Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
: Notions introductives :
« Vers l’Orient compliqué je voyage avec de simples » écrivait Charles de Gaulle à l’occasion
d’un d’une de ses visites au Liban. = pays compliqué mais unique par sa diversité
communautaire.
Antoine Msara : dans les années 20 et 30, au Liban, le discours politique était déjà très
pudique sur le terme confessionnel, dans une volonté de présenter la société libanaise
comme une société homogène, fortement influencé par la mentalité française. Cette pudeur
a été dépassée avec les écrits d’Antoine Msara, qui a décomplexé le terme confessionnel et
qui en a fait un objet d’étude scientifique.
La démocratie est un régime institutionnel qui pose en définitive cette question : la relation
entre l’Etat et la Nation parce qu’au 19ème siècle, le modèle achevé était que chaque Nation
doit se doter d’un Etat. Chez Malberg, « l’Etat est la personnification juridique d’une
Nation ». Ainsi, s’il y’a une diversité au sein de la Nation, s’il y’a plusieurs allégeances, cela
doit se refléter inexorablement sur l’édifice étatique.
Ainsi, la démocratie consociative, l’Etat fédéral suggère une certaine segmentation de la
société. Cette égalité de forme et la Nation n’existe pas au Liban. La démocratie consociative
ou l’Etat fédéral pose le problème entre l’Etat et la Nation.
Constitution libanaise qui date de 1926 établit que le Liban est un régime parlementaire.
Quand le Liban a adopté ce régime en 1920, sous influence française (ayant copié le régime
de la IIIème République en France)
Le parlement libanais, appelé chambre des députés, tous les sièges doivent être répartis de
manière égale entre musulmans et chrétiens et doit être proportionnellement répartie entre
les confessions = Avant 1990, c’est la loi électorale qui assurait la répartition des sièges entre
les communautés. Aujourd’hui, c’est la constitution qui établit la répartition.
Avant 1990, selon une équation non écrite, pour chaque 6 députés chrétiens, on doit avoir 5
députés musulmans. En 1990, on passe à la parité parfaite, même si démographiquement
les chrétiens sont inférieurs (il y’a un tabou par rapport aux chiffres, le dernier recensement
date de 1932).
Après 2010, les leaders politiques du pays ont décidé qu’il faut réserver des portefeuilles à
des communautés ; le ministère des finances doit toujours appartenir aux chiites. Le
ministère de l’intérieur aux sunnites. Le ministre de la défense grec-orthodoxe et celui des
AE maronite. Or ces règles reflètent un équilibre confessionnel qui prend possession des
institutions administratives étatiques pour les clientéliser et garder le pouvoir.
Ce qui a commencé comme simple coutume est devenu de plus en plus rigide jusqu’au point
où se sont ces règles qui dictent comment on forme le gouvernement et qui court-circuite la
conduite institutionnelle.
A. Démocratie consociative
Pour les communautaristes : l’individu est situé dans un contexte de signification qui lui
accorde son identité. C’est pour ça que pour eux, changer d’identité est très difficile, voir
traumatisant.
Les communautariens disent que cette pensée est fausse, l’Homme ne peut pas se détacher
de son contexte. L’individu se trouve dans un contexte culturel qui lui assure son identité.
Première dichotomie :
- Libérale : individu déraciné
- Communautarienne : individu enraciné dans sa communauté culturelle.
Deuxième dichotomie :
Pour les libéraux, les principes de justice que l’Homme peut dégager s’applique à tout le
monde, alors que pour les communautariens, on prône le relativisme culturel, les
contextualisme. Les droits de l’Homme qui ont une portée universelle chez les libéraux sont
niés chez les communautariens (ils y répondent que c’est une pensée européenne née au
16-17ème siècle et que la notion de droit de l’Homme camoufle une domination occidentale).
