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Chapitre 8 : TRAITEMENT DES SOLS AUX LIANTS HYDRAULIQUES ROUTIERS

1- Traitement à la chaux.............................................................................................................. 3
1-1- Modification de l’état hydrique du sol ............................................................................ 3
1-2- Floculation – agglomération des particules du sol.......................................................... 3
1-3- Réactions pouzzolaniques. .............................................................................................. 4
1-4- Carbonatation.................................................................................................................. 5
2- Traitement au ciment ............................................................................................................. 5
3- Traitement mixte .................................................................................................................... 7
4- Evolution des propriétés géotechniques................................................................................ 8
4-1- Granulométrie ................................................................................................................. 8
4-2- Limites d‘Atterberg........................................................................................................... 8
4-3- Caractéristiques de compactage ...................................................................................... 9
4-4- Caractéristiques mécaniques ........................................................................................... 9
5- Etude géotechnique de traitement des sols ........................................................................ 10
5-1- Essais avant traitement ................................................................................................. 10
5-2- Essais sur les sols traités ................................................................................................ 10
5-2-1- Aptitude au traitement du matériau traité ............................................................ 10
5-2-2- Suivi des performances mécaniques ...................................................................... 12
Le traitement des sols à la chaux est une technique connue depuis plusieurs siècles, avec par exemple
la construction de la grande muraille de Chine ou encore les voies et les habitations romaines construites
avec de la chaux. Mais c’est surtout depuis les années 1950 que le traitement des sols s’est développé
en technique routière. L’intérêt du traitement est de valoriser les matériaux locaux en améliorant leur
comportement mécanique et leur maniabilité afin de les rendre aptes au terrassement.
Dans les pays comme la France où cette technique est largement utilisée depuis une trentaine d’années,
notamment dans les travaux routiers, les modifications et transformations escomptées, en terme
mécanique, ne sont pas toujours atteintes pour les sols très argileux. Certains défauts de solidification
ont été constatés quelques semaines à quelques mois après un traitement en place. Dans le cas des sols
argileux très plastiques, le traitement à la chaux est complété par un traitement au ciment ou avec un
liant hydraulique routier.
Ainsi, le traitement des sols est actuellement largement utilisé dans les travaux de terrassement, qui
représentent un part non négligeable du secteur de la construction et du génie civil, tant pour l’avantage
mécanique qu’il présente en permettant la valorisation de matériaux aux caractéristiques géotechniques
inadaptées, non utilisables à l’état naturel, que pour ses qualités environnementales. Toutefois, cette
technique nécessite des études plus poussées et une exécution plus soignée que lorsque l'on utilise des
matériaux naturels.

Les propriétés de la chaux vive utilisée pour le traitement de sol sont définies par les normes NF P98-
101 et NF P98-102 (réactivité, granulométrie, etc.) et plus récemment par les normes NF EN 459-1 et
NF EN 459-2.
Les ciments courants (classes CEMI à V) ont été utilisés en traitement de sol majoritairement jusqu’aux
années 1980. Leurs caractéristiques sont définies par la norme NF EN 197-1. Le traitement au ciment
convient plus particulièrement aux sols peu plastiques, qui sont à priori inadaptés au traitement à la
chaux du fait de leur faible teneur en argiles, auxquels il apporte cohésion, résistance mécanique,
stabilité à l’eau. Le ciment Portland composé (classe CEMII) est très utilisé ; pour les sols très plastiques,
le ciment CLK (classe CEMIII) combiné à de la chaux serait plus indiqué.
Les ciments sont progressivement remplacés par les LHR, plus appropriés aux conditions et aux
exigences de mise en œuvre des matériaux de partie supérieure de terrassement (PST), de remblais et
de couches de forme. En effet, il est envisageable d’optimiser leur composition pour les adapter à un
type de sol particulier ou à des conditions de mise en œuvre spécifiques (période de l’année, conditions
climatiques, contraintes d’organisation de chantier, etc.). La composition, les spécifications et les critères
de conformité des LHR sont régis par la norme NF P15-108. Une recherche permanente et des études
ciblées sont menées par les industriels pour améliorer encore la spécificité de ces produits.
1- Traitement à la chaux
Les interactions de la chaux avec les particules des sols peuvent être décrites par une succession de
processus physico-chimiques complexes aux cinétiques variables qui modifient le comportement
mécanique des sols. Généralement, on distingue deux effets lors du traitement à la chaux. D’une part,
les effets à court terme interviennent dans les heures qui suivent la mise en contact entre la chaux et le
sol et peuvent se résumer à une modification texturale du sol, suite à un changement de l’état hydrique
du sol et à un processus de floculation/agglomération des particules ; d’autre part, les effets à long terme
généralement attribués à la formation de composés aux propriétés liantes qui résultent de réactions
pouzzolaniques

