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Sommaire numéro 79
Repères — Politiques p 50
Repères — Initiatives p 61
Faits et chiffres p 75
Qui est cet être auprès de nous, que nous avons connu semblable à nous et qui nous
paraît aujourd’hui si différent, privé, au moins en partie, ou par moments, de ce qui,
croyions-nous, constituait son essence même, - mémoire, identité, contrôle de soi,
maîtrise du langage ? La maladie d’Alzheimer l’a-t-elle atteint dans sa forteresse, dans son
appartenance, même fragile, à ce qui définit, à nos yeux, l’espèce humaine ?
Dans la planète Alzheimer, où s’affairent et parfois s’affrontent médecins,
chercheurs, soignants, thérapeutes, familles et, de plus en plus, les personnes malades
elles-mêmes, cette interrogation sur le sujet devient peu à peu, avec des avancées et des
reculs, des hésitations et de soudaines audaces, le centre de toute une réflexion. La
personne malade se révèle ainsi, chaque jour davantage, dans toute sa complexité, sa
multiplicité d’être souffrant, désirant, aimant, mais aussi, bien souvent, d’impossible
réfractaire, - celui ou celle qui voudrait dire non, se survivre dans une résistance
éphémère.
« Nous, les personnes de ce groupe d’action, nous ne voulons pas être vues comme
souffrant de la démence ; nous n’aimons pas ce terme. Nous vivons avec, et nous nous en
sortons grâce au rire et à l’amour, qui font toute la différence. Nous sommes entendues et
notre avis compte», déclare Agnes Houston, présidente du groupe de travail écossais sur la
démence (Joseph Rowntree Foundation, www.jrf.org.uk, janvier 2012). Voilà qui pourrait
servir de principe constituant pour une charte Alzheimer.
Pour la Société Alzheimer britannique, « une approche uniformisée (one size fits
all) n’est pas possible. Chaque personne a des besoins, des préférences et des peurs
différents. Mais ces différences sont trop souvent rejetées ou ignorées par un système qui
semble souvent avoir oublié le sens de ses priorités (…). Nous devons nous assurer que la
paperasserie et les cases à cocher sur des formulaires soient remplacées par la compassion
et la compréhension » (www.nhsconfed.org, www.dementia.stir.ac.uk, 1er mars 2012).
Entendons bien les mots besoins, préférences, peurs : c’est bien de la psyché qu’il s’agit,
non de groupes iso-ressources ou d’imagerie cérébrale.
« Plutôt que de produire des normes collectives, culpabilisantes pour qui ne s’y
reconnaît pas, écrit justement la psychologue Cécile Allard-Bartoli, ne serait-il pas plus
judicieux de détourner cette démarche d’évaluation du vieillissement pour interroger celle
du désir ? Souvent évacué dans les institutions, le désir est d’abord ce qui permet à la
personne de continuer à vivre et à maintenir une vie psychique et physique éprouvée par
le temps. Cependant comment vivre avec tout ce à quoi le sujet doit renoncer ? Mais
l’altération ouvre aussi une place à l’altérité, dans la possibilité des rencontres où peuvent
émerger des demandes comme manifestations du désir » (Revue de Gériatrie, mars 2012 ;
www.revuedegeriatrie.net). Passer de la norme au désir, telle est désormais l’amorce
d’un programme.
Quel que soit le stade de la maladie, la personne malade est capable d’éprouver
des émotions, même si leur expression reste confuse ou embryonnaire. Devant la mort
d’un proche, par exemple, elle n’a peut-être plus toutes les facultés cognitives pour faire
son deuil ou donner du sens à son chagrin, mais elle s’exprimera par différents
comportements tels que la peur, l’agitation, la suspicion. Un déficit de mémoire à court
terme accroit la souffrance psychologique liée au deuil : l’information étant difficile à
Voilà bien en effet la question majeure, celle qui devrait inspirer toutes nos réflexions et
nos pratiques : quelle place peut-on reconnaître à une personne que l’on décrit par la
somme de ses pertes ? « Comment s’étonner alors que la seule autonomie qui lui reste soit
celle du refus ? Une autre voie s’impose, celle de la vigilance éthique comprise entre
fragilité et résistance : fragilité dans l’acceptation de l’autre et résistance aux injonctions
désincarnées » (ibid).
Jacques Frémontier
Journaliste bénévole
Détection olfactive
Une étude menée par Julie Hidalgo, assistante de recherche, et ses collègues du CMRR
(centre mémoire de ressources et de recherche) de Besançon (Doubs), en collaboration
avec Gérard Brand, du Centre des sciences du goût et de l’alimentation (CSGA) de Dijon
(Côte-d’Or), décrit un test de détection des troubles cognitifs basé sur « une différence à
peine perceptible » de la capacité olfactive par rapport à celle observée en population
générale.
Hidalgo J et al. Just noticeable difference in olfaction: a discriminative tool between
healthy elderly and patients with cognitive disorders associated with dementia. Rhinology
2011; 49(5): 513-518. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22125780.
Le diagnostic des patients adressés aux centres mémoire par les spécialistes
Une étude française, menée par le Professeur Bernard Croisile, du centre mémoire de
ressources et de recherche (CMRR) au service de neuropsychologie de Lyon, auprès de trois
cent quatre-vingt-quatre patients adressés pour avis de recours par des spécialistes (42%
de l’activité de la consultation mémoire), montre que ces personnes présentent plus
souvent une démence (64.4%) que les personnes non adressées par des spécialistes (39.7%).
