1- Traitement à la chaux.............................................................................................................. 3
1-1- Modification de l’état hydrique du sol ............................................................................ 3
1-2- Floculation – agglomération des particules du sol.......................................................... 3
1-3- Réactions pouzzolaniques. .............................................................................................. 4
1-4- Carbonatation.................................................................................................................. 5
2- Traitement au ciment ............................................................................................................. 5
3- Traitement mixte .................................................................................................................... 7
4- Evolution des propriétés géotechniques................................................................................ 8
4-1- Granulométrie ................................................................................................................. 8
4-2- Limites d‘Atterberg........................................................................................................... 8
4-3- Caractéristiques de compactage ...................................................................................... 9
4-4- Caractéristiques mécaniques ........................................................................................... 9
5- Etude géotechnique de traitement des sols ........................................................................ 10
5-1- Essais avant traitement ................................................................................................. 10
5-2- Essais sur les sols traités ................................................................................................ 10
5-2-1- Aptitude au traitement du matériau traité ............................................................ 10
5-2-2- Suivi des performances mécaniques ...................................................................... 12
Le traitement des sols à la chaux est une technique connue depuis plusieurs siècles, avec par exemple
la construction de la grande muraille de Chine ou encore les voies et les habitations romaines construites
avec de la chaux. Mais c’est surtout depuis les années 1950 que le traitement des sols s’est développé
en technique routière. L’intérêt du traitement est de valoriser les matériaux locaux en améliorant leur
comportement mécanique et leur maniabilité afin de les rendre aptes au terrassement.
Dans les pays comme la France où cette technique est largement utilisée depuis une trentaine d’années,
notamment dans les travaux routiers, les modifications et transformations escomptées, en terme
mécanique, ne sont pas toujours atteintes pour les sols très argileux. Certains défauts de solidification
ont été constatés quelques semaines à quelques mois après un traitement en place. Dans le cas des sols
argileux très plastiques, le traitement à la chaux est complété par un traitement au ciment ou avec un
liant hydraulique routier.
Ainsi, le traitement des sols est actuellement largement utilisé dans les travaux de terrassement, qui
représentent un part non négligeable du secteur de la construction et du génie civil, tant pour l’avantage
mécanique qu’il présente en permettant la valorisation de matériaux aux caractéristiques géotechniques
inadaptées, non utilisables à l’état naturel, que pour ses qualités environnementales. Toutefois, cette
technique nécessite des études plus poussées et une exécution plus soignée que lorsque l'on utilise des
matériaux naturels.
Les propriétés de la chaux vive utilisée pour le traitement de sol sont définies par les normes NF P98-
101 et NF P98-102 (réactivité, granulométrie, etc.) et plus récemment par les normes NF EN 459-1 et
NF EN 459-2.
Les ciments courants (classes CEMI à V) ont été utilisés en traitement de sol majoritairement jusqu’aux
années 1980. Leurs caractéristiques sont définies par la norme NF EN 197-1. Le traitement au ciment
convient plus particulièrement aux sols peu plastiques, qui sont à priori inadaptés au traitement à la
chaux du fait de leur faible teneur en argiles, auxquels il apporte cohésion, résistance mécanique,
stabilité à l’eau. Le ciment Portland composé (classe CEMII) est très utilisé ; pour les sols très plastiques,
le ciment CLK (classe CEMIII) combiné à de la chaux serait plus indiqué.
Les ciments sont progressivement remplacés par les LHR, plus appropriés aux conditions et aux
exigences de mise en œuvre des matériaux de partie supérieure de terrassement (PST), de remblais et
de couches de forme. En effet, il est envisageable d’optimiser leur composition pour les adapter à un
type de sol particulier ou à des conditions de mise en œuvre spécifiques (période de l’année, conditions
climatiques, contraintes d’organisation de chantier, etc.). La composition, les spécifications et les critères
de conformité des LHR sont régis par la norme NF P15-108. Une recherche permanente et des études
ciblées sont menées par les industriels pour améliorer encore la spécificité de ces produits.