1-1- Modification de l’état hydrique du sol


Lorsque de la chaux vive (CaO) est ajoutée à un sol humide, une réaction exothermique se produit. Il
s’agit de l’hydratation de la chaux vive qui conduit à la formation d’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2).
CaO + H2O → Ca(OH)2 + 15.5 kJ.mol-1 (Éq. 2-1)
Le caractère exothermique et la consommation d’eau nécessaire à la réaction d’hydratation entraîne
une diminution de la teneur en eau du sol. Dans la pratique, on estime que l’incorporation de 1% de
chaux vive dans un sol entraîne une diminution d’environ 1% de sa teneur en eau [LCPC-SETRA 2000].
La solubilité de l’hydroxyde de calcium hydraté (Ca(OH)2) dans l’eau pure diminue en fonction de la
température. Sa dissolution s’écrit de la manière suivante:
Ca(OH)2 → Ca2+ + 2 OH- (Éq. 2-2)
La réaction entraîne la libération d’ions calcium (Ca ) et hydroxyles (OH-) en solution. Ces derniers vont
2+

entraîner une augmentation plus ou moins importante du pH du sol en fonction de la quantité de chaux
ajoutée. A 20°C, le pH maximal que peut atteindre le sol est celui d’une solution saturée en hydroxyde
de calcium hydraté, à savoir 12,64 (solubilité de 1,65 g/l).

1-2- Floculation – agglomération des particules du sol


L'utilisation de chaux vive modifie la structure d’un sol ; sa consistance passe d’un état plastique à une
structure grumeleuse stable.
D’un point de vue macroscopique, des études rapportent que l’ajout de chaux provoque rapidement
une floculation des particules argileuses (Cabane, 2004). D’un point de vue physico-chimique, cela se
traduit par une attraction de particules qui va aboutir à la formation de flocs ; en effet, la plupart des
minéraux argileux ont la particularité de posséder une charge de surface non nulle, qui résulte :
- d’une part, de substitutions isomorphiques au sein des couches tétraédriques et octaédriques.
En fonction de la nature du minéral argileux, le nombre de substitutions et par conséquent la charge
créée, sont plus ou moins importants ;
- d’autre part, de l’ionisation des groupements silanols (Si – OH) et aluminols (Al –OH), situés à
la surface des particules. La charge créée par l’ionisation de ces groupements dépend du pH de la
solution en contact avec les minéraux.
Les charges développées par les minéraux sont compensées par l’adsorption d’ions de charges opposées
(les contre-ions) afin de garder une structure globalement neutre. Ces contre-ions se localisent soit dans
l’espace interfoliaire des minéraux (c’est le cas pour les minéraux de type smectite, vermiculite et micas)
et/ou à la surface externe des particules. C’est notamment le cas de la kaolinite, lorsque celle-ci présente
des substitutions (Bergaya, 2006). La particularité des contre-ions est d’être faiblement liés à la surface
et de pouvoir être échangés par d’autres cations présents en solution : c’est l’échange cationique.
La réaction d’échange cationique dépend de plusieurs facteurs qui sont la nature des cations adsorbés
dans l’espace interfoliaire et/ou à la surface du minéral argileux, la nature des cations en solution, et
leurs concentrations. De manière générale, les cations présentant une forte valence remplacent ceux
présentant une faible valence. Lorsque deux cations de même valence sont en compétition, c’est celui
qui présente le rayon ionique hydraté le plus important qui remplace celui qui présente le plus faible.
Ceci se généralise par la série suivante, où les cations de droite remplacent ceux situés à leur gauche
(Little, 1995):
Li+ < Na+ < H+ < NH4+ < Mg2+ < Ca2+ < Al3+
Cette série est valable pour des concentrations identiques et en fonction de la concentration des cations
en solution, cet ordre peut être différent. En effet, les ions en forte concentration auront tendance à
remplacer ceux en faible concentration. Ainsi par exemple, les ions sodium Na+ peuvent remplacer les
ions calcium Ca2+, si leur concentration est plus élevée.
Dans le cas du traitement des argiles, l’ajout de chaux conduit à la libération d’ions calcium et favorisera
la déprotonation de la surface des minéraux argileux et la création de charges négatives. Cet apport en
ions calcium peut également conduire à une réaction d’échange cationique, en fonction de la nature des
cations initialement adsorbés à la surface des minéraux argileux. Toutefois, tous les minéraux argileux
ne possèdent pas la même capacité à échanger leurs cations, de par leur différence de structure et de
leur taux de substitution au sein des feuillets (Tableau 1-4).
La kaolinite et le chlorite ne possèdent pas de cations interfoliaires. Pour ces minéraux, seuls les cations
localisés sur les surfaces externes basales ou latérales peuvent être échangés. Pour les autres minéraux,
qui possèdent des cations dans l’espace interfoliaire, la capacité d’échange cationique est beaucoup plus
élevée, à l’exception, toutefois des illites. Pour ce minéral, la structure possède une forte charge qui est
compensée par du potassium. Outre cette forte charge qui entraîne une forte interaction entre les
feuillets et le potassium, ce cation a la particularité de posséder un diamètre correspondant au diamètre
de la cavité des tétraèdres. Ces interactions réduisent la mobilité de ce cation et empêchent toute
réaction d’échange avec un autre cation.
La conséquence de l’échange cationique et de la grande quantité d’ions calcium présents à la surface,
suite à l’ajout de chaux, conduit à une plus forte et un rapprochement des particules qui va engendrer
leur floculation (Little, 1995). Ce processus prend place dans les quelques heures qui suivent l’ajout de
la chaux (Locat et al. 1990).
Toutefois, d’après les travaux de Rossi et al. (1983), la floculation pourrait résulter d’une réaction
immédiate entre la chaux, adsorbée à la surface des particules argileuses, et les sites aluminols (Al-OH)
et silanols (Si-OH) des minéraux argileux, qui entrainerait la formation, en très faibles quantités, de
phases de type silicates et aluminates de calcium hydratés. Ces composés pourraient assurer les liens
entre les particules et être responsables de ces effets instantanés.

