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CORRIGÉ : MATH 1 ; MP ; Mines-ponts_2011

A. Décomposition de Dunford
r
1) PX  P i X et les P i X sont deux à deux premiers entre eux.
i1
r r
D’aprés le théorème de décomposition des noyaux : kerPf   kerP i f   F i .
i1 i1

r
Mais d’aprés le théorème de Cayley-Hamilton : Pf  0. D’où E   F i .
i1
2) P i ∈ ℂX, alors F i  kerP i f est stable par f.
Pour tout i ∈ 1, r, F i n’est pas réduit à 0, car  i est une valeur propre de f, et donc F i
contient au moins un vecteur propre de f associé à la valeur propre  i .
Toute valeur propre de f i est racine de P i , et la seule racine de P i est  i , alors la Polynôme
caractéristique de f i est de la forme :  i − X  i .
Pour chaque i ∈ 1, r, soit B i une base de F i et A i la matrice de f i dans la base B i .
r
La matrice de f dans la base B  B 1 , . . . , B r  adaptée à la somme directe : E   F i ,
i1
est la matrice diagonale par blocs : M  diagA 1 , . . . , A r .
r
Le polynôme caractéristique de f est celui de M donné donc par : P  Q i X
i1
avec Q i le polynôme caractéristique de A i , c’est à dire de f i .
r r
D’où P   i − X  i   i − X  i , mais les  i sont deux à deux distinctes, alors par
i1 i1
unicité des multiplicités des racines de P, on a :  i   i pour tout i ∈ 1, r.
Finalement : pour tout i ∈ 1, r, le polynôme caractéristique de f i est P i   i − X  i .

3) Pour chaque i ∈ 1, r, le polynôme caractéristique de f i est P i   i − X  i , qui est en


particulier scindé sur ℂ, donc f i est trigonalisable, et il existe une base B i de F i dans laquelle
la matrice de f i est une matrice A i triangulaire supérieure, et puisque la seule valeur
propre de f i est  i , A i est de la forme : A i   i I  i  N i avec N i triangulaire supérieure à
diagonale nulle, donc N i est nilpotente.
r
B  B 1 , . . . , B r  est une base de E, adaptée à la somme directe : E   F i .
i1

 1 I 1  N 1 0 ... 0
. .
0 .. .. ..
.
La matrice de f dans cette base est M  diagA 1 , . . . , A r   .
. .
.. .. .. 0
.

0 ... 0  r I r  N r
 1 I 1  N 1 0 ... 0
. .
0 .. .. ..
D’où A est semblable à une matrice A ′  .
.
. .
.. .. .. 0
.

0 ... 0  r I r  N r
où N i ∈ M  i ℂ est nilpotente pour tout i ∈ 1, r.
 1 I 1  N 1 0 ... 0
. .
0 .. .. ..
−1 ′ .
en particulier il existe P ∈ GL n ℂ telle que : P AP  A  .
. .
.. .. .. 0
.

0 ... 0  r I r  N r

4) Sous les notations de la question précèdente, on pose :


D ′  diag 1 I  1 , . . . ,  r I  r  qui est une matrice diagonale par blocs, et diagonale.
N ′  diagN 1 , . . . , N r  qui est diagonale par blocs et nilpotente. N ′n  diagN n1 , . . . , N nr   0
et on a : A  PD ′  N ′ P −1  D  N où D  PD ′ P −1 qui est une matrice diagonalisable, et
N  PN ′ P −1 qui est nilpotente, puisque : N n  PN ′n P −1  0.
Il reste juste à vérifier que DN  ND.
Remarquons d’abord que D ′ N ′  N ′ D ′ . ( faire le produit par blocs )
DN  PD ′ P −1 PN ′ P −1  PD ′ N ′ P −1  PN ′ D ′ P −1  PN ′ P −1 PD ′ P −1  ND.

N.B :
La décomposition A  D  N, ci dessus est dite la décomposition de Dunford de la matrice A.
On admettra dans la suite que les matrices D et N sont uniques et ne dépendent que de A.

