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Il avait déjà revendiqué son homosexualité. Mais il cachait un autre secret bien moins avouable : il
est né pauvre ! Grand mère concierge, père ouvrier, mère femme de ménage. Il fut le premier de sa
famille à mettre le pied dans un lycée et, pour l’occasion, s’affubla d’un « déguisement » pour
donner le change à ses petits camarades mieux nés – Clarks, duffle-coat, Le Monde dépassant bien
en évidence de la poche. Le livre s’ouvre sur la mort du père. « Je n’ai pas assisté aux obsèques. Je
n’avais pas envie de revoir les frères, avec qui je n’avais plus aucun contact depuis plus de trente
ans. » avoue crûment le fils, « transfuge de classe ». Le lendemain pourtant, il retourne sur les lieux,
retrouve la couleur déprimante du béton des faubourgs ouvriers de Reims, renoue avec sa mère qui
partait trimer à 4 heures du matin pour qu’il puisse étudier Kant et Aristote. Et là, soudain, tout un
monde oublié lui saute au visage. Honte de croiser, devant des amis, ce grand-père laveur de
carreaux sur sa mobylette, avec son seau et son échelle ; terreur à l’idée que ses camarades du lycée
bourgeois découvrent sur son livret de famille son adresse dans une cité HLM ; mensonges sur ses
origines sociales lorsqu’il commence à fréquenter des étudiants parisiens de la haute ; efforts,
même, pour gommer son accent et son parler populaires. C’est un miracle dit il, s’il a pu échapper à
la « reproduction sociale » qui aurait dû faire de lui un apprenti boucher comme son frère.
Jérôme Dupuis, « L’intello d’en bas », L’express, octobre 2009
Document 1 :
Très tôt, les parents mettent en place un environnement différencié que ce soit pour les vêtements, la
décoration de la chambre ou les jouets de l’enfant. Le milieu physique de l’enfant comme les
attitudes et les attentes que les parents ont à son égard sont ainsi structurés dès sa naissance selon
son sexe d’appartenance. Au sein des institutions et lieux d’accueil de la petite enfance (crèches et
écoles maternelles), les enfants ont à leur disposition des objets et des jouets « des deux sexes ».
Pourtant, comme dans le milieu familial, les filles manipulent et jouent davantage avec des jouets
renvoyant à la dimension de la féminité (poupées, maquillage, collier), de la maternité (poupons,
berceau), et de la sphère domestique (cuisine, ménage) alors que les garçons choisissent surtout des
jouets appartenant à la dimension du mouvement et du déplacement (camions, trains, avions) et de
la masculinité (travaux, guerre, super héros). Différentes observations menées dans ces institutions
de la petite enfance mettent aussi en évidence des réponses et attitudes différentes des
professionnels selon le sexe de l’enfant.
Dans la cour de récréation, les enfants ont aussi un rapport différent à l’espace, les garçons plus
« nomades » s’opposent aux filles plus « sédentaires ». Les filles jouent souvent à tour de rôle et la
réussite de l’une ne signifie pas nécessairement l’échec des autres. Les filles apprennent ainsi à être
sensibles et à respecter les sentiments d’autrui. Alors que les jeux des garçons les poussent à jouer
avec leurs ennemis, à rivaliser avec leurs amis, à s’imposer et surtout à rentrer dans une logique de
compétition.
Yoann Mieyaa, Véronique Rouyer et Alain Leblanc, La socialisation de genre et l’émergence des
inégalités à l’école maternelle, 2012