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UNIVERSITE DE BATNA 2

FACULTE DE MEDECINE
MODULE DE MICROBIOLOGIE
1ère ANNEE RESIDANAT
PR. Ag BOUKHALFA.S

Plan :
Objectifs pédagogiques.

Introduction.

1. Définition, classification et taxonomie des Acinetobacter spp.


2. Caractères bactériologiques.
3. Facteurs de virulence.
4. Epidémiologie d’Acinetobacter spp.
5. Sensibilité aux antibiotiques et mécanismes de résistance d’A.baumannii.
6. Aspects cliniques.
7. Diagnostic au laboratoire.
8. Traitement.
9. Prévention.
10.Conclusion.
11.Références.

Objectifs pédagogiques:
1. Etude bactériologique et épidémiologique des Acinetobacter spp.
2. Etude de la sensibilité aux antibiotiques d’A.baumanni.
3. Développer ses connaissances dans le diagnostic bactériologique d’A.baumanni.
Introduction

Actuellement, l’espèce Acinetobacter baumannii est considérée comme un important agent


d’infections nosocomiales émergeant dans le monde entier, essentiellement sous la forme de
bouffées épidémiques dans les milieux de réanimation. Il s’agit d’une bactérie saprophyte, qui
peut être responsable d’infections sévères malgré sa faible virulence, en particulier chez les
patients immunodéprimés.

Certaines souches sont devenues résistantes à la majorité des antibiotiques disponibles, y


compris aux carbapénèmes, qui étaient considérés comme le traitement de choix des
infections à A.baumannii.

En Algérie, le réseau de surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques connu sous


le nom de : Algerian Antimicrobial Resistance Network (AARN), assure la surveillance,
grâce au WHONET, logiciel préconisé par l’OMS et rapporte un taux de résistance
d’Acinetobacter spp. à l’imipénème de 47.25 % en 2011.

Les difficultés rencontrées dans notre pays face à Acinetobacter spp. concernent à la fois le
diagnostic bactériologique et la détermination des mécanismes de résistance du fait que nous
n’utilisons que les méthodes conventionnelles qui sont insuffisantes pour l’identification des
différentes espèces et sont totalement inadaptées pour les études génotypiques et le typage
moléculaire.

1. Définition, classification et taxonomie des Acinetobacter spp.

Le genre Acinetobater est défini comme : un cocco-bacille à Gram négatif, strictement


aérobie, non fermentaire, non exigeant, immobile, catalase positive, oxydase négative, avec
un contenu en G+C compris entre 39 % et 47 %.

Historiquement, ce genre a connu une taxonomie très changeante depuis son isolement en
1911 par Beijerinck, qu’il dénomma « Micrococcus calcoaceticus ».Ce genre a été classé
d’abord dans la famille des Neisseriaceae qui regroupait les genres Acinetobacter, Moraxella,
Psychrobacter et Branhamella.

Le genre Acinetobacter est actuellement inclu dans la famille des Moraxellaceae, ordre des
Pseudomonadales, classe des Gammaproteobacteria, phylum des Proteobacteria, domaine
des Bacteria et comprend 34 espèces génomiques dont 26 ont reçu un nom validé par la
nomenclature, tableau 1.Les espèces génomiques; A.calcoaceticus, A.baumannii,
Acinetobacter spp. 3 (pittii) et le groupe 13 TU (nosocomialis), sont regroupées dans un
complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » en raison des difficultés à les différencier
phénotypiquement.

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Tableau 1: Liste des principales espèces génomiques constituant le genre Acinetobacter.