5) Exemple :
3 −1 1
A 2 0 −1 .
1 −1 2
3 −  −1 1 2 −  −1 0 1 −1 0
 A   2 − −1  2 −  − −1 −   2 −  1 − −1 − 
1 −1 2 −  0 −1 1− 0 −1 1−
C 1 C 1 C 2 ; C 3 C 3 C 2

1 0 0
1 −  −1 −  −2 −1 − 
 A   2 −  1 1 −  −1 −   2 −   2 − 
−1 1− − 1−
0 −1 1−
C 1 C 1 C 2
C 2 C 2 C 1

2 −1 − 
 A   −2 −   −2 − 3 − .
1 1−
Le polynôme caractéristique de A est scindé à racine simples, alors A est diagonalisable et
dons par unicité de la décomposition de Dunford, D  A et N  0.

B. Commutation et conjugaison
Pour toutes matrices B de M n ℂ et P de GL n ℂ, on note comm B et conj P les endomorphismes
comm B X  BX − XB
de M n ℂ définis par : ∀X ∈ M n ℂ ; .
conj P  PXP −1
On se propose dans cette partie de démontrer que pour toute matrice A de M n ℂ, A est
diagonalisable si et seulement si comm A est diagonalisable.

6) Soient P ∈ GL n ℂ et A, X ∈ M n ℂ.


conj P −1 ∘ comm A ∘ conj P X  conj P −1 ∘ comm A PXP −1   conj P −1 APXP −1 − PXP −1 A
conj P −1 ∘ comm A ∘ conj P X  P −1 APXP −1 − PXP −1 AP  P −1 APX − XP −1 AP  comm P −1 AP X
D’où : conj P −1 ∘ comm A ∘ conj P  comm P −1 AP
n
7) Soit A une matrice diagonale : A ∑  k E k,k .
k1
∀i, j ∈ 1, n ; AE i,j   i E i,i E i,j   i E i,j ; E i,j A  E i,j  j E j,j   j E i,j ; comm A E i,j    i −  j E i,j .
D’où ∀i, j ∈ 1, n ; E i,j est un vecteur propre de comm A associé à la valeur propre  i −  j .
E i,j  i,j∈1,n est une base de vecteurs propres de comm A , alors comm A est diagonalisable et
son spectre est spcomm A    −  tq ,  ∈ spA.

8) On suppose ici que A est diagonalisable, il existe D une matrice diagonale et P une matrice
inversible telles que : A  PDP −1 ; D’aprés 6) comm A  conj P ∘ comm D ∘ conj P −1 .
conj P est un automorphisme de M n ℂ et conj P  −1  conj P −1 .
De plus d’aprés la question précèdente, comm D est diagonalisable.
D’où comm A est diagonalisable.

9) On suppose que A est nilpotente, donc il existe un entier non nul k tel que : A k  0.
∀X ∈ M n ℂ ; comm A X  AX − XA ; comm 2A X  AAX − XA − AX − XAA  A 2 X − 2AXA  XA 2 .
p
Par récurrence sur p ∈ ℕ ∗ , on montre que : ∀X ∈ M n ℂ ; comm A X ∑ −1 j C p A p−j XA j .
p j

j0

Cette formule est vraie pour p  1. soit p ∈ ℕ tel que l’égalité ci dessus est vérifiée.
p p
∀X ∈ M n ℂ ; comm A X ∑ −1 j C p A p1−j XA j −∑ −1 j C p A p−j XA j1
p1 j j

j0 j0
p p
comm A X  A p1−j X ∑ −1 j C p A p1−j XA j ∑ −1 j C p A p1−j XA j  −1 p1 XA p1
p1 j j−1

j1 j1
p
 A p1−j X ∑ −1 j
p1 j j−1
comm A X Cp  Cp A p1−j XA j  −1 p1 XA p1
j1
j j−1 j
comme Cp  Cp  C p1 , on obtient le résultat cherché :
p
∑ −1 j C p A p−j XA j .
∗ p j
∀p ∈ ℕ ; ∀X ∈ M n ℂ ; comm A X
j0
k
A X ∑ −1 C 2k A
j
∀X ∈ M n ℂ ; comm 2k j 2k−j
XA j  0 ( car ∀j ∈ 0, 2k ; j ≥ k ou 2k − j ≥ k ).
j0

A est l’endomorphisme nul de M n ℂ.


comm 2k
Finalement : comm A est nilpotent dés que A est nilpotente.