Troisième dichotomie :
Elle concerne le rôle de l’Etat :
Dans la pensée libérale, l’Etat doit être neutre. L’Etat cherche à assurer la justice entre les
individus et ne cherche pas à défendre une certaine version du bien commun. L’Etat n’est
pas perfectionniste, alors que dans la pensée Communautarienne, l’Etat doit être
perfectionniste, défendre un certain nombre de principe, défendre des valeurs culturelles,
assurer aux citoyens le respect de ces principes là et la pérennité de ces principes. Il faut
respecter la difference culturelle des minorités. L’Etat doit promouvoir ces différences.
Quand l’Etat prétend être neutre, cela cache, pour les communautariens, une réalité
idéologique, puisque l’Etat défend indirectement la majorité et ses valeurs. En n’intervenant
pas, il défend les valeurs de la majorité, l’hégémonie culturelle de la majorité. L’Etat dans la
pensée communautarienne est perfectionniste et impose une certaine conception de la
vertu, de la morale.
Quatrième dichotomie :
Dans la pensée libérale, ce sont les libertés et les droits individuels qui ont la primauté alors
que chez les communautariens ce sont les intérêts de la communauté qui ont la priorité.
Au Liban, la question de diversité communautaire pose la question de citoyenneté. Quand
on parle de communauté au Liban, on ne parle que du caractère religieux. La vision n’est pas
ethnique, elle est purement confessionnelle et donc religieuse. Les libanais ont quasiment
tous les mêmes tendances xénophobes par rapport à l’autre. Mais culturellement au Liban,
les libanais parlent arabe, il n’y a pas de réelle diversité culturelle dans ce sens de choc
comme cela existe dans d’autres pays.
Au Liban, on a des communautés. On en n’a pas une majoritaire absolue. Cela aide la
formule de la démocratie consociative, c’est un facteur congruent. Le Liban est donc
segmenté en plusieurs communautés, ce qui fait qu’on ne peut pas se fier à la règle de la
majorité, du nombre. La justice n’est donc (théoriquement) pas une justice entre les
individus, c’est aussi une justice entre les communautés.
comment maintenir une démocratie avec une population hétérogène qui ne connaît pas de
sentiment national fort ?
1956, Gabriel Almond écrit Comparative political system, propose une classification des
démocraties dépassant la classification constitutionnelle. Il propose 4 types de régimes
politiques :
- Totalitaires
- Régimes préindustriels
- Régimes anglo-américains
- Régimes continentaux européens
Dans les années 60, Arendt Lijphart va prendre la typologie proposée par Almond et va la
critiquer. Pour lui, cette division n’est pas valide parce qu’il y’a une troisième catégorie ou on
a une culture politique très fragmentée et où il y’a une stabilité comme c’est le cas en Suisse,
en Autriche, aux Pays-Bas mais aussi au Liban. La culture politique est fragmentée, mais il y’a
une certaine stabilité politique. Il appelle ce type de régime les démocraties consociatives. Ce
qui fait l’importance de cette démocratie, c’est que l’élite politique qui a une tendance à
représenter les segments de ces sociétés ont un sentiment profond de nécessité coopération
des élites des différents segments. Il y’a besoin de trouver un compromis en créant un cadre
qui institutionnalise le compromis.
- L’autonomie segmentaire : cela veut dire que les affaires propres à chaque segment
sont gérées par les élites concernées et les affaires communes en commun. On n’a
pas le principe de l’isonomie juridique. On applique des lois différentes sur des
communautés et des segments différents. Certains parlent de « fédéralisme
personnel ». L’enchevêtrement est tellement important géographiquement que la
population est divisée en segment et on applique à ces segments des lois différentes.
C’est encore une fois le cas en Belgique ou il existe une autonomie segmentaire en ce
qui concerne l’enseignement. Au Liban, chaque communauté applique ses propres
lois en matière de statut personnel.
- Le véto mutuel : dans certaines situations, le véto mutuel assure une fonction de
sécurisation psychologique parce qu’elle donne à la minorité le pouvoir d’assurer le
blocage de certaines dispositions. Cette règle permet de bloquer la règle de la
majorité. Le danger de tomber dans une instabilité politique peut être provoqué par
tout ce qui attrait à des questions culturelles et identitaires, d’où l’importance du
véto mutuel. Cependant, ce dernier n’est pas toujours institutionnalisé. En Belgique,
il l’est, avec ce qui est appelé « la sonnette d’alarme ».