1- Traitement à la chaux
Les interactions de la chaux avec les particules des sols peuvent être décrites par une succession de
processus physico-chimiques complexes aux cinétiques variables qui modifient le comportement
mécanique des sols. Généralement, on distingue deux effets lors du traitement à la chaux. D’une part,
les effets à court terme interviennent dans les heures qui suivent la mise en contact entre la chaux et le
sol et peuvent se résumer à une modification texturale du sol, suite à un changement de l’état hydrique
du sol et à un processus de floculation/agglomération des particules ; d’autre part, les effets à long terme
généralement attribués à la formation de composés aux propriétés liantes qui résultent de réactions
pouzzolaniques
entraîner une augmentation plus ou moins importante du pH du sol en fonction de la quantité de chaux
ajoutée. A 20°C, le pH maximal que peut atteindre le sol est celui d’une solution saturée en hydroxyde
de calcium hydraté, à savoir 12,64 (solubilité de 1,65 g/l).
1-4- Carbonatation
Plusieurs études ont montré la formation de calcite (CaCO3) qui apparaît au cours de la maturation lors
du traitement des sols à la chaux. Celle-ci résulte de la carbonatation de la chaux avec le dioxyde de
carbone de l’air. La formation de calcite peut être décrite par une succession de deux réactions. Une fois
dissout dans l’eau interstitielle, le dioxyde de carbone réagit avec les ions hydroxyles pour former des
ions carbonates (Éq. 2-3). Les ions carbonates peuvent ensuite réagir avec les ions calcium apportés par
la chaux pour former du carbonate de calcium (Éq. 2-4).
CO2(aq) + 2HO- → CO32- +H2O (Éq. 2-3)
2- 2+ →
CO3 + Ca CaCO3 (Éq. 2-4)
Les cristaux de carbonate possèdent une propriété liante très faible. Les performances mécaniques ne
sont pas ou très peu améliorées par la présence de carbonates. Par conséquent, la carbonatation est
considérée comme une réaction perturbatrice du traitement, puisqu’elle consomme une partie de la
chaux destinée aux réactions pouzzolaniques, sans pour autant améliorer les performances mécaniques
des matériaux traités.
2- Traitement au ciment
Les processus se déroulant au sein d’un matériau traité à la chaux et/ou au liant hydraulique étant
considérés identiques à ceux qui se déroulent au sein d’une matrice cimentaire, ce paragraphe rappelle
les principales caractéristiques chimiques à court et à long termes des matériaux cimentaires.
La chimie des ciments étant une chimie des oxydes, l’industrie cimentière utilise une nomenclature
simplifiée pour les principaux oxydes. Les équations retranscrites ci-après se réfèrent à cette notation
dont l’équivalence est donnée dans le tableau 2.
Tableau 2-2 : Notation cimentière des oxydes
Notation Formule chimique Nom
A Al2O3 Alumine
C CaO Chaux vive
C CO2 Dioxyde de carbone
F Fe2O3 Ferrite
H H2O Eau
S SiO2 Silice
S SO3 Sulfate
T TiO2 Dioxyde de titane
M MgO Périclase
K K2O Oxyde de potassium
N Na2O Oxyde de sodium
C/A CaO/ Al2O3 Rapport chaux vive/alumine
C/S CaO/ SiO2 Rapport chaux vive/silice
C2S (CaO)2SiO2 Silicate bicalcique ou Bélite
C3S (CaO)3SiO2 Silicate tricalcique ou Alite
C3A (CaO)3Al2O3 Aluminate tricalcique
C4AF (CaO)4 Al2O3 Fe2O3 Aluminoferrite tétracalcique
CH Ca(OH)2 Portlandite ou hydroxyde de calcium ou chaux éteinte
CSH 3(CaO)2(SiO2)3(H2O) Tobermorite ou silicate de calcium hydraté
C S H2 CaSO42H2O Gypse
CAH 2(CaO)3(Al2O3)6(H2O) Aluminate de calcium hydraté
3(CaO) (Al2O3) (SiO2)6(H2O)
CASH Aluminosilicates de calcium hydraté
2(CaO) (Al2O3) (SiO2)8(H2O)
CA S H 3(CaO) (Al2O3)(CaSO4)32(H2O) ettringite primaire ou trisulfoaluminate de calcium hydraté
ettringite secondaire ou monosulfoaluminate de calcium
CA S H 3(CaO) (Al2O3)(CaSO4)32(H2O)
hydraté
Le constituant principal du ciment Portland est le clinker (mélange de 80% de calcaire et 20% d’argile
calciné à 1450°C et broyé en poudre fine inférieure à 80μm). Il associe quatre composés anhydres : les
silicates tricalciques (C3S), les silicates bicalciques (C2S), les aluminates tricalciques (C3A) et les
aluminoferrites tétracalciques (C4AF). Un régulateur de prise, le gypse CaSO4.2H2O (CSH2), est ajouté au
clinker pour modérer la réaction des C3A au contact de l’eau.
