Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SEPT/OCT
30
des praticiens entre
en vigueur le 1er janvier TRIBUNE
2023
10. F ormation minimale BENOÎT PERRIER
en Europe : l’enjeu Président de l’Union
de la clinique française pour la santé
bucco-dentaire (UFSBD)
12. P rotection des données
2 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
ÉDITO
Primum
non nocere
La loi du 5 août dernier sur la gestion de la crise de la Covid 19, avec l’obligation
vaccinale de l’ensemble des professionnels de santé, s’impose désormais à tous :
praticiens, personnels des cabinets dentaires et étudiants. Mais avant d’y
revenir, nous voulons ici mettre l’accent sur une autre obligation majeure qui
s’impose à tous les praticiens : l’obligation de soigner. Les praticiens se doivent
de prodiguer leurs soins à tous les patients sans aucune distinction de quelque
nature que ce soit. La loi est claire sur ce sujet : aucun praticien libéral ou
salarié exerçant en cabinet de ville ne peut s’enquérir du statut vaccinal de
son patient. Il peut encore moins s’opposer à soigner un patient non vacciné.
Le Conseil national regrette, à l’instar du président du Conseil national de
l’Ordre des médecins, que sur cette question, il n’en soit pas de même dans les
hôpitaux. Pour l’Ordre en effet, quel que soit le lieu d’exercice, cette obligation de
soin à laquelle nous avons tous souscrit en prononçant le serment d’Hippocrate
est indissociable de notre devoir et de nos responsabilités en tant que membre
d’une profession médicale. Disons-le, sur ce distinguo de la loi, l’Ordre ne peut
pas être d’accord sauf à renoncer aux principes qui touchent à son essence même.
Concernant la vaccination obligatoire des praticiens, des personnels
(assistants, réceptionnistes, etc.) et des étudiants, celle-ci se fonde sur le socle
des devoirs que doivent respecter les soignants. À commencer d’ailleurs par le
respect du principe « Primum non nocere ». Il n’est pas question d’exposer nos
patients au moindre risque de contamination dans un cabinet dentaire. Pour
l’Ordre, et à côté de toutes les règles spécifiques à notre exercice établies en
temps de Covid, la vaccination doit entrer dans l’arsenal de protection que nous
devons à nos patients. On soulignera d’ailleurs que cette vaccination relève
d’une double fonction puisqu’il s’agit aussi, bien sûr, de protéger l’équipe
dentaire présente de tout risque de contamination. Le législateur a fait de cette
vaccination une obligation, ce que le Conseil constitutionnel a confirmé.
C’est un fait, mais c’est d’abord au sens de la responsabilité des praticiens
que nous en appelons. Et nous savons pouvoir compter sur eux.
Philippe Pommarède
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 3
ACTU Identité nationale de santé :
cinq réponses pour comprendre
L
es éditeurs de logiciel métier
ont commencé à intégrer une
fonctionnalité qui permet
d’accompagner de manière simple les
praticiens libéraux dans la récupéra-
tion de l’identité nationale de santé
(INS) de leur patient. Voilà ce qu’il faut d’une pièce d’identité au moins une
savoir sur l’INS. fois, soit pour un nouveau patient,
Quel est le principe de l’INS ? Consti- soit à l’occasion d’une nouvelle prise
tuer une identité de référence, parta- en charge (patient déjà connu) si
gée par tous les acteurs de santé, per- l’identité n’avait pas déjà été validée.
mettant un référencement fiable des De quelle pièce d’identité parle-t-
données de santé. on ? D’une carte d’identité, d’un pas-
Quel est son objectif ? Éviter toute seport, d’un livret de famille, d’un
confusion entre un patient et un autre, extrait d’acte de naissance pour les
notamment dans le cadre des échanges enfants avec vérification de l’identité
entre professionnels de santé ou de par- d’un des parents ou tuteur légal, ou
tage d’informations. Il s’agit d’éviter au encore d’un titre de séjour perma-
patient tout risque d’événement indési- nent. Attention ! Toute autre pièce
rable grave ou de perte de chance. (carte Vitale, permis de conduire,
Chaque patient se voit donc désormais etc.) ne permet pas de valider l’iden-
attribuer un INS et un seul. tité de vos patients.
