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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE TOLIARA
INSTITUT HALIEUTIQUE ET DES SCIENCES MARINES

Master en Sciences Marines


Parcours : Gestion Durable de la Pêche et de l’Aquaculture
Elément constitutif : Approche Ecosystémique de la Pêche

APPROCHE ECOSYSTEMIQUE DE LA PECHE


DANS LA PARTIE SUD DE LA REGION SUD-OUEST
DE MADAGASCAR

Présenté par : SERAPHINE Celestine

Encadré par : Dr RAKOTOARINIVO William

Août 2023
INTRODUCTION
Les zones côtières malgaches, notamment le littoral du Sud-Ouest présente des
potentialités élevées du point de vue écosystèmes et ressources. De par ses richesses, le littoral
est devenu et restera toujours une source d’activités. La pêche constitue l’activité principale de
la majorité de la population littorale.
Le littoral du Sud-Ouest malgache offre également une mosaïque extraordinaire
d’opportunités touristiques capables de satisfaire les clients. Le tourisme balnéaire et les
plongées sous-marines en sont les principaux attraits dans cette région.
Devant cette situation, les zones côtières de Toliara sont confrontées à une
multiplication des usages et à une concurrence croissante au niveau de l’occupation de l’espace
entre les diverses activités socio-économiques. Ces conflits d’usage se résument à une
incompréhension entre acteurs et parfois à des confrontations violentes. A ces conflits d’usage
s’ajoutent de véritables crises de l’environnement, et corrélativement des ressources dues à
l’utilisation irraisonnée de ces dernières.
Des lacunes sont ainsi observées et aggravées par la dispersion des compétences
d’intervention sur plusieurs intervenants. Cette multitude d’acteurs, aussi bien dans l’utilisation
que dans la gestion des ressources naturelles, pose un réel problème de coordination. C’est donc
pour tenter de faire face à ces types de problèmes que le besoin de réaliser une approche éco
systémique de la pêche du littoral se fait sentir.
Cependant, un voyage d’étude a été effectué du 18 juillet jusqu’au 28 juillet 2023, par
les étudiants en Master 2 de l’IH.SM dans la partie sud de la région sud-ouest. L’objectif général
est d’aboutir à une meilleure compréhension des systèmes pour une meilleure gestion des
ressources biologiques naturelles. Les objectifs spécifiques sont d’identifier et d’analyser
chacune les divers systèmes existants ainsi que d’identifier par la suite les relations qui existent
entre eux.
1. METHODOLOGIE
L’étude a été réalisée tout le long de la côte depuis Anakao jusqu’à Itampolo dont les
principaux villages côtiers faisant l’objet de cette étude sont Anakao, Beheloke, Itampolo.
Pour le recueil des données, des enquêtes ont été effectuées dans chacun de ces villages
concernés pour collecter sur place toutes les informations relatives aux différents systèmes
d’exploitation des ressources marines de la zone d’étude contribuant à l’atteinte des objectifs
de cette étude.
L’ensemble de toutes les informations sont par la suite saisies et analysées. Elles
devraient permettre de comprendre le fonctionnement global des principaux systèmes
d’exploitation et leurs interactions, et d’autre part le système de gestion existant qui vont avoir
des conséquences non seulement sur la situation économique de la région, mais surtout les
impacts sur les écosystèmes et les ressources naturelles.