La pâte de ciment hydratée est ainsi constituée de :
✓ silicates de calcium hydratés (CSH) issus de l’hydratation des C2S et C3S comme suit :
2C3S + 6H → C3S2H3 + 3CH (Éq. 2-5)
2C2S + 4H → C3S2H3 + CH (Éq. 2-6)
Les CSH représentent 60 à 70% du volume de la pâte de ciment hydratée. Ils possèdent une structure
mal cristallisée de type gel. Ce sont ces hydrates qui, en se formant à la surface des grains de ciment
anhydre, augmentent la cohésion de la pâte.
✓ portlandite (Ca(OH)2 ou CH) issue de l’hydratation des silicates [réactions (5) et (6]. Elle cristallise
sous une forme hexagonale, occupant 20 à 30% du volume de la pâte de ciment. Elle participe peu à
l’augmentation de la résistance du matériau cimentaire mais constitue cependant une source de calcium
nécessaire aux réactions pouzzolaniques, réactions de durcissement différées.
✓ aluminates de calcium hydratés (CAH) issus de l’hydratation rapide des aluminates tricalciques
[réaction (7)] :
2C3A + 21H → 2C3AH6 + 9H (Éq. 2-7)
Les CAH provoquent une prise rapide, diminuent la malléabilité de la pâte et ne participent que peu à
l’augmentation de résistance.
✓ ettringite primaire (trisulfoaluminate de calcium hydraté, noté C3A 3C S H ou CA S H) issue de la
réaction des C3A (et des C4AF) avec le gypse, régulateur de prise :
C3A + 3CSH2 + 26H → C3A.3CS.32H (Éq. 2-8)
Elle a une structure trigonale qui s’insère dans la pâte de ciment sous forme de fines aiguilles blanches
enchevêtrées. Le développement de l’ettringite primaire n’est pas problématique à cet instant car la
prise du ciment n’a pas encore eu lieu.
Lorsque l’ettringite primaire se dissout, elle libère des ions sulfate qui se réassocient avec les phases
aluminates (C3A et C4AF) sous la forme de monosulfoaluminate de calcium hydraté ou :
✓ ettringite secondaire issue de la réaction des C3A avec l’ettringite primaire :
C3A.3CS.32H + 2C3A → 3(C3ACS).32H (Éq. 2-9)
Le développement de ce minéral expansif est problématique car il s’effectue plusieurs mois voire
plusieurs années après la prise des ciments. Cette réaction est aussi appelée formation d’ettringite
différée.
L'évolution physico-mécanique et physico-chimique des pâtes de ciment se déroule principalement au
cours des premières minutes suivant la fin du gâchage selon une cinétique influencée par la
température. La structuration de la pâte intervient sous l'action de forces attractives entre les particules
de ciment qui mènent à une floculation rapide. Les interactions entre le ciment anhydre et les hydrates
de ciment sont responsables des propriétés mécaniques du solide formé après la prise. Dans le cas des
matériaux cimentaires, il est admis qu’après 28 jours la quasi-totalité du ciment a réagi, c’est-à-dire que
les caractéristiques mécaniques sont presque définitives. L’hydratation se poursuit ensuite durant
plusieurs années et c’est à partir de la porosité capillaire que se déroulent les échanges avec le milieu
extérieur.
3- Traitement mixte
L’apport en chaux doit être suffisant pour conférer au sol une portance immédiate lui permettant de
supporter la circulation des engins de chantier. L’apport d’un ciment ou d’un liant hydraulique routier
doit permettre de développer les performances mécaniques exigées pour une valorisation du matériau
en couche de chaussée. En outre, le traitement doit permettre d’assurer la durabilité de la sous-couche
routière.
Les caractéristiques physico-chimiques des liants, les conditions de mélange (dosages, ordre
d’introduction, durée de malaxage, température de cure…) et de mise en œuvre (compactage, teneur
en eau…) influencent l'efficacité du traitement.
