nous séparer.
En réponse au commandement adressé aux maris, dans
Éphésiens 5.25, le grand prédicateur de l’époque victorienne,
C. H. Spurgeon, a dit ceci :
Un mari aime sa femme d’un amour constant, comme Christ
aime son Église. Après l’avoir aimée la veille, il ne la renverra
pas le lendemain. Son affection ne varie pas. Il peut changer
dans sa démonstration affective, mais l’affection elle-même
est toujours constante. Un mari aime sa femme d’un amour
24 Être un père selon Dieu

persévérant qui ne s’éteindra jamais. Il dit : « Jusqu’à ce que


la mort nous sépare, je te chérirai » ; mais Christ ne permet
même pas à la mort de le séparer de son amour pour son
peuple. « [Rien] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu
manifesté en Jésus‑Christ notre Seigneur. » Un mari aime
sa femme d’un amour fidèle, sincère et intense. Pas juste du
bout des lèvres. Il ne se contente pas de parler, mais il agit.
Il est prêt à subvenir à ses besoins, à protéger sa personnalité
et à défendre son honneur, parce que son cœur est attaché
à elle. Ce n’est pas seulement du regard qu’il se plaît à la
contempler de temps à autre : son âme même la garde sans
cesse en mémoire. Elle a une demeure dans son cœur dont
elle ne pourra jamais être renvoyée. Elle est devenue une
partie de lui-même. Elle est membre de son corps et fait
partie de sa chair et de ses os, tout comme l’Église de Christ
est pour toujours son épouse éternelle3.

C’est un amour assez remarquable, n’est-ce pas ? Le grand


défi qu’affronte un mari appelé à aimer sa femme comme Christ
a aimé l’Église, c’est qu’il peut toujours s’améliorer. L’amour
de Christ est un amour parfait et éternel ; les maris sont appelés
à le prendre pour exemple. Christ nous a aimés alors que nous
étions des pécheurs rebelles et que nous l’avions entièrement
rejeté. Il est mort sur la croix pour nous, démontrant ainsi un
amour sacrificiel qui n’attendait rien en retour, un amour qui
lui a coûté la vie. C’est le genre d’amour qu’il a témoigné à
l’Église, et c’est le genre d’amour que les maris sont appelés à
témoigner à leurs épouses.
Occasionnellement, vous entendrez dire de la part d’un
mari : « J’aime trop ma femme. » L’aime-t-il autant que Christ
L'origine et la fonction du chef de famille 25

a aimé l’Église ? Si ce n’est pas le cas, alors il ne l’aime pas


suffisamment. L’amour de Christ pour l’Église est la norme
qui permet aux maris de mesurer l’intensité de leur amour
pour leur épouse, et, avouons-le carrément, nous n’atteignons
pas la cible. En raison de la précision et de la force de ce
commandement, aucun mari n’a le droit de s’endormir sur ses
lauriers. Remarquez une chose : l’Écriture ne révise pas les
normes pour s’adapter à notre faiblesse. Cela peut sembler une
hyperbole, mais ça ne l’est pas. Le mari est tenu de livrer sa
vie pour sa femme, et le seul exemple qu’il nous soit donné
de suivre est le sacrifice volontaire et infini de Christ pour la
rédemption des pécheurs. En d’autres termes, la possibilité de
« trop » aimer et de « trop » sacrifier n’existe pas.
L’apôtre Pierre parle aussi de l’amour sacrificiel quand il dit :
« Maris, montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports
avec votre femme, comme avec un sexe plus faible ; honorez-
la, comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie.
Qu’il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos
prières » (1 Pi 3.7). Nous voyons ici, de manière très concrète,
comment un mari doit aimer sa femme, et nous pouvons scinder
ces recommandations en trois groupes :

1. La considération
« Montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec
votre femme. » Cela signifie de lui être sensible. Prenez le temps
de répondre à ses besoins et de comprendre ce qu’elle pense.
Demandez-lui de vous parler de ses préoccupations, de ses objectifs,
de ses rêves, de ses désirs et de ce qu’elle aime. Tout simplement,
prenez le temps de l’écouter. Avant de pouvoir exprimer un amour
26 Être un père selon Dieu

sacrificiel à son égard (le type d’amour susceptible de répondre à


ses besoins), vous devez connaître ses besoins.

2. La galanterie
Pierre nous rappelle gentiment d’avoir des égards pour notre
femme « comme avec un sexe plus faible ». À notre époque, les
gens pourraient considérer son exhortation comme humiliante,
mais il n’en est rien. Pierre souligne tout naturellement le fait que
la femme n’est pas aussi forte que l’homme sur le plan physique ;
elle a donc besoin de sa protection. Bien que votre femme soit
pleinement votre égale d’un point de vue spirituel (Ga 3.28), elle
est physiquement plus faible, et, dans ce sens, elle a besoin que vous
preniez soin d’elle et que vous la protégiez. Le fait de pourvoir à ce
genre de besoin est une marque d’amour.

3. La communion
Votre femme est aussi héritière « avec vous de la grâce de
la vie ». Elle est votre égale d’un point de vue spirituel. Par
conséquent, il convient de cultiver l’amitié et la communion avec
elle, au lieu de dominer sur elle. Ce concept était étranger à la
culture gréco-romaine de l’époque de Pierre. Les maris étaient
généralement peu enclins à devenir l’ami de leur femme. Ils
s’attendaient simplement à ce qu’elle prenne soin de la maison et
des enfants. En revanche, le mari chrétien se doit de cultiver une
communion amoureuse et intime avec sa femme, ce qui est l’une
des plus riches bénédictions qu’il puisse connaître dans sa vie.
De cette façon-là, 1 Pierre 3.7 nous donne a fortiori la définition
d’un amour sacrificiel. En fin de compte, le mari chrétien aime sa
femme non pour ce qu’elle peut faire pour lui, mais à cause de
L'origine et la fonction du chef de famille 27

ce qu’il veut faire pour elle. C’est ainsi que fonctionne l’amour
de Christ. Il nous aime, non parce que quelque chose en nous
serait susceptible de l’attirer, mais parce qu’il a déterminé de
nous aimer, en dépit de notre manque d’attrait. Il nous aime d’un
amour attentionné qui cherche à nous comprendre, à nous aider,
à nous réconforter, à nous équiper et à répondre à nos besoins.
C’est un amour que nous ne méritons pas, un amour éternel. C’est
un amour qui persévère, même lorsque nous ne sommes pas à la
hauteur. C’est le genre d’amour dont vous, en tant que mari, devez
faire preuve envers votre épouse.

Aimer sa femme d’un amour sanctificateur

Deuxièmement, l’amour de Christ pour l’Église est un amour


qui sanctifie. Éphésiens 5.25‑28 déclare que Christ « s’est livré »
pour l’Église « afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant
par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église
glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte
et irréprochable ». Paul parle ici d’un amour qui élève l’âme et
l’esprit, un amour qui nourrit l’âme. Vous devez aimer votre
femme de telle manière à l’encourager à une plus grande piété. Un
tel amour conduit une femme à grandir en sainteté ; il permet à
toute sa beauté intérieure de rayonner. Nous voyons ici que la beauté
féminine la plus authentique, la plus belle et la plus durable n’est
pas externe, mais interne. C’est la sainteté qui la rend vraiment
belle, révélant l’œuvre que Dieu accomplit dans son cœur. Nous
lisons en 1 Samuel 16.7 le contraste entre la beauté extérieure et
la parure intérieure : « L’homme regarde à ce qui frappe les yeux,
mais l’Éternel regarde au cœur. » Les femmes sont donc exhortées
à ne pas trop se préoccuper des ornements qui les rendent plus
séduisantes, mais à embellir ce qu’elles ont à l’intérieur. Dans
28 Être un père selon Dieu

1 Pierre 3.3,4, nous lisons : « Ayez, non cette parure extérieure


qui consiste dans les cheveux tressés, les ornements d’or, ou les
habits qu’on revêt, mais la parure intérieure et cachée dans le
cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est
d’un grand prix devant Dieu. »
Pour cette raison, l’une des meilleures façons de manifester de
l’amour à votre femme est de l’encourager à toujours plus de piété.
Exhortez-la à la sainteté, de la même manière que Christ cherche
à sanctifier l’Église « pour faire paraître devant lui cette Église
glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte
et irréprochable » (Ép 5.27). Le désir suprême de Christ pour
l’Église est de se la présenter dans toute sa splendeur glorieuse,
sans tache, ni ride.
Éphésiens 5.26 affirme que cette purification s’accomplit « par
l’eau de la Parole ». En d’autres termes, la Parole de Dieu a un
effet purificateur sur notre vie. Le Psaume 119.9 nous dit que si
nous voulons garder notre sentier pur, nous devons vivre selon la
Parole de Dieu. En tant que mari, vous devez donc vous assurer
que votre femme a continuellement accès à la Parole de Dieu afin
qu’elle puisse se purifier et être irréprochable. Parmi les moyens
à sa disposition, mentionnons : écouter le message prêché au culte
du dimanche, participer à une étude biblique, lire des livres ou
écouter des enseignements bibliques instructifs.
Cela signifie également que vous ne devez pas encourager votre
épouse au péché ou l’exposer à l’iniquité. Gardez-vous de lui parler
ou d’agir de manière à l’irriter ou à susciter chez elle de l’hostilité
ou de l’amertume. Ne l’agacez pas intentionnellement, de sorte
qu’elle soit portée à désobéir à Dieu. Si vous aimez vraiment votre
femme, vous détesterez tout ce qui sera susceptible de souiller son
L'origine et la fonction du chef de famille 29

âme. Vous ferez tout votre possible pour la protéger et préserver


sa pureté. Le mari attentionné cherche, à l’instar de Christ, à
présenter sa fiancée glorieuse et magnifiée. Il cherche à l’honorer.
Il s’agit là d’un élément clé concernant votre rôle en tant que chef
spirituel de votre foyer.

Aimer sa femme d’un amour attentionné

Troisièmement, Paul dit que l’amour d’un mari pour sa femme


doit être attentionné : « C’est ainsi que le mari doit aimer sa
femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime
lui-même » (Ép 5.28).
Que signifie exactement « aimer sa femme comme son
propre corps » ? Paul présente ici un concept élémentaire : on
est généralement assez efficace pour prendre soin de son propre
corps. Quand on est malade, on se repose et on fait le nécessaire
pour aller mieux. Lorsqu’on a faim, on mange. Quand on a soif, on
étanche sa soif. Lorsqu’on est en sueur ou sale, on se lave. Quand
il s’agit de prendre soin de soi-même (se nourrir, s’habiller ou se
laver), on est généralement très motivé. On est prompt à prendre
soin de ses propres besoins. Paul dit que l’on doit traiter sa femme
avec le même degré d’attention.
Les versets suivants nous amènent à un point crucial : « Car
jamais personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit et en
prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous
sommes membres de son corps » (v. 29,30). Lorsque vous avez
épousé votre femme, vous êtes devenus une seule chair. Par
conséquent, Paul écrit : « C’est pourquoi l’homme quittera son
père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront
30 Être un père selon Dieu

une seule chair » (v. 31). Dans la relation conjugale, vous et votre


femme êtes unis. Dans le cadre du salut, votre femme est unie à
Christ. De façon très réelle, vous devez donc traiter votre femme
comme vous traitez Christ. Si vous n’aimez pas votre femme de
manière attentionnée, vous ne prenez pas soin de vous et n’aimez
pas Christ comme vous le devriez.
Si vous voulez un mariage béni, vous devez prendre soin de votre
femme. Si vous savez qu’elle a un besoin particulier, vous devriez
chercher à y répondre. Si vous savez qu’elle a un désir qui lui tient
à cœur, et qu’il s’agit d’une chose
raisonnable susceptible d’ajouter
Si vous voulez un
à sa vertu et à son bien-être, vous
mariage béni, vous
devez faire de votre mieux pour le
devez prendre soin
lui accorder. Votre femme est un
de votre femme.
trésor que Dieu vous a confié pour
que vous en preniez soin, que vous
la chérissiez, que vous la protégiez. C’est précisément de cette
façon-là que Christ prend soin de son Église.
Considérons, à nouveau, Éphésiens 5.29 pour nous attarder
sur les deux termes « nourrit » et « prend soin ». Dans le texte
original grec, le mot « nourrit » est utilisé principalement
pour parler de l’éducation des enfants. C’est le même mot que
Paul utilise un peu plus loin, dans Éphésiens 6.4 : « Pères […]
élevez‑les [vos enfants] en les corrigeant et en les instruisant selon
le Seigneur. » En général, nous pensons à ce terme relativement à
nos enfants, mais dans Éphésiens 5.29, Paul dit que nous devons
instruire (nourrir) nos femmes et en prendre soin. En tant que
mari, vous êtes responsable d’instruire votre épouse pour qu’elle
L'origine et la fonction du chef de famille 31

puisse, à son tour, instruire efficacement les enfants que Dieu lui a
confiés en assumant son rôle de mère.
Ensuite, le mot grec traduit par « prend soin » signifie
« réchauffer par la chaleur corporelle ». Il est parfois traduit par
« fondre ». On l’utilise pour décrire une mère oiseau qui incite
ses petits à se rapprocher d’elle pour qu’elle les tienne au chaud.
Éphésiens 5.29 dit au mari qu’il doit prendre soin de sa femme
et s’occuper d’elle de façon à lui procurer le sentiment d’être
aimée et en sécurité. Cela représente un réel défi dans un monde
qui enseigne aux femmes l’indépendance et le détachement. Un
homme doit faire preuve de beaucoup de leadership pour bien
diriger sa maison, de façon à procurer à sa femme l’affection, la
force et la sécurité qui lui sont nécessaires. En qualité de mari,
c’est votre devoir.

Le mari est celui qui pourvoit


Pour en revenir à l’analogie du mari qui doit aimer sa
femme comme Christ a aimé l’Église, avez-vous remarqué que
c’est Christ qui pourvoit à tous les besoins de son Épouse ?
Il est celui qui la nourrit, la protège et la préserve. On ne lit
nulle part que l’Église redonne à Christ. Pareillement, votre
amour pour votre femme doit être un amour qui donne. Christ
n’a pas aimé l’Église dans l’espoir d’en obtenir quelque chose
en retour ; c’est le genre d’amour que vous êtes censé avoir
en tant que mari à l’égard vote épouse. Tout comme Christ
pourvoit aux besoins de son Église, vous devez pourvoir aux
besoins de votre femme.
À ce stade, vous pourriez dire : « Eh bien, je vais devoir
sacrifier ma carrière pour y arriver ! » Qu’à cela ne tienne :
32 Être un père selon Dieu

sacrifiez votre carrière ! Ou délaissez tout ce qui vous empêche


d’aimer votre femme comme vous le devriez. Peut-être que
vous n’obtiendrez pas autant de promotions ou avec autant
de fréquence que vous l’auriez souhaité. Peut-être que vous
n’aurez pas la possibilité d’atteindre une partie de vos objectifs
personnels ou d’accéder à des plaisirs qui vous tenaient à cœur.
En fin de compte, vous serez pourtant si richement récompensé
par le bonheur de vivre selon le dessein de Dieu dans le cadre
du mariage, que vous serez heureux d’avoir abandonné ce qui
devait l’être.

La difficulté d’être celui qui pourvoit


Selon l’Écriture, il est clair que le dessein de Dieu a toujours
été que le mari soit celui qui pourvoit. Toutefois, ce rôle devint
plus difficile lorsqu’Adam et Ève tombèrent dans le péché. On
se rappelle la malédiction de Dieu prononcée consécutivement à
leur désobéissance. Dieu dit à Ève qu’elle serait dans la douleur
en donnant naissance. Puis il dit à Adam : « Le sol sera maudit à
cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture
tous les jours de ta vie [...] C’est à la sueur de ton visage que
tu mangeras du pain » (Ge 3.17,19). Autrement dit, à partir de
cet instant et dorénavant, la tâche d’être celui qui pourvoirait
s’avérerait pénible ! La malédiction affecterait non seulement la
responsabilité de l’homme dans son rôle de pourvoir, mais aussi
la responsabilité de la femme dans celui de donner naissance.
Cela indique clairement que la tâche du mari consistant à
pourvoir n’est pas facile. En fait, elle est si difficile qu’elle ne
peut être accomplie que dans la puissance de l’Esprit et d’une
vie transformée. Comme il est dit dans Éphésiens 5.30, si vous
L'origine et la fonction du chef de famille 33

êtes chrétien, vous êtes membre du corps de Christ. Vous êtes


un avec Christ, et l’Esprit de Dieu habite en vous. Tandis que
vous marchez dans la puissance de l’Esprit de Dieu, guidé par sa
Parole et sous sa direction, vous êtes en mesure de prendre soin
de votre femme, de la même manière que Christ prend soin de
son Église.

Aimer sa femme d’un amour inébranlable

La quatrième caractéristique de l’amour d’un mari pour sa


femme, c’est qu’il doit être permanent. Dans Éphésiens 5.31, Paul
cite Genèse 2.24 en disant : « C’est pourquoi l’homme quittera son
père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront
une seule chair. » Le mariage est l’union d’un homme et d’une
femme qui quittent leurs parents pour fonder un nouveau ménage
dont l’identité est unique, car elle leur est propre. Il s’agit de deux
vies qui n’en forment plus qu’une.
Que faut-il comprendre par l’expression « une seule chair » ?
Elle renvoie principalement à l’union sexuelle entre le mari et
sa femme, qui est la preuve la plus évidente que les deux sont
devenus un. Cela leur permet de donner naissance à des enfants
porteurs des caractéristiques génétiques de l’un et de l’autre,
faisant ainsi des enfants un emblème de l’unité entre le mari et
sa femme.
Néanmoins, la notion d’« une seule chair » suppose beaucoup
plus que cela. Dans 1 Corinthiens 6.15, Paul écrit : « Ne
savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ ? »
L’union du croyant avec Christ est bien entendu spirituelle, et
non physique. Pourtant, l’apôtre dit expressément que, dans
34 Être un père selon Dieu

une telle union, même le corps physique des chrétiens devient


essentiellement des « membres de Christ », c’est-à-dire un seul
corps avec lui. En fait, il poursuit en expliquant que tout péché
sexuel commis par un croyant est une profanation de Christ.
« Prendrai-je donc les membres de Christ, pour en faire les
membres d’une prostituée ? Loin de là ! Ne savez-vous pas
que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec
elle ? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair »
(v. 15,16). Évidemment, les notions d’union spirituelle et
d’intimité physique sont inextricablement liées. Cela suggère
que l’expression « une seule chair » dépasse largement l’idée
de l’intimité sexuelle.
En effet, le mariage est la fusion de deux âmes, et non seulement
l’union de deux corps. L’union physique illustre et exemplifie la
pleine réalité de ce que signifie le mariage, mais en aucun cas elle
n’est une signification exhaustive du concept de faire « une seule
chair ». Le mariage, tel que Dieu l’a conçu, n’est pas juste l’union
de deux personnes dans l’intimité physique ; il lie également les
cœurs et les esprits du couple. Sa pleine réalité comporte une
union spirituelle qui englobe tous les aspects de la vie.
Quand un homme et une femme deviennent un dans le
mariage, ils entrent dans une relation personnelle unique, intime
et complète. Toute leur identité est redéfinie. Ils abandonnent
leur autonomie personnelle (et tous les aspects indépendants
ou égocentriques de leur identité propre), parce qu’ils ne
font désormais qu’un avec leur conjoint. Rien de leur valeur
personnelle n’est perdu dans cette union ; les deux y gagnent
infiniment plus en étant unis l’un à l’autre. « Que l’homme donc
ne sépare pas ce que Dieu a joint » (Mt 19.6). C’est pourquoi
L'origine et la fonction du chef de famille 35

Dieu déteste le divorce, parce qu’il déchire ce qui a été conçu


pour être la relation indivisible et indissoluble de deux personnes
devenues « une seule chair » (Ma 2.16).

Une union permanente


Éphésiens 5.31 cite Genèse 2.24. La version Segond de ce
verset est familière, car elle est souvent citée dans les cérémonies
de mariage traditionnelles : « C’est pourquoi l’homme quittera
son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront
une seule chair. » Jésus cite ce même verset de Genèse dans
Matthieu 19.5. Le mot « s’attachera » parle de la permanence de
l’union conjugale. C’est le mot grec proskollao, qui signifie « être
collés ou cimentés, adhérer ». Un mari et sa femme sont collés
l’un à l’autre dans une union qui n’est pas seulement physique,
mais qui comprend l’unité de l’esprit et du cœur, et leur donne
un but commun. Dans l’union du mariage, ils sont réunis dans
une intimité personnelle et noble qui ne ressemble à aucun autre
type de relation terrestre.

Une union de pardon


Tout au long de mes années au service de Dieu, j’ai entendu
des femmes dire : « Je veux garder mon mariage uni, mais il est
difficile de vivre avec ce gars. » Et j’ai entendu des hommes dire :
« Je veux rester marié, mais je ne sais pas si je peux vivre un instant
de plus avec cette femme. »
Si le mariage en arrive là, c’est bien souvent en raison d’un
manque de pardon de la part du mari, de la femme, ou des deux.
Quand un conjoint (ou les deux) se montre toujours impitoyable,
36 Être un père selon Dieu

la frustration mutuelle s’accumule, ce qui n’arrange pas la relation


qui a tendance à se corser.
Considérez pourtant ceci : Combien de fois le Seigneur vous
a-t-il pardonné ? Combien de fois par jour ? Son amour pour vous
ne changera jamais. Même si vous succombez à la tentation et
tombez dans le péché, vous faites toujours partie de son Épouse.
En outre, lorsque vous confessez vos péchés, « il est fidèle et juste
pour [vous] les pardonner, et pour [vous] purifier de toute iniquité »
(1 Jn 1.9). Rien ne pourra jamais vous séparer de l’amour de Christ
(Ro 8.38,39).
C’est ce genre de pardon gracieux et miséricordieux que
nous devons mettre en pratique dans la relation conjugale.
Éphésiens 4.32 nous exhorte à être « bons les uns envers les
autres, compatissants [nous] pardonnant réciproquement, comme
Dieu [nous] a pardonné en Christ ». Nous, à qui Dieu a tellement
pardonné, devons être plus que disposés à pardonner les
manquements relativement moindres des autres, en particulier
de nos épouses.
En gardant cela à l’esprit, combien de fois sommes-nous
censés nous pardonner les uns aux autres ? Jésus a dit : « soixante-
dix fois sept fois » (Mt 18.22). Cela voulait dire que nous devons
toujours être prêts à pardonner, sans aucune limite. Vous êtes
appelé à aimer votre épouse d’un amour permanent toujours
disposé à pardonner, en dépit de l’offense. Dans le mariage, vous
êtes une seule chair, pour la vie. Un homme peut-il renvoyer sa
femme ? Permettez-moi de répondre à cette question par une
autre question : Christ peut-il renvoyer son Église ?
L'origine et la fonction du chef de famille 37

La clé du vrai bonheur conjugal

Dans Éphésiens 5.25-31, nous voyons que le mari doit aimer


sa femme d’un amour sacrificiel, purificateur, attentionné et
permanent. Le modèle par excellence n’est autre que l’amour
du Seigneur Jésus-Christ. Cela nous amène à comprendre que
l’union du mariage entre un homme chrétien et une femme
chrétienne illustre l’union entre Christ et son Église. C’est
pourquoi nous devons traiter la relation du mariage avec
beaucoup de respect, car elle est le symbole sacré de la relation
de Christ avec son Église. Dieu a voulu que le mariage soit une
union permanente et indissoluble, qui en dit long sur l’amour de
Christ pour son Église.
Cependant, aucun mari ne peut manifester l’amour de Christ
pour son épouse en ne comptant pas sur la puissance de l’Esprit
de Dieu. Lorsque nous marchons selon l’Esprit (Ga 5.16) – en
nous soumettant humblement à l’Esprit et en comptant sur
lui pour qu’il nous permette d’obéir aux commandements de
l’Écriture –, nous manifestons le fruit de l’Esprit qui comprend
l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la
foi, la douceur et la maîtrise de soi (v. 22,23). En vivant sous la
direction de l’Esprit Saint et en s’engageant à vivre humblement
selon la Parole de Dieu, on est apte à aimer sa femme comme
Dieu appelle chacun à le faire. On fait alors l’expérience d’un
romantisme et d’une joie durables au sein du mariage, chose qui
fait défaut chez tant d’autres couples.
Alors que vous apprendrez à aimer et à chérir votre épouse
comme Christ a aimé l’Église, votre relation conjugale connaîtra la
plénitude pour laquelle Dieu l’a conçue. C’est à partir du moment
où vous remplirez votre rôle de chef de famille attentionné dans
38 Être un père selon Dieu

votre propre foyer que votre mariage s’épanouira et que votre


femme connaîtra le bonheur de s’acquitter de ses responsabilités
dans la relation. Quand vos enfants verront que leur père et leur
mère se sont engagés à vivre conformément au plan de Dieu
pour le mariage, ils connaîtront la stabilité et la sécurité qui
résultent du fait de vivre dans un milieu familial sain. Ils seront
richement bénis, et Dieu en recevra l’honneur et la gloire, car
votre entourage verra le témoignage vivant de son plan parfait
pour les maris et leurs femmes.
Nous devrions laisser à nos enfants l’impression
que la chose la plus merveilleuse au monde est
le christianisme, et que rien dans la vie n’est
comparable avec le fait d’être chrétien4.
Martyn Lloyd‑Jones
CHAPITRE 2

Élever ses enfants


selon le Seigneur
– Première partie –

Q uand on considère tout le travail nécessaire à l’éducation


d’un enfant, de la naissance à l’âge adulte, on est enclin à
penser que la Bible nous offrira toute une série d’instructions
relatives à une parentalité efficace. Après tout, il existe des
milliers de livres sur le thème. On trouve de nombreuses
émissions et des ministères entièrement consacrés à la
diffusion de conseils sur le mariage et la vie de famille. On a
facilement accès à un nombre infini d’experts qui vous offrent
des recommandations sur des méthodes parentales censées
produire une famille heureuse, si toutefois elles sont appliquées.
Pourtant, bon nombre de tendances et de techniques parentales,
très en vogue actuellement, seront bientôt remplacées par un
nouvel ensemble de tendances et de techniques à la mode. Tout
cela peut donner aux parents le sentiment d’être dépassés tandis
qu’ils tentent de suivre ce que la culture populaire leur dit de
faire pour éduquer leurs enfants.

