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Université Hassiba Ben Bouali de Chlef.

Faculté de Sciences de la nature et de la vie,

Département Eau, environnement et Développement Durable

Cours Licence Aquaculture et Pisciculture

Matière: Agro-fertilisation et gestion des étangs

Auteur : GHAOUACI Souad

CHAPITRE I. LES PRINCIPES DE LA PISCICULTURE INTEGREE

Généralités

L'intégration agriculture-aquaculture à petite échelle offre une possibilité de développement


agricole durable. L'intégration agriculture-aquaculture offre des avantages particuliers qui
vont bien au-delà du rôle qu'elle joue dans le recyclage des déchets et de son importance dans
la promotion d'une meilleure gestion de l'eau en agriculture. Les poissons peuvent convertir
efficacement en protéines de grande valeur des aliments de catégorie inférieure et des déchets.

C’est quoi l’aquaculture ?

Le terme « aquaculture » recouvre toutes les formes d’élevage d’animaux et de culture de


plantes en eau douce, saumâtre ou salée.

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C’est quoi la pisciculture ?

La pisciculture est une des branches de l’aquaculture qui désigne l’élevage des poissons. Cet
élevage se pratique dans des espaces entièrement ou partiellement clos (étangs, bassins en
béton ou en plastique, nasses ou cages, etc).

C’est quoi la pisciculture intégrée ?

Il s’agit de l’introduction de l’élevage de poissons dans un milieu à vocation agricole. Le


procédé consiste à développer les deux activités, parallèlement ou séquentiellement, en
bénéficiant des avantages de l’une pour l’autre. En général, la pisciculture intégrée est plus
préconisée dans les zones rurales, notamment au niveau des exploitations agricoles moyennes
et petites, pour son apport notable en protéines.

Avantages de la pisciculture intégrée à l’agriculture

L’intégration de la pisciculture à l’agriculture permet de :

-Garantir un apport supplémentaire en protéine.

-Diminuer la malnutrition grâce à un approvisionnement en nourriture à haute valeur


nutritionnelle.

-Diversifier les revenus de l’exploitation agricole et améliorer la qualité de vie des


agriculteurs, notamment dans les petites exploitations.

-Valoriser l’utilisation des plans d’eau, naturels et artificiels.

-Créer un micro écosystème qui permet de recycler les résidus agricoles dans la pisciculture,
et vis-versa, tout en réduisant la pollution organique.

-Diminuer l’utilisation des engrais chimiques.

-Réduire le coût de revient du poisson pour l’agriculteur et sa famille.

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-Accroitre les rendements agricoles de l’exploitation.

-Développer une agriculture bio et durable.

Types de pisciculture intégrée

Il existe deux types d’intégration de la pisciculture à l’agriculture, il s’agit de :

• La pisciculture intégrée à la production végétale :

Consiste généralement à élever des poissons dans des étangs et/ou des basins d’eau destinés à
l’irrigation, en utilisant cette eau très riche en éléments nutritifs pour irriguer les cultures
agricoles. Dans ce cas de figure, les poissons sont nourrit des déchets et des résidus des
cultures agricoles produites par l’exploitation.

• La pisciculture intégrée à la production animale :

Consiste en l’utilisation directe de déchets issus de la production de bétail et/ou de volaille


dans l’alimentation du poisson. Ces déchets comprennent le fumier, l’urine et les aliments
impropres à la consommation humaine qui peuvent être utilisés directement comme des
intrants frais ou être plus ou moins transformés avant l’utilisation, permettant l’obtention de
produits bio.

Principales espèces d’élevage en pisciculture intégrée à l’agriculture

• Carpe commune : Cyprinus carpio

Poids max. : 28 kg

Taille max. : 50 à 60 cm

Durée de vie : 40 ans

Période de frai : Mars-Juin

Eurytherme, Omnivore

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• Carpe Herbivore : Ctenopharyngodon idella

Poids max. : 35 kg

Taille max. : 1,20 m

Période de frai : Mai-Juin

Eurytherme

Herbivore

• Carpe argentée : Hypophtalmichthys molitrix

Poids max. : 40 kg

Taille max. : 1m

Durée de vie : 40 ans

Période de frai : Mai-Juin

Eurytherme

Omnivore

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• Carpe à grande bouche : Aristichthys noblis