2. RESULTATS
❖ Identification des systèmes d’exploitation existants
Divers acteurs ont été identifiés dans les villages côtiers étudiés et sont regroupés
principalement en deux, à savoir les acteurs œuvrant dans la pêche, collecte et
commercialisation regroupant les pêcheurs, les algoculteurs, les collecteurs et sous collecteurs
et les acteurs œuvrant dans la gestion des ressources les autorités administratives, les
organismes de développement et diverses associations de gestion.
-Les pêcheurs se regroupent en formant des associations des pêcheurs ou non. L’association
des pêcheurs est très visible à Itampolo : il y a 30 associations de pêcheurs formés de chaque
par 30 pêcheurs où presque la totalité possède des cartes de pêcheur presque tout le monde.
-Ensuite, les Sous collecteurs sont en général les fournisseurs des sociétés impliquées dans la
collecte ou commercialisation des produits halieutiques dans la zone d’étude sont issus des
sociétés de COPEFRITO, MUREX et BLUE OCEAN. Il y a aussi des particuliers qui œuvrent
dans cette activité comme Jacks. Les sociétés de collecte engagent et ont des sous-collecteurs
respectifs.
A titre d’exemple, dans le village d’Anakao, MUREX disposent deux sous collecteurs locaux,
COPEFRITO disposent trois sous collecteurs et un particulier qui transporte à Toliara a un sous
collecteur.
-Les hôteliers ou les autres acteurs touristiques en sont aussi des acteurs non négligeables dans
ces villages.
-Puis, des algoculteurs existent dans les villages côtiers étudiés sauf à Itampolo et Soalara sud.
Dans le village d’Anakao, une association des algoculteurs dénommée Velondomotse regroupe
197 algoculteurs.
-Les principales associations oeuvrant dans la gestion ou conservation des ressources marines
identifiées sont : au niveau du village d’Anakao, ce sont :
-FIMIMANO (Fikambanana Miaro sy Mampandroso ny Nosy Ve)
-FMTF (Fikambanana Miaro Trozo sy Fesotse)
-VIMIMANO (Vondron’olona Ifotony Miaro sy Mampandroso Nosy Satra)
-Enfin, il y a les différents ONG de développement comme CRS à Itampolo , .WWF intervient
dans la région Sud-Ouest de Madagascar (depuis Maromena/Befasy jusqu’à Ambohibola). La
zone contient 17 LMMAs au total. Chaque LMMAs a un président et il y a un président général
qui dirige l’ensemble de ces 17 LMMAs.
❖ Identifications des interactions entre les acteurs identifiés
Avec cette multitude d’acteurs observés, diverses relations existent entre ces différents
systèmes.
Concernant le circuit de commercialisation, les pêcheurs vendent leur produit aux
hôteliers et sous collecteurs. Certains hôteliers ont des clients fixes. Les particuliers peuvent
acheter chez les sous-collecteurs Les produits frais ne sont pas vendus au niveau du marché
local mais au niveau de chaque sous-collecteur. Par conséquent, on ne trouve de poissons frais
au niveau du marché local du village d’Anakao.
En ce qui concerne les conflits d’espace, il y avait un conflit en 2020 et 2022 entre
algoculteurs et les acteurs touristiques (Hôtels) dans le village d’Anakao car les champs
d’algoculture étaient tout simplement à environ cinquante mètre des Hôtels. Mais ce conflit a
été résolu en 2022 après une discussion entre les différents utilisateurs concernés et l’autorité
compétente. Le champ a été déplacé plus loin après la résolution du conflit et jusqu’à
maintenant aucun conflit sur ce sujet n’est constaté.
Les pêcheurs dans le village d’Itampolo ne sont pas d’accord à l’implantation des fermes
d’algoculture car selon eux, ils ne pourront pas passer sur la partie où il y a l’algoculture. Entre
temps le Maire est pour l’algoculture.
En ce qui concerne les relations entre pêcheurs et les organismes de développement ou
associations oeuvrant dans la conservation et gestion des ressources halieutiques :
-Il existe un partenariat entre CRS et Aquatic service pour l’installation d’un système d’alerte
précoce (mitao forcast). L’ONG CRS en collaboration avec les pêcheurs de Itampolo. Il y a 30
associations de pêcheurs. CRS leur a initié sur la gestion de la mer et leur a proposé de fonder
des associations des pêcheurs. Il est l’assistant technique du projet MAHARO. Et, le projet
BAF est en train de prendre le relais car le projet avec CRS va bientôt s’achever. Selon la
perception du président d’une association des pêcheurs « Milanoriake », la collaboration avec
CRS via le projet MAHARO est bonne et satisfaisante.
-De son côté, WWF intervient à l’appui des communautés locales gestionnaires des LMMAs.
❖ Identification des problèmes rencontrés par chaque acteur et propositions des solutions
Les algoculteurs ne rencontrent pas de problème de maladies EFA qui a moins
d’occurrence. Par ailleurs, des problèmes sont rencontrés par les pêcheurs. Cela concerne en
général les réseaux de communication, la zone Sud de Toliara est plus désenclavée par rapport
à la zone Nord de Toliara, du fait de la présence de l’embouchure de l’Onilahy qui constitue
une barrière entre Saint Augustin et Soalara. Ainsi, la mer constitue la voie de communication
la plus utilisée et la plus rapide. Cependant, son usage reste limité par la météorologie. La
circulation des produits de pêche reste alors un problème persistant. Les pêcheurs procèdent au
fumage et salage de ces produits marins dans le village d’Itampolo où les ressources sont encore
abondantes par rapport aux autres zones.
Les moyens de conservation des produits halieutiques posent un problème pour les
activités de collecte notamment pour les sous collecteurs des sociétés. Dans le village
d’Itampolo, une chambre froide pour la fabrication de glace y existe mais la production ne suffit
pas pour la conservation. Les problèmes se trouvent aussi entre eux sur la concurrence au niveau
des prix des produits marins. La raréfaction des produits marins dans certaines zones constitue
aussi un problème.
Comme problèmes les gestionnaires des ressources marines connaissent l’insuffisance
de matériels et des personnels de suivi et de surveillance.