41
42 Être un père selon Dieu

En se tournant vers le Nouveau Testament, on constate


toutefois que le seul passage explorant le modèle de Dieu pour
le mariage et la vie de famille offre aux parents une exhortation
remarquable par sa simplicité. En effet, l’apôtre Paul résume,
en un seul énoncé, l’essence même de tous les efforts liés à la
responsabilité d’élever ses enfants : « Et vous, pères, n’irritez pas
vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur » (Ép 6.4).
Ne vous méprenez pas quant à la simplicité de cette déclaration.
Ainsi que nous le verrons par la suite, elle est au cœur de tout
ce que nous devons savoir concernant l’éducation des enfants.
Bien qu’il existe sûrement d’autres principes parentaux sensés
que nous pouvons trouver utiles pour l’éducation de nos enfants,
cette instruction constitue le conseil par excellence qu’il nous faut
suivre dans tout ce que nous entreprenons en qualité de parents.
La mesure de l’attention et de la fidélité dont nous faisons preuve
en mettant en pratique les principes d’Éphésiens 6.4 se manifestera
dans chaque aspect du développement de nos enfants.
Cela ne veut pas dire que la parentalité soit une tâche
élémentaire, bien au contraire. C’est une responsabilité
importante qui présente son lot de difficultés. Elle exige beaucoup
de temps et de sacrifices personnels, ainsi que d’importantes
dépenses afférentes. Quand nos enfants sont petits, ils nécessitent
une attention et des soins constants. En grandissant et en devenant
indépendants, ils ont encore besoin de notre supervision et de notre
implication dans leur éducation et leurs activités. Par exemple,
nous avons le devoir de leur fournir des directives concernant les
questions spirituelles, le choix de bons amis, l’utilisation de leurs
finances à bon escient et le passage à l’âge adulte.
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 43

Les deux pressions majeures


que les parents doivent gérer

Deux défis majeurs aggravent nos responsabilités en tant que


parents. En raison de l’aspect omniprésent de ces défis, il est
souhaitable de les considérer avant d’entamer notre étude sur
Éphésiens 6.4.

La pression externe de la culture

La première pression que nous devons affronter en tant que


parents est externe : elle s’invite dans notre foyer par le biais de la
culture environnante. Il fut un temps où la vie était majoritairement
centrée sur le foyer ; le monde extérieur n’avait alors que peu
d’influence sur les enfants. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Autrefois, les familles passaient beaucoup de temps ensemble.
La plupart de leurs activités se centraient sur le foyer. Elles prenaient
leurs repas, s’engageaient dans des activités et participaient à la vie
de l’Église et de l’école ensemble. Les parents avaient une influence
prédominante sur la vie de leurs enfants. Ils étaient leur principale
source d’instruction et pouvaient limiter les contacts de leurs
enfants avec le monde extérieur. Ils faisaient en sorte d’enseigner
à l’enfant ce qui convenait à son âge et à sa capacité d’aborder
certaines questions. En d’autres termes, les enfants bénéficiaient
de protection quant à leur exposition au monde extérieur, ce qui
était une bonne chose.
Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Feu Neil Postman,
ancien professeur et directeur du Département des arts de la
communication, à l’Université de New York, a abordé ce thème
dans son ouvrage intitulé The Disappearance of Childhood5 (La
44 Être un père selon Dieu

disparition de la petite enfance). La thèse de Postman veut que


l’enfance, en tant que période unique du développement humain,
soit en train de disparaître.
Postman note, par exemple, que les tenues vestimentaires
des enfants étaient autrefois différentes de celles des adultes.
Aujourd’hui, elles leur ressemblent autant que possible. Les
enfants veulent reproduire les modes et les engouements qu’ils
voient chez leurs parents et les autres adultes.
Les jeux de l’enfance ont également changé. Les enfants avaient
l’habitude d’inventer leurs propres jeux et de jouer ensemble. Ils
jouaient juste pour le plaisir, et leurs jeux étaient généralement
l’expression de l’imaginaire merveilleux de l’enfance.
Or, cela a bien changé. Par exemple, de nos jours, beaucoup de
sports proposés aux enfants copient simplement ceux des adultes,
avec des organisations structurées, des frais particuliers et des
équipements sophistiqués. Souvent, ces jeux ne sont pas tant pour
le plaisir des enfants que pour l’ego des parents, des entraîneurs et
des autres adultes impliqués. Ils créent également une atmosphère
tendue et compétitive qui met beaucoup de pression sur les enfants
pour qu’ils gagnent plutôt que de simplement s’amuser.
Ensuite viennent les jeux électroniques, qui coûtent cher et
auxquels les enfants consacrent d’énormes quantités de temps.
Bien souvent, ces jeux sont joués en solo et privent les enfants
d’interaction avec d’autres jeunes.
Dans le passé, la société croyait que les enfants devaient
être protégés. On se devait de les enseigner et de les instruire
en fonction de ce qui était approprié à leur âge. L’information
mise à leur disposition en quantités prescrites ne les exposait
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 45

pas prématurément à une connaissance qu’ils n’étaient pas prêts


à digérer. Certaines choses n’étaient pas dites aux enfants parce
qu’ils n’avaient tout simplement pas la maturité de les traiter.
Or tout cela a été balayé, d’abord par la radio et la télévision,
et encore plus par Internet et les médias sociaux. Les enfants
sont désormais exposés à toutes sortes d’idées et d’informations,
sans que l’on se préoccupe de leur capacité à les assimiler. Le
meilleur et le pire de ce que la société peut offrir leur sont trop
facilement accessibles.
Dans son ouvrage The Disappearance of Childhood (La disparition
de la petite enfance), Postman fait observer que la télévision est
accessible à tous. Autrement dit, elle ne fait pas de distinction
entre l’adulte et l’enfant. La même chose s’applique à Internet. La
télévision et Internet ont une profonde influence sur nos enfants,
dans le sens que ces derniers sont exposés à un contenu que nous,
parents, ne souhaitons pas qu’ils voient.
Les enfants avaient tendance à être naïfs et innocents quant
à certaines questions de la vie. L’environnement électronique
actuel leur a toutefois fait perdre leur candeur. Les enfants sont,
en effet, exposés à des idées et à du contenu que leur esprit et leurs
émotions ne sont pas prêts à gérer. En outre, sous les assauts de ce
monde corrompu, avec ses concepts erronés, ses désirs impurs,
ses mauvaises actions et ses comportements répréhensibles, les
enfants reçoivent toutes sortes d’influences négatives qui finissent
par générer de graves problèmes au sein même de la famille.
D’ailleurs, les statistiques américaines sur la criminalité le
confirment. En 1950, le taux des crimes graves commis par des
adultes était de 215 fois le nombre de crimes graves commis
46 Être un père selon Dieu

par des enfants de 14 ans ou moins. Au cours de cette année-


là, 170 enfants furent arrêtés pour ce genre de crimes. En
pourcentage, les enfants ont commis seulement 0,0004 % de
l’ensemble des crimes graves perpétrés6.
Entre 1950 et 1960, la plupart des foyers américains ont acquis
leur premier téléviseur. En 1960, à mesure que l’incidence des
médias électroniques augmentait, des adultes ont commis des
crimes graves à raison de seulement 8 fois le nombre de crimes
graves commis par des mineurs. En l’espace de dix ans seulement,
le rapport est passé de 1 pour 215, à 1 pour 8. En 1979, le taux était
de 1 pour 5,5. Cela ne concerne que les crimes graves. Au cours
de cette même période, on note une augmentation de 8300 %
de délits mineurs commis par des enfants7. Nous entendons sans
cesse parler de mineurs arrêtés pour des crimes graves (vols de
banque, viols et meurtres au premier degré) à des âges de plus en
plus tendres.
Tout cela s’est produit parce que nos enfants vivent dans une
société dont les contextes psychologiques et sociaux ont diminué
les différences entre adultes et enfants. Étant donné que le monde
des adultes s’ouvre aux enfants de toutes les manières possibles, les
plus jeunes imitent inévitablement et progressivement les adultes,
pour le meilleur et pour le pire.
Cela s’applique à l’immoralité des adultes ainsi qu’à la
toxicomanie. Le taux de grossesses non désirées chez les
adolescentes ne cesse d’augmenter ; le recours à l’alcool et aux
drogues est répandu non seulement parmi les jeunes, mais aussi
chez les préadolescents. Nous apprenons régulièrement, dans
les journaux, que des fillettes de douze ou treize ans donnent
naissance à des bébés, et que des enfants qui n’ont pas encore dix
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 47

ans consomment de l’alcool ou des drogues. La raison est simple :


ces enfants sont surexposées à des influences inappropriées.
Cela nous donne une idée des défis qui attendent les parents
en matière d’influences culturelles externes susceptibles de nuire
à leurs enfants.

La pression interne de la nature humaine déchue

Toute cette pression externe qui affecte nos foyers est aggravée
par la pression interne issue de la nature de nos enfants. Bien qu’ils
puissent manifester de l’ingénuité et de la naïveté à propos de
certaines réalités, ils ne sont pas nés innocents en ce qui concerne
le mal. Nos enfants sont nés pécheurs, et la semence de tout péché
connu est enfouie au plus profond du cœur humain.
Nous avons généralement le sentiment que si nous ne faisons pas
notre devoir en tant que parents, nos enfants pourraient bien gâcher
leur vie. En vérité, nos enfants sont déjà en mauvaise posture dès
leur naissance. Le problème ne réside pas dans la possibilité qu’ils
dérivent spirituellement et se perdent moralement à mesure qu’ils
vieillissent. La volonté de pécher fait plutôt déjà partie intégrante
de leur nature d’êtres humains déchus.
Les enfants ne viennent pas au monde avec le désir de chercher
Dieu et sa justice. Au contraire, dès la naissance, ils cherchent à
combler leurs désirs répréhensibles. Si l’occasion leur est donnée,
les enfants exprimeront ces désirs tout naturellement. Le penchant
naturel de l’homme est de commettre le péché, dès qu’il vient au
monde. « Nul ne cherche Dieu […] Il n’en est aucun qui fasse le
bien, pas même un seul » (Romains 3.11,12).
48 Être un père selon Dieu

Quand on entend parler de meurtriers en série, de pédophiles,


de violeurs et de criminels récidivistes, la question qui nous vient
souvent à l’esprit est la suivante : « Qu’est-ce que leurs parents ont
bien pu leur faire quand ils étaient petits ? » En toute hypothèse,
ceux qui deviennent des criminels endurcis ont grandi dans un
environnement où régnait la violence. Et bien que cela peut s’avérer
juste, la question n’est pas tant de savoir ce que leurs parents leur ont
fait, que ce qu’ils ne leur ont pas fait.
Ceux qui se tournent vers le crime suivent simplement le
cours naturel de leur nature pécheresse. Lorsque des parents ne
corrigent pas leurs enfants et se
gardent de les punir pour des actes
La Bible réfute
répréhensibles, ils les invitent à
formellement
donner libre cours à la dépravation
la notion que les
qui est déjà présente en eux.
enfants naissent
Voilà ce qui est susceptible de se
innocents.
produire, faute d’instructions et
d’influence parentales adéquates,
mais aussi faute de conseils spirituels visant à conduire l’enfant à se
repentir du péché commis et à recevoir Christ comme son Sauveur.
La Bible réfute formellement la notion que les enfants
naissent innocents. Par exemple, dans le Psaume 58.4,5 nous
lisons ceci : « Les méchants sont pervertis dès le sein maternel,
les menteurs s’égarent au sortir du ventre de leur mère. Ils ont
un venin pareil au venin d’un serpent, d’un aspic sourd qui ferme
son oreille. » Cela ne désigne pas un sous-groupe de réprouvés
de l’humanité que la Bible qualifierait de particulièrement
« méchants ». C’est la description de la condition de toute
l’humanité, consécutivement à la chute d’Adam. « Les pensées
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 49

du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse » (Ge 8.21).


« Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Ro 3.10). « Car
tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Ro 3.23).
« Il n’y a sur la terre point d’homme juste qui fasse le bien et qui
ne pèche jamais » (Ec 7.20). « Si nous disons que nous n’avons
pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est
point en nous » (1 Jn 1.8).
Même les personnes les plus respectables et les plus à cheval
sur les principes sont déchues et coupables, et ont le potentiel
de concevoir toute sorte de mal dans leurs cœurs. Dans le
Psaume 51.7, le roi David a dit ceci : « Voici, je suis né dans
l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » David ne disait
pas qu’il était un enfant illégitime ; il déclarait simplement que,
dès le moment de la conception, il était un être pécheur. C’était
la confession d’un homme pécheur qui reconnaissait sa nature
totalement dépravée. Il avait un penchant naturel pour le péché.
En résumé, les humains sont malintentionnés dès le moment
où ils sortent de l’utérus. Ils sont menteurs de naissance. Leurs
paroles et leurs actes sont comparables au venin toxique des
crocs d’un serpent.
Proverbes 22.15 déclare : « La folie est attachée au cœur
de l’enfant ; la verge de la correction l’éloignera de lui. » En
d’autres termes, la folie fait partie intégrante de la nature de
nos enfants. Elle est liée à leur cœur. En tant que parents, notre
travail consiste à les instruire, à les exhorter et à les corriger, de
telle manière qu’ils apprennent à faire ce qui est juste et à rejeter
l’impulsion charnelle de faire le mal8.
50 Être un père selon Dieu

Comprendre la dépravation totale de vos enfants est


fondamental pour les aider à choisir le chemin étroit de la
vie. Bien qu’il soit possible de modifier un tant soit peu le
comportement de vos enfants en leur enseignant des vertus
morales et en les punissant pour leurs mauvaises actions, ce que
vous devez désirer, en fin de compte, c’est de les voir passer des
ténèbres à la lumière. Vous voulez voir leur cœur transformé
par Christ, de sorte qu’au lieu d’aimer le péché, ils affectionnent
la justice ; au lieu de vouloir céder à leurs mauvais désirs, ils
souhaitent exprimer ce qui honore Dieu.
C’est pourquoi bon nombre de questions pratiques concernant
l’éducation des enfants, comme l’horaire que vous choisissez
pour les siestes et le coucher, ont vraiment peu de conséquences.
Aucun horaire, aucune technique d’encadrement, aucun
programme de développement ne débarrasseront vos enfants du
péché présent dans leur cœur. Dans tous vos efforts de parent,
votre objectif doit être d’amener vos enfants à recevoir la grâce
de Jésus-Christ susceptible de transformer leur cœur. Dieu ne
nous a pas donné de petits anges à manipuler avec précaution de
peur qu’ils ne se corrompent. Ils sont déjà des pécheurs qui ont
besoin d’être conduits au salut par la foi en Christ.
Dans une certaine mesure, même le monde séculier se rend
compte que les enfants sont enclins à préférer le mal au bien.
Voici la réponse avancée par des psychologues, des spécialistes
des soins aux enfants, des éducateurs et d’autres experts laïques :
ils nous disent que le problème réside dans le manque d’estime
de soi. Les mauvais comportements des enfants seraient donc
révélateurs d’un manque d’amour-propre ou d’une piètre estime
de soi. Il faudrait par conséquent les encourager à se voir comme
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 51

des personnes bonnes, magnanimes, merveilleuses, afin de leur


procurer une meilleure estime personnelle. C’est pourquoi on
ne devrait pas leur faire de reproches ni même les punir quand
ils font le mal. En revanche, on devrait les encourager en leur
disant : « Tu dois t’aimer et t’accepter comme tu es. »
Évidemment, cette approche ne fait que jeter de l’huile sur
le feu, étant donné que les jeunes sont déjà prédisposés au péché
et à l’égocentrisme. Entretenir leur ego déchu ne fait que les
encourager à céder à leurs propres tendances destructrices et à
agir comme bon leur semble. Au lieu d’encourager les enfants à
grandir et à s’améliorer, nous leur permettons de donner libre
cours à leur égoïsme et de toujours faire à leur guise.
Le mantra de l’estime de soi est aujourd’hui si répandu
que nous le retrouvons intégré à la culture populaire dans
son ensemble. C’est le message dominant de nombreux
livres de développement personnel, d’émissions de télévision
populaires, de chansons contemporaines, de conférences sur
la motivation, de programmes éducatifs et plus encore. Aussi,
certaines ligues de sport pour les jeunes sont-elles organisées
de sorte qu’il n’y a pas de perdants (ni de gagnants, d’ailleurs).
C’est pourquoi de nombreuses écoles utilisent des systèmes de
notation garantissant que personne n’échouera à un cours. En
fait, certains établissements scolaires utilisent une technique
d’estime de soi appelée l’« orthographe inventive ». Quand un
enfant n’épelle pas un mot correctement, il n’est pas corrigé, de
crainte d’étouffer sa capacité à s’exprimer par écrit. (J’avoue qu’il
m’est arrivé de pratiquer l’orthographe inventive quand j’étais à
l’école primaire, mais à l’époque, aucun de mes instituteurs n’a
semblé apprécier mon génie créatif.)
52 Être un père selon Dieu

Tout le mouvement de l’estime de soi n’a contribué qu’à une


seule chose : faire croire aux gens qu’il est sain de s’exprimer
comme ils l’entendent. Ce genre de message ne fait qu’encourager
des comportements répréhensibles. Les enfants apprennent donc
qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et se sentir fiers d’eux-
mêmes. Le résultat : une génération de gens poussés vers la seule
réalisation personnelle de tout désir égoïste qu’ils nourrissent
dans leurs cœurs. La Bible n’a cependant rien à dire de positif
sur l’estime de soi, l’amour-propre ou toute autre variante de
l’égocentrisme. Au contraire, l’Écriture enseigne à confesser ses
péchés (1 Jn 1.9), à se renier soi-même (Lu 9.23), à considérer
les autres comme plus importants que soi (Ph 2.3) et à cultiver le
même genre d’humilité et de sacrifice personnel que ceux dont
a fait preuve Jésus‑Christ (Ph 2.5‑8).
Dans le domaine de l’éducation, les parents affrontent
donc deux énormes pressions : la pression externe d’un monde
corrompu qui pèse sur leurs enfants et la pression interne de
la nature pécheresse de leurs rejetons. Quand les parents ne
parviennent pas à gérer ces pressions, on constate de tragiques
résultats.
Avec cette toile de fond (c’est-à-dire en reconnaissant que
la doctrine de la dépravation totale est un principe fondamental
de la théologie paulinienne, et en sachant à quel point l’apôtre
méprisait les valeurs du monde), nous apprécions d’autant plus
la profonde simplicité de ce précieux conseil adressé aux pères
et résumé en une seule phrase : « Et vous, pères, n’irritez pas
vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur » (Ép 6.4).
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 53

Le modèle parfait de Dieu


pour élever des enfants

Éphésiens 6.4 nous dit précisément ce que nous devons savoir


si nous voulons amener nos enfants à Christ et les encourager à
devenir spirituellement mûrs. C’est un double impératif : un
commandement négatif associé à une ordonnance positive.
Lorsque nous faisons de cette double directive notre priorité
absolue, nous fournissons à nos enfants l’aide dont ils ont besoin
pour répondre correctement aux pressions externes et internes
qu’ils doivent gérer dans leur vie. Bref, le meilleur service que
nous puissions leur rendre consiste à permettre à ce simple verset
de régir l’ensemble de nos responsabilités parentales.

Une responsabilité pour les deux parents

À première vue, ce verset peut donner l’impression de


s’adresser uniquement aux pères, mais le mot traduit par « pères »
est pateres, un terme grec pouvant renvoyer aussi bien aux pères
qu’aux deux parents. Ce principe s’applique donc autant à la mère
qu’au père. Néanmoins, puisque vous êtes investis du rôle de chef
de famille, le choix du mode d’éducation pour lequel vous optez
d’un commun accord avec votre épouse repose sur vous. C’est
également vous qui devrez rendre compte à Dieu de l’orientation
de votre famille. Vos engagements professionnels peuvent toutefois
exiger que vous laissiez à votre femme le soin de s’occuper au
quotidien d’une bonne partie de l’éducation de vos enfants, ainsi
que de la discipline. Cela n’empêche pas qu’en vertu de votre rôle
de chef de famille, vous assumez la responsabilité de prendre les
décisions qui régiront le mode d’éducation et de correction de vos
enfants. Ensuite, il est nécessaire de corroborer et de renforcer
54 Être un père selon Dieu

activement tout ce que votre femme entreprend en vue de mettre


à exécution ces décisions. Vous ne pouvez pas rester passif dans le
processus de la parentalité.

La responsabilité d’amener vos enfants à Christ

« Élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le


Seigneur » signifie tout d’abord que votre premier devoir est
d’être un évangéliste au sein de votre propre foyer. Vos enfants
ont besoin d’apprendre qu’ils sont pécheurs et séparés de Dieu, et
qu’ils ressentiront des impulsions qui déshonorent Dieu. On doit
également leur montrer franchement que les conséquences de leur
péché comprennent la perte de bénédictions, les difficultés dans la
vie, la mort éventuelle et l’éternité en enfer, séparé de Dieu. Les
enfants ont besoin de savoir tout cela.
Certains parents pensent qu’il suffit de dire à leurs enfants
que Jésus veut être leur ami. Or, il vous est impossible de parler
de la grâce et du pardon de Dieu à vos enfants, à moins qu’ils ne
connaissent sa loi et son jugement. Tant qu’ils n’auront pas compris
que leur péché les sépare de Dieu, ils ne pourront comprendre
leur besoin d’être rachetés. Ils doivent prendre conscience de leur
transgression de la loi divine et de leur incapacité d’y obéir par eux-
mêmes et de plaire à Dieu. Ils doivent se rendre compte que toute
tentative visant à observer, en apparence, les préceptes divins est
vouée à l’échec ; en effet, c’est leur cœur qui doit être transformé,
pas seulement leur comportement.
Vos enfants ont besoin de savoir qu’en tant que pécheurs, ils
sont voués au châtiment éternel, à moins qu’ils ne mettent leur
confiance en Jésus-Christ et bénéficient ainsi du pardon de leurs
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 55

péchés. C’est à cette seule condition qu’ils peuvent espérer aller


un jour au ciel. En résumé, votre première tâche, en tant que
père, consiste à vous assurer, de manière résolue, du salut éternel
de vos enfants.
Vous vous demandez peut-être : « Que faire si mes enfants
sont petits ? L’Évangile n’est-il pas trop difficile à comprendre pour
eux ? Dois-je abréger, en quelque sorte, le message de l’Évangile
quand je leur en parle ? »
Il n’y a aucune raison biblique de modifier la bonne nouvelle
de l’Évangile pour des enfants en bas âge. Ce qui importe,
c’est que vous ayez recours à une terminologie qu’ils sont à
même de saisir. Votre objectif est d’être clair et patient en
communiquant le message. Gardez-vous de noyer vos enfants
dans une mer de verbiage et de les étouffer sous le poids
d’arguments théologiques complexes.
Quand l’Écriture parle de l’évangélisation de vos enfants,
l’accent est mis sur le fait qu’elle doit être approfondie et soutenue.
Par exemple, Deutéronome 6.6,7 affirme :
Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront
dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en
parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en
voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.