Espèces validées Espèces Références Sources


génomiques
A. calcoaceticus1 1 Bouvet et al, 1886 sols
A. baumannii1 2 Bouvet et al, 1886 Hommes et animaux
A. pittii1 3 Bouvet et al, 1986; Hommes et sols
Nemec et al 2011
A. nosocomialis1 13 T&U Nemec et al, 2011; Hommes
Tjernberg & Ursing 1989
A. haemolyticus 4 Bouvet et al 1986 Hommes
A. junii 5 Bouvet et al 1986 Hommes
A. johnsonii 7 Bouvet et al 1986 Hommes et animaux
A. lwoffii 8/9 Bouvet et al 1986 Hommes et animaux
Tjernberg & Ursing 1989
A. bereziniae 10 Nemec et al, 2010 Hommes
A. guillouiae 11 Nemec et al, 2010 Hommes et sols
A. radioresistens 12 Nishimura et al, 1988 Hommes, sols, coton
Bouvet et al 1986
A. ursingii Nemec et al, 2001 Hommes
A. schindleri Nemec et al, 2001 Hommes
A. parvus Nemec et al, 2003 Homme, animaux
A. baylyi Carr et al, 2003 Sols
Vaneechoutte et al, 2006
A. bouvetii2 Carr et al, 2003 Boues activées
A. towneri Carr et al, 2003 Boues activées
A. tandoii2 Carr et al, 2003 Boues activées
A. grimontii2 (=A junii) 3 Carr et al, 2003 Boues activées
Vaneechoutte et al, 2008
A. tjernbergiae Carr et al, 2003 Boues activées
A. gerneri2 Carr et al, 2003 Boues activées
A. venetianus Di Cello et al, 1997 Eau de mer
Vaneechoutte et al, 2009
A. soli2 Kim et al, 2008 Humain, sol
A. gyllenbergii Nemec et al, 2009 Humain
A. beijerinckii Nemec et al, 2009 Humain, animal, sol, eau
A. brisouii2 Anandham et al, 2010
A. rudis Vaz-Moreira et al 2011
A. tandoi2 Carr et al 2003
Taxon ou espèces désignées Références sources
provisoirement
DNA groupe 6 6 Bouvet et al 1986 Hommes
DNA groupe 13BJ/14TU 13 B&J/14 T&U Bouvet et al 1986 Hommes
Tjernberg & Ursing 1989
DNA groupe 14BJ 14 BJ Bouvet et al, 1989 Hommes
DNA groupe 15BJ 15 BJ Bouvet et al, 1989 Hommes
DNA groupe 15TU 15TU Tjernberg & Ursing 1989 Hommes
DNA groupe 16 16 Bouvet et al, 1989 Hommes, légumes
DNA groupe 17 17 Bouvet et al, 1989 Hommes, sols
DNA groupe entre 1 et 3 Gerner-Smith et al, 1993 Hommes
"A. antiviralis2" Lee et al 2009 Mer
"A. indicus2" Malhotra et al, 2012 Décharge
"A. kyonggiensis2" Lee et al, 2010 Egouts
"A. marinus2" Yoon et al, 2007 Mer
"A. oleivorans2" Kang et al, 2011 Riz
"A. oryzae2" Chaudhary et al, 2011 Riz
"A. seohaensis2" Yoon et al 2007 Mer
"A. septicus2"(=A ursingii) Kilic et al, 2007 Hommes
Nemec et al, 2008
1 : Espèces appartenant au "baumannii complex" qui apparaissent en gris dans le tableau; 2 : espèces pour lesquelles une
seule souche a été identifiée; 3 : l'espèce grimontii a été reclassée dans l'espèce junii (Nemec et al, 2008).

