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Economie et statistique

Les restructurations marquent la vie des entreprises et des groupes


Madame Marie-Hélène Tamisier

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Tamisier Marie-Hélène. Les restructurations marquent la vie des entreprises et des groupes. In: Economie et statistique,
n°158, Septembre 1983. Les restructurations d'entreprises / La faiblesse de l'impôt sur le revenu en France / Trois dimensions
de la vie des personnes âgées / La journée des citadins / La notion de production. pp. 3-19;

doi : https://doi.org/10.3406/estat.1983.4777

https://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_1983_num_158_1_4777

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Abstract
Restructuring marks the existence of firms and groups - During economic restructuring, firms are
created and some disappear. They change sectors as well, benefiting from an external growth.
Sometimes, they give up a part of their production. These operations take place almost always among
firms with similiar activities. Such operations concur to boost concentration of the productive system.
They are particularly frequent inside groups, industrial or otherwise; they in fact allow for them to
reorganise. During a recent period, these restructurings have followed rather a defensive logic. They
prevent firms from closing; they permit a better resistence to international competition and to the
contraction of markets by a management which automates certain activities that are not profitable, or
on the contrary promising for the future. Restructuring also allows other activities to be integrated.

Résumé
Les restructurations marquent la vie des entreprises et des groupes
Marie-Hélène Tamisier
A l'occasion de restructurations, des entreprises se créent ou disparaissent, de secteur, bénéficient
d'une croissance externe ou abandonnent une partie productions. Ces opérations ont presque toujours
lieu entre entreprises activités voisines. Elles concourent à accroître la concentration du système Elles
sont particulièrement nombreuses au sein des groupes, et leur se réorganiser.
Durant la période récente, les restructurations obéissent plutôt à une défensive. Elles évitent la
fermeture d'entreprises; elles permettent une résistance à la concurrence internationale et à la
contraction des marchés par une qui autonomise certaines activités peu rentables, ou au contraire en
intègre d'autres.

Resumen
Las reestructuraciones marcan la existencia de las empresas y de los grupos - Con motivo de
reestructuraciones, empresas se fundan o desaparecen, cambian de sector, se benefician de un
crecimiento externo o abandonan parte de sus producciones. Dichas operaciones se realizan casi
siempre entre empresas cuyas actividades son parecidas. Concurren al incremento de la
concentración del sistema productivo. Son especialmente numerosas dentro de los grupos y facilitan
su reorganización. Durante el reciente período, las reestructuraciones obedecen más bien a una lógica
defensiva. Evitan el cierre de empresas, ofrecen mejor resistencia ante la competitividad internacional
y a la contracción de los mercados mediante una gestion que autonomiza algunas actividades de poco
rendimiento o, al contrario, que son prometedoras e integran otras.
PRODUCTION

Les restructurations

marquent la vie

des entreprises et des groupes

par Marie-Hélène Tamisier*

A l'occasion de restructurations, des entreprises se tives, Creusot-Loire dans la sidérurgie et Tréfimétaux dans
créent ou disparaissent, changent de secteur, bénéficient les métaux non ferreux ont fait l'objet d'importantes
d'une croissance externe ou abandonnent une partie de modifications de structure. Le secteur du matériel de transport
leurs productions. Ces opérations ont presque toujours terrestre a été particulièrement touché par les
lieu entre entreprises ayant des activités voisines. Elles restructurations : outre celles qui ont affecté Ford France, Matra ou
concourent à accroître la concentration du système Citroën, on peut citer la réorganisation de Chrysler France
productif. Elles sont particulièrement nombreuses au qui prend en 1979 la dénomination de Automobiles Talbot
sein des groupes, et leur permettent de se réorganiser. pour fusionner l'année suivante avec Automobiles Peugeot.
Durant la période récente, les restructurations obéissent Il est rare qu'une grande entreprise en difficulté disparaisse
plutôt à une logique défensive. Elles évitent la fermeture purement et simplement. La recherche d'une solution de
d'entreprises; elles permettent une meilleure résistance redressement, à son initiative ou à celle des pouvoirs publics,
à la concurrence internationale et à la contraction des passe souvent par une restructuration avec la participation
marchés par une gestion qui autonomise certaines ou non d'un ou de plusieurs partenaires. Les restructurations
activités peu rentables, ou au contraire prometteuses, et ne sont pas seulement le fait des entreprises obsolètes, mal
en intègre d'autres. gérées ou non rentables. Les plus dynamiques y voient aussi
un moyen de croître, de se diversifier, de renforcer leurs
positions de marché ou tout simplement d'accroître leurs
bénéfices ou leur surface financière. Le phénomène est en
outre relativement fréquent au sein des groupes parce qu'il
permet d'atteindre une plus grande efficacité ou de mieux
délimiter les risques. Enfin, les modifications de structure
Les entreprises s'absorbent, fusionnent, se scindent ou permettent parfois de contourner ou de tirer meilleur parti
s'échangent des actifs. En 1979, le secteur du verre a vu des réglementations sociales ou fiscales.
Saint-Gobain Industries se scinder et donner jour à quatre
sociétés de production : Saint-Gobain Vitrage, Isover
Saint-Gobain, Vetrotex Saint-Gobain, Verreries Saint-
Gobain; dans le secteur de la transformation des matières * Marie-Hélène Tamisier fait partie du service « Statistique
plastiques, Nobel Bozel a absorbé trois de ses filiales. L'année des entreprises» du département «Entreprises» de VINSEE. Les
1980 a connu la scission de Rhône-Poulenc Industries et la nombres entre crochets, [ ], renvoient à la bibliographie enfin
naissance de Chlœ Chimie. Sur les deux années d'article.

1.
Une concentration accrue Graphique I

Une modification de structure est une opération mettant Les absorptions constituent la modalité
en jeu deux ou plusieurs entreprises au cours de laquelle un la plus fréquente de restructurations
transfert d'immobilisations s'accompagne d'un flux en sens
inverse de titres financiers sous forme d'actions ou de parts
sociales. Ce sont pour l'essentiel les absorptions, les fusions,
les scissions et les apports partiels d'actifs (encadré p. 5).
Des opérations plus complexes telles les fusions-scissions Nombre d'entreprises ayant Nombre d'entreprises ayant cédé
peuvent être décomposées en une succession d'opérations reçu des actifs dans une opération des actifs dans une opération
élémentaires. Selon l'enquête annuelle d'entreprise (encadré 1979 1980 1979 1980
p. 9), 455 entreprises ont bénéficié de transferts
d'immobilisations en 1979, tandis que 545 en ont cédé. En 1980, le
décompte donne 529 bénéficiaires pour 625 cédantes. Il y a
donc plus d'entreprises qui apportent des actifs que
d'entreprises qui en reçoivent. Une précédente étude portant sur
le champ de l'industrie arrivait à la même conclusion [2].

Les absorptions représentent la modalité la plus fréquente


que prennent les restructurations (graphique I). Les fusions,
dans lesquelles les entreprises disparaissent pour donner 316
naissance à une nouvelle entité juridique, sont assez peu
répandues. La préférence accordée aux premières par rapport
aux secondes s'explique en grande partie par des raisons
d'ordre fiscal (encadré p. 7).
29
Ainsi, les transferts d'actifs s'accompagnent-ils d'une 29
disparition d'entreprises dans la moitié des cas. Cette 25 162
diminution des centres de décision renforce la concentration du 167
système productif. Au second rang, après les absorptions,
apparaissent les apports partiels d'actifs. Enfin, les scissions 165
sont peu fréquentes. 175
132
84
La taille des entreprises concernées donne la mesure de •39 :35V
l'enjeu d'une restructuration; non seulement le poids des 455 « 529* 345' 625*
grandes entreprises est déterminant, mais encore les
restructurations qui les affectent sont de nature à modifier, voire à
bouleverser la composition de leur secteur.