Vous devez enseigner constamment à vos enfants la vérité à


propos de Dieu, du jugement, de la grâce, du pardon et du salut.
Cela doit être fait au coucher et au lever, quand vous êtes à la
maison ou en chemin. En d’autres termes, il n’existe pas de temps
inapproprié pour enseigner à vos enfants la vérité biblique. Vous
56 Être un père selon Dieu

n’avez pas besoin de les accabler de discussions complexes, mais


ne soyez pas non plus trop simpliste. Vous ne voulez pas flouer la
compréhension de vos enfants quant à l’Évangile et à la signification
d’être sauvé de ses péchés.
Les gens me demandent souvent : « À quel âge dois-je
évangéliser mes enfants ? » De toute évidence, les enfants ne sont
pas en mesure de venir au salut tant qu’ils sont trop jeunes pour
comprendre le message de l’Évangile et l’embrasser avec une foi
authentique. Il est toutefois indiqué de commencer dès qu’ils sont
assez mûrs pour comprendre le péché, la repentance, la foi et la
punition. Ils doivent être suffisamment âgés pour saisir la gravité de
leur péché et la nature de la sainte norme de Dieu.
L’âge varie donc d’un enfant à l’autre. Tandis que vous
commencez à leur enseigner les concepts de base et continuez à
les instruire, Dieu accomplit son œuvre. À un moment donné, vos
enfants parviendront à une compréhension limpide. En chemin,
vous allez voir des réactions positives
et des expressions enfantines
Tandis que vous
de confiance. Encouragez-les à
commencez à leur
mesure qu’ils franchissent une
enseigner les concepts
autre étape de maturité sur la route
de base et continuez
de la foi. Cela dit, ne faites pas
à les instruire, Dieu
l’erreur de penser que la destinée
accomplit son œuvre.
éternelle de vos enfants est acquise
dans la mesure où quelqu’un les a
persuadés de demander à Jésus de venir dans leur cœur, de lever
la main après une leçon biblique ou de se montrer intéressés à
ce que Jésus devienne leur ami. Recherchez le moment où vos
enfants comprennent vraiment où ils en sont avec Dieu (quand
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 57

ils ressentent le poids de leur culpabilité, considèrent la beauté


de la justice de Christ et se repentent avec foi pour accepter Jésus
comme leur Sauveur et Seigneur).
En réalité, l’idée d’apprendre à ses enfants à inviter Jésus
dans leur cœur est bien loin de ce que Paul avait à l’esprit quand
il exhortait les pères à élever leurs enfants « en les corrigeant et
en les instruisant selon le Seigneur ». Il décrit expressément un
processus régulier d’orientation et de mentorat, et non une simple
prière récitée par cœur telle une formule magique. Les pécheurs,
y compris les enfants, sont sauvés uniquement par grâce, par le
moyen de la foi. Les œuvres, y compris les prières, ne sauvent
personne. Certes, la foi qui sauve est comme celle d’un enfant,
dans le sens où elle suppose une confiance humble et aveugle
(Mt 18.3,4). Il ne peut néanmoins y avoir de foi là où la vérité de
l’Évangile est inconnue (Ro 10.14). La foi authentique vient donc
avec la compréhension spirituelle (1 Jn 5.20). Ne présumez pas
que les premiers signes d’intérêt que votre enfant porte à Christ
indiquent une foi suffisamment mûre pour recevoir le salut. Je
connais de nombreuses personnes ayant « invité Jésus dans leur
cœur » au cours de leur enfance, qui se sont éloignées de Christ
avant que la foi ne puisse arriver à une pleine maturité. Là encore,
les deux passages, dans Éphésiens 6.4 et Deutéronome 6.7,
utilisent des expressions soulignant la nécessité de constance, de
fidélité et de diligence en matière d’éducation et de correction
des enfants. N’abandonnez pas cette tâche en pensant avoir rempli
votre devoir, juste parce que vos enfants semblent s’intéresser à
Jésus dès un très jeune âge.
En outre, ne vous permettez pas d’adoucir des portions du
message de l’Évangile qui vous semblent désagréables. Vos enfants
58 Être un père selon Dieu

doivent connaître l’existence de l’enfer et du jugement, ainsi que


la raison pour laquelle Christ est mort sur la croix, soit pour
expier nos péchés. Expliquez le tout dans un registre qui leur
est familier. N’atténuez ni la nécessité d’un engagement envers
Christ ni l’abandon total à sa suprématie.
Voyons, à présent, ce qu’il convient de leur dire précisément.
Quel genre d’informations vos enfants ont-ils besoin de
connaître ? Permettez-moi de vous donner un plan à suivre :

Enseignez à vos enfants que Dieu est saint


Enseignez à vos enfants que Dieu est un Dieu saint. Il est
sans péché, ne fait jamais rien de mal et ne peut pas voir le mal.
Vous pouvez leur lire les passages bibliques suivants :
Lévitique 11.44 : « Car je suis l’Éternel, votre Dieu ; vous vous
sanctifierez, et vous serez saints, car je suis saint. »

1 Samuel 2.2 : « Nul n’est saint comme l’Éternel ; il n’y a


point d’autre Dieu que toi ; il n’y a point de rocher comme
notre Dieu. »

1 Samuel 6.20 : « Qui peut subsister en présence de l’Éternel,


de ce Dieu saint ? Et vers qui l’arche doit-elle monter, en
s’éloignant de nous ? »

Matthieu 5.48 : « Soyez donc parfaits, comme votre Père


céleste est parfait. »

1 Pierre 1.15,16 : « Mais, puisque celui qui vous a appelés est


saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon
qu’il est écrit : Vous serez saints, car je suis saint. »
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 59

Hébreux 12.14 : « Recherchez la paix avec tous, et la


sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. »

Expliquez à vos enfants que Dieu est absolument saint et


qu’il a établi une norme absolument sainte pour quiconque
désire se tenir en sa présence. Demandez-leur s’ils sont parfaits
comme Dieu est parfait, et ils sauront qu’ils ne le sont pas.
Puisque Dieu est saint, il hait le péché et jugera les pécheurs,
qui ne pourront se tenir en sa présence.
Habakuk 1.13 : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et
tu ne peux pas regarder l’iniquité. »

Psaumes 1.5 : « C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au


jour du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes. »

Enseignez à vos enfants ce qui concerne le péché


Aidez vos enfants à comprendre qu’ils ne sont pas à la hauteur
de la norme parfaite de Dieu. La seule façon qui leur soit donnée
de recevoir le pardon de Dieu est de se détourner du péché.
Expliquez-leur que l’Évangile est un message de pardon s’adressant
aux personnes qui, sans cela, seraient condamnées au châtiment
éternel en enfer.
Pour que vos enfants puissent acquérir une compréhension
de ce qu’est le péché, mentionnez des péchés précis : mauvaises
dispositions d’esprit, mensonges, incapacité à obéir à Dieu ou à
leurs parents. Expliquez-leur que la raison pour laquelle ils pèchent
est que le péché réside dans leur cœur. Ils doivent donc comprendre
qu’en dépit de leurs efforts pour parvenir à être bons, ils seront
toujours en deçà du standard parfait de Dieu, étant donné qu’ils
60 Être un père selon Dieu

sont pécheurs par nature ; seule la foi en Christ leur permettra


d’avoir un cœur purifié.
Faites en sorte qu’ils comprennent bien que tout le monde est
dans la même situation ; ne leur donnez pas l’impression d’être
les seuls. Faites-leur savoir que vous aussi avez reconnu, à moment
donné, votre besoin du pardon de Dieu. En fait, dites-leur comment
vous vous êtes rendu compte que vous aviez besoin d’un Sauveur et
vous êtes devenu chrétien.
Expliquez-leur que Christ est venu sur terre précisément pour
appeler les pécheurs à le suivre. Jésus a dit : « Ce ne sont pas ceux
qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je
ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mc 2.17).
Il est venu parce que personne ne peut rien faire pour gagner son
salut. Les bonnes œuvres ne suffisent pas. Selon Romains 3.20 :
« Car personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la
loi, puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché. »
Galates 2.16 affirme : « Sachant que ce n’est pas par les œuvres de
la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ. »
En tant que pécheurs, nous sommes complètement impuissants
devant Dieu.

Enseignez à vos enfants ce que Christ a fait pour eux


Racontez l’histoire de Jésus à vos enfants. Expliquez-leur
qu’il est Dieu et qu’il est venu sur terre sous forme humaine
pour vivre parmi nous (Jn 1.1,14). « Car Dieu a tant aimé le
monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit
en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3.16).
Assurez-vous que vos enfants comprennent qui est Jésus :
Élever ses enfants selon le Seigneur – Première partie 61

Actes 10.36 : « Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. »

Philippiens 2.10,11 : « Afin qu’au nom de Jésus tout genou


fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que
toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la
gloire de Dieu le Père. »

Apocalypse 17.14 : « Il est le Seigneur des seigneurs et le Roi


des rois. »

Philippiens 2.5‑7 explique que « Jésus-Christ, existant


en forme de Dieu […] n’a point regardé son égalité avec Dieu
comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même,
en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux
hommes ; et il a paru comme un vrai homme. » Il est venu
dans le monde pour prendre forme humaine et « a été tenté
comme nous en toutes choses, sans commettre de péché »
(Hé 4.15). Il a vécu une vie pure et sans péché. Nous lisons
dans 1 Pierre 2.22 : « Lui qui n’a point commis de péché, et
dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude. » Et
dans 1 Jean 3.5 : « Il n’y a point en lui de péché. » 
Dites à vos enfants que le Dieu éternel, qui est le Seigneur
de tous, s’est fait homme et a vécu une vie sans péché. Il est
mort sur la croix pour devenir un sacrifice pour nos péchés.
Selon 2 Corinthiens 5.21 : « Celui qui n’a point connu le péché,
[Dieu, le Père] l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous
devenions en lui justice de Dieu. » Jésus s’est sacrifié pour nous
et a reçu le châtiment de Dieu pour nos péchés. C’est pourquoi
Jésus est mort sur la croix : pour se charger de tous nos péchés
et nous donner un moyen d’être réconciliés avec Dieu.
62 Être un père selon Dieu

Trois jours après sa crucifixion, Jésus est ressuscité d’entre


les morts : « Jésus notre Seigneur, qui a été livré pour nos
offenses, et est ressuscité pour notre justification » (Ro 4.25).
La mort de Jésus a satisfait la justice de Dieu, c’est pourquoi
il l’a ressuscité des morts. Ainsi, Jésus a vaincu le péché, la
mort et Satan. Avec l’aide de Christ, nous pouvons recevoir le
pardon de nos péchés et accéder au ciel.

Enseignez à vos enfants ce que Dieu leur demande


de faire en retour
Comment vos enfants doivent-ils répondre au message
de l’Évangile ? Dieu les appelle à se repentir et à mettre leur
confiance en Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur.
Selon Actes 16.31 : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé,
toi et ta famille. » Conseillez vivement à vos enfants de mettre
leur confiance en Christ et de le chercher de tout leur cœur
avant qu’il ne soit trop tard.

Le plus grand privilège des parents

Même les très jeunes enfants peuvent comprendre ces


vérités si vous les leur expliquez simplement et clairement.
Il n’y a aucune différence entre leur parler de l’Évangile et
en parler à un adulte. Le facteur déterminant du succès de
cette entreprise est un environnement familial plein d’amour.
Continuez à leur présenter l’Évangile, et, selon les occasions
qui vous sont données, parlez-leur de votre propre foi. Gardez
à l’esprit que le cœur des enfants est plus tendre, plus avide et
plus sensible que celui des adultes, car il est exempt d’égoïsme
accumulé, de mondanité nourrie et de convoitises entretenues
pendant des années.
Quel privilège merveilleux que celui de conduire ses enfants
à Christ ! C’est une étape fondamentale dans l’accomplissement
du commandement de Dieu adressé aux parents : « Et vous,
pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant
et en les instruisant selon le Seigneur » (Ép 6.4). Puissiez-
vous chercher à vous acquitter de cette responsabilité avec
tendresse, amour et patience, afin de compter parmi ceux qui
sauront éduquer la génération émergente à aimer le Seigneur
et à lui rendre gloire.
L’essence de l’amour parental consiste à reconnaître que
nous sommes les dispensateurs de la grâce de Dieu dans
la vie de nos enfants. Ils apprennent à découvrir et à
vénérer le caractère de Dieu en observant notre façon de
les traiter, tant dans les moments d’immense fierté que
dans les périodes de profonde déception9.
Bryan Chapell
CHAPITRE 3

Élever ses enfants


selon le Seigneur
– Deuxième partie –

E n poursuivant notre étude sur Éphésiens 6.4 pour en


apprendre davantage sur le modèle parfait de Dieu
concernant l’éducation de nos enfants, il est essentiel de rappeler
le contexte plus élargi du livre d’Éphésiens. C’est un livre qui
nous appelle à vivre différemment en tant que chrétiens : nous
ne devons pas adopter le mode de vie du monde. Nous sommes
appelés à marcher dans la lumière de Dieu et non dans l’obscurité
du monde. Nous devons vivre selon la sagesse divine, pas selon
la folie de notre société. Nous sommes invités à marcher selon
l’Esprit et non selon la chair. Nous devons vivre différemment
parce que nous sommes des enfants de Dieu, que l’Esprit de
Dieu vit en nous et que nous obéissons à la Parole de Dieu.
Dès le début du livre d’Éphésiens, on nous dit que « Dieu nous
a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints
et irréprochables devant lui » (1.4). On apprend que Dieu « opère

65
66 Être un père selon Dieu

toutes choses d’après le conseil de sa volonté […] pour célébrer sa


gloire » et que le but de son salut est que nous lui rendions la gloire
(1.11‑14). Il nous a sauvés « pour de bonnes œuvres, que Dieu a
préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (2.10). Pour ces
raisons, nous sommes exhortés à « marcher d’une manière digne
de la vocation qui [nous] a été adressée » (4.1). Nous devons « [nous]
dépouiller […] du vieil homme qui se corrompt […] et […] revêtir
l’homme nouveau, créé selon Dieu » (4.22‑24). Il nous faut donc
devenir « les imitateurs de Dieu » (5.1) et marcher « comme des
enfants de lumière » (v. 8).
C’est à la suite de toutes ces exhortations à vivre une vie sainte
que Dieu nous présente son modèle parfait pour le mariage et la
famille (Ép 5.22 – 6.4). Le mode de vie auquel Dieu nous convie,
en tant que chrétiens, doit donc
inspirer toutes les relations dans
Notre norme de
le cadre familial. Quand il s’agit
la famille est
d’assumer son rôle de conjoint
complètement
et de parent, nul besoin d’agir à
différente : elle trouve
la manière des incroyants. On
son fondement dans
ne doit pas davantage succomber
la Bible et vient de
aux pressions du monde qui
Dieu lui-même.
nous dictent comment gérer
nos relations familiales. Notre
norme de la famille est complètement différente : elle trouve son
fondement dans la Bible et vient de Dieu lui-même.
Plutôt que d’écouter la sagesse humaine imparfaite et les
diagnostics de la société contemporaine, nous devons suivre les
recommandations de Dieu. Elles se résument magnifiquement
dans ce simple précepte : « Et vous, pères, n’irritez pas vos
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 67

enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant


selon le Seigneur » (Ép 6.4). Ce n’est pas le message de la sagesse
conventionnelle, de la rectitude politique ou de la psychologie
séculière. C’est ce que Dieu déclare.
En ce qui nous concerne, il est logique de suivre la Parole de
Dieu quand l’éducation de nos enfants est en jeu puisque c’est
Dieu qui nous les a confiés. « Voici, des fils sont un héritage de
l’Éternel, le fruit des entrailles est une récompense » (Ps 127.3).
Nos enfants sont des cadeaux de Dieu ; ils nous sont donnés en
guise de bénédiction.
Pourtant, combien de fois les enfants deviennent-ils une source
de chagrin lorsque le modèle de Dieu concernant la parentalité
n’est pas appliqué consciencieusement ? Si Dieu nous a donné cette
directive, dans Éphésiens 6.4, c’est bien dans le but d’amener
nos enfants à l’honorer. Aussi est-il crucial de fonder tous nos
efforts parentaux sur ce simple avertissement : « N’irritez pas vos
enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon
le Seigneur. » 

Les priorités du parent chrétien

Dans Éphésiens 6.4, nous trouvons à la fois deux directives,


l’une négative, et l’autre, positive. Commençons d’abord par la
négative : « Pères, n’irritez pas vos enfants. »

N’irritez pas vos enfants

L’instruction « n’irritez pas vos enfants » était un concept


révolutionnaire dans la culture païenne, à l’époque où Paul a
68 Être un père selon Dieu

rédigé cette épître. En effet, le droit romain octroyait aux pères


un pouvoir absolu sur leurs familles : il s’agissait du patria potestas
(expression latine signifiant « puissance paternelle »). Un père
pouvait diriger sa famille d’une main de fer sans être obligé de
considérer le bien-être et encore moins les désirs de sa femme
et de ses enfants. En fait, quand un enfant venait au monde, le
père décidait de la vie ou de la mort du bébé. Un père pouvait
traiter ses enfants comme bon lui semblait. Il pouvait les punir de
la façon qu’il voulait, ou même les vendre en esclavage ou les faire
exécuter, peu importe leur âge.
En outre, l’infanticide était une pratique courante dans la
Rome antique ; elle ne fut prohibée qu’en l’an 374 apr. J.‑C. Nous
apprenons de l’orateur romain Sénèque que les enfants chétifs
et difformes étaient noyés. Certains historiens affirment que les
bébés abandonnés étaient parfois récupérés par des gens sans
scrupules qui se chargeaient de les nourrir et de les élever en vue
d’en faire des esclaves et des prostituées.
Paul s’adressait donc à une société qui tolérait la maltraitance
des enfants jusqu’à l’infanticide. On se plaît souvent à penser que
l’on est beaucoup plus cultivé aujourd’hui, mais il n’en est rien ; avec
la tragique légalisation de l’avortement, on n’est pas si différents
des Romains de l’Antiquité. En outre, de nombreux parents
considèrent aujourd’hui les enfants comme un désagrément.
Certains disent même que s’ils devaient tout recommencer,
ils n’auraient pas d’enfants. Sans parler des nombreux enfants
placés dans des foyers d’accueil, non en raison du décès de leurs
parents, mais parce que ces derniers ne veulent pas d’eux. L’un
des principaux facteurs conduisant au suicide chez les jeunes est le
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 69

rejet, voire la haine, de leurs propres parents. L’hostilité envers les


enfants est aussi une réalité dramatique à notre époque.
C’est dans ce contexte d’animosité envers les enfants que
la Parole de Dieu prescrit : « Pères, n’irritez pas vos enfants. »
En d’autres termes, ne les exaspérez pas. Ne placez pas sur eux
des attentes déraisonnables. Gardez-vous de faire des choses
susceptibles de les mettre en colère ou de générer en eux du
désespoir ou du ressentiment. Les paroles de Paul concernant
le fait d’irriter un enfant suggèrent un mode de comportement
parental répété et continuel qui, avec le temps, exaspère l’enfant
et le met en colère.
À ce stade, j’aimerais vous faire part de quelques mises en
garde clés. Premièrement, bien qu’Éphésiens 6.4 s’applique aux
deux parents, c’est souvent le père qui, en vertu de sa position de
chef de famille, finit par irriter l’enfant, intentionnellement ou
pas. Les façons les plus courantes d’irriter un enfant consistent
à lui imposer des règles inappropriées dans la maison ou une
correction excessive. Le père étant souvent celui qui fixe les règles
ou se charge de la correction, il peut facilement irriter un enfant,
même par inadvertance. Cela exige de votre part le recours à la
prudence dans vos échanges avec vos enfants.
Deuxièmement, vous pourriez être prompt à dire : « Jamais je
ne ferais quoi que ce soit d’intentionnel pour irriter mon enfant. »
En dépit de nos meilleures intentions, il est pourtant facile d’en être
coupable. Par exemple, nous plaçons peut-être trop de restrictions
sur nos enfants. L’un des défis de la parentalité consiste à ajuster
fréquemment nos consignes et nos règles en fonction de l’âge et de
la maturité de nos enfants.
70 Être un père selon Dieu

Quelles sont d’autres manières d’irriter involontairement


ses enfants ? Il existe bien des façons de le faire, mais je vous
mentionnerai les dix plus communes. En parcourant la liste, vous
prendrez sûrement conscience d’autres domaines nécessitant de la
prudence dans votre rôle de parent.

En les surprotégeant
Si vous voulez exaspérer vos enfants, multipliez les restrictions
et ne leur faites pas confiance. Ne leur donnez pas la possibilité de
devenir autonomes. Gardez-les sous une surveillance stricte à tout
moment. En revanche, si vous voulez que vos enfants s’épanouissent
et profitent de la vie, permettez-leur de s’exprimer, d’explorer
leur univers et de vivre de nouvelles aventures. Soyez disposé à
lâcher du lest progressivement, à mesure qu’ils grandissent.

En faisant preuve de favoritisme


On se rappelle comment, dans l’Ancien Testament, Isaac a
préféré Ésaü à Jacob. Pour Rebecca, la femme d’Isaac, c’était tout
le contraire : elle préférait Jacob à Ésaü. Les tristes conséquences
de ce malheureux favoritisme sont bien connues. Jacob usa de
tromperie pour voler à Ésaü son héritage ; Ésaü s’irrita au point
où Jacob comprit qu’il lui fallait fuir la vengeance de son frère.
Rebecca ne revit jamais Jacob.
Ne comparez pas vos enfants entre eux. Ne dites pas des
choses du genre : « Pourquoi ne ressembles-tu pas davantage à ton
frère ? » ou : « Pourquoi ta chambre n’est-elle pas aussi bien rangée
que celle de ta sœur ? » Si un enfant a des raisons de penser que
vous lui préférez son frère ou sa sœur, cela ne manquera pas de
générer en lui de profonds sentiments de peine et de rejet.
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 71

En établissant des objectifs irréalistes


Certains parents écrasent leurs enfants en les poussant outre
mesure à exceller à l’école, dans les sports, en musique ou dans
toute autre activité qu’ils pratiquent. Fréquemment, cette pression
n’a pas grand-chose à voir avec l’enfant, et tout à voir avec l’orgueil
ou la réputation des parents.
Les enfants deviennent très frustrés quand ils estiment qu’il
est impossible de satisfaire leurs parents par quelque moyen que
ce soit. Malgré tous leurs efforts, ils ne peuvent leur plaire. Les
parents relèvent continuellement la barre ; de plus, ils ne sont pas
sensibles aux capacités de l’enfant ou à son niveau de compétence.
Cela peut générer de la colère et de l’amertume chez lui.
À l’époque où mes fils étaient jeunes et pratiquaient des sports
en équipe, je me souviens de pères qui rabaissaient leurs enfants
pour leur performance sur le terrain. Même quand ils jouaient
bien, leurs pères les critiquaient. Cela leur inspirait la peur et la
frustration. Par conséquent, les enfants avaient du mal à bien jouer
durant la partie.
Voilà quelques années, j’ai connu une jeune fille très accomplie
qui a pourtant fini par se suicider parce que sa mère critiquait tout
ce qu’elle faisait. Étudiante brillante, elle participait activement
aux activités de son école. Cependant, les propos de sa mère la
plongèrent dans une grave dépression au point où elle dut se faire
traiter dans un établissement médical spécialisé. Lorsqu’elle fut de
retour chez elle, les critiques reprirent de plus belle, et la jeune fille
décida finalement d’abréger sa propre existence. Pourquoi ? Avant
son dernier coup de déprime, elle m’avoua : « Peu importe ce que
je fais, ma mère n’est jamais satisfaite. »
72 Être un père selon Dieu

Pères, nous devons faire attention à ne pas pousser nos enfants


au point de les exaspérer jusqu’au suicide.

En leur permettant d’être trop complaisants


Vous pouvez frustrer vos enfants jusqu’à l’exaspération en leur
donnant tout ce qu’ils désirent, en passant tout le temps derrière
eux et en leur permettant de jeter la pierre aux autres au lieu de
prendre leurs responsabilités et de répondre de leurs actes. Vous
pouvez trop les gâter en leur permettant de pécher et de s’en tirer à
bon compte, ce qui les encouragera à réitérer sans cesse. Pourtant,
un jour viendra où ils devront affronter le monde, seuls. Quand les
gens ne les serviront plus ou ne leur permettront pas de décliner la
responsabilité de leurs méfaits, ils exploseront de rage.

En les décourageant
Cela peut survenir de deux façons : (1) un manque de
compréhension de votre part, et (2) un manque d’encouragements
à l’égard de vos enfants. Les deux détruiront la motivation
de vos enfants. Il est donc vital que vous preniez le temps de
bien les comprendre. Prenez le temps de déterminer ce qui les
pousse à adopter un certain comportement ou ce qu’ils essaient
d’accomplir. Accordez-leur de l’attention et beaucoup d’affection.
Manifestez‑leur votre approbation et faites-leur honneur quand
cela est approprié ; montrez-vous patient avec eux. Faites en sorte
que vos attentes soient accessibles et non irréalistes. Gardez-vous
de réagir d’une manière qui pourrait les amener à se sentir vaincus
ou découragés.
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 73

En omettant de faire des sacrifices pour eux


Une autre façon d’irriter vos enfants est de leur donner
l’impression qu’ils sont des intrus dans votre vie. Ouvertement
ou subtilement, vous leur communiquez qu’ils vous gênent parce
qu’ils vous empêchent de faire ce que vous voulez ou d’aller là où
bon vous semble. Vous attendez avec impatience de les déposer
chez quelqu’un d’autre ou de les envoyer pratiquer une activité,
afin d’être libre de faire ce qui vous intéresse. Vous ne recherchez
que votre propre divertissement et votre plaisir personnel ; les
enfants n’ont qu’à se débrouiller par leurs propres moyens. Vous
leur dites même de préparer leurs propres repas et de ne pas vous
interrompre, car ce que vous faites est plus important qu’eux.
Lorsque vous êtes insensible et inaccessible à ce point, vos enfants
finissent par vous en vouloir.

En refusant de leur permettre de grandir


Les enfants ne sont pas parfaits. Ils ont beaucoup à apprendre
et les erreurs de parcours sont inévitables. Alors… armez-vous
d’humour ! Ils versent quelque chose sur la table : rigolez ! Ils sont
jeunes et acquièrent encore dextérité et coordination. Lorsque
vous demandez à vos enfants d’accomplir quelque chose et que
le résultat n’est pas tout à fait satisfaisant, n’en faites pas tout un
plat. Accompagnez-les, félicitez-les d’avoir essayé et apprenez-leur
à faire mieux la prochaine fois. Attendez-vous à des progrès, pas à
la perfection.
74 Être un père selon Dieu

En les négligeant
La relation du roi David avec son fils Absalom constitue
une illustration biblique bien connue de négligence parentale.
De toute évidence, David était si occupé qu’il consacra peu de
temps à son fils ; Absalom grandit en méprisant son père ainsi
que d’autres membres de sa famille. Il se révolta contre l’autorité
royale de David et mit en place un complot élaboré en vue de le
détrôner. Les détails sordides de ses actes nous sont rapportés dans
2 Samuel 13 ‑ 18. Finalement, Absalom trouva la mort au combat.
La négligence de David n’était certainement pas un cas
de froide indifférence. Il est clair qu’il aimait profondément
Absalom. On nous dit que David pleura beaucoup la mort de son
fils (2 S 18.33). D’ailleurs, ce fut l’un des plus grands drames
dans la vie de David. En tant que père, vous devez vous assurer
que vos enfants savent constamment que vous les aimez. Il ne
suffit pas que vous sachiez, dans votre esprit et votre cœur, que
vous les aimez. Il vous faut exprimer votre amour de manière
explicite et le leur prouver en leur consacrant du temps et en
leur montrant un vif intérêt pour ce qu’ils font.
Quand mes fils Matt et Mark étaient enfants, j’ai conclu une
entente avec eux. Je me suis engagé à aller les voir jouer. À leur
tour, ils se sont engagés à venir à l’église pour entendre mes
sermons. Nous avons participé à nos mondes respectifs ; par
conséquent, il nous a été facile de cultiver de bonnes et solides
relations père-fils, qui perdurent à ce jour.
Dans le chapitre précédent, j’ai mentionné que, de manière
générale, quand on considère des criminels endurcis, la première
pensée qui nous vient à l’esprit est : Que leur ont fait leurs parents
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 75

pour qu’ils en arrivent là ? Toutefois, comme nous l’avons également


souligné, le problème ne concerne pas nécessairement ce que les
parents ont fait, mais ce qu’ils ont omis de faire. Lorsque les enfants
sont négligés et livrés à eux-mêmes, sans la moindre discipline de
la part des parents, ils deviennent des adultes comme Absalom.

En leur adressant des paroles méchantes


La violence verbale peut influencer profondément les enfants.
Au moyen de simples mots, il est très facile à un parent de mettre
en lambeaux le cœur d’un petit enfant. Cela peut inclure des
paroles exprimées dans un accès de rage, du sarcasme ou le fait
de ridiculiser l’enfant. Certains parents se permettent de dire à
leurs enfants des choses qu’ils se garderaient bien d’exprimer à
un adulte. Or, les enfants sont souvent incapables de se défendre,
étant donné qu’ils ne savent comment réagir. La violence verbale
les blesse et les broie, et fait naître chez eux un sentiment de rejet.
Au fil du temps, ce traitement finit par générer de l’amertume et
conduit l’enfant à la rébellion.