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2. Caractères bactériologiques :
Les Acinetobacter sont des diplobacilles ou des diplo-coccobacille à Gram négatif, de 1 à 1.5
sur 1.5 à 2.5 µm, non sporulés, quelquefois capsulés, immobiles, aérobies stricts, non
fermentaires, catalase positive, oxydase négative.
Les Acinetobacter sont prototrophes et cultivent bien sur tous les milieux usuels.
La majorité des souches cultivent entre 20°C et 37°C avec un optimum de 33 à 35 °C.
A.baumannii et A. nosocomialis (gen.spp 13TU) poussent à 44°C.
Les colonies sont rondes, légèrement convexes, à bords réguliers, lisses parfois mucoïdes,
blanche-grisâtres, translucides ou opaques, de 1.5 à 3 mm de diamètre après 24 heures
d’incubation.
Sur gélose à base de sang (mouton ou cheval), une hémolyse est observée chez
A.haemolyticus, Acinetobacter gen.spp 6, 13BJ, 14 BJ, 15 BJ, 16 et 17.
Les tests biochimiques habituellement utilisés sont négatifs : nitrate réductase, décarboxylase
pour la lysine, l’ornithine, thiosulfate réductase (H2S), tryptophanase (indole), DNase,
β-galactosidase. Certaines souches possèdent une gélatinase, une uréase, une phénylalanine
désaminase d’activité faible. Les espèces du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii »
n’hydrolysent pas la gélatine, contrairement aux espèces : A.haemolyticus, Acinetobacter
gen.spp 6, 13BJ, 14 BJ, 15 BJ, 16 et 17.
La formation d’acides à partir du glucose a été utilisée pour séparer les souches
d’Acinetobacter en biotypes ou espèces. Cette oxydation du glucose est due à un glucose
déshydrogénase membranaire et présente chez plusieurs espèces, y compris celles du
complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii ».
L’appartenance au genre Acinetobacter peut être confirmée par un test de transformation
qualitative (Juni, 1972) utilisant une souche spontanément compétente d’Acinetobacter
(ATCC 33308, BD413 trpE27) auxotrophe pour le tryptophane, récemment dénommée
A.baylyi.Cette souche mise en présence d’ADN d’Acinetobacter devient prototrophe.

3. Facteurs de virulence :
Acinetobacter est une bactérie pathogène opportuniste et considéré comme un organisme de
faible virulence.
L'association de facteurs de risque chez l'hôte reste un élément fondamental de l'infection à
A.baumannii.
Parmi ses facteurs de virulence : hydrophobicité, capsule, pili communs, OMPs, LPS, biofilm,
chélateurs de fer ou sidérophores, et des enzymes extra-cellulaires comme : estérases, leucine
arylamidase et phospholipases.

4. Epidémiologie d’Acinetobacter spp:


Contrairement à d’autres espèces du genre Acinetobacter, l’espèce A.baumannii n’est pas
ubiquitaire et rarement isolée de l’environnement extra-hospitalier.
Les espèces : A.calcoaceticus, A.johnsonii, A.haemolyticus et A.guillouiae sont
prédominantes dans l’environnement (sol, eau).
Les acinetobacters autres que « A.baumannii complex » font partie de la flore cutanée
humaine. Les espèces fréquemment isolées sont : A.lwoffii, A. johnsonii, A.radioresistens et
A.pittii.
A.baumannii et A.nosocomialis ; les deux principales espèces responsables d'infections
nosocomiales ont été rarement isolés.

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A.baumannii est fréquemment isolées de l’environnement hospitalier et est responsables de
colonisations, d’infections nosocomiales et de contamination des surfaces et des équipements
médicaux. Sa durée moyenne de survie est de 27 jours (21-33 jours).
Le premier réservoir d’A.baumannii est le patient infecté et/ou colonisé. Sa présence dans
l’environnement est secondaire.
Le principal mode de transmission d’A.baumannii repose sur la transmission croisée par les
mains du personnel hospitalier et par le matériel médical partagé.

Avant les années 1970, les infections nosocomiales à A.baumannii étaient post-opératoires et
urinaires, mais à partir des années 1980, cette bactérie a rapidement émergé dans les unités
de soins intensifs, le développement des techniques de réanimation et les procédures invasives
ont modifié les profils des infections à A.baumannii.

Jusque dans les années 1970, A.baumannii était sensible à la majorité des antibiotiques.
Depuis 1975, sa résistance aux différentes classes d’antibiotiques n’a cessé d’augmenter.
L’émergence de souches d’A.baumannii multirésistantes aux antibiotiques (BMR) a donné
lieu à des résistances aux carbapénèmes. Les taux de résistance aux β-lactamines dans la
littérature internationale varient entre 5 et 50 % pour les carbapénèmes et entre 50 et 100 %
pour les autres β-lactamines.
En Algérie, la résistance d’Acinetobacter spp. à l’imipénème est passée de 2.3 % en 2002 à
47.25 % en 2011. Les mécanismes de résistance impliqués étaient les carbapénémases de
classe D : OXA-23, OXA-24, OXA-58 et de classe B; NDN-1-like.

