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FACULTE DE MEDECINE
MODULE DE MICROBIOLOGIE
1ère ANNEE RESIDANAT
PR. Ag BOUKHALFA.S
Plan :
Objectifs pédagogiques.
Introduction.
Objectifs pédagogiques:
1. Etude bactériologique et épidémiologique des Acinetobacter spp.
2. Etude de la sensibilité aux antibiotiques d’A.baumanni.
3. Développer ses connaissances dans le diagnostic bactériologique d’A.baumanni.
Introduction
Les difficultés rencontrées dans notre pays face à Acinetobacter spp. concernent à la fois le
diagnostic bactériologique et la détermination des mécanismes de résistance du fait que nous
n’utilisons que les méthodes conventionnelles qui sont insuffisantes pour l’identification des
différentes espèces et sont totalement inadaptées pour les études génotypiques et le typage
moléculaire.
Historiquement, ce genre a connu une taxonomie très changeante depuis son isolement en
1911 par Beijerinck, qu’il dénomma « Micrococcus calcoaceticus ».Ce genre a été classé
d’abord dans la famille des Neisseriaceae qui regroupait les genres Acinetobacter, Moraxella,
Psychrobacter et Branhamella.
Le genre Acinetobacter est actuellement inclu dans la famille des Moraxellaceae, ordre des
Pseudomonadales, classe des Gammaproteobacteria, phylum des Proteobacteria, domaine
des Bacteria et comprend 34 espèces génomiques dont 26 ont reçu un nom validé par la
nomenclature, tableau 1.Les espèces génomiques; A.calcoaceticus, A.baumannii,
Acinetobacter spp. 3 (pittii) et le groupe 13 TU (nosocomialis), sont regroupées dans un
complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » en raison des difficultés à les différencier
phénotypiquement.
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Tableau 1: Liste des principales espèces génomiques constituant le genre Acinetobacter.
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2. Caractères bactériologiques :
Les Acinetobacter sont des diplobacilles ou des diplo-coccobacille à Gram négatif, de 1 à 1.5
sur 1.5 à 2.5 µm, non sporulés, quelquefois capsulés, immobiles, aérobies stricts, non
fermentaires, catalase positive, oxydase négative.
Les Acinetobacter sont prototrophes et cultivent bien sur tous les milieux usuels.
La majorité des souches cultivent entre 20°C et 37°C avec un optimum de 33 à 35 °C.
A.baumannii et A. nosocomialis (gen.spp 13TU) poussent à 44°C.
Les colonies sont rondes, légèrement convexes, à bords réguliers, lisses parfois mucoïdes,
blanche-grisâtres, translucides ou opaques, de 1.5 à 3 mm de diamètre après 24 heures
d’incubation.
Sur gélose à base de sang (mouton ou cheval), une hémolyse est observée chez
A.haemolyticus, Acinetobacter gen.spp 6, 13BJ, 14 BJ, 15 BJ, 16 et 17.
Les tests biochimiques habituellement utilisés sont négatifs : nitrate réductase, décarboxylase
pour la lysine, l’ornithine, thiosulfate réductase (H2S), tryptophanase (indole), DNase,
β-galactosidase. Certaines souches possèdent une gélatinase, une uréase, une phénylalanine
désaminase d’activité faible. Les espèces du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii »
n’hydrolysent pas la gélatine, contrairement aux espèces : A.haemolyticus, Acinetobacter
gen.spp 6, 13BJ, 14 BJ, 15 BJ, 16 et 17.
La formation d’acides à partir du glucose a été utilisée pour séparer les souches
d’Acinetobacter en biotypes ou espèces. Cette oxydation du glucose est due à un glucose
déshydrogénase membranaire et présente chez plusieurs espèces, y compris celles du
complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii ».
L’appartenance au genre Acinetobacter peut être confirmée par un test de transformation
qualitative (Juni, 1972) utilisant une souche spontanément compétente d’Acinetobacter
(ATCC 33308, BD413 trpE27) auxotrophe pour le tryptophane, récemment dénommée
A.baylyi.Cette souche mise en présence d’ADN d’Acinetobacter devient prototrophe.