En recourant à la violence physique


Certains parents sont trop zélés quand il s’agit de punir leurs
enfants et finissent par les malmener. Ils deviennent absolument
déraisonnables quant aux mesures disciplinaires appropriées et vont
même jusqu’à les blesser. C’est la pire forme d’intimidation et de
brutalité. Au contraire, les parents devraient être les plus dévoués à
aimer et à protéger leurs enfants. Lorsqu’ils blessent et brutalisent
leurs propres enfants, le préjudice est incommensurable. Comme
si la blessure physique ne suffisait pas, cette forme de violence
porte également atteinte en permanence à l’esprit de l’enfant. User
de sa force et profiter d’un avantage physique évident remplit un
76 Être un père selon Dieu

enfant d’épouvante. Un enfant maltraité physiquement grandit


immanquablement avec un esprit de vengeance envers ses parents ;
il usera de la même brutalité envers autrui en grandissant.
Dans Hébreux 12.5‑7, nous lisons que Dieu châtie ses enfants
avec amour. Quand notre Père céleste nous corrige, l’amour est
toujours de rigueur. Le châtiment peut être, certes, douloureux,
mais nous savons qu’il est toujours juste et sensé. Quand vous
punissez vos enfants, assurez-vous de ne pas être sous l’emprise de la
colère ou d’un sentiment de vengeance. Prenez le temps d’évaluer la
situation avant de déterminer une réaction appropriée. Demandez
au Seigneur de vous donner un esprit calme et affectueux ; faites
en sorte que votre réprimande émane d’une compassion et d’une
préoccupation véritables pour le bien-être de votre enfant.
Ce ne sont que dix façons possibles d’irriter un enfant en
tant que parent ; il en existe beaucoup d’autres. Peu importe
la manière dont on s’y prend, le fait d’irriter un enfant finit
toujours par l’exaspérer et l’éloigner. Cela génère une attitude
destructrice de ressentiment dans son cœur, qui, à la longue,
anéantira votre famille.
Nous venons de voir la première moitié du modèle de Dieu
quant au rôle parental tel qu’on peut le lire dans Éphésiens 6.4.
Je vous propose de considérer la seconde moitié, ou la
composante positive :

Élevez-les en les corrigeant et en les instruisant


selon le Seigneur

Dans le chapitre précédent, nous avons pris conscience des


énormes pressions externes et internes auxquelles sont soumis
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 77

nos enfants durant leur développement. Ils sont non seulement


entourés d’influences corruptrices dans le monde, mais se
retrouvent également en proie aux désirs coupables de leur
cœur. Ces pressions, qui sont à la fois externes et internes, sont
permanentes et représentent tout un défi pour nous, les parents.
À la lumière de cette réalité, Dieu nous donne le commandement
suivant, de sorte que nous puissions élever nos enfants dans le
droit chemin : « Élevez-les en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur » (Ép 6.4). Si l’on tient à élever ses enfants de
sorte qu’ils vivent une existence vertueuse à la gloire de Dieu, il
est absolument nécessaire de suivre cette ligne directrice.
L’expression « élevez-les » sous-entend que nos enfants n’ont
pas la capacité de bien se développer par leurs propres moyens.
Notre participation proactive
à leur vie en tant que chef de
Vous êtes appelé à
famille, guide et protecteur leur
veiller sciemment et
est essentielle. Proverbes 29.15
continuellement au
déclare : « L’enfant livré à lui-
bon développement de
même fait honte à sa mère. »
vos enfants.
Nous voyons, de nouveau, que ce
n’est pas tant ce que les parents
font à leurs enfants qui les façonne, que ce qu’ils ne font pas. Un
manque de correction et d’instruction les laisse aller à la dérive
et les abandonne à la merci des influences négatives du monde.
Vous êtes appelé à veiller sciemment et continuellement au bon
développement de vos enfants.
Les termes « corrigeant » et « instruisant », comme Paul
les emploie ici, nous sont également utiles. Le mot grec traduit
par « corrigeant », nouthesia, parle de réprimande et de mise
78 Être un père selon Dieu

en garde. Il traduit l’idée d’un avertissement parental plein de


douceur et de compassion. Le mot traduit par « instruisant »
est pedeia, que certaines versions bibliques traduisent aussi par
« conseillant ». Lorsque vous exhortez et conseillez vos enfants,
vous accomplissez votre devoir, selon Éphésiens 6.4.
En quoi cela consiste-t-il au quotidien ? Comment pouvons-
nous élever nos enfants « en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur ? »

Veillez sur le cœur de votre enfant


Proverbes 4.23 va droit au but quant à la responsabilité
parentale : on doit « [garder son] cœur plus que toute autre chose,
car de lui viennent les sources de la vie ». Étant donné que toutes
les questions de la vie procèdent du cœur, nous devons prêter
une attention particulière au cœur de nos enfants.
Dans Marc 7.21‑23, Jésus dit : « Car c’est du dedans, c’est
du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les
adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités,
les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la
calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent
du dedans, et souillent l’homme. »
Notre Seigneur fait un autre commentaire à ce sujet, dans
Luc 6.45 : « L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de
son cœur, et le méchant tire de mauvaises choses de son mauvais
trésor ; car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. »
Quand on aborde l’éducation de nos enfants, il est impératif
de reconnaître leur problème de cœur. Chaque fois qu’ils font
le mal, ils manifestent ce qui est à l’intérieur. Il ne suffit pas de
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 79

modifier leur comportement de sorte à les amener à avoir une


conduite acceptable. Il faut s’attaquer à la condition même de
leur cœur. Si l’on se contente de modifier leur comportement,
le péché et la rébellion qui résident dans leur cœur finiront par
faire surface et s’extérioriser.
Aussi vos enfants doivent-ils nécessairement comprendre
qu’ils ont un cœur pécheur. S’ils s’interrogent sur l’origine de
leurs paroles, de leurs pensées et de leurs actions mauvaises, dites-
leur qu’elles viennent de leur cœur corrompu. Et ce cœur‑là doit
être changé, ce qui ne peut arriver qu’à la seule condition qu’ils se
tournent vers Christ pour être sauvés.
Dans son livre intitulé Shepherding a Child’s Heart (Prendre
soin du cœur d’un enfant), Tedd Tripp nous dit que le plus petit
champ de bataille au monde est le cœur d’un enfant, et que le
conquérir exige un combat corps à corps acharné10. Le cœur de
votre enfant est un champ de bataille où s’affrontent le péché et
la justice. Voilà pourquoi il ne suffira jamais de traiter seulement
les questions superficielles, telles que le manque de maturité,
de compréhension et d’expérience de votre enfant. Un enfant
ne passera jamais l’âge de sa dépravation. Sa nature pécheresse
continuera à se manifester dans son cœur jusqu’à ce qu’elle soit
enfin neutralisée.
Dans le cadre de l’éducation de vos enfants, tout objectif qui
ne s’attaque pas au cœur n’est rien de plus que de la modification
de comportement. Après tout, même les enfants non chrétiens
peuvent apprendre à se conformer à une norme moralement
acceptable. Bien qu’il soit important d’apprendre aux enfants
à obéir, ne confondons pas cela avec l’objectif principal de
80 Être un père selon Dieu

l’éducation chrétienne, qui n’est autre que de les amener au salut


en Christ, et de les instruire dans le Seigneur.
Vous aurez, pour cela, besoin d’enseigner à vos enfants
la nature de la tentation et la nécessité d’y résister. Aidez-les
à prendre conscience du fait que toutes les attitudes et tous
les comportements mauvais procèdent du cœur. Quand vous
punissez vos enfants pour leur désobéissance, aidez-les à voir que
la racine du problème n’est autre que leur propre cœur. Faites-leur
savoir qu’ils n’ont pas offensé que vous, mais Dieu, par la même
occasion. C’est ainsi qu’ils prendront conscience de la nécessité
de rendre des comptes, non seulement à vous, mais, chose plus
importante, à Dieu. Par-dessus tout, enseignez-leur que Dieu
désire les voir se réconcilier avec lui par Jésus-Christ (2 Co 5.19).
Tout cela exige une vigilance constante de votre part, en tant
que père. Ainsi que le dit Deutéronome 6.7 : « Tu les [les préceptes
de la Parole de Dieu] inculqueras à tes enfants, et tu en parleras
quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand
tu te coucheras et quand tu te lèveras. »  Dans 2 Timothée 3.16,
nous voyons que « toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile
pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire
dans la justice ». Incorporez la Parole de Dieu à vos échanges
quotidiens avec vos enfants. En chemin, corrigez‑les si nécessaire
(par une réprimande pleine de compassion et de cohérence pour
leur enseigner que leurs péchés ont des conséquences).

Orientez vos enfants vers Dieu


Examinons Deutéronome 6. Nous y découvrons quelques
détails pratiques sur la façon d’instruire nos enfants. Quelques
excellentes directives y figurent également pour vous
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 81

aider à cultiver, chez vos enfants, une connaissance et une


compréhension de Dieu.

Apprenez à vos enfants à se soumettre à Dieu


Ainsi commence le verset 4 : « Écoute, Israël ! L’Éternel,
notre Dieu, est le seul Éternel. » C’est un appel adressé au peuple
d’Israël à reconnaître que Dieu est le seul Seigneur. En tant que
tel, il est entièrement souverain. Enseignez à votre enfant que
Dieu est le seul vrai Dieu, et expliquez-lui qu’il règne sur tous. Il
est l’autorité suprême sur toutes choses.

Apprenez à vos enfants à aimer Dieu


Le verset 5 continue ainsi : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu,
de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Il est
essentiel de développer chez vos enfants un amour pour Dieu. Le
cas échéant, l’effet bénéfique sur leur comportement sera évident.
Ils se rendront compte qu’aimer Dieu, c’est vivre de façon à lui
être agréable. Vos enfants seront alors plus réticents à s’engager
dans un comportement condamnable.

Apprenez à vos enfants à obéir à Dieu


Les versets 6 et 7 développent ce que nous avons lu au
verset 5 : « Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui,
seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants. » Bien
que vous leur inculquiez l’obéissance à Dieu, veillez à leur faire
comprendre que leur amour pour Dieu doit les y motiver. Quand
ils aiment Dieu, ils désirent lui obéir.
82 Être un père selon Dieu

Apprenez à vos enfants à suivre votre exemple


La suite du verset 7 dit ceci : « […] tu les inculqueras à tes
enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand
tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. »
En tout temps, faites de la Parole de Dieu une partie intégrante
de votre discours, de votre disposition de cœur et de vos actions.
Parlez des principes énoncés dans la Bible et mettez-les en pratique.
Permettez à vos enfants de voir que votre vie est dominée par la
vérité de Dieu. La vie est une salle de classe ; tout ce qui arrive est
une occasion de rappeler l’Écriture à vos enfants.
Jésus était un maître dans l’art de recourir à des illustrations
de la vie quotidienne pour enseigner une vérité spirituelle.
Il a parlé de l’eau, des figuiers, des graines de moutarde, des
oiseaux, du pain, des perles, du blé, de l’ivraie, des vignobles,
des filets de pêche, de la lumière, de l’obscurité, et ainsi de suite,
en vue d’aider les gens à acquérir une meilleure compréhension
de la vérité divine. Lorsque nous faisons de même pour nos
enfants, nous les conscientisons à l’intervention de Dieu et à son
empreinte dans le monde environnant. Tout dans la vie peut être
prétexte à attirer l’attention de nos enfants sur Dieu.

Apprenez la Parole à vos enfants par la répétition continue


Notez que l’enseignement de la Parole de Dieu ne doit jamais
cesser. Deutéronome 6.7 parle d’une formation continue :
« Quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage,
quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. » Cela indique une
instruction incessante et soutenue qui a lieu chaque jour. Dans les
versets 8 et 9, Dieu dit à son peuple de prendre ces instructions
divines et de les écrire « […] sur tes mains […] entre tes yeux
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 83

[…] sur les poteaux de ta maison et sur tes portes ». Plus tard,
dans l’histoire juive, ces instructions furent prises à la lettre :
les gens disposaient des passages des Écritures à l’intérieur de
petites boîtes pour se les attacher aux poignets, sur le front et aux
poteaux de leur maison. Ce dont Dieu parle, toutefois, est d’une
méditation continue de sa loi et d’une orientation en conséquence.

Apprenez à vos enfants à se garder d’oublier


Les exhortations de Deutéronome 6.4‑9 se terminent par
cet avertissement :
L’Éternel, ton Dieu, te fera entrer dans le pays qu’il a juré
à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de te donner.
Tu posséderas de grandes et bonnes villes que tu n’as point
bâties, des maisons qui sont pleines de toutes sortes de biens
et que tu n’as point remplies, des citernes creusées que tu
n’as point creusées, des vignes et des oliviers que tu n’as
point plantés. Lorsque tu mangeras et te rassasieras, garde-
toi d’oublier l’Éternel, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de
la maison de servitude (v. 10‑12).

Dieu dit à Israël : « Après votre entrée dans ce pays rempli


de bonnes choses, assurez-vous de ne pas vous laisser distraire
au point de m’oublier. » De même, au fur et à mesure que vos
enfants seront en contact avec le monde et verront tout ce qu’il
y a à toucher, à explorer et à expérimenter, avertissez-les de ne
pas se laisser accaparer par ces choses au point d’oublier Dieu.
Orientez-les continuellement vers Dieu et sensibilisez-les aux
nombreuses choses susceptibles de les attirer loin de lui.
84 Être un père selon Dieu

Voilà en quoi consiste, dans la pratique, le fait d’élever ses


enfants « en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur »
(Ép 6.4). Cela suppose de les amener à reconnaître que Dieu est
le seul Seigneur et qu’il règne en maître sur toutes choses. Cela
vous engage à les exhorter à aimer Dieu de tout leur cœur, de
toute leur âme et de toute leur force. Cela vous demande de leur
apprendre à obéir à Dieu et à suivre votre exemple. Faites tout
cela continuellement et recourez aux leçons de la vie pour vous
aider à rendre la vérité biblique plus facile à retenir. N’oubliez
pas de les mettre en garde par rapport aux choses du monde qui
auront tendance à les éloigner de Dieu.

La nécessité d’un cœur transformé

Susannah Wesley a eu dix-sept enfants, dont John et Charles,


dont les ministères d’évangélistes et d’auteurs de livres et
d’hymnes furent déterminants. Voici ses propos :
Le parent qui s’applique à fléchir la volonté propre de son
enfant collabore avec Dieu au salut d’une âme. Le parent
qui se plie à la volonté propre de son enfant fait le travail
du diable : il lui rend la religion impraticable et le salut
inaccessible, et fait tout son possible afin de noyer son enfant,
corps et âme, pour toujours.

Ne cédez pas à vos enfants quand il s’agit de leur volonté


propre. Enseignez-leur qu’ils sont appelés à obéir à Dieu et qu’ils
ne peuvent y parvenir à moins de permettre à la grâce de Dieu
d’accomplir son œuvre dans leur cœur. Montrez-leur qu’ils sont
pécheurs et expliquez-leur que Dieu seul est à même de changer
leur cœur par le moyen de la foi en Jésus-Christ. Saisissez chaque
Élever ses enfants selon le Seigneur – Deuxième partie 85

occasion pour encourager vos enfants à développer une relation


personnelle avec le Seigneur.
En tout temps, votre objectif ne doit pas être de simplement
modifier le comportement de vos enfants ; vous devez les
conduire à Christ afin que Dieu puisse changer leur cœur. À
partir de là, vous pourrez élever vos enfants en les corrigeant et
en les instruisant selon le Seigneur.
En considérant rétrospectivement le processus parental, un
père a dit ceci : « Si je devais tout recommencer avec ma famille,
je ferais en sorte d’être plus démonstratif avec ma femme devant
mes enfants ; je rirais davantage de nos erreurs et de nos joies
avec eux. Je serais plus à leur écoute, même des plus petits. Je
serais plus honnête concernant mes faiblesses et je me garderais
de faire semblant d’être parfait. Je prierais différemment pour
ma famille. Plutôt que de concentrer mon attention sur eux,
je prendrais garde à ma conduite. Je ferais plus d’activités avec
mes enfants. Je les encouragerais et les féliciterais davantage.
J’accorderais plus d’attention aux petites choses. Je parlerais de
Dieu de façon plus personnelle. Pour chaque chose ordinaire du
quotidien, je les orienterais vers Dieu. »
Avez-vous remarqué que ce père ne se concentre pas tant sur
le comportement de ses enfants que sur le fait d’être le bon type
d’exemple pour ses enfants et de les conduire à Christ ? Il s’est
rendu compte que l’élément principal de l’éducation, c’est le
cœur. C’est aussi ce que l’Écriture nous enseigne.
Dieu étant le seul à pouvoir nous donner un cœur nouveau,
le modèle qui apparaît dans Éphésiens 6.4 semble parfaitement
logique. C’est la voie que nous devons emprunter en tant que
86 Être un père selon Dieu

parents. Elle nous est indiquée par Dieu lui-même, infiniment


sage, qui connaît parfaitement notre nature humaine puisqu’il
nous a créés. Il sait, mieux que quiconque, ce dont nos enfants
ont le plus besoin.
Lorsque vous prenez ses paroles à cœur, en tant que père, vous
disposez de tout ce qu’il vous faut pour élever correctement des
enfants qui vous apporteront joie et bénédiction.
Un vrai chrétien ne doit pas être prisonnier des
tendances à la mode, s’il se propose d’éduquer son
enfant pour le royaume de Dieu. Il ne doit pas se
satisfaire d’agir à la manière du monde, ni de calquer
son mode d’enseignement sur ses us et coutumes, ni
d’autoriser la lecture de livres d’un genre douteux,
simplement parce qu’il est d’usage de le faire, ni de
tolérer de fâcheuses habitudes, juste parce qu’elles
sont en vogue. Il a le devoir d’éduquer ses enfants en
veillant sur leur âme. Il ne doit pas avoir honte si on
qualifie son éducation de curieuse et de bizarre. Et
même si cela était le cas ? Le temps est court ; ce monde
passera. Celui qui aura éduqué ses enfants pour les
choses célestes plutôt que pour les choses terrestres, pour
Dieu plutôt que pour l’homme, celui-là est le parent
qui sera appelé sage, à la fin11.
J. C. Ryle
CHAPITRE 4

Amener ses enfants


à croître en sagesse

J usqu’à présent, nous avons considéré deux passages de


l’Écriture qui fournissent des directives de base pour élever ses
enfants en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur. La
beauté de ces passages réside dans le fait qu’ils sont brefs et concis.
En peu de mots, ils en viennent au fait quant aux responsabilités
majeures qui incombent aux parents. En guise de révision :
Éphésiens 6.4 : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants,
mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon
le Seigneur. »

Deutéronome 6.7 : « Tu les inculqueras à tes enfants, et tu


en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en
voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. »

Ces passages donnent aux parents les clés de la réussite dans


le cadre de l’éducation chrétienne de leurs enfants. L’ensemble
des instructions complémentaires que l’on trouve dans l’Écriture

89
90 Être un père selon Dieu

sur la parentalité se rattache à ces principes de base, d’une


manière ou d’une autre. C’est ce que nous allons examiner dans
la seconde moitié de ce livre : une variété de directives bibliques
pratiques qui vous aideront, en qualité de père, à être le genre de
chef de famille qui inspire un enfant à aimer Dieu et à lui obéir.

Un manuel pour les parents

Le livre des Proverbes nous fournit une richesse inouïe de


conseils sur la responsabilité parentale. Nous découvrons là un
grand recueil de dictons et d’illustrations sages rédigés par le
roi Salomon. Tous ces proverbes nous enseignent les réalités
fondamentales de la vie. Ce sont les principes de base de la vie
spirituelle. Ils sont simples et directs ; on pourrait dire qu’ils
sont pleins de sagesse dans le contenu, mais concis dans la forme.
Il s’agit de déclarations lapidaires simplifiant la transmission de
l’instruction. Ce qui les rend particulièrement utiles, c’est la
facilité avec laquelle on les retient.
En lisant les Proverbes, nous constatons que nombre de ces
paroles de sagesse sont des instructions que des parents ont destinées
à leurs enfants. Plus précisément, un grand nombre d’entre elles
sont les exhortations qu’un père adresse à son fils, par exemple :
Proverbes 1.8 : « Écoute, mon fils, l’instruction de ton père, et
ne rejette pas l’enseignement de ta mère. »

Proverbes 2.1 : « Mon fils, si tu reçois mes paroles […] »

Proverbes 3.1 : « Mon fils, n’oublie pas mes enseignements. »

Proverbes 4.1 : « Écoutez, mes fils, l’instruction d’un père. »


Amener ses enfants à croître en sagesse 91

Proverbes 4.10 : « Écoute, mon fils, et reçois mes paroles. »

Proverbes 4.20 : « Mon fils, sois attentif à mes paroles. »

Proverbes 5.1 : « Mon fils, sois attentif à ma sagesse. »

Proverbes 6.20 : « Mon fils, garde les préceptes de ton père. »

Proverbes 7.1,3 : Mon fils, retiens mes paroles, et garde avec


toi mes préceptes. […] Lie‑les sur tes doigts, écris‑les sur la
table de ton cœur. »

Dans les premiers chapitres des Proverbes, nous voyons un père


attentionné dont le souci majeur est de transmettre la sagesse divine
à son fils. Nous retrouvons ici la mise en pratique des principes
énoncés dans Éphésiens 6.4 et Deutéronome 6.7. Ce père transmet
à son fils l’instruction du Seigneur ; il intègre, de façon pratique
et active, la sagesse divine à sa propre vie et à celle de son fils. Si
vous, en tant que père, souhaitez instruire vos fils et vos filles dans
la sagesse, pour qu’à leur tour, ils encouragent leur descendance à
la piété, vous devez leur enseigner la sagesse de la Parole de Dieu
avec diligence. Cela correspond à votre priorité fondamentale en
qualité de père.
Lorsque vos enfants pensent à vous, considèrent-ils cela comme
votre mission principale ? Ou vous perçoivent-ils simplement
comme celui qui pourvoit aux besoins de la famille, répare la
voiture, tond la pelouse ou sort les poubelles ? En fonction des
échanges que vous avez avec eux, jour après jour, sont-ils à même
de deviner que votre priorité consiste à les éduquer dans la piété ?
Je suis heureux de pouvoir dire que telle fut la priorité de
mon père et de mon grand-père. Ils me servirent d’exemple. À
92 Être un père selon Dieu

mon tour, j’ai fait en sorte d’agir de même avec mes enfants, et
maintenant, avec mes petits-enfants. C’est la clé de la véritable
éducation chrétienne des générations suivantes. C’est le genre de
leadership auquel un père est appelé. C’est une vocation élevée
qui vient de Dieu lui-même et qui garantit la présence de vertu
parmi les générations futures qui formeront l’Église.

L’attention particulière accordée à la sagesse

En lisant le livre des Proverbes, on ne peut s’empêcher de


remarquer que le mot « sagesse » est prédominant tout au long du
manuscrit. À l’occasion, on note la présence de mots apparentés,
tels que : « instruction », « intelligence », « réflexion ». Tous ces
éléments sont cependant issus de la sagesse. Tout au long de ce
livre, l’accent est fortement mis
sur une vie empreinte de sagesse.
En encourageant nos
En outre, cette sagesse ne se
enfants à rechercher
limite pas seulement à la théorie ;
la sagesse, nous les
elle s’étend à la pratique. C’est la
incitons à se lancer
sagesse qui conduit une personne
dans la poursuite la
à vivre dans la droiture. En tant
plus noble ici‑bas.
que pères, nous devons enseigner la
sagesse spirituelle à nos fils et à nos
filles. En encourageant nos enfants à rechercher la sagesse, nous les
incitons à se lancer dans la poursuite la plus noble ici‑bas.
Il existe bien d’autres sujets que vous pourriez enseigner
à vos enfants. Parcourez la section parentale de votre librairie
locale, et vous trouverez une profusion de conseils, de théories,
d’instructions, de méthodes et de techniques pour les parents.
Amener ses enfants à croître en sagesse 93

Or, ces ouvrages sont dans l’ensemble futiles (même ce que


vous découvrirez, en grande partie, dans des livres d’éditeurs
évangéliques respectables). Les conseils parentaux typiques
abordent les problèmes de la vie à un niveau superficiel : emmener
ses enfants en ballade, prendre en compte leurs champs d’intérêt,
jouer avec eux. Bien que ces activités‑là puissent certainement
contribuer à tisser des liens familiaux, en fin de compte, ce n’est pas
en s’y adonnant qu’on aborde la condition spirituelle du cœur de ses
enfants. Si vous n’allez jamais au-delà de la superficialité, comment
enseignerez‑vous à vos enfants ce qui compte vraiment ? Et s’ils ne
parviennent jamais à comprendre quelles sont les priorités dans la
vie, vous ne connaîtrez pas non plus les bénédictions inouïes d’avoir
des enfants qui aiment le Seigneur et lui obéissent.
Inculquez à vos enfants la sagesse divine de l’Écriture. S’ils
embrassent la vérité que vous leur enseignez, ils deviendront, à
leur tour, des parents susceptibles de transmettre à leurs enfants
la sagesse divine. Si vous vous contentez toutefois de leur enseigner
des choses purement banales, non seulement ils n’apprendront pas
les vérités fondamentales de la vie, mais ils enseigneront, à leur
tour, des choses insignifiantes à leurs enfants.
L’exhortation de l’ensemble du livre des Proverbes est donc
une invitation à la sagesse, non seulement pour les fils et les filles,
mais pour les parents également. En tant que père empreint de
sagesse, vous voulez enseigner et montrer à vos enfants que la
sagesse est de grande valeur. Ainsi que le dit Proverbes 8.11 :
« Car la sagesse vaut mieux que les perles, elle a plus de valeur
que tous les objets de prix. » La poursuite de la sagesse est une
entreprise qui rapporte gros. Où vont-ils apprendre cette leçon,
si ce n’est de leur père ?
94 Être un père selon Dieu

En tant que chef de famille, votre priorité est d’enseigner la


sagesse à vos enfants. Vous accomplirez ainsi le mandat énoncé
dans Éphésiens 6.4, celui d’élever vos enfants « en les corrigeant
et en les instruisant selon le Seigneur ».

Dix leçons cruciales que tout père


se doit d’enseigner

Pour le reste de ce chapitre, nous allons considérer Proverbes 1


à 10 et examiner les dix leçons cruciales que tout père chrétien
doit transmettre à ses enfants. Bien que ces leçons concernent
principalement les fils, elles se rapportent également aux filles.
Tandis que vos enfants apprendront à mettre ces leçons en
pratique, ils se transformeront en bénédiction pour vous, et seront
également bénis par Dieu.

