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Introduction générale
Dans le secteur minier, l’effluent naturel des roches apparait dans les mines souterraines et
au contact des matériaux exposé à l’air libre (mine à ciel ouvert, minerais, rejet de traitement de
minerais, stériles déblais). Il a pour conséquence une augmentation de l’acidité, des teneurs en
sulfates et en métaux dans les eaux de surface et souterraines du site. La production acide peut
prendre une ampleur telle que des écoulements continus chargés de métaux se déversent depuis les
sites d’origine vers le réseau hydrographique le plus proche ou évoluent à travers l’aquifère.
Cette eau acide est reconnue comme étant un des problèmes environnementaux majeurs de
l'industrie minière mondiale. Le drainage minier acide (DMA) ainsi que le drainage rocheux acide
(DRA) peuvent provenir de diverses sources d'exploitation telles que les exploitations d'or, d'argent,
de cuivre, de nickel, de zinc, de plomb, de charbon et même de gisements d'uranium. Ces minéraux
sont la plupart du temps présents sous forme de sulfures comme par exemple la chalcopyrite
(CuFeS2) pour le cuivre, la sphalérite pour le zinc (ZnS) et la galène pour le plomb (PbS). De plus,
ces gisements sont souvent associes à des minéraux sulfureux réactifs telles que la pyrite (FeS 2)
et/ou la pyrrhotite (Fe11S12). Lorsque ces derniers sont mis en contact avec l'eau et l'air, ils forment
des ions qui acidifient l'eau au point de la rendre nocive pour l'environnement récepteur. De plus, la
baisse de pH occasionnée par cette production d'acidité favorise la dissolution de métaux lourds
comme le fer (Fe), le plomb (Pb), le mercure (Hg), le cadmium (Cd) et l'arsenic (As).
Dans cette partie, nous nous intéresserons à la formation du drainage minier acide, de ses
conséquences environnementales ainsi que des couts qui lui sont rattachés. Pour la forme,
l'abréviation DMA sera utilisée aussi bien pour le drainage minier acide que pour le drainage
rocheux acide.
On peut classifier les effluents de l'industrie minérale en quatre catégories : le drainage
minier acide, le drainage minier alcalin, le drainage minier neutre et le drainage minier peu
problématique. Le tableau 1 résumé ces catégories.
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I- Définition
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II- Le Problème DMA
Les processus géochimiques dans la formation du DMA, les minéraux acidogènes, les minéraux
acidivores
- Le DMA est produit suite à l’oxydation des sulfures. Les sulfures constituent alors les
minéraux producteurs d’acidité ou les minéraux acidogènes.
- La production du DMA correspond à un processus complexe qui donne lieu à un système
évolutif de réactions chimiques.
- Les principaux sulfures responsables de la production du DMA sont la pyrrhotite et la
pyrite.
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Tableau 1 : Les principaux sulfures
Les minerais impliqués dans la formation des DMA se trouvent dans des conditions
réductrices qui préservent de toute réaction. Mais les travaux miniers les placent brusquement dans
des conditions propices à l’oxydation.
L’une des particularités de la pollution des DMA est son aptitude à se propager et s’auto-
entretenir. Trois mécanismes sont responsables de ce phénomène :
• L’action purement physique de l’homme qui place d’énormes quantités de matériaux dans des
conditions d’instabilité chimique ;
• Les actions biologiques et chimiques qui provoquent et amplifient une réaction en chaine ;
• L’action de l’eau par son rôle de vecteur (écoulement gravitaire) et son rôle chimique au cours des
dissolutions, cristallisations et hydrolyses successives.
Les mécanismes biologiques: l’apparition des DMA est favorisée par la présence de
microorganismes qui tirent l’énergie nécessaire à leur croissance des réactions d’oxydo- réduction
métalliques. Ces bactéries agissent comme de véritables catalyseurs des réactions chimiques qui se
déroulent à la surface des minéraux et en solution. Sur la photographie 1 une bactérie
ferrooxydantes de type Thiobacillus ferrooxidans est représenté. Ces microorganismes
naturellement présents dans le milieu, accélèrent les réactions d’oxydation. L'activité oxydante de
ces bactéries est de 500 000 à un million de fois plus rapide que l'oxydation à l'air libre dans des
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conditions environnementales similaires. Ces bactéries se développent entre 25 et 35°C et un pH
compris entre 0.5 et 4.
Lorsque le pH du milieu est inférieur à 4 et que l’oxygène est disponible, le fer ferreux
(Fe2+) produit à l’équation 1 subit une oxydation et se transforme en fer ferrique (Fe3+) selon :
Cette réaction est déterminante. Elle devient prépondérante sur la réaction (2.2) avec
l’acidification progressive du milieu. Le rapport Fe3+/Fe2+ augmente alors progressivement.
L’oxydation du fer ferreux en fer ferrique peut être est catalysée par T. ferrooxidans. En présence de
cette bactérie, cette réaction peut être accélérée jusqu’à 10 000 fois. Le fer ferrique ainsi produit
sera capable à son tour de réagir en chaine avec la pyrite selon l’équation :
Tant que le pH est inférieur à 4,0, le fer ferrique demeure en solution et sert à oxyder
directement la pyrite. Par contre, lors de la résurgence en milieu libre, le DMA subit une dilution et
par conséquent, le pH augmente progressivement. Lorsque ce dernier remonte à une valeur
supérieure à 4,0, le fer ferrique réagit avec l’eau et entraîne une précipitation d’hydroxyde de fer
Fe(OH)3 (2.1). Ce précipité gélatineux jaune-brun colore l’eau et forme des dépôts dans le lit des
cours d’eau, créant des problèmes pour la faune et la flore benthique.