Les personnes présentant une démence adressées par les spécialistes sont moins souvent
atteintes de maladie d’Alzheimer (30.1%) que les personnes adressées par des non
spécialistes (65.6%). Au total, parmi les personnes atteintes de démence adressées par des
spécialistes, 19.4% présentent une maladie d’Alzheimer, 11.3% une démence à corps de
Lewy, 12.5% une maladie neurologique (sclérose multiple, déficit cognitif vasculaire,
épilepsie), 10% un déficit cognitif léger. 8.1% des personnes adressées pour démence par
des spécialistes n’ont aucun déficit cognitif identifié par le CMRR.
Croisile B et al. Le recours représente 42 % de l’activité d’une consultation mémoire
neurologique d’un centre mémoire de ressources et de recherche. Presse Med, 13 février
2012. www.em-consulte.com/article/692338/alertePM.
Mortalité
La maladie d’Alzheimer est la sixième cause de décès aux Etats-Unis, après les maladies
cardio-vasculaires, les cancers, les maladies chroniques du système respiratoire, les
maladies cérébro-vasculaires, les accidents. Le nombre de décès dus à cette maladie a
augmenté de 3.3% entre 2009 et 2010, alors qu’il a régressé pour les cinq autres causes de
décès, selon les données 2010 des centres de veille sanitaire américains (CDC).
Murphy SL et al. Deaths: Preliminary Data for 2010. National Vital Statistics Reports 2012;
60(4). 11 janvier 2012. www.cdc.gov/nchs/data/nvsr/nvsr60/nvsr60_04.pdf (texte
intégral).
Symptômes neuropsychiatriques
Dans le cadre de la cohorte française REAL-FR, les équipes de Bruno Vellas, du gérontopôle
de Toulouse, et de Philippe Robert, du CHU de Nice, ont suivi pendant quatre ans six cent
quatre-vingt-six personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et vivant à domicile. Deux
tiers (66%) de ces personnes présentaient un ou plusieurs symptômes neuropsychiatriques
cliniquement significatifs à l’inclusion et 88% au bout de quatre ans. La prévalence de cinq
de ces symptômes augmente significativement au cours du temps : l’agitation (de 17.9% à
29.1%), l’apathie (de 43.0% à 62.9%), la désinhibition (de 23.6% à 14.6%), les hallucinations
Perte de l’audition
14% des Américains âgés de cinquante ans et plus utilisent une aide auditive. Ils sont 22% à
partir de quatre-vingts ans. La perte de fonction auditive est associée à un risque de déclin
cognitif ou de démence, selon Frank Lin, professeur assistant à l’Université médicale Johns
Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis).
http://consumer.healthday.com/Article.asp?AID=661749, 15 février 2012. Chien W et Lin
FR. Prevalence of hearing aid use among older adults in the United States. Arch Intern
Med 2012 ; 172(3) : 292-293. 13 février 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22332170.
Projet DISTALZ
Le projet DISTALZ (développement de stratégies innovantes pour une approche
transdisciplinaire de la maladie d'Alzheimer) est lauréat de la seconde vague de l’appel à
projet « laboratoires d’excellence » (LABEX) du programme « Investissements d’Avenir ».
Le projet vise à « explorer les hypothèses actuelles et nouvelles de la physiopathologie de
la maladie d’Alzheimer, notamment les voies métaboliques de la protéine amyloïde et de
la protéine tau, enrichie des découvertes génétiques récentes ; tirer de ces connaissances
des hypothèses biologiques nouvelles transférables en clinique au travers de biomarqueurs
ou de cibles thérapeutiques potentielles ; permettre, par une approche transdisciplinaire,
la mise en place des bases biologiques, médicales, sociales et éthiques d’essais cliniques
recrutant des individus et des patients identifiés comme présentant un risque maximum de
maladie d’Alzheimer avant leur conversion vers la maladie d’Alzheimer ». Il s’agit de
développer des formations de haut niveau comprenant un master européen, une école
d'été internationale ciblant médecins et scientifiques, des ateliers thématiques en science
sociales et en éthique, et des formations pour les médecins généralistes. Des bourses
seront allouées à des post-doctorants et doctorants, ainsi que des fonds pour la
participation à des réunions internationales. Seront encouragées la mobilité entre
laboratoires ainsi que des formations professionnelles adaptées. Pour les promoteurs du
projet, « DISTALZ aura de fortes retombées scientifiques, économiques et sociétales. Il
bénéficiera du rapprochement avec des sociétés de biotechnologie locales pour faciliter le
développement de nouveaux biomarqueurs et cibles thérapeutiques, accélérant le
transfert vers la clinique. Les stratégies de collaboration avec des entreprises nationales et
internationales et d’autres start-up seront encouragées ainsi que la création d’entreprises.