5. Sensibilité aux antibiotiques et mécanismes de résistance d’A.baumannii :


5.1. Résistance naturelle :
A.baumannii est naturellement résistant à la pénicilline G, à l’ertapénème et peu sensible à
l’aztréonam et au moxalactam. Le mécillinam est inactif.
Il produit naturellement deux types de β-lactamases, une céphalosporinase ou
β-lactamase de classe C de Ambler (AmpC) et une oxacillinase ou β-lactamase de classe D.
La production d’une céphalosporinase à un niveau de base (AmpC) est à l’origine de la
résistance naturelle de cette espèce aux aminopénicillines, à la céfalotine et à la céfoxitine.
A.baumannii produit naturellement une oxacillinase chromosomique qui appartient à un
groupe d’enzymes appelé OXA-51-like et composé de plus de 40 variants différents.
Le caractère ubiquitaire du gène OXA-51-like chez A.baumannii, a fait de lui un marqueur
génétique important pour identifier l’organisme au rang de l’espèce.
Le spectre de substrat de l’OXA-51 était limité à quelques β-lactamines (pénicillines,
céfalotine, oxacilline) et les carbapénèmes (imipénème, méropénème), dans une plus faible
mesure, classant cette enzyme parmi les oxacillinases aux propriétés de carbapénèmase.

5.2. Résistance acquise :


Différentes pénicillinases plasmidiques ont été caractérisées chez A.baumannii (TEM-1,
TEM-2, CARB-5 et SCO-1).
Le mécanisme de résistance aux céphalosporines à large spectre chez A.baumannii résulte
habituellement d’une hyperexpression de la céphalosporinase naturelle. La présence d’une
séquence d’insertion (IS) appelée ISAba1 en amont du gène codant pour l’AmpC
d’A.baumannii est en fait lié à sa surexpression.

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Lorsque la céphalosporinase est surexprimée, la ceftazidime est inactivée, comme l’ensemble
des C3G. La ticarcilline est la pénicilline la plus stable vis-à vis de ce mécanisme de
résistance.
La description de BLSE chez A.baumannii reste relativement rare (PER-1, PER-7, VEB-1).
L’enzyme VEB-1 a été à l’origine d’une épidémie importante dans le Nord de la France au
début des années 2000.
D’autres BLSE de type : TEM, CTX-M, SHV et GES ont été caractérisées chez
A.baumannii.

La résistance enzymatique aux carbapénèmes chez A.baumannii, est souvent liée à une
association entre la présence d’une β-lactamase et des mécanismes d’imperméabilité (perte de
porine, surexpression de pompes à efflux).
Il s’agit d’une part des carbapénèmases ou β-lactamases de la classe B de Ambler et d’autre
part des oxacillinases (ou β-lactamases de classe D). Beaucoup plus rarement, des enzymes de
classe A de Ambler, ont été identifiées chez A.baumannii, de type GES ou de type KPC.
Les métallo-bêta-lactamases de la classe B ont la particularité d’inactiver l’ensemble des bêta-
lactamines à l’exception de l’aztréonam.
Ces enzymes sont zinc dépendantes et sont inhibées par l’EDTA, mais pas par les inhibiteurs
de β-lactamases (acide clavulanique, tazobactam, sulbactam), ni la cloxacilline. Elles sont
retrouvées fréquemment au sein d’intégrons de classe 1.
Les métallo-bêta-lactamases se sont diversifiées au sein de l’espèce A.baumannii (IMP, VIM,
SIM, NDM).
Les oxacillinases hydrolysent faiblement les carbapénèmes (l’imipénème et pas toujours le
méropénème) épargnant les céphalosporines de 3ème, 4ème génération et l’aztréonam.
Cette classe d’enzymes est par ailleurs très hétérogène (OXA-23-like, OXA-24-like, OXA-
51/69-like et OXA-58-like).
Les gènes codant les enzymes acquises sont souvent associées à des intégrons de classe 1 ou à
des séquences d’insertion (ISAba1, ISAba2, ISAba3, ISAba4 et IS18).