3. DISCUSSIONS
Au niveau de l’application et du respect des règlementations sur les activités de pêche,
le Dina qui est une réglementation locale régissant les activités de pêche est en général
respecté par les pêcheurs locaux. Ce sont les pêcheurs venant des autres villages qui ne
respectent pas le Dina du village local. Le Dina stipule le respect des périodes de fermeture de
pêche de certaines espèces marines et la non destruction des coraux et l’interdiction de
l’utilisation de certains engins de pêche comme la senne de plage qui est souvent utilisé par
les migrants.
Les formes d’organisation constituent un problème en termes de gestion des activités
de pêche et des ressources marines. Les pêcheurs présentent un individualisme très marqué.
Les seules formes d’organisation et d’entraide se limitent au seul niveau de la famille élargie,
sans dépasser le lignage. Ainsi, il est difficile de mener des actions de développement au sein
de la communauté côtière du fait de leur individualisme. En effet, le faible niveau de
connaissances des pêcheurs, les conditions de liberté dans l’exercice de leur métier et le
manque de confiance envers les autres ne les incitent pas à se regrouper. Beaucoup
d’initiatives pour développer des associations ou des coopératives ont été réalisées sur le
littoral Sud, mais elles ont été pratiquement vouées à l’échec. Alors que tout projet de
développement s’adresse à des associations des pêcheurs et non aux pêcheurs individuels, en
leur octroyant des moyens de travail (pirogue, engins de pêche, moteur) et de l’encadrement
technique comme le cas du projet MAHARO existant dans le village d’Itampolo.

CONCLUSION
A partir des informations recueillies sur le terrain, cette étude nous a permis d’identifier
les différents systèmes d’exploitation des ressources marines et leurs relations ainsi que
d’analyser le fonctionnement global de ces systèmes d’exploitation permettant d’arriver à une
meilleure situation.
Par le biais de cet approche écosystémique, nombreux sont les différents acteurs dans la
pêche regroupant des pêcheurs, des algoculteurs, des collecteurs et sous collecteurs et les
acteurs œuvrant dans la gestion des ressources, à savoir les autorités administratives, les
organismes de développement (WWF, CRS, Aquatic service) et diverses associations de
gestion (FTMF, FIMIMANO, …). Concernant les interactions entre ces différents systèmes,
les éventuels conflits y existent et parfois de bonne collaboration entre certains systèmes sont
constatés.
Le littoral recèle un potentiel biologique important, une flore et une faune riches et
variées, des sites naturels exceptionnels, et il devrait faire l’objet de soins minutieux.
Il est important de noter que la connaissance précise de interactions entre les systèmes
et de ses impacts constitue le fondement d’une indispensable prospective sur les aménagements
et la politique de gestion de l’environnement et de ses ressources permettant d’assurer un
développement durable pour la zone côtière étudiée.

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