1-3- Réactions pouzzolaniques.


Dans le cas du traitement des sols à la chaux, de nombreuses ont mis en évidence la formation de
composés hydratés, de type silicate de calcium hydratés (CSH), aluminates de calcium hydratés (CAH) et
aluminosilicate de calcium hydratés (CASH), similaires à ceux rencontrés lors de l’hydratation des
ciments. Ces phases augmentent la cohésion entre les particules argileuses, ce qui confère aux
matériaux de meilleures propriétés mécaniques.
Ces réactions dépendent de plusieurs facteurs, dont la teneur en chaux. En effet, plusieurs études
suggèrent que ces phases n’apparaissent pas si la quantité de chaux ajoutée initialement n’est pas
suffisante. En effet, la quantité de chaux à introduire doit être supérieure à un seuil, appelé « point de
fixation de la chaux » (PFC). Ce seuil correspond à la quantité minimale de chaux qu’il faut ajouter au sol
pour satisfaire complètement l’échange cationique. Autrement dit, cela correspond à la saturation des
argiles en calcium. Selon ces auteurs, pour une quantité de chaux inférieure au PFC, seuls les
mécanismes d’échange cationique interviennent. En revanche, au-delà du seuil, une partie de la chaux
ajoutée est utilisée pour satisfaire complètement l’échange cationique et l’autre partie pour le
développement des réactions pouzzolaniques.
D’autres études montrent qu’il y a un effet de la température sur la cinétique de la réaction
pouzzolanique. Celle-ci est d’autant plus forte que la température est élevée. La température accélère
la consommation de chaux et la formation de composés secondaires. En termes de résistance à la
compression simple, il est généralement admis qu’un traitement de 28 jours à 21°C est équivalent à un
traitement de 2 jours à 49°C.
Un autre facteur influence également la cinétique des réactions pouzzolaniques. Il s’agit de la teneur en
eau des matériaux traités. En effet, une humidité importante améliore la dispersion des particules et la
mobilité des ions et favorise donc les réactions pouzzolaniques.

1-4- Carbonatation
Plusieurs études ont montré la formation de calcite (CaCO3) qui apparaît au cours de la maturation lors
du traitement des sols à la chaux. Celle-ci résulte de la carbonatation de la chaux avec le dioxyde de
carbone de l’air. La formation de calcite peut être décrite par une succession de deux réactions. Une fois
dissout dans l’eau interstitielle, le dioxyde de carbone réagit avec les ions hydroxyles pour former des
ions carbonates (Éq. 2-3). Les ions carbonates peuvent ensuite réagir avec les ions calcium apportés par
la chaux pour former du carbonate de calcium (Éq. 2-4).
CO2(aq) + 2HO- → CO32- +H2O (Éq. 2-3)
2- 2+ →
CO3 + Ca CaCO3 (Éq. 2-4)
Les cristaux de carbonate possèdent une propriété liante très faible. Les performances mécaniques ne
sont pas ou très peu améliorées par la présence de carbonates. Par conséquent, la carbonatation est
considérée comme une réaction perturbatrice du traitement, puisqu’elle consomme une partie de la
chaux destinée aux réactions pouzzolaniques, sans pour autant améliorer les performances mécaniques
des matériaux traités.

