Vous êtes sur la page 1sur 6

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

ECOTOURISME ET TOURISME DANS LE DELTA DU SALOUM

Exposante : Fatoumata Ndiaye Master II GIDEL

Professeur : Pr. Abdoulaye Camara

Année universitaire : 2021-2022

Plan
I. Introduction et présentation du Delta du Saloum
II. Ecotourisme et tourisme dans le Delta du Saloum
III. Limites à l’émergence du secteur, perspectives de
développement et conclusion

Références bibliographiques
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

I. Introduction et présentation du Delta du Saloum


Le Sénégal, du fait de sa position privilégiée par rapport à l’Océan Atlantique et de ses
nombreux cours d’eaux intérieurs ; mais également grâce à sa multitude de parcs nationaux et
réserves et une culture riche et variée, s’est érigé en un pays où le tourisme et l’écotourisme y
sont très développés. Parmi ses nombreux sites captivants et culturellement riches figure le
Delta du Saloum, territoire de 500 000 hectares à mi-chemin entre un domaine maritime, un
domaine insulaire et amphibie et un domaine continental. Les classements du Delta en
patrimoine mondial en 2011, réserve de biosphère en 1980 par l'Unesco et en site Ramsar en
1984 témoignent de l’importance de cette zone et de son cadre unique propice au
développement du tourisme et de l’écotourisme.
Le Delta du Saloum se situe sur la côte ouest du Sénégal dans la région administrative de
Fatick et doit son nom au fleuve Saloum qui se jette dans l’Atlantique par une embouchure
recevant trois bras principaux : le Saloum lui-même au nord (110 km), le Diombos (30 km) et
le Bandiala au sud (18 km). Ces trois bras de fleuves s’emboîtent pour former une infinité de
petits chenaux remplis d’eau saumâtre, que l’on appelle dans le contexte local sénégalais «
bolons ». Ces chenaux forment ainsi une vingtaine d’îles bordées d’une mangrove dense
réparties en deux groupes séparés par le Diombos : le groupe du nord ou îles Gandoul, et le
groupe sud ou îles Bétanti (Camara et al, 2017). Le Delta se répartit ainsi en 85 000 hectares
d’ilots terrestres, 72 000 hectares de zone maritime, 23 000 hectares de zone estuarienne
(https://audeltadusaloum.wixsite.com/website/le-delta-du-saloum).

Photo 1 : « Bolon » du Delta du Saloum vue d’en haut

II. Ecotourisme et tourisme dans le Delta du Saloum


Selon l’Organisation Internationale du Tourisme, « le tourisme est un phénomène social,
culturel et économique qui suppose des mouvements de personnes vers des pays ou des lieux
situés en dehors de leur environnement habituel intervenant pour des motifs personnels ou
pour affaires et motifs professionnels ». L’écotourisme quant à lui est une notion relativement
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

