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théâtral français. De ses institutions, trop souvent coupées des réalités sociales. Loin de tout
communautarisme, ils veulent un théâtre ancré dans son environnement social. Reflet de la
mixité culturelle de Seine-Saint-Denis et des grandes questions contemporaines. Un théâtre qui
soit « fabrique d'expériences », où les cultures et les esthétiques peuvent se rencontrer. Où Les
Frères Karamazov du metteur en scène allemand Frank Castorf et l'onirisme du circassien
Johann Le Guillerm, qui ont ouvert la saison de la MC93, côtoient le théâtre épique de
Dieudonné Niangouna. La danse de Salia Sanou imprégnée de la réalité des camps de réfugiés du
Burkina Faso, et bien d'autres univers. Rencontre avec Le Point Afrique.
Le Point Afrique : Votre première année à la tête de la MC93 fut une année sans
programmation. Non sans activités, toutefois, car vous avez posé les bases avec votre équipe
de ce que vous nommez la « fabrique d'expériences ». De quoi s'agit-il ?
Comme le soulève le collectif Décoloniser les arts, le théâtre français actuel manque de
récits qui reflètent la diversité de la société française. La « fabrique d'expériences » a-t-elle
aussi pour vocation de susciter ces récits manquants ?
C'est même une de ses missions premières. On ne peut être en Seine-Saint-Denis sans se
préoccuper de cette question cruciale pour le théâtre d'aujourd'hui et de demain. En se
rapprochant des relais sociaux dont elle s'est éloignée depuis quelque temps, la culture devrait
produire de nouveaux récits. Si j'estime beaucoup le travail de Décoloniser les arts, je suis
toutefois réservée quant à leur choix d'orienter le débat sur la question de l'artiste « racisé ». Je ne
veux pas aborder les choses de cette manière. J'ai envie de croire dans la possibilité d'inventer
une nouvelle forme de communauté sans passer par le communautarisme. Et je suis persuadée
que c'est sur des territoires populaires qu'une telle chose est possible. L'avenir du théâtre est dans
le métissage culturel.
Qui devra, selon vous, rassembler cette communauté, et autour de quelles valeurs ?
Notre ambition pour la MC93 est la même que celle qui a présidé à son ouverture en 1980 : faire
venir le meilleur, artistiquement parlant, pour des populations populaires. Si changement il y a,
c'est dans la nature de ces dernières. Hier ouvrières et considérées – à tort ou à raison – comme
homogènes selon une logique de lutte des classes, elles sont aujourd'hui beaucoup plus difficiles
à cerner. Plus éclatées. Il faut donc aujourd'hui repenser l'universel pour éviter les confrontations
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de systèmes de valeurs. Pour cela, les valeurs françaises doivent être prises comme bases
communes et se traduire dans les représentations. C'est là que nous intervenons.
Sans vouloir vous ramener à une approche communautaire, en quoi Dieudonné Niangouna,
Salia Sanou et tous les artistes africains de votre programmation nourrissent-ils ces
représentations symboliques ?
Vous développez des réflexions collectives sur les différentes missions et problématiques de
la MC93. Comment s'organisent celles qui touchent à la diversité ?
Nous n'avons pas de méthodes a priori, mais des pratiques qui émergent de notre dialogue avec
tous les acteurs concernés par notre travail : la profession, bien sûr, les habitants, les acteurs du
champ social... Cette question-là a été soulevée par l'auteur et metteur en scène Lazare, dont nous
programmons la nouvelle création cette saison. Il est venu nous voir après les attentats, et nous a
proposé d'organiser des rencontres entre artistes pour imaginer des manières de répondre à la
peur. Nous en avons fait plusieurs en décembre dans nos bureaux, qui ont débouché sur une série
de rencontres publiques intitulées « É tat d'urgence culturelle ? ». La première a eu lieu en juin à
Tremblay-en-France, sur le lien des artistes aux territoires et à leurs acteurs. La prochaine se fera
à Théâtre Ouvert à Paris, sur la question des écritures manquantes.