1. Apprendre à ses enfants la crainte déférente


de Dieu

Proverbes 1.7 dit : « La crainte de l’Éternel est le


commencement de la science ; les insensés méprisent la sagesse
et l’instruction. » Cette vérité est énoncée à nouveau dans
Proverbes 9.10 : « Le commencement de la sagesse, c’est la
crainte de l’Éternel. » Cela nous indique que le point de départ
pour acquérir la sagesse est la crainte déférente de Dieu.
Qu’entend-on par « crainte » ? Deux aspects doivent être
pris en compte. Tout d’abord, l’aspect positif, soit celui du
respect ou de la crainte respectueuse de Dieu. Vous inculquez
ce respect à vos enfants en leur enseignant les attributs de Dieu
et en leur faisant savoir que Dieu est tout-puissant, parfaitement
Amener ses enfants à croître en sagesse 95

saint, omniscient et omniprésent. Il est immuable, ce qui


signifie que sa nature ne change pas. Il est miséricordieux, bon,
aimant et bienfaisant. Il orchestre toute l’Histoire de manière
providentielle et pour son bien ultime. Il est souverain. En bref, il
n’est pas à prendre à la légère. La seule réponse appropriée à une
véritable compréhension de la nature de Dieu est la vénération
caractérisée par l’humilité, l’émerveillement et l’obéissance,
« avec crainte et tremblement » (Ph 2.12).
En apprenant à vos enfants les caractéristiques de Dieu,
vous leur permettez de connaître sa grandeur. Ils en viennent à
éprouver ce sentiment de crainte respectueuse, d’une manière
saine et positive.
Le deuxième aspect de la crainte du Seigneur est négatif. Il
concerne la crainte du mécontentement de Dieu, c’est-à-dire son
droit de châtier et de juger. Faites comprendre à vos enfants que
Dieu est saint et qu’il ne peut tolérer le péché. Le fait que Dieu soit
à la fois souverain et saint lui donne le droit de punir les péchés de
chacun, y compris ceux de vos enfants.
L’un des plus grands services que vous puissiez rendre à vos
enfants, en tant que père, est de leur enseigner les attributs de
Dieu. Dès qu’ils saisissent la nature de Dieu, ils développent envers
lui une crainte déférente, ayant pour résultat l’adoration, ainsi
qu’une crainte d’appréhension qui cherche à éviter de l’offenser.
Cela permet à vos enfants de reconnaître que Dieu est digne de
respect et d’honneur et qu’il désire leur donner de vivre une
existence caractérisée par la droiture.
Il ne suffit pas de dire à vos enfants que Dieu est grand et
digne de notre adoration et de notre obéissance ; vous devez le
96 Être un père selon Dieu

croire pour vous-même et le démontrer par votre manière d’agir.


Les enfants sont conscients de la cohérence entre vos paroles et vos
actes. Peuvent-ils observer que vous craignez Dieu ? Consacrez-
vous fidèlement le jour du Seigneur à l’adoration ? Lisez-vous
assidûment la Parole de Dieu ? Vos enfants voient-ils en vous un
véritable adorateur ? Ils adopteront probablement le modèle de
culte que vous avez établi pour vous-même. Quel genre d’héritage
laisserez-vous aux vôtres ?
Vivez-vous aussi dans la crainte salutaire du droit sacré de Dieu
de punir le péché ? Vivez-vous de manière à ce que vos enfants
puissent observer que vous voulez éviter d’attrister Dieu ?
Proverbes 3.5,6 est instructif : « Confie-toi en l’Éternel de
tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le
dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » Ce passage nous
décrit l’adorateur (se confiant en Dieu au point de vivre dans une
soumission totale à sa Parole) qui reconnaît Dieu « dans toutes
[ses] voies », pas seulement devant une crise, en période difficile
ou le dimanche. En réalité, lorsque votre cœur est solidement et
définitivement attaché à Dieu par la foi et par un amour respectueux
envers lui, il devient votre guide et votre gardien. Il aplanit vos
sentiers, ce qui veut dire qu’il rend la voie à suivre bien visible et
droite, de façon à ce que vous puissiez traverser victorieusement les
conflits de la vie, la confusion et toutes sortes de dangers spirituels.
Dans l’original hébreu de l’Ancien Testament, le mot traduit
par « confier » signifie « se tenir allongé, impuissant, face contre
terre ». Il décrit une personne entièrement prosternée devant
Dieu, disposée à faire tout ce que Dieu lui demandera de faire.
C’est le genre de confiance et d’humilité auquel nous sommes
appelés. Apprenez-vous à vos enfants à faire confiance à Dieu en
Amener ses enfants à croître en sagesse 97

toutes choses et à s’appuyer pleinement sur lui ? Quand ils feront


preuve de ce genre de confiance, Dieu dirigera leurs pas. Voilà le
genre de crainte que vous voulez inculquer à vos enfants.
Il est intéressant de noter que, lorsqu’on craint Dieu, on redoute
aussi le péché. Une crainte saine de Dieu fait redouter le péché et
s’indigner contre lui. Proverbes 8.13 dit : « La crainte de l’Éternel,
c’est la haine du mal. » Si vous aimez Dieu, vous hésiterez à faire ce
qui lui déplaît.

2. Apprendre à ses enfants à garder leurs pensées

Proverbes 3.3,4 dit : « Que la bonté et la fidélité ne


t’abandonnent pas ; lie-les à ton cou, écris-les sur la table de
ton cœur. Tu acquerras ainsi de la grâce et une raison saine,
aux yeux de Dieu et des hommes. » Le mot hébreu traduit
par « bonté », qui est ḥesed, signifie « amour, loyauté, fidélité,
dévouement, bonté ». Le mot traduit par « fidélité » est ’emet et
signifie « vérité, exactitude, fiabilité, crédibilité ».
Proverbes 3.3,4 nous exhorte à prendre toutes ces choses et
à les lier à notre cou, à les écrire sur la table de notre cœur. Ici, le
mot « cœur » se rapporte à l’esprit, qui est le siège de la pensée,
de l’émotion et de la volonté. En fin de compte, ce passage nous
dit d’apprendre à nos enfants à protéger leurs pensées.
Étant donné que la culture actuelle est constamment en train
d’agresser notre esprit, en particulier dans le domaine des médias
électroniques, la tâche consistant à protéger la pensée de nos
enfants paraît insurmontable. C’est une énorme responsabilité
qui exige une vigilance de tous les instants. Vous devez être
tel le père qui a mis en garde son fils : « Garde ton cœur plus
98 Être un père selon Dieu

que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie »
(Pr 4.23). En d’autres termes, dites à vos enfants de protéger
leurs pensées, car c’est le point de départ des raisonnements
faux et des mauvaises actions.
Comme Jésus l’a si bien dit : « Il n’est hors de l’homme
rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort
de l’homme, c’est ce qui le souille » (Mc 7.15). Le problème
est ce qui sort du cœur. C’est pourquoi il est si important de
programmer l’esprit d’un enfant au moyen de la vérité, de la
vertu, de la fidélité, de l’honnêteté, de l’intégrité, de la loyauté,
de l’amour, et d’autres qualités semblables. En faisant cela, vous
protégez son esprit.
Proverbes 1.9 dit qu’une bonne instruction « est une
couronne de grâce pour ta tête, et une parure pour ton cou ».
Quand la vérité sature le cœur des enfants, c’est tout à leur
honneur. Proverbes 2.10‑12 déclare, en outre, que « la sagesse
[…] fera les délices de ton âme ; la réflexion veillera sur toi,
l’intelligence te gardera, pour te délivrer de la voie du mal ».
Quelques chapitres plus loin, dans Proverbes 4.4, le père dit à
son fils : « Que ton cœur retienne mes paroles ; observe mes
préceptes, et tu vivras. »
En tant que père, vous êtes donc le gardien de la pensée de
vos enfants. Votre devoir devant Dieu consiste à protéger leur
esprit de toutes les influences néfastes auxquelles ils pourraient
être exposés. Parallèlement, vous devez nourrir leur esprit de
vérité, de bonté (et plus), en les exposant à la Parole de Dieu.
Vous devez leur dire, en guise de conseil : « Garde ton cœur plus
que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. »
Amener ses enfants à croître en sagesse 99

3. Apprendre à ses enfants à obéir à leurs parents

Comme nous l’avons vu plus tôt, les dix premiers chapitres


des Proverbes contiennent de multiples déclarations du genre :
« Écoute, mon fils, l’instruction de ton père. » Nous lisons, par
exemple, dans Proverbes 4.10,11 : « Écoute, mon fils, et reçois
mes paroles ; et les années de ta vie se multiplieront. Je te montre
la voie de la sagesse, je te conduis dans les sentiers de la droiture. »
Un peu plus loin, les versets 20 et 21 affirment : « Mon fils, sois
attentif à mes paroles, prête l’oreille à mes discours. Qu’ils ne
s’éloignent pas de tes yeux ; garde-les dans le fond de ton cœur. »
Dans toutes ces instructions, le père renforce « le premier
commandement avec une promesse » : « Enfants, obéissez à vos
parents, selon le Seigneur, car cela est juste » (Ép 6.1,2). Dans
le livre des Proverbes, il dit essentiellement : « Mon fils, fais ce
que je dis. »
Cela concerne, bien sûr, l’aspect de la correction dans le cadre
des responsabilités parentales décrites dans Éphésiens 6.4. Notez,
par exemple, ce que le père dit, dans Proverbes 3.11,12 : « Mon
fils, ne méprise pas la correction de l’Éternel, et ne t’effraie point
de ses châtiments ; car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un
père l’enfant qu’il chérit. »
Si vous aimez vos enfants, vous les réprimanderez et les
corrigerez. Pourquoi ? Parce que vous voulez leur apprendre à
vivre dans la droiture. Proverbes 22.15 dit : « La folie est attachée
au cœur de l’enfant ; la verge de la correction l’éloignera de lui. »
Une correction sage (qui ne se fait pas dans la colère, mais dans
l’amour) chassera la rébellion du cœur de l’enfant. De même
que Dieu corrige ceux qu’il aime, nous devons réprimander nos
100 Être un père selon Dieu

enfants dans l’amour. Cela leur permettra de s’éloigner de la folie


et de la mort spirituelle ; ils deviendront prudents et seront un
immense sujet de fierté pour leurs parents.
Enfin, en apprenant à vous obéir,
Un enfant qui vos enfants apprennent à obéir aux
a appris à obéir autorités dans la société et, plus
saura se maîtriser important encore, ils commencent
et connaîtra la à s’exercer à l’obéissance à Dieu.
vraie sagesse. Ils apprennent à se soumettre à
l’autorité plutôt qu’à transgresser
les règles et à adopter un comportement criminel. Un enfant qui a
appris à obéir saura se maîtriser et connaîtra la vraie sagesse.

4. Apprendre à ses enfants à choisir leurs amis


avec soin

Voici une responsabilité qui vous demande de passer à


l’offensive en tant que père. Vous devez apprendre à vos enfants
comment choisir de bons amis. Ainsi que l’a dit l’apôtre Paul :
« Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs »
(1 Co 15.33). Vos enfants ne peuvent pas être meilleurs que leurs
camarades. Les amis avec qui vos enfants s’associent déterminent le
genre de personnes qu’ils deviendront par la suite. C’est pourquoi
il est si important d’aider vos enfants à prendre soin de choisir
leurs amis avec précaution.
Le père, dans le livre des Proverbes, fut proactif à ce sujet. Par
exemple, dans Proverbes 1.10, il dit : « Mon fils, si des pécheurs
veulent te séduire, ne te laisse pas gagner. » En d’autres termes :
« Ne te laisse pas absorber par le gang. » Il poursuit : « S’ils disent :
Viens avec nous ! dressons des embûches, versons du sang, tendons
Amener ses enfants à croître en sagesse 101

des pièges à celui qui se repose en vain sur son innocence […]
Nous trouverons toute sorte de biens précieux, nous remplirons
de butin nos maisons […] Mon fils, ne te mets pas en chemin
avec eux, détourne ton pied de leur sentier » (v. 11,13,15). Des
personnes mal intentionnées tenteront de séduire vos enfants en
leur faisant miroiter le suspense, l’aventure et même la promesse
de mauvais gains. Vous devez prévenir vos enfants afin qu’ils se
préparent à résister à de telles tentations.
Il est tragique de voir des gens disposés à causer du tort à
d’autres personnes ou même à les tuer, juste pour un instant fugace
de plaisir. Je me souviens d’un article à propos d’un jeune homme
à New York. Il a refusé de prendre de la drogue avec ses soi-disant
amis, qui, pour se venger, l’ont brûlé vif. En raison de la pression
des pairs, enfants et adolescents se laissent facilement convaincre
d’adopter un comportement stupide ou exécrable. Cette pression
peut être de taille, et les séductions sont souvent puissantes. Aussi
devez-vous leur apprendre à bien choisir leurs camarades afin de
ne pas se laisser intimider et influencer par le mal.
Dans Proverbes 2.11‑13, le père dit à son fils : « La réflexion
veillera sur toi, l’intelligence te gardera, pour te délivrer de la voie
du mal, de l’homme qui tient des discours pervers, de ceux qui
abandonnent les sentiers de la droiture afin de marcher dans des
chemins ténébreux. » Il avertit son fils de ne pas s’associer aux gens
qui se plaisent à faire le mal. Un des moyens les plus sensés pour
empêcher que cela ne se produise est d’aider son fils à acquérir
réflexion et discernement. Ce sera sa protection et sa délivrance.
Équipez vos enfants de sagesse : ils développeront le
discernement nécessaire pour choisir leurs amis avec précaution.
102 Être un père selon Dieu

5. Apprendre à ses enfants à maîtriser leur corps

N’importe quel père sensé n’est pas sans savoir que les jeunes
gens vont développer des passions susceptibles de les conduire à
la catastrophe, faute d’apprendre à dominer leurs désirs charnels.
Est-ce un problème de taille ? Sûrement, puisqu’il constitue le
thème dominant des premiers chapitres des Proverbes.
Par exemple, dans Proverbes 2.16,17, le père dit à son fils que
la sagesse le délivrera « de la femme étrangère, de l’étrangère
qui emploie des paroles doucereuses, qui abandonne l’ami de sa
jeunesse, et qui oublie l’alliance de son Dieu ». Le mot « étrangère »
employé ici signifie « d’un pays étranger ». Il réfère à une femme
immorale, une prostituée. C’était un euphémisme commun
adopté peut-être en raison de l’origine des premières prostituées
en Israël, qui étaient des étrangères issues des nations païennes
environnantes. L’expression est restée pour s’appliquer à toute
femme peu vertueuse (pas seulement aux prostituées), mais aussi
aux femmes adultères, volages et séductrices en tout genre. Ce
passage décrit ensuite la femme qui a délaissé son mariage (qui
a abandonné « l’ami de sa jeunesse ») afin d’avoir une liaison
illicite avec quelqu’un d’autre. Elle a oublié « l’alliance de son
Dieu », symbolisée par la violation de ses vœux de mariage.
Cette femme est décrite dans un langage qui la place au même
niveau qu’une prostituée.
Le père avertit donc son fils : « Sa maison penche vers la mort,
et sa route mène chez les morts » (v. 18). Certains pensent que cela
peut faire référence à l’éventualité d’une maladie vénérienne ou au
châtiment de Dieu. Quel que soit le cas, la nature destructrice de
l’adultère conduit une personne à des conséquences dévastatrices,
y compris à la mort, une conséquence réitérée dans le verset 19 :
Amener ses enfants à croître en sagesse 103

« Aucun de ceux qui vont à elle ne revient, et ne retrouve les


sentiers de la vie. »
Certains pourraient penser que l’avertissement est trop sévère,
mais il nous informe simplement du fait que des hommes étaient
prêts à succomber à la tentation sexuelle, quand bien même ils
savaient que cela pouvait entraîner leur mort. Leur convoitise
sexuelle l’avait emporté sur leur désir de vivre. Les désirs sexuels
exercent une grande puissance. Les pères doivent donc apprendre
à leurs fils à les maîtriser afin de ne pas leur permettre de détruire
leur propre vie ou leur famille. Le père, dans Proverbes, aborde
de nouveau la question au chapitre 5.1‑6 : 
Mon fils, sois attentif à ma sagesse, prête l’oreille à mon
intelligence, afin que tu conserves la réflexion, et que tes
lèvres gardent la connaissance. Car les lèvres de l’étrangère
distillent le miel, et son palais est plus doux que l’huile ;
mais à la fin elle est amère comme l’absinthe, aiguë comme
un glaive à deux tranchants. Ses pieds descendent vers la
mort, ses pas atteignent le séjour des morts. Afin de ne pas
considérer le chemin de la vie, elle est errante dans ses voies,
elle ne sait où elle va. 

Une femme prête à commettre l’immoralité sexuelle apparaît


charmante et séduisante. Elle leurre un homme afin de coucher
avec lui. Elle est prête à tout pour se rendre attrayante. Pourtant,
à la fin, elle est particulièrement mortelle : « Ses pas atteignent le
séjour des morts. »
C’est pourquoi le père déclare sans ambages (v. 7‑13) :
104 Être un père selon Dieu

Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, et ne vous écartez pas


des paroles de ma bouche. Éloigne-toi du chemin qui conduit
chez elle, et ne t’approche pas de la porte de sa maison, de
peur que tu ne livres ta vigueur à d’autres, et tes années à
un homme cruel ; de peur que des étrangers ne se rassasient
de ton bien, et du produit de ton travail dans la maison
d’autrui ; de peur que tu ne gémisses, près de ta fin, quand
ta chair et ton corps se consumeront, et que tu ne dises :
Comment donc ai-je pu haïr la correction, et comment mon
cœur a-t-il dédaigné la réprimande ? Comment ai-je pu ne
pas écouter la voix de mes maîtres, ne pas prêter l’oreille à
ceux qui m’instruisaient ?

Il dit, en fait : « Ne donne pas tes biens durement gagnés à


d’autres. Ne donne pas ta semence à quelqu’un d’autre de sorte
que tu doives soutenir les enfants d’une femme qui n’est pas
la tienne et payer une pension alimentaire pour le reste de tes
jours. Si tu agis ainsi, tu seras ruiné et tu regretteras tes actes.
Tu te rendras compte de ta folie. »
Et il ne s’arrête pas là ; il poursuit en disant (Pr 6.20,23-26) :
Mon fils, garde les préceptes de ton père, et ne rejette pas
l’enseignement de ta mère […] Car le précepte est une lampe,
et l’enseignement une lumière, et les avertissements de la
correction sont le chemin de la vie : ils te préserveront de la
femme corrompue, de la langue doucereuse de l’étrangère.
Ne la convoite pas dans ton cœur pour sa beauté, et ne te
laisse pas séduire par ses paupières. Car pour la femme
prostituée on se réduit à un morceau de pain, et la femme
mariée tend un piège à la vie précieuse.
Amener ses enfants à croître en sagesse 105

Une femme adultère peut détruire entièrement sa proie. Un


homme qui succombe à son charme sera réduit à néant. Il pourra
y perdre ses richesses, sa liberté, sa famille, sa dignité et même
son âme (v. 32).
Au cas où le fils penserait bêtement pouvoir s’en tirer à bon
compte en s’adonnant à ses passions, le père le met en garde
(v. 27,28) :
Quelqu’un mettra-t-il du feu dans son sein, sans que ses
vêtements s’enflamment ? Quelqu’un marchera-t-il sur des
charbons ardents, sans que ses pieds soient brûlés ?
La réponse est évidemment un « non » catégorique. « Il en
est de même pour celui qui va vers la femme de son prochain :
Quiconque la touche ne restera pas impuni » (v. 29).
Mais celui qui commet un adultère avec une femme est
dépourvu de sens, celui qui veut se perdre agit de la sorte ;
il n’aura que plaie et ignominie, et son opprobre ne s’effacera
point (v. 32,33).

Ainsi, le jeune homme qui se laisse séduire par une femme


adultère se détruit lui-même. Le malheur qui résulte de sa folie
« ne s’effacera point », autrement dit, il sera permanent. Il y a un
prix considérable à payer pour ceux qui laissent libre cours à leur
convoitise sexuelle.
Proverbes, chapitre 7, lance un nouvel avertissement. Notez
comment il décrit l’homme qui se laisse séduire par une femme
adultère : « J’aperçus parmi les stupides, je remarquai parmi les
jeunes gens un garçon dépourvu de sens » (v. 7). Dans sa bêtise,
ce jeune homme erre dans une partie de la ville qu’il ne devrait
106 Être un père selon Dieu

pas fréquenter. Il se rend lui-même vulnérable à la tentation. La


femme adultère voit qu’il est exactement le genre d’homme qu’elle
recherche, car il est dépourvu de sens.
C’est alors que la chasse commence. « Il passait dans la rue,
près de l’angle où se tenait une de ces étrangères, et il se dirigeait
lentement du côté de sa demeure : C’était au crépuscule, pendant
la soirée, au milieu de la nuit et de l’obscurité. Et voici, il fut
abordé par une femme ayant la mise d’une prostituée et la ruse
dans le cœur » (v. 8‑10). Elle vient au-devant de sa victime. Notez
maintenant sa tactique :
Elle le saisit et l’embrassa, et d’un air effronté lui dit : Je
devais un sacrifice d’actions de grâces, aujourd’hui j’ai
accompli mes vœux. C’est pourquoi je suis sortie au-devant
de toi pour te chercher, et je t’ai trouvé (v. 13‑15).

En d’autres termes : « Veux-tu venir m’aider à célébrer mon


dieu ? Tu es justement le gars que je cherchais. » Puis vient la
séduction sensuelle :
J’ai orné mon lit de couvertures, de tapis de fil d’Égypte ; j’ai
parfumé ma couche de myrrhe, d’aloès et de cinnamome. Viens,
enivrons-nous d’amour jusqu’au matin, livrons-nous joyeusement
à la volupté. Car mon mari n’est pas à la maison, il est parti
pour un voyage lointain ; il a pris avec lui le sac de l’argent, il ne
reviendra à la maison qu’à la nouvelle lune (v. 16-20).

Non seulement elle l’invite effrontément à avoir des rapports


sexuels avec elle, mais elle lui dit que son mari est parti pour un
long voyage en prenant beaucoup d’argent avec lui, ce qui laisse
entendre qu’il ne sera pas de retour avant un certain temps.
Amener ses enfants à croître en sagesse 107

« Elle le séduisit à force de paroles, elle l’entraîna par ses lèvres


doucereuses » (v. 21).
Puis vient la mise à mort :
Il se mit tout à coup à la suivre, comme le bœuf qui va à la
boucherie, comme un fou qu’on lie pour le châtier, jusqu’à
ce qu’une flèche lui perce le foie, comme l’oiseau qui se
précipite dans le filet, sans savoir que c’est au prix de sa
vie […] Sa maison, c’est le chemin du séjour des morts ; il
descend vers les demeures de la mort (v. 22,23,27).

Les conséquences d’un tel comportement étant aussi


désastreuses, vous pouvez voir pourquoi il est urgent que les pères
enseignent à leurs fils à maîtriser leur propre corps.
Apprenez à votre fils la pureté sexuelle. Apprenez-lui l’adage :
« Bas les pattes ! » Avertissez-le de rester loin de la tentation.
Insistez sur son besoin de surveiller ce que voient ses yeux et ce
qu’entendent ses oreilles, et de veiller sur ses allées et venues.
En observant la pureté sexuelle, il s’évitera les conséquences
dévastatrices de l’immoralité sexuelle et sera béni par Dieu.

6. Apprendre à ses enfants à aimer leur conjoint

Alors que les relations sexuelles sont interdites avant ou en


dehors du mariage, elles sont exaltées dans l’union du mariage.
Cette vérité est joliment exprimée dans Proverbes, chapitre 5 :
Bois les eaux de ta citerne, les eaux qui sortent de ton puits.
Tes sources doivent-elles se répandre au-dehors ? Tes ruisseaux
doivent-ils couler sur les places publiques ? Qu’ils soient pour
108 Être un père selon Dieu

toi seul, et non pour des étrangers avec toi. Que ta source
soit bénie, et fais ta joie de la femme de ta jeunesse, biche des
amours, gazelle pleine de grâce : Sois en tout temps enivré de
ses charmes, sans cesse épris de son amour (v. 15‑19).

En d’autres termes, un homme qui est sexuellement assoiffé


doit trouver la satisfaction auprès de sa femme. Il doit boire de sa
citerne et se garder de répandre ses sources au-dehors.
Dans le Moyen-Orient antique, aucune personne sensée
n’aurait jeté des seaux d’eau dans les rues. L’eau était une denrée
précieuse. Elle était rare et difficile à trouver. Jeter de l’eau dans
les rues était donc insensé. La même chose peut être dite d’un
homme qui fait des enfants partout dans la ville.
La déclaration : « Que ta source soit bénie » (v. 18) fait
référence à la capacité de procréer de l’homme. Il doit se réjouir
exclusivement de la femme de sa jeunesse. Il ne doit prendre plaisir
à personne d’autre.
Par la façon dont vous traitez votre épouse et vous vous adressez
à elle, vous apprenez à vos enfants à rechercher la plénitude au
sein du mariage uniquement. Ainsi que le dit Proverbes 31.10, une
femme est un don de Dieu qui a plus de valeur que des perles. Elle
doit être la meilleure amie et la compagne de son mari. Il doit se
réserver pour elle seule. Et la meilleure façon d’enseigner cela à
votre fils est d’aimer votre épouse.