Bien que peu nombreuses, moins de 1 % de l'ensemble des L/V/j Absorption


entreprises de plus de 20 salariés, les entreprises
bénéficiaires, de par leur taille, emploient près de 7 % des I J Fusion
effectifs et concourent à la réalisation de 8 % du chiure
d'affaires (tableau 1). __ Apport partiel d'actifs

Par grandes entreprises, nous entendrons ici celles qui


emploient au moins 500 salariés ou réalisent au moins Scission
200 millions de F de chiffre d'affaires hors taxes. En 1979 et
1980, près d'une entreprise bénéficiaire sur trois est une
grande entreprise. Dans certains secteurs, la proportion
dépasse même une sur deux; c'est le cas notamment des
biens intermédiaires et du matériel de transport terrestre.
Dans 60 % des cas, les rapprochements s'opèrent par voie
d'absorption pour les grandes entreprises.
* Le total est inférieur à la somme des composantes car
plusieurs opérations peuvent avoir lieu simultanément.
Parmi les cédantes, la proportion de grandes entreprises Il n*est pas certain que l'évolution 1979-1980 soit
est de une sur six. Il s'agit alors dans plus de la moitié des significative d'une augmentation des opérations de restructuration.
cas d'une cession partiel d'actifs. Elle pourrait résulter aussi d'une amélioration du dénombrement.
LES OPÉRATIONS DE RESTRUCTURATIONS

Quatre types élémentaires d'opérations ont été retenus : les fusions, Dans ces trois cas le commissaire aux apports dresse un rapport qui
absorptions, scissions et apports partiels d'actifs. est tenu à la disposition des actionnaires quelques jours avant la date
de l'assemblée appelée à statuer sur l'évaluation des apports.
• Dans la fusion, deux ou plusieurs sociétés se dissolvent pour former
une société nouvelle qui reprend la totalité de leur patrimoine, aussi • Un apport partiel d'actifs est une opération dans laquelle une société
bien actif que passif. apporte une partie et une partie seulement de ses éléments d'actifs
à une autre société préexistante.
Société X— -
Y Société X -^Société X
Société Z
T
Société Y—f
J Société Y Société Y

Les actionnaires des entreprises dissoutes reçoivent les titres émis Les apports sont rémunérés par la remise d'actions de la société
par la société nouvelle en échange des apports effectués au titre de bénéficiaire.
la fusion. En général, la désignation d'un commissaire aux apports n'est pas
L'actif net apporté a pour contrepartie comptable au passif requise mais l'intervention du commissaire aux comptes est nécessaire
l'augmentation nominale du capital et la prime de fusion, c'est-à-dire la pour établir un rapport sur la rémunération des apports.
différence entre l'actif net apporté et la valeur des titres remis en échange. Signalons toutefois que les modifications de structure sanctionnées
par un transfert d'actifs n'épuisent pas les diverses formes de
• Dans l'absorption, deux ou plusieurs sociétés se réunissent pour rapprochements d'entreprises. D'autres modalités existent et en particulier
disparaître au sein de l'une d'elles. les prises de participation.
Société X -y- Société X
Modalités comptables et prime de fusion.
Société Yi Plaçons-nous dans le cas de l'absorption d'une société X par une
société Y.
La société absorbée Y fait apport de tout son patrimoine à la société
absorbante X et les actionnaires de Y reçoivent en échange des actions Les actionnaires de X détenaient 8 000 actions de 150 F. Ils deviennent
de X. Si la société absorbante était actionnaire de la société absorbée, actionnaires de Y. Pour effectuer l'échange de titres, on évalue l'actif
elle doit renoncer aux droits liés à sa qualité d'actionnaire dans la net apporté par X et la valeur des titres remis en échange.
liquidation de la société absorbée. L'actif net apporté a pour contre- Soit 7 100 000 F la valeur de l'actif inscrite au bilan de X. Le
partie comptable l'augmentation nominale de capital, la prime de commissaire aux apports l'évalue à 9 000 000 F. L'ensemble des dettes se
fusion, l'annulation de la participation si X est déjà actionnaire de Y, montant à 5 800 000 F; l'actif net est donc de 3 200 000 F, ce qui
et la plus ou moins value de fusion qui est la différence entre la valeur détermine la valeur réelle de l'action soit :
réelle de la participation de X chez Y et la valeur comptable de cette 3200000
participation. 8 000 400 F.
• La scission désigne une opération d'éclatement du patrimoine De la même manière, le commissaire aux apports détermine la valeur
d'une société, dite société scindée, dont les éléments sont apportés réelle de l'action de Y. Supposons qu'elle s'élève à 700 F et que sa
à deux ou plusieurs sociétés préexistantes ou nouvelles. La scission valeur nominale soit 300 F.
intégrale entraine la dissolution de la société apporteuse.
Le rapport d'échange s'établit donc à :
->- Société Y 700 = 1,75
Société X ->- Société Z 400
->- Société T
soit 7 actions de X contre 4 de Y.
Dans une scission partielle, la société scindée ne disparaît pas. Le nombre d'actions de Y à créer pour remplacer celles de X est donc
de 8YTF 000 = * ""f actions émises à leur valeur nominale.
L'augmentation de capital social de Y est alors de :
C 4571x300 =1371 300 F
La différence entre l'actif net apporté (3 200 000 F) et l'augmentation
de capital de Y (1 371 300 F) soit 1 828 700 F représente la prime de
fusion, inscrite au passif de Y et classée dans les réserves.
titres
distribuer
dans
ces
l'Les
La opération.
société
actionnaires
participations
les
primitifs
sociétés
àapporteuse
sesdesdebénéficiaires
actionnaires
actions
sont
la peut
société
majoritaires.
émises
conserver
de:scindée
elle
lapar
scission;
détient
les
recevront
les titres
Société
sociétés
alorsreçus
dans enlerésultant
XYéchange
descasauparticipations
deslieuholdings,
dededeleurs
les
Du côté de l'actif se trouvent alors réévaluées les immobilisations
correspondant aux apports de X. Il s'agit en général de terrains,
bâtiments, constructions neuves et travaux de génie civil, outillage et
matériel, matériel de transport ou immobilisations incorporelles.