3. Facteurs de virulence :
Acinetobacter est une bactérie pathogène opportuniste et considéré comme un organisme de
faible virulence.
L'association de facteurs de risque chez l'hôte reste un élément fondamental de l'infection à
A.baumannii.
Parmi ses facteurs de virulence : hydrophobicité, capsule, pili communs, OMPs, LPS, biofilm,
chélateurs de fer ou sidérophores, et des enzymes extra-cellulaires comme : estérases, leucine
arylamidase et phospholipases.
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A.baumannii est fréquemment isolées de l’environnement hospitalier et est responsables de
colonisations, d’infections nosocomiales et de contamination des surfaces et des équipements
médicaux. Sa durée moyenne de survie est de 27 jours (21-33 jours).
Le premier réservoir d’A.baumannii est le patient infecté et/ou colonisé. Sa présence dans
l’environnement est secondaire.
Le principal mode de transmission d’A.baumannii repose sur la transmission croisée par les
mains du personnel hospitalier et par le matériel médical partagé.
Avant les années 1970, les infections nosocomiales à A.baumannii étaient post-opératoires et
urinaires, mais à partir des années 1980, cette bactérie a rapidement émergé dans les unités
de soins intensifs, le développement des techniques de réanimation et les procédures invasives
ont modifié les profils des infections à A.baumannii.
Jusque dans les années 1970, A.baumannii était sensible à la majorité des antibiotiques.
Depuis 1975, sa résistance aux différentes classes d’antibiotiques n’a cessé d’augmenter.
L’émergence de souches d’A.baumannii multirésistantes aux antibiotiques (BMR) a donné
lieu à des résistances aux carbapénèmes. Les taux de résistance aux β-lactamines dans la
littérature internationale varient entre 5 et 50 % pour les carbapénèmes et entre 50 et 100 %
pour les autres β-lactamines.
En Algérie, la résistance d’Acinetobacter spp. à l’imipénème est passée de 2.3 % en 2002 à
47.25 % en 2011. Les mécanismes de résistance impliqués étaient les carbapénémases de
classe D : OXA-23, OXA-24, OXA-58 et de classe B; NDN-1-like.
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Lorsque la céphalosporinase est surexprimée, la ceftazidime est inactivée, comme l’ensemble
des C3G. La ticarcilline est la pénicilline la plus stable vis-à vis de ce mécanisme de
résistance.
La description de BLSE chez A.baumannii reste relativement rare (PER-1, PER-7, VEB-1).
L’enzyme VEB-1 a été à l’origine d’une épidémie importante dans le Nord de la France au
début des années 2000.
D’autres BLSE de type : TEM, CTX-M, SHV et GES ont été caractérisées chez
A.baumannii.
La résistance enzymatique aux carbapénèmes chez A.baumannii, est souvent liée à une
association entre la présence d’une β-lactamase et des mécanismes d’imperméabilité (perte de
porine, surexpression de pompes à efflux).
Il s’agit d’une part des carbapénèmases ou β-lactamases de la classe B de Ambler et d’autre
part des oxacillinases (ou β-lactamases de classe D). Beaucoup plus rarement, des enzymes de
classe A de Ambler, ont été identifiées chez A.baumannii, de type GES ou de type KPC.
Les métallo-bêta-lactamases de la classe B ont la particularité d’inactiver l’ensemble des bêta-
lactamines à l’exception de l’aztréonam.
Ces enzymes sont zinc dépendantes et sont inhibées par l’EDTA, mais pas par les inhibiteurs
de β-lactamases (acide clavulanique, tazobactam, sulbactam), ni la cloxacilline. Elles sont
retrouvées fréquemment au sein d’intégrons de classe 1.
Les métallo-bêta-lactamases se sont diversifiées au sein de l’espèce A.baumannii (IMP, VIM,
SIM, NDM).
Les oxacillinases hydrolysent faiblement les carbapénèmes (l’imipénème et pas toujours le
méropénème) épargnant les céphalosporines de 3ème, 4ème génération et l’aztréonam.
Cette classe d’enzymes est par ailleurs très hétérogène (OXA-23-like, OXA-24-like, OXA-
51/69-like et OXA-58-like).
Les gènes codant les enzymes acquises sont souvent associées à des intégrons de classe 1 ou à
des séquences d’insertion (ISAba1, ISAba2, ISAba3, ISAba4 et IS18).
6. Aspects cliniques :
A.baumannii est responsable de 9 à 10 % des infections nosocomiales en réanimation et
représente 90 % des isolats d’Acinetobacter en milieu hospitalier.
Ces infections surviennent chez des malades immunodéprimés avec multiples facteurs de
risque.
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Les infections cutanéo-muqueuses extensives chez les grands brûlés sont parmi les plus
sévères des infections à Acinetobacter et sont difficiles à éradiquer.
Les infections communautaires ou nosocomiales compliquant des blessures, des brûlures et
des plaies opératoires sont rapportées lors de conflits militaires ou de catastrophes naturelles.
La pneumonie communautaire est observée beaucoup plus fréquemment dans les régions
tropicales (Asie-Océanie-Pacifique) et représente 1% des pneumopathies communautaires à
bacilles à Gram négatif.
Les infections urinaires surviennent sur sonde et sont d’incidence variable selon le type de
service.
7. Diagnostic au laboratoire :
7.1. Identification :
7.1.1. Phénotypique :
Phénotypiquement, la distinction du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » des autres
espèces du genre est aisée, par contre, la différenciation phénotypique entre les espèces de ce
complexe est difficile.
Certains tests sont utiles pour l’identification au sein de l’espèce :
La croissance à 37, 41 et à 44°C :
Toutes les souches du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » peuvent croitre à 37°C, à
l’exception de quelques souches d’A.calcoaceticus.
La croissance à 44°C est le test le plus important pour différencier A.baumannii et
A.nosocomialis des autres espèces du complexe, bien que quelques souches d’A.nosocomialis
puissent être négatives et de rares souches d’A.pittii peuvent croitre à cette température.
La croissance à 41°C peut différencier entre A.pittii avec les espèces « close to13TU » et
« between 1 and 3 » et A.calcoaceticus.
Les tests d’assimilation des substrats carbonés :
La différentiation entre A.baumannii et A.nosocomialis par l’utilisation de ces tests est
problématique.
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7.1.2. Génotypique :
Uniquement les méthodes moléculaires permettent de porter un diagnostic de certitude au
rang de l’espèce.
De nombreuses techniques ont été développées mais seules quelques-unes sont validées pour
l’identification des espèces du genre Acinetobacter.
Les méthodes basées sur l’analyse des séquences d’ADN (séquençage), sont
aujourd’hui les plus utilisées (Amplification de la séquence 16S de L’ARNr,
amplification des séquences intergéniques 16S-23S ARNr, analyse des séquences des
gènes de ménage).
A. baumannii possède une oxacillinase intrinsèque, chromosomique codée par le gène
blaOXA-51 like. Différentes études ont montré que le gène blaOXA-51 like était présent dans
la totalité des souches d’A.baumannii testées. Etant spécifique à cette espèce, ce gène
est à ce jour utilisé dans de nombreuses études relatant la détection de la bactérie en
pathologie humaine et notamment lors d’épidémies.
Ce gène peut être détecté aussi bien par PCR traditionnelle que par PCR en temps
réel.
Méthodes basées sur la spectrométrie de masse : MALDI-TOF MS est une technique
de spectrométrie de masse avec désorption-ionisation laser assistée par matrice.
Cette méthode permet d’identifier toutes les espèces du genre Acinetobacter, d’une
façon rapide (1 heure), mais nécessite un équipement coûteux.
