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The False Promise of International

Institutions
John J. Mearsheimer

Dana El Zein
ISP
Fiche de Lecture
The False Promise of International Institutions

2018

John J. Mearsheimer, né en 1947 à New York, est un professeur de science politique à


l’Université de Chicago. Ayant grandi dans un environnement où la politique n’a jamais été
mentionnée [1], Mearsheimer écrivit quand même beaucoup sur ce sujet. Il rédigea pleins d’articles qui
apparurent dans des journaux académiques, tel que « The False Promise of International Institutions »
dans International Security publié en 1995. Depuis cet article, Mearsheimer s’est fermement établi
comme l’un des principaux acteurs à la tradition réaliste dans l’étude des relations internationales.
Dans cet article, il décrit les notions fondatrices du réalisme, le comportement des États d’après les
réalistes, et introduit ce que les institutionnalistes réclament sur les effets des institutions
internationales. Son argument est le suivant : les institutions ont une influence minimale sur le
comportement des États et donc elles ne sont pas prometteuses pour la promotion de la stabilité dans
le monde. Il supporte cela en disant qu’il y a « peu de soutien de ces revendications dans les dossiers
historiques » [2]. Pour être arrivé à cet argument, ils se pose quatre questions importantes : Que sont les
institutions ? Comment fonctionnent-elles pour causer la paix et quelle est la logique causale de
chaque théorie ? L’évidence supporte-t-elle ces théories ? De plus, il se met à critiquer les théories de
trois écoles institutionnalistes : l’institutionnalisme libéral, la sécurité collective, la théorie critique.

I – CONTEXTE HISTORIQUE ET DÉFINITION DES INSTITUTIONS


INTERNATIONALES :
Après la Guerre Froide, on s’est trouvé dans un monde où plusieurs pays, notamment ceux de
l’Ouest, ont décidé de rejeter la politique de l’équilibre des pouvoirs à travers les institutions
internationales, tout en croyant que ces dernières sont une sorte de « clé » qui vont leur permettre
d’arriver à la paix mondiale [3]. L’Europe possédait des institutions bien organisées, bien développées,
et étaient vues comme étant des « forces de stabilité puissantes » par les institutionnalistes, comme
Robert Keohane [4].
C’est là que Mearsheimer affirme son but dans l’article : « examiner la revendication selon laquelle
les institutions détournent les États de la guerre et favorisent la paix » [5]. Il adopte une approche
réaliste, un groupe théorique qui maintien en tête l’idée que ces institutions sont « des réflexions de la
1
John J. Mearsheimer, « Through the Realist Lens », interview avec Harry Kreisler, Institut des Études Internationales,
Université de Chicago (8 Avril 2002).
2
“All three institutionalist theories find little support in the historical record” (p. 7 ligne 31).
3
“Institutions are a key means of promoting world peace” (p. 5 lignes 12-13).

4
“Consider institutions to be a powerful force for stability” (p. 6 lignes 16-17).
5
“This article examines the claim that institutions push states away from war and promote peace” (p. 7 lignes 3-4).

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distribution du pouvoir dans le monde » [6], que les institutions sont « basées sur des calculs d’intérêt
personnel de grandes puissances et n’ont aucun effet indépendant sur le comportement de l’État » [7].
Les réalistes croient donc que les institutions « ne sont pas une cause importante de la paix » [8].
En réponse aux idées des réalistes sont les idées des institutionnalistes. Ces derniers ont contesté les
réalistes en disant que les institutions peuvent modifier les préférences de l’État et donc modifier le
comportement de l’État, qu’elles peuvent décourager les États de calculer leurs intérêts personnels sur
la base que chaque mouvement affecte leur position de pouvoir relative, et enfin, qu’elles sont des
variables indépendantes et ont la capacité de sortir les États de la guerre [9]. Mearsheimer présente un
combat de théories : les réalistes contre les institutionnalistes. Son article est une sorte de réponse aux
revendications des institutionnalistes. 
Mais que sont les institutions internationales ?
Mearsheimer propose sa propre définition en disant qu’une institution internationale est « un
ensemble de règles qui stipulent la manière dont les États devraient coopérer et concurrencer » [10].
Mearsheimer continue en disant que ces institutions prescrivent des formes acceptables de
comportement des États, des règles qui sont négociées par ces derniers et, selon nombreux théoriciens
éminents, des normes acceptés mutuellement, des « normes de comportements définies en termes de
droits et d’obligations » [11].