2- Traitement au ciment
Les processus se déroulant au sein d’un matériau traité à la chaux et/ou au liant hydraulique étant
considérés identiques à ceux qui se déroulent au sein d’une matrice cimentaire, ce paragraphe rappelle
les principales caractéristiques chimiques à court et à long termes des matériaux cimentaires.
La chimie des ciments étant une chimie des oxydes, l’industrie cimentière utilise une nomenclature
simplifiée pour les principaux oxydes. Les équations retranscrites ci-après se réfèrent à cette notation
dont l’équivalence est donnée dans le tableau 2.
Tableau 2-2 : Notation cimentière des oxydes
Notation Formule chimique Nom
A Al2O3 Alumine
C CaO Chaux vive
C CO2 Dioxyde de carbone
F Fe2O3 Ferrite
H H2O Eau
S SiO2 Silice
S SO3 Sulfate
T TiO2 Dioxyde de titane
M MgO Périclase
K K2O Oxyde de potassium
N Na2O Oxyde de sodium
C/A CaO/ Al2O3 Rapport chaux vive/alumine
C/S CaO/ SiO2 Rapport chaux vive/silice
C2S (CaO)2SiO2 Silicate bicalcique ou Bélite
C3S (CaO)3SiO2 Silicate tricalcique ou Alite
C3A (CaO)3Al2O3 Aluminate tricalcique
C4AF (CaO)4 Al2O3 Fe2O3 Aluminoferrite tétracalcique
CH Ca(OH)2 Portlandite ou hydroxyde de calcium ou chaux éteinte
CSH 3(CaO)2(SiO2)3(H2O) Tobermorite ou silicate de calcium hydraté
C S H2 CaSO42H2O Gypse
CAH 2(CaO)3(Al2O3)6(H2O) Aluminate de calcium hydraté
3(CaO) (Al2O3) (SiO2)6(H2O)
CASH Aluminosilicates de calcium hydraté
2(CaO) (Al2O3) (SiO2)8(H2O)
CA S H 3(CaO) (Al2O3)(CaSO4)32(H2O) ettringite primaire ou trisulfoaluminate de calcium hydraté
ettringite secondaire ou monosulfoaluminate de calcium
CA S H 3(CaO) (Al2O3)(CaSO4)32(H2O)
hydraté

Le constituant principal du ciment Portland est le clinker (mélange de 80% de calcaire et 20% d’argile
calciné à 1450°C et broyé en poudre fine inférieure à 80μm). Il associe quatre composés anhydres : les
silicates tricalciques (C3S), les silicates bicalciques (C2S), les aluminates tricalciques (C3A) et les
aluminoferrites tétracalciques (C4AF). Un régulateur de prise, le gypse CaSO4.2H2O (CSH2), est ajouté au
clinker pour modérer la réaction des C3A au contact de l’eau.
La pâte de ciment hydratée est ainsi constituée de :
✓ silicates de calcium hydratés (CSH) issus de l’hydratation des C2S et C3S comme suit :
2C3S + 6H → C3S2H3 + 3CH (Éq. 2-5)
2C2S + 4H → C3S2H3 + CH (Éq. 2-6)
Les CSH représentent 60 à 70% du volume de la pâte de ciment hydratée. Ils possèdent une structure
mal cristallisée de type gel. Ce sont ces hydrates qui, en se formant à la surface des grains de ciment
anhydre, augmentent la cohésion de la pâte.
✓ portlandite (Ca(OH)2 ou CH) issue de l’hydratation des silicates [réactions (5) et (6]. Elle cristallise
sous une forme hexagonale, occupant 20 à 30% du volume de la pâte de ciment. Elle participe peu à
l’augmentation de la résistance du matériau cimentaire mais constitue cependant une source de calcium
nécessaire aux réactions pouzzolaniques, réactions de durcissement différées.
✓ aluminates de calcium hydratés (CAH) issus de l’hydratation rapide des aluminates tricalciques
[réaction (7)] :
2C3A + 21H → 2C3AH6 + 9H (Éq. 2-7)
Les CAH provoquent une prise rapide, diminuent la malléabilité de la pâte et ne participent que peu à
l’augmentation de résistance.
✓ ettringite primaire (trisulfoaluminate de calcium hydraté, noté C3A 3C S H ou CA S H) issue de la
réaction des C3A (et des C4AF) avec le gypse, régulateur de prise :
C3A + 3CSH2 + 26H → C3A.3CS.32H (Éq. 2-8)
Elle a une structure trigonale qui s’insère dans la pâte de ciment sous forme de fines aiguilles blanches
enchevêtrées. Le développement de l’ettringite primaire n’est pas problématique à cet instant car la
prise du ciment n’a pas encore eu lieu.
Lorsque l’ettringite primaire se dissout, elle libère des ions sulfate qui se réassocient avec les phases
aluminates (C3A et C4AF) sous la forme de monosulfoaluminate de calcium hydraté ou :
✓ ettringite secondaire issue de la réaction des C3A avec l’ettringite primaire :
C3A.3CS.32H + 2C3A → 3(C3ACS).32H (Éq. 2-9)
Le développement de ce minéral expansif est problématique car il s’effectue plusieurs mois voire
plusieurs années après la prise des ciments. Cette réaction est aussi appelée formation d’ettringite
différée.
L'évolution physico-mécanique et physico-chimique des pâtes de ciment se déroule principalement au
cours des premières minutes suivant la fin du gâchage selon une cinétique influencée par la
température. La structuration de la pâte intervient sous l'action de forces attractives entre les particules
de ciment qui mènent à une floculation rapide. Les interactions entre le ciment anhydre et les hydrates
de ciment sont responsables des propriétés mécaniques du solide formé après la prise. Dans le cas des
matériaux cimentaires, il est admis qu’après 28 jours la quasi-totalité du ciment a réagi, c’est-à-dire que
les caractéristiques mécaniques sont presque définitives. L’hydratation se poursuit ensuite durant
plusieurs années et c’est à partir de la porosité capillaire que se déroulent les échanges avec le milieu
extérieur.