récente des années 80 apparue suite à la prise de conscience générale des impacts sur
l’environnement des activités humaines et s’entend des formes de tourisme ayant les
caractéristiques suivantes : « toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans
lesquelles la principale motivation du touriste est d’observer et d’apprécier la nature ainsi que
les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles. Il comporte une part
d’éducation et d’interprétation » (www.unwto.org). Ainsi, le Delta du Saloum de par son
caractère de territoire hybride accueille les deux formes de tourisme.
Dans un Sénégal où le secteur du tourisme balnéaire demeure le second pourvoyeur de
recettes en devises après la pêche (Diombéra, 2012), le Delta du Saloum représente l’une des
plus importantes zones touristiques au Sénégal. C’est une région naturelle qui accueille
chaque année de milliers de visiteurs du monde entier venant observer ses paysages, sa faune
et sa flore mais aussi ses habitants. En effet, sur le site s’observent des canaux d'eau saumâtre
et près de 200 îles et îlots, des mangroves, un environnement maritime dû à l’Océan
Atlantique et une zone boisée sèche. Le tourisme dans le Delta du Saloum porte également
sur l’observation d’un bien particulier appelé amas coquilliers». Accumulations de coquilles
de mollusques, résultant des déchets culinaires d’anciens pêcheurs-collecteurs, très souvent
associés à des restes d’os de vertébrés, des sépultures, des poteries, des bijoux, des vestiges
d’habitation » dont les plus anciens remontent au paléolithique (Camara et al, 2017) Ainsi,
environ 218 amas coquilliers sont présents dans le Delta du Saloum, dont certains font
plusieurs centaines de mètres de long, qui résultent de l'activité humaine au cours des
millénaires. Cela témoigne d'une tradition culturelle très importante dont les guides
touristiques peuvent décrire le déroulement.
Selon Camara et al. en 2017, le delta du Saloum héberge « un patrimoine archéologique
réutilisé par les populations d’aujourd’hui pour leurs espaces peuplés de baobabs (Adonsonia
digitata) comme des « forêts ou bois sacrés » pour des libations et des sacrifices à faible
distance des villages actuels ; un patrimoine naturel avec des amas devenus des niches, des
refuges pour la faune en particulier les oiseaux et la flore ; un paysage culturel d’une tradition
millénaire toujours vivante privilégiant un mode de vie basé sur la cueillette des coquillages
et sur la pêche, dans un milieu naturel fragile d’une grande biodiversité et l’un des rares
endroits au monde où les pratiques de collecte des coquillages survivent ».
De plus, dans un environnement marqué par une mangrove dense, de bolons et de lagunes
400 variétés d’oiseaux dont la plus grande colonie nidificatrice de sternes royales au monde
et pas moins de 114 espèces de poissons (barracudas, mérous, carpes, huîtres, etc.) y ont
trouvé refuge de même que des communautés de reptiles (crocodiles, serpents, varans, etc.) et
divers mammifères (singes, phacochères, etc.) (www.tourisme.gouv.sn).
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

Photo 2 : Communautés d’oiseaux dans le Delta du Saloum


Tous ces éléments ont concouru à faire du Delta du Saloum une zone attractive et prisée pour
les activités touristiques et écotouristiques nationales mais également internationales.
Afin de mieux gérer toute cette activité et préserver le site, a été créé en 2013 le Centre
d’Interprétation du Delta du Saloum (CIDS) par le projet MDG-F sur « Culture et
Développement » au Sénégal, coordonné par l’UNESCO en coopération avec d’autres
organismes. Premier centre de ce type établi au Sénégal, le centre d’interprétation sert
d’espace d'échanges et de valorisation du patrimoine culturel et naturel du Delta du Saloum,
ainsi que de Toubacouta. Cette structure propose plusieurs services dont des visites guidées,
l’organisation de festivals et carnavals ainsi que des expositions d'art et de produits locaux
(www.audeltadusaloum.wixsite.com)

Photo 3 : Brochure du Centre d’Interprétation du Delta du Saloum (CIDS)


UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

III. Limites à l’émergence du secteur, perspectives de


développement et conclusion
Le tourisme et l’écotourisme dans le Delta du Saloum bien que développés rencontrent
cependant quelques obstacles à son développement. En effet, la région est une zone fragile
exacerbée par les pratiques anthropiques. Sa condition de territoire littoral la soumet aux
aléas de l’océan mais s’y rajoutent également la surexploitation et la dégradation de ces
ressources et patrimoines. Ces facteurs fragilisent l’écosystème ainsi que les phénomènes
biologiques qui s’y déroulent et qui sont à l’origine de la richesse naturelle et culturelle de la
région.
Parmi ces actions qui menacent les ressources et patrimoines, on peut citer la destruction des
sites d’amas coquilliers à des fins commerciales dans la mesure où la demande en coquilles
rejetées après la récolte de la chair arrive tout juste à satisfaire les besoins pour la fabrication
des briques (coquillages et sable) pour la construction des maisons, pour le revêtement des
sols (allées, routes, ruelles des villages. . .), pour la production de chaux (par incinération de
coquillages) (Camara et al., 2017) . . Cette demande croissant en coquillages a mis en danger
les amas coquillers désormais transformés en carrières. L’exploitation abusive menée sur les
sites, notamment les plus accessibles par pirogues, a détruit de nombreux tumulus coquilliers
qui sont pourtant des patrimoines mondiaux de l’UNESCO et sont parmi les plus
spectaculaires au monde attirant des milliers de touristes par an. Aujourd’hui, l’exploitation
est devenue une activité clandestine et dans certains villages comme Siwo, Thialane,
Bassoul, Bassar, Djirnda et Ngadior les amas coquilliers ne sont plus que des carrières
abandonnées suite à leur épuisement.
Selon Benga, le Delta du Saloum est confronté à plusieurs « enjeux de conservation d’une
biodiversité menacée par les pressions anthropiques et des péjorations climatiques;

 enjeux de gestion demandant une coordination de différents intervenants (nationaux et


 internationaux) dans le delta ;
 enjeux de communication et de sensibilisation pour impliquer tous les partenaires
locaux ;
 enjeux de valorisation des ressources naturelles et de promotion touristique à l’échelle
d’un développement local » (Benga, 2006). Ainsi, afin de préserver ce secteur,
contribuer à son émergence et assurer un équilibre durable, il convient de prendre en
compte l’ensemble de ces enjeux.
En outre, un économiste sénégalais du nom de Pape Ibrahima Bèye a préconisé dans un
article du journal la Rédac paru en 2017 «  la mise en place d’une politique concertée
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES


DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Master / Chaire UNESCO sur Gestion Intégrée et Développement Durable du Littoral Ouest Africain

impliquant le gouvernement, les élus locaux, le secteur privé et la société civile pour
développer l’écotourisme dans le delta du Saloum ». Selon lui, ces concertations porteraient
également « sur le mécanisme d’incitation et surtout tous les aspects légaux, financiers et
fiscaux pour assoir une politique d’écotourisme digne de ce nom dans le delta du Saloum et
instaurer un mécanisme d’évaluation régulièrement pour voir ce qui a marché ou non dans
l’écotourisme du Sénégal en général » (La Rédac, 2017). 
Le tourisme et l’écotourisme dans le Delta du Saloum, bien plus qu’une activité génératrice
de revenus, sont un moyen de préservation d’une nature et de reconnaissance d’une culture
qui ont su transcender les siècles et constituent une richesse incommensurable qu’il est
impératif de léguer aux générations futures.

Références bibliographiques
 BENGA, A. G. F. 2006. Potentiel et production(s) : anadara senilis l. (1758) dans la réserve
de biosphère du delta du Saloum. Perspectives d’exploitation rationnelle. 408pp. Thèse de 3e
cycle U.C.A.D, Dakar.
 CAMARA, A., HARDY, K., DIOH, E., GUEYE, M., PIQUE, R., CARRE, M., SALL, M.,
DIOUF, M.W. 2017. Amas et sites coquilliers du delta du Saloum (Sénégal) : Passé et
présent Shellfish and Shell Midden Sites in the Saloum Delta (Sénégal): Past and Present .
L'Anthropologie Volume 121, Issues 1–2. Pp 204-214.
 DIOMBERA, M. 2012. Le tourisme sénégalais à la recherche d’une nouvelle identité. pp. 21-
30
 La Rédac. 2017. Ecotourisme dans le Delta du Saloum : un expert plaide une politique
concertée
 https://audeltadusaloum.wixsite.com/website/%C3%A0-propos
 http://www.tourisme.gouv.sn/fr/content/sine-saloum
 https://www.unwto.org/fr/sustainable-development/ecotourism-and-protected-areas

Vous aimerez peut-être aussi