Vous avez aussi mis en place différents groupes de spectateurs. Les uns dans une démarche
d'action culturelle, les autres pour réfléchir aux différents usages du lieu. Reflètent-ils la
diversité du territoire ?
Pas tous. Le groupe de spectateurs compagnons que nous avons mis en place afin d'associer le
public au processus de création est pour le moment composé d'anciens usagers de la MC93 et de
personnes qui nous suivent depuis Avignon. Notre comité des usagers du hall est beaucoup plus
mixte. Dans le cadre de notre projet de reconfiguration du hall du théâtre, dont nous voulons
faire un « espace des possibles » qui fasse le lien entre la ville et la salle, nous avons réuni pour
réflexion des personnes très différentes. Leurs idées seront prises en compte par l'architecte du
lieu. Nous lançons en ce moment un troisième groupe : le conseil des jeunes. Chaque année,
nous enseignerons à une quinzaine d'adolescents les outils de la communication dans le but qu'ils
s'approprient le lieu et qu'ils s'en fassent les ambassadeurs auprès de leur génération.
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Comme de nombreux lieux, nous avons en effet ouvert l'an dernier une classe préparatoire
« égalité des chances ». Contrairement à l'initiative Premier Acte qui s'adresse à des « artistes
racisés », ce type de classe préparatoire aux concours des écoles nationales supérieures de théâtre
repose sur des critères sociaux. De fait, les deux se recoupent souvent, les classes populaires
étant souvent issues de la diversité. Sur 16 inscrits en 2015, 5 ont intégré de grandes écoles. Un
résultat plus qu'encourageant !
Vous parliez plus tôt de votre désir de créer un lien entre ville et théâtre. En Allemagne, les
théâtres sont ancrés dans la société au point d'accueillir des migrants dans leurs murs. Que
pensez-vous de ce type d'action ?
Les théâtres possèdent de nombreux équipements qui peuvent être utiles aux migrants. Pourquoi
ne pas les mettre à disposition ? Je pense par contre que nous ne pouvons pas nous charger seuls
de ces actions qui ne font pas partie de nos missions prioritaires. Comme en Allemagne, un
accompagnement par des associations spécialisées me semble indispensable. Il est aussi
important de réfléchir à notre possible apport artistique. Le théâtre est notre objet, et c'est avec
lui que nous sommes susceptibles d'être les plus utiles à la société.
Questions:
1. Hortense Archambault:
3. Donnez 3 titres d’oeuvres programmés par MC93 qui correspondent au catérogies du tableau
ci-dessous:
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Vrai Faux ?
a. H. Archambault est en faveur d’un théâtre communitariste
b. Pour elle, le théâtre français actuel est bien ancré dans les réalités
sociales
c. Elle veut programmer des oeuvres de tous les horizons
5. Expliquez avec vos propres mots ce qu’est “la fabrique d’expérience”?
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6. Quelles objections H; Archambault fait –elle au travail du collectif “décoloniser les arts”?
7. Citer la phrase qui montre que H. Archambault croit que le théâtre devra s’orienter vers un
mélange des origines
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8. Vrai ou Faux
Vrai Faux
a. La MC93 ambitionne d’apporter un théâtre de grande qualité aux gens
modestes
b. Le théâtre aujourd’hui doit refléter la lutte des classes, qui intéresse les
habitants
c. Le théâtre doit refléter la diversité en prenant la culture française comme base
9. Pourquoi H. Archambault veut –elle faire une place importante à l’art africain?
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10. Expliquez brièvement avec vos propres mots pourquoi Hortense Archambault apprécie
particulièrement l’art de Dieudonné Niangouna
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a) Le public associé au processus de création est composé en majorité de jeunes du
département
b) La MC93 consulte les habitants sur la façon d’utiliser la hall de la salle de théâtre
c) Ce sont les personnes venues d’Avignon qui décideront de l’architecture finale
d) La MC93 dispense des cours de communication pour intéresser les habitants
e) Les groupes de spectacles associés reflètent parfaitement la population de la Seine – Saint
– Denis
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