II – MEARSHEIMER, RÉALISTE :
Le courant réaliste, expliqué précédemment, perçoit la scène internationale comme une arène
où il y a une lutte de pouvoir et de puissance. Les États cherchent des opportunités pour prendre
avantage les uns des autres et donc ont aucune raison de se faire confiance. Selon le réalisme, « la
véritable paix, ou bien un monde où les États ne se rivalisent pas pour le pouvoir, n’est pas probable »
[12]
.
Mearsheimer, en tant que réaliste, analyse la pertinence de la littérature institutionnaliste à
partir de cinq hypothèses fondamentales du réalisme. Premièrement, le système international est
anarchique, il « comprend des unités politiques indépendantes qui n’ont pas d’autorité centrale au-
dessus d’eux » [13]. La seconde hypothèse est que les États possèdent principalement une capacité
6
“Institutions are basically a reflection of the distribution of power in the world” (p. 7 lignes 10-11).
7
“They are based on the self-interested calculations of the great powers, and they have no independent effect on state
behavior” (p. 7 lignes 12-13).
8
“Institutions are not an important cause of peace” (p. 7 ligne 13).
9
“Institutions are independent variables, and they have the capability to move states away from war” (p. 7 lignes 18-19).
10
“I define institutions as a set of rules that stipulate the ways in which states should cooperate and compete with each
other” (p. 8 lignes 14-15).
11
“They prescribe acceptable forms of state behavior…standards of behavior defined in terms of rights and obligations” (p.
8 lignes 15-19).
12
“Genuine peace, or a world where states do not compete for power, is not likely” (page 9 lignes 21-22).
13
“The system comprises independent political units (states) that have no central authority above them” (p. 10 lignes 6-7)

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militaire, ce qui veut dire que les guerres, morts et crises sont inévitables. Troisièmement, les États ne
peuvent jamais être certains des intentions des autres États, le fait qu’ils possèdent cette capacité
militaire veut dire qu’on ne sait jamais s’ils veulent l’utiliser ou non. Quatrièmement, la plus grande
motivation des États est la survie, c’est-à-dire maintenir sa souveraineté. La cinquième est dernière
hypothèse s’agit du fait que les États pensent stratégiquement à propos de leur survie dans le système
international, ils sont égoïstes. De ces hypothèses, Mearsheimer explique que trois modèles
principaux de comportements des États en résulte [14]. Premièrement, un comportement de soupçon ;
les États se craignent les uns des autres. Le deuxième, comportement, celui de l’auto-assistance, du
« self-help », est perçu comme étant la seule option viable pour certains États. Le dernier
comportement s’agit d’un où les États vont profiter les uns des autres pour garantir leur survie et
sécurité avec pour but de devenir l’hégémonie.
Malgré le fait que le réalisme envisage un monde où la compétition domine, il existe quand
même une coopération entre les États qui est difficile à réaliser et à maintenir. Mearsheimer
mentionne deux facteurs qui entravent la coopération. Dans un premier temps, le fait que les États
pensent aux gains absolus au lieu des gains relatives. Le deuxième facteur s’agit du fait que les États
sont « souvent réticents à conclure des accords de coopération de peur que l’autre partie triche et
obtienne un avantage relatif » [15]. En dépit de ces obstacles, les États coopèrent quand même dans le
monde réaliste. En gros, dans le monde réaliste, les institutions sont un instrument pour favoriser
l'hégémonie des États puissants, des instruments d'acquisition de pouvoir.