10) On suppose que A est nilpotente et que comm A est l’endomorphisme nul de M n ℂ.
n n
∀X ∈ M n ℂ ; AX  XA. Posons A ∑∑ a k,l E k,l .
k1 l1
n n
∀i, j ∈ 1, n ; AE i,j  E i,j A ∑ a k,i E k,j ∑ a j,l E i,l .
k1 l1
Comme E i,j  i,j∈1,n est une base de M n ℂ, pour k ≠ i, a k,i  0, alors A est une matrice
diagonale, et comme A est nilpotente, on déduit que A est nulle.

11) Posons A  D  N, avec D diagonalisable et N nilpotente et DN  ND.


∀X ∈ M n ℂ ; comm A X  AX − XA  DX − XD  NX − XN  comm D X  comm N X.
comm A  comm D  comm N .
comm D est diagonalisable d’aprés 8) et comm N est nilpotente d’aprés 9).
∀X ∈ M n ℂ ; comm D ∘ comm N X  DNX − XN − NX − XND  DNX − DXN − NXD − XND
Comme ND  DN ; ∀X ∈ M n ℂ ; comm D ∘ comm N X  NDX − NXD − DXN − XDN
∀X ∈ M n ℂ ; comm D ∘ comm N X  NDX − XD − DX − XDN  comm N ∘ comm D X.
D’où la décomposition de Dunford de comm A est comm A  comm D  comm N .
conclusion :
comm A est diagonalisable si et seulement si comm N est l’endomorphisme nul de M n ℂ.
alors d’aprés 10) on a :
comm A est diagonalisable si et seulement si N  0 si et seulement A  D est diagonalisable.

C. Formes bilinéaires sur un espace vectoriel complexe


Ici E est un ℂ-espace vectoriel de dimension p ∈ ℕ ∗ et b une forme bilinéaire symétrique sur E.
Pour tout sous espace vectoriel F de E, on appelle orthogonal de F relativement à b, le
sous espace vectoriel de E défini par : F   x ∈ E tq ∀y ∈ F ; bx, y  0.
On suppose que b est non dégénérée, c’est à dire que E   0.

12) Soit u un endomorphisme de E. Démontrons les implications suivantes :


i u est diagonalisable  ii keru  keru 2   iii keru ∩ Imu  0.

i  ii Soient B une base de E formée de vecteurs propres de u, et A la matrice de u


dans cette base. Puisque A est diagonale, alors A et A 2 ont le même rang qui est le nombre
d’éléments non nuls sur leurs diagonales.
rgu  rgu 2  alors d’aprés le théorème du rang, dimkeru  dimkeru 2 .
et puisque keru ⊂ keru 2 , alors : keru  keru 2 .

ii  iii Supposons que keru  keru 2 , et soit y ∈ keru ∩ Imu.


Il existe x ∈ E tel que : y  ux et uy  u 2 x  0, alors x ∈ keru 2   keru et y  ux  0.

Soit F un sous espace vectoriel de E, de dimension q, et soit  1 , . . .  q  une base de F.