4- Evolution des propriétés géotechniques
4-1- Granulométrie
Les études indiquent que l’ajout de chaux induit une diminution des particules inférieures à 2 μm, et
une augmentation des particules de plus grande taille. Ces modifications sont amplifiées avec l’ajout de
fortes quantités de chaux. Enfin, d’autres résultats soulignent que les modifications de granulométrie
sont aussi dépendantes du temps. Il apparaît que pour des temps de cure plus longs, la diminution de
particules inférieures à 2 μm est plus importante. Ces résultats sont la conséquence de la floculation des
particules suite à l’ajout de chaux.
wp wnat wl
Avant
traitement
Après
traitement
wsol traité wp wl
Etat solide Etat plastique Etat liquide
(rigide-fragile) (déformable - collant) (sans résistance)
Figure 2-2- Modification des limites d’Atterberg d’un sol après traitement à la chaux
Toutefois, dans le cas particulier des minéraux kaolins, l’ajout de chaux entraîne une augmentation de
l’indice de plasticité. Cette différence de comportement peut être associée, par opposition aux autres
types d’argile, à l’augmentation de leur capacité d’échange cationique avec l’ajout de chaux. Ces auteurs
notent que l’ampleur des modifications de plasticité ne dépend pas du temps de cure, mais de la
quantité de chaux ajoutée.
4-3- Caractéristiques de compactage
La courbe Proctor d’un sol traité est plus aplatie, ce qui traduit une diminution à la sensibilité à l’eau du
matériau. Le caractère exothermique de la réaction d’hydratation de la chaux conduit par ailleurs à une
diminution de la masse volumique sèche optimale (γdOPN) et à une augmentation de la teneur en eau
optimale Proctor (wOPN) dues à la réorganisation des particules du sol en agglomérats.
On note une amélioration de l’indice portant immédiat (IPI) et de l’indice CBR (California Bearing Ratio)
qui définissent la portance du sol c’est-à-dire sa capacité à supporter les charges qui lui sont appliquées.
L’ampleur de ces modifications dépend de la quantité de chaux ajoutée ; il est ainsi admis que plus, la
quantité de chaux ajoutée est importante, plus la teneur en eau sera décalée vers les fortes teneurs en
eau, et plus leur densité sèche optimale sera faible.
La plupart des études dédiées au traitement des sols argileux montrent que deux effets majoritaires
apparaissent lors de l’ajout de chaux. Un effet à court terme qui se traduit par une floculation des
particules et un effet à long terme qui résulte de la formation de composés hydratés, aux propriétés
liantes suite à une réaction pouzzolanique. Les constituants hydratés du ciment relient les grains entre
eux en formant des sortes de ponts nombreux et solides, d’où l’augmentation de la portance et des
résistances mécaniques.
5- Etude géotechnique de traitement des sols
Abdo J. (2008) - Traitement des sols en place aux liants hydrauliques, Journée Valorisation des sols médiocres,
Paris
Abdo J. (2009) - Les liants hydrauliques pour la valorisation des matériaux en place - Ecologie, économie et
contribution au développement durable, Journée technique Cimbéton, Caen
Cabane N. (2004) - Sols traités à la chaux et aux liants hydrauliques : contribution à l’identification et à l’analyse
des éléments perturbateurs de la stabilisation Thèse de doctorat, Centre des Matériaux de Grande Diffusion
de l’Ecole des Mines d’Alès
Cimbéton (2004) - Le traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques pour l’exécution des remblais
et des couches de forme, Documentation technique Route, n°89, 2004
Delfault Abel (1990) - Traitement à la chaux vive et au ciment des argiles plastiques du Sparnacien et de la
région parisienne. Étude de laboratoire. Bull, liaison Labo. P. et Ch. - 169.
Fediex (2009) - Traitement des sols et recyclage de terres à la chaux.
Ferber Valéry (2005) – Déformations induites par l’humidification des sols fins compactés : apport d’un
modèle de microstructure. Thèse de l’Ecole Centrale de Nantes.
Lasledj, A., (2009) - Traitement des sols argileux à la chaux : processus physico-chimique et propriétés
géotechniques, Thèse de Doctorat, Université d'Orléans, 359 p.
Rossi P., Gavois L., Raoul G. (2007) - Traitement des matériaux Techniques de l’Ingénieur, C5 362.