Un plan d'information et de vulgarisation s'articulera autour de réunions scientifiques, et
de conférences et publications pour le grand public ». Sept porteurs de projet se sont
associés : le Professeur Philippe Amouyel (U 744 Santé Publique et épidémiologie
moléculaire des maladies liées au vieillissement, Institut Pasteur de Lille, Université Lille-
2, INSERM) ; le Professeur Frédéric Checler (UMR 6097, Institut de pharmacologie
moléculaire et cellulaire à Nice-Valbonne, CNRS, INSERM, Université de Nice Sophia-
Antipolis) ; le Dr Luc Buée (U 837, centre de Recherches Jean-Pierre Aubert, INSERM,
CHRU de Lille, Université Lille-2) ; le Professeur Guy Lippens (UMR 8576, unité de
glycobiologie structurale et fonctionnelle, Villeneuve d’Ascq, Université Lille-3 ; le
Professeur Florence Pasquier, du centre mémoire de ressources et de recherche de Lille
(CHRU-Université Lille-2) ; le Professeur Pascal Antoine (EA1059, unité de recherche en
sciences cognitives et affectives, Villeneuve d'Ascq, Université Lille-3 ; le Professeur
Emmanuel Hirsch (EA1610, espace éthique Assistance publique - Hôpitaux de Paris,
Université Paris Sud-XI).
www.espace-ethique-alzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/, 14 février 2012.
La valeur du diagnostic
C’était le titre d’une session plénière à la 21ème conférence d’Alzheimer Europe tenue à
Varsovie en octobre 2011. Trois personnes malades sont intervenues. Archie Latta,
chauffeur routier écossais atteint depuis dix ans d’une maladie de Korsakoff (carence en
vitamine B1 liée à l’alcoolisme chronique et à des carences alimentaires, provoquant des
lésions cérébrales et des troubles cognitifs), s’est senti « vidé, seul et en colère » ; son
médecin a mal compris son alcoolisme ; l’impact du diagnostic a été considérable : il a
perdu son travail et son permis poids lourds ; mais le diagnostic a responsabilisé Archie, qui
vit seul, et au jour le jour : « le passé, c’est de l’histoire, demain est un mystère et
aujourd’hui est un cadeau ». Helga Rohra, traductrice-interprète roumaine, est atteinte
depuis cinq ans de démence. Elle a oublié son vocabulaire dans les cinq langues étrangères
qu’elle parle, est désorientée et a des hallucinations. Elle ne comprenait pas ce qui lui
arrivait. Depuis son diagnostic, sa vie a changé. Elle milite maintenant pour l’accès aux
médicaments et l’intégration des personnes atteintes de démence : « ce n’est pas la fin
mais le commencement d’une nouvelle vie », explique-t-elle. Marek Romecki, retraité
polonais, estime lui aussi qu’ « il est de la plus grande importance d’appartenir à une
association », pour un meilleur accès aux médecins spécialistes et une plus grande entraide
entre les personnes malades et leurs aidants.
Dementia in Europe, février 2012.
Refus de s’alimenter
Pour Jean-Jacques Arvieu, chef du pôle clinique de gériatrie du centre de gérontologie de
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le refus de s’alimenter peut revêtir plusieurs sens,
trois mécanismes étant bien connus : le refus signifiant une opposition et un refus de vivre
dans des conditions de vie et de soins douloureuses ; un refus lié à la résignation :
épuisement, sentiment d’inutilité, perte du sens de la vie ; refus « d’acceptation », où la
personne accepte le terme de sa vie et considère que « c’est l’heure de partir ». Face à
ces refus, les professionnels disposent de repères juridiques (lois du 4 mars 2002 et du 22
avril 2005) et éthiques : le principe d’autonomie, qui donne le droit au patient d’accepter
ou de refuser des traitements sous réserve d’une information bien comprise et acceptée ;
le principe de bienfaisance ou de non malfaisance : faire du bien et ne pas nuire au
patient ; le principe de proportion : les bénéfices escomptés du fait de la mise en place
d’un traitement doivent être supérieurs aux inconforts générés ; le principe de non
futilité : arrêter tout traitement qui n’apporte aucun bénéfice ; le principe d’humanité :
Renoncement
Pour Philippe Taurand, gériatre à l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne, le renoncement,
distinct du refus, de la résignation et du sacrifice, est une attitude qui naît fréquemment
au sein de la relation entre la personne atteinte d’une maladie d’Alzheimer, son aidant et
le personnel soignant.
Il propose une approche éthique de la vulnérabilité et de la prise en soin, inspirée par la
prudence aristotélicienne, pour « conserver un regard empathique sur l’individu malade,
réciprocité nécessaire qui rend possible un soin véritablement humain ».
Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer. Actualités n°11. Mars
2011. www.espace-ethique-alzheimer.org.
« Délivrer de la dignité »
Au Royaume Uni, la Commission pour la dignité dans les soins et l’accompagnement des
personnes âgées (réunissant la confédération des services nationaux de santé, l’association
Age UK et l’association des collectivités locales) a soumis à consultation publique un
rapport intitulé Delivering Dignity : securing dignity in care for older people in hospitals
and care homes (apporter de la dignité : garantir la dignité dans les soins et
l’accompagnement des personnes âgées dans les hôpitaux et les maisons de retraite). En
anglais, le verbe deliver signifie à la fois livrer, apporter, délivrer et tenir ses
engagements. En tant qu’organisme de formation professionnelle, le centre de
développement de services pour la démence (DSDC) de l’Université de Stirling salue cette
initiative comme un vecteur potentiel de changement, et propose des formations pour
trois des recommandations des rapporteurs : « les maisons de retraite doivent investir dans
le soutien et la formation régulière de leurs directeurs. Les collectivités locales ont un rôle
important à jouer pour faciliter ces formations en tant qu’ordonnateurs de la prise en
charge (commissioners of care) » ; « les conseils d’administration et les directeurs ont le
devoir d’assurer que les bâtiments sont adaptés à leur utilisation par des personnes âgées,
particulièrement ceux atteints de démence » ; « les hôpitaux doivent mettre en place des
programmes de développement de pratique (learning through doing - apprendre en
faisant) pour garantir que le personnel en charge des personnes âgées dispose de la
confiance, du soutien et des compétences pour bien prendre soin de leurs patients (do the
right thing for their patients). Le DSDC propose en ce sens une formation aux meilleures
pratiques de prise en charge de la démence, destinée aux aides-soignants hospitaliers, et
délivrée sur le lieu de travail.