III – LES CRITIQUES DES DIFFERENTES THEORIES INSTITUTIONNALISTES :


Mearsheimer va expliquer les différentes théories institutionnalistes. Il nomme trois qui vont
chacune donner des arguments différents sur comment les institutions écartent les États de la guerre et
aident à assurer une certaine stabilité.
La première théorie s’agit de l’institutionnalisme libéral. C’est la théorie la moins ambitieuse
qui explique que la coopération économique et environnementale entre les États est plus fréquente que
les réalistes le croient. La théorie ne l’explique pas mais assure que cette coopération diminuera les
risques de guerre [16]. Elle explique que le seul danger auquel fait face cette coopération est celui de la
triche, un problème que les institutions doivent résoudre en punissant les tricheurs et protégeant les
victimes. Le but est de créer des règles qui contraignent les États. Il y a une défaillance théorique
importante : comme l'a montré Joseph Grieco, les institutionnalistes libéraux supposent que les États

14
“Three main patterns of behavior result” (p. 11 ligne 2).
15
“States are often reluctant…other side will cheat on the agreement and gain a relative advantage” (p. 13 lignes 4-6).
16
“Increased cooperation in those realms is presumed to reduce the likelihood of war, although liberal institutionalists do
not explain how” (p. 14 lignes 13-14).

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ne sont pas préoccupés par les gains relatifs, mais se concentrent exclusivement sur des gains absolus
[17]
. Pour Mearsheimer, les considérations relatives aux gains peuvent constituer un obstacle sérieux à
la coopération et doivent donc être pris en compte lors de l'élaboration d'une théorie de la coopération
entre les États. Cette première théorie, pour Mearsheimer, ne fournit pas une base solide pour
comprendre les relations internationales et pour promouvoir la stabilité dans le monde après la Guerre
Froide. Elle échouera dans le domaine militaire et sécuritaire. De plus, la logique causale de la théorie
est anéantie, comme l'admettent maintenant ses partisans. Après avoir négligé le problème des gains
relatifs, ils tentent de la réparer, mais leurs efforts initiaux ne sont pas prometteurs. Enfin, la preuve
empirique disponible fournit peu de soutien à la théorie [18].
La deuxième théorie, la sécurité collective, vise directement la prévention de la guerre. Elle
commence avec l’assomption que la puissance va continuer à être un élément important dans le
monde de la politique et que les États doivent se protéger contre des agresseurs potentiels. Cette
théorie traite directement de la façon de sortir les États de la guerre et de promouvoir la paix et
reconnaît que la puissance militaire joue un rôle central dans la politique internationale. Cette théorie
fait face à plusieurs problèmes qui risquent de compromettre la confiance des États responsables dans
la sécurité politique et donc provoquer sont échec. La présence d'agresseurs multiples dans un premier
temps soulève la question de savoir si la plupart des États du système sont profondément engagés
dans la paix et, par conséquent, s'il est logique de faire confiance à la sécurité collective. D’autre part,
il y a le problème de « free-rider » où un ou plusieurs États peuvent rester en marge, considérés
comme étant des non-agresseurs [19]. Par contre, il n'y a aucune garantie qu'ils ne se tourneront plus
vers la conquête. Mais la théorie comporte plusieurs inconvénients importants. Elle est fondée sur la
norme fondamentale selon laquelle les États devraient se faire confiance [20], mais cela n'explique pas
de manière satisfaisante comment cela est possible dans un monde anarchique. En outre, le record
historique ne fournit que peu de soutien à la théorie [21]. Certains des partisans de la théorie
soutiennent que deux formes moins ambitieuses de celle-ci pourraient être réalisables : le maintien de
la paix et les concerts. Bien que ces derniers soient parfois décrits comme des versions limitées mais
prometteuses de la sécurité collective, ils ont une valeur marginale dans la promotion de la paix.
La troisième et dernière théorie s’agit de la théorie critique. C’est la théorie la plus ambitieuse
avec comme objectif ultime la transformation de la nature fondamentale de la politique internationale
pour créer un monde où il n'y a non seulement une coopération accrue entre les États, mais la
possibilité d'une véritable paix. Pour les théoriciens critiques, la façon de révolutionner la politique
17
“Liberal institutionalists assume that states are not concerned about relative gains, but focus exclusively on absolute
gains” (p. 19 lignes 13-14).
18
“This dearth of empirical support for liberal institutionalism is acknowledged by proponents of that theory” (p. 24 lignes
22-23).
19
“The problems a collective security system faces… with overwhelming military force” (p. 30 lignes 12- 13 et 20-21).
20
“Trust is actually the most important of the three norms because it underpins the first two” (p. 30 lignes 4-5).
21
“The historical record provides little support…a point acknowledged by the theory's proponents” (p. 33 lignes 5-6).