Que doit faire le praticien ? Il doit Comment en parler aux patients ?
effectuer une double opération : Pour informer votre patientèle sur ce
• faire appel au téléservice INSi pour dispositif, l’agence nationale du
récupérer l’INS du patient depuis son numérique en santé (ANS) met à
logiciel de gestion de cabinet. Cela peut votre disposition un kit de commu-
se faire en insérant automatique- nication via ce lien :
ment la carte Vitale du patient dans
https://esante.gouv.fr/sites/default/files/
le lecteur ; media_entity/documents/ANS_INS%20en%20
• valider l’identité du patient à l’aide quelques%20mots_VF.pdf
CHARLY FRANCIUS-FIGUÈRES
Ancien conseiller national, Charly Francius-Figuères est décédé
le 13 août dernier à l’âge de 101 ans. Né en 1920 à Pointe-à-Pitre,
il se porte volontaire dans l’armée lors du passage de la Guadeloupe
dans la dissidence, en 1943, et sera affecté en Algérie puis
en France et en Allemagne. Après ses études à Paris, il s’installe
en libéral à Pointe-à-Pitre. Président du conseil régional de l’Ordre
Antilles-Guyane en 1969, il deviendra conseiller national de 1985
à 2003. Il était Chevalier de la Légion d’honneur, Commandeur
de l’Ordre national du Mérite et Croix du Combattant. À son épouse, à ses enfants
et petits-enfants, à ses proches, nous présentons nos plus sincères condoléances.
4 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
ACTU
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 5
ACTU
Europe : un enseignement
de qualité en temps de Covid
E
n juin der- tions européennes, les
nier, les États membres, la com-
régulateurs munauté de l’éducation
dentaires euro- et de la formation […] à
péens, dont l’Ordre unir leurs forces ». Aussi
français, réunis au dans une autre résolu-
sein de la Fedcar tion les « universitaires,
(Fédération euro- les étudiants et les régu-
péenne des autori- lateurs » dentaires ont-
tés compétentes et ils répondu à l’appel et
régulateurs den- invité à l’effort « de
taires), se sont asso- toutes les parties pre-
ciés au Conseil nantes pour adapter
européen des den- l’ambition de l’espace
tistes, le CED, pour européen de l’éducation
cosigner une résolution attirant nique a ainsi été réalisé selon « les à cette situation difficile » de la
« l’attention sur les perturbations restrictions locales, l’accès aux formation clinique. Le nerf de la
de l’enseignement dentaire cau- ressources et les considérations guerre est visé, et cette résolution
sées par la crise actuelle de la épidémiologiques ». demande de « garantir que des
santé publique ». En effet, la plu- Mais pour les acteurs dentaires, ressources suffisantes dans l’inté-
part des centres d’enseignement, il n’est pas question de rester iso- rêt du public soient allouées vers la
en Europe, ont dû limiter leurs lés dans cette situation. La Fedcar sauvegarde de la formation de
activités de formation clinique a aussi rappelé que la « Commis- haute qualité des générations
pendant la pandémie, chacun sion est déterminée à réaliser l’es- actuelles et futures des
s’adaptant au cas par cas. pace européen de l’éducation d’ici professionnels de la santé bucco-
Le retour à l’enseignement cli- à 2025 et appelle les autres institu- dentaire ».
6 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
ACTU
Pas de statut
d’auto-entrepreneur pour
les assistants dentaires
Non, un(e) assistant(e) dentaire ne peut exercer sous un statut d’auto-
entrepreneur, contrairement à ce qui est avancé depuis plusieurs
semaines sur certains sites Internet. Il semble d’ailleurs que des assis-
tantes dentaires « libérales » proposeraient leurs services pour des
actes d’implantologie. Exercer le métier d’assistant sous un tel statut
supposerait qu’il n’y a aucun lien de subordination – la caractéristique
principale de l’activité salariée – entre l’assistant(e) dentaire et le
SÉGUR DE LA chirurgien-dentiste. L’assistant dentaire travaille sous la responsabi-
lité du chirurgien-dentiste en appliquant ses directives, au service
SANTÉ d’une patientèle qui n’est pas la sienne mais celle du praticien. L’article
Le Conseil national R. 4393-8 du Code de la santé publique (CSP) définit le métier de l’as-
sistant, qui ne peut s’effectuer indépendamment du praticien. Exercer
a participé, le 20 juillet le métier d’assistant dentaire implique une subordination, donc un
dernier, au quatrième exercice salarié. Un praticien qui accepterait ou, pire, susciterait le
comité de suivi recours à un tel statut s’exposerait à de nombreux risques : une requali-
du Ségur de la Santé fication de l’activité de l’assistant en contrat de travail, un rappel de coti-
sations, ou encore, au pénal, un délit de dissimulation d’emploi salarié.
