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Leur promesse phare est tranchante, mais bancale : prendre l’argent versé aux étrangers pour le
« rendre aux Français ». Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, candidat putatif à la
présidentielle de 2022, a proposé, lundi 22 novembre sur Franceinfo, de réduire la contribution sociale
généralisée (CSG) pour offrir un « treizième mois » aux salariés gagnant le smic, quelques semaines
après que Marine Le Pen a égrené une batterie de mesures pour le pouvoir d’achat. Avec un
engagement : ni impôt supplémentaire, ni dette. « Pas un centime de plus » ne sera prélevé sur les
Français, assure la candidate du Rassemblement national (RN) à ce scrutin. Pas de « démagogie »
payée « avec leurs impôts et leur dette », promet à son tour Eric Zemmour, en fustigeant « le poids » de
la protection sociale.
D’une formule, tous deux proposent que « la solidarité nationale redevienne nationale », c’est-à-dire
de supprimer ou de restreindre les prestations sociales versées aux étrangers vivant en France. Dans
leur viseur : le revenu de solidarité active (RSA), les aides au logement, les allocations familiales et le
minimum vieillesse.
Lire aussi | RSA, soins, aide au logement : à quoi ont droit les immigrés en France ?
Eric Zemmour veut les retirer aux non-Européens ; Marine Le Pen veut réserver les allocations
familiales « exclusivement aux Français » et conditionner les autres prestations à cinq ans de travail à
temps plein. De quoi récolter, disent-ils, un pactole mirobolant : 20 milliards d’euros par an pour
l’ancien journaliste du Figaro, 16 milliards pour la prétendante du RN – soit environ deux fois le
budget de la justice.
En réalité, cette promesse est illusoire, d’abord parce qu’elle se heurte au droit constitutionnel. La
solidarité n’a jamais été « nationale » au sens où elle exclurait d’emblée les étrangers ; il s’agit de la
solidarité de la nation à l’égard de tout résident en France face aux risques sociaux. Elle trouve son
assise dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui consacre le principe
d’égalité, et le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, qui dispose que « tout être humain »
en incapacité de travailler en raison de son âge, de sa condition ou de la situation économique « a le
droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».
Nulle mention d’un critère de nationalité. « Ce serait une discrimination à raison de l’origine,
totalement contraire à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, souligne Jean-Paul Markus,
professeur de droit public à l’université de Paris-Saclay. Le parent français assumant des frais pour son
enfant est-il dans une situation différente du parent étranger qui assume les mêmes frais ? » Seules des
conditions d’accès aux droits existent, comme celle d’une durée minimale de résidence régulière en
France.
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