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internationale est de changer radicalement la façon dont les individus pensent et parlent de la politique
mondiale. Ils espèrent créer des « communautés de sécurité pluralistes » [22] où les États ne penseraient
pas en termes d'auto-assistance ou d'intérêt personnel, mais définiraient plutôt leurs intérêts en termes
de communauté internationale. Selon Mearsheimer, les théoriciens critiques font des arguments qui
contredisent directement leur propre théorie [23] et semblent compatibles avec la théorie qu'ils
remettent au défi, le réalisme. Malgré son ambition, la théorie critique a également des défauts
importants et, par conséquent, elle restera probablement dans l'ombre du réalisme. Plus précisément,
la théorie critique est concernée par l'impact des changements fondamentaux dans le comportement de
l'État, mais dit peu sur la façon dont cela se produit. Les théoriciens critiques indiquent parfois des
causes particulières de changement, mais quand ils le font, ils font des arguments qui sont
incompatibles avec la théorie elle-même. Enfin, il existe peu de preuves empiriques pour étayer les
affirmations des théoriciens critiques et beaucoup pour les contredire.

CONCLUSION :
Lorsque nous abordons tout le débat présenté par Mearsheimer entre les réalistes et les
institutionnalistes, il apparaît que les institutionnalistes tentent de se concentrer principalement sur la
manière dont ces institutions internationales fonctionnent afin d'amener l'ordre et la paix dans la
société internationale. Les institutionnalistes mettent l'accent sur les objectifs et les principes de ces
institutions internationales, mais ils ignorent la manière dont ces institutions fonctionnent. Ils ignorent
également la nature des États-nations en tant que corps indépendants et souverains. Les réalistes
tentent de donner des arguments flagrants et pratiques pour défendre leur point de vue : les institutions
internationales sont des outils aux mains des grandes puissances mondiales utilisées pour faire
progresser leurs intérêts personnels. L'ensemble du débat se répand dans la défense et l'infraction des
institutions internationales dans lesquelles les deux côtés essayent de justifier leurs points de vue. De
plus, il faut souligner que les institutionnalistes, au lieu de donner des arguments en faveur du débat,
essayent simplement d'annuler les arguments des réalistes. C'est ce qui a donné à ces dernier le dessus,
rendant le réalisme l’école théorique du système international.
Mearsheimer a répondue à toute les questions qui l’ont aidé pour son analyse, il a essayé de prouver
l'importance insignifiante des institutions pour apporter la stabilité et la paix, pourtant il n'a pas
expliqué pourquoi tant d'États font partie d'institutions internationales. Si ces institutions ne servent à
rien, pourquoi tant d'États investissent-ils leurs temps et argent ? C'est peut-être pour leurs propres
intérêts personnels, mais qu'en est-il des pays qui gagnent moins que rien ?

22
“Pluralistic security communities” (p. 38 ligne 31).
23
“However, their explanation of how change occurs is at best incomplete, and at worst, internally contradictory” (p. 42
lignes 15-16).

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