marqué, voilà un Sans parler des risques en matière de couverture de la responsabilité
an maintenant, par médicale. La direction générale de l’organisation des soins (DGOS)
un certain nombre avait conforté cette analyse dans un courrier adressé au Conseil natio-
d’engagements pris nal lors de l’introduction de la profession d’assistant dentaire au CSP.
Profitons de cette mise au point pour insister sur le fait que les assis-
par Olivier Véran après tants dentaires ne peuvent en aucun cas effectuer d’actes en bouche
une vaste consultation qui relèvent de la capacité exclusive du chirurgien-dentiste, quelle que
des différents soit la discipline pratiquée, omnipratique ou spécialité.
acteurs de la santé.
Une visioconférence
donnée par le ministre
ce même 20 juillet,
au cours de laquelle
il a fait état de
l’avancement
des mesures décidées
à l’issue du Ségur
de la Santé, est
en ligne (www.
dailymotion.com/
video/x82ts1j).
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 7
ACTU
8 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
ACTU
L
Laroche, avec la participation
e dispositif de la dont une liste figurera dans
du Conseil national représenté « certification pério- un référentiel national. Le
par son président, Philippe dique » s’ouvrira le DPC et la formation conti-
Pommarède, et son trésorier 1er janvier 2023. Tous les six nue seront intégrés dans le
adjoint, Bernard Placé, ainsi que ans, les praticiens devront dispositif. Un compte indivi-
avoir satisfait à cette obliga- duel sera ouvert pour
d’autres représentants de la tion d’actualisation des com- chaque praticien, permet-
profession engagés sur cet enjeu pétences et des connais- tant de justifier de son obli-
de santé publique. Le Conseil sances, étant précisé que, gation. Un Conseil national
national avait déjà eu l’occasion pour le lancement du dispo- de la certification pério-
sitif, les praticiens déjà en dique sera chargé de l’orga-
de présenter aux sénateurs le exercice au 1er janvier 2023 nisation, de la définition des
dispositif novateur mis en place disposeront d’un délai de orientations scientifiques,
en Nouvelle-Aquitaine. Le Sénat 9 ans pour remplir leur obli- ainsi que du contrôle de l’in-
veut désormais accélérer, et tout gation avant de rejoindre le dépendance des acteurs
régime de droit commun. intervenant dans la procé-
l’enjeu de la réunion résidait dans C’est une ordonnance parue dure. Des référentiels seront
la mise à disposition de moyens, le 21 juillet dernier qui a fixé élaborés, en lien avec les
par l’État et l’assurance maladie, les grandes lignes de la cer- Conseils nationaux profes-
pour avancer concrètement sur tification des membres des sionnels (CNP) de chaque
professions de santé à Ordre. profession. L’Ordre sera
ce dossier. Le projet de loi de Des décrets d’application en chargé du contrôle de la
financement de la sécurité sociale préciseront les modalités. certification périodique.
pour 2022 pourrait constituer le En pratique, les chirurgiens- Nous reviendrons plus en
vecteur législatif permettant d’y dentistes devront justifier, détail sur le dispositif, une
tous les six ans, d’un pro- fois publiés les textes d’ap-
parvenir. gramme minimal d’actions, plication.
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 9
ACTU
Formation minimale
en Europe :
l’enjeu de la clinique
Les travaux d’actualisation du socle commun des études
en odontologie en Europe se poursuivent. Une étape importante a eu lieu
fin juin dernier, à laquelle participait l’Ordre français. La question
de la formation clinique, entre autres, figurait à l’agenda.