3- Traitement mixte
L’apport en chaux doit être suffisant pour conférer au sol une portance immédiate lui permettant de
supporter la circulation des engins de chantier. L’apport d’un ciment ou d’un liant hydraulique routier
doit permettre de développer les performances mécaniques exigées pour une valorisation du matériau
en couche de chaussée. En outre, le traitement doit permettre d’assurer la durabilité de la sous-couche
routière.
Les caractéristiques physico-chimiques des liants, les conditions de mélange (dosages, ordre
d’introduction, durée de malaxage, température de cure…) et de mise en œuvre (compactage, teneur
en eau…) influencent l'efficacité du traitement.
4- Evolution des propriétés géotechniques

4-1- Granulométrie
Les études indiquent que l’ajout de chaux induit une diminution des particules inférieures à 2 μm, et
une augmentation des particules de plus grande taille. Ces modifications sont amplifiées avec l’ajout de
fortes quantités de chaux. Enfin, d’autres résultats soulignent que les modifications de granulométrie
sont aussi dépendantes du temps. Il apparaît que pour des temps de cure plus longs, la diminution de
particules inférieures à 2 μm est plus importante. Ces résultats sont la conséquence de la floculation des
particules suite à l’ajout de chaux.

4-2- Limites d‘Atterberg


L’ajout de chaux entraîne une modification des limites d’Atterberg. Il est constaté une amélioration
immédiate de l’ouvrabilité et des résistances mécaniques qui se traduit par :
- une réduction de la plasticité marquée par un abaissement de l’indice de plasticité (IP), résultat d’une
forte augmentation de la limite de plasticité (wP), une plus faible augmentation de la limite de liquidité
(wL), et de la diminution de la teneur en eau (w). Le processus est schématisé sur la figure 2-2 : la partie
supérieure du schéma présente le comportement du sol naturel, la partie inférieure reprend les effets
d’un traitement sur l’évolution des limites d’Atterberg.

Etat solide Etat plastique Etat liquide


(rigide-fragile) (déformable - collant) (sans résistance)

wp wnat wl

Avant
traitement

Après
traitement

wsol traité wp wl
Etat solide Etat plastique Etat liquide
(rigide-fragile) (déformable - collant) (sans résistance)

Figure 2-2- Modification des limites d’Atterberg d’un sol après traitement à la chaux

Toutefois, dans le cas particulier des minéraux kaolins, l’ajout de chaux entraîne une augmentation de
l’indice de plasticité. Cette différence de comportement peut être associée, par opposition aux autres
types d’argile, à l’augmentation de leur capacité d’échange cationique avec l’ajout de chaux. Ces auteurs
notent que l’ampleur des modifications de plasticité ne dépend pas du temps de cure, mais de la
quantité de chaux ajoutée.
4-3- Caractéristiques de compactage
La courbe Proctor d’un sol traité est plus aplatie, ce qui traduit une diminution à la sensibilité à l’eau du
matériau. Le caractère exothermique de la réaction d’hydratation de la chaux conduit par ailleurs à une
diminution de la masse volumique sèche optimale (γdOPN) et à une augmentation de la teneur en eau
optimale Proctor (wOPN) dues à la réorganisation des particules du sol en agglomérats.
On note une amélioration de l’indice portant immédiat (IPI) et de l’indice CBR (California Bearing Ratio)
qui définissent la portance du sol c’est-à-dire sa capacité à supporter les charges qui lui sont appliquées.
L’ampleur de ces modifications dépend de la quantité de chaux ajoutée ; il est ainsi admis que plus, la
quantité de chaux ajoutée est importante, plus la teneur en eau sera décalée vers les fortes teneurs en
eau, et plus leur densité sèche optimale sera faible.

