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net/publication/313474120
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Rachid Mensi
École Nationale d'Ingénieurs de Tunis
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Recycled Aggregates (RA) as subtitution to natural Aggregates (NA) in concrete production View project
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Résumé : Dans cette communication, on présente les résultats de traction obtenus entre un jour et un
an sur un vaste ensemble de mortiers, de micro-bétons et de bétons réalisés avec des granulats
calcaires issus de cinq carrières tunisiennes. Les résultats de la traction ont été comparés aux
résistances en compression mesurées sur les mêmes mélanges. Les évolutions obtenues ne coïncident
pas avec les lois de puissance « universelles » généralement adoptées pour prédire cette propriété.
Une approche où les paramètres de la loi (coefficient, exposant) peuvent être ajustés aux données,
donne de meilleurs résultats. Le recours à un autre modèle plus précis, décrit par une loi
hyperbolique, permet d’apporter une interprétation physique au comportement à la traction des
mélanges hydrauliques. Ses paramètres sont reliés à la résistance du granulat et à la cohésion dans la
zone de transition pâte-granulat.
Mots clés : Traction par fendage, compression, granulats, modèles, loi de puissance, loi hyperbolique
1 Introduction
Dans le cadre de mesures liées au développement durable, le Ministère de l’Équipement, de l’Habitat
et de l’Aménagement du Territoire de Tunisie a initié un programme de recherches portant sur la
faisabilité de mélanges hydrauliques avec les ressources calcaires nationales [1]. Un autre objectif est
d’utiliser les sables de concassage jusqu’ici écartés de tout usage. Dans ce but, les granulats de cinq
carrières du nord et du centre du pays ont été utilisés pour fabriquer des mortiers, des micros bétons et
des bétons de qualité courante (résistance à la compression inférieure à 40 MPa à 28 jours). Il s’agit
des carrières d’Aïn Tebournouk, de Nahli, d’El Haoureb, de Djebel Ressas et de Jradou. Un sable
siliceux roulé provenant de la carrière d’El Khlédia a servi aussi à la fabrication de mélanges mixtes.
Ces derniers contenaient également un gravillon calcaire provenant de la carrière de Tahent [2].
La présente communication s’intéresse plus particulièrement à la résistance à la traction. Elle a été
mesurée par fendage sur éprouvettes cylindriques 16 x 32 conservée dans l’eau à 20°C. Les essais ont
été réalisés selon les protocoles normalisés [3].
Selon la démarche habituelle, les résultats obtenus ont été comparés à la résistance à la compression
des mêmes mélanges. Les évolutions observées ne coïncident pas toutes avec les modèles
conventionnels, de type loi de puissance (y=a.xb), comme par exemple ceux de de Larrard [4] ou de
l’Eurocode 2 [5]. Dans ces modèles, les paramètres a et/ou b sont fixés. De meilleurs ajustements sont
obtenus avec une loi de puissance ou une loi hyperbolique (y=a.x/(b.x+1)) dont les paramètres a et b
sont associés aux propriétés des granulats ou de la liaison pâte-granulat.
Dans cette présentation, on rappelle tout d’abord le formalisme des modèles de caractérisation des
propriétés de traction, ensuite les paramètres des formules, les résultats mécaniques obtenus et leur
confrontation aux modèles. Une extension, valide du moins pour les bétons calcaires, est alors
proposée.
34 Achour T. et al
Aïn Tebournouk
5 Nahli
El Haoureb
Jbel Ressas
4 Jradou
Eurocode 2
Loi de puissance
Loi hyperbolique
3
ft(MPa)
0
0 10 20 30 40 50
fc(MPa)
Fig. 1 : Résistance à la traction ft v.s. résistance à la compression fc pour l’ensemble des mélanges des
différentes carrières. Application de différents modèles.
Matériaux 35
Ils ont été reproduits individuellement ensuite dans les Fig. 2. Ces figures comparent fc à ft. Comme
déjà signalé dans la littérature [4,7].
4 4
3 3
ft(MPa)
ft(MPa)
2 2
1 1
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
fc(MPa) fc(MPa)
4 4
3 3
ft(MPa)
ft(MPa)
2 2
1 1
0 0
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40 50
fc(MPa) fc(MPa)
5 Jradou Mortier
4
Micro
3
ft(MPa)
Béton
2
de Larrard
1
Loi de puissance
0
0 10 20 30 40 50
Loi hyperbolique
fc(MPa)
Fig. 2 : Résistance à la traction ft v.s. résistance à la compression fc pour chaque carrière. Ajustements
MS2 2007
36 Achour T. et al
On vérifie d’une manière générale qu’il n’y a pas d’effet clairement exprimé de la taille des granulats,
de leur granularité, de leurs proportions respectives, ni de l’âge des mélanges, puisque les points
chronologiques qui se rapportent aux mortiers, aux micros bétons et aux bétons présentent une
continuité plutôt régulière. De même, pour les faibles performances, on constate que la résistance à la
traction augmente à peu près proportionnellement à la résistance à la compression, mais que cette
tendance s’altère ensuite. Ce comportement traduit l’existence d’un phénomène mécanique limitant à
la traction qui est analysé ultérieurement. Les données ont été interprétées successivement selon
l’approche des modèles de loi de puissance, puis selon celle du modèle hyperbolique.
Les résultats par carrière ont alors été interprétés sur la base de la relation 1, en cherchant les
paramètres m et n qui conduisent aux meilleurs ajustements. Ceux-ci sont tracés en traits discontinus
sur les Fig. 2, et les valeurs de m et de n sont portées dans le Tab. II, avec les écarts moyens
correspondant. On constate cette fois que les lissages s’ajustent mieux aux résultats expérimentaux, et
que les écarts moyens sont moindres. On dispose ainsi d’un modèle plus précis pour ces mélanges
calcaires.
D’un point de vue pratique, la meilleure façon de déterminer les paramètres m et n d’un granulat est de
lisser, selon la relation (1), les résultats de compression et de traction mesurés sur une variété de
mélanges hydrauliques réalisés avec ce matériau (différents dosages en ciment et/ou en eau, âges
différents…). A défaut, deux bétons de résistances à la compression fc1 et fc2 contrastées, pour
lesquels on mesure, par un nombre suffisant d’essais, la résistance à la traction ft1 et ft2, suffisent aussi.
Dans ce cas, les paramètres m et n sont donnés par les relations suivantes :
§ ft ·
log¨¨ 2 ¸¸
n © ft1 ¹ et m ft1
(ou m
ft 2
)
n n (5)
§ fc · fc1 fc2
log¨¨ 2 ¸¸
© fc1 ¹
Matériaux 37
Tab. II: Valeurs des param. de la loi de puiss. et de la loi hyperb. et écarts moy. (carrières calcaires).
Loi de puissance Loi hyperbolique
Moyenne Moyenne
m n Ecart moyen p' q' Ecart moyen
Granulat écart moyen écart moyen
1-n -1
(MPa ) (MPa) (MPa) (MPa ) (MPa) (MPa)
Aïn Tebournouk 0,173 0,841 0,16 0,141 0,013 0,21
Nahli 0,210 0,721 0,08 0,156 0,034 0,08
El Haoureb 0,154 0,863 0,16 0,16 0,118 0,007 0,16 0,15
Jbel Ressas 0,168 0,838 0,24 0,138 0,012 0,15
Jradou 0,165 0,869 0,17 0,139 0,010 0,15
a : mortier ; b : micro béton ; c : béton
Les résistances fc1, fc2, ft1 et ft2 ont été définies précédemment (relation 5).
Les courbes (fc, ft) interprétées par le modèle hyperbolique, et les coefficients p’ et q’ associés, sont
donc de bons indicateurs du comportement à la traction des mélanges hydrauliques. Ainsi, dans le cas
présent, la plupart des courbes montrent une quasi-linéarité pour les faibles performances, indiquant
une rupture au contact des grains, dans l’auréole de transition. Alors pour les plus fortes performances,
qui correspondent généralement aux essais plus tardifs, on obtient aussi des déchaussements pour
certaines carrières (El Haroueb, Jradou, Jbel Ressas). Par contre, pour les autres, ce sont les grains qui
sont majoritairement fracturés (Nahli, Aïn Tebournouk), comme en attestent la plus forte courbure des
graphiques correspondant (Fig. 2).
Les propriétés mécaniques des granulats et de la zone de transition contrôlent donc directement le
comportement en traction des mélanges hydrauliques. Par ailleurs, on notera que le rapport des deux
coefficients, c’est-à-dire p’/q’ (ou m/n), a la dimension d’une contrainte (MPa). Il paraît donc légitime
de vouloir comparer ce rapport aux propriétés intrinsèques du granulat, comme par exemple le
coefficient Los Angeles LA toujours mesuré sur les matériaux granulaires. La Fig. 3 présente les
résultats obtenus. Ils peuvent être décrits, en première approximation, par une relation linéaire dont le
coefficient de détermination R2 (indiqué sur les figures) justifie le bien fondé de l’hypothèse :
p' m
0,95.LA 34 ou encore 0,009.LA 0.007 (7)
q' n
Enfin, si l’on ne dispose que d’un seul béton caractérisé par des valeurs représentatives de fc et de ft,
et si le coefficient LA du granulat est connu, on peut écrire alors :
1 p'
p' et q '
fc fc 0,95.LA 34 (8)
ft 0,95.LA 34
MS2 2007
38 Achour T. et al
El Haoureb
)
Aïn Tebournouk
1-n
0,2
p'/q' (MPa)
Jradou
Jbel Ressas
m/n (MPa
Aïn Tebournouk El Haoureb
10
0,1
5 Nahli
y = 0,009x + 0,007
y = -0,95x + 34,05 R2 = 0,80
R2 = 0,89
0 0,0
10 15 20 25 30 35 10 15 20 25 30 35
LA LA
3 Conclusion
Les résultats des résistances à la traction obtenus sur les mélanges hydrauliques calcaires ont été traités
le plus souvent sur la base des modèles les plus récents, dont ceux du LCPC français qui constituent
d’excellents outils de formulation et de prédiction des comportements pour une large gamme de
mélanges. Des extensions ont toutefois dû être proposées pour permettre leur adaptation à des cas plus
particuliers, comme celui des mélanges riches en fillers calcaires.
Les modèles « généraux » de traction, qui relient compression et traction par une loi de puissance, ne
donnent pas de résultats réellement satisfaisants pour les mélanges calcaires si leurs deux paramètres
ne sont pas ajustés aux données. Dans ce cas, un autre modèle hyperbolique a été proposé. Il convient
mieux pour les faibles et les fortes résistances et il a l’avantage d’associer de façon plus explicite ses
paramètres à la cohésion dans la zone de transition pâte-granulat, et à la résistance limite du granulat
en traction.
Références
[1] Achour T. (2007). Influence des caractéristiques des granulats calcaires sur les propriétés des
mélanges hydrauliques. Exemples tunisiens. Thèse de doctorat ENIT/UHP (en cours).
[2] Achour T., Lecomte A., Ben Ouezdou M., Mensi R., Joudi I. (2006). Contribution of the fillers
limestones to the paste-aggregate bond: Tunisian examples. Materials and structures Journal, à
paraître.
[3] Norme NF EN 12390-6 (2001). Essai pour béton durci – Partie 6 : résistance en traction par
fendage d’éprouvettes, AFNOR.
[4] de Larrard F (1999). Concrete Mixture Proportioning. A Scientific Approach. Modern Concrete
Technology, 9, S. Mindess & A. Bentur, editors E & FN Spon, London.
[5] Norme NF EN 1992-1 (2005), Eurocode 2 – Calcul des structures en béton – Partie 1-1 : règles
générales et règles pour les bâtiments. Afnor