L
es travaux préparant à graphie détaillée de l’état de la génétique et la médecine régé-
la mise à jour du socle formation dentaire dans les nérative à la matière générique
commun européen de pays de l’UE (2). À sa lecture il de biologie, déjà existante dans
la formation des apparaît qu’au moins huit le socle datant de 1978. De
chirurgiens-dentistes battent matières supplémentaires par même, un consensus existe
leur plein. L’objectif est d’ac- rapport au texte de 1978 sont pour ajouter l’immunologie à la
tualiser le texte, paru en 1978, enseignées dans une majorité matière actuelle de microbio-
qui établit le tronc commun des de pays. Elles traduisent de logie.
études odontologiques, et d’y manière consensuelle le mini- Quant à l’implantologie et la
intégrer les évolutions scienti- mum commun des 40 années gérodontolog ie, domaines
fiques et technologiques de la d’évolution de notre pratique majoritairement enseignés
pratique de notre discipline en Europe. dans l’Union, ils doivent encore
médicale qui ont depuis eu être inscrits dans la directive.
lieu (1). L’enjeu est fondamental À ce stade des discussions, le
lorsque l’on jette un regard,
Des consensus, Conseil national regrette l’ab-
même rapide, sur notre exer- des points en suspens sence de sous-divisions ou
cice tel qu’il était pratiqué et S’agissant du numérique par d’indications pour certaines
enseigné en 1978. exemple, dont le recours est matières et aurait souhaité, par
Invité à donner son avis et à désormais massif dans les exemple en implantologie, que
débattre, le Conseil national a cabinets dentaires de la plu- soient précisés dans la mise à
participé à une journée impor- part des États membres, jour certains sous-chapitres de
tante, le 29 juin, dévolue à 18 pays européens l’enseignent chirurgie implantaire et péri-
cette mise à jour. Y étaient réu- et inscrivent cette matière implantaire, de prothèses, de
nis des représentants de la pro- dans les connaissances et com- gestion des complications et de
fession, des enseignants, des pétences du praticien. Il suivi.
étudiants et des régulateurs de semble évident qu’il fera partie La journée du 29 juin n’a hélas
toute l’Europe ainsi que des de la mise à jour. pas permis de conclure à ce
représentants de la Commis- Compte tenu de leur impor- sujet.
sion européenne. tance et des nouvelles théra- Quid de la clinique ? La compé-
Un des matériaux utiles de pies géniques, un consensus tence clinique, au terme de la
cette journée était une carto- existe aussi pour inscrire la formation initiale, est expres-
10 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
ACTU
sément mentionnée par la tisterie pré-clinique et expé- sion européenne, sans doute en
directive. Mais elle figure dans rience clinique complète avec février 2022. La Commission
le texte de 1978 de manière les patients », formulation plus élaborera alors un acte législa-
beaucoup moins précise que soutenue quant à l’objectif tif et procèdera à d’autres
pour les professions d’infir- réel. Une autre proposition, consultations dont celles des
mier, de sage-femme ou de défendue par les régulateurs ministères nationaux des
vétérinaire, pour lesquelles réunis au sein de la Fedcar 27 pays. Une étape importante
sont mentionnés des objectifs – dont l’Ordre français – qui devra aussi être préparée et
dûment étayés. consiste à conclure le texte à laquelle le Conseil national
Une différence de traitement actualisé par un simple rappel prendra sa part.
qui n’est pas justifiable, et de de toutes les compétences (1) La liste des enseignements
nombreux rappels en ce sens « théoriques, pratiques et cli- minimaux en Europe pour la
ont été faits lors de la journée niques » attendues pour que le formation dentaire date de 1978 et n’a
du 29 juin. Plusieurs proposi- primo-inscrit soit un débutant jamais été retouchée. Cette liste, une
tions ont été émises. D’abord compétent. trentaine d’enseignements généraux
s’agissant tout simplement de Sur la base de ces discussions et odontologiques, figure en annexe
l’intitulé de cette formation et de ces propositions défen- de la directive de 2005 relative à la
clinique : assez vague dans le dues ce 29 juin dernier, les reconnaissance des qualifications
texte actuel (« Matières spéci- recommandations finales de professionnelles.
fiquement odonto-stomatolo- mise à jour scientifique et (2) Sauf pour la Bulgarie et la
giques »), il a été proposé de le technologique seront formu- Roumanie, qui n’ont pas répondu à
clarifier et d’indiquer « Den- lées et adressées à la Commis- l’étude.