7. Apprendre à ses enfants à surveiller leur langage

Une autre leçon cruciale que les pères doivent enseigner à


leurs enfants concerne la prudence quant à leur façon de parler.
Amener ses enfants à croître en sagesse 109

Proverbes 4.24 affirme : « Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne


de tes lèvres les détours. » Ne parlez pas hypocritement ; gardez-
vous de mentir. Dites uniquement ce qui est véridique.
Proverbes 10.11 nous apprend : « La bouche du juste est une
source de vie. » Plus loin, au verset 20, nous lisons : « La langue
du juste est un argent de choix. » Cela veut dire que les bonnes
paroles sont précieuses et inestimables. Le verset 32 ajoute : « Les
lèvres du juste connaissent la grâce. »
Puis viennent les contrastes. Proverbes 10.14 dit ceci : « Mais
la bouche de l’insensé est une ruine prochaine. » Le verset 18
déclare : « Celui qui dissimule la haine a des lèvres menteuses, et
celui qui répand la calomnie est un insensé. » Ainsi, les enfants
devraient apprendre à ne pas mentir. Si on leur permet de recourir
au mensonge, ce comportement persistera. Apprenez à vos enfants
à dire la vérité et faites-leur comprendre que vous ne tolérerez pas
le mensonge.
Les Proverbes nous disent aussi que « celui qui parle beaucoup
ne manque pas de pécher, mais celui qui retient ses lèvres est un
homme prudent » (10.19). Apprenez à vos enfants à avoir de la
retenue quand ils parlent. S’ils parlent sans cesse, ils risquent de
dire quelque chose qu’ils regretteront par la suite. Aidez-les à
choisir soigneusement leurs paroles et à ne pas s’égarer dans la
calomnie, les ragots et autres discours déplacés.
Éphésiens 4.29 constitue un excellent passage du Nouveau
Testament que vous pouvez enseigner à vos enfants : « Qu’il ne
sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu,
quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique
une grâce à ceux qui l’entendent. » Dites à vos enfants de se poser
110 Être un père selon Dieu

la question suivante avant de parler : Est-ce que je m’apprête à dire


quelque chose d’édifiant  ? Est-ce approprié  ? Est-ce aimable  ? En tant
que chrétiens, notre discours doit être édifiant, instructif et utile.
Certes, à moment donné viendra la nécessité de réprimander ou
de corriger. Cependant, même les reproches doivent être faits
dans un esprit d’édification et d’amour.

8. Apprendre à ses enfants à travailler dur

Dans votre rôle de chef de la famille, vous devez inculquer


à vos enfants la valeur du travail. Cela requiert l’instruction et
l’exemple. Notez ce que le père dit à son fils, dans les Proverbes :
Va vers la fourmi […] Considère ses voies, et deviens sage. Elle n’a
ni chef, ni inspecteur, ni maître ; elle prépare en été sa nourriture,
elle amasse pendant la moisson de quoi manger (6.6‑8).
Une des choses primordiales à inculquer à vos enfants, c’est
de travailler avec diligence, quand bien même personne n’est
là pour les surveiller. Même une fourmi le fait. Bien sûr, vous
pouvez vous attendre à ce que vos enfants travaillent quand vous
les regardez ; mais qu’en est-il lorsque vous avez le dos tourné ?
Si vous voulez que vos enfants réussissent dans la vie, vous
devez les motiver à travailler dur et à planifier. Ils doivent
apprendre à gagner leur salaire et à anticiper leurs besoins futurs.
Le père poursuit en disant : « Paresseux, jusqu’à quand
seras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Un
peu de sommeil, un peu d’assoupissement, un peu croiser les
mains pour dormir !… Et la pauvreté te surprendra, comme un
rôdeur, et la disette, comme un homme en armes » (v. 9‑11). En
Amener ses enfants à croître en sagesse 111

d’autres termes : « Tu finiras par devenir pauvre si tu n’apprends


pas à travailler dur. »
Un paresseux, c’est un fainéant ; il trouve des excuses pour
ne pas travailler, et quand il est temps de s’y mettre, il traîne
les pieds. Selon le livre des Proverbes, le paresseux connaîtra
la faim, la pauvreté et l’échec. En revanche, celui qui est prêt
à travailler diligemment gagnera sa vie ; il aura les moyens de
pourvoir à ses besoins, et sera reconnu et récompensé pour ses
efforts. Selon Proverbes 22.29 : « Si tu vois un homme habile
dans son ouvrage, il se tient auprès des rois ; il ne se tient pas
auprès des gens obscurs. »
Proverbes 10.4,5 le résume bien : « Celui qui agit d’une main
lâche s’appauvrit, mais la main des diligents enrichit. Celui qui
amasse pendant l’été est un fils prudent, celui qui dort pendant
la moisson est un fils qui fait honte. »

9. Apprendre à ses enfants à bien gérer leur argent

Le livre des Proverbes parle souvent de la gestion des finances


parce que l’argent joue un rôle important dans la vie. Nous
consacrons beaucoup de temps à gagner de l’argent. Or, chose
qui peut paraître ironique, beaucoup de gens ne prennent pas le
temps nécessaire de bien le gérer. Si nous administrons sagement
nos finances, nous pouvons les employer à des fins utiles. En
revanche, par négligence, l’argent peut devenir la source de bien
des inquiétudes et des chagrins.
Voici deux principes clés du livre des Proverbes à enseigner à
vos enfants pour qu’ils gèrent leurs finances sagement :
112 Être un père selon Dieu

Soyez généreux envers Dieu


Proverbes 3.9,10 dit : « Honore l’Éternel avec tes biens, et
avec les prémices de tout ton revenu : Alors tes greniers seront
remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût. » Le
principe énoncé ici est que si vous êtes généreux à l’égard de Dieu,
il sera généreux envers vous. Généralement, les gens perçoivent
leur argent comme s’il leur appartenait ; ils croient que seule la
quantité qu’ils donnent à l’Éternel est à lui. Or, c’est Dieu qui
nous procure tout ce que nous avons, et nous devons considérer la
totalité de notre argent comme lui appartenant, pas juste la partie
que nous plaçons dans l’offrande.
Nous sommes appelés à honorer Dieu par notre façon d’utiliser
notre argent, à la fois la partie que nous lui redonnons, et celle que
nous utilisons pour nous-mêmes. C’est l’attitude que vous voulez
transmettre à vos enfants.
Si vos enfants voient votre manque de générosité, ils
reproduiront la même chose. Ils apprennent de vous. En outre, vous
renoncez à la bénédiction que Dieu a promise en retour. Si vous
voulez que vos enfants connaissent la plénitude de la bénédiction
de Dieu, apprenez-leur donc à donner généreusement.

Ne cautionnez pas un étranger


Dans Proverbes 6, le père met en garde son fils : « Mon fils,
si tu as cautionné ton prochain, si tu t’es engagé pour autrui,
si tu es enlacé par les paroles de ta bouche […] Va, prosterne-
toi, et fais des instances auprès de lui […] Dégage-toi comme
la gazelle de la main du chasseur, comme l’oiseau de la main de
l’oiseleur » (v. 1‑3,5).
Amener ses enfants à croître en sagesse 113

Quelle est la signification de ces versets ? Supposons qu’un


voisin ou un inconnu vienne vous tenir les propos suivants :
« J’ai besoin d’argent pour un certain projet ou pour sortir
de l’endettement. Je te promets que si tu m’aides, tu auras ta
récompense. » La Bible dit de ne pas prêter d’argent à une telle
personne. Si vous le faites, vous céderez la gestion de votre
argent à quelqu’un qui n’est pas nécessairement fiable. Dieu vous
a donné une provision que vous dilapidez dans un arrangement
financier sur lequel vous n’avez aucun dire. Cela signifie que
vous pourriez très bien perdre votre argent.
Enseignez donc à vos enfants à utiliser leur argent à
bon escient et à ne pas s’engager pour quelqu’un dont le
comportement échappe totalement à leur emprise. Avertissez-
les qu’en s’engageant pour autrui, ils peuvent également devenir
responsables de ses dettes. Mieux vaut pour vos enfants qu’ils
soient en mesure d’utiliser leur argent selon la volonté de
Dieu que de le donner à quelqu’un qui cherche à faire fortune
rapidement, et qui pourrait bien tout perdre, entraînant ainsi
vos enfants dans sa chute.
Si vos enfants se trouvent dans une telle situation, que
doivent-ils faire ? Ils sont appelés à s’humilier et à solliciter la
négociation d’un règlement afin de pouvoir se retirer de leur
engagement. Ils doivent s’en occuper au plus tôt pour ne pas se
mettre en danger financièrement. Il leur faut faire tout ce qui
est en leur pouvoir pour se libérer de cet esclavage, « comme
la gazelle de la main du chasseur, comme l’oiseau de la main de
l’oiseleur » (6.5). En d’autres termes, ils doivent s’en dégager
sans plus tarder !
114 Être un père selon Dieu

10. Apprendre à ses enfants à aimer leur prochain

Bien que l’Écriture stipule clairement qu’il ne faille pas


cautionner un étranger, cela ne veut pas dire que nous ne
devons pas soutenir quelqu’un qui est vraiment dans le besoin.
Proverbes 3.27,28 est clair à ce sujet : « Ne refuse pas un bienfait
à celui qui y a droit, quand tu as le pouvoir de l’accorder. Ne dis
pas à ton prochain : Va et reviens, demain je donnerai ! quand tu
as de quoi donner. »
Si vous avez de quoi donner, aidez ceux qui sont dans le besoin.
Se montrer généreux avec les indigents et répondre aux besoins
d’autrui lorsque vous avez les moyens de le faire est une façon
d’honorer Dieu. Vous devez être généreux en faisant preuve d’un
amour sacrificiel pour votre prochain.
Un autre aspect de l’amour du prochain est de ne pas méditer
le mal contre lui lorsqu’il demeure tranquillement près de soi
(Pr 3.29). Le verset suivant dit : « Ne conteste pas sans motif
avec quelqu’un, lorsqu’il ne t’a point fait de mal. » Si votre voisin
ne vous a rien fait de mal, ne complotez pas de lui causer du tort.
Et n’ayez pas un esprit vengeur, car c’est la voie des méchants. La
malédiction du Seigneur repose sur de telles personnes (v. 31‑33).
Prenez soin de votre prochain, aimez-le, pardonnez-lui et
répondez à ses besoins. En agissant ainsi, vous hériterez la gloire
(v. 35). Vos enfants vous imiteront et agiront de même.
Il est important de noter que Jésus a inclus l’amour du prochain
dans l’un des deux plus grands commandements. Quand un homme
de loi lui demanda : « Maître, quel est le plus grand commandement
de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de
tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le
Amener ses enfants à croître en sagesse 115

premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui


lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
(Mt 22.36‑39). Le devoir moral d’une personne se résume donc à
aimer Dieu et son prochain.

Que se passe-t-il lorsque nous négligeons notre


rôle de chef de famille et d’enseignant ?

Nous venons de voir dix leçons cruciales que vous, en tant que
père, devez enseigner à vos enfants ; en outre, le livre des Proverbes
est rempli de sagesse que vous pourrez leur transmettre. Voilà
quelques moyens mis à votre disposition pour élever vos enfants
« en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Ép 6.4).
La clé pour encourager vos enfants à appliquer ces leçons est de
leur servir d’exemple. Vous devez leur montrer à quoi correspond
ce que vous leur enseignez de sorte qu’ils puissent vous imiter.
En considérant les conséquences dramatiques de l’absence de
ce genre d’instruction dans la vie de nos enfants, nous voyons
d’autant plus l’urgence de prendre le temps de semer la vérité
biblique dans leur cœur :
• en négligeant d’inculquer à vos enfants la crainte de Dieu,
vous laissez au diable le soin de leur apprendre à rejeter et
à haïr Dieu.
• en négligeant d’enseigner à vos enfants à protéger leurs
pensées, vous laissez au diable le soin de leur apprendre à
avoir un esprit « ouvert ».
116 Être un père selon Dieu

• en négligeant d’enseigner à vos enfants à être obéissants (à


vous et à leur mère), vous laissez au diable le soin de leur
apprendre à se rebeller et à vous briser le cœur.
• en négligeant de leur apprendre à choisir leurs amis avec
circonspection, vous laissez au diable le soin de leur choisir
des compagnons.
• en négligeant de leur apprendre à maîtriser leur corps, vous
laissez au diable le soin de les amener à livrer leurs membres
à la luxure.
• en négligeant de leur apprendre à aimer leur conjointe ou
leur conjoint, qui est un cadeau de Dieu, vous laissez au
diable le soin de les inspirer à détruire leur mariage par
l’infidélité et l’adultère.
• en négligeant de leur apprendre à surveiller leur langage,
vous laissez au diable le soin de remplir leur bouche de
ragots, de calomnies, de mensonges et de langage grossier.
• en négligeant de leur apprendre à travailler dur, vous laissez
au diable le soin de les inviter à la paresse, ce qui finira par
les appauvrir.
• en négligeant de leur apprendre à gérer leurs finances
correctement, vous laissez au diable le soin de les pousser à
dépenser à outrance et à s’endetter.
• en négligeant de leur apprendre à aimer leur prochain,
vous laissez au diable le soin de les convaincre de n’aimer
qu’eux-mêmes.
Amener ses enfants à croître en sagesse 117

En tant que pères, nous avons donc une grande responsabilité


vis-à-vis de la prochaine génération. L’avenir de nos enfants
dépend en grande partie de la profondeur de notre engagement
à leur apprendre à vivre selon la sagesse et la vérité divines.
Puissions-nous, comme des instruments de la grâce de Dieu,
être des enseignants fidèles et des chefs de famille vertueux,
qui élèvent leurs enfants « en les corrigeant et en les instruisant
selon le Seigneur ».
Le père prodigue était si riche de compassion qu’il était
prêt à supporter l’humiliation pour rétablir la situation
de son fils, perdu depuis longtemps. Nombre de parents
font exactement le contraire, y compris les parents
chrétiens. Quand leurs enfants commencent à s’engager
sur la mauvaise voie, ils leur parlent avec mépris et les
traitent de manière abjecte. Au lieu de s’humilier, ils
humilient leurs enfants, jusqu’à les détruire. Jésus donne
ici aux pères et aux mères un meilleur modèle à suivre12.
Philip Graham Ryken
CHAPITRE 5

L’amour d’un père pour


un enfant rebelle

N ous avons vu ce que cela signifie pour les pères que d’élever
leurs enfants « en les corrigeant et en les instruisant selon le
Seigneur » (Ép 6.4). Le mot « corrigeant » souligne le devoir de
chaque père de restreindre et de décourager la tendance pécheresse
de leurs enfants. Il doit les guider et les corriger, affectueusement,
mais fermement, afin de les conduire à obéir à ce qui est bon
et à rejeter ce qui est mauvais. Le mot « instruisant » souligne
l’obligation positive de les guider dans la voie de la sagesse biblique.
La priorité est de cultiver, chez nos enfants, une crainte déférente
de Dieu, une humble compréhension de leur propre culpabilité,
ainsi que le sentiment d’avoir besoin de Christ comme leur Sauveur
personnel. À partir de là, il est possible de leur apprendre à vivre
selon la vérité de l’Écriture, de les encourager à aimer Dieu et
de les orienter dans la bonne direction, de sorte qu’ils puissent
atteindre la maturité spirituelle.
Nous avons vu également que, selon Deutéronome 6.7,
l’investissement d’un père se doit d’être constant. Ce n’est pas

119
120 Être un père selon Dieu

un rôle à temps partiel ; il n’y a pas de temps mort. Nous devons


parler du Seigneur à nos enfants jour après jour, lorsque nous nous
asseyons et quand nous nous levons.
Tout ce que nous avons couvert jusqu’à présent suppose que
vos enfants se laissent encore enseigner (qu’ils sont disposés à vous
écouter et réceptifs à l’héritage biblique que vous vous efforcez
de leur transmettre). Que faire, cependant, si vous avez déjà un
ou plusieurs enfants farouchement rebelles ? Que faire si votre
autorité parentale a été rejetée ? Comment réagir quand un enfant
refuse de coopérer ou va même jusqu’à rejeter la foi chrétienne ou
quitter le foyer ?
Dans de telles circonstances, comment un père doit-il réagir ?
Compte tenu de la variété infinie des scénarios possibles
dans le cadre de la rébellion d’un enfant, je préfère considérer
la disposition de cœur du père devant ce rejet, plutôt que de tenter
de résoudre chaque cas. C’est là que tout doit commencer pour
un père désireux de se donner les moyens de repêcher un enfant
rebelle. Il existe d’autres ressources utiles vers lesquelles se
tourner dans des cas précis, et j’en cite quelques-unes dans les
notes en fin d’ouvrage, à la page 15913.
Quel est donc l’état d’esprit à adopter quand vos enfants
deviennent têtus ou, pire encore, vous rejettent d’emblée ?
Nous trouvons ce sentiment magnifiquement illustré dans ce
qui est communément intitulé « la parabole du fils prodigue ».
Dans cette histoire, racontée par Jésus, et rapportée dans le
chapitre 15 de l’Évangile selon Luc, nous découvrons un père
dont le fils exprime le genre de rejet le plus total que l’on
puisse imaginer. Le fils manifeste un mépris entier ainsi qu’une
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 121

indifférence absolue envers son père. Il rejette sa famille et part


pour un pays lointain où il dilapide la richesse familiale en vivant
dans la débauche.
Le père, dans cette histoire, représente Dieu. Tandis que
nous étudions cette parabole, notez soigneusement la disposition
de cœur du père envers son fils, car c’est exactement la même
que Dieu manifeste envers des pécheurs rebelles. C’est le genre
de cœur que vous devez avoir, en tant que père, envers un enfant
qui a choisi de rejeter votre conseil parental.
La parabole du fils prodigue se compose de trois parties
qui se chevauchent. La première nous présente le fils cadet, la
deuxième parle du père et la troisième concerne le fils aîné.
Dans le cadre de ce chapitre, nous nous concentrerons sur la
deuxième partie pour découvrir comment le père a réagi à son
fils rebelle. Toutefois, pour bien saisir le contexte, lisons la
parabole depuis le début :
Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père :
Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir.
Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus
jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné,
où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu’il
eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre
au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses
champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier
des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne
ne lui en donnait (v. 11‑16).
122 Être un père selon Dieu

Une demande outrageante

Pour saisir pleinement ce qui se passe dans l’histoire, il faut


comprendre certaines normes culturelles du Moyen-Orient
antique. D’habitude, les enfants n’avaient droit à aucun héritage
tant que le père était encore en vie. Ici, le fils cadet insiste
pourtant afin de recevoir promptement sa part de la succession.
C’est une demande sans vergogne, d’autant plus scandaleuse
qu’elle revient à dire : « Papa, je préférerais que tu sois mort. Je
veux ma part d’héritage et je l’exige sur-le-champ ! »
Le fils rassemble donc ses affaires et part en voyage dans
un pays lointain, où il gaspille l’argent de son père « en vivant
dans la débauche » (v. 13). Le terme grec pour « débauche »
signifie « dissolution des mœurs » ou « dilapidation » (c’est ce
que veut réellement dire le mot « prodigue ») et parle d’un style
de vie imprudent et éhonté. Le fils se trouve bientôt à court
d’argent ; il n’a pas d’autre choix que de prendre un emploi, et
le seul qu’il trouve consiste à nourrir les porcs. Il n’existe pas de
pire abaissement pour un homme d’origine juive, les porcs étant
considérés comme des animaux impurs.
En résumé, ce jeune homme représente quelqu’un qui a
touché le fond. Il vit dans une immoralité dégradante, et réside,
en tant que Juif, dans un pays païen, auprès de porcs impurs. Son
dénuement est tel qu’il mangerait bien la nourriture des porcs,
si cela lui était permis. Dans l’esprit des Juifs du Moyen-Orient
antique, il aurait été impossible d’imaginer un scénario plus
ignoble et pitoyable que celui-là.
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 123

Le début de la repentance

C’est précisément à ce moment-là que le fils rentra en lui-


même. Il se dit : « Combien d’ouvriers chez mon père ont du pain
en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! » (v. 17.) On peut
imaginer combien il a dû s’efforcer de ne pas penser à son père
tandis qu’il se livrait à un style de vie débauché. Or, voici qu’à
présent, il ne lui reste rien. La famine sévit dans le pays, et il meurt
de faim. Il lui faut parvenir à ce stade pour se rendre compte de
la situation où le péché l’a conduit ; il commence enfin à réfléchir
plus posément.
Ce qui est intéressant ici, c’est que le jeune homme se met
soudain à penser à son père. C’est à partir de là que nous voyons
un début de repentance, laquelle est amorcée par une évaluation
précise de son état de pécheur. Le fils prend conscience du fait qu’il
ne dispose pas des ressources nécessaires pour sortir de l’impasse.
Il est en train de mourir de faim, et personne n’est disposé à lui
donner quoi que ce soit, ce qui le pousse à évaluer honnêtement sa
situation. Cela ne manque pas de générer en lui de la contrition.

La générosité du père

La première pensée du fils est : « Combien d’ouvriers chez


mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de
faim ! » (v. 17.) Son observation nous apprend beaucoup sur le
père. À cette époque, les employés étaient des journaliers. Ces
ouvriers se situaient au rang le plus bas de l’échelle sociale. Ils
étaient essentiellement des gens pauvres qui n’avaient, pour la
plupart, aucune qualification. En général, ils travaillaient au
jour le jour. Leurs emplois, dont la récolte, étaient temporaires.
124 Être un père selon Dieu

Ils recevaient des salaires de misère qui leur permettaient à


peine de survivre.
De quoi se souvient le fils à propos de son père ? Du fait
qu’il payait bien ses ouvriers. En d’autres termes, son père était
généreux. Il donnait à ses ouvriers plus que le minimum nécessaire
pour survivre. Cela indique qu’il était charitable, bienveillant et
altruiste. Il observait manifestement la loi de l’Ancien Testament
exigeant de ne pas retenir le salaire d’un ouvrier jusqu’au lendemain
(Lé 19.13). Si un employeur embauchait quelqu’un dont la
subsistance dépendait de son travail (s’il était le soutien de famille),
ce patron était tenu de le payer le jour même de sa prestation.
Le fait que le père faisait plus que ce qu’exigeait la loi de
l’Ancien Testament permet de constater sa bonté. C’est ce dont le
fils se souvient. Il reconnaît que son père n’était pas un homme dur
ou indifférent. Son père était bon ; il avait pu le constater de ses
propres yeux. Il ne connaissait personne d’autre qui lui ressemble ;
il n’avait, d’ailleurs, personne d’autre vers qui se tourner.
Il nous serait facile de supposer qu’en raison du déshonneur
public que le père avait subi à cause de son fils, il ne voudrait plus
de lui. C’est certainement le point de vue de ceux qui écoutaient
Jésus raconter cette histoire. Or, le fils connaissait son père
mieux que cela. Il savait que son père n’était pas vindicatif, mais
miséricordieux et compatissant.

Le dilemme du fils

L’histoire que nous raconte Jésus sur les moissonneurs, dans


Matthieu 20, nous permet de mieux comprendre la situation des
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 125

ouvriers embauchés à la journée. Là, nous lisons qu’un propriétaire


« sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne »
(v. 1). Il convint avec eux d’un denier par jour. Il sortit à nouveau
à neuf heures, à midi et à quinze heures pour embaucher plus de
travailleurs. À la fin de la journée, il donna un denier à chacun,
indépendamment du temps qu’il avait passé à travailler pour lui.
En fin de compte, les ouvriers journaliers n’étaient pas en position
de négocier ; ils étaient à la merci des conditions fixées par la
personne qui les avait embauchés.
En fait, les journaliers étaient encore plus mal lotis que les
esclaves. En effet, ces derniers vivaient avec la famille ; ils faisaient
partie de la maison. On pourvoyait à leur nourriture, à leur
logement et à d’autres besoins. Même si, de manière générale,
ils ne recevaient aucune rémunération, on s’occupait de leurs
besoins. En revanche, les ouvriers étaient tenus de se débrouiller
par leurs propres moyens. Ils prenaient ce qu’ils pouvaient trouver
pour survivre.
Le père de l’enfant prodigue était toutefois généreux envers ses
ouvriers. Et parce que le fils n’avait pas d’autre choix, il a décidé
de rentrer chez son père. La seule
chose qu’il lui restait à faire était
Il espérait être traité
de s’humilier, de s’exposer à la
avec le même genre
honte et d’admettre son terrible
de compassion que
péché. Il espérait être traité avec
son père manifestait
le même genre de compassion que
aux indigents.
son père manifestait aux indigents.
Rien ne permet de supposer que le
fils avait le moindre espoir de recevoir de nouveau l’approbation
paternelle et encore moins d’être un jour dans ses bonnes grâces.
126 Être un père selon Dieu

Il n’avait certainement pas le droit de s’attendre à la moindre faveur


de sa part. Il ne serait jamais en mesure de rembourser tout ce qu’il
avait dilapidé de la richesse de son père. Son seul et unique espoir
était donc d’être embauché comme ouvrier dans les champs de son
père. Là, au moins, il aurait un travail stable et ne serait pas soumis
à la violence et à la famine qu’il avait connues dans un pays lointain.
Bien sûr, les gens qui écoutaient Jésus raconter cette parabole
comprenaient tout cela. Ils pensaient : « Certes, si le fils est
vraiment repentant, il peut aller voir son père, lui confesser son
péché et lui présenter humblement des excuses. Il mérite d’être
humilié et réprimandé, à cause de la manière abjecte dont il s’est
conduit envers son père. » Ces personnes vivaient dans une culture
de l’honneur et de la honte, où l’on enseignait l’importance de
protéger l’honneur des anciens. Ils faisaient preuve d’une attitude
dure et sévère à l’égard des enfants qui déshonoraient leurs
parents. Même si le fils était repentant et humblement disposé à
faire le nécessaire pour rembourser sa dette, la foule qui écoutait
Jésus s’attendait vraiment à ce que le père traite son fils comme un
paria, dès son retour. Le fils méritait toute l’humiliation et tout le
châtiment que lui infligerait son père.