La résistance aux aminosides est essentiellement liée à la production d’enzymes inactivatrices


et à des mécanismes d’efflux.
Acinetobacter est naturellement résistant à l’acide pipémidique. Le principal mécanisme de
résistance aux fluoroquinolones est dû à des mutations au niveau des gènes gyrA et parC.
Les systèmes d’efflux jouent un rôle important dans cette résistance.

6. Aspects cliniques :
A.baumannii est responsable de 9 à 10 % des infections nosocomiales en réanimation et
représente 90 % des isolats d’Acinetobacter en milieu hospitalier.
Ces infections surviennent chez des malades immunodéprimés avec multiples facteurs de
risque.

A.baumannii est le 10ème agent étiologique, responsable de 1.3 % des bactériémies


nosocomiales. « A.nosocomialis » et « A.pittii » sont également impliqués.
Les infections mixtes sont fréquentes et le choc septique a été observé dans 19 % des
bactériémies à A.baumannii.
L’incidence globale des pneumonies à Acinetobacter est de 8 % et la mortalité peut atteindre
les 75 %.

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Les infections cutanéo-muqueuses extensives chez les grands brûlés sont parmi les plus
sévères des infections à Acinetobacter et sont difficiles à éradiquer.
Les infections communautaires ou nosocomiales compliquant des blessures, des brûlures et
des plaies opératoires sont rapportées lors de conflits militaires ou de catastrophes naturelles.
La pneumonie communautaire est observée beaucoup plus fréquemment dans les régions
tropicales (Asie-Océanie-Pacifique) et représente 1% des pneumopathies communautaires à
bacilles à Gram négatif.
Les infections urinaires surviennent sur sonde et sont d’incidence variable selon le type de
service.

D’autres infections rares peuvent s’observer :


Infections oculaires (kératites, endophtalmie) secondaires au port de lentilles ou à une
chirurgie, endocardites sur valve prothétique, ostéomyélites, arthrites septiques, péritonites, et
méningites.

7. Diagnostic au laboratoire :
7.1. Identification :
7.1.1. Phénotypique :
Phénotypiquement, la distinction du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » des autres
espèces du genre est aisée, par contre, la différenciation phénotypique entre les espèces de ce
complexe est difficile.
Certains tests sont utiles pour l’identification au sein de l’espèce :
La croissance à 37, 41 et à 44°C :
Toutes les souches du complexe « A.calcoaceticus-A.baumannii » peuvent croitre à 37°C, à
l’exception de quelques souches d’A.calcoaceticus.
La croissance à 44°C est le test le plus important pour différencier A.baumannii et
A.nosocomialis des autres espèces du complexe, bien que quelques souches d’A.nosocomialis
puissent être négatives et de rares souches d’A.pittii peuvent croitre à cette température.
La croissance à 41°C peut différencier entre A.pittii avec les espèces « close to13TU » et
« between 1 and 3 » et A.calcoaceticus.
Les tests d’assimilation des substrats carbonés :
La différentiation entre A.baumannii et A.nosocomialis par l’utilisation de ces tests est
problématique.

Les différents systèmes d’identification commercialisés actuellement, comme les galeries


API 20NE, BiologTM system, VITEK 2, Phoenix et MicroScan Walk Away manquent de
précision.
Les galeries API 20NE (Biomérieux, France) largement utilisées permettent d’identifier
facilement toutes les souches d’Acinetobacter au rang du genre mais ne donnent pas une
identification exacte au niveau de l’espèce.
Ces différents systèmes d’identification utilisés dans le diagnostic de routine, identifient les
trois importantes espèces du complexe «A.calcoaceticus- A.baumannii » : Acinetobacter
baumannii, Acinetobacter gen.spp 3 et Acinetobacter 13TU comme étant Acinetobacter
baumannii.