Pour la Société Alzheimer britannique, « une approche uniformisée (one size fits all) n’est
pas possible. Chaque personne a des besoins, des préférences et des peurs différents. Mais
ces différences sont trop souvent rejetées ou ignorées par un système qui semble souvent
avoir oublié le sens de ses priorités. Les personnes atteintes de démence sont parmi celles
qui sont frappées le plus durement par les défaillances actuelles. Elles restent à l’hôpital
plus longtemps que nécessaire et sont privées d’une bonne qualité de vie en maison de
retraite. Nous devons nous assurer que la paperasserie (redtape) et les cases à cocher sur
des formulaires soient remplacées par la compassion et la compréhension que les
personnes doivent être remises au centre du soin et de l’accompagnement. Donner aux
personnels la capacité d’agir (empowering staff) en les formant à la démence et donner
une voix aux personnes vulnérables sont les premières étapes de ce parcours ».
Commission on Dignity in Care for Older People. Delivering Dignity. Securing dignity in
care for older people in hospitals and care homes. A report for consultation. Février 2012.
www.nhsconfed.org/Documents/dignity.pdf (texte intégral). www.dementia.stir.ac.uk,
1er mars 2012.
Capacité de décision
Le Dr Victor Lui et ses collègues du département de psychiatrie de l’hôpital Tai Po de
Hong-Kong (Chine), en collaboration avec Jason Karlawish, professeur associé de médecine
au centre de bioéthique de l’Université de Pennsylvanie, et Paul Appelbaum, professeur au
départment de psychiatrie de l’Université Columbia de New York (Etats-Unis), ont analysé
la capacité de décision pour la gestion des médicaments chez deux cent quatre-vingt-onze
Chinois âgés vivant à domicile, en utilisant l’échelle ACED (Assessment of capacity for
everyday decision-making). 34% des participants présentaient un déficit cognitif léger et
33% une forme légère de la maladie d’Alzheimer. Les cliniciens ont estimé que 96% des
participants atteints de déficit cognitif léger étaient compétents pour gérer leurs
médicaments. Toutefois, ces capacités sont significativement inférieures à celles des
personnes sans troubles cognitifs, lorsqu’on les mesure à l’aide de l’échelle ACED, ce qui
indique que l’incapacité à gérer les médicaments est apparue avant le diagnostic clinique.
Une évaluation structurée des capacités de décision peut améliorer le jugement clinique,
concluent les auteurs.
Lui VW et al. Capacity to make decisions on medication management in Chinese older
persons with mild cognitive impairment and mild Alzheimer's disease. Int Psychogeriatr,
16 février 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22336031.
Sens de la compétence
Astrid Schepers et ses collègues, du département de psychologie clinique de l’University
College de Londres (Royaume-Uni), ont développé, testé et validé une échelle de mesure
du sens de la compétence dans la prise en charge de la démence, comprenant dix-sept
critères. Les mesures sont positivement associées à l’expérience professionnelle, la
satisfaction au travail et les approches centrées sur la personne.
Schepers AK et al. Sense of Competence in Dementia Care Staff (SCIDS) scale:
development, reliability, and validity. Int Psychogeriatr, 20 février 2012.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22340666.
Convergence tarifaire
Les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui
n’utilisent pas encore le système d’information Pathos permettant de calculer la charge en
soins ne devront plus être soumis à des « tarifs plafonds » calculés sur une valeur
statistique moyenne, a annoncé Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la
cohésion sociale. La FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la
personne privés non lucratifs) salue cette « clarification », la méthode actuelle ne prenant
« pas en considération le besoin en soins réel des résidents ».
http://ehpa.fr, 24 février 2012.
Aides-soignantes spécialisées
En Allemagne, les maisons de retraite sont autorisées depuis juillet 2008 (section 87b des
recommandations SGB XI du code de la sécurité sociale) à recruter des aides-soignantes
spécialement formées pour assurer des compléments de soins et une stimulation des
résidents atteints de démence ou d’incapacité mentale. Ces aides-soignantes sont des non-
professionnels ayant reçu une formation spécifique (specially trained lay people). Ces
aides-soignantes sont encadrées en permanence. Des conflits potentiels avec les
professionnels peuvent se produire lorsque les rôles et la distribution des tâches sont
interprétés de manière différente, expliquent Doris Eberhardt et K. Sadowski, de la
clinique de Fürth.
Eberhardt D et Sadowski K. Implementation of section 87b of the guidelines of SGB XI: the
point-of-view of the nurses aides. Pflege Z 2012 ; 65(2) : 90-95.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22397192 (article en allemand).