Poids max. : 40 kg

Taille max. : 1,20 m

Durée de vie : 40 ans

Période de frai : Mai-Juin

Eurytherme

Omnivore

• Mulet : Mugil Céphalus

Poids max. : 6 à 8 kg

Taille max. : 20 à40 cm

Période de frai : mai-septembre

Sténotherme

Omnivore

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• Tilapia : Oreochromis niloticus

Poids max. : 6 kg

Taille max. : 60 cm

Durée de vie : 40 ans

Période de frai : Mai-Juin

Sténotherme

Omnivore

• Sandre : Stizostedion lucioperca

Poids max. : 40 kg

Taille max. : 1,20 m

Période de frai : Mai-Juin

Eurytherme

Carnivore

• Black bass : Micropterus salmoides

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Poids max. : 10 kg

Taille max. : 90 cm

Durée de vie : 15 ans

Période de frai : Avril - Juin

Sténotherme.

Carnivore

• Silure africain : Clarias gariepinus

Poids max. : 60 Kg

Taille max. : 170 cm

Durée de vie : 08 ans

Période de frai : Avril - Juin

Sténotherme.

Omnivore

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1. INTRODUCTION

Les systèmes agricoles à petite échelle doivent offrir une vie rurale acceptable, un
environnement propre et préservé, une alimentation adéquate, du combustible et des produits
riches en fibres. Sans doute sera-t-il nécessaire d'adopter de nouvelles politiques afin de
protéger et de favoriser un tel développement. L'intégration agriculture-aquaculture à petite
échelle offre une possibilité de développement agricole durable.

L'intégration agriculture-aquaculture offre des avantages particuliers qui vont bien au-delà du
rôle qu'elle joue dans le recyclage des déchets et de son importance dans la promotion d'une
meilleure gestion de l'eau en agriculture et sylviculture. Les poissons peuvent convertir
efficacement en protéines de grande valeur des aliments de catégorie inférieure et des déchets.
les poissons représentent la principale source de protéines animales.

2. CONSIDERATION POUR L’INTRODUCTION D’UNE TECHNOLOGIE


D’AGRICULTURE ET AQUACULTURE INTEGREES

Il est important de savoir quelle est la vision du monde des agriculteurs avant d’introduire de
nouvelles options technologiques. Il est nécessaire de découvrir si le nouveau système peut
s’intégrer à leurs intérêts et leurs valeurs. Pendant des siècles, les agriculteurs ont développé,
expérimenté et adapté leurs propres technologies tout en respectant parfaitement leur milieu
culturel.

-Les agronomes donnent beaucoup d'importance à la précision des mesures et à la possibilité


de répéter les résultats obtenus, ainsi qu'à la maximisation de l'efficacité et de la rentabilité.

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-Les agriculteurs peuvent être motivés par des objectifs et des valeurs qui diffèrent de ceux
des agronomes.

-Les agriculteurs peuvent tenir à la sécurité de leur gagne-pain à court et à long terme, tant
pour eux-mêmes que pour leurs enfants. Le maintien de l'harmonie au sein de la communauté
est plus important que la maximisation du profit individuel.

-Les règles culturelles limitent souvent les droits de certains membres d'une société donnée
par ex : les femmes ne peuvent pas pêcher le poisson, mais ce sont elles qui le vendent.

- Ces facteurs peuvent poser des limites à la souplesse des ménages et des communautés lors
de l'adoption de nouvelles technologies.

-Des différenciations sexuelles, des croyances religieuses, l'appartenance à une caste ou à un


clan, peuvent entraver la répartition des bénéfices dérivant d'innovations culturales.

-Des aspects culturels peuvent limiter l'interaction entre les vulgarisateurs ou les institutions,
et les fermiers.

-Il peut être inacceptable pour des vulgarisateurs de sexe masculin de parler librement avec
des femmes.

-Les aspects culturels changent avec le temps. Souvent, les enfants ont des croyances, des
attitudes et des valeurs différentes de celles de leurs parents. Cela peut créer des conflits
lorsqu'il s'agit de donner une priorité à l'utilisation des ressources.

Par exemple: Les enfants peuvent aspirer à des emplois en dehors de l'agriculture ou être
moins préoccupés de respecter les tabous religieux.

-Il faut prendre en considération la communauté et la consommation.

-Les communautés agricoles sont souvent divisées par des facteurs tels que la religion, la
caste, la classe économique et l'appartenance politique.

-Une technologie donnée peut ne pas être adaptée à l'ensemble de la communauté et peut
augmenter les conflits en son sein.