Les signes d’un cœur contrit

Dans le brisement du fils, nous voyons le cœur d’un pécheur


pénitent disposé à changer de vie. C’est lorsque le cœur est
dépouillé que l’on voit son besoin de rédemption. Le fils exprime
non seulement la volonté de se repentir, mais la foi en son père.
Nous constatons ici que la repentance est liée à la foi. Le fils
veut croire en la bonté, en la compassion et en la générosité du
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 127

père, qu’il a pu voir de ses propres yeux. En dépit de l’horrible


déshonneur et de l’humiliation qu’il a infligés à son père, il sait
bien qu’il a à faire à un homme miséricordieux. Le fils est donc
prêt à revenir chez lui, à demander pardon à son père et à accepter
les conséquences de son péché.
En prenant la décision de rentrer chez lui, le jeune homme
commence à se répéter ce qu’il va dire : « Mon père, j’ai péché
contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton
fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers » (v. 18,19).
Nul doute qu’à ce stade de l’histoire de Jésus, les chefs
religieux bien-pensants qui se trouvaient dans la foule étaient tous
en train de hocher la tête en signe d’approbation ; ils se disaient
sûrement : « C’est exactement ce qu’il lui reste à faire. Il doit
se mettre à la merci de son père et lui demander la permission
de travailler comme un simple ouvrier. Sur le plan social, il doit
occuper l’échelon le plus bas, sans espérer la moindre relation avec
son père, pas même celle du maître avec son esclave, et encore
moins celle d’un fils. Après tout, il n’a pas le droit de réintégrer le
foyer familial. »
Dans cette culture, ce que le fils est sur le point de faire était
profondément humiliant, embarrassant à l’extrême, et saturé
de la réprobation et de la honte publiques. Le fils prodigue était
néanmoins déterminé à y faire face. En fait, écoutez la gravité
avec laquelle il s’accuse : « J’ai péché contre le ciel et contre
toi » (v. 18). Le texte original grec pourrait être interprété de
la façon suivante : « Mes péchés atteignent le ciel tant ils sont
nombreux. » Le fils comprend enfin l’ampleur de ses actes
répréhensibles. Nous trouvons le même esprit de repentance dans
une prière d’intercession exprimée par Esdras pour le compte
128 Être un père selon Dieu

d’Israël, quelques siècles auparavant : « Mon Dieu, je suis dans la


confusion, et j’ai honte, ô mon Dieu, de lever ma face vers toi ; car
nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et nos fautes
ont atteint jusqu’aux cieux » (Esd 9.6).
Dans la confession du fils, on trouve la marque d’une
repentance authentique. Il dit, en bref : « Ma vie est un désastre
total ; je regarde la mort en face, et je ne peux que me le reprocher.
Je me suis rebellé ; j’ai gâché ma vie et j’ai déshonoré mon père.
Mes péchés sont tellement nombreux qu’ils atteignent même
jusqu’aux cieux. » La vraie repentance ne cache rien et n’avance
pas d’excuses. Voilà en quoi consiste la repentance véritable : le
pécheur est frappé d’une condamnation écrasante concernant sa
propre condition.
Alors que le fils se répète ce qu’il va dire à son père, il est
franchement convaincu qu’il mérite une exclusion définitive de sa
famille, ainsi qu’une vie d’humiliation et de travail pénible. Il est
si las de son péché et humilié par les effets de ses transgressions,
qu’il préfère rentrer chez lui, quand bien même il va devoir
subir les conséquences de ses choix, en adoptant une attitude
diamétralement opposée à l’arrogance dont il avait fait preuve à
son départ.
De toute évidence, il éprouve de vrais remords. Le pays lointain
a depuis longtemps perdu son éclat et son attrait. Le mode de vie
effréné dont il a joui s’est transformé en un véritable esclavage
accablant. Ses rêves ont tourné au cauchemar ; son plaisir a pris
le visage de la souffrance ; ses divertissements se sont changés en
affliction ; la recherche d’épanouissement personnel l’a conduit
au dénuement. La fête est finie pour de bon. Les rires ont cessé
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 129

depuis longtemps, et ses amis ont tous disparu. Il arrive enfin au


bout de lui-même.
Cela ne veut pas dire que chaque pécheur attend nécessairement
d’avoir touché le fond pour se repentir. Ce n’était pas ce que Jésus
cherchait à souligner. Au contraire, Jésus a voulu mettre l’accent
sur la nature de la réaction du père à son fils, que nous allons
étudier dans un moment. Jésus voulait faire comprendre que,
même si le fils avait commis les pires délits possible contre son
père, ce dernier était toujours prêt à lui pardonner ses offenses.
Cela était révélateur pour les auditeurs de Jésus : si Dieu peut tout
pardonner, même au pire des pécheurs, il y a de l’espoir pour tous
ceux qui se repentent, en dépit du péché qu’ils ont pu commettre.

La tournure inattendue des événements

Ce qui se passe ensuite est surprenant :


Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin,
son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à
son cou et l’embrassa (v. 20).

À ce stade, si les chefs religieux bien-pensants se tenaient


debout, ils se sont probablement écroulés sous le choc. Ils ne
pouvaient en croire leurs oreilles : ce que Jésus venait de dire
dépassait les bornes.
Après tout, le fils avait agi indignement, et la justice exige
un châtiment. En outre, le garçon n’avait rien fait pour mériter
le statut de serviteur qu’il demandait ; il méritait encore moins
d’être pardonné dès son arrivée ! Une réconciliation complète
semblait hors de question pour toujours. Selon les us et coutumes
130 Être un père selon Dieu

de l’époque, le père avait même le droit de refuser de rencontrer


son fils et de le faire patienter à l’extérieur de la maison familiale
pendant des jours, à la vue de tous les habitants et à la merci de
leurs réprimandes. Quand le père daignerait enfin ouvrir la porte,
le fils serait tenu de s’incliner bien bas et de baiser ses pieds. À ce
moment-là, le père lui dirait, avec sévérité, ce qu’il aurait à faire
pour prouver que son repentir était réel. Alors, et alors seulement,
sa demande de servir en tant qu’ouvrier pourrait lui être accordée.
C’est ce que les rabbins enseignaient : la dette devait être payée, et
la miséricorde, méritée.

L’anticipation bienveillante du père

Or ce n’est pas ce qui arriva. En fait, dans l’esprit des auditeurs


de Jésus, ce qui eut lieu par la suite ne pouvait susciter que de
l’indignation : « Comme [le fils] était encore loin, son père le vit et
fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa »
(v. 20). Le père a eu le culot de courir jusqu’à son fils sans s’arrêter.
De toute évidence, le fait que le père soit parvenu à voir le garçon
alors qu’il était encore loin signifie qu’il devait être aux aguets,
impatient de le voir rentrer à la maison. Cela nous donne une idée
de l’amour que le père portait à son fils.
Imaginez la scène : Il fait jour, le père voit son fils au loin et
se met à courir pour aller à sa rencontre. Étant donné que cela a
lieu au beau milieu de la journée, tout le monde est dans les rues
du village. Les femmes, les enfants, les personnes âgées et toute
personne ne travaillant pas dans les champs environnants sont
présents. Le père se met à courir à la vue de tous ces gens. Et son
comportement les choque.
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 131

L’amour protecteur du père

Pourquoi le père se met-il à courir ? Tout simplement, pour


être aux côtés de son fils avant qu’il n’arrive au village. Le père
ne veut pas juste amorcer la réconciliation, comme le berger
qui a retrouvé la brebis perdue et la femme qui a retrouvé la
drachme perdue (Lu 15.1‑10) ; il veut rejoindre son fils avant que
les villageois ne puissent s’acharner contre lui. Le père est prêt à
être méprisé par la population pour protéger son fils. Il est prêt à
laisser les gens dire : « Que fait donc ce père ? Il a été déshonoré, et
maintenant le voilà qu’il se déshonore encore plus en embrassant
son fils pitoyable. » Le père connaît les codes culturels, mais il s’en
fiche pas mal. Il veut protéger son fils.
Cela devient encore plus évident lorsque nous constatons que
le père est « ému de compassion » pour son fils (v. 20). Il n’a pas
seulement de la compassion en considérant le péché passé de son
fils ou son dénuement actuel ; il prend en compte le danger auquel
il s’expose en entrant dans le village. Le terme grec traduit par
« compassion » vient d’une racine qui renvoie aux intestins, aux
entrailles et à l’abdomen. Le père a les tripes nouées en voyant son
fils ; il comprend le mépris et la colère que tous les habitants sont
sur le point de lui exprimer. Aussi se met-il à courir jusqu’à lui
pour le protéger.

Le père est disposé à s’exposer au mépris

Pourquoi les villageois furent-ils choqués en voyant le père


courir ? Dans le Moyen-Orient antique, les hommes d’un certain
rang ne couraient pas. C’était indigne. Un homme qui en avait
les moyens engageait des coureurs pour remettre des messages
132 Être un père selon Dieu

et faire des courses pour son compte. Lui se contentait d’avancer


princièrement, en se tenant très droit. Pour courir, il aurait dû
relever l’ourlet de sa tunique et exposer ainsi ses mollets… ce
qui lui aurait donné l’air d’être idiot, immature, incapable de se
maîtriser. Aucun homme honorable n’aurait agi ainsi en public,
surtout dans de pareilles circonstances, pour accueillir un fils
qui lui avait tellement porté atteinte. Cela ne se faisait pas, tout
simplement. En réalité, la chose était tellement enracinée dans
la culture du Moyen-Orient antique que, pendant des siècles, les
traductions de la Bible en arabe n’ont pas décrit le père en train
de courir. C’est comme si les traducteurs avaient voulu éviter
cette vérité humiliante.
Le mot traduit par « courut » est une forme du verbe grec
trecho, qui parle de faire une course. Il s’agit d’un sprint au plein
sens du terme. C’est comme si le père était tellement impatient
de revoir son fils qu’il ne pouvait le rejoindre assez vite. Il ne
s’est pas contenté de faire du jogging ou d’y aller à pas traînants.
Il s’est empressé de rejoindre son fils en piquant un sprint.
Ainsi, le père court jusqu’à son fils, s’exposant à la honte et
au mépris, car il ne répond pas du tout aux attentes culturelles
de base. Il est prêt à se mettre dans l’embarras pour protéger
son fils de l’adversité. Il s’expose à la moquerie et à la calomnie
de ses concitoyens pour que son fils n’ait pas à les supporter. Et
quand le père rejoint enfin son fils, il l’embrasse, chose encore
plus choquante. Il se jette à son cou, le serre dans ses bras et
l’embrasse (v. 20). Il agit ainsi bien que son fils soit crasseux,
que ses vêtements soient délabrés et qu’une forte odeur de porc
émane de lui. Cet accueil extraordinaire nous en dit long sur la
souffrance silencieuse du père tout au long de l’absence de son
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 133

fils. Voici qu’à présent, son immense amour pour son garçon
s’affiche au grand jour.
À ce stade, il est certain que les auditeurs de Jésus étaient
horrifiés. Toute l’affection du père était déversée sur le fils
prodigue avant même qu’il ait eu la possibilité de lui exprimer
sa confession soigneusement répétée. Ce n’était pas le genre de
bienvenue à laquelle s’attendait l’auditoire de Jésus !

Une image de l’amour de Dieu pour les pécheurs

Vous voulez savoir à quel point Dieu languit d’accueillir un


pécheur ? Nous en trouvons la réponse dans l’accueil que le père
réserve au fils. Dieu a foulé la poussière et supporté la honte. Il
a embrassé le pécheur de toutes ses forces. Certaines personnes
considèrent Dieu comme un Sauveur réticent. Pourtant, ce n’est
pas le cas. Les anges de Dieu se réjouissent quand une personne se
repent et lui demande pardon.
Ce tournant inattendu dans l’histoire de Jésus était totalement
inhabituel. Il allait à l’encontre de tout ce qu’avait enseigné la
culture. Le père s’était humilié
publiquement en raison d’un
Certaines personnes
profond amour pour son fils. Il
considèrent Dieu
avait foulé le sol poussiéreux de
comme un Sauveur
son village pour protéger son fils
réticent. Pourtant,
du mépris et de l’indignation des
ce n’est pas le cas.
villageois. Et il avait embrassé
son fils, malgré sa saleté et ses
vêtements en lambeaux. Ce père a fait exactement ce que Jésus
a accompli en notre faveur. Jésus est venu dans notre village pour
134 Être un père selon Dieu

braver les interdits, s’exposer à la honte, nous serrer dans ses bras,
nous embrasser et nous réconcilier avec lui.

Une image du salut par la grâce

L’auditoire de Jésus fut en outre surpris de l’amour que le


père manifesta à son fils sans exiger de sa part des œuvres ou le
remboursement de sa dette. Remarquez ce qui s’est passé lorsque
le fils s’est mis à prononcer le discours qu’il avait répété : « Mon
père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne
d’être appelé ton fils » (v. 21). Avant qu’il n’ait pu dire « traite-
moi comme l’un de tes ouvriers » (v. 19), le père l’interrompit en
donnant une série d’ordres à ses serviteurs.

L’image d’une restauration complète

L’ampleur du pardon du père se manifeste par le discours qu’il


tient lorsqu’il interrompt la confession du fils. Il est clair que son
objectif n’est pas simplement de montrer au fils un minimum de
miséricorde. Il ne veut pas juste accorder le pardon complet au fils
prodigue repentant et le restaurer ; il a bien l’intention d’honorer
ce fils qui lui a fait tellement honte !
Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle
robe, et revêtez-le ; mettez-lui un anneau au doigt, et des
souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons
et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il
est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils
commencèrent à se réjouir (v. 22-24).
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 135

La signification symbolique de ces versets est extraordinaire. Le


fait que le père donne à son fils une robe, un anneau et des sandales
est particulièrement explicite pour la foule qui écoute la narration
de cette parabole. À cette époque, chaque noble possédait une robe
de belle facture qui était réservée pour les grandes occasions. Le
terme grec utilisé ici signifie « tenue de premier rang ». En revêtant
son fils de cette robe, le père l’honorait grandement. De plus, le
père n’avait que faire de la saleté qui recouvrait encore son fils !
Ensuite, le père a mis un anneau au doigt de son fils, une
chevalière qui portait le sceau de la famille. Ces anneaux étaient
utilisés autrefois pour graver les insignes familiaux sur les sceaux
de cire apposés aux documents officiels. Ainsi, la bague était le
symbole de l’autorité par excellence. Le père transmettait donc sa
propre autorité à son fils.
Enfin, des sandales furent mises aux pieds du fils. À l’époque,
les sandales étaient généralement portées par les maîtres et leurs
fils, et non par des esclaves ou des ouvriers. Cela signifiait que le
père avait entièrement redonné au jeune homme sa place de fils.
La robe, l’anneau et les sandales étaient une manière de dire :
« Le meilleur de tout ce que j’ai est à toi. Tu occupes de nouveau
ta place de fils. » Les droits et les privilèges de la filiation furent
donc restitués au jeune homme. En manifestant ainsi le pardon à
son fils, le père ne lui refusait aucune bénédiction.
Alors, bien sûr, les auditeurs de Jésus furent grandement
étonnés. Ce père bravait de nombreuses coutumes et attentes
culturelles strictes de l’époque. Il ne se préoccupait guère de
son propre honneur. En fait, il comblait d’honneurs un fils non
méritant. Les gens dans la foule étaient abasourdis. Selon eux, le
136 Être un père selon Dieu

pécheur avait besoin de gagner la faveur de Dieu au moyen des


œuvres et de la loi. Jésus illustrait le principe d’Éphésiens 2.8,9 :
« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la
foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est
point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » Et celui
de Tite 3.5‑7 : « Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice
que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de
la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit. Il l’a répandu
sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que,
justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l’espérance de
la vie éternelle. »
Il existe même une signification encore plus symbolique dans
les cadeaux que le père attribua à son fils cadet. Traditionnellement,
dans cette culture, la robe et l’anneau revenaient au fils aîné. Ou
alors, le père réservait la robe pour le mariage de son aîné. À
l’époque, le mariage du fils aîné était le plus grand événement festif
qui pouvait avoir lieu dans une famille. L’anneau, qui signifiait que
le jeune homme détenait l’autorité légale d’exercer des fonctions
officielles pour la famille, lui revenait également. Étant donné que
le fils cadet avait déjà reçu sa part d’héritage, tout ce qui restait
revenait de droit à l’aîné.
Pourtant, le père, dans la mesure où il était encore en vie et
demeurait le patriarche de la famille, pouvait faire ce qu’il voulait
des possessions qui étaient encore siennes. En donnant la robe,
l’anneau et les sandales à son plus jeune fils, il disait clairement
à tout le village : « Le jeune homme a regagné tout privilège
revenant de droit au fils d’un noble. Il a de nouveau pleinement
accès aux trésors de la famille. Il a été entièrement pardonné, et
la réconciliation a été immédiate et complète. Il n’y aura donc pas
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 137

de période probatoire au cours de laquelle mon fils devra faire ses


preuves en travaillant dur. »
Le fils s’est présenté à son père sans rien pouvoir lui offrir.
Il a reconnu son état de dépravation totale. Il n’est pas venu avec
une valise à la main. Il en est de même lorsqu’un pécheur vient à
Dieu avec un cœur repentant. Qui est celui que Dieu justifie ? « À
celui qui ne fait point d’œuvre, mais qui croit en celui qui justifie
l’impie, sa foi lui est imputée à justice » (Ro 4.5). Dieu pardonne
à ceux qui viennent à lui les mains vides. Personne ne peut gagner
le pardon et la grâce de Dieu.
Quel message Jésus cherche-t-il à communiquer ici ? La grâce
triomphe du péché, même le pire. L’histoire ne met pas en relief
le fait que chaque pécheur peut tomber dans de tels gouffres de
désespoir, mais que la grâce peut couvrir tous nos péchés. L’accent
est donc mis sur le pardon immérité, la filiation imméritée, le salut
immérité et l’honneur immérité qui nous sont donnés sans que nous
ayons à nous acquitter de nos dettes ou à accomplir des œuvres.
Un tel amour et une telle grâce accordés à un pécheur pénitent,
qui place sa confiance en Dieu, sont des choses admirables. Cela
ne correspond pas aux attentes d’une culture légaliste.

L’image de la joie exprimée


quand un pécheur se repent

Puis le père a invité les gens à faire la fête :


Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-
nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la
138 Être un père selon Dieu

vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à


se réjouir (Lu 15.23,24).

À l’époque, les familles nobles mettaient de côté un veau qui


était engraissé pour une occasion vraiment spéciale, comme un
mariage ou la visite d’un dignitaire. Le père était si heureux du
retour de son fils qu’il le traita comme s’il s’agissait du plus grand
événement à s’être jamais déroulé dans l’histoire de sa famille
ou du village. Un veau gras pouvait nourrir un grand nombre de
personnes (environ deux cents, voire plus). Il est donc possible que
le père ait invité tout le village à se réjouir avec lui.
Dans cette célébration, nous voyons une image de la
réjouissance qui a lieu dans le ciel pour un seul pécheur qui se
repent (Lu 15.7). En fait, plus tôt dans Luc 15, le berger qui a
trouvé sa brebis perdue dit à ses amis et voisins : « Réjouissez-vous
avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue » (v. 6). Et la
femme qui a trouvé sa pièce de monnaie perdue appelle également
ses amies et voisines et leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car
j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue » (v. 9). Ici, le père invite
tout le village à se réjouir avec lui au sujet de son fils, de retour à la
maison. Il déclare : « Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils
que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est
retrouvé » (v. 23,24).
Qu’entendait le père par : « Mon fils que voici était mort ? »
Lorsque le fils était parti pour un pays lointain, il l’avait fait en
rejetant totalement son père et sa famille. Il était donc très peu
probable qu’il revienne un jour. Ainsi, la famille le considérait
peut-être comme mort, et, dans cette culture, il n’était pas exclu
d’organiser des funérailles dans ce cas. Mais puisque ce fils était
de retour, il était « revenu à la vie ». Comme pour le message de
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 139

l’Évangile, le fils n’a pas eu à se racheter pour retrouver sa vie.


Au contraire, son père lui a octroyé librement les droits et les
privilèges de la filiation. C’est le père qui l’a pris dans ses bras, l’a
embrassé et lui a rendu son statut de fils.
Cette fête ne célébrait donc pas tant la conduite du fils que celle
du père. C’est le père qui bénit son fils de nouveau par son pardon
miséricordieux et son amour compatissant. Il fit preuve d’une
bonté inouïe, d’un amour sacrificiel et d’une grâce surabondante.
Le fils, qui était pour ainsi dire mort, retrouvait maintenant la vie
et jouissait désormais d’une vraie relation avec son père, qui le
faisait héritier de toutes ses possessions. Le fils confia sa vie à son
père, et le père confia ses ressources au fils, de retour à la maison
du père. Voilà ce qu’il en est des disciples de Christ.
Dieu accueille le pécheur qui vient à lui dans la repentance et
la foi. Dans Jean 6.37, Jésus dit : « Je ne mettrai pas dehors celui
qui vient à moi. » La grâce de Dieu qui pardonne est magnanime.
Elle remplace les haillons du pécheur par la robe de la justice.
Elle nous confère honneur, respectabilité, autorité, ainsi que le
plein accès aux trésors de Dieu et le droit de le représenter. Nous
sommes ses ambassadeurs, selon 2 Corinthiens 5.20.
Dieu n’est pas un Sauveur réticent. Il court à notre rencontre
pour nous prendre dans ses bras et nous serrer fort. Il nous traite
comme si nous faisions partie de la royauté et s’empresse de nous
donner la robe, l’anneau et les sandales. Puis il appelle tous les
habitants des cieux à se joindre à lui pour célébrer, chaque fois
qu’un pécheur trouve le chemin de la réconciliation. Il le fait
chaque fois qu’un pécheur se repent !
140 Être un père selon Dieu

Suivre l’exemple de Dieu

Comment cela s’applique-t-il à vous en tant que père ? La


parabole du fils perdu fournit une démonstration éclatante de
la nature de l’amour dont vous devez faire preuve à l’égard d’un
enfant rebelle. Cela ne veut pas dire que vous devez fermer les
yeux sur les mauvais comportements qu’adopte votre enfant.
Toutefois, vous devez être prêt à manifester le pardon et la grâce
en attendant que votre enfant retrouve un peu de bon sens et
qu’il se repente. Vous devez faire preuve d’un amour chrétien
en attendant que cela se produise. Soyez patient et plein de
bonté. Suivez l’exemple de l’amour surabondant de Dieu pour
les pécheurs.
Ceux qui écoutaient Jésus raconter cette histoire pensaient
que le fils cadet devrait être châtié pour la façon odieuse dont il
avait traité son père. Ils croyaient que le fils aurait à travailler
dur pour être de nouveau accepté dans la famille. De même,
nous avons tendance à garder rancune à nos enfants quand ils
brisent nos cœurs. Lorsqu’ils nous rendent la vie pénible, nous
sommes enclins à nous en prendre à eux et à leur faire payer cher
pour ce qu’ils nous ont fait.
Or, ce n’est pas ainsi que notre Père céleste nous a traités
lorsque nous sommes venus à lui pour lui demander pardon. Il
nous a accueillis à bras ouverts. Il nous a aussitôt couverts de sa
grâce et de sa miséricorde. Il n’est pas un Sauveur réticent, mais
impatient de nous racheter.
Nous devons adopter cette disposition bienveillante non
seulement à l’égard des enfants qui rejettent catégoriquement
notre autorité parentale, comme cela s’est produit avec le jeune
L'amour d'un père pour un enfant rebelle 141

homme, dans Luc 15, mais même dans les cas de rébellion


passagère. Quelle que soit la situation, lorsque l’enfant est
repentant, il est temps de lui manifester la même grâce
surabondante que nous avons reçue de la part de Dieu lorsque
nous lui avons demandé de nous sauver. C’est l’occasion de nous
rappeler la merveilleuse bonté de Dieu à notre égard, et d’en
être reconnaissants.
Le courage ne vient pas de la nature, mais de la grâce :
c’est un don de Dieu. C’est lui qui confère à ses enfants
la force et le pouvoir, non seulement l’énergie physique,
mais le dynamisme spirituel ; c’est lui qui les ceint de
résolution et d’une sainte audace, les remplit
de bravoure spirituelle, fortifie leurs cœurs et les
affermit contre leurs ennemis spirituels14.
John Gill
CHAPITRE 6

L’appel à la fermeté
et au courage

I l est remarquable de voir avec quelle fréquence la Bible évoque


le thème du leadership. En fait, dès le début de la création,
Dieu établit le besoin d’autorité dans le monde humain. Dans le
contexte du premier mariage entre Adam et Ève, Dieu nomme
Adam chef de famille. Tandis que le plan rédempteur de Dieu
se dévoile tout au long des pages de l’Écriture, nous découvrons
non seulement des maris et des pères dans leur rôle de chef de
famille, mais des patriarches, des prophètes, des sacrificateurs,
des juges, des rois et des chefs militaires, tous choisis pour servir
en qualité de dirigeants dans d’autres institutions humaines plus
ou moins importantes, y compris à la tête de nations.
Dans les pages du Nouveau Testament, nous découvrons le
chef suprême, Jésus-Christ. Dès le début de son ministère officiel,
Jésus choisit douze hommes qu’il forma afin qu’ils perpétuent son
œuvre après son ascension au ciel. Avec l’aide de l’Esprit Saint, ces
derniers durent former, à leur tour, de futurs dirigeants d’Église
pour que le processus se poursuive au fil des siècles, jusqu’à
143
144 Être un père selon Dieu

aujourd’hui. C’est l’une des principales responsabilités d’un


leader : former des générations futures de dirigeants. L’apôtre
Paul confia cette tâche à Timothée. Il lui dit : « Et ce que tu as
entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le
à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à
d’autres » (2 Ti 2.2).
Cependant, la forme la plus fondamentale de leadership,
pour toute société, est celle du mari et du père en qualité de
chef de famille. Avec Adam et Ève, Dieu conçut la relation
conjugale entre l’homme et la femme comme la première
institution humaine. Il s’agit donc du bloc de construction le
plus élémentaire de la société. Selon l’ordre de la Création,
Adam ayant été créé le premier, et Ève pour l’assister (Ge 2.18 ;
1 Co 11.3 ; Ép 5.22‑33), l’homme fut investi de la position de chef
de famille dans la relation maritale et familiale. Ainsi que nous
l’avons vu plus tôt dans ce livre, le devoir lui incombe de remplir
ce rôle de leadership en manifestant l’amour de Christ à son
épouse et en corrigeant, ainsi qu’en instruisant, ses enfants selon
le Seigneur. En fin de compte,
c’est l’administration du père à la
Tels pères,
tête de sa famille qui détermine,
tels futurs dirigeants.
d’une manière très significative,
quel genre de futurs dirigeants
nous aurons dans la société. Tels pères, tels futurs dirigeants.
D’où la nécessité cruciale de développer de bonnes aptitudes à
diriger son foyer.
Comme nous l’avons déjà évoqué auparavant, quand il est
question de l’éducation des enfants, la priorité du père est la
direction spirituelle.
L'appel à la fermeté et au courage 145

En gardant cela à l’esprit, les pères peuvent apprendre


énormément de choses pour bien diriger leur maison, chaque
fois que l’Écriture mentionne les principes d’un bon leadership
spirituel. En fait, à certains moments, la Bible rappelle les
responsabilités d’un guide spirituel en les comparant à celles d’un
père. Cela ne devrait donc pas nous surprendre de découvrir que la
plupart des principes de bonne conduite spirituelle sont identiques
à ceux qui s’appliquent à une paternité vertueuse.
L’apôtre Paul a rapproché son autorité spirituelle dans
l’Église de la responsabilité parentale au sein du foyer. À partir
des illustrations que Paul utilise dans ce passage, nous pouvons
tirer de précieuses leçons sur la réponse appropriée des pères à
l’appel de Dieu.