Pour pouvoir maintenir une DC, on a besoin d’une élite consciente de la nécessité de
coopérer. On a besoin d’une tradition de compromis, sans laquelle maintenir la DC est
difficile, comme c’est le cas en Irak.
- La proportionnalité : Au sein du Conseil des ministres, elle n’est pas précisée. Elle est
relative, parce que non codifiée dans la constitution. Au niveau de la chambre des
députés elle existe. C’est la loi électorale qui assure cette répartition.
II. Le confessionnalisme :
Quand on parle du CSP, on doit se souvenir que c’est un système qui a vu le jour avec l’Islam.
Les conquêtes arabes ont accordé une autonomie aux communautés non musulmanes de
toute la région. Les musulmans étaient minoritaires dans la région. Il y’avait majorité de
communautés chrétiennes et juives. Payement d’un impôt et reconnaissance d’un statut de
citoyen de seconde zone. Les chrétiens et les non-musulmans étaient des « dhimas », des
« protégés » en échange de cet impôt, maintenant leur liberté de cultes et de religions dans
certaines limites. Essentiellement, le régime musulman à accorder aux communautés leur
liberté et c’était leur patriarche qui jugeaient de leur difference à moins que les parties au
litige accorde le droit au juge musulman de trancher leur problème (proche du système
d’arbitrage) ou que la violation pénale soit majeure et en rapport avec l’Islam.
Empire Ottoman, 19ème siècme : émergence d’une nouvelle élite sécularisée, chez les turques
et les arabes. Cette nouvelle bourgeoisie aura des revendications de nature nationaliste. Les
communautés qui n’avaient qu’un aspect purement légal embrassent un aspect politique et
nationaliste. Le sultan va entreprendre d’organiser les communautés par exemple en
mettant en place l’élection des patriarches. Il mettra en place des conseils élus de laïques qui
deviendront des vecteurs de revendication nationaliste.
Avec la proclamation de l’Etat du Grand Liban, il y’avait une obligation d’organiser les
communautés.
Donc les communautés sont des personnes morales de droit public reconnues par la loi.
La philosophie de l’arrêté 60LR se trouve dans le rapport de Philippe Gennardi. Il y
écrit « la réglementation devra répondre aux conditions suivantes : assurer l’égalité
de toutes les communautés religieuses sans aucune exception » -> les sunnites
deviennent une communauté. « On devra réserver a tout individu le droit d’opter
pour l’un des statut reconnu » + consacre la suprématie du pouvoir civil. Il fallait donc
transformer communautés islamiques en communautés (leur donnant le même
statut que les communautés non-musulmanes durant l’EO).
Le seul problème réside dans la communauté catholique. Les postes sont répartis au Liban
sur le critère de communauté (les maronites ont le monopole des postes de la fonction
publique et donc on a vu une volonté massive de conversion au maronitisme de la part des
communautés catholiques en vue d’obtenir les postes tenus par les maronites). C’est pour
cela que le Vatican a pris un décret en 1964 interdit à la communauté catholique de passer à
une autre communauté catholique sans l’accord du Saint Siège pour éviter que la
communauté catholique ne se vide de ses fidèles. « Sans le consentement du siège
apostolique, nulle ne peut validement passer à une autre Eglise de droit propre ».
cadre juridique qui permet l’organisation des relations entre l’Etat et ces dites
communautés.
Le leader confessionnel, c’est essentiellement celui qui joue le relai entre les citoyens et les
institutions de l’Etat. Il achète une allégeance en distribuant les fonctions publiques.
Leader est extra-institutionnel = résoudre tous les problèmes par des compromis extra-
institutionnel pour contourner les institutions, lesquels sont légitimés.
Exemple : Avant Nabih Berri, il y’avait Kamel Al Assaad et il contrôlait toutes les fonctions
publiques de la confession chiite. Il a perdu son pouvoir et son poste de président de la
Chambre des députés dans les années 80 avec la montée en puissance de la milice Amal =
quand le leader confessionnel perd sa fonction de relai entre les institutions et les gens, qu’il
n’arrive plus à acheter l’allégeance de sa base électorale, il est mis à l’écart.