• Contraintes à la consommation

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Cela n'a aucun sens d'encourager des personnes à élever des poissons si elles-mêmes n'en
mangeront pas et qu'elles ne trouveront personne pour l'acheter. Cela vaut pour tout animal
d'élevage ou produit végétal qui pourrait faire partie d'une technologie agricole intégrée. Il est
donc essentiel de prendre en considération les contraintes culturelles et économiques locales à
la consommation avant d'essayer d'introduire une telle nouvelle technologie.

• Les contraintes culturelles à la consommation peuvent inclure:

➢ Croyances religieuses; Par exemple:

• Les musulmans ne mangent pas de viande de porc; beaucoup d'entre eux ne consomment pas
de crustacés.

• La plupart des hindous refusent la viande de vache; certaines cas ne mangent ni viande, ni
poisson, ni aucun produit animal.

• Certains bouddhistes ne tuent ni ne consomment les animaux domestiques (y compris le


poisson d'élevage), bien qu'ils mangent le poisson sauvage.

➢ Croyances totémiques

• En Afrique surtout, mais aussi parmi les populations tribales d'Asie, de Mélanésie et des
Amériques, il est interdit à certains peuples de manger l'animal qui représente leur clan.

➢ Croyances relatives aux différenciations sexuelles

• Dans certaines sociétés, les hommes peuvent manger certains aliments qui sont interdits aux
femmes, et vice-versa. Souvent, les hommes s'attendent à recevoir en premiers les aliments
préférés et plus nourrissants.

➢ Croyances relatives à l'hygiène des aliments et à la santé

• Les gens croient parfois que certains aliments ne sont pas hygiéniques ou qu'ils les rendront
malades. C'est pour cette raison, par exemple, que beaucoup refusent de manger la viande de
poisson d'élevage nourri avec des excréments animaux.

• Temps dédié au travail

Dans la plupart des communautés agricoles, les femmes et les hommes exécutent des tâches
différentes tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ferme, ainsi qu'à la maison.

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Généralement, une nouvelle technologie d'un système cultural intégré exige des changements
dans la façon dont les membres de l'exploitation agricole utilisent leur temps.

Certains peuvent avoir plus de travail (par ex. nourrir les poissons ou le bétail, réparer les
digues, vendre le poisson), et doivent réduire le temps qu'ils dédient à d'autres activités.

Mais cela n'est pas toujours le cas. Il arrive que les nouvelles charges peuvent être facilement
combinées aux activités existantes (par ex. le creusement d'une tranchée peut apporter de
l'engrais à des cultures horticoles sur une digue).

• Prise des décisions au sein du ménage

Avant d'introduire une nouvelle technologie d'intégration agriculture - aquaculture (IAA), il


est important de considérer qui prendra les décisions de gestion cruciales pour sa réussite. Par
exemple, les personnes âgées peuvent avoir l'autorité finale dans le ménage en ce qui
concerne la vente de produits agricoles ou de bétail, mais elles prendront peu de décisions au
en ce qui concerne le taux d'empoissonnement, la distribution des aliments et la fertilisation.

Ce sont souvent les femmes qui gèrent les finances du ménage et prennent les décisions
quotidiennes quant à l'achat et la préparation de la nourriture. Puisqu'en général ce sont les
femmes qui doivent assurer une alimentation adéquate pour elles-mêmes et pour les enfants,
elles sont souvent plus motivées que les hommes quand il s'agit d'adopter de nouvelles
technologies qui peuvent offrir des bénéfices alimentaires, telles que l'élevage piscicole.

Les femmes sont en outre souvent enthousiastes d'investir leur temps dans l'amélioration de la
productivité d'une ressource dont elles contrôlent tant la gestion que le produit (par exemple,
un étang dans le jardin).

• Autres points à considérer

Grâce à l'adoption de l'agriculture intégrée, les agriculteurs peuvent acquérir une meilleure
compréhension de l'utilisation des ressources. L'aspect saisonnier de la pisciculture est
important et influence le choix des moyens de subsistance en général.

La relation entre les vulgarisateurs et les agriculteurs telle qu'elle est décrite n'est
malheureusement pas la norme. En réalité, la plupart des pays en développement n'ont jamais
vu un agent gouvernemental de vulgarisation. Il serait donc nécessaire de rechercher des
méthodes alternatives pour évaluer et disséminer les informations. La variété considérable des

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caractéristiques de chaque famille et de chaque communauté, telle que le fait de vivre
individuellement ou dans des ménages communs.