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 11
ACTU
12 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
FOCUS
FOCUS
OBLIGATION VACCINALE
T
ous les chirurgiens-den- d’une vaccination avec un schéma
tistes, tous les personnels complet, soit d’un certificat de contre-
– y compris administra- indication à la vaccination soit, enfin,
tifs – travaillant au mais pour une durée limitée à six
contact de la patientèle, mois, d’une attestation de rétablisse-
ainsi que tous les étudiants en odon- ment après avoir contracté la maladie.
tologie sont concernés par l’obligation Cette obligation est l’une des grandes
vaccinale. Depuis le 7 août dernier (le mesures de la loi « relative à la gestion de
lendemain de la parution de la loi au la crise du Covid » du 5 août 2021 qui
Journal officiel) et au plus tard le impacte directement la profession. Le
15 octobre prochain, ils doivent justi- dispositif est accompagné de procédures
fier, pour exercer leur métier, soit qui diffèrent selon le statut médical
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 13
FOCUS
14 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
FICHE PRATIQUE
FICHE PRATIQUE
FOCUS
L’obligation Vaccinale
Ce que L’obligation Vaccinale
dit la loi pour notre profession et les personnels salariés.
Ce que dit la loi pour notre profession et les personnels salariés.
1 Personnes concernées 2 Justificatifs
1 Personnes concernées 2 Justificatifs
Le certificat vaccinal est à remettre à l'employeur. Pour les certificats de vaccination, les libéraux n'ont pas de
Le certificat de rétablissement ou de contre-indication est démarche à faire. Seuls les certificats de rétablissement ou de
Leà certificat vaccinal
remettre soit est à remettre
à l'employeur, soit à laà l'employeur.
médecine du travail, Pour les certificatssont
contre-indication de vaccination,
à transmettrelesparlibéraux n'ont àpas
les libéraux de
l'ARS
Lequi
certificat de rétablissement
en informe l'employeur. ou de contre-indication est démarche
selon des modalités précisées par instruction ministérielle.de
à faire. Seuls les certificats de rétablissement ou
à remettre soit à l'employeur, soit à la médecine du travail, contre-indication sont à transmettre par les libéraux à l'ARS
qui en informe l'employeur. selon des modalités précisées par instruction ministérielle.
4 Contrôle
ARS
Pour les salariés 4 Contrôle Pour les libéraux
ARS
Pour les salariés Pour les libéraux
5 Conséquences
Pour les salariés 5 Conséquences Pour les libéraux
Pour les salariés Pour les libéraux
L’employeur informe le salarié Si un libéral ne peut plus exercer
de son interdiction d’exercer
Ne peuvent plus son activité depuis plus de 30
L’employeur informe
dont le salarié exercer leur activité Sijours,
un libéral
l'ARSneenpeut plus leexercer
et des moyens
depour
sonrégulariser
il dispose
interdictionsad’exercer
Ne peuvent plus son activité
informe
depuis plus de 30
situation. exercer leur activité Conseil national de l’Ordre.
et des moyens dont il dispose jours, l'ARS en informe le
pour régulariser sa situation. Conseil national de l’Ordre.
16 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
FOCUS
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 17
FOCUS
l’informe sans délai des consé- et de 3 750 € d’amende ainsi que de la peine
quences qu’emporte cette interdiction complémentaire de travail d’intérêt général.
d’exercer sur son emploi ainsi que des La police et les agents de la irection générale
moyens de régulariser sa situation. Le de la concurrence, de la consommation et de
salarié qui fait l’objet d’une interdiction la répression des fraudes (DGCCRF) peuvent
d’exercer peut mobiliser, avec l’accord constater ces infractions.
de son employeur, des jours de repos
conventionnels ou des jours de congés QUELLES SANCTIONS POUR L’EM-
payés. À défaut, son contrat de travail PLOYEUR NE CONTRÔLANT PAS
est suspendu. Cette suspension, qui L’OBLIGATION DES SALARIÉS ?