Aussi, une clause dispose que pour assurer la parité, le gouvernement national a le droit de
nommer les députés ; le gouvernement va donc nommer en 1991 les députés. Le parlement
de 1992 est celui qui verra la réussite de Jumblat, Berri et qui élira ce dernier comme
Président de la chambre des députés et qui formera le premier gouvernement Rafic Hariri.
C’est ainsi que le pouvoir actuel fut installé.
Ce régime est qualifié de Troïka (Jumblat, Hariri, Berri, Hrawi). Ces gens se partageaient
toutes les administrations de l’Etat : Berri prend le conseil du Sud ; Jumblat prend le
ministère des déplacés. Le PR dirige le casino du Liban. Chacun reçoit une part de l’Etat.
Ce système du clientélisme sera maintenu jusqu’en 1995,
Salim Nasser : La sociologie de la guerre civile libanaise : la violence des milices était
essentiellement dirigée contre des ressortissants de leur communautés, beaucoup plus que
contre d’autres communautés, parce que le but de ces milices était de dominer leur région
et de soumettre les populations y habitant. Ils ont ainsi créé une économie parallèle pendant
la guerre, logique qui domine actuellement : « quand il y’a entente, ils volent les libanais,
quand il y’a désaccord, ils font la guerre » (Laham).
Ces milices, qui ont infiltré et dominé les syndicats et les ordres, continuent donc la guerre
par d’autres moyens. Quel rapport avec le confessionnalisme ?
Quand un Libanais vote pour un leader (Berri, Aoun, Hariri etc.) -> la justification classique
est : Il protège ma communauté ; or, durant la guerre (en mettant de côté les interventions
étrangères), les milices ne se faisaient pas la guerre. Elles se sont contentées d’occuper des
territoires et de soumettre les populations.
au Liban, la constitution tait l’existence des confessions. Si les confessions ont une existence
légale, elle n’a pas d’existence constitutionnelle.
celle de 90 dispose qu’il faut assurer l’équilibre des communautés (article 95), sans pourtant
les définir. Ce ne sont pas des entités qui préexistent avant l’Etat. C’est l’Etat qui crée a
posteriori les confessions par la loi.
décision du CC du 8 juin 2000 : les députés au Liban ne représentent pas leur communauté,
ils représentent la Nation. Il n’y a pas de représentants des communautés au Liban. Donc,
officiellement, il n’y a pas de représentants des communautés parce qu’il n’y a pas de
segments. Dans le système constitutionnel libanais, on n’a pas reconnu que chaque
segment a une organisation spécifique qui est censée pouvoir élire ses propres
représentants
Pierre Rondot
collège électoral au Liban est uni, cela impose aux députés un certain nombre de compromis
et donc de tenir un discours modéré = C’est pour cela que les chefs communautaires ne sont
pas issus du parlement, c’est une phénomène extra-parlementaire, produisant un discours
seulement accepté par les radicaux.
La naissance du Zaa’im est extra parlementaire, extra institutionnelle : on a besoin d’une
légitimité qu’on acquiert par la guerre.
La justice au Liban devient l’égalité dans le clientélisme.
le régime actuel libanais est une oligarchie consociative. Chacun a pris une partie de l’Etat,
de l’administration, du territoire, et se considère comme le chef absolu de cette région-là. Le
système actuel a décidé de consacrer chaque poste a une communauté, contrairement à ce
que dispose la constitution (qui parle de rotation des postes et des portefeuilles).
Ernest Renan = définir une nation : la volonté de vivre en commun (définition purement
subjective de la nation), implique ainsi l’interprétation commune de l’histoire, qui établit une
fierté d’appartenir à la nation.
Au Liban, il y’a des mythes fondateurs, des histoires. Jusqu’à maintenant au Liban, on n’a
aucun récit officiel de la guerre civile au Liban.