Le niveau d'instruction et d'éducation, les activités agricoles existantes et les préférences


alimentaires, les croyances religieuses et les tabous, rend difficile pour des visiteurs
occasionnels, comme les vulgarisateurs, de proposer des technologies appropriées. Après des
discussions au sein de la communauté et la présentation d'une gamme d'options sous une
forme simple et adéquate.

Dans toutes les régions, les non-producteurs peuvent bénéficier de l'agriculture intégrée sous
forme d'emploi potentiel et d'un plus grand accès à une alimentation moins coûteuse et plus
riche en substances nutritives. Là où la pisciculture ne peut être adoptée par le secteur le plus
pauvre, celui-ci pourra néanmoins être impliqué et/ou en bénéficier tout de même.

3. SYSTEME CULTURAUX INTEGRES

• Systèmes culturaux intégrés graminées-poisson en Chine


Les systèmes piscicoles intégrés se réfèrent à la production, à la gestion intégrée et à
l’utilisation d’ensemble de l’aquaculture, de l’agriculture et du bétail, avec une attention
particulière à l’aquaculture. La pisciculture intégrée est connue depuis longtemps en Chine
depuis le premier et au deuxième siècle av. J.-C.
Les systèmes piscicoles intégrés utilisant des graminées et des plantes aquatiques comme
aliments pour les poissons sont très communs en Chine. Les agriculteurs y cultivent plusieurs
espèces de graminées en différents endroits de leur ferme, y compris des champs, de petits
lots de terre non utilisés, des digues d’étangs et des étangs asséchés. Les graminées sont alors
données directement aux poissons comme aliment de complément. Les agriculteurs utilisent
également les ressources d’eau disponibles, telles que rivières, lacs, fossés et mares, pour
cultiver les plantes aquatiques leur servant d’aliment pour le poisson.
Différentes espèces de graminées, facilement cultivables au sein même de la ferme, peuvent
servir d’aliment de complément bon marché pour les poissons. Les espèces les plus
communes de poisson d’élevage pouvant se nourrir directement ou indirectement de
graminées, comprennent, la carpe herbivore, la carpe argentée, la carpe marbrée et la carpe
commune.
Les systèmes alimentés par graminées fonctionnent bien en Chine parce que:

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a) la compétition pour les graminées est limitée car les animaux aux pâturages sont moins
importants.
b) on peut trouver de grands alevins de carpes herbivores.
c) on peut trouver d'autres espèces de poisson pour utiliser les déchets de la carpe herbivore
dans la polyculture.

D'autres méthodes alternatives peuvent être conseillées là où des poissons macrophages (c.-à-
d. herbivores) pour savoir combien de graminées sont directement utilisées comme aliment
par les carpes herbivores et combien sont utilisées comme engrais vert dans l'écosystème de
l'étang.

• Systèmes culturaux intégrés Jacinthe d'eau-poisson


Plusieurs plantes aquatiques peuvent être utilisées comme aliment de complément dans la
production piscicole, et la jacinthe d'eau en est une. Pour produire une quantité de jacinthes
d'eau suffisante pour l'alimentation de complément, la superficie doit couvrir environ la
moitié de l'étang piscicole. Cette production peut atteindre 300 t/ha/an (poids frais).
La production de poisson peut atteindre jusqu'à 6 t/ha/an sans devoir utiliser ni aliment de
complément, ni engrais additionnel.
Des recherches ont démontré que la jacinthe d'eau, comparée à d'autres plantes aquatiques,
n'est pas beaucoup appréciée par les poissons. Normalement la jacinthe d'eau, qui dans de
nombreux pays est interdite car considérée comme une peste constituant un danger pour
l'environnement, pousse dans des étangs abandonnés, dans des fossés et dans les plans d'eau
publiques. Cette mauvaise herbe peut être également utilisée pour éliminer les aliments
nutritifs, par ex. dans le traitement des eaux usées, quoique dans ce cas l'accumulation de
polluants peut devenir un problème.

4.SYSTÈMES INTÉGRÉS ANIMAL- POISSON

• Élevage intégré poisson-canard


L'élevage de canards sur des étangs s'accorde très bien avec le système de polyculture
piscicole, le canard étant hautement compatible avec le poisson d'élevage. Le système
présente plusieurs avantages pour les agriculteurs :
-Les fientes de canards fertilisent l'étang s'ils y sont laissés en liberté.