s’accompagne de l’interruption du ver- La méconnaissance, par l’employeur, de
sement de la rémunération, prend fin l’obligation de contrôler le respect de l’obli-
dès que le salarié satisfait à ses obliga- gation vaccinale est punie de l’amende pré-
tions vaccinales. La suspension ne peut vue pour les contraventions de la cinquième
être assimilée à une période de travail classe. Cette contravention peut faire l’objet
effectif pour la détermination de la de la procédure de l’amende forfaitaire pré-
durée des congés payés ainsi que pour vue à l’article 529 du Code de procédure
les droits légaux ou conventionnels pénale. Si une telle violation est verbalisée
acquis par le salarié au titre de son à plus de trois reprises dans un délai de
ancienneté. Pendant cette suspension, trente jours, les faits sont punis d’un an d’em-
le salarié conserve le bénéfice des prisonnement et de 9 000 € d’amende.
garanties de protection sociale complé-
mentaire auxquelles il a souscrit. QUEL ACCÈS AUX SOINS DES
• Salariés chirurgiens-dentistes. PATIENTS SANS PASSE SANITAIRE ?
Lorsque l’employeur ou l’Agence régio- Cabinets de ville. Disons-le, la loi ne brille
nale de santé (ARS) constate qu’un pas par sa précision dans la formulation des
chirurgien-dentiste ne peut plus exer- restrictions aux soins des patients sans passe
cer son activité depuis plus de trente sanitaire (vaccination, test négatif, contre-
jours, il en informe le Conseil national indication ou rétablissement). Pour autant,
de l’Ordre. l’exposé des motifs de la loi ainsi que les dis-
cussions au Parlement ne laissent pas de
QUELLES SANCTIONS EN CAS place au doute. En cabinet de ville, le prati-
DE POURSUITE DE L’EXERCICE cien ne peut s’opposer à délivrer des soins au
MALGRÉ L’INTERDICTION ? patient sans passe sanitaire. La loi précise
La loi prévoit des sanctions en cas de d’ailleurs que, hors les cas qu’elle prévoit, nul
méconnaissance de l’interdiction ne peut exiger d’une personne la présentation
d’exercer. Elle est punie d’une contra- d’un résultat d’un « examen de dépistage viro-
vention de la quatrième classe, et peut logique ne concluant pas à une contamination
faire l’objet de la procédure de par la Covid-19, d’un justificatif de statut vac-
l’amende forfaitaire prévue au Code cinal concernant la Covid-19 ou d’un certificat
de procédure pénale (article 529). Si de rétablissement à la suite d’une contamina-
cette violation est constatée à nouveau tion par la Covid-19 ».
dans un délai de 15 jours, l’amende est Hôpital. Hors le cas des cabinets de ville, les
celle prévue pour les contraventions établissements de soins doivent exiger du
de la cinquième classe. Si les violations patient la présentation du passe sanitaire.
sont verbalisées à plus de trois reprises Sauf cas d’urgence, ces établissements ne
dans un délai de 30 jours, les faits sont peuvent délivrer des soins programmés à ces
punis de six mois d’emprisonnement patients.
18 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
HAUTS-DE-FRANCE
TERRITOIRE
À l’Ehpad de Compiègne,
un cabinet dentaire
ouvert sur l’extérieur
L’
Ehpad Fournier-Sarlo- allées. « Les personnes à mobilité
vèze, à Compiègne dans réduite ont besoin d’une grande sur-
l’Oise, est un des rares face pour se mouvoir, tout est fait pour
établissements de ce qu’elles se déplacent facilement »
type à proposer des soins dentaires déclare le Dr Al Chihabe, le praticien
à ses résidents, mais aussi aux du cabinet dentaire. Elles peuvent
patients non résidents en situation également être soignées en fauteuil
de handicap. roulant ou sur brancard. « Pour faci-
Le cabinet dentaire est situé au sein liter le déplacement des patients, le
de l’Ehpad, dans un patio aux larges cabinet est au rez-de-chaussée.