Quand on ne peut pas confronter une mémoire unifiée, chacun forge une histoire
particulière, ce qui fait qu’on a pas de compromis ou d’équilibre politique ni historique. Une
nation segmentée implique donc des histoires, plusieurs récits sur la nation.
Ahmad Baydoun, Le Liban une histoire disputée. Il va présenter plusieurs historiens et leur
manière de donner une interprétation particulière du Liban et des origines de la nation
libanaise sur une perspective principalement axée sur l’appartenance communautaire.
Les historiens chrétiens, comme l’évêque de Beyrouth au 19ème siècle, Youssef El Debs, qui a
écrit une histoire de la Syrie, va donner la fonction suivante au Liban : le refuge des
minorités persécutées. C’est l’endroit que les « musulmans » / arabes n’ont pas pu
conquérir. Le Mont-Liban a une indépendance et une autonomie, un droit à une patrie pour
les maronites, qui ne se sont jamais laissés dominés par les arabes, les ottomans, les
mamelouks etc. Cette idee se retrouve quasi-systématiquement chez les auteurs maronites.
Ali El Zein, historien chiite, s’oppose à ce postulat maronite. Ce dernier va, dans A la
recherche de notre histoire au Liban : les arabes ont délaissé le Mont-Liban parce que
stratégiquement il n’est pas important. Ce qui est important, c’est la cote, et les musulmans
l’avaient contrôlée, qui joue le rôle de relais entre la région et l’Europe. De ce fait,
militairement et stratégiquement, le Mont-Liban n’a aucun intérêt, d’où le fait qu’il n’a pas
été conquis.
Les phéniciens résident sur la côte -> Kamal Salibi dit que les véritables descendants des
phéniciens sont les sunnites, les habitants des villes. La notion de Phénicie, le phénicisme,
est également introduit avec les fouilles archéologiques des européens. Ainsi, les
nationalistes libanais, qui veulent donner une légitimité historique à leur indépendance, vont
trouver dans le récit phénicien une continuité légitime et historique, qu’ils ne sont pas
arabes et qu’ils sont indépendants.
Exemple : La loi américaine sur la nationalité a l’époque disait qu’on pouvait accorder la
nationalité américaine aux blancs caucasiens. Les émigrés libanais et syriens ont donc justifié
leur « blancheur » en revenant aux origines phéniciennes dans la bible (on parle de
phéniciansime syrien). Il y’a eu une décision juridique aux Etats-Unis, en 1915, Daou vs. The
US acceptant d’accorder la nationalité a ces syriens qui sont blancs et caucasiens.
A. Emergence des classes sociales
Chaque seigneur relevait l’impôt, qui fera un bénéfice avant de renvoyer l’argent au Wali. En
contrepartie, le prince et les seigneurs recevaient un pouvoir juridictionnel et administratif
pour gérer leur province = deux dynasties ont gouverné le Mont-Liban, les Maan et les
Chehab,
Paul Noujeim : a appliqué le modèle féodal français qu’il connaissait très bien à la situation
politique du Mont-Liban. On a donc attribué à cette région du monde des dynasties calquées
sur le modèle européen
Cependant, juridiquement, rien n’assurait que le prince et sa dynastie prenne cette fonction
continuellement. D’ailleurs l’arrivée au pouvoir des Chehab après les Maan en témoignée. Le
prince était donc nommé par le gouverneur de Tripoli ou de Sidon de manière annuelle, et
on nommait celui qui était capable d’amasser le plus d’argent.
En 1830-1831 : Mohamad Ali prend le pouvoir en Egypte et introduit des réformes très
importantes, notamment en l’industrialisant (avec la culture du coton) et modernisant son
armée. Avec le temps, même s’il représentait juridiquement le sultan ottoman, il va donner
sa quasi-indépendance à l’Egypte. En 1831, il va lancer une campagne militaire contre la
Syrie (la Grande Syrie = Liban, Syrie, Jordanie, Palestine) et il l’occupera. Il va battre l’armée
ottomane, et entre 1831 et 1840, elle sera soumise à un gouvernement égyptien.