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Les canards ont été appelés «machines à engrais» car ils fertilisent l'étang d'une manière
efficace et profitable, ce qui permet d'éliminer tous les frais de fertilisation et d'alimentation
de complément, représentant 60 pour cent du coût total en pisciculture conventionnelle.
-Les canards contrôlent le développement des plantes aquatiques.
-En se nourrissant sur le fond, les canards ameublissent le sol et aident à libérer du fond de
l'étang les éléments nutritifs du sol, augmentant ainsi la productivité de l'étang.
-Les canards oxygènent l'eau en nageant; ils ont pour cela été appelés «aérateurs biologiques».
5.Leurs abris sont construits sur les bords de l'étang; il ne faut donc pas de terrain
supplémentaire pour cette activité.
-Les canards peuvent se nourrir presque exclusivement d'herbes aquatiques, d'insectes, de
larves, de vers de terre, etc. qu'ils trouvent dans l'étang. Ils ont donc besoin de très peu
d'aliments. Les canards n'ont pas besoin d'abri élaboré puisqu'ils restent dans l'étang la plupart
de la journée. Une trentaine de canards peuvent suffire pour fertiliser un étang de 1 000 m².

• Élevage intégré poules-poisson


On peut intégrer à la pisciculture l'élevage de poules produisant de la viande (poulets de chair)
et des oeufs (pondeuses), afin de réduire le coût des engrais et des aliments en pisciculture et
en maximiser les bénéfices. Les poules peuvent être élevées au-dessus ou à côté de l'étang et
on peut recycler leurs fientes pour fertiliser l'étang.
L'élevage de poules au-dessus de l'étang présente certains avantages:
-Il maximise l'utilisation de l'espace.
-Economise le travail pour le transport de l'engrais.
-Le poulailler est plus hygiénique.
➢ Préparation de l'étang
- Pour un étang-type de 1 000 m², éliminez les poissons prédateurs et indésirables en
vidangeant l'étang ou en appliquant un piscicide autorisé.
- Si l'étang est sec, distribuez sur le fond 25 kg de chaux, sinon dissolvez la chaux dans de
l'eau et appliquez le mélange à l'étang.
➢ Empoissonnement
- Empoissonnez 600 à 1 000 alevins de poisson

Le taux d'empoissonnement des différentes espèces pourrait être 40 pour cent de poissons qui
se nourrissent en surface, 30 pour cent de poissons qui se nourrissent sur le fond de l'eau
(mrigal et carpe commune) et 10 pour cent pour la carpe herbivore.

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➢ Distribution des aliments
- Il n'est pas nécessaire de les nourrir, puisque les aliments épandus par les poules (jusqu'à
10 pour cent de la quantité qui leur est donnée) tombent dans l'eau.
➢ Fertilisation
- Il n'y a pas besoin d'engrais autres que les fientes de poules qui tombent dans l'eau.
➢ Récolte
- La récolte du poisson peut commencer six à sept mois après l'empoissonnement, lorsqu'une
partie du poisson a atteint la dimension de table.
➢ Diminution de l'oxygène
- Si suite à une prolifération excessive de plancton l'eau devient vert foncé, l'oxygène dissout
dans l'eau peut devenir insuffisant et le poisson mourir.
Dans ce cas, mettez des nattes ou des feuilles en plastique sous le poulailler pour récupérer les
fientes, et suspendez la distribution d'éléments nutritifs pendant une à trois semaines.
Si possible, ajoutez immédiatement de l'eau fraîche à l'étang.