Une fois ces quatre équations enclenchées, le processus de génération d’acide se perpétue
L’équation globale de l’oxydation de la pyrite, et par conséquent, de la production de DMA peut se
résumer par l’équation 2.5.
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Les réactions précédentes résument les mécanismes de développement de DMA en se basant sur
l’exemple de la pyrite. Les équations peuvent donc être généralisées en remplaçant le fer (Fe) par
M, représentant un autre métal ou métalloïde lié à un sulfure.
Dans la nature, le phénomène DMA donne ensuite lieu à des réactions d’oxydation, de
dissolution, de précipitation et de recristallisation successives qui produisent de nombreux
composés minéraux selon par exemple : la formation d’oxydes secondaires (type jarosite) et
d’oxyhydroxysulfates (type copiapite) dans les lits des rivières est observée en période sèches.
Ces précipités constituent des réserves temporaires de métaux. Ils sont dissous pendant les
périodes de pluies intenses ou au cours des inondations. Les polluants métalliques et les sulfates
sont alors libérés et l’acidité de l’eau augmentent.
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IV- Facteur influençant la formation des DMA
Les combinaisons des conditions qui favorisent la formation de DMA sont multiples,
puisqu’aucun site minier n’est identique à un autre. Néanmoins, on peut classer par ordre
d’importance les facteurs influençant l’apparition des eaux acides.
Facteurs primaires : l’eau, l’oxygène et les caractéristiques physiques des roches représentent les
facteurs déclenchant le DMA. Vient ensuite avec un moindre degré, la température, le pH
l’équilibre Fe(II)/Fe(III) et l’activité biologique.
Facteurs secondaires : ils agissent une fois le mécanisme de formation d’acidité est déjà en place.
Parmi eux on compte :
-L’influence du pH sur l’équilibre Fe(II)/Fe(III). Si le pH est faible le fer ferrique (Fe3+) reste en
solution jouant le rôle d’oxydant, si le pH est supérieur à 3.5, il précipite sous forme d’hydroxyde.
-La taille des particules dans le cas de percolation : 200 mm pour les stériles, et 0.2 mm pour un
rejet de laverie.
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Les impacts du DMA se font également sentir en milieu terrestre, plus particulièrement au niveau
des sols. En plus de contaminer ceux du site, le DMA peut également engendrer des effets néfastes
aux sols avoisinants par l’érosion éolienne ou hydrique des résidus miniers non-confinés, et ce, en
les rendant moins aptes au développement et au maintien de la végétation. Ce lixiviat affecte aussi
la flore terrestre par la libération de métaux lourds et d’ions H+ qui nuisent à leur croissance en
réduisant l’efficacité de leurs activités physiologiques. En conséquence, le DMA provenant du site
minier Eustis engendre une érosion importante des berges de la rivière Massawippi car ces dernières
sont dénudées de toute végétation. Puisque les sols demeureront acides, la végétalisation ne pourra
se faire de façon naturelle.
Le DMA peut également avoir des impacts sur la santé humaine, et ce, par la libération de
métaux qui peuvent atteindre la nappe souterraine et, éventuellement, contaminer des sources
d’approvisionnement en eau potable. Ce sont les métaux lourds qui semblent créer le plus de
problèmes dans les eaux souterraines (Vien 1996).
Les conséquences des eaux acides sont les effets directs du changement de pH sur la vie
aquatique et indirectement l’interruption de la chaine alimentaire. Les pH faibles inhibent la
croissance des bactéries qui participent à al décompositions des feuilles tombées dans l’eau et
modifient par conséquent la quantité de nourriture disponible pour d’autres espèces. Les eaux acides
présentent un nombre plus réduit d’espèces macro invertébrés que les eaux neutres. Sur les
poissons, les effets incluent une mortalité importante, des perturbations des taux de croissances, de
la reproduction et des dommages chroniques aux organes et tissus. Les effets indirects sont
dégradation d’habitat et modification des relations prédateurs proies
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Les importantes concentrations de métaux et de colloïdes causent de sévère altérations des
invertébrés benthiques et la réduction ou l’élimination des truites suite à une accumulation dans
leurs foies et la dégradation de leurs tissus.
La teneur en sulfate des effluents acides correspond à de forte concentrations en sel dissous
qui induisent essentiellement une pression osmotique importante. Le tableau 7 permet de comparer
les rejets en sulfate de différentes industries.
Les DMA donnent lieu à des particules solides en suspension. Ces particules ont pour
origine la précipitation des métaux sous forme d’hydroxydes et d’oxyhydroxydes.
Ces précipités métalliques se déposent sur les organismes aquatiques et ont une action
anoxique sur la faune comme la flore. Ils recouvrent les branchies, la surface du corps et les oeufs
des poissons. Ils couvrent le fond des cours d’eau et deviennent inhospitaliers aux organismes. De
plus ils rivent de lumières les organismes chlorophyliens.
L’atténuation naturelle du DMA survient en raison de l’épuisement de la source de sulfure
ou des conditions hydrogéologiques (présence de calcaire, modification de la nature et/ou des
caractéristiques des eaux).
Elle dépend également de la nature de l’origine du DMA (galerie de mine, déblais) et de la
nature du gisement (métallique ou houiller). Dans les cas des mines fermées, les mesures prises au
préalable (méthode d’ennoiement des galeries) influencent l’aptitude à l’atténuation du DMA.
Dans la plupart des cas, l’atténuation naturelle de l’acidité demande plusieurs dizaines à
plusieurs centaines d’années avant de se produire. D’où la nécessité de développé des technologies
de traitement des effluents miniers.