1840, L’empire ottoman rétabli sa domination sur un Mont-Liban et une Syrie ayant
subi des changements très importants. L’ancien équilibre, tant économique que
socio-confessionnels n’existe plus.
vacance de pouvoir, un antagonisme de plus en plus important entre les druzes et les
chrétiens, une haine de plus en plus accentuée entre les druzes et les maronites, les
maronites ayant contribué à la répression des druzes dans le Houran contre Mohamad Ali.
Cela aboutira à des confrontations entre les chrétiens maronites du Chouf et les paysans et
seigneurs druzes.
à la fin du 18ème siècle, c’est l’Eglise maronite qui deviendra de plus en plus puissante. La
hiérarchie ecclésiastique va changer de nature, on va avoir des patriarches et des évêques
issus de la paysannerie, et c’est cette Eglise maronite qui deviendra le leader politique, de la
communauté maronite, en insistant sur une certaine idéologie basée sur l’idée d’une
Nation maronite qui mérite d’être indépendante. La rivalité politique n’était pas entre les
seigneurs druzes et les seigneurs maronites, mais entre les seigneurs druzes et l’Eglise
maronite. Entre 1840 et 1860, la rivalité entre l’Eglise maronite de plus en plus
politiquement influente, de plus en plus appuyée par la France, de plus en plus prospère par
son contrôle de propriétés foncières et les seigneurs druzes va s’exacerber.
En 1840, aura lieu la première guerre civile libanaise, caractérisée par des
affrontements druzo-maronites dans le Chouf. Ces derniers sont le résultat du
bouleversement politique et social qu’a connu le Mont-Liban.
introduire pour la première fois un conseil qui va assister chaque Kaïmakamiya (sous-
préfecture) composé de 12 membres représentants les grandes 6 communautés du Mont
Liban (2 pour chaque communauté), consacrant pour la première fois au Liban le principe
juridique de la représentation des communautés auprès du pouvoir central. C’est la
première consécration de ce régime-là.
Entre 1845 et 1860 va vivre le régime de la Double Kaïmakamiya. C’est un régime instable,
tendu. Les maronites deviennent de plus en plus riches, sont protégés par la France.
Dans le Kaïmakamiya Nord, il va y’avoir une vague de protestation de la paysannerie
maronite contre leur seigneur féodal issu de la famille Khazen.
En effet, ce qui commence au Nord comme une lutte sociale se transformera en lutte
confessionnelle au Sud, étant donné que les seigneurs sont druzes et la majorité des paysans
maronites. Ils vont appeler les maronites du Nord, ce qui fait éclater en 1860 une guerre
civile.
Les maronites perdront toutes leurs batailles. Les druzes emportent une victoire militaire
éclatante dans toutes les régions.
Ce qui va exacerber les choses et susciter une intervention européenne, c’est le fait qu’à
Damas, la minorité chrétienne sera attaquée par des musulmans (on peut justifier cela par
plusieurs causes historiques comme par exemple l’émancipation des chrétiens). Ces
chrétiens à Damas étaient désarmés, donnant lieu à un massacre.
Napoléon III envoie une expédition militaire de 7000 soldats français pour pacifier la région
(première ingérence humanitaire dans l’Histoire).
Entre temps, à Beyrouth, les consuls des puissances européennes décident de trouver une
nouvelle solution institutionnelle a ce Mont-Liban meurtri en mettant fin au système des
Kaimakam. Ils créent donc le régime de la Moutassarrifiya (la province autonome du Mont-
Liban). On unifie les deux districts du Mont-Liban, on élimine cette distinction artificielle
pour créer le district du Mont-Liban. On nommera des latins, des arméniens catholiques et
étranger. Auprès de ce gouverneur, on crée un conseil d’administration élu a deux degrés :
toutes les communautés sont représentées, en respectant l’équilibre communautaire
démographique.
Important : le gouverneur du Mont-Liban est nommé par la Sublime Porte et les puissances
européennes. Le Liban était autonome parce que le gouverneur n’était pas local, et donc ne
relevait du Wali de Damas, de Tripoli ou de Sidon. Aussi, les lois n’étaient pas les lois
ottomanes (c’est le régionalisme qui s’applique ici -> voir cours droit constitutionnel).