5. ALIMENTATION DES POISSONS ET GESTION

• Utilisation des déchets animaux en étangs


Il est bien connu que la valeur alimentaire des déchets à l'état pur est pauvre.
Les déchets agissent:
- en stimulant la production de phytoplancton
- en agissant comme substrat pour la production bactérienne (détritus) et comme aliment pour
le zooplancton.
Ces deux procédés sont fortement liés, puisque le phytoplancton est une importante source de
détritus pour la production bactérienne. Grâce à la photosynthèse, le phytoplancton est
également le principal producteur d'oxygène dissous dans l'étang, utilisé par tous les
organismes y compris les poissons.
• Facteurs à prendre en considération avant d'utiliser des déchets animaux
-Des déchets sont-ils disponibles à la ferme? Dans ce cas, sont-ils déjà utilisés? Devraient-ils
être détournés pour être utilisés en pisciculture?
Les excréments d'animaux sont souvent importants comme engrais pour les cultures et
comme carburant. Prenez en considération leurs coûts d'opportunité.
-Vaut-il la peine d'élever du bétail spécialement pour produire des déchets destinés à
l'aquaculture?
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• Aspects de gestion à prendre en considération
-Le régime alimentaire du jeune bétail est riche en protéines et par conséquent ses excréments
contiennent plus d'azote et constituent ainsi un intrant meilleur pour l'étang.
- Les fèces de ruminants contiennent beaucoup de carbone par rapport à l'azote, et décolorent
l'eau. En général, elles sont utilisées seules et donnent de faibles rendements en poissons.
Utilisez plutôt l'urine des ruminants, car ses éléments nutritifs sont plus équilibrés.
-Le régime alimentaire des poules pondeuses est différent de celui des poulets de chair et leurs
excréments sont particulièrement riches en phosphore.
• Conseils pour une correcte application des excréments
• La première application peut être faite une à deux semaines avant l'empoissonnement, afin
de produire des aliments naturels pour la consommation immédiate par les poissons.
• Fertilisez avec du fumier après le lever du soleil (environ à mimatinée).
• Maintenez un programme d'application régulier.
• Assurez-vous d'avoir à disposition de l'eau fraîche à pouvoir ajouter à l'étang, au cas où
l'oxygène viendrait à manquer.
• Pendant la préparation de l'étang, prélevez deux à cinq cm de la vase du fond. Elle peut être
un excellent engrais pour les légumes.
• Gestion de la qualité de l'eau
Trop de fumier dans l'étang peut provoquer une diminution de l'oxygène dissous et une
mortalité de poissons. Si la quantité de fumier est excessive, il se produit trop de
décomposition; par conséquent, la demande biologique en oxygène est élevée et l'oxygène
dissous disponible est utilisé.
Le phytoplancton produit de l'oxygène dissous pendant la journée, mais il en consomme la
nuit. Une autre source d'oxygène dissous dans l'eau stagnante est la diffusion d'oxygène
atmosphérique.
• Indicateurs d'oxygène dissous insuffisant
-De nombreux poissons pipent l'air à la surface de l'eau (cela signifie qu'ils sont en train de
prendre l'oxygène de la fine couche superficielle oxygénée de l'eau).
-Des bulles d'air ou de gaz peuvent être observés dans l'eau.
-L'eau de l'étang est brunâtre ou verdâtre.
-L'eau de l'étang a une odeur âcre.

• Les plantes comme source d'aliments pour les poissons

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Cette étude de cas présente deux types de cultures différents: les cultures simultanées (Trapa)
ou alternées (Euryale) de macrophytes et de poissons. Les cultures de trapa (Trapa bispinosa)
et de makhana (Euryale ferox) sont deux cultures aquatiques saisonnières de rente, pratiquées
de manière extensive. La carpe commune s'élève bien avec trapa et les poissons à respiration
aérienne avec makhana.

La production simultanée de macrophytes aquatiques et de poissons est assez bien pratiquée


en Asie. Parfois, les contraintes imposées par les saisons empêchent la culture de poissons
pendant toute l’année, ou alors les plantes ont une période de production ou de
commercialisation saisonnière. Dans certain régions, pendant la saison morte de la
reproduction de tilapia, la rotation du lotus avec l’élevage de tilapia est fréquemment
pratiquée en étangs peu profonds fertilisés avec des eaux usées.