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 19
HAUTS-DE-FRANCE
20 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
HAUTS-DE-FRANCE
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 21
PRATIQUE JURIDIQUE : CENTRES DENTAIRES
Concurrence déloyale
de centres de santé :
les motivations
d’un arrêt important
RÉSUMÉ. Par un arrêt en date du
1er juillet 2021, la cour d’appel de Paris
conclut qu’une association, gérant
un centre de santé (au sens des
articles L. 6323-1 et s. du Code de la
santé publique), a commis des actes
de concurrence déloyale. Notamment
elle relève des actes qu’elle qualifie
de « publicité de nature
commerciale », d’autres caractérisant
un dénigrement des professionnels
exerçant à titre libéral. La juridiction
enjoint à l’association
de supprimer nombre d’actes
répréhensibles.
22 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
PRATIQUE
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 23
PRATIQUE
LE CONTEXTE.
ciation n’avait pas entendu se soumettre
Sans reprendre les différents épisodes, elle-même aux dispositions du Code de
l’on rappelle la solution adoptée par la déontologie des chirurgiens-dentistes ».
Cour de cassation par deux arrêts (1) au Dit autrement, le centre dentaire peut
visa des articles du Code de la santé s’engager contractuellement à respecter
publique relatifs au centre de santé (2) et le Code de déontologie ; ce dernier n’est
du Code civil concernant le droit de la pas – de sa propre autorité – revêtu
responsabilité civile : « S’il incombe à un d’une force contraignante à l’égard des
centre de santé […] de délivrer des infor- centres, il l’acquiert par le truchement
mations objectives relatives, notamment, d’un contrat, par une forme de « contrac-
aux prestations de soins dentaires qu’il tualisation de règles extérieures ». Sur-
propose au public, il ne peut, sans exercer tout et d’autre part, la Cour de cassation
de concurrence déloyale, recourir à des voit dans les actions de promotion de
procédés publicitaires concernant ces l’activité des centres, qui vont au-delà
prestations, de nature à favoriser le déve- de la « simple information objective »,
loppement de l’activité des chirurgiens- des faits de concurrence déloyale, à ce
dentistes qu’il emploie, dès lors que les titre, répréhensibles.
chirurgiens-dentistes sont soumis […] à L’idée soutenue en 2017 était qu’un
l’interdiction de tous procédés directs ou centre dentaire ne pouvait faire ce
indirects de publicité ». qu’un chirurgien-dentiste ne pouvait
Et d’ajouter : « Qu’en statuant ainsi, alors pas faire, non sur le fondement du
qu’elle avait relevé que l’association avait Code de déontologie, mais sur celui de
procédé à des actes de promotion de l’ac- la concurrence déloyale. Sinon la
tivité de ses centres et que ces actes faculté qui serait offerte aux uns et l’in-
dépassaient le cadre de la simple infor- terdit pesant sur les autres créeraient
mation objective sur les prestations un avantage concurrentiel injuste. Le
offertes, la cour d’appel, qui n’a pas tiré professeur H. Groutel résume ainsi son
les conséquences légales de ses propres bref commentaire des arrêts de 2017 :
constatations, a violé les textes susvi- « Centres de santé dentaire : publicité =
sés ». Ce faisant, elle casse les deux concurrence déloyale » (3).
arrêts rendus par deux cours d’appel. Nul n’ignore que, depuis ces arrêts, le
De manière sommaire, il était reproché Code de déontologie a été modifié sous
aux centres dentaires une activité pro- l’influence du droit de l’Union euro-
motionnelle par l’intermédiaire de dif- péenne. Le nouvel article R 4127-215-1
férents médias, y compris télévisuels. autorise certes la communication mais
Deux leçons se dégagent de ces arrêts tout en l’encadrant : elle n’est pas tota-
de la Cour de cassation. D’une part, un lement libre, elle doit notamment être
centre dentaire – plus exactement la « loyale et honnête, ne fait pas appel à des
structure juridique qui la gère, une témoignages de tiers, ne repose pas sur
association par exemple – n’est pas régi des comparaisons avec d’autres chirur-
par le Code de déontologie. On ne peut giens-dentistes ou établissements et n’in-
donc leur reprocher la violation d’une cite pas à un recours inutile à des actes de
disposition déontologique. Une nuance prévention ou de soins. Elle ne porte pas
apparaît dans l’un des arrêts de 2017 : atteinte à la dignité de la profession et
« C’est par une interprétation nécessaire n’induit pas le public en erreur » (4). En
des dispositions ambiguës des contrats de outre, depuis l’ordonnance n° 218-17 du
travail conclus avec les chirurgiens-den- 12 janvier 2018, les règles légales appli-
tistes salariés, qu’elle a estimé que l’asso- cables aux centres de santé ont changé,
24 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
PRATIQUE
L’ANALYSE.