PRODUCTION 5
3 677008 P 23 2
Tableau 1

Importance relative, par secteur, des entreprises ayant reçu des actifs en 1980
sur le champ des enquêtes annuelles d'entreprise

Chiffre Poids des entreprises


Nombre Effectif Chiffre Nombre Effectif d'affaires ayant reçu des actifs
d'affaires du secteur du secteur
d'entreprises de ces de ces d'entreprises (millions
Secteur d'activité du secteur (plus en en en
ayant de F) nombre
entreprises (plus de 20 (plus effectif chiffre
reçu entreprises (millions de 20 salarié d'affaires
salariés) de 20 d'entreprises
des actifs de F) salariés) salariés)
(1) (2) (3) (4) (5) (6)

Industries agricoles et alimentaires 37 13 042 9 365 3161 398 214 269 678 1,2 3,3 3,5
Énergie 1 108 25 177 288 252 379 500 0,6 e e
Biens intermédiaires 72 79 329 38 635 8 089 1310 681 507 996 0,9 6,1 7,6
dont : Chimie 10 39 732 23 278 336 137 172 110813 3,0 29,0 21,0
Biens d'équipement professionnel 48 107 315 34 461 5 203 1 058 492 322 873 0,9 10,1 10,7
dont :
Matériel électrique 8 44 258 12 996 707 219 116 59 034 1,1 20,2 22,0
Matériel électronique 13 55 575 18 864 745 218 461 61044 1,7 25,4 30,9
Biens d'équipement ménager 3 936 242 154 81 035 26 952 1,9 1.3 1.3
Matériel de transport terrestre 9 148 541 53 281 710 516154 186 041 1,3 28,8 28,6
Biens de consommation courante 64 44 731 12 535 10 612 1 138 216 311 885 0,6 3,9 4,0
dont ; Parachimie 9 23 490 5 705 546 109 903 50 347 1,7 21,4 11,3
Bâtiment - travaux publics 56 31 553 8 539 11 552 912 574 205 500 0,5 3.5 4,2
Commerce 154 61004 53 576 12 722 1 098 054 948 449 1.2 5,6 5,7
dont :
Commerce de détail d'alimentation
de grande surface 16 33 135 26 015 1 168 253 353 168 542 1,4 13,1 15,4
Commerce de détail non alimentaire
non spécialisé 3 8 324 3 398 138 70 972 29128 2,2 11,7 11J
Transports. . . ^ 26 4 038 2428 3 314 335 358 90 413 0,8 1,2 2,7
Réparation et commerce automobile.... 24 813 516 2 631 142 369 103 706 0,9 0,6 0,5
Holdings 20 478 409 357 11040 6 261 5,9 4,3 6,5

Total 1980 514 491888 214 012 58 682 7 290 439 3 359 254 0,9 6,7 6,4

Total 1979 430 460 738 280 334 58180 7 342 962 2 856 502 0,7 6,3 9,8
Graphique II
LE RÉGIME FISCAL DES OPÉRATIONS
Répartition sectorielle des entreprises DE RESTRUCTURATIONS
Afin d'encourager les opérations de restructurations, le
législateur a institué un régime fiscal qui atténue la rigueur des règles
de droit commun. Dans le régime de droit commun, il y a
Entreprises bénéficiaires Entreprises cédantes imposition immédiate, pour la société apporteuse, des plus-values
1979 1980 1979 1980 dégagées par l'opération. Ses déficits ne sont pas reportables
sur les bénéfices de la ou des sociétés bénéficiaires. Dans le cas
où celles-ci détiennent une partie du capital de la société
apporteuse, la plus-value dégagée par l'annulation des titres de la
société apporteuse est imposable. Enfin, en matière de droits
d'enregistrements, ces opérations entraînent au regard de la
ou des sociétés « absorbantes » ou nouvelles les mêmes
conséquences qu'une constitution de société.
170. En fait, le régime de droit commun est d'une portée très limitée,
car un « régime de faveur » o été prévu par la législation dès
lors que les apports ont été agréés par l'administration des
Finances. D'une manière générale, pour la société apporteuse
Y234 les plus values nettes dégagées sur l'actif immobilisé ne donnent
58 pas lieu à une imposition immédiate mais sont réintégrées de
56 façon échelonnée dans les bénéfices de la société absorbante.
Pour la société bénéficiaire, la prime de fusion ne constitue pas
un profit imposable; la plus-value résultant de l'annulation des
titres de la société apporteuse se trouve exonérée d'impôt. Les
57 56 déficits de la société absorbée peuvent être transférés à la société
160 197 absorbante. Les droits d'enregistrement bénéficient de même
d'une réduction.
' ' Enfin la fusion et l'absorption présentent toutes les deux un
137 154 caractère incitatif puisque la société absorbante peut calculer
ses amortissements sur la valeur réévaluée des immobilisations
apportées. L'absorption reste cependant une opération plus
159 131 couramment pratiquée puisque l'assiette imposable est inférieure
I à celle qui résulte d'une fusion tant en matière de plus-values
'ii dégagées sur l'actif immobilisé que de droits d'enregistrement.
96 85
| I
455 529 545 625

Mesurée sur le montant des immobilisations transférées, la


\/ /\ Industrie (y compris agroalimentaire) prépondérance des entreprises industrielles est encore plus
nette : leur part s'élève à 80 % (graphique III). Le secteur
des biens intermédiaires totalise sur les années récentes le
Bâtiment-travaux publics plus grand nombre d'opérations; il concentre à lui seul prè9
de la moitié des actifs transférés (tableau 2). Plusieurs très
Commerce grandes entreprises sont en effet concernées : Usinor et
Creusot-Loire dans la sidérurgie, Vallourec dans la première
transformation de l'acier, Tréfimétaux dans les métaux non
Autres ferreux, Saint-Gobain Industries dans le verre et Rhône-
Poulenc Industries dans la chimie. Le secteur des biens
d'équipement est, avec le quart des actifs transférés, le
second en importance.
Le poids des entreprises industrielles est aussi
L'industrie arrive en tête déterminant en terme d'effectifs et de chiffre d'affaires : 390 000
salariés en 1979 et 1980, 210 milliards et 150 milliards de
chiffre d'affaires, soit entre 70 % et 80 % des montants
Au sein des entreprises qui se restructurent, les entreprises relatifs aux bénéficiaires.
industrielles prédominent en nombre (graphique II) : 41 % Les entreprises bénéficiaires occupent une large place à
des bénéficiaires, 35 % des cédantes relèvent de l'industrie. l'intérieur de certains secteurs industriels, tels en 1980 le
L'importance des restructurations y est un fait ancien. Les matériel de transport terrestre, la chimie, le matériel
données collectées au début de la décennie [2] sur le champ électrique et électronique professionnel ou la parachimie
des entreprises de plus de 50 salariés, hors agroalimentaire, (tableau 1).
sont du même ordre de grandeur : 176 bénéficiaires en 1970,
187 en 1971 et 223 en 1972. Elles confirment la propension Le commerce suit de près l'industrie avec environ 30 %
marquée de l'industrie aux rapprochements d'entreprises. des entreprises bénéficiaires ou cédantes. Mais les transferts
PRODUCTION 7
2.
d'actifs sont loin d'avoir la même ampleur; tous les secteurs Graphique III
du commerce réunis ne parviennent pas à égaler, pour le
montant d'investissements reçus par voie d'apport le La prédominance de l'industrie
seul secteur du verre en 1979 ou celui de la chimie en 1980. (Répartition sectorielle des actifs transférés)
La part des entreprises bénéficiaires est proche de la moyenne
quel que soit l'indicateur retenu : 1 % en nombre, 6 % en en millions de francs 1979 1980
effectif et en chiffre d'affaires. Deux secteurs cependant ont
été, en 1980, particulièrement affectés par des modifications
de structure : le commerce de détail d'alimentation générale
de grande surface (hypermarchés, supermarchés) et le
commerce de détail non alimentaire non spécialisé
(es entiel ement grands magasins).
Viennent ensuite, par ordre décroissant, le bâtiment-
travaux publics et les transports; la part des bénéficiaires ou
des cédantes est respectivement de 10 % et 7 %; ces
secteurs totalisent moins de 4 % des actifs transférés.
Les effectifs et le chiffre d'affaires des bénéficiaires oscillent
entre 1 % et 4 %, à l'exception des auxiliaires de transport
pour lesquels ces parts dépassent 10 %. Le bâtiment-
travaux publics et les transports présentent en effet des Industrie (y compris agroalimentaire)
caractéristiques particulières. Le premier est peu concentré,
tandis que dans le second coexistent des activités
monopolistiques comme les transports ferroviaires et aériens, et I J Bâtiment - travaux publics
d'autres très dispersées comme les transports routiers.
D'une manière générale les rapprochements d'entreprises Commerce 357
ont une faible importance relative à la fois dans les secteurs 944*. 1120
très concentrés et dans ceux qui le sont peu. Dans la seconde 606
Autres 455
catégorie on comprend leur faible poids, dû au morcellement
des producteurs. Dans les secteurs très concentrés, on peut 8081 10954

Tableau 2
Répartition des entreprises bénéficiaires et cédantes et montant des actifs transférés, par secteur

Montants des actifs


Entreprises bénéficiaires Entreprises cédantes transférés
(millions de F)
1979 1980 1979 1980 1979 1980

Industries agricoles et alimentaires 26 37 28 45 484 611


Énergie 3 1 5 3 232 1
,

Biens intermédiaires 51 72 54 77 4 253 4106


,

Biens d'équipement professionnel 28 48 28 42 776 1 571


Biens d'équipement ménager 1 3 0 1 73 35
,

Matériel de transport terrestre 15 9 18 9 349 1939


Biens de consommation courante 41 64 37 62 279 759
Bâtiment - Travaux publics 57 56 56 58 85 357
Commerce 137 154 160 197 944 1120
Transports 45 26 42 36 107 277
Réparation et commerce automobile 27 24 72 21 250 16
Holdings 9 20 10 45 249 162
Autres 15 15 35 29
Total 455 529 545 625 8081 10 954
ENQUÊTES ANNUELLES D'ENTREPRISE ET MODIFICATIONS DE STRUCTURE

Les Enquêtes annuelles d'entreprise fournissent des informations En pratique, les différences de champ sont moins accusées qu'il n'y
originales sur les ventes et les facteurs de production (travail, capital paraît et ceci pour trois raisons majeures. Le dénombrement des
et consommations intermédiaires). Certaines de ces données sont petites entreprises, dans les secteurs où il est effectué, paraît moins
réparties par branche et parfois par établissement. Elles comportent fiable que celui relatif aux grandes; l'absence de publicité autour
aussi des questions permettant de vérifier la continuité des entreprises de ces opérations ne permet pas d'en garantir l'exhaustivitê. En
et de suivre leurs changements de configuration. Cette information second lieu, les petites entreprises industrielles qui ont reçu ou cédé
est indispensable pour apprécier la vraisemblance des évolutions et des actifs d'une entreprise appartenant au champ des enquêtes sont
comprendre la dynamique du système productif. Elle permet aussi repérées dans le questionnaire de celle-ci. Enfin la recherche de seuils
un repérage statistique des modifications de structure. équivalents dans les différents secteurs aboutirait probablement à
Sur les exercices 1979 et 1980, le champ sectoriel des enquêtes annuelles une échelle peu différente de celle effectivement appliquée. D'autres
couvre l'industrie, le bâtiment - travaux publics, le commerce, les facteurs que les effectifs peuvent intervenir en effet pour apprécier
transports et quelques secteurs des services. l'importance d'une entreprise, comme le chiffre d'affaires dans le
commerce ou les titres de participation dans les holdings.
Les entreprises industrielles et commerciales ainsi que les holdings
ont eu à répondre pour 1979 et 1980 à des questions normalisées
portant sur : Enfin quelques éléments d'appréciation sur la fiabilité des données
— la nature de la modification de structure (fusion, scission, peuvent être apportés en comparant les résultats tirés des cadres
absorption, apport partiel d'actifs); « modifications de structure » à ceux relatifs à l'investissement, en
— la date de la décision et la date d'effet; nombre d'entreprises bénéficiaires et en montant d'actifs transférés.
— les entreprises concernées;
— le montant des transferts d'actifs ou cessions à leur valeur d'apport.
La cohérence de ces montants avec les déclarations faites par ailleurs
dans le questionnaire sur les investissements par voie d'apport ou les
cessions d'actifs peut être contrôlée.
Les informations collectées sur les entreprises du bâtiment - travaux 1979 1980
publics et des transports n'ont ni la même richesse, ni la même
fiabilité. En particulier, la valeur des actifs reçus ou apportés n'est pas
renseignée pour chaque opération, ce qui empêche toute évaluation
des transferts d'immobilisations opérés par ces entreprises à l'intérieur Actifs reçus par voie d'apport (millions de F) :
ou vers l'extérieur de leur secteur.
— du cadre «Modifications de structure». 8 083 11061
Ces cadres sont complétés et exploités par les responsables sectoriels — du cadre « Investissement »
du Système unifié de statistiques d'entreprise. 7161 10275
Nombre d'entreprises bénéficiaires :
En terme de taille d'entreprise, le champ d'investigation théorique — du cadre « Modifications de structure ». 455 529
varie d'un secteur à l'autre :
— du cadre « Investissement » 422 447
Nombre de salariés
Secteur à partir duquel
sont interrogées
les entreprises

Industrie 100
Holdings 0 Les grandeurs sont comparables, ce qui donne une bonne idée de la
Commerces 20 cohérence interne de la source Enquêtes annuelles. Quelques
Industries agricoles et alimentaires, 10 problèmes d'observations restent encore à résoudre dans les déclarations
Bâtiment-travaux publics 50 du cadre « investissement » : absence de l'entreprise bénéficiaire,
Transports 10 rétroactivité fiscale, etc. Ils expliquent la plus grande richesse des
informations recueillies dans les cadres « modifications de structure ».

penser que les principaux rapprochements ont déjà eu lieu Les holdings occupent une place à part dans l'ensemble
et que la concentration peut difficilement être accrue. des entreprises. Une modalité fréquente de scission
consiste pour une société à se séparer en deux entités
La réparation et le commerce de l'automobile ainsi que économiques et juridiques distinctes. L'une d'elles regroupe les
les holdings sont les seuls secteurs des services couverts activités et donc les facteurs de production, l'autre, le holding,
par l'enquête annuelle d'entreprise. Le premier, détient la majorité du capital de la première société, dans
habituellement peu touché par les restructurations, a connu en 1979 laquelle elle se réserve le droit d'intervenir pour en contrôler
des bouleversements : la réorganisation des réseaux de la gestion. Certaines entreprises appartenant à un groupe qui
commercialisation de Chrysler autour de la Société se restructure transitent parfois par l'état de holding avant
commerciale automobile s'est traduite par une trentaine que leur groupe n'adopte sa configuration définitive; ce fut
d'absorptions et une douzaine de transferts d'actifs. le cas par exemple de Nobel Bozel.
PRODUCTION
Les entreprises bénéficiaires Graphique IV
sont plus diversifiées Les entreprises bénéficiaires d'apport
sont plus diversifiées
Les restructurations prennent souvent la forme d'un (Poids de l'activité principale dans le chiffre d'affaires) *
transfert d'activités. Ce phénomène est de nature à accroître
la diversification des entreprises bénéficiaires. Il a cependant
des effets différents selon la nature de l'opération. Alors que
l'apport partiel d'actifs est souvent justifié par un souci de 100 k%
regrouper des activités similaires, et reste donc neutre du ■Entreprises
ni cédantes
bénéficiaires BTP
point de vue de la diversité, la fusion et l'absorption sont
de nature à accroître la liste des activités de l'entreprise 90 Consom.
qui en bénéficie. A l'inverse la scission signifie souvent une courante
#.
plus forte spécialisation pour les sociétés qui en résultent.
Mais le poids des scissions est suffisamment faible pour que 80 Biens M
intermédiaires v
ce soit la tendance à la diversification qui l'emporte. Commerce y Énergie,
70 Équipement
Bien qu'il n'ait pas été possible de comparer les profession,
entreprises avant et après les opérations, on a pu vérifier que les
entreprises bénéficiaires étaient plus diversifiées que les 60 . Rép. auto Équipem.
entreprises à configuration inchangée. Pour cela, on a ménager
compté le nombre d'activités différentes qu'elles exerçaient
au sens de la nomenclature des activités en 600 postes. En 50
1980, 44 % des entreprises bénéficiaires exercent trois
activités ou plus, contre 32 % pour les entreprises ni 40
bénéficiaires ni cédantes. Parmi les premières, 15 % exercent au
moins six activités, contre 6 % des secondes. En outre, le
poids de la branche d'activité principale dans le chiffre 30 Entreprises
d'affaires diffère de manière significative dans les deux sous- bénéficiaires d'apport
1980 — ' « ' l_
populations (graphique IV). En 1979 et 1980, il est compris 30 40 50 60 70 80 90 100 %
'

1
entre 61 % et 66 % en moyenne chez les bénéficiaires (hors holdings)
d'apports contre 77 % chez celles qui n'ont pas connu de ( »M)ooint moyen 1980
restructurations. L'écart est beaucoup plus accusé dans le •M point moyen 1979
commerce ou la réparation automobile que dans le
bâtiment - travaux publics, les industries agroalimentaires ou de * La diagonale correspond aux secteurs dans lesquels le
biens d'équipement. poids de l'activité principale dans le chiffre d'affaires serait
Fait remarquable, le phénomène ne s'atténue pas si on se le même chez les bénéficiaires et chez les entreprises à configU'
limite aux entreprises de plus de 500 salariés qui, on le sait, ration inchangée.
sont plus diversifiées que les petites : 61 % des
bénéficiaires exercent plus de trois activités, contre 55 % chez les
autres; 24 % en exercent au moins six, contre 18 %. En
outre, l'activité principale représente 59 % du chiffre
d'affaires des bénéficiaires et 70 % dans la population des Depuis l'installation dans la crise, les mouvements d'actifs
entreprises à configuration inchangée. semblent procéder d'une autre démarche. Une étude portant
sur les années 1973 à 1979 constatait déjà que les entreprises
Si les restructurations ont plutôt tendance à accroître la bénéficiaires n'étaient pas plus performantes que les
diversification des entreprises bénéficiaires, il est difficile, autres [3]. Elles présentaient même un taux de croissance
compte tenu des données disponibles, d'en apprécier l'effet de la valeur ajoutée un peu inférieur. L'hypothèse suivante
sur les entreprises cédantes qui continuent d'exister après était avancée : les restructurations touchaient souvent des
l'opération. La résultante de ces mécanismes sur la diversité entreprises en difficulté, cherchant à assurer leur survie en
des secteurs n'apparaît donc pas explicitement. renforçant leurs actifs dans un créneau porteur ou en se
dégageant d'activités peu compétitives.
Les données relatives aux années 1979 et 1980 confirment
Se restructurer pour se défendre... cette analyse. La part de la valeur ajoutée dans le chiffre
d'affaires est plus faible pour les entreprises bénéficiaires
d'apport que pour les entreprises à configuration inchangée
Les restructurations des années 1965 à 1972 ont été liées (graphique V). Les deux sous-populations se distinguent
à la détermination des pouvoirs publics de favoriser la encore plus par leurs taux de marge : l'excédent brut
constitution d'un petit nombre de groupes de dimension d'exploitation représente 12,3 % de la valeur ajoutée pour les
internationale. En même temps se répandait l'idée d'une premières, 31,9 % pour les secondes. L'écart est du même ordre
meilleure efficacité économique des entreprises de grande de grandeur pour les seules entreprises de plus de 500
taille dans un contexte de croissance économique forte [2]. salariés : 11,7 % contre 29,6 %.
10
Graphique V ...ou pour conquérir des marchés

Les entreprises bénéficiaires d'apport résistent La volonté ou la nécessité d'accroître ses parts de marché
moins à l'alourdissement à l'extérieur est aussi un puissant motif de restructuration.
des consommations intermédiaires Depuis 1973, les entreprises bénéficiaires sont plus ouvertes
au marché international que les autres, et le sont même de
(Part de la valeur ajoutée dans le chiffre d'affaires) * plus en plus ([3] et graphique VI). Dans des secteurs tels que
les biens d'équipement professionnel, le matériel de
transport terrestre et le bâtiment - travaux publics, les
70 Entreprises entreprises semblent contraintes de s'organiser pour mieux
ai bénéficiaires soutenir la concurrence étrangère et maintenir une base
ni cédantes d'exportation compétitive. Et, de fait, les bénéficiaires d'apport
60 BTP y ont un taux d'exportation supérieur aux autres entreprises
de leur secteur. L'obtention d'une taille minimale, la
50 réalisation d'économies d'échelle, le fait de compléter la gamme
Equipem. *onsom. courante des produits fabriqués ou l'extension des réseaux de
profession./ Transports commercialisation peuvent permettre d'exporter ou d'exporter plus
40 Biens et de compenser la faiblesse de la demande intérieure par
intermédiaires MJT une meilleure réponse à la demande extérieure.
Énergie
30 Équipem.
ménager
20 Commerce/ IÂA Graphique VI
10 - Rép. auto Les entreprises bénéficiaires sont plus ouvertes
au marché international
Entreprises (Part du chiffre d'affaires réalisé à l'exportation
bénéficiaires d'apport
1980 10t_ dans le chiffre d'affaires total) *
20 30 40 50 60 70
(hors holdings)
( «M/point moyen 1980
•M point moyen 1979 -Entreprises
ni bénéficiaires
* La diagonale correspond aux secteurs dans lesquels le poids ni cédantes
de la valeur ajoutée dans le chiffre d'affaires serait le même
pour les bénéficiaires et pour les entreprises à configuration
inchangée.

Après le second choc pétrolier, les entreprises


bénéficiaires semblent davantage affectées par l'alourdissement des
consommations intermédiaires et le ralentissement de la
demande. Rationaliser la production, réaliser des économies
de gestion, réduire les frais généraux et les coûts sont des
impératifs d'autant plus forts que la rentabilité des
entreprises est menacée. Les restructurations peuvent alors être
considérées comme un des moyens de surmonter ces
difficultés.
Entreprises
Cette explication vaut pour le matériel de transport bénéficiaires d'apport
terrestre, le bâtiment-travaux publics et surtout les biens 1980 5 10 15 20 25 30 35 40 45 %
intermédiaires, seul secteur à connaître en 1980 un excédent (hors holdings)
brut d'exploitation globalement négatif pour les entreprises ,M)point moyen 1980
bénéficiaires d'apports. En revanche les modifications de •M point moyen 1979
structure réalisées dans les transports ou les biens de
consommation courante ne relèvent pas d'une stratégie défensive;
les entreprises bénéficiaires ont un taux de valeur ajoutée et * La diagonale correspond aux secteurs dans lesquels la part
un taux de marge supérieurs à ceux relatifs aux entreprises du chiffre d'affaires à l'exportation serait la même pour les
à configuration inchangée. bénéficiaires et pour les entreprises à configuration inchangée.
PRODUCTION 11
Dans les secteurs où la propension à exporter est faible, rieur d'un même groupe; il s'agit alors d'une redistribution
le taux d'exportation est plus faible chez les bénéficiaires. des cartes à l'intérieur d'un réseau d'entreprises liées entre
Mais les différences entre les deux sous-populations sont elles; les centres de décision sont en amont des entreprises
réduites. Les restructurations paraissent relever d'une logique concernées. Un deuxième type recouvre des opérations
identique dans les industries agroalimentaires et les biens « internes-externes », c'est-à-dire des échanges entre deux
de consommation courante, ou renvoyer à une logique plus groupes ou entre un groupe et le reste du système productif.
centrée sur le marché intérieur dans le cas du commerce. Enfin le troisième type d'opérations affecte des entreprises
Les transports font exception, mais leur comportement est n'ayant aucun lien financier entre elles et n'appartenant à
atypique à plus d'un égard. aucun groupe, et qui décident donc elles-mêmes du transfert
d'actifs et de ses modalités.
En 1979 comme en 1980, parmi les entreprises
Les groupes sont impliqués bénéficiaires du seul champ de l'industrie, c'est plus d'une sur
dans la plupart des opérations deux qui est concernée peu ou prou par les groupes
(graphique VII) : en 1980, 41 % des bénéficiaires appartiennent
Le rôle des groupes dans les restructurations a déjà été au même groupe que les sociétés apporteuses tandis que 15 %
souligné [2]. Pour mieux le cerner, il convient de distinguer participent à des opérations « internes-externes ». Pour les
trois types d'opérations. Les premières s'effectuent à entreprises de plus de 500 salariés le rapport s'établit à trois

Graphique VII
Les groupes sont présents dans la plupart des opérations *
Opérations 72

internes à un groupe
64
'.'.\'i internes-externes

indépendantes

48

12
37

(32)

34
(17)
(15)
(13) 25
'.'7\ 21
if
1 13
8 12 (o)
1980 (o)
Industries Energie Biens Biens Biens Matériel de Biens de
pement d'équipement transport
agro-alimentaires diaires profession. ménager terrestre tion courante
La colonne de gauche représente l'ensemble des entreprises bénéficiaires, la colonne de droite celles de plus de 500 salariés.
12
contre quatre : 65 % se restructurent au sein de leur propre opérations complexes et à stratégies multiples entraînent
groupe, 10 % lors d'opérations internes-externes. Il est vrai parfois de tels bouleversements à l'intérieur des groupes
que 63 % des entreprises de plus de 500 salariés qu'elles contribuent à les remodeler et à en redéfinir presque
appartiennent à la mouvance des groupes [4]. entièrement les composantes.
Les groupes sont ainsi impliqués dans la majorité des Dans les restructurations « internes-externes », le
opérations de restructurations. Les transferts d'actifs font désengagement ou le renforcement d'activités se traduit
partie intégrante de leur vie, qu'il s'agisse de leur formation fréquemment par une modification du contour de la mouvance des
ou de leurs mutations. Sur les deux années, certains secteurs groupes, lorsque sont concernées une entreprise de la
ont connu de véritables bouleversements. On peut mouvance et une entreprise qui lui est extérieure. Ils peuvent
mentionner, pour ne citer que les grands groupes et sans prétendre aussi renvoyer à des transferts entre groupes, lorsqu'il
à l'exhaustivité, les réorganisations qui ont affecté BSN- s'agit d'entreprises appartenant à deux groupes différents.
Gervais-Danone ou Pernod-Ricard dans les industries En 1979 par exemple, l'apport partiel d'actifs de Tréfimétaux
agroalimentaires, Erap dans l'énergie, Péchiney-Ugine-Kuhlman, à la société des Fils Emaillés (qui devient Tréficable- Pirelli)
Saint-Gobain-Pont-à-Mousson, Ciments Lafarge, Creusot- correspond à la cession d'une des filiales de PUK au groupe
Loire, Rhône-Poulenc ou les Charbonnages de France dans Pirelli [5].
les biens intermédiaires, CGE, Thomson-Brandt, Alsthom-
Atlantique ou Schneider dans les biens d'équipement
professionnel, Peugeot, Citroën dans le matériel de transport
terrestre, enfin Biderman, Revillon-Frères, Vestra-Union, S'assemble qui se ressemble
Gesparal ou Bayard-Presse dans les biens de consommation
courante. En 1979 comme en 1980, près des trois quarts des
restructurations ont concerné des entreprises situées dans la même
rubrique du « niveau 40 » de la nomenclature des activités,
La recherche d'une organisation tant en nombre d'opérations qu'en montant d'actifs transférés
(graphique VIII). Les opérations entre entreprises exerçant
plus efficace des activités principales proches sont donc prépondérantes.
Les restructurations renvoient à des logiques qui, sans
être propres aux groupes, prennent néanmoins en leur sein
une dimension particulière. D'une façon générale, quatre Graphique VIII
types de réorganisation peuvent être distingués. Une majorité d'opérations intrasectorielles
Une société peut se scinder en un holding relais et une (Poids des restructurations inter et intrasectorielles)
société de production, qui reprend les activités et les moyens
de production (effectifs, immobilisations...). Des fonctions
incombant traditionnellement à la même unité économique Nombre d'opérations Montant des actifs
et juridique, par exemple la production et la 1979 1980 1979 1980
commercialisation, peuvent être éclatées entre différentes sociétés du
groupe. L'éclatement ou le regroupement d'activités
productrices est une autre modalité qui obéit à un souci de
délimitation des risques ou de renforcement de la position
d'une entreprise dans une branche donnée. Enfin les unités
dépendant d'un groupe peuvent être réorganisées par zone
géographique pour faciliter la gestion ou mieux circonscrire
les marchés.
Les opérations relevant du premier type représentent
le quart des scissions dans l'industrie. Saint-Gobain 375 410 Intrasectorielles 8360
Industries, Biderman Cie, Carnaud, les Éditions mondiales en
sont des illustrations. Hormis celles-ci, les restructurations
au sein d'un groupe ont plus fréquemment relevé du
troisième type. Citons par exemple la filialisation de l'activité
de « sidérurgie produits longs » réalisée par la scission en
1980 de Creusot-Loire et la création de Creusot-Loire Dunes
qui prendra la dénomination de Compagnie française des 85 141 Intersectorielles 2188 2067
aciers spéciaux, ou l'apport partiel d'actifs de Cit- Alcatel à
Telic en 1979 qui permet à CGE de regrouper son activité
de téléphonie privée [5]. 460 551 7891 10427
opérations millions de F.
Il n'est pas possible de déterminer avec précision la (hors BTP et Transports) d'actifs transférés
fréquence d'occurrence de chacun de ces types, non seulement (hors BTP et Transports)
en raison de l'insuffisance de l'information recueillie, mais
encore parce que ces différents types existent rarement à 1 . Entre entreprises à l'intérieur d'un même « niveau 40 » de la
l'état pur mais sont le plus souvent combinés. Enfin certaines nomenclature des activités
PRODUCTION 13
3 677008 P 23 3
Tableau 3 A

Répartition des opérations (1980)

Secteur de l'entreprise ayant


Secteur de l'entreprise ayant cédé des actifs
02 03 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 A 15 B 16 17 18

Viande et produits laitiers T02 8 1


Autres produits agricoles et alimentaires T03 1 22
Produits pétroliers, gaz naturel » T05 1
Électricité, gaz, eau T06
Minerais et métaux ferreux T07 1 i
Minerais et métaux non ferreux T08 5 1
Matériaux de construction T09 11 1 1
Verre T10 3
Chimie de base, T11 1 10 2 1 1
Parachimie, pharmacie T12 23 1
Fonderie, travail des métaux T13 1 15 1 2
Construction mécanique TU 21 1 1 1
Matériel électrique et électronique professionnel T15A 2 16
Matériel d'équipement ménager T15B 1
Matériel de transport terrestre T16 1 1 6
Construction navale, aéronautique, armement T17 1 1 1
Textile, habillement T18 14
Cuirs, chaussures * • • . T19
Bois, meubles, industries diverses T20 2
Papier, carton T21
Imprimerie, preste, édition , T22 1
Caoutchouc, matières plastiques T23 1
Bâtiment, travaux publies T24 1 3
Commerce de gros alimentaire T25 2 3
Commerce de gros non alimentaire. T26 1 2 1 1 1 2 1 1
Commerce de détail alimentaire T27
Commerce de détail non alimentaire T28 1
Réparation et commerce de l'automobile T29 1
Transports T31 1
Holdings T33 3 1 3 2 2 3
Autres 1 1 2 1 2 1 2 2 1 3 1
Total 11 31 1 4 7 13 4 1e 31 24 32 25 3 IS 1 21

14
Cette tendance vaut dans presque tous les secteurs. Le
tableau 3 ventile les opérations et la valeur des
immobilisations transférées selon le secteur de l'entreprise
bénéficiaire et celui de la cédante. La diagonale principale regroupe
En nombre ! d'opérations les opérations internes à un même secteur, et fait ressortir
reçu des actifs leur primauté.

19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 31 33 Autres Total On pourrait objecter que le niveau 40 utilisé n'est pas


d'une finesse suffisante, d'autant qu'il est lié à la notion de
filière. Mais, parmi les opérations qui se situent à l'intérieur
1 10 du même niveau 40, 80 % à 85 % s'effectuent au sein du
1 1 25 même niveau 600. Le regroupement d'entreprises de même
activité principale est donc une tendance forte des
1 restructurations. Certains secteurs sont plus particulièrement
1 1 touchés par ce phénomène : le bâtiment - travaux publics, les
commerces, la réparation automobile et les transports.
1 2
Les entreprises ne semblent pas rechercher, par le
1 7 mécanisme des transferts partiels ou totaux d'actifs, une
1 14 concentration qui opérerait par intégration des stades successifs
3 de la production d'un produit, afin de contrôler une filière
dans son ensemble. Elles ne visent pas davantage à
1 16 diversifier leurs activités. Il reste toutefois probable que ces
1 25 formes de concentration se réalisent par d'autres voies,
comme les prises de participation.
19
Outre la prépondérance des opérations horizontales, le
1 1 1 1 28 tableau 3 met en évidence le nombre non négligeable
1 19 d'opérations auxquelles prennent part les holdings. Cette
observation confirme le rôle central de ces sociétés dans certaines
1 restructurations. En outre, plus d'un secteur sur deux
1 9 connaît des modifications dans lesquelles sont impliquées des
4 entreprises du commerce, surtout du commerce de gros non
1
alimentaire. S'agissant d'immobilisations du commerce,
1 1 16 les transferts sont toutefois de faible importance.
1 1 Ces opérations renvoient à deux types de comportement.
8 10 Pour les grandes entreprises, ce peut être un des aspects
que revêt la finalisation des activités, à travers l'autonomi-
6 2 3 11 sation de la fonction de commercialisation. Onze opérations
11 1 13 de ce type ont eu lieu, dont cinq dans lesquelles les
entreprises cédantes appartenaient au secteur des transports.
6 7
56 1 61 Au contraire pour les petites ou moyennes entreprises,
le renforcement des fonctions commerciales permet à
39 1 1 1 47 l'absorbante d'atteindre une taille suffisante pour exporter, pour
1 1 81 1 94 consolider sa position sur les marchés ou pour obtenir le
financement de nouveaux investissements. C'est le cas
32 32 pour une douzaine d'entreprises industrielles qui reçoivent
1 1 22 25 des actifs de sociétés du commerce de gros non alimentaire,
et de cinq entreprises des industries agroalimentaires qui
19 20 bénéficient de transferts en provenance du commerce de
5 2 34 42 gros alimentaire.
2 1 2 1 1 2 1 26 4 54 Qu'ils soient intra ou intersectoriels, les transferts d'actifs
2 1 1 2 2 3 2 30 représentent pour l'entreprise bénéficiaire un investissement
par voie d'apport. Cet investissement est différent de celui
1 16 9 17 11 58 42 92 M 22 24 38 27 15 «47 réalisé hors apport puisqu'il s'agit d'immobilisations déjà
existantes.
PRODUCTION
3.
Tableau 3B
Répartition des montants d'actifs transférés (1980)*

Secteur de l'entreprise ayant


Secteur de l'entreprise ayant cédé des actifs
02 03 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15A 15 B 16 17 18

Viande et produits laitiers . T02 56 2


Autres produits agricoles et alimentaires . T03 7 222
Produits pétroliers, gaz naturel . T05 1
Électricité, gaz, eau . T06
Minerais et métaux ferreux T07 795
.

Minerais et métaux non ferreux T08 98 15


,

Matériaux de construction . T09 354 51 1


Verre T10 12
Chimie de base , . T11 11 2056 33 19 1
Parachimie, pharmacie . T12 104 4
Fonderie, travail des métaux . T13 1 116 6 14
Construction mécanique . T14 88 7 e 1
Matériel électrique et électronique professionnel T15A 30 1220 34
Matériel d'équipement ménager T15B e
Matériel de transport terrestre . T16 1 76 1764
Construction navale, aéronautique, armement . T17 4 59 1
Textile, habillement . T18 150
Cuirs, chaussures . T19
Bois, meubles, industries diverses . T20 6
Papier, carton . T21
Imprimerie, presse, édition . T22 7
Caoutchouc, matières plastiques . T23 20
Bâtiment, travaux publics . T24 11 8
Commerce de gros alimentaire . T25 7 16
Commerce de gros non alimentaire . T26 2 1 4 e e 4 1 1
Commerce de détail alimentaire . T27
Commerce de deuil non alimentaire . T28 8
Réparation et commerce de l'automobile . T29 1
Transports . T31 e
~~
Holdings . T33 171 37 19 28 88
__
Autres . 119 1 102 2 50 4 9 5 44 100 1
Total 70 541 1 908 100 358 12 2178 189 140 247 1323 35 1939 1 249

* On ne connaît pas la provenance des actifs reçus dans le Bâtiment-Travaux publics et les Transports. Par convention on les
16
Le bilan d'une année
de vie économique
En millions de F
reçu des actifs

19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 31 33 ititM* Total RAPPORT


SUR LES COMPTES
s 58 DE LA NATION
4 84 5 322 AV.
1
4 4
5 800
tomes
types
Ce volume
d'utilisation.
correspondant
se compose àde quatre
18 131
e 406
12 • Tome I - LE RAPPORT -
Document d'actualité qui retrace
169 2289 l'évolution économique au cours de
l'année 1982 et présente les
1 109 principaux résultats des comptes
annuels.
137
1 s e 97 • Tome II - LES TABLEAUX
COMMENTÉS - Document de
78 1362 référence, regroupant par domaine
d'information les données
e chiffrées détaillées accompagnées de
notes techniques et de
6 1847 commentaires économiques succincts.
1 65 • Tome III - LES COMPTES ET
1 e 151 AGRÉGATS - Documentation de
base indispensable pour toute
1 1 étude économique sur la France
entre 1975 et 1982.
27 33
224 2 52 278 • Tome IV - DOCUMENTS - Les
guides (index, lexiques,
163 1 171 nomenclatures) - Les tableaux d'entrées -
sorties.
68 88
357* 376
45 3 71
2 e 206 221
ï 464 464 Les «■ Collections de l'INSEE»,
série C « Comptes et
2 150 37 197 planification », n°> 108-109, 200 F.
11 12
CONSULTATION, VENTE : P 504
4 2 277* 283
Dans les observatoires
38 36 75 4 29 1 78 604 économiques régionaux de l'INSEE
(adresses en fin de publication) et chez
4 23 e 5 2 471 les libraires spécialisés.
1 7» 285 241 125 357 54 383 646 37 16 277 162 107 11061 Institut National de la Statistique
et des Études Économiques
fait figurer sur la diagonale.
PRODUCTION 17
Tableau 4
Transferts d'actifs et investissements par secteur
Millions de F