6. REPRODUCTION DES POISSONS ET ALEVINAGE

• Reproduction de carpes en champs de blé pendant la morte-saison


Environ 300 000 ha de champs de blé aux alentours de Jabalpur, Madhya Pradesh en Inde,
sont pratiquement des étangs alimentés par eau de pluie (havelis) de juillet à octobre. Puisque
dans cette région il n'existe pas de source d'irrigation, l'eau de pluie est retenue dans ces
champs par des digues d'environ un mètre de haut jusqu'à l'hiver lorsqu'ils sont drainés,
labourés et le blé semé. Cette période dure de trois à quatre mois, pendant lesquels le champ
est utilisé pour la production d'alevins de carpe.
Sur la base des apports nécessaires pour un champ de 0,4 ha, voici les procédures qui peuvent
être suivies:
• Production d'alevins
1.Choisissez un champ à proximité de la route mais éloigné de toute zone sujette aux
inondations. Contrôlez les digues et placez des grilles à mailles fines sur les vannes
d'alimentation et d'évacuation, s'il y en a.
2.Dès que l'eau accumulée dans le champ a atteint 60 à 80 cm, répandez sur la surface de l'eau
une émulsion de 20 litres de diesel et 7 kg de savon à lessive bon marché afin d'éliminer les
insectes aquatiques prédateurs.
3.Libérez ensuite quatre femelles de carpe parvenues à maturité et en bonne santé avec un
même nombre de mâles, pesant environ un kilogramme chacun. Placez 2 à 3 kg d'Hydrilla ou
d'Eichornia (plantes aquatiques) à trois ou quatre endroits du champ. On peut distinguer une
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femelle arrivée à maturité et en bonne santé par son abdomen enflé et gonflé, et une région
génitale rougeâtre, qui chez les mâles a la forme d'un petit cratère.
En outre, les mâles suintent de la laitance blanchâtre lorsqu'on exerce une douce pression sur
leur abdomen.
4.Les poissons se reproduisent dans les 24 à 48 heures qui suivent l'empoissonnement. Cela
peut prendre un jour ou deux de plus s'ils ne sont pas parvenus à maturation complète. Les
oeufs, déposés sur les racines des plantes introduites, éclosent en 48 à 72 heures.
5.La récolte peut avoir lieu après 15 à 20 jours. La production est d'environ 100 000 alevins
d'environ 25 à 30 mm. Le taux de survie est élevé et la croissance rapide si l'on fertilise le
champ avec 2 000 kg de bouse de vache et que l'on nourrit les poissons avec des aliments
artificiels comme (un mélange de tourteaux d'arachides et de son de riz) (1:1 en poids).
6.Les alevins restants atteignent une taille de 40 à 60 mm au moment de drainer le champ et
de les récolter (environ 20 000 alevins).
• Nurseries pour carpes
Une nurserie est une installation où de tout jeunes poissons (larves ou petits alevins) peuvent
grandir.
Une pisciculture en étang requiert une préparation spéciale des nurseries afin de pouvoir
recevoir des larves et de tout petits alevins. La taille idéale d'une nurserie est de 0,02 à 0,05
ha, avec 1 à 1,5 m de profondeur.
➢ L'exemple suivant décrit une nurserie de 0,02 ha telle qu'elle a été préparée en 15 à 20
jours.
❖ Préparation de l'étang
• Enlevez toutes les plantes aquatiques (1er jour).
• Drainez et séchez l'étang.
• Chaulez avec 5 à 6 kg de chaux/200 m² afin de favoriser la libération des éléments nutritifs
disponibles et d'éliminer les organismes pathogènes présents dans l'étang (du 3ème au 16ème
jour).
• Rajoutez de l'eau si nécessaire et fertilisez la nurserie (19ème jour).
• Le test de base le plus fiable pour vérifier si dans l'étang se sont développés suffisamment
d'organismes alimentaires (plancton) pour les poissons, consiste à filtrer environ 50 litres
d'eau à travers un filet ou un tissu à mailles fines, dans un tube d'échantillonnage de 2,5 cm de
diamètre. En alternative, un test très simple que l'on peut faire sur le terrain pour de l'eau non
boueuse, est d'immerger le bras dans l'eau jusqu'au coude. Si l'on ne peut plus voir la main, le
plancton est probablement suffisant.

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❖ Empoissonnement
• Appliquez 80 à 100 g d'insecticide (par ex. Dipterex) au moins 20 à 24 heures avant
l'empoissonnement, afin d'éliminer les insectes aquatiques qui se trouvent dans l'étang
(29ème jour).
• Empoissonnez 60 000 à 70 000 tout petits alevins de quatre à cinq jours (200 à 250 g)/200
m². Les tout petits alevins devraient être vigoureux, du même âge et de taille uniforme et ils
devraient être libérés soit le matin, soit tard dans l'après-midi (30ème jour).
Larves de poisson Disponibilité