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7.1.2. Génotypique :
Uniquement les méthodes moléculaires permettent de porter un diagnostic de certitude au
rang de l’espèce.
De nombreuses techniques ont été développées mais seules quelques-unes sont validées pour
l’identification des espèces du genre Acinetobacter.
 Les méthodes basées sur l’analyse des séquences d’ADN (séquençage), sont
aujourd’hui les plus utilisées (Amplification de la séquence 16S de L’ARNr,
amplification des séquences intergéniques 16S-23S ARNr, analyse des séquences des
gènes de ménage).
 A. baumannii possède une oxacillinase intrinsèque, chromosomique codée par le gène
blaOXA-51 like. Différentes études ont montré que le gène blaOXA-51 like était présent dans
la totalité des souches d’A.baumannii testées. Etant spécifique à cette espèce, ce gène
est à ce jour utilisé dans de nombreuses études relatant la détection de la bactérie en
pathologie humaine et notamment lors d’épidémies.
Ce gène peut être détecté aussi bien par PCR traditionnelle que par PCR en temps
réel.
 Méthodes basées sur la spectrométrie de masse : MALDI-TOF MS est une technique
de spectrométrie de masse avec désorption-ionisation laser assistée par matrice.
Cette méthode permet d’identifier toutes les espèces du genre Acinetobacter, d’une
façon rapide (1 heure), mais nécessite un équipement coûteux.

7.2. Typage moléculaire :


Les méthodes initiales de typage étaient phénotypiques, actuellement, les méthodes les
plus utilisées sont génotypiques et permettent d’identifier les cas de transmission croisée
chez les malades et d’établir les sources et les modes de transmission au cours des
épidémies et les épisodes endémiques.
L’électrophorèse en champs pulsé est le Gold Standard et la méthode de choix pour typer
les souches d’Acinetobacter spp.
Les méthodes basées sur le séquençage (MLST) sont hautement discriminante et
prometteuses.

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7.3. Sensibilité aux antibiotiques :
7.3.1. Méthodes phénotypiques :
 Phénotypes de résistance aux β-lactamines :
Chez A.baumannii, les mécanismes de résistance peuvent être évoqués par l’étude des
phénotypes de résistance à la lecture de l’antibiogramme.Les phénotypes de résistance aux
β-lactamines sont au nombre de 6.

Tableau2 : Phénotypes de résistance d’A.baumannii vis-à-vis des bêta-lactamines.


Antibiotiques Phénotype 1 Phénotype 2 Phénotype 3 Phénotype 4 Phénotype 5 Phénotype 6
« sauvage » pénicillinase céphalosporinase 2+3 Carbapénèmes BLSE
R
Ampicilline S/I/R R R R R R
Amoxi- S/I/R S/I/R R R R I/R
clavulanate
Ticarcilline S R S/I R R R
Ticar- S S/I/R S/I R R I/R
clavulanate
Pipéracilline S R R R R R
Pipéra- S S/I/R S/I I/R R I/R
tazobactam
Céfotaxime S S R R R R
Ceftazidime S S S/I/R S/I/R R R
Céfépime S S S/I/R S/I/R R R
Imipénème S S S S I/R S
Méropénème S S S S I/R S
Aztreonam S/I S/I R R I/R R

 Détection de BLSE :
La détection de BLSE chez A.baumannii, est réalisée par mise en évidence d’une synergie
entre l’acide clavulanique et les C3G.Cette synergie peut avoir du mal à s’exprimer en
présence d’une céphalosporinase surexprimée.Il est donc nécessaire de réaliser des tests de
synergie à 25°C ou en présence de cloxacilline (250µg/ml).

 Détection des carbapénèmases :


Pour les BGN non fermentants, il a été proposé que la production de carbapénèmases soit
recherchée chez les souches de sensibilité diminuée aux carbapénèmes (imipénème et/ou
méropénème) et résistantes soit à la ticarcilline, soit à la ