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Texte n°1

Il veut donner sa boulangerie au SDF qui l'a sauvé

Michel, boulanger, a été sauvé grâce à un SDF. Pour le remercier, il l'a embauché. Et aujourd'hui, il
veut lui o rir plus.
Pour le remercier de lui avoir probablement sauvé la vie, un boulanger de Dole (Jura) envisage de
donner contre un euro symbolique son fonds de commerce à Jérôme, un sans-domicile- xe.
Retour au 3 décembre dernier. Ce jour-là, Jérôme vient, comme souvent, voir Michel Flamant. « On
était bien copains, je venais souvent le voir, tôt le ma n, à son fournil. Il faisait chaud et on
discutait », raconte le sans-abri. Mais « ce ma n-là, poursuit-il, je l'ai trouvé inanimé ».
La réac vité et le sang-froid de Jérôme font toutefois des miracles. « Je l'ai sor et j'ai aver les
secours. » Le vieux boulanger, inconscient, est en fait intoxiqué par une fuite de gaz... venant de son
four ancien. Grâce à l'aide de Jérôme, de précieuses minutes sont gagnées.
Après une période d'hospitalisa on et un beau mouvement de solidarité de ses confrères boulangers
qui ont fabriqué plus de pain durant ce e période d'inac vité, Michel a pu reprendre le travail, mais il
n'a pas oublié le geste de son ami SDF. Alors, sitôt sor d'a aire, il décide de faire un geste. « J'ai
pensé que le meilleur moyen de le récompenser, c'était de lui montrer mon mé er », explique le
désormais sauvé boulanger. Et, aujourd'hui, la boulangerie Flamant a donc un nouvel employé qui
découvre cet univers. Michel vient d'embaucher Jérôme Aucan pour l'aider à la fabrica on des pains.
Jérôme, 37 ans, sans domicile xe bien connu à Dole, n'est pas un appren comme les autres. « J'ai
déjà fait pas mal de jobs, mais jamais dans la boulangerie. C'est vrai que j'aimais bien regarder Michel
travailler, ajoute Jérôme. Maintenant, j'apprends, je suis dans le concret. »
Et pourtant la belle histoire ne se termine pas là. Michel a encore envie d'aller... beaucoup plus loin.
« Je voudrais lui céder ma boulangerie pour 1 €. Cela fait un an que je devrais être en retraite. Et je ne
parviens pas à trouver un repreneur. Mon camping-car a end qu'on parte en vacances ! Je pense que
Jérôme mérite qu'on lui donne sa chance. » Ce e échéance n'est imaginable que dans un an environ,
quand le SDF sera parfaitement formé à la fabrica on de pain. « Je crois que je vais accepter, on me
donne ma chance », répond Jérôme. Lui qui dort encore, parfois, dehors, cherche actuellement un
a p p a r t e m e n t .

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Texte n°2

Happy hours, promo ons, vente de nuit : Mallorca et Ibiza décrètent une première loi an -
alcool

L’indépendant - Publié le 17/01/2020

Plus qu'un décret, une révolu on pour ces hauts-lieux de la nuit dans les îles Baléares.
Le gouvernement des îles Baléares passe à l'ac on. Un décret an -alcool, pionnier en
Europe, vient en e et d'être voté. Et il fait l'e et d'une bombe. L'objec f : lu er contre le
tourisme d'ivresse, véritable éau dans ce coin-là de Méditerranée.
5 En clair, le fameux décret s'applique désormais à la Playa de Palma et Magaluf, à Mallorca,
ainsi qu'à West End de Sant Antoni à Ibiza. Et les mesures sont dras ques : interdic on de la
publicité faisant référence à la consomma on d'alcool et aux bars ouverts, interdic on des
excursions éthyliques (pubcrawling), des happy hours, des promo ons (un verre o ert pour
un acheté) et des distributeurs automa ques d'alcool. De même, la vente de boissons
10 alcoolisées en magasin est interdite entre 21h30 et 8h. Les boissons devant être facturées à
un prix unitaire sans possibilité de promo on.
Ensuite, le gouvernement s'est lancé dans la chasse au balconing : ce e pra que qui consiste
à sauter depuis son balcon dans une piscine. Les contrevenants s'exposent à une amende
entre 6 000 et 60 000 €, ainsi qu'à une expulsion pure et simple de leur hôtel.
15 Les fêtes sur les bateaux (boat party) sont également soumises à une réglementa on plus
dure. La concession de nouvelles licences est suspendue jusqu'à la régula on de ce e
ac vité dans un délai de 24 mois. En outre, les bateaux qui disposent déjà d'une licence ne
peuvent plus embarquer et débarquer des passagers dans les zones déjà men onnées. Qui
sont réputées comme les plus chaudes de l'archipel.
20 Une opéra on coup de poing.

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Texte n°3

Face au coronavirus en Espagne, il n'y a pas que des applaudissements aux balcons

Après les applaudissements pour le personnel soignant, les Espagnols ont pris l'habitude de faire
résonner leurs casseroles. Et ce e fois, c'est un signe de dé ance envers le gouvernement de Pedro
Sanchez.

Hu Post Par Jade Toussay 8-4-2020

INTERNATIONAL - Tous les soirs, l’Espagne, deuxième pays au monde le plus touché par l’épidémie de
coronavirus avec 13.798 décès enregistrés au 7 avril, célèbre ses soignants. Toutefois, après les
applaudissements, les bruits de casseroles se font de plus en plus entendre. Et ils pourraient bien
résonner plus fort que jamais ce mercredi 8 avril, annonciateurs de jours encore plus sombres pour le
gouvernement de Pedro Sanchez.
Les “caceroladas” -les concerts de casseroles- ont reten pour la première fois le 18 mars, alors que le
roi s’adressait aux Espagnols dix jours après les premières mesures prises pour lu er contre
l’épidémie de coronavirus. Bien qu’il ait martelé la nécessité de “s’unir” pour “surmonter ce e
situa on grave”, le discours de Felipe VI a été brouillé par les accusa ons de corrup on qui pèsent sur
son père et ex-roi Juan Carlos et éclaboussent toute la monarchie. L’appel a même été relayé par la
gauche radicale Podemos, qui forme le gouvernement avec le par socialiste (PSOE) de Pedro
Sanchez.
Depuis, la situa on a quelque peu changé : désormais, les casseroles sonnent à l’appel de l’extrême
droite contre Pedro Sanchez, tout juste intronisé en janvier après huit mois de blocage, pour
dénoncer sa ges on de la crise.
En Espagne, Pedro Sanchez s’est exprimé pour la première fois sur le coronavirus le 9 mars, appelant
à l’unité, mais sans annoncer de mesures pour endiguer l’épidémie alors que plus d’une centaine de
cas avait déjà été enregistrée.
Dès le lendemain toutefois, le ton a changé. Les premières mesures ont été prises, avec l’interdic on
des vols venant d’Italie et la tenue des matches de foot à huis clos. Dans les trois régions les plus
touchées, à savoir Madrid, Vitoria la capitale de la région du Pays basque, et la région de la Rioja, les
écoles ont été fermées. Quid du con nement? Il a été imposé à l’échelle na onale quatre jours plus
tard, le 14 mars, après l’instaura on de l’état d’alerte qui octroie au gouvernement de Pedro Sanchez
les pleins pouvoirs pour gérer la crise, notamment en ce qui concerne le domaine de la santé,
d’ordinaire laissé aux régions.
Mais pour certains, indépendan stes en tête, le gouvernement a trop tardé à réagir. Des dirigeants
catalans, dont le président de la Généralité de Catalogne, ont déploré la mise en place tardive du
con nement dans les régions les plus touchées, ainsi que sa forme jugée trop légère. “Nous sommes
des zones où le risque est maximal. Il est urgent d’apporter une réponse. Nous devons agir”,
réclamait Quim Torra le 19 mars.
Et s’il n’a pas prononcé le mot “indépendance”, d’autres l’ont fait et le feront encore pour lui, par
exemple la présidente de l’Assemblée na onale de Catalogne qui ne se prive pas d’u liser le hashtag
“Objec f Indépendance” dans ses tweets sur la ges on de la crise. Ce 8 avril, elle délivrera
notamment un discours retransmis en live sur Instagram et dont le thème est “devant la crise
sanitaire et économique: l’indépendance”.
Si les indépendan stes pro tent de la crise pour rallumer l’é ncelle pas tout à fait éteinte de 2017, la
première ligne d’opposi on reste la droite, avec le Par populaire (PP) et l’extrême droite Vox, qui
ensemble dé ennent 140 des 350 sièges du Congrès espagnol, contre seulement 120 pour le PSOE
de Sanchez.
Leur principal grief concerne d’ailleurs le suivi de la vie parlementaire espagnole, mis sur pause en
raison de la crise, depuis le 19 mars. Comme en France, où les bancs de l’Assemblée na onale sont
quasiment vides, les sessions sont réduites au strict minimum, en présence d’un nombre restreint de
députés.

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Une situa on “an -démocra que”, de l’avis des députés de droite et d’extrême droite qui accusent
Pedro Sanchez de “pro ter d’une tragédie pour détruire les ins tu ons” et qui ont donc fait pression
en a rmant qu’ils pourraient ne pas voter l’extension de l’état d’alerte jeudi 9 avril.
À minima, ils réclamaient la reprise des sessions de contrôles du gouvernement -l’équivalent des
“ques ons au gouvernement” en France. Avec l’appui du par basque, ce e résolu on a été adoptée
mardi 7 avril, alors même que les députés de Vox bravaient le con nement pour se rendre au
Congrès. Allant un peu plus loin, une porte-parole de Vox a aussi évoqué la cons tu on d’un
“gouvernement d’urgence na onale” dont Pedro Sanchez ne prendrait bien sûr pas la tête.
Parallèlement, le président du par exige lui la démission de Pablo Iglesias, numéro 1 de Podemos et
numéro 2 du gouvernement.
Alors qu’une lueur d’espoir dans la lu e contre le coronavirus apparaît, avec la baisse du nombre de
nouvelles hospitalisa ons, l’union sacrée poli que espagnole se dissout donc chaque jour un peu
plus. Toutefois, dans une Espagne qui a essuyé la crise indépendan ste en 2017 et a dû aller quatre
fois aux urnes en quatre ans pour former un gouvernement, nombre d’Espagnols a endent surtout la
stabilité, qui plus est dans le contexte sanitaire actuel.
La preuve avec le coup de gueule devenu viral d’un sociologue opposé aux concerts quo diens de
casseroles : “La honte ! J’aurais honte de diviser notre peuple comme ça à un moment si di cile !
Parce que c’est ce que vous êtes, des gens de la race morale la plus basse !”, hurle le jeune homme
qui s’adresse au par d’extrême droite depuis son balcon.
“Il y a encore plus d’applaudissements que de cris. Mais les détracteurs de Pedro Sanchez et de son
gouvernement sont plus nombreux de jour en jour””, nous con rment nos confrères du Hu Post
Espagne.
Une a rma on qui sera peut-être con rmée ou démen e ce mercredi 8 avril avec la manifesta on
en ligne de l’extrême droite -de plus en plus en puissante au Congrès- pour réclamer la démission du
gouvernement. Avant l’échéance cruciale de jeudi, où les députés devront valider (ou pas) la
deuxième prolonga on de l’état d’alerte.

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Texte n°4

An sémi sme ou droit à la sa re ? Alost, Campo de Criptana... des carnavals au cœur de la


polémique

En Belgique et en Espagne, des par cipants à des carnavals ont suscité une vague d’indigna on en
revêtant des costumes de caricatures juives.

Par Iris Peron Le 26 février 2020

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Quand carnaval rime avec stéréotypes an sémites. Depuis dimanche, la ville belge d'Alost fait
l'objet d'une intense controverse : en cause, son carnaval, lors duquel les passants ont pu voir
dé ler des caricatures de juifs a ublés d'un nez crochu, d'autres costumes mêlant corps de
fourmis et chapeaux de juifs orthodoxes ou encore un mur des lamenta ons en lingots d'or.
5 Le lendemain, c'était vers l'Espagne que les regards se tournaient. Lundi, lors du carnaval de
Campo de Criptana, des par cipants ont dé lé déguisés en soldats nazis, tandis que d'autres
avaient endossé des uniformes de prisonniers de camps de concentra on.
Deux événements qui ont déclenché un tonnerre de réac ons indignées, émanant notamment
d'organisa ons juives et de par s poli ques. Madrid a, ce mercredi, fus gé ce e « banalisa on
1 de l'Holocauste » et la ville de Campo de Criptana s'est confondue en excuses en assurant,
0 dans une déroutante ligne de défense, qu'il s'agissait de rendre un « hommage » aux six
millions de vic mes de la Shoah.
En Belgique, ce dé lé s'inscrit dans une histoire de l'outrage bien plus profonde. Si la première
ministre Sophie Wilmès s'est insurgée d'un « préjudice à la réputa on de la Belgique », le
maire de la ville amande d'Alost a, lui, persisté à soutenir l'ini a ve. « Nous ne sommes pas
1 une ville an sémite ou raciste. Juste le contraire. Ici, on a un contexte très spécial qui est un
5 peu irra onnel, mais limité dans le temps : trois jours dans une année, pas plus pas moins », a
commenté Christoph D'Haese élu du par na onaliste N-VA, auprès de la RTBF, à propos de ce
carnaval vieux de 600 ans.
La ville belge de 90 000 habitants s'était déjà illustrée l'an passé, lors de ce même événement,
en accueillant un char « véhiculant des stéréotypes an sémites, faisant des liens entre les Juifs
2 et l'argent et reprenant des images de la propagande nazie », s'a riste auprès du Parisien
0 Patrick Charlier, le directeur de l'Unia, l'organisme public belge chargé de la lu e contre les
discrimina ons. En 2013, c'était a ublé d'uniformes d'o ciers SS que des habitants d'Alost
avaient dé lé. L'Unia, consciente de ces dérives a lancé en décembre un rapport in tulé « Le
carnaval et la liberté d'expression ».
Je viens de voir les ignominies du carnaval d'#Alost en #Belgique. Cauchemar d'un
2 an sémi sme qui a che ses horreurs pour s'en diver r, et qui rampe dans une glori ca on
5 crasse du Troisième Reich. Sordide. pic.twi er.com/246j6blaos
— Clémen ne Autain (@Clem_Autain) February 25, 2020
Son directeur, qui souligne qu’« il est autorisé d'u liser sa liberté d'expression pour choquer,
inquiéter ou o enser », rappelle la « double spéci cité » de ce carnaval en Belgique. « Tous les
chars commentent l'actualité, dans une tradi on de mauvais goût. Cet événement verse aussi
3 dans la sa re, l'humour et l'irrévérence. Tout le monde en prend pour son grade, alors que les
0 autres carnavals sont plus intemporels », détaille-t-il, en énumérant des chars se moquant de
personnes trisomiques, de musulmans grimés en terroristes ou s gma sant les homosexuels
et les migrants.
Pour Patrick Charlier, à Alost, l'édi on 2020 était pourtant « la chronique d'un scandale
annoncé ». « On se doutait que des par cipants allaient une nouvelle fois u liser la gure des
3 juifs et de l'an sémi sme et les autorités locales sont les seules qui pouvaient avoir un impact
5 sur les groupes par cipant au carnaval », insiste Patrick Charlier, qui déplore que « le
bourgmestre (maire) n'ait pas embrayé sur l'opportunité de dialogue que nous proposions avec
des organisa ons juives. »
Alors que l'Unesco a menacé l'an passé la cité belge de la re rer de la ville de la liste du
patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, Christoph D'Haese lui a coupé l'herbe sous le pied
4 en demandant lui-même ce retrait en décembre. Une première.
0 « Le problème réside, en tout cas par ellement, dans les résultats électoraux », note de son
côté Jean-Philippe Schreiber, professeur à l'Université libre de Belgique (ULB) et historien des
religions et de la laïcité. Depuis 2013, Alost est passé entre les mains de la N-VA, par
sépara ste amand, où il a fait un de ses meilleurs scores. « 50 % de la popula on d'Alost a
voté pour le N-VA ou un par d'extrême droite, appuie l'enseignant, Une par e importante de
4 la popula on a un rapport complexe avec l'altérité et des di cultés à adme re qu'il s'agisse là
5 de manifesta ons d'an sémi sme. »
Les habitants d'Alost clament chaque année leur droit à une liberté totale d'expression et à la
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Texte n°5

Quand le consommateur chinois s’éveillera…

24/03/2009 - Libéra on PÉKIN, de notre correspondante

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« Si j’avais su, je me serais lancé plus tôt sur le marché chinois », dit Lu Tao, un marchand de
yaour ères. Exportateur depuis six ans dans 53 pays, « tous les con nents sauf l’Afrique », il
n’avait pas pensé inves r un jour son propre marché. Ce pe t industriel pékinois (200 salariés,
bientôt 300) a toujours « suivi le gouvernement ». Lorsqu’il fallait exporter, Lu Tao exportait.
5 Aujourd’hui, la consigne est de relancer la consomma on intérieure, pour maintenir la
croissance à 8 %, objec f mis en doute par de nombreux experts. La Banque mondiale
notamment vient de revoir à la baisse ses prévisions en Chine pour l’année 2009, et annonce
une croissance à 6,5 % en raison de la chute des exporta ons chinoises. En un an, selon les
es ma ons o cielles de Pékin, les carnets de commandes étrangères ont fondu de 25 %.
1 Le gouvernement chinois incite les exportateurs à changer leur fusil d’épaule, et à cibler le
0 marché intérieur. A Pékin, les grands centres commerciaux de luxe sont réquisi onnés par le
département du Commerce pour accueillir de « grandes foires de produits exportés ».
L’administra on s’occupe des stands et de la publicité, les fabricants en mal de commandes se
contentant de venir gratuitement y vendre leurs produits au prix de gros. Les consommateurs,
eux, se ruent dans les allées de marbre, où, d’ordinaire, ils n’auraient jamais mis les pieds.
1 Ménagères. Lu Tao, qui n’avait jusque-là exposé ses yaour ères qu’à la grande foire annuelle
5 des produits exportés de Canton, s’est porté volontaire. Il ne le regre e pas. Dès le premier
jour, dans le centre commercial de Yangha, l’un des plus anciens et plus célèbres de Pékin, les
ménagères de la classe moyenne se sont arraché ses machines. Du coup, Lu Tao par cipe à la
seconde foire organisée dans le nouveau centre Solana. Il empile ses cartons de machines à 98
yuans (un peu plus d’une dizaine d’euros) devant la vitrine d’une bou que de lingerie ne, où
2 des pe tes culo es sont é quetées le triple. « Mon usine tourne à fond, on se remet à faire
0 des heures supplémentaires, je vais devoir embaucher 100 personnes », dit Lu Tao. En quinze
jours, il a revu sa stratégie : « Le but maintenant, c’est d’ouvrir au moins un emplacement par
jour dans les supermarchés chinois ». C’est ce qui s’appelle un prompt rétablissement.
Sur les stands voisins, Lu Tao fait des envieux. Même à prix coûtant, les produits des nés à
l’exporta on restent chers, surtout dans le tex le. « Les gens achèteraient, si c’était moins cher
2 encore », es me une cliente, professeure dans une école privée. Madame Shi gagne 5 000
5 yuans par mois (540 euros) et réduit ses dépenses en temps de crise. Elle est venue au centre
commercial Solana pour « voir des produits chinois qu’on ne trouve pas en Chine ». Son amie,
qui a voyagé, est plus enthousiaste : « En Europe ou aux Etats-Unis, j’ai payé très cher des
produits made in China. La crise a du bon. »
Pour vendre, il faut une marque étrangère. Feiyue, fabricant de machines à coudre à 150 euros
3 (une a aire) n’a re pas franchement les foules. « Trop chinois, ma marque », constate-t-il. Les
0 quelques machines vendues sont cependant une compensa on. Ses marchés en Europe de
l’Est se sont e ondrés. Il a end la reprise, sans illusion sur les capacités du marché intérieur.
« C’est à l’étranger qu’on fait des a aires », analyse-t-il.
Protec on sociale. Malgré les e orts du gouvernement pour relancer la consomma on
intérieure, beaucoup doutent du succès de la reconversion à l’échelle du pays. Les Chinois
3 consomment volon ers. Ils montrent même un appé t qui a disparu en Occident pour le
5 tex le ou le pe t électroménager. Mais uniquement après avoir assuré leurs arrières.
De nombreux spécialistes s’accordent à dire que seul un véritable système de sécurité sociale
consolidera le pouvoir d’achat des Chinois. Plus des deux ers de la popula on vivent sans
aucune protec on sociale et passent leur vie à épargner, surtout dans les campagnes. « L’an
dernier, ma belle-mère et mon beau-père ont tous les deux dû se faire opérer », explique Su
4 Baoshien, fonc onnaire de 43 ans. « Ils n’ont aucune couverture sociale, on a dû payer
0 presque 200 000 yuans [plus de 21 000 euros], avec mon mari. Des années d’économies. »
Pour Su, la consomma on, ce sera pour « plus tard ».

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Texte n°6

Espagne : allié avec Podemos, Pedro Sanchez se main ent au pouvoir

Par L'Obs avec AFP Publié le 07 janvier 2020 à 04h45

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Madrid (AFP) - Le socialiste espagnol Pedro Sanchez a obtenu mardi d'extrême justesse la
con ance des députés pour se maintenir au pouvoir et former ce e semaine un
gouvernement minoritaire en coali on avec la gauche radicale de Podemos, après de longs
mois de blocage poli que.
5 Après un débat parlementaire très dur, 167 députés sur 350 ont voté pour l'inves ture du
socialiste, 165 contre et 18 se sont abstenus lors de ce deuxième vote de con ance où seule
une majorité rela ve lui su sait.
Un résultat salué par les applaudissements des socialistes.
Sur les bancs de Podemos, dont le chef Pablo Iglesias a ni par fondre en larmes, les poings se
10 sont levés et le slogan "sí, se puede" ("oui, nous pouvons") a reten alors que ce e forma on
héri ère du mouvement des Indignés va entrer pour la première fois au gouvernement.
"Une période de modéra on, de progrès et d'espérance s'ouvre aujourd'hui", a assuré sur
Twi er M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin 2018 mais qui expédiait les a aires courantes
depuis le mois de mars.
15 Dimanche, le socialiste avait perdu un premier vote, faute d'avoir obtenu la majorité absolue.
Le fait qu'il ait été inves de justesse laisse toutefois présager une législature compliquée
pour le socialiste à la tête du premier exécu f de coali on dans le pays depuis la n de la
dictature franquiste en 1975.
Ce e très faible marge a même obligé une députée de Podemos, a einte d'un cancer et qui
20 n'avait pas voté dimanche en raison de sa maladie, à venir dans l’hémicycle mardi.
Au-delà des voix de Podemos et de plusieurs pe ts par s dont les na onalistes basques du
PNV, Pedro Sanchez doit sa reconduc on à l'absten on, arrachée après de longues
négocia ons, des 13 députés du par sépara ste catalan ERC (Gauche Républicaine de
Catalogne).
25 Le palais royal a indiqué dans la soirée que M. Sanchez prêterait serment mercredi à 10H00
GMT en présence du roi Felipe VI.
Mais la présenta on de son gouvernement ne devrait pas intervenir avant le début de la
semaine prochaine, ont indiqué des sources au sein de son par , sans explica on.
Vainqueur a aibli des élec ons de novembre, le socialiste avait scellé 48 heures après le
30 scru n un accord surprise avec Podemos alors qu'il assurait encore en septembre que
gouverner avec ce e forma on l'empêcherait de dormir...
Pablo Iglesias sera l'un des vice-présidents du nouveau gouvernement qui promet un virage à
gauche au grand dam du patronat : hausse de la scalité pour les plus riches et les grandes
entreprises, abroga on par elle de la réforme controversée du marché du travail adoptée en
35 2012 par les conservateurs, encadrement des loyers....
Ce nouveau gouvernement semble toutefois di cilement en mesure de me re n à
l'instabilité chronique qui mine depuis 2015 la quatrième économie de la zone euro, où
quatre élec ons législa ves ont eu lieu en quatre ans dont deux en 2019.
Avec seulement 155 députés socialistes et Podemos, il devra négocier d'arrache-pied le vote
40 de toutes ses lois et en premier lieu du budget.
"Le paysage poli que reste complexe. Le nouveau gouvernement sera minoritaire, les
tensions en Catalogne peuvent s'exacerber à nouveau", souligne Steven Trypsteen,
économiste de la banque ING.
Et "le ralen ssement économique pourrait être un obstacle de plus pour un gouvernement
45 qui sera a aibli d'entrée par l'étroite marge de manœuvre" budgétaire dont il disposera,
selon Javier Rivas, professeur à l'EAE Business School de Barcelone.
En échange de l'absten on du par sépara ste catalan ERC, les socialistes ont promis la tenue
d'une négocia on entre le gouvernement central et l'exécu f régional indépendan ste pour
résoudre le "con it poli que sur l'avenir de la Catalogne".
50 Les résultats de ce e négocia on seront soumis au vote des Catalans. Les socialistes se sont
empressés de préciser qu'il ne s'agirait jamais du référendum d'autodétermina on que les
sépara stes réclament.
Riche région du nord-est de l'Espagne qui a tenté de faire sécession en 2017, la Catalogne a
été secouée en octobre par des manifesta ons parfois violentes après la condamna on à la
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Texte n°7

A Istanbul, des Juifs se ba ent pour sauver leur langue ancestrale

Par L'Obs avec AFP Publié le 03 janvier 2020 à 08h25

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Istanbul (AFP) - S'il est une chose que regre e Dora Beraha au soir de sa vie, c'est de n'avoir
pas transmis à ses enfants la langue parlée depuis 500 ans par les Juifs d'Istanbul, le judéo-
espagnol, aujourd'hui menacé d'ex nc on.
"Après nous, restera-t-il encore des gens qui parleront ce e langue ?", s'inquiète ce e
5 discrète nonagénaire en tournant les pages d'un lourd album photo. "Sans doute très peu. Il
est possible qu'elle disparaisse".
Pour tenter de sauver ce pilier de l'iden té de la communauté juive de Turquie, la plus
importante du monde musulman avec 15.000 membres, une poignée de résistants livrent,
avec de maigres moyens, un combat qui semble perdu d'avance.
10 Mélange de cas llan médiéval, d'hébreu et d'autres langues comme le turc, l'arabe et le grec,
le judéo-espagnol est né après l'expulsion en 1492 des Juifs d'Espagne qui se dispersent
majoritairement dans l'Empire o oman.
La langue se transmet de généra on en généra on et connaît son apogée au 19e siècle, avant
de décliner, progressivement supplantée par le français au sein de la communauté juive
15 o omane.
Après l'e ondrement de l'empire, la poli que d'assimila on des minorités menée par la
République turque accélère le mouvement. "Citoyen, parle turc !", exhortent les autorités
dans les années 1930.
Si Mme Beraha n'a pas enseigné le judéo-espagnol à ses enfants, c'est pour qu'ils se fondent
20 dans la société. "Nous voulions qu'ils réussissent", dit-elle.
Le judéo-espagnol, aussi appelé judesmo ou spanyolit, est plus connu sous le nom de ladino,
même si ce e appella on est impropre car elle désigne à l'origine une langue écrite u lisée
par des rabbins espagnols pour enseigner les sacrés hébreux.
Selon l'Unesco, 100.000 personnes le parlent encore dans le monde, la plupart en Israël où
25 des Juifs des territoires de l'ancien Empire o oman ont émigré par dizaines de milliers ces
dernières décennies.
Le judéo-espagnol survit également sous di érentes déclinaisons au sein de pe tes
communautés juives des Balkans et du bassin méditerranéen, comme au Maroc, où il est
appelé hake a.
30 Contrairement à d'autres importantes communautés séfarades de Méditerranée décimées
par la Shoah, comme à Salonique, la langue a survécu à Istanbul. Mais la plupart de ceux qui
la parlent sont aujourd'hui très âgés.
La perspec ve de voir le judéo-espagnol disparaître a provoqué un sursaut chez certains Juifs
d'Istanbul, une communauté sous pression depuis que des a entats ont frappé en 2003 deux
35 synagogues.
Karen Sarhon a consacré sa vie à la sauvegarde ce ce e langue. A la tête du Centre de
recherche sur la culture séfarade o omane, ce e femme énergique de 61 ans dirige
également El Amaneser, un supplément mensuel en èrement en ladino du journal de la
communauté juive de Turquie, Salom.
40 Elle note l'émergence ces dernières années d'"un très grand intérêt" pour le judéo-espagnol.
"Nous avons lancé El Amaneser en 2003 avec huit pages. Aujourd'hui, il fait 32 pages", relève
Mme Sarhon, ajoutant que 8.000 personnes, en Turquie et à l'étranger, le lisent chaque mois.
Elle constate cependant que la transmission auprès des nouvelles généra ons s'est enrayée,
au pro t de langues jugées "plus u les" dans un monde globalisé, comme l'anglais ou
45 l'espagnol contemporain.
Dans l'espoir de toucher les plus jeunes, ce e retraitée de l'enseignement poste
régulièrement des tutoriels linguis ques sur les réseaux sociaux.
Can Evrensel Rodrik, pe t- ls de Mme Beraha, fait par e des jeunes déterminés à reprendre
le ambeau.
50 Tout pe t, ce biologiste de 30 ans à la gnasse ondulée a "forcé" ses grands-parents à lui
enseigner ce e langue qu'aucun de ses cousins ne parle.
Pour "rendre ce e langue a rac ve" auprès des jeunes, il imagine "lancer une sta on de
radio, traduire un jeu vidéo ou enseigner le ladino dès la crèche".
De nombreux Juifs de Turquie restent a achés au ladino car il est le dernier l qui les relie à
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Texte n°8

La dépouille du général Franco va être exhumée jeudi près de Madrid

Le premier ministre, Pedro Sanchez, avait fait de l’exhuma on du dictateur une de ses
priorités a n que le mausolée grandiose où il repose ne soit plus un lieu d’apologie du
franquisme.

Le Monde avec AFP Publié le 21 octobre 2019

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Le premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, en avait fait une de ses priorités. Le
gouvernement espagnol a annoncé, lundi 21 octobre, que les restes de Francisco Franco
seront exhumés jeudi du mausolée monumental près de Madrid pour être transférés au
cime ère du Pardo, dans la banlieue de la capitale espagnole, une opéra on qui se déroulera
5 « en présence de la famille du dictateur », précise le gouvernement dans un communiqué.
« L’exhuma on comme la réinhuma on se feront dans l’in mité, en présence de ses
proches » et de la ministre de la jus ce, Dolores Delgado, ajoute le communiqué.
Dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, Pedro Sanchez avait voulu que le mausolée où
repose le dictateur depuis 1975 ne soit plus un lieu d’apologie du franquisme. « L’Espagne ne
10 peut pas se perme re des symboles qui séparent les Espagnols. Il ne s’agit pas de rouvrir des
blessures. Il s’agit de les refermer », avait déclaré le premier ministre espagnol. L’objec f était
de réaliser l’exhuma on avant que ne commence la campagne pour les élec ons an cipées
du 1er novembre.
La famille Franco a déposé en vain plusieurs recours en jus ce pour conserver la dépouille du
15 dictateur dans le grandiose mausolée de marbre du Valle de los Caidos, surmonté d’une
gigantesque croix, construit dans les montagnes à 50 kilomètres au nord-ouest de Madrid.
Pour faire face aux recours judiciaires a endus, le gouvernement a fait voter, en septembre
2018, un décret modi ant la loi de mémoire historique de 2007 : le Valle de los Caidos est
devenu un lieu de réconcilia on dans lequel ne peuvent être enterrées que des vic mes de la
20 guerre civile (1936-1939). Une façon de jus er l’« expulsion » de Franco, mort en 1975, à
l’âge de 82 ans. Tous les par s ont soutenu le texte, à l’excep on du Par populaire et de
Ciudadanos – ils se sont abstenus pour protester contre le fait qu’il soit voté dans l’urgence.
Le 25 septembre 2019, la Cour suprême espagnole a rejeté le dernier recours déposé par la
famille, validant la décision du gouvernement socialiste d’exhumer les restes.
25 L’Eglise catholique espagnole avait ensuite assuré qu’elle ne s’opposerait pas à l’exhuma on
de Franco, enterré dans une basilique que le dictateur avait lui-même fait construire,
notamment par des milliers de prisonniers républicains. Sa tombe y est installée en bonne
place près de l’autel. Pour les associa ons mémorielles, ce monument est une insulte à la
démocra e, le symbole d’une plaie encore ouverte. Franco a dirigé l’Espagne en dictateur
depuis la n de la guerre civile qu’il avait gagnée en 1939 jusqu’à sa mort en 1975.

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Texte n°9

A Ceuta, la fron ère Maroc-Espagne forcée par près d’un millier de migrants

Deux personnes seulement ont été autorisées à entrer à Ceuta pour y être hospitalisées, et les autres
ont été renvoyées au Maroc. Des policiers marocains ont été blessés.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 01.01.2017

Un millier de migrants ont pris d’assaut, dimanche 1er janvier, la double clôture séparant le
Maroc de l’enclave espagnole de Ceuta. Un groupe de 1 100 personnes originaires d’Afrique
subsaharienne qui voulaient gagner l’Europe s’est précipité sur la clôture haute de 6 mètres,
vers 4 heures.
5 La préfecture de Ceuta a rapporté que les faits s’étaient déroulés d’une manière
« extrêmement violente et organisée ». Cinquante policiers ont été blessés, dont six
gravement, notamment un policier qui a perdu un œil dans les heurts qui ont suivi, ont
indiqué les autorités locales.
« Ce e tenta ve avortée par les forces de l’ordre a permis l’arresta on de l’ensemble des
10 immigrés clandes ns », a annoncé de son côté dans un communiqué le ministère de
l’intérieur marocain.
« Ces tenta ves d’immigra on illégales placent leurs auteurs en marge de la loi (…).
Dorénavant les auteurs seront présentés devant les juridic ons compétentes qui statueront
sur leur possible expulsion du Maroc et seront condamnés à des peines plus lourdes selon la
15 gravité de leurs actes. »
Les migrants ont u lisé des barres en fer, des cisailles et des grandes pierres avec lesquelles
ils ont a aqué les forces marocaines et des agents de la guardia civil, la police espagnole.
Cinq policiers espagnols et cinquante membres des forces de sécurité marocaines ont été
blessés, et l’un d’eux a perdu un œil.
20 Selon les autorités locales, une centaine de migrants ont réussi à grimper en haut de la
clôture extérieure et y sont restés pendant quelques heures, avant d’être repoussés par des
grues. Mais aucun d’entre eux n’a réussi à passer de l’autre côté, à l’excep on de deux
migrants, grièvement blessés, qui ont été hospitalisés à Ceuta, selon la préfecture.
Des images de la télévision locale Faro ont montré un homme perché sur la clôture, assis, la
25 tête penchée sur sa poitrine. Puis lorsque le jour s’est levé, il est descendu dans l’espace
entre les deux clôtures et s’est couché, tandis qu’un policier espagnol est allé lui chercher
une bouteille d’eau avant de le faire revenir sur le territoire marocain.
Lors d’un assaut similaire, le 9 décembre, près de 400 migrants avaient tenté de forcer ce e
même barrière. Ceuta et Melilla, les enclaves espagnoles au Maroc, sont les deux seules
30 fron ères terrestres séparant l’Union européenne de l’Afrique.
L’Espagne est régulièrement cri quée parce qu’elle renvoie immédiatement au Maroc les
migrants qui entrent sur son sol lors d’incidents comme ceux-ci ; une procédure qui prive les

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Texte 10
Leonor d'Espagne, le joyau de la Couronne

Paris Match | Publié le 23/11/2019 Laurence Debray

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Naître un 31 octobre, pour une future reine d’Espagne, c’est un signe. Ce même jour, en 1978,
les Cortes adoptaient la Cons tu on, étape essen elle de la transi on démocra que. Quatre
décennies plus tard, et pour la première fois, une princesse de 13 ans en lisait l’ar cle 1er
devant le Parlement, un tabouret discrètement glissé sous ses pieds pour lui perme re
5 d’accéder au micro. « L’Espagne cons tue un Etat de droit, social et démocra que […]. La
forme poli que de l’Etat espagnol est la monarchie parlementaire. » C’était sa première
interven on publique et, surtout, son premier engagement devant le peuple. Pour les
Bourbons d’Espagne, l’âge de faire ses adieux à son enfance vient vite. Felipe VI, son père, en a
fait l’expérience. Roi est un mé er qui s’apprend jeune. On peut compter sur la très
1 perfec onniste reine Le zia pour y veiller personnellement.
0 La jeune lle qui entre dans l’Histoire est encore une inconnue pour les Espagnols. Ses parents
ont l’obsession de protéger l’in mité de Leonor et de So a, sa soeur de dix-huit mois sa
cade e. Elles apparaissent o ciellement deux fois par an : pour le dé lé militaire du 12
octobre, jour de la fête na onale, et à la n de l’été, à Palma de Majorque, où la famille royale
pose devant les photographes. Pour le reste, tout ce qui concerne les altesses est entouré d’un
1 grand mystère. Au point que les Espagnols ne ressentent pas d’empathie par culière à leur
5 égard.
« Elles ont le temps ! » s’exclame Felipe quand on lui en fait la remarque, lui qui a grandi sous
les objec fs dès l’âge de 7 ans, lorsque son père, Juan Carlos, a accédé au trône. Pourtant,
l’agenda o ciel de la future reine commence à se remplir. Le 30 janvier 2018, elle recevait des
mains de son père la Toison d’or, la plus haute dis nc on espagnole. « Tu serviras l’Espagne
2 avec humilité et tu feras ennes toutes les préoccupa ons et les joies des Espagnols », lui a-t-il
0 rappelé lors de la cérémonie o cielle au palais. Elle a répondu par une révérence agrémentée
de deux bises. Même entre père et lle, le protocole s’impose. En septembre 2018, lors de son
premier déplacement o ciel en Asturies, terre dont elle porte le tre, on l’a vue mide mais
souriante. C’est elle, désormais, qui remet les prix Princesse des Asturies, les plus importantes
dis nc ons espagnoles. Ils étaient décernés à Oviedo, le 17 octobre dernier.
2 « Felipe et Le zia irradiaient de erté en voyant leur lle prononcer son discours et saluer les
5 invités. Ils se regardaient, émus. La cérémonie s’est déroulée dans une atmosphère simple et
conviviale, presque comme si nous é ons conviés à une réunion familiale », raconte le
réalisateur britannique Simon Brook, qui accompagnait son père, Peter Brook, un des lauréats.
« Leonor s’est montrée naturelle et éveillée, très intéressée par le théâtre, le cinéma, la
li érature. Elle rigole aussi avec sa soeur. On sent qu’elles sont entourées d’a ec on et qu’elles
3 jouissent quand même d’une certaine liberté à la maison. » Une liberté qui compense de
0 lourdes obliga ons. Dès le lendemain, Leonor visitait la bourgade d’Asiegu, désignée village
modèle des Asturies 2019. Deux semaines plus tard, elle reme ait à Barcelone les prix
Princesse de Gérone. Et le marathon ne fait que commencer !
Leonor est une des élèves les plus brillantes de son école, le collège Santa Maria de los
Rosales, établissement privé, autrefois fréquenté par son père et ses deux tantes. C’est dans
3 cet environnement privilégié qu’elle évolue, depuis l’enfance. Elle y fait preuve de sérieux et
5 d’applica on. Aucun privilège ne lui est réservé. Ses parents la déposent en voiture le ma n.
On la voit vêtue de son uniforme : jupe plissée grise, pull bleu sur chemise blanche, ballerines
foncées. Son cartable est la seule manifesta on visible de sa personnalité. Depuis deux ans,
elle porte le même sac à dos du comité olympique espagnol aux Jeux d’été de Rio 2016, avec
un mini-chausson de danse en guise de porte-clefs. Ce qui révèle sa passion pour le sport. Ses
4 camarades de classe peuvent l’écouter jouer du violoncelle lors du spectacle de n d’année. En
0 plus de l’anglais, qu’elle maîtrise, elle étudie le français, le chinois et l’arabe, sans compter,
bien sûr, les langues régionales d’Espagne, et d’abord le catalan. Elle accompagne également
sa mère à des exposi ons, des spectacles de danse… « Je me demande si elle a le temps
d’avoir une vie d’enfant », observe Isabelle de Courson, spécialiste des monarchies
européennes. Ses rares moments de liberté, elle les passe avec Sarah, le labrador que son père
4 lui a o ert il y a quatre ans. […]
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