Universités Aix–Marseille I et III Master 1 de mathématiques

CMI TD de théorie de Galois

Corps finis
Dans toute la suite, si p est un nombre premier, on désignera par Fp le corps fini à p éléments
Z/pZ.

1. Calcul dans les corps finis

(a) Montrer que le polynôme X2 + X + 1 est irréductible sur F2 .

(b) En déduire que F4 est isomorphe à F2 [X]/(X2 + X + 1).
(c) Ecrire les tables d’addition et de multiplication de F4 .
(d) Soit p un nombre premier. Montrer que le polynôme P(X) = X2 + 1 est irréductible sur
Fp si et seulement si p est congru à 3 modulo 4.
[[utiliser le fait que −1 est un carré dans Fp si et seulement si p est congru à 3 modulo
4.]]
(e) Déduire de la question précédente, que, si p est congru à 3 modulo 4, Fp [X]/(X2 + 1) est
un corps à p2 éléments.
(f) Ecrire les tables de F9 .
(g) Montrer que le polynôme X3 +X2 +1 est irréductible sur F2 . Donner la liste des éléments
de F8 et la méthode pour obtenir la table de F8 .

2. Critère d’irréductibilité

(a) Soit K un corps et P un polynôme à coefficients dans K de degré n. Montrer que :

P est irréductible dans K si et seulement si P n’a pas de racines dans les extensions L de
K vérifiant [L : K] ≤ n2 .
(b) Montrer que le polynôme X4 + X + 1 est irréductible sur F2 . En déduire que le polynôme
X4 + 8X2 + 17X − 1 est irréductible sur Q.

Dans les deux exercices suivants, on pourra utiliser le fait remarquable suivant :
Le sous-groupe multiplicatif d’un corps fini est cyclique. La démonstration de ce
résultat est analogue à celle qu’on a donné pour (Z/pZ)∗ . Elle permet même de montrer
qu’étant donné un corps K et G un sous-groupe fini du groupe multiplicatif K∗ , alors G est
cyclique. On pourra utiliser ce résultat dans les deux exercices suivants.

3. Théorème de l’élément primitif dans les corps finis.

(a) Soit K et L deux corps finis tels que L est une extension de K. Montrer que L est une
extension simple, c’est-à-dire que L possède un élément primitif.
(b) On se place dans F9 . On a vu dans l’exercice 1, que F9 ∼ = F3 [X]/(X2 + 1). Soit α une
racine de X2 + 1 dans F9 . Montrer que α est un élément primitif de F9 mais que ce n’est
pas un générateur de F∗9 .

4. Puissances dans les corps finis. Soit p un nombre premier et q une puissance de p, on
note K le corps fini à q éléments. Si d ≥ 1, on note Kd = {xd , où x ∈ K} l’ensemble des
puissances d-èmes de K.

(a) En posant δ = (q − 1, d), montrer que Kd = Kδ , mais qu’en général on n’a pas xd = xδ
pour un élément donné x de K.
(b) Calculer le cardinal de Kd .

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 (c) Montrer que (K∗ )d = Kd − {0} est un sous-groupe de K∗ , et déterminer son ordre ainsi
que celui de K∗ /(K∗ )d .
Dans cette question et la suivante, on pourra utiliser le morphisme de

K∗ → (K∗ )d
x 7 → xd

(d) Déterminer le nombre de racines d-ème d’un élément y de K.

(e) Caractériser les q pour lesquels −1 est un carré de Fq .
(f) On suppose que q − 1 = md. Montrer que les éléments de (K∗ )d sont les racines m-ème
de l’unité.
5. Perfection des corps finis.
On dit qu’un corps K est parfait si tout polynôme irréductible à coefficients dans K est à
racines simples (dans une clôture algébrique de K).

(a) Montrer qu’un corps de caractéristique nulle est parfait.

(b) Soit K un corps fini de caractéristique p, et P(X) = a0 + a1 X + · · · + ad Xd un polynôme
irréductible.
• Montrer que si P a au moins un racine double (dans une clôture algébrique de K),
alors P0 = 0.
• On suppose que P0 = 0. Montrer que
[d/p]
X
P(X) = akp Xkp ,
k=0

où les crochets désignent la partie entière. En déduire qu’il existe Q ∈ K[X] tel que
P = Qp .
• Conclure.
(c) Soit K = Fp (T) le corps des fractions rationnelles à coefficients dans Fp , et K une clôture
algébrique de K. On pose P(X) = Xp − T ∈ K[X].
• Soit t une racine de P dans K. Montrer que P(X) = (X − t)p dans K[X].
• Montrer que P est irréductible sur K.
• En déduire que Fp (T) n’est pas parfait.