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7.3. Sensibilité aux antibiotiques :
7.3.1. Méthodes phénotypiques :
Phénotypes de résistance aux β-lactamines :
Chez A.baumannii, les mécanismes de résistance peuvent être évoqués par l’étude des
phénotypes de résistance à la lecture de l’antibiogramme.Les phénotypes de résistance aux
β-lactamines sont au nombre de 6.
Détection de BLSE :
La détection de BLSE chez A.baumannii, est réalisée par mise en évidence d’une synergie
entre l’acide clavulanique et les C3G.Cette synergie peut avoir du mal à s’exprimer en
présence d’une céphalosporinase surexprimée.Il est donc nécessaire de réaliser des tests de
synergie à 25°C ou en présence de cloxacilline (250µg/ml).
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La détection de souches productrices de KPC ou autres carbapénèmases de classe A
est basée sur l’effet inhibiteur de l’acide boronique.
Enfin, les propriétés enzymatiques des carbapénèmases de classe D n’ont pas permis
le développement de tests phénotypiques spécifiques pour leur détection.
Ainsi, l’identification spécifique de tels organismes nécessite des techniques
moléculaires (PCR spécifiques des gènes d’intérêt).
Il est aussi important de noter que les tests phénotypiques sont non contributifs pour les
souches co-produisant différentes classes de carbapénèmases.
Seules les méthodes moléculaires (PCR +/- séquençage ou hybridation sur puces à ADN)
permettent, à l’heure actuelle, de caractériser de façon précise les enzymes produites.
8. Traitement :
Les choix thérapeutiques doivent donc être fondés sur des associations d’antibiotiques
comprenant, lorsque cela est possible et en fonction des résultats de l’antibiogramme, la
plupart du temps un aminoside (l’amikacine et la tobramycine sont pharmacologiquement les
mieux placées vis-à-vis Acinetobacter) associé à une carboxypénicilline (ticarcilline), une
céphalosporine de 3ème génération (ceftazidime) ou une carbapénème (imipénème ou
méropénème) encore souvent active ou une fluoroquinolone associée à l’amikacine.
Pour le traitement des infections liées à des souches résistantes à l’imipénème, le choix des
molécules antibiotiques est très limité.
L’association de la rifampicine avec soit l’imipénème, la tobramycine ou la colistine semble
intéressante.
D’autres associations ont été proposées : le méropénème ou l’imipénème associé au
sulbactam.
9. Prévention :
L’identification d’Acinetobacter impose l’isolement du patient, tant que son caractère
multirésistant aux antibiotiques n’est pas écarté.
En cas d’épidémie hospitalière impliquant une même souche d’Acinetobacter multirésistant,
identifiée par PCR, il est indispensable d’identifier la source et de revoir les procédures
d’hygiène et les habitudes de prescription antibiotique, notamment pour les céphalosporines
de troisième génération, les fluoroquinolones et les carbapénèmes.
10. Conclusion :
Le laboratoire de Bactériologie a un rôle primordial dans la maîtrise des infections à
Acinetobacter.
Il est au centre de la surveillance de l’ensemble des services cliniques d’un hôpital et donne
l’alerte en cas d’augmentation anormale de l’incidence des cas dans un service. Il doit
disposer de moyens pour un diagnostic précis de l’espèce A.baumannii par la recherche du
gène blaOXA-51 en PCR et de typage des souches épidémiques en électrophorèse en champs
pulsé (ECP).
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Annexe : Stratégie diagnostique d’Acinetobacter spp au laboratoire.
Examen entre lame et lamelle : cocco-bacilles immobiles.
Gram : Négatif ou douteux.
Morphologie : diplocoque et/ou diplobacilles et gros amas.
Hydrolyse gélatine Culture +< = 35°C Culture à 40°C (-) Culture à 44°C (+)
A. haemolyticus, sp6 A. johnsonii autres A .baumannii
ou 14 à 17. sp 11 et 13 non baumannii
11. Références :
Boukhalfa S. Apport de la biologie moléculaire dans le diagnostic bactériologique et
l’étude des mécanismes de résistance d’Acinetobacter baumannii isolé au CHU de Batna.
thèse de Doctorat 2014.
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