4-4- Caractéristiques mécaniques


L’ajout de chaux et de ciment ou de liant hydraulique routier conduit à une augmentation de la résistance
à la compression simple Rc, résistance à la traction indirecte (Rit) (mesure indirecte de la résistance à la
traction) et une augmentation du module d’élasticité (E) des sols compactés. Cette augmentation est
associée à la formation des produits cimentaires.
L’ampleur de cette augmentation dépend de différents paramètres. Tout d’abord, bien que l’ajout de
liant conduise pour l’ensemble des minéraux argileux en une augmentation des performances
mécaniques, certains minéraux sont plus réactifs. Il est ainsi considéré que les minéraux les plus réactifs
au traitement sont les montmorillonites. Leur forte réactivité serait liée à leur grande surface spécifique,
qui faciliterait l’attaque du liant en plusieurs endroits du minéral, menant ainsi à une dissolution plus
rapide du minéral. La cinétique d’augmentation des performances mécaniques est, par conséquent,
considérée comme meilleurs pour ces minéraux.
L’augmentation des paramètres mécaniques dépend également de la quantité de liant ajoutée et du
temps de cure. Plus la quantité de chaux est forte et plus le plus le temps de cure est long, plus la
résistance à la compression simple, la résistance à la traction indirecte et le module d’élasticité sont
forts ; en effet, une forte quantité de chaux augmente la production de produits cimentaires formée
pour un temps de cure donné, et d’autre part, que la proportion de produits cimentaires formés
augmente avec le temps.

La plupart des études dédiées au traitement des sols argileux montrent que deux effets majoritaires
apparaissent lors de l’ajout de chaux. Un effet à court terme qui se traduit par une floculation des
particules et un effet à long terme qui résulte de la formation de composés hydratés, aux propriétés
liantes suite à une réaction pouzzolanique. Les constituants hydratés du ciment relient les grains entre
eux en formant des sortes de ponts nombreux et solides, d’où l’augmentation de la portance et des
résistances mécaniques.
5- Etude géotechnique de traitement des sols

5-1- Essais avant traitement


La classification d’un sol proposée par le Guide des Terrassements Routiers (GTR) passe par un certain
nombre d’essais destinés à étudier le comportement du sol avant traitement. Il s’agit des essais suivants :
o teneur en matières organiques par calcination CMOC (XP P94-047) ;
o analyse granulométrique par voie humide (XP P94-041) : le tamisage du sol va permettre
d’obtenir la dimension maximale des grains du sol Dmax, la dimension du tamis pour laquelle le
passant représente 80 à 99% du sol D et la proportion de particules inférieures à 80μm ;
o activité argileuse par la valeur au bleu du sol VBs (NF P94-068) : l’influence de la fraction
argileuse et sa sensibilité à l’eau sont définies lors de cet essai ;
o teneur en eau naturelle wnat (NF P94-050) ;
o optimum Proctor normal ou modifié (wOP ; γdOP) et indice portant immédiat IPI à wnat (NF P94-
093 et NF P94-078).

5-2- Essais sur les sols traités


Les essais suivant sont ordinairement réalisés sur les sols traités pour évaluer leur aptitude au traitement
:
o étude du comportement au compactage de sols (essai Proctor normal : détermination de la
teneur en eau et de la masse volumique sèche optimales (wOPN ; γdOPN)) (NF EN 13286-2 ; NF
P94-093) ;
o étude de l’IPI et de l’indice portant californien après immersion I.CBR (compactabilité et
traficabilité : caractérisation de l’aptitude à être porté à une densité élevée et mesure de la
déformation au jeune âge) (NF EN 13286-47) : un rapport I.CBR/IPI supérieur à 1 est une preuve
de la durabilité d’un matériau traité;
o étude de l’aptitude au traitement (gonflement volumique Gv et résistance à la traction indirecte
Rit selon NF P94-100 ; NF EN 13286-42 ; NF EN 13286-49) sur éprouvettes cylindriques 5×5cm
confectionnées par compression statique, à (wOPN; 96% γdOPN) (NF EN 13286-53) ;
o détermination des résistances à la compression simple (NF EN 13286-41) sur éprouvettes
cylindriques 5×10cm confectionnées, à (wOPN ; 98,5% γdOPN) (NF EN 13286-53) ;
o détermination des résistances et du module d'élasticité en traction indirecte (NF EN 13286-42 ;
NF EN 13286-43) sur éprouvettes 5×5 confectionnées par compression statique, à (wOPN ; 96%
γdOPN) (NF EN 13286-53).