Carpe commune janvier-mars

Carpe argentée février-août

Rohu, mrigal avril-juillet

Catla mai-août

Carpe herbivore mai-août

Barbeau argenté mars-mai

Avant d'introduire de tout petits alevins dans un nouveau milieu, il faut que la
température de l'eau à l'intérieur du sac en plastique soit quasi la même que celle de l'eau de
l'étang.
-Placez les sacs fermés dans l'étang pendant 10 à 15 minutes.
-Ouvrez-les lentement et laissez-y entrer de petites quantités d'eau de l'étang afin d'égaliser la
température.
-Les petits alevins peuvent alors être libérés dans l'étang.
❖ Alimentation
• Il est souvent difficile de maintenir un niveau élevé d'aliments naturels pour la croissance de
petits alevins et l'alimentation complémentaire devient alors nécessaire (31ème jour). Il faut
leur donner 200 g par jour d'un mélange finement pulvérisé de tourteaux (fèves de soja,
moutarde, etc.), de son de riz ou de blé et de farine de poisson, répartis en plusieurs portions
tout au long de la journée.
❖ Fertilisation

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• La fertilisation est nécessaire pour maintenir dans l'étang un niveau adéquat d'organismes
naturels pour l'alimentation.
❖ Soins des petits/grands alevins
• Contrôlez l'étang chaque jour et vérifiez s'il y a un excès d'algues vertes. Si c'est le cas,
arrêtez l'application d'aliments complémentaires. Enlevez de l'étang les grenouilles/serpents,
s'il y en a.
❖ Récolte et transport
• Récoltez les petits/grands alevins (60ème jour) avec un filet pour petits alevins, soit le
matin, soit tard dans l'après-midi et gardez-les en enclos ou en réservoir pendant au moins
trois à quatre heures avant de les transporter (60ème jour). Transportez-les dans des sacs en
plastique oxygénés. Dans chaque sac, on met approximativement cinq litres d'eau et 15 litres
d'oxygène (en supposant que le volume des sacs en plastique soit de 20 litres).

Pour l'hygiène des étangs de nurseries (par ex. pour éradiquer les insectes aquatiques
se nourrissant de larves de poisson), il faudrait utiliser des systèmes qui n'impliquent pas
l'utilisation de produits chimiques dangereux, par ex. une quantité plus élevée de chaux vive,
la destruction des habitats des organismes nuisibles, la continue prise au piège et élimination
de ceux-ci, etc.

• Production d'alevins en rizières irriguées


La production d'alevins de carpe commune (Cyprinus carpio) dans différents types
de rizières irriguées est une alternative. Bien que les données sur les productions soient en
dessous des valeurs commerciales, les petits exploitants peuvent élever leurs propres alevins à
des coûts très bas.

➢ Avantages

- De tout petits alevins peuvent être élevés dans différents types de parcelles de rizière sans
altérer les pratiques normales de production de riz de l'agriculteur.

- On peut utiliser les ressources existantes de l'agriculteur.

- Ne sont requises que de minimes dépenses additionnelles.

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- Lorsque les poissons dépassent 2,5 cm de long, ils favorisent la lutte contre mauvaises
herbes, organismes nuisibles et insectes dans la rizière.

- Les fèces des poissons fertilisent le riz.

- On peut obtenir un revenu additionnel.

- Les agriculteurs peuvent vendre les alevins quand les prix sont les plus élevés.

➢ Calendrier des activités piscicoles

Jour 1 Préparez la rizière.

Jour 7 Repiquez le riz.

Jour 10 Appliquez un produit chimique autorisé pour tuer les


prédateurs.

Jour 11 Empoissonnez de petits alevins de deux semaines au taux de


10/m².

Jour 18 Pesez les alevins chaque semaine pour contrôler leur


croissance. Maintenez une profondeur d'eau de 7 à 10 cm
dans la rizière.

Jour 53 Récoltez les alevins. Conditionnez-les en cages avant de les


vendre ou empoissonnez-les pour les faire grossir d'avantage.

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➢ Ce qu'il faut prendre en considération avant d'adopter la technologie

- Le sol de la rizière devrait avoir une bonne capacité de rétention d'eau.

- La carpe commune est conseillée pour l'empoissonnement pour les raisons suivantes: elle se
reproduit plus tôt; de petits alevins sont disponibles au moment du repiquage du riz; il s'agit
d'un poisson robuste. Le tilapia peut également être empoissonné.

- Les poissons ont un taux de survie plus élevé dans les plus petites rizières.

- Si possible, utilisez de petits alevins pour l'empoissonnement (plutôt que des larves), car ils
ont un taux de survie plus élevé.

- L'utilisation d'aliments de complément, comme son de riz ou son de blé, peut augmenter la
production d'alevins à des coûts très minimes.

- Pompez de l'eau avec des pompes à pédales afin de réduire le risque que la rizière ne se
dessèche.

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