Repères — Politiques
Presse nationale
Parcours de santé des personnes âgées : qu’en pense la Cour des comptes ? (1)
Dans son rapport 2012, la Cour des comptes fustige « une politique de santé publique aux
résultats incertains », de nombreux plans nationaux et régionaux s’étant additionnés, mais
avec des résultats « imprécis ». Cependant, depuis la canicule de l’été 2003, la Cour
estime que « la prise en compte des spécificités de la population du grand âge par le
système de soins s’est améliorée sur nombre de points, notamment la meilleure
organisation des urgences hospitalières et la prévention accrue des risques iatrogéniques.
Pour autant, l’importance persistante du nombre de personnes âgées admises en urgence à
l’hôpital atteste de dysfonctionnements continus (selon le Haut conseil de l’assurance
maladie, 20% des hospitalisations des personnes de plus de quatre-vingts ans seraient liées
aux effets iatrogènes des médicaments, et seuls 13% des six-cent-quarante-cinq services
d’urgence, tous statuts et toutes catégories d’autorisations confondus, déclarent disposer
d’une filière spécifique complète d’accueil et de soins en gériatrie) ». Pour la juridiction
financière, « l’optimisation des soins nécessite une veille épidémiologique plus complète
et plus précise, une approche plus cohérente des pathologies liées au vieillissement, une
coordination beaucoup plus poussée des acteurs autour de filières de soins. Il est en effet
nécessaire de conjuguer prévention, accompagnement en fonction des besoins, orientation
plus efficace vers les dispositifs les mieux adaptés à chaque situation, concertation entre
médecins de ville et services hospitaliers, et chaînage plus construit des interventions
sanitaires et sociales qui doivent être pensées ensemble pour faciliter le maintien ou le
retour à domicile ».
Cour des comptes. Rapport public annuel 2012. La prise en charge des personnes âgées
dans le système de soins : des projets trop lents. Février 2012.
www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/Systemes_soins_personnes_agees.pdf (texte
intégral). www.agevillagepro.com, 13 février 2012.
Hospitalisation à domicile
L’hospitalisation à domicile peine à s’imposer dans le paysage sanitaire français et connaît
d’importantes difficultés financières. Selon une enquête interne de la Fédération nationale
des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD), 38% des établissements d’HAD
étaient en déficit en 2010. Ce mode de prise en charge reste fragile. Selon Interactions, sa
reconnaissance et son avenir dépendent étroitement de sa coopération avec les autres
acteurs de soins, notamment les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et les
établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Le continuum
de soins et la collaboration de personnels de SSIAD au profit des patients dont l’état
nécessite l’HAD, sont les deux grands défis à relever. « Un patient âgé, malade chronique
connaissant des phases plus ou moins aigües, devrait pouvoir passer du SSIAD à l’HAD dès
que son état l’exige, tout en gardant le même aide-soignant s’il le souhaite », explique
Olivier Paul, délégué national de la FNEHAD. Mais plusieurs obstacles nuisent aujourd’hui à
cette coordination : le cadre juridique actuel ne permet pas aux personnels de SSIAD et
d’HAD d’intervenir conjointement auprès d’un même patient, sauf à appliquer, au cas par
cas, un dispositif complexe de « mise à disposition à but non lucratif » de personnels de
SSIAD au profit de l’HAD. Un projet de convention dite « d’intervention conjointe »,
élaboré par la FNEHAD, l’UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux
domiciles), l’ADMR (Union nationale du service à la personne) et les fédérations de SSIAD a
été présenté aux pouvoirs publics en 2009 et est resté sans suite.
Interactions, Février 2012.
Amélioration de l’habitat
Pour la réalisation de travaux devant améliorer l’habitat des personnes âgées, les régimes
de retraite complémentaire AGIRC (cadres) et ARRCO (non-cadres) accordaient jusqu’à
présent une contribution financière égale à 30 % de la participation de la caisse nationale
d’assurance vieillesse (CNAV). Les Caisses n’apporteront plus leur concours financier à
partir du 1er avril 2012 : le partenariat entre la CNAV et l’AGIRC-ARRCO portera désormais
essentiellement sur une « coordination réciproque des prises en charge en matière
d’habitat », qui sera expérimentée dans plusieurs régions (Ile-de-France, Bretagne, Rhône-
Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur) précise une circulaire. Pour pouvoir financer des
travaux de prévention de la perte d’autonomie et de lutte contre la précarité énergétique,
une visite du domicile du demandeur doit être effectuée afin de définir la liste des travaux
à réaliser. Si un besoin en ergothérapie est identifié, une prestation conseil d’un
ergothérapeute pourra alors être proposée par les régimes de retraite
complémentaire dans le cadre de leur dispositif « Bien chez moi ». Cette prestation a pour
objectif de « préconiser au retraité une adaptation de son logement afin d’améliorer le
confort, la sécurité et l’ergonomie de son cadre de vie ». Ce dispositif s’adresse
exclusivement aux retraités âgés de soixante-quinze ans et plus (soixante-dix ans ans et
plus pour la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur), quel que soit leur niveau de ressources et
de dépendance.
Actualités sociales hebdomadaires, 17 février 2012. Circulaire CNAV n° 2012-15 du
7 février 2012. www.partenairesactionsociale.fr/, 7 février 2012.
Nouvelles têtes
Nicolas Clément, cinquante-huit ans, a été nommé directeur général de l’UNIOPSS (Union
nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux. Diplômé de
Sciences Po Paris, titulaire d’un diplôme d’études approfondies d’économie et d’un master
in business administration (MBA) de l’INSEAD, il a exercé des fonctions de marketing et de
direction dans la presse et dans le secteur associatif.