Diriger une église se rapproche de la parentalité

Dans 1 Thessaloniciens 2.7‑12, Paul s’adresse aux chrétiens


de Thessalonique pour évoquer le genre de gestion que lui et ses
collègues missionnaires ont exercé au cours de leur séjour chez
eux. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’il compare
leur façon de prendre soin du troupeau de Dieu à la manière dont
une mère et un père veillent sur leur progéniture :
Mais nous avons été pleins de douceur au milieu de vous.
De même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants,
nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous,
non seulement vous donner l’Évangile de Dieu, mais encore
notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers […]

Vous êtes témoins, et Dieu l’est aussi, que nous avons


eu envers vous qui croyez une conduite sainte, juste et
146 Être un père selon Dieu

irréprochable. Vous savez aussi que nous avons été pour


chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous
exhortant, vous consolant, vous conjurant de marcher d’une
manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à
sa gloire (v. 7,8,10‑12, italiques pour souligner).

Paul choisit donc l’exemple des parents pour illustrer son


leadership spirituel. Ailleurs dans le Nouveau Testament, nous
trouvons d’autres images utilisées pour décrire des leaders
spirituels, qui sont dépeints comme des bergers (1 Pi 5.1‑4),
des dispensateurs (1 Co 4.1,2), des prédicateurs (1 Ti 2.7), des
enseignants (2 Ti 2.2) et même des serviteurs (1 Co 3.5‑9).
Chacune de ces métaphores est chargée de sens et met l’accent sur
un certain aspect de la direction spirituelle.
Dans 1 Thessaloniciens 2.7‑12, les métaphores que Paul choisit
sont celles du père et de la mère. Il utilise l’image d’une mère
pour illustrer une attention empreinte de tendresse ; il a recours
à l’image d’un père pour démontrer la fermeté. Les dirigeants
spirituels doivent faire ressortir ces deux qualités auprès de ceux
qu’ils ont sous leur responsabilité. Ce qui rend les illustrations
de Paul si éloquentes, c’est que tout le monde est à même de
comprendre en quoi consiste l’attention parentale. Saisir ce genre
de métaphores est à la portée de tous.
Par conséquent, en lisant 1 Thessaloniciens 2.10‑12, où Paul se
présente « comme un père », nous, qui sommes pères, découvrons
le genre de leadership dont nous devons faire preuve dans notre
propre foyer. Bien que Paul y décrive le type de leader spirituel
qu’il fut pour l’Église de Thessalonique, ce passage nous fournit
des instructions en ce qui concerne notre rôle de père.
L'appel à la fermeté et au courage 147

Qu’est-ce qui fait qu’un homme est un homme ?

Si nous devions demander aux gens ce qui, selon eux, représente


la vertu la plus fondamentale de la virilité, nous obtiendrions
beaucoup de réponses différentes. Notre société a toutes sortes
d’attentes et de perceptions à propos de ce que doit être un homme,
et ses opinions sont, en grande partie, contradictoires ou vagues.
Aussi est-il utile de se tourner vers la Bible pour voir ce qu’elle en
dit. En réalité, nous trouvons une déclaration assez intéressante de
l’apôtre Paul, dans 1 Corinthiens 16 ; elle nous procure la réponse
que nous cherchons.
Si vous vous souvenez bien, l’Église néotestamentaire de
Corinthe était une assemblée pleine de compromis. Les membres
souffraient de faiblesse spirituelle et toléraient le péché dans leur
propre vie et celle d’autrui. Après avoir évoqué ces problèmes, Paul
conclut la première lettre aux Corinthiens par cette exhortation :
Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes,
fortifiez-vous (16.13).

Aujourd’hui, quand on considère la conduite des hommes, on


distingue un large éventail de comportements. De nombreuses
émissions de télévision les présentent comme étant, pour la plupart,
paresseux, stupides, incultes et généralement incompétents en
tant que maris et pères. Ensuite, on trouve ceux qui veulent
effacer les distinctions que Dieu a conçues entre les hommes et les
femmes ; ils disent que les hommes devraient « être plus à l’écoute
de leur côté féminin ». Ce genre de sagesse humaine mal éclairée
ne fait que diminuer les qualités uniques que Dieu a conçues pour
l’homme, afin qu’il les mette à profit pour le bien de sa famille, de
son foyer, de son lieu de travail et plus encore.
148 Être un père selon Dieu

Comment les hommes devraient-ils donc se comporter ? Paul


nous livre une réponse directe dans 1 Corinthiens 16.13 : « Soyez
des hommes, fortifiez-vous. »
Il est intéressant de noter que le verbe grec traduit ici par
« soyez » signifie « se conduire d’une manière courageuse ». L’idée
est que les hommes doivent avoir du courage et faire preuve de
fermeté. Dans le contexte du livre de 1 Corinthiens, Paul exhorte
ses lecteurs à faire preuve de force de conviction et à avoir le
courage d’être fermes dans la foi.
C’est la vertu la plus fondamentale de la virilité. C’est ce que
vous êtes appelé à manifester dans votre propre foyer en tant que
père : courage et fermeté. Vous devez vous montrer ferme dans
vos convictions, de façon à apporter foi, confiance et stabilité au
sein de votre famille.
Aujourd’hui, trop d’hommes se montrent faibles, déprimés
et défaitistes. Ils hésitent quand il est question de convictions
spirituelles. En conséquence, ils ne parviennent pas à offrir le
genre de fermeté et d’orientation dont la famille a tant besoin dans
la société actuelle.
Un père se doit d’affronter la vie avec courage. Il doit croire
certaines vérités et prendre parti pour elles. Il est appelé à assumer
certaines responsabilités et à les mener à bien, quel que soit le type
d’opposition à laquelle il se heurte. Il doit faire ce que l’Écriture
affirme être juste, même s’il y a un prix à payer. Il est amené à
prendre des décisions difficiles, mais nécessaires, plutôt que de
dériver sans but dans n’importe quelle direction que lui dicte la
culture moderne. Voilà les choses qui font qu’un homme est un
L'appel à la fermeté et au courage 149

homme. Elles font de lui le genre de père qui corrige et instruit ses
enfants selon le Seigneur, et dont ils ont besoin (Ép 6.4).

Soyez ferme et courageux

L’expression grecque traduite par « soyez des hommes » dans


1 Corinthiens 16.13 n’apparaît nulle part ailleurs dans le Nouveau
Testament. Toutefois, elle est présente dans la traduction
grecque de l’Ancien Testament, autrement connue sous le nom
de Septante. Elle se trouve dans Deutéronome 31, où Moïse,
alors âgé de cent vingt ans, s’adresse à la nation d’Israël, tandis
qu’il se prépare à remettre la direction à Josué. Moïse s’adresse
au peuple qui s’apprête à entrer en Terre promise. Il lui dit :
« Fortifiez-vous et ayez du courage ! » (v. 5.) La terminologie
employée ici, dans la Septante, est la même que celle utilisée
dans 1 Corinthiens 16.13. Moïse poursuit :
Fortifiez-vous et ayez du courage ! Ne craignez point et ne
soyez point effrayés devant eux ; car l’Éternel, ton Dieu,
marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne
t’abandonnera point (v. 6).

Moïse se tourne ensuite vers Josué et lui dit, devant tout


Israël : « Fortifie-toi et prends courage » (v. 7). Voilà comment
doivent agir les hommes. Ils se doivent d’être forts, courageux,
fermes, vertueux et avoir la force de conviction. Ils doivent
posséder le genre de courage qui refuse de faire des compromis
ou de baisser l’échine.
Nous trouvons un avertissement similaire dans 1 Rois 2.2.
Le contexte est assez fascinant : le roi David fait une dernière
150 Être un père selon Dieu

recommandation à son fils Salomon avant de mourir. Elle compte


parmi ses dernières paroles. Quelle est la chose la plus importante
qu’il a eu envie de dire à Salomon à ce moment-là ? « Je m’en vais
par le chemin de toute la terre. Fortifie-toi, et sois un homme ! »
Le verset suivant indique comment Salomon doit accomplir sa
tâche : « Observe les commandements de l’Éternel, ton Dieu, en
marchant dans ses voies, et en gardant ses lois, ses ordonnances,
ses jugements et ses préceptes […] afin que tu réussisses dans tout
ce que tu feras et partout où tu te tourneras » (v. 3). Nous voyons
donc que pour être fort, il est nécessaire de marcher dans les
voies et les commandements de Dieu. Voilà ce que signifie être
un homme : marcher fermement
Voilà ce que signifie et courageusement dans les voies
être un homme : du Seigneur.
marcher fermement et
C’est le genre de leader que
courageusement dans
vous devez être pour votre famille.
les voies du Seigneur.
Vous êtes appelé à être ferme
dans la foi, résolu dans les choses
de Dieu. Vous devez fournir des directives claires à vos enfants
quant à leur mode de vie. Pour tout cela, il vous faudra de la
détermination et du courage, car vous rencontrerez sûrement de
l’opposition. À ce moment-là, votre famille aura besoin de vous
voir tenir ferme, sans fléchir. Ne succombez pas aux attaques du
monde ; refusez de devenir faible, intimidé ou consterné. Il est de
votre responsabilité de fournir le genre de leadership audacieux
qui conduira vos enfants à faire preuve d’un courage similaire et
d’une force de conviction dans leur propre vie.
L'appel à la fermeté et au courage 151

La source de la force d’un homme pieux

Où trouver le courage de relever des défis de taille, de gérer


les problèmes de la vie et de chercher, malgré tout, à atteindre son
but ? Comment un homme doit-il rassembler ce genre de courage
et de force ?
Quand vint le temps pour Josué de conduire la nation d’Israël
en Terre promise et de livrer bataille, le Seigneur lui dit à plusieurs
reprises : « Fortifie-toi et prends courage » (Jos 1.6), « Fortifie-toi
seulement et aie bon courage » (v. 7), et « Ne t’ai-je pas donné cet
ordre : Fortifie-toi et prends courage ? » (v. 9.)
Cela dit, où Josué est-il censé trouver cette force et ce courage ?

L’assurance de la présence de Dieu

Tout d’abord, notez ce que Dieu promet à Josué quand il lui


donne ses commandements : « Je serai avec toi, comme j’ai été
avec Moïse ; je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point »
(v. 5). Puis, de nouveau, au verset 9, Dieu dit : « Ne t’effraie point
et ne t’épouvante point, car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi dans
tout ce que tu entreprendras. »
La première chose qui donne du courage à un homme dans
sa responsabilité de chef spirituel, c’est la présence de Dieu.
« Je serai avec toi », dit-il. « Je ne te délaisserai point, je ne
t’abandonnerai point. »

La poursuite d’une cause juste


152 Être un père selon Dieu

Deuxièmement, après que Dieu a commandé à Josué d’être


fort et courageux, il ajoute : « C’est toi qui mettras ce peuple
en possession du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner »
(v. 6). Dieu a déjà promis cette terre au peuple d’Israël. Il les
assistera dans leur conquête. Ce qu’ils sont sur le point de faire est
en accord avec le plan de Dieu ; ils n’ont donc rien à craindre, car
ils sont engagés dans une cause juste.
Concernant notre mode de vie, Dieu nous donne des
instructions sans équivoque dans l’Écriture. Comme le dit le
Psaume 119.105 : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une
lumière sur mon sentier. » Lorsque Dieu nous appelle à une action
précise et que nous lui obéissons, nous pouvons aller de l’avant avec
la confiance de servir une cause juste. Le fait de savoir que nous
pratiquons ce qui est juste nous remplit de force et de courage.

La promesse de la puissance souveraine de Dieu

Troisièmement, Dieu dit à Josué : « [Agis] fidèlement selon


toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a prescrite ; ne t’en
détourne ni à droite ni à gauche, afin de réussir dans tout ce que
tu entreprendras » (Jos 1.7). Le verset 8 explicite : « Que ce
livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et
nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit ; car c’est
alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que
tu réussiras. »
Dieu promet à Josué que s’il demeure ferme dans sa foi,
il le bénira et lui accordera la réussite. Dieu est en mesure de
faire une telle promesse en raison de sa souveraineté et de sa
domination absolue sur toutes choses. Lorsque nous nous
L'appel à la fermeté et au courage 153

appliquons fidèlement à mettre en pratique la Parole de Dieu,


Dieu nous assure le succès. Bien entendu, ce succès, c’est la
puissance souveraine de Dieu qui nous le procure.
Le courage dans le leadership spirituel vient donc de l’assurance
de la présence de Dieu, de la poursuite d’une cause juste et de la
promesse de la souveraineté de Dieu sur toutes choses.

Quand vient l’opposition

Certaines personnes peuvent penser : « Que dire de ces


moments où, parce qu’un chrétien s’attache fermement à ses
convictions, il s’attire des ennuis ? N’est-ce pas problématique ? »
Non, dans la mesure où nous avons déjà déterminé que ce que
nous faisons est juste et biblique. Si nous vivons en accord avec les
directives de Dieu, nous pouvons avoir l’assurance qu’il est avec
nous et nous promet la réussite selon sa perspective. Aux yeux
du monde, nous donnons peut-être l’impression d’échouer, car
nous nageons à contre-courant. Du point de vue de Dieu, nous
faisons toutefois ce qui est juste.
C’est le genre de conviction qui doit animer un chef spirituel.
En vertu du fait que le père est le chef spirituel de la famille, c’est
le genre de conviction que vous devez acquérir également. Vous
devez être résolu, audacieux, fort et courageux à l’égard de ce
que vous croyez et vivez.
Si vous voulez élever vos enfants « en les corrigeant et en
les instruisant selon le Seigneur » (Ép 6.4), vous devez définir
la marche à suivre dans votre propre foyer. Vous devez être un
exemple de force et de courage. Si vous vivez hardiment selon
154 Être un père selon Dieu

la Parole de Dieu, sans faire de compromis et en résistant à la


pression de plaire aux hommes, vous amènerez vos enfants à
suivre votre exemple. Ne sacrifiez pas l’intégrité au confort.
Ne craignez pas l’opinion d’autrui. Cherchez à plaire à Dieu et
campez fermement sur vos convictions, afin de remplir votre
rôle de chef de famille, ainsi que Dieu vous a appelé à le faire.
Voilà ce que signifie être un homme.

À quoi doit ressembler de leadership d’un père ?

À présent, revenons à 1 Thessaloniciens 2, et examinons


le portrait que nous dresse Paul des chefs spirituels qui doivent
présenter des qualités de pères.

La nature du leadership d’un père

Examinons tout d’abord le contexte dans lequel Paul


s’exprime dans 1 Thessaloniciens 2.7‑12. Après le départ de Paul,
des détracteurs avaient affirmé que Paul n’était pas différent des
faux enseignants religieux qui avaient empoisonné l’Église. Il
n’était qu’un autre charlatan désireux de tromper les gens pour
les manipuler, s’emparer de leur argent et profiter d’eux.
Paul répond donc à ces accusations en rappelant aux chrétiens
de Thessalonique l’authenticité de son autorité. En bref, il dit
ceci : « Veuillez vous rappeler ce que vous savez être vrai à mon
sujet. Vous savez que je ne suis pas un hypocrite et vous savez
que je n’ai rien pris de vous. » Paul poursuit son discours pour
valider la nature de son leadership spirituel en rappelant aux
Thessaloniciens la façon dont il a vécu parmi eux. C’est à ce
L'appel à la fermeté et au courage 155

stade qu’il compare sa responsabilité de chef spirituel aux soins


d’une mère nourricière et d’un père courageux.
Dans sa déclaration, Paul écrit : « Vous êtes témoins, et Dieu
l’est aussi, que nous avons eu envers vous qui croyez une conduite
sainte, juste et irréprochable » (v. 10). En d’autres termes, Paul
et ses partenaires du ministère ont adopté une conduite intègre.
Un père doit établir la norme d’intégrité dans sa propre famille.
Le terme traduit par « sainte » signifie « pieusement ». Cela
concerne votre vie devant Dieu. Paul dit qu’il a accompli sa tâche
comme Dieu le voulait. Le mot « juste » réfère à la façon dont
vous réagissez à la loi de Dieu dans vos rapports avec Dieu et les
hommes. Enfin, « irréprochable » parle de votre réputation aux
yeux de tous. Un père doit être juste et sans reproche.
Une sainte intégrité est la clé pour produire des enfants
spirituellement solides. Les pères pieux doivent être fermement
engagés à vivre de manière sainte, juste et irréprochable. Quand
vous faites preuve d’intégrité, de courage moral et de force de
conviction, vous donnez à vos enfants la possibilité de reproduire
ces mêmes qualités. Tout commence en présentant un modèle à
vos enfants et en étant vous-même un exemple d’intégrité.

Les éléments du leadership d’un père

Paul poursuit ainsi : « Vous savez aussi que nous avons été pour
chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous exhortant,
vous consolant, vous conjurant de marcher d’une manière digne
de Dieu » (v. 11,12a).

Un père exhorte en donnant des instructions


156 Être un père selon Dieu

Le terme traduit par « exhorter » correspond au fait de se tenir


aux côtés de quelqu’un ou d’encourager une personne à adopter
une ligne de conduite particulière. Un père vient aux côtés
de ses enfants pour les enseigner à adopter un comportement
approprié. Cette instruction personnelle doit se faire par une
exhortation ou un vif encouragement.

Un père encourage par la motivation


Un père doit également « encourager » ses enfants. C’est à
ce moment-là que l’instruction se transforme en motivation.
Un père doit faire appel aux émotions et à la volonté de ses
enfants pour les motiver à faire de bons choix. Il leur fait savoir
que le chemin sera difficile, et les exhorte à demeurer fermes
et à continuer de faire ce qui est juste. Un père pieux cherche
des moyens de motiver ses enfants à emprunter le droit chemin
dans la vie.

Un père implore par le témoignage


Enfin, un père doit s’engager à « conjurer » ses enfants. Le
terme grec utilisé ici est marturomenoi, qui signifie « témoigner »
ou « attester ». En d’autres termes, un père doit dire à ses
enfants : « Puis-je te dire quelque chose ? Je peux te témoigner
personnellement du fait que si tu continues sur ce chemin, voilà
ce qui va se passer. Je ne veux pas te voir tomber dans le même
piège que moi. »
En tant que père, vous devez veiller au bien-être de vos
enfants. Vous avez la responsabilité solennelle de les avertir
qu’en s’écartant de la conduite prescrite par Dieu, ils subiront de
L'appel à la fermeté et au courage 157

graves conséquences. Si, pour une raison quelconque, vos enfants


n’écoutent pas, c’est là qu’intervient la correction.
Voilà des moyens parmi d’autres mis à la disposition d’un
père pour élever ses enfants : l’exhortation, l’encouragement et
l’imploration. Cela implique de se mettre au niveau de chacun
d’eux pour lui enseigner le modèle de conduite approprié selon
Dieu. Cela veut dire également les encourager à être fidèles
lorsque les choix s’avèrent difficiles. Et cela signifie aussi les avertir
des conséquences liées aux mauvaises décisions, conséquences
qui peuvent inclure la correction. Tout cela fait partie de votre
responsabilité de chef de famille.

L’objectif d’un père en tant que leader


Dans quel but se doit-on d’exhorter, d’encourager et
d’implorer ses enfants ? Dans le but de les voir « marcher d’une
manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa
gloire » (1 Th 2.12). Un père a les yeux rivés sur le produit final
de son investissement en tant que parent. Il veut s’assurer qu’à
long terme, ses enfants intègrent
les normes de Dieu. Son objectif
Un père a les
est d’amener ses enfants à la
yeux rivés sur le
maturité spirituelle. En fait, il
produit final de son
pense au futur royaume de Dieu
investissement en tant
et à sa gloire. Il dit à ses enfants :
que parent.
« C’est ce qui attend tous ceux
qui suivent Christ. À la lumière
de tout ce que Dieu a fait pour vous, ne pensez-vous pas qu’il
est indiqué de vivre comme Dieu nous a appelés à vivre ? » Un
158 Être un père selon Dieu

père informe ses enfants du genre d’avenir qui les attend s’ils
reçoivent Christ comme leur Sauveur.

La mise en pratique

En tant que père, vous êtes donc appelé à faire preuve de


fermeté et de courage. Vous êtes invité à vivre avec conviction
et à ne pas vaciller quand vient l’opposition. Vous devez puiser
votre courage dans l’assurance de la présence de Dieu, dans
la conviction que vous poursuivez une cause juste et dans la
promesse de la souveraineté de Dieu sur toutes choses. Et vous
devez transmettre votre force et votre courage à vos enfants
en les exhortant, en les encourageant et en les implorant. En
agissant ainsi, vous remplissez votre devoir qui consiste à veiller
à ce que vos enfants empruntent le chemin sur lequel Dieu les a
appelés et y demeurent.
C’est une énorme responsabilité. Après avoir lu tout cela, il
est possible que vous vous demandiez : « Comment me montrer
à la hauteur de cette tâche ? » En vérité, sans la puissance de
Dieu, aucun homme n’en est capable. D’où vient notre capacité ?
Comme l’a dit Paul à propos de son apostolat : « Cette assurance-
là, nous l’avons par Christ auprès de Dieu. Ce n’est pas à dire
que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque
chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au
contraire, vient de Dieu » (2 Co 3.4,5). Il est impossible d’être
un chef spirituel efficace sans la grâce de Dieu. Voici quelques
principes à garder à l’esprit :

Admettez vos lacunes


L'appel à la fermeté et au courage 159

L’accomplissement de votre tâche en tant que chef spirituel


de votre famille commence par la confession de vos lacunes
et de votre nécessité de dépendre entièrement de Dieu pour
recevoir l’aide appropriée. Ainsi que Dieu l’a dit à l’apôtre Paul,
dans 2 Corinthiens 12.9 : « Ma grâce te suffit, car ma puissance
s’accomplit dans la faiblesse. » C’est à partir du moment où vous
vous en remettez entièrement à Dieu qu’il peut agir en vous et par
votre intermédiaire, vous permettant ainsi de remplir vos devoirs
divins en qualité de père.

Étudiez la parole avec diligence

Dans 2 Timothée 3.17, Paul nous parle de « l’homme de Dieu »


qui est « accompli et propre à toute bonne œuvre ». Qu’est-ce
qui équipe un tel homme ? On trouve la réponse au verset 16 :
« Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner,
pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. »
Si vous vous demandez ce que vous devriez faire en tant que père,
la Bible vous le dira. Étudiez-la, et vous serez en mesure de bien
diriger votre famille.

Acceptez la souffrance dans le cadre du


processus divin qui vise à vous attendrir

Dans 1 Pierre 5.10, nous lisons : « Le Dieu de toute grâce, qui


vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous
aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même,
vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. » Dieu
promet de vous perfectionner, de vous affermir et de vous fortifier
pour vous rendre inébranlable. Cela ne peut cependant pas se
produire tant que vous n’aurez pas souffert un certain temps, ce
160 Être un père selon Dieu

qui signifie que Dieu utilisera les problèmes et les difficultés de


la vie pour vous façonner et vous modeler afin de développer en
vous la maturité spirituelle. Chez un chrétien, la souffrance peut
accomplir certaines choses qui ne pourraient l’être autrement.
Cela vous aidera, bien évidemment, à devenir un meilleur père.

Consacrez votre vie entière à acquérir les aptitudes de


chef spirituel si nécessaires à votre famille

Dans 1 Corinthiens 9.24, Paul pose la question suivante :


« Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent
tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le
remporter. » Puis il ajoute : « Moi donc, je cours […] je frappe
[…] je traite durement mon corps […] de peur d’être moi-même
désapprouvé  » (v. 26,27). En d’autres termes, appliquez votre
cœur, votre âme, votre esprit et votre force à exceller dans la
course. Donnez-vous entièrement à l’accomplissement de votre
devoir en tant que chef spirituel de votre famille.
C’est le genre de dirigeant que Dieu désire. Et c’est le genre de
leader dont a besoin votre famille.
Notes
1. Rich Gregory, « Real Men Love Their Wives: Lessons from the Life of
Peter », dans Men of the Word, Nathan Busenitz, édit., Eugene, Oreg.,
Harvest House, 2011, p. 126.
2. Weldon Hardenbrook, « Where’s Dad? », dans Recovering Biblical
Manhood and Womanhood, John Piper et Wayne Grudem, édit., Wheaton,
Ill., Crossway, 1991, p. 378‑379.
3. C. H. Spurgeon, « A Glorious Church », sermon prêché au
Metropolitan Tabernacle, le 7 mai 1865.
4. Martyn Lloyd‑Jones, Life in the Spirit in Marriage, Home and Work, An
Exposition of Ephesians 5:18 to 6:9, Grand Rapids, Baker, 1974, p. 301.
5. Neil Postman, The Disappearance of Childhood, New York, Delacorte
Press, 1982.
6. Ibid., p. 134.
7. Ibid.
8. Quelle est la meilleure méthode pour corriger ses enfants ? C’est
une question qui donne lieu à bien des controverses aujourd’hui,
particulièrement quand il s’agit de la correction physique (la fessée).
En quoi consiste la correction biblique ? Pour de plus amples
renseignements à ce sujet, veuillez consulter l’article « Parenting in an
Anti-Spanking Culture » sur le site Internet de l’auteur : http://www.
gty.org/resources/articles/A216/Parenting-in-an-AntiSpanking-Culture
(en anglais seulement).
9. Bryan Chapell, Ephesians, Phillipsburg, N. J., P & R Publishing, 2009,
p. 319.

161
162 Être un père selon Dieu

10. Ted Tripp, Shepherding a Child’s Heart, Wapwallopen, Penns., Shepherd


Press, 1995, p. 39.
11. J. C. Ryle, Wheat or Chaff?, New York, Robert Carter, 1853, p. 233.
12. Philip Graham Ryken, Luke, vol. 2, Phillipsburg, N. J., P & R Publishing,
2009, p. 146.
13. Elyse Fitzpatrick et Jim Newheiser, When Good Kids Make Bad Choices,
Eugene, Oreg., Harvest House, 2005 ; Rick Horne, Get Offa My Case!
Godly Parenting of an Angry Teen, Wapwallopen, Penns., Shepherd Press,
2012.
14. John Gill, A Body of Practical Divinity, 2 vol., London, Thomas Tegg, 1839,
vol. 2, p. 519.
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