Cependant, le mécanisme économique de cette infiltration, son vecteur principal était les
concessions et les privilèges. En effet, l’EO accorde des concessions aux européens pour
fonder et construire beaucoup de choses. L’économie de Beyrouth au 19ème siècle se basait
principalement sur les concessions.
En 1857, un français obtiendra la concession de la construction de l’actuelle route de Damas,
qui sera terminée en 1862. Idem pour les chemins de fer, au Liban, en Syrie, pour le port de
Beyrouth, pour l’aménager et l’agrandir
En 1856, les européens fonderont à Beyrouth une banque moderne, la banque impériale
ottomane. Son capital est franco-anglais,
C’était aussi une période tendue et de quasi-guerre civile ; les sunnites de Beyrouth étaient
contre la présence française. Ils voulaient que le Liban et Beyrouth fasse partie de la Syrie, de
l’Etat arabe sous le contrôle de Fayçal. Au Sud, il y’avait des tensions entre les chiites et les
chrétiens. Un congrès chiite va se former et deux courants chiites s’y affronteront ; un
courant pro-français qui avait principalement peur d’être dominé par un principe et un
courant anti-français. Ce courant anti-français donnera lieu à des confrontations violentes
entre chiites et maronites à Ain Remel et Rmeich. Les français préparent une expédition
punitive qui va attaquer les villages chiites du Sud du Liban, confisquer les armes. On aura
même une fatwa du cheikh Charafeddine qui va déclarer que les chiites peuvent tuer tous
les chrétiens de plus de 8 ans parce que sont des traitres, des collaborateurs de la France.
Le Grand Liban ne naîtra pas de source comme on le pense trop souvent. Il est le
résultat de tensions très forte et de confrontations pour ou contre son établissement.
D’une part le Shérif Hussein qui veut annexer le Liban à Damas, d’autre part des
maronites inquiets de l’indécision de la France et du rapprochement entre
Clémenceau et Fayçal, et des chiites divisés. 1919 est donc une année charnière pour
toute la région, dont nous vivons encore les retombées.
Avant la création l’Etat du Grand Liban, qui était perçu comme un Etat chrétien, la
population de la Moutassarrifiya du Mont-Liban, la population était répartie de la façon
suivante : 80% des habitants étaient chrétiens. Mais en 1920, les régions rattachées au Liban
étaient majoritairement sunnite. Dans l’Etat du Grand Liban, les chrétiens ne forment alors
que 52% de la population. En créant l’Etat du Grand Liban, il y’avait volonté de créer un Etat
pour les chrétiens, dominés politiquement par les maronites. Cependant, l’équilibre s’est
avéré très précaire. La majorité de de chrétien était infime par rapport à l’énorme minorité
que composait les musulmans. C’est pour cela que Robert de Caix avait critiqué cette
décision et plus encore l’inclusion de Tripoli. En 1920, il s’agissait d’une aberration que de
dire à un tripolitain qu’il était libanais.
Le mandat :
Le système du mandat trouve son origine dans l’article 22 de la SDN : « le caractère du
mandat doit diffère selon le degré de développement du peuple, la situation géographique
du territoire, ses conditions économiques et tout autre circonstances analogues. Certaines
communautés qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman ont atteint un degré de
développement tel que leur existence comme nation indépendante peut être reconnue
provisoirement, à la condition que les conseils et l’aide d’un mandataire guide leur
administration jusqu’au moment où elles seront capables de se conduire seules. Les vœux de
ses communautés doivent être d’abord prises en considération pour le choix du
mandataire ».
En janvier 1925, on a nouveau commissaire qui arrive au Liban, le général Maurice Sarrail, il
est franc-maçon, athée, il déteste l’Eglise.
Il arrive dans la région avec l’idée de faire dépasser aux libanais le confessionnalisme. Il
entame une politique de rapprochement avec les musulmans.