Les Echos, 23 février 2012.
Repères — Initiatives
Un peu de poésie
Try to Remember (essayez de vous souvenir) est une intervention poétique destinée aux
personnes atteintes de démence, mise en œuvre dans trois maisons de retraite et un
accueil de jour dans le Gloucestershire, un comté rural du sud-ouest de l’Angleterre,
auprès de quatre-vingt-deux personnes malades (quarante-huit au stade léger à modéré,
trente-quatre au stade sévère) et trente-cinq professionnels. L’intervention se compose de
trois parties : des séances de réminiscence durant laquelle un poète (Karen Hayes)
enregistre les résidents et utilise les mots pour créer des poèmes ; des séances de
relecture avec les personnes malades, le personnel et les médecins généralistes ; et des
ateliers de formation du personnel. Que dit le poème co-écrit par Karen Hayes et Joan
Lacey, personne malade ? « Qui êtes-vous ? Et d’où venez-vous ? Peu importe (never mind).
Je n’ai pas le temps pour ça. Je dois trouver qui je suis et d’où je viens. J’ai tout oublié.
Je n’aime pas crier. Je ne voulais pas crier. Je n’aime pas qu’il y ait du bruit, et je fais
plus de bruit que tout le monde. Où vais-je ? Mon esprit s’est éloigné (wandered off). Je
ne veux pas m’en aller, je ne veux pas m’en aller, je ne sais pas où j’étais. C’est un
étrange sentiment, me demander qui je suis (wondering who I am) ». Trevor Richards et
Karen Hayes ont écrit : « Comment savez-vous que c’est moi ? C’était il y a longtemps. Une
photo prise en 1940. A l’époque, j’étais insouciant (happy-go-lucky). J’étais un jeune
garçon quand je suis venu ici. Le vieux caractère (old temper) change. C’est beaucoup de
frustration. Un exercice vain (pointless), une durée brève, une seconde pour relâcher.
C’est l’intérieur qui change. Je n’ai pas beaucoup d’intérêt. La politique qui était si
importante pour vous à l’époque, juste une période d’indifférence maintenant. Je vieillis
(I’m growing old-littéralement : je grandis vieux). Le temps s’écoule sans une pensée pour
les pauvres diables comme moi ». Pour les initiateurs du projet, il s’agit de « restaurer la
personnalité (personhood) chez des personnes dont l’identité est transformée presque au-
delà de toute reconnaissance ». Pour Helen Gregory, chargée de cours en psychologie à
l’Université de Gloucester, l’évaluation d’un tel projet est difficile. « C’est l’exemple
parfait de la façon dont la pratique prend une forme humaine qui ne correspond à aucun
modèle scientifique ».
Gregory H et al. Poetry in dementia care : overcoming the challenges. J Dementia Care
2012; 20-23. Mars-avril 2012.
Unité cognitivo-comportementale
L’unité cognitivo-comportementale (UCC) du CHU de Strasbourg a accueilli cent cinquante
personnes pour sa première année d’existence. C’est la deuxième unité de ce type créée
en Alsace dans le cadre du plan Alzheimer. Elle a bénéficié d’une participation de deux
cent mille euros pour le financement des travaux et de deux cent mille euros par an pour
le renforcement du personnel. Ce nouveau service de soins et de réadaptation reçoit pour
une durée moyenne de quatre semaines des personnes valides, atteintes de maladie
d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, et traversant une période de crise, caractérisée
par des « troubles du comportement productifs : agitation, déambulation excessive ou
Santé et société
Pilotée par l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble, la structure fédérative de
recherche (SFR) Santé et société regroupe une centaine de chercheurs appartenant à
quatorze structures, avec une spécificité en sciences humaines et sociales. Les partenaires
sont des équipes de recherche, des associations, des organismes de prévoyance santé et
des industriels. La SFR bénéficie également du soutien des collectivités locales. La
recherche s’inscrit dans une perspective de promotion et de prévention, et conduit à un
examen analytique et critique des politiques et des services de santé, des initiatives
communautaires, et des processus d’adaptation sociale qui permettent aux membres d’une
collectivité de vivre en meilleure santé physique et mentale. La recherche est orientée
selon quatre axes transversaux : handicap ; apprentissage et développement ; longévité,
autonomie et vieillissement ; comportement et émotions. La SFR Santé et société a
également pour mission de développer des programmes novateurs de formation pour
contribuer au développement d’interventions préventives et thérapeutiques efficaces. Les
formations initiales et continues sont portées par les établissements partenaires,
notamment le master « vieillissement, sociétés, technologies », adossé à la SFR.
www.sfr-sante-societe.net/index.php?lang=fr, février 2012.