5-2-1- Aptitude au traitement du matériau traité


L’essai, suivant les normes NF P94-100 ; NF EN 13286-42 et 49, permet de définir l’aptitude d’un sol à
une formulation de traitement donnée dans un délai court (7 jours) : les conditions de conservation
(immersion à 40°C) conduisent rapidement à une insensibilité à l’eau des sols traités résultant de la
floculation des argiles et de la prise du ciment. L’essai d’aptitude au traitement permet alors de vérifier
si des agents chimiques, organiques ou minéraux, peuvent nuire à la solidification. Cependant, ces
conditions de cure sont extrêmes en comparaison de ce que peut subir le matériau dans
l’environnement.
➢ Détermination du gonflement volumique Gv
Le volume initial Vi des éprouvettes cylindriques de diamètre Ø = 5cm et de hauteur h = 5cm est calculé
immédiatement après leur confection, à partir de leurs dimensions déterminées au pied à coulisses. Vi
s’exprime :
Vi = hm π Øm²/4 (Éq. 2-15)
avec hm en mm, la moyenne de deux mesures de hauteur espacées de 45 mm
Øm en mm, la moyenne de trois mesures de diamètre, en haut, au milieu et en bas de l’éprouvette.

Les éprouvettes sont ensuite recouvertes de bandelettes perméables et immergées.


Après 4h dans un environnement à une humidité relative HR ≥ 90% et à une température de 20±2°C et
7 jours d’immersion totale dans l’eau à 40°C, les éprouvettes sont sorties du bain thermostatique, les
bandelettes sont retirées et le volume final Vf des échantillons est déterminé par pesée hydrostatique.
Après avoir épongé leurs surfaces, elles sont pesées à l’air : masse Ma en g.
Elles sont immergées et pesées dans l’eau : masse Mw en g.
Soit ρw la masse volumique de l’eau (ρw = 1g.cm-3). Alors :
Vf = (Ma-Mw) / ρw (Éq. 2-16)
Finalement le calcul du gonflement volumique est le suivant :
Gv(%) = (Vf – Vi) / Vi (Éq. 2-17)

➢ Détermination des résistances à la traction indirecte Rit


Le principe de l’essai consiste à effectuer une traction indirecte en appliquant une charge linéaire sur 2
génératrices diamétralement opposées d’une éprouvette cylindrique 5×5.
L’essai est réalisé sous une presse IGM équipée d’un capteur de force de 50kN avec une vitesse
d’application des forces de 0,04kN.s-1.
La résistance est déterminée à partir de la force appliquée par la presse au moment de la rupture de
l’échantillon (Fr en N) en utilisant la formule suivante :
Rit = 2 Fr / πh Ø (Éq. 2-18)
avec Rit en MPa, exprimée à ±0,01MPa, la résistance à la traction indirecte de l’éprouvette de mélange
traité aux liants hydrauliques
Fr en N, l’effort maximal supporté par l’éprouvette
h en mm, la longueur de l’éprouvette
Ø en mm, le diamètre de l’éprouvette
La résistance à la traction correspond à 80% de la résistance à la traction indirecte :
Rt = 0,8 Rit (Éq. 2-19)
Les critères d’aptitude au traitement d’un sol sont présentés par la figure suivante. Un sol est déclaré
apte au traitement dès lors que son gonflement volumique Gv est inférieur à 5% et que sa résistance à
la traction indirecte est supérieure à 0,2MPa.
Figure 2-5- Critères d’évaluation de l’aptitude au traitement d’un sol traité à la chaux et aux liants
hydrauliques [LCPC-SETRA 2000]

5-2-2- Suivi des performances mécaniques


Les essais de résistance à la compression simple et à la traction indirecte avec mesure du module
d’élasticité permettent un suivi de la solidification dans des conditions de cure plus proches de la réalité
que lors de l’essai d’aptitude au traitement (conservation en moule hermétique, à 20±2°C).

➢ Résistances en compression simple (NF EN 13286-41)


L’essai consiste à solliciter une éprouvette cylindrique de diamètre Ø = 5cm et de hauteur h = 10cm entre
deux plateaux perpendiculairement à son axe principal, sur une presse IGM 50kN, avec une vitesse
d’application de la force constante de 0,1kN.s-1.
La contrainte à la rupture est alors :
Rc = 4 Fr/π Ø2 = Fr/A (Éq. 2-20)
avec
Rc en MPa, exprimée à 0,1MPa si ≤ 5MPa ; à 0,5MPa si > 5MPa, la résistance à la compression de
l’éprouvette de mélange traité aux liants hydrauliques
Fr en N, l’effort maximal supporté par l’éprouvette
A en mm2, la surface de section transversale de l’éprouvette

➢ Résistance et module d'élasticité en traction indirecte (NF EN 13286-42 et 43)