En 1921, quand la France est venue au Liban, elle donne au Djebel druze, clanique et
extrêmement traditionnel et conservateur, son autonomie. En 1925, Sarrail décide
d’envoyer un délégué dans la montagne druze. Il essaie d’y introduire des réformes, afin de
changer l’équilibre social très conservateur qui a toujours régné dans cette société. Il ne
respecte pas les traditions de cette montagne, entre graduellement en confrontation avec
les chefs de cette montagne, notamment ceux de la famille Al-Attrach. Sarrail décide alors de
convoquer les leaders de la communauté druze à Damas pour négocier. Au lieu de quoi, il les
jette en prison. Directement, la montagne du Djebel Druze s’insurge contre la présence
française -> grande révolution nationale de 1925. Le Baath syrien récupèrera l’événement
pour dire que c’était une revolution arabe contre la colonisation française, ce qui n’était pas
le cas.
Le conseil représentatif se réunit en mai, et adopte la constitution libanaise qui est toujours
en vigueur. En adoptant la constitution libanaise, le Liban devient une République, et le
Liban n’est plus l’Etat du Grand Liban mais la république libanaise, avec un PR à élire. Sa
constitution adopte un parlement bicaméral, un Senat et une chambre des députés. Ce qui
est intéressant, c’est que la constitution de 1926 est très moderne, elle décalque celle de la
IIIème République en France, mais aussi de sa pratique. Le confessionnalisme n’existe que de
façon éphémère dans l’article 95. La constitution parle de la Nation libanaise. C’est une
constitution très jacobine, européanisée. L’article 96, aboli aujourd’hui, parle du Sénat, et
consacre la répartition des sièges des sénateurs sur leurs communautés.
Les libanais qui vont adopter cette constitution vont affirmer la finalité de l’entité libanaise.
Dans son article 1er et son article 2, ils consacrent les frontières du Liban comme étant fixe et
inaliénable. Or, HJ sait que les syriens musulmans de Damas, il faudra peut-être revoir ces
frontières. Ce qu’il va faire pour neutraliser les articles 1 et 2 de la constitution, il va leur
demander d’adopter une série d’article dans le chapitre 5 qui accordent des pouvoirs au
commissaire français, notamment dans l’article 93 :
Cela signifie que si dans le futur, il s’agit de changer les frontières entre le Liban et la
Syrie, l’arbitrage revient au Haut-Commissaire, implicitement d’intégrer Tripoli et la
Beqaa à la Syrie.
L’article 95 de 1926 constituait une garantie pour les musulmans. C’était un article qui jouait
essentiellement en faveur des musulmans. Le confessionnalisme dans les années 20-30
jouait en faveur des musulmans. C’est aujourd’hui, alors que les maronites sont minoritaires,
que le confessionnalisme joue en la faveur des chrétiens.
Une autre nuance importante sur l’article 95, le caractère provisoire de cet article, selon de
Jouvenel, le confessionnalisme était provisoire car les frontières du Liban étaient provisoires.
Pour maintenir le Liban dans ses frontières actuelles, il est essentiel de maintenir le
confessionnalisme. Un autre élément a signalé, c’est que le communautarisme du Liban au
19ème siècle était druzo-maronite. Avec l’élargissement des frontières, c’est devenu une
division christiano-musulmane et particulièrement entre maronite et sunnite.
Après le recensement de 1932, les chrétiens constituant une infime majorité, on commence
à préparer les élections présidentielles de 1932. La CD doit élire un nouveau PR. Se pose la
question de sa confession, l’actuel président étant GO. Le députe Mohamad al-Jisr, sunnite,
décide de présenter sa candidature, étant donné le pourcentage de 49% des musulmans.
Dans un premier temps, cet acte ne sonne pas l’alarme. Or, les deux figures de proues
maronites, Emile Edde et Bechara al Khoury, ambitionnent tous les deux de devenir PR. La
situation pour Emile Edde était difficile après 1929-1930 et sa démission forcée. = Député
Jisr devient Président de la République
La logique d’Emile Edde s’inscrit dans une lutte pour le pouvoir, et non pas dans une logique
communautaire