Maisonnées
A Tourcoing (Nord), Les Maisonnées sont un nouvel établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes (EHPAD), adossé au centre hospitalier Dron, et spécialisé
dans l’accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Une unité d’hébergement
renforcée (UHR) pouvant accueillir quatorze personnes est dédiée à ceux qui ont besoin
d’une prise en charge plus importante. Le cabinet d’architecture Atlante a créé un
ensemble de quatre maisons, chacune avec un code couleur : le bois, la pierre, le végétal,
la brique rouge. Le calme des petites unités favorise la quiétude des résidents. « La
sérénité des patios me fait penser aux riads du Maroc où mes parents sont nés », confie le
Dr Karim Gallouj, chef du pôle de gérontologie. Un espace sensoriel Snoezelen a été
aménagé, avec un lit à eau, de la musique douce et des jeux de lumière. A terme, cent
cinq personnes travailleront aux Maisonnées pour prendre en charge cent vingt résidents,
la naissance de cette structure entraînant la création de quatre-vingt-quinze postes. Pour
Lieu de répit
La ville de Villeurbanne a ouvert fin 2011 le « Lieu de répit », lieu d’accueil et de
ressources géré par le centre communal d’action sociale (CCAS), une plateforme
d’accompagnement et de répit pour les aidants soutenue dans le cadre de la mesure 1 du
plan Alzheimer 2008-2012. L’équipe, présente du lundi au vendredi, comprend une
directrice, une maîtresse de maison auxiliaire de vie sociale et une animatrice. Les
activités proposées sont du temps libéré pour l’aidant : un accueil individuel ou en petit
groupe de deux heures (4 euros/heure ou 32 €/mois) ; et un atelier d’aquarelle de deux
heures, activité réservée aux aidants et à titre exceptionnel aux personnes malades (5
euros/séance ou 22 euros/mois).
www.senioractu.com, 29 février 2012.
Séjours de vacances
L’Association française des aidants (AFA) et le groupe de protection sociale Pro-BTP ont
signé une convention de partenariat portant notamment sur un apport d’expertise de l’AFA
en termes de méthodologie et de contenu au centre ressources du projet « vacances répit
famille », expérimenté depuis 2011 au sein de la direction régionale Paris-Seine de Pro-
BTP.
Sur les terres du château de Kilbryde, en Ecosse, Dementia Timeout (« pause démence »),
une entreprise sociale créée par Jennifer et Paul Roberts, propose une maison de
campagne et un appartement pour des vacances et des séjours courts, en formule gîte
(self-catering) pour des personnes atteintes de démence et leurs familles. Les deux hôtes
organisent les transports et les services à domicile.
www.agevillagepro.com, 5 mars 2012. www.dementiatimeout.com, J Dementia Care,
mars-avril 2012.
Réseau d’échange
Dossier commun d’admission, hospitalisation à domicile en EHPAD, soins bucco-dentaires,
rites funéraires, alimentation, bientraitance, accueil des personnes handicapées
vieillissantes, soins palliatifs, éthique : deux cents professionnels des EHPAD
(établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du Val-d’Oise ont fêté
à l’ESSEC les dix ans d’existence de travaux collectifs au service des résidents et des
professionnels menés au sein du réseau EHPAD Régies 95. Les outils sont publiés sur
Internet. Annie de Vivie, d’Agevillage, salue cette énergie créatrice : le président du
réseau, Christian Boissel, directeur de la résidence AREPA du Boisquillon, « a décidé de
dépasser le stade de la plainte. Comme ses collègues directeurs, il subit de fortes
contraintes (financières, managériales, voire commerciales. Il a décidé que de l’activité
pluridisciplinaire jailliraient des réponses opérationnelles ». Par exemple, la réflexion sur
la dénutrition a abouti à la création d’un comité départemental qui dépasse le contenu de
l’assiette pour proposer des conduites à tenir afin que les résidents aient envie de rester à
table et manger. Il faut les compétences des dentistes, des ergothérapeutes, des
orthophonistes, des chefs de cuisine, des gérants, des soignants et des résidents pour
imaginer des réponses aux troubles de la déglutition : « l’avenir de tous est entre les mains
de chacun », écrit Annie de Vivie.
www.regies95.com/r95/publications.html, www.agevillagepro.com, 12 mars 2012.
Domotique
La technologie domotique (gestion automatisée appliquée à l’habitation) permet de
regrouper et déclencher plusieurs fonctions électriques de la maison en un même point de
commande : allumage des luminaires du salon, réglage du chauffage, fermeture des volets
roulants. Le groupe Legrand, spécialisé dans les équipements électriques et la domotique,
a segmenté son offre selon trois types de déficience : cognitives, sensorielles et motrices,
et mis en place un réseau d’installateurs électriciens « partenaires handicap » capables de
proposer, d’installer et d’adapter les différentes solutions.
www.senioractu.com, 1er mars 2012.
Remariés
A Wittenheim, dans la banlieue de Mulhouse (Haut-Rhin), Gillette et Emile Macquet,
mariés, trois enfants, divorcés durant vingt-deux ans, se sont remariés en 2010. C’est la
maladie d’Alzheimer qui les a réunis. Pour Gillette, soixante-neuf ans « le plus difficile a
été de revivre avec quelqu’un. Alzheimer, c’est un invité qui prend de la place ! ». Emile,
soixante-douze ans, sourit. Il vit avec la maladie d’Alzheimer depuis 2008. Gillette
continue de travailler, pour payer les activités de l’hôpital de jour à Ensisheim, fréquenté
par Emile deux fois par semaine. « On fait des mots mêlés et j’adore ça. Je fais aussi la
vaisselle du petit-déjeuner », dit-il avec fierté. « En échange, tu as du rab le midi »,
réplique Gillette. C’est un gros mangeur. Il engloutit avec plaisir tous mes petits plats
maison. Je suis toujours là à l’heure des repas car c’est un repère essentiel pour un
malade d’Alzheimer. L’heure de midi, il s’en souvient toujours ! ». Ce qui n’empêche pas
Émile, une fois assis à table, de se lever plusieurs dizaines de fois pour aller vérifier
l’heure dans sa chambre. Cet ancien couvreur-zingueur ne se souvient pas de l’heure mais
énumère en revanche avec précision toutes les rues de son pâté de maison à Wittenheim :
« Dès qu’il fait beau, je vais me balader, parfois durant quatre heures. J’ai mes repères et
Culpabilisation
Sir Terry Pratchett, écrivain de science-fiction, atteint d’une forme rare de démence
diagnostiquée en 2007, accuse le gouvernement britannique de culpabiliser les personnes
malades en les faisant passer pour des « profiteurs » usant et abusant de leur protection
sociale : la pathologie est plus considérée comme un problème que comme une maladie »,
écrit-il. Il fustige un traitement trop cher, porteur de discrimination économique pour les
personnes malades et leurs familles, qui peut les pousser à la « banqueroute ».