Le déroulement de l’essai s’effectue de la même manière que pour les éprouvettes soumises au test
d’aptitude à ceci près que les éprouvettes 5×5 sont équipées d’un extensomètre 4 capteurs
1±0,0001mm permettant de déterminer des déformations diamétrales au cours de l’essai.
ΔØ0 est l’allongement du diamètre perpendiculaire au plan de rupture de l’éprouvette.
ΔØ60 est la variation d’un second diamètre, orienté de 60° par rapport à la perpendiculaire du plan de
rupture.
Le module de déformation Eit est estimé à 30% de la contrainte maximale, c’est-à-dire lorsque la charge
appliquée F = 0,3 Fr à partir des variations de diamètres ΔØ0 et ΔØ60.
Le module de Poisson ν est déterminé à partir de :
ν = (1 + 0,40 Υ) / (1,73 – 1,07 Υ) (Éq. 2-21)
Le module d’élasticité Eit est calculé ainsi :
Eit = (0,273 + ν + 0,726ν2) × 0,3Fr / (h × ΔØ0) (Éq. 2-22)
avec :
ν, le coefficient de Poisson
Υ, le rapport ΔØ60/ ΔØ0
Eit en MPa, exprimé avec 3 chiffres significatifs, le module d’élasticité en traction indirecte
Fr en N, la force maximale supportée
h en mm, la hauteur de l’éprouvette
ΔØ0 en mm, la variation de longueur du diamètre horizontal AB lorsque F = 0,3Fr
ΔØ60 en mm, la variation de longueur du diamètre CD incliné à 60° lorsque F = 0,3Fr

La résistance à la traction correspond à 80% de la résistance à la traction indirecte :


Rt = 0,8 Rit (Éq. 2-23)
A partir du couple (Rt;E) d’un matériau traité, il est possible de lui attribuer une classe mécanique. Elle
correspond au numéro de la zone (T0 à T4) où se situe le matériau dans l’abaque de classement du GTS.
Liste des normes
NF P 94-068 (Octobre 1998) - Sols : Reconnaissance et Essais – Mesure de la quantité d’adsorption de
bleu de méthylène d’un sol ou d’un matériau rocheux. Détermination de la valeur de bleu de méthylène
d’un sol ou d’un matériau rocheux par l’essai à la tâche.
NF P 98-114-3 (Avril 2001) - Assises de chaussées - Méthodologie d'étude en laboratoire des matériaux
traités aux liants hydrauliques- Partie 3: Sols traités aux liants hydrauliques éventuellement associés à
la chaux
NF EN 13286-50 (P 98-846-50) - Mélanges traités et mélanges non traités aux liants hydrauliques - Partie
50 : méthode de confection par compactage avec un appareillage Proctor ou une table vibrante des
éprouvettes de matériaux traités aux liants hydrauliques
NF EN 13286-53 (P 98-846-53) - Mélanges traités et mélanges non traités aux liants hydrauliques - Partie
53 : méthode de confection par compression axiale des éprouvettes de matériaux traités aux liants
hydrauliques
NF EN 14227-10 (décembre 2006) - Mélanges traités aux liants hydrauliques – Spécifications – Partie 10
: sol traité au ciment
NF EN 14227-13 (décembre 2006) - Mélanges traités aux liants hydrauliques – Spécifications – Partie 13
: sol traité au liant hydraulique routier

Liste des documents

GTR [LCPC-SETRA 1992]


Guide « traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques – Application à la réalisation des
remblais et des couches de forme ». SETRA/LCPC (2000)
Guide « traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques SETRA/LCPC (2007)
Guide méthodologique d’acceptabilité des matériaux alternatifs en technique routière [SETRA 2011]

Abdo J. (2008) - Traitement des sols en place aux liants hydrauliques, Journée Valorisation des sols médiocres,
Paris
Abdo J. (2009) - Les liants hydrauliques pour la valorisation des matériaux en place - Ecologie, économie et
contribution au développement durable, Journée technique Cimbéton, Caen
Cabane N. (2004) - Sols traités à la chaux et aux liants hydrauliques : contribution à l’identification et à l’analyse
des éléments perturbateurs de la stabilisation Thèse de doctorat, Centre des Matériaux de Grande Diffusion
de l’Ecole des Mines d’Alès
Cimbéton (2004) - Le traitement des sols à la chaux et/ou aux liants hydrauliques pour l’exécution des remblais
et des couches de forme, Documentation technique Route, n°89, 2004
Delfault Abel (1990) - Traitement à la chaux vive et au ciment des argiles plastiques du Sparnacien et de la
région parisienne. Étude de laboratoire. Bull, liaison Labo. P. et Ch. - 169.
Fediex (2009) - Traitement des sols et recyclage de terres à la chaux.
Ferber Valéry (2005) – Déformations induites par l’humidification des sols fins compactés : apport d’un
modèle de microstructure. Thèse de l’Ecole Centrale de Nantes.
Lasledj, A., (2009) - Traitement des sols argileux à la chaux : processus physico-chimique et propriétés
géotechniques, Thèse de Doctorat, Université d'Orléans, 359 p.
Rossi P., Gavois L., Raoul G. (2007) - Traitement des matériaux Techniques de l’Ingénieur, C5 362.

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