Pour tout i ∈ 1, q, on note  i la forme linéaire définie sur E par : ∀x ∈ E ;  i x  b i , x.
q
13) Soient  1 , . . . ,  q ∈ ℂ tels que : ∑  i  i  0.
i1
q q q
∀x ∈ E ; ∑  i  i x  0 ∑  i b i x  b∑  i  i , x
i1 i1 i1
q
b est non dégénérée alors ∑  i  i  0 et puisque  1 , . . .  q  est libre, alors :  1 . . .   q  0.
i1

On commpléte en une base  1 , . . . ,  p  de E ∗ est on note e 1 , . . . e p  sa base antiduale.


p
14) Soit x ∑ x i e i ∈ E ∗ . puisque  1 , . . .  q  est une base de F, on a :
i1

x ∈ F  ∀y ∈ F ; bx, y  0  ∀i ∈ 1, q ; b i , x  0   i x  x i
x ∈ F   ∀i ∈ 1, q ; x i  0  x ∈ vecte q1 , . . . , e p .
Finalement F   vecte q1 , . . . , e p  est de dimension p − q et dimF  dimF    p.

D. Critère de Klarès
Le but de cette partie est de démontrer que A est diagonalisable si et seulement si
kercomm A   kercomm A  2 .

15) C’est clair que l’application X, Y  trXY est une forme bilinéaire symétrique sur M n ℂ.
Montrons qu’elle est non dégénérée.
Soit X ∈ M n ℂ telle que : ∀Y ∈ M n ℂ ; trXY  0.
Posons : X  x i,j  1≤i,j≤n et Y  X ∗  t X.
trXX ∗   0  ∑ |x i,j | 2 , alors ∀i, j ∈ 1, n ; x i,j  0 et X est la matrice nulle.
1≤i,j≤n

16) Soient X ∈ kercomm A  et Y ∈ Imcomm A , il existe Z ∈ M n ℂ tel que : Y  AZ − ZA.


trXY  trXAZ − XZA  trXAZ − trXZA.
comme trXZA  trZAX et AX  XA alors : trXZA  trZXA  trXAZ. D’où trXY  0.
Imcomm A  ⊂ kercomm A   .
D’aprés le théorème du rang et d’aprés la question 14) on a :
dimImcomm A   dimkercomm A     n 2 − dimkercomm A .
D’où l’égalité : Imcomm A   kercomm A   .

17) On suppose que A est nilpotente, Soit Y ∈ kercomm A , alors AY  YA.


Il existe k ∈ ℕ ∗ tel que : A k  0, alors : AY k  A k Y k  0, alors AY est nilpotente, et trAY  0.
Alors A ∈ kercomm A    Imcomm A , c’est à dire il existe X ∈ M n ℂ tel que : A  comm A X.
∀ ∈ ℂ ; comm AI n X  comm A X  A.

Soient D et N les matrices de la décomposition de Dunford de A.


18) D’aprés 3) il existe P ∈ GL n ℂ tel que : P −1 AP soit de la forme :

 1 I 1  N 1 0 ... 0
. .
0 .. .. ..
A′  .
. .
.. .. .. 0
.

0 ... 0  r I r  N r
avec N i ∈ M  i ℂ une matrice nilpotente, pour tout i ∈ 1, r.
D’aprés 17) ∀i ∈ 1, r ; ∃X i ∈ M  i ℂ tel que : comm  i I  i N i X i   N i .
On a N ′  diagN 1 , . . . , N r  ; D ′  diag 1 I  1 , . . . ,  r I  r  et posons X ′  diagX 1 , . . . , X r .
comm A ′ X ′   N ′ . Or N ′  P −1 NP et posons : X  PX ′ P −1 . Alors
comm P −1 AP P −1 XP  P −1 NP, c’est à dire : comm A X  N.

19) Si A est diagonalisable, alors d’aprés 8) comm A l’est aussi et donc d’aprés 12)
kercomm A   kercomm A  2 .
Supposons réciproquement que kercomm A   kercomm A  2 .
Encore d’aprés 12) kercomm A  ∩ Imcomm A   0.
N  comm A X ∈ Imcomm A .
Comme ND  DN, alors comm A N  0 et N ∈ kercomm A  ∩ Imcomm A   0.
Finalement A  D est une matrice diagonalisable.

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