www.actualitté.com, 13 mars 2012.
Internet
Littérature
Presse
Incapacité
Liliane Bettencourt, âgée de quatre-vingt-neuf ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer et
dont la fortune s’élève à dix-sept milliards d’euros, a été remplacée au conseil
d’administration de L’Oréal par un petit-fils.
Alzheimer Europe Newsletter, février 2012.
Radio
Ama Diem
Blandine Prévost, jeune Française de trente-huit ans atteinte de la maladie d’Alzheimer,
son mari Xavier et Sylvie Derycke, administratrice d’Ama Diem, se sont rendus à Trois-
Rivières (Québec) pour mettre en place une collaboration avec la maison Carpe Diem
fondée et dirigée par Nicole Poirier. Le couple veut créer près de Grenoble une maison
inspirée du modèle Carpe Diem. Dans une conférence intitulée Alzheimer : une
philosophie, une maison, un combat pour un environnement différent, Blandine Prévost a
évoqué sa réflexion sur sa vie et sur l’acceptation de sa maladie. Leurs témoignages ont
fait l’objet d’un reportage télévisé au Téléjournal Mauricie, et un entretien avec Nicole
Poirier a été diffusé sur Radio Canada.
www.radio-canada.ca, 21 février 2012. www.amadiem.fr, 29 février 2012.
Cinéma
Photographie
Théâtre
Cadeaux
Design for Aging. International Case Studies of Building and Program, de Jeffrey
Anderzhon, David Hughes, Stephen Judd, Emi Kiyota, Monique Wijnties
Dans la préface de ce recueil de réalisations architecturales exemplaires de lieux de vie
pour personnes âgées dans le monde entier, Mary Marshall, professeur émérite à
l’Université de Stirling (Ecosse), écrit : « nous pouvions et nous aurions dû planifier
l’arrivée d’un grand nombre de personnes âgées depuis des années. Au lieu de cela, les
gens se comportent comme s’il s’agissait d’un événement soudain. Rien n’était plus
Faits et chiffres
90 % : c’est la part des dépenses d’APA à domicile mobilisées pour financer le recours à
un aidant professionnel. Les 10 % de dépenses d’APA à domicile restants servent, pour
moitié, à financer différentes aides à l’autonomie (aides techniques, portage de repas,
téléalarme, transport, etc.) et, pour l’autre moitié, à un accueil temporaire ou de jour en
établissement, ainsi qu’au règlement des services rendus par les accueillants familiaux.
Borderie F et Trespeux F. Les bénéficiaires de l’aide sociale départementale. DREES.
Etudes et résultats 787. Janvier 2012. www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er787.pdf (texte
intégral). Actualités sociales hebdomadaires, 17 février 2012.
12% : c’est la proportion des décès en maison de retraite en 2010, contre 10% il y a dix
ans, selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Près de
60% des décès ont lieu en établissement hospitalier et 27% au domicile.
www.agevillagepro.com, 20 février 2012.
+0.8% : c’est le taux d’évolution des salaires du secteur social et médico-social fixé
pour l’année 2012 par la conférence salariale des établissements et services sociaux et
médico-sociaux privés à but non lucratif, présidée par Sabine Fourcade, directrice
générale de la cohésion sociale (DGCS). Ce taux s’érode : 1.6% en 2009, 1.2% en 2010, 1%
en 2011. Les dépenses de l’assurance maladie consacrées au secteur médico-social
progresseront pour leur part de 4% en 2012 contre 2.5% pour les autres dépenses de santé,
« dans un contexte financier particulièrement contraint », rappelle la DGCS : cette
progression permettra le développement de l’emploi et des qualifications », notamment
avec la poursuite de la création de places dans les établissements et services pour
personnes âgées et personnes handicapées.
Actualités sociales hebdomadaires, 31 janvier 2011.
6 millions de dollars (4.46 millions d’euros) en 2013 : c’est le montant des crédits
budgétaires demandés par le président Obama pour des dispositifs expérimentaux de
soutien aux aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (Alzheimer’s
Disease Demonstration Grants).
Family Caregiver Alliance, 22 février 2012.
5.4 millions : c’est le nombre de personnes vivant avec une maladie d’Alzheimer aux
Etats-Unis, dont 5.2 millions âgés de plus de soixante-cinq ans et 200 000 malades jeunes.
Une personne malade sur sept vit seule, la moitié de ces personnes n’ayant pas d’aidant
identifié.
Alzheimer’s Association, 8 mars 2012.
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