Investissements Actifs reçus Actifs nets reçus


Secteurs hors apport par voie d'apport (solde des transferts)
1979 1980 1979 1980 1979 1980

Viande et produits laitiers 2 381 2761 182 70 — 8 12


Autres produits agricoles et alimentaires. 6 435 5 380 302 541 93 219
Combustibles, minéraux solides 926 1 531
Produits pétroliers, gaz naturel 3 043 4 461 224 74 — 1
Électricité, gaz, eau 27 746 35 527 8 1 e — 3
Minerais, métaux ferreux 2429 2 630 1 302 908 — 142 108
Minerais, métaux non ferreux 5006 5 528 46 100 — 332 — 31
Matériaux de construction 2 646 3 575 269 358 151 — 48
Verre » 654 965 1707 12
Chimie de base 4713 5 473 398 2178 72 — 111
Parachimie, pharmacie 1 920 2121 86 189 — 26 80
Fonderie, travail des métaux 2 774 3 735 255 140 8 3
Construction mécanique 3004 3 742 85 247 — 105 150
Matériel électrique et électronique professionnel 6 563 8 078 683 1 323 222 — 39
,

Matériel d'équipement ménager 868 1053 73 35 68 35


Matériel de transport terrestre 7133 9 334 349 1939 — 136 92
Construction navale aéronautique, armement. . . . 1 327 2 222 8 1 8 — 64
Textile, habillement 2 459 2 666 106 249 11 98
Cuirs et chaussures 386 464 13 1 11
Bois, meubles, industries diverses 1914 2 213 56 79 — 40 46
Papier, carton 1513 2 093 16 285 3 7
Imprimerie- presse - édition » 1616 1761 18 241 e 70
Caoutchouc, matières plastiques 2176 2 630 260 125 119 37
Bâtiment - travaux publics 6 690 5 628 85 357 (- 13) (- 19)
Commerce de gros alimentaire 4 284 2 987 92 54 — 86 — 17
Commerce de gros non alimentaire 7182 4 786 334 383 — 11 162
Commerce de détail alimentaire 5 829 4030 298 646 — 38 182
Commerce de détail non alimentaire 7 701 1 626 220 37 94 — 160
Réparation et commerce de l'automobile. 3 573 2181 250 16 165 4
Transports 11305 8 235 107 277 (- 43) (- 6)
,

Holdings 719 611 249 162 108 — 442


Total 135 989 140027 8081 10 954
(5,9 %) (7,8 %

En 1979 et 1980, l'investissement par voie d'apport tives à Usinor, Creusot-Loire, Vallourec) et à 35 % Tannée
équivaut en moyenne à 7 % de l'investissement total hors apport suivante (création de Creusot-Loire Dunes). En 1980, dans
(tableau 4). La dispersion sectorielle est forte. Le cas extrême la chimie de base, leur importance s'élève à 40 % (scission
est représenté par l'industrie du verre qui connaît en 1979 de Rhône-Poulenc Industries et naissance de Chlce Chimie).
des mouvements d'actifs d'une ampleur trois fois supérieure Le matériel électrique et électronique professionnel connaît
au total de l'investissement hors apport (scission de Saint- aussi d'importants mouvements : 10 % de l'investissement
Gobain Industries). Dans les minerais et métaux ferreux, hors apport en 1979, 16 % en 1980 (Cit-Alcateî, Thomson-
ils se montent à 54 % sur la même année (opérations Brandt, Alsthom- Atlantique sont impliquées). Il en est de
18
même sur cette dernière année pour le matériel de transport toutefois légèrement imprécise : l'origine des investissements
terrestre (fusion de Automobiles Peugeot avec Automobiles par voie d'apport relatifs au bâtiment - travaux publics
Talbot), le papier-carton, l'imprimerie-presse-édition, où et aux transports n'étant pas connue, Us ont été imputés en
des groupes de taille moyenne se restructurent, ainsi que totalité à leur propre secteur. Mais compte tenu des
le commerce de détail alimentaire (Carrefour, Casino, Pri- spécificités de ces secteurs et de la faiblesse des masses
sunic échangent des actifs). A l'inverse, certains secteurs se concernées, le biais peut être considéré comme peu important.
caractérisent par la rareté, voire l'inexistence des mouvements D'une façon générale, les actifs nets reçus sont faibles,
d'actifs : ce sont les minéraux solides et cokéfaction, la et en tout cas, toujours inférieurs au dixième de
production de pétrole et gaz naturel, l'électricité-gaz et eau, et l'investissement hors apport. Une exception, les holdings, pour des
la construction navale, aéronautique et armement. Ces raisons inhérentes à ce secteur. Lorsqu'une entreprise
secteurs sont peu fluctuants en raison de leur structure oligo- industrielle connaît une restructuration qui la transforme en
polistique et de leur dépendance à l'égard des pouvoirs holding, elle perd ses immobilisations au profit des
publics. entreprises de production créées en même temps. Inversement,
lorsqu'une société holding absorbe ses filiales, elle quitte
son secteur pour venir se classer dans celui correspondant
Un jeu à somme nulle à l'activité dominante des sociétés absorbées. Ces
mouvements d'actifs ont une importance relative
considérable dans une classe d'entreprises qui possèdent structu-
Lorsque les opérations sont horizontales, les rellement peu d'immobilisations.
immobilisations acquises par les sociétés bénéficiaires et celles
apportées par les cédantes se compensent sectoriellement, si l'on Enfin, outre la faiblesse des actifs nets reçus, on peut
excepte toutefois la réévaluation des actifs apportés, qui remarquer l'absence de régularité dans le signe du solde
peut être importante. Il n'en est pas de même lorsque les dégagé ([2] et tableau 4). Un signe positif une année est la
opérations sont intersectorielles. Le solde des transferts plupart du temps le pendant d'un signe opposé la deuxième
d'actifs permet d'apprécier une des formes que revêt la année. Ainsi, dans ce jeu à somme nulle, il est peu de
croissance ou la décroissance externe des secteurs réalisée secteurs qui se retrouvent véritablement gagnants. Ceci confirme
du fait des opérations de restructurations. Sa mesure est le caractère massivement horizontal des restructurations
des années récentes.

BIBLIOGRAPHIE

[1] P. Blum et A.-P. Weber : « Les mouvements de [4] V. Thollon-Pommerol : « Les groupes publics et privés »,
concentration dans l'industrie française en 1971 », Économie et Économie et statistique, n° 147, septembre 1982.
statistique, n° 37, septembre 1972.
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l'Industrie sur la concentration industrielle entre 1970 et concentrations réalisées dans l'industrie française », Documents
1972 », Économie et statistique, n° 68, juin 1975. rectangles pour 1979, Archives et Documents, n08 4 et 18
pour 1980.
[3] R. Brocard, B. Micha et D. Peissel : « Évolution et
mutation du système productif français entre 1973 et 1979 »,
Banque de France, 1981.

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