Le pouvoir du juge en la matière est assez
important en l’absence d’une liste légale
d’actes de concurrence déloyale, celle-ci
n’étant pas non plus définie par la loi.
Plus généralement, il est recherché un
usage excessif de la liberté d’entre-
prendre en recourant à des procédés
contraires aux règles et usages. Parmi
ces procédés, il y a le dénigrement.
En l’espèce, reprenons quelques extraits
de l’arrêt de la cour d’appel. « Il est symp-
tomatique de relever que les mentions
répétées et générales selon lesquelles les
patients n’ont “rien à avancer”, “rien à
régler”, que leur “prise en charge [est]
notamment a été ajoutée une disposi- totale” qui sont portées notamment sur le
tion selon laquelle « toute forme de site Internet sont les mêmes slogans publi-
publicité en faveur des centres de santé citaires que ceux utilisés par une entre-
est interdite » (5). La comparaison des prise de réparation de pare-brise de voi-
deux régimes, liberté encadrée d’un tures en relation partenariale avec des
côté, interdiction de l’autre, invite à la sociétés d’assurance. […] » Il n’est pas
réflexion : ne vaudrait-il pas revoir les « sérieusement discutable ni discuté
devoirs de chacun afin d’éviter que la loi que la promotion de prix bas, la réfé-
ne soit la source d’un avantage concur- rence avec force qualificatifs laudatifs
rentiel ? aux moyens matériels disponibles ou
Quoi qu’il en soit, les évolutions de 2018 à la compétence des équipes, la réfé-
(pour les centres) et de 2020 (pour le rence à un volume important d’activi-
Code de déontologie) n’étaient pas tés dans des communications desti-
applicables, à l’évidence, en 2017… À nées au grand public constituent des
cela, il convient de préciser que la Cour actes de publicité au contraire de don-
de cassation, si elle a cassé les arrêts des nées strictement objectives sur le fonction-
cours d’appel, n’en a pas moins renvoyé nement de la structure concernée, en ce
à une autre cour d’appel. Cette dernière qu’ils tendent à appeler l’attention de la
a récemment rendu un arrêt (6), relative- population cible et à la convaincre de faire
ment long, par lequel elle vérifie si le appel au service de cette structure ; ils sont
centre dentaire, plus exactement l’asso- de nature commerciale. »
ciation qui le gère, est l’auteur d’actes de Citons encore : « dans la même
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 25
PRATIQUE
26 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
PRATIQUE
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 27
PRATIQUE
28 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
une interprétation littérale de l’article
L. 133-4 ? Par le passé, la Cour de cassa-
tion a validé l’indu sollicité auprès d’une
SEL (6). La portée de cet arrêt est incer-
taine car il n’a pas été soulevé devant
elle l’identification du débiteur de l’indu
(le praticien et/ou la SEL). Une certi-
tude néanmoins : si la SEL n’est pas
partie au litige, attraite devant la juri-
diction, elle ne saurait être rendue
débitrice d’un indu par un juge. C’est
en ce sens que se sont prononcées la
Cour de cassation (7) et la cour d’appel
dans l’affaire évoquée. Une autre certi-
tude : le chirurgien-dentiste, associé
d’une SEL, peut se voir notifier un indu
concernant les actes qu’il a réalisés avec
sa carte de professionnel de santé, ce
que souligne la cour d’appel.
David Jacotot
S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE 29
TRIBUNE
BENOÎT PERRIER
Président de l’Union française
pour la santé bucco-dentaire
(UFSBD)
30 S E P T E M B R E - O C TO B R E 2 0 21 # ONCD LA LETTRE
L’ESSENTIEL
Vaccination obligatoire
Depuis le 7 août dernier,
et dans un délai dérogatoire
pouvant aller jusqu’au 16 octobre
prochain, tous les praticiens,
tous leurs personnels ainsi que
tous les étudiants en odontologie
doivent justifier d’un schéma
vaccinal complet, faute de quoi
ils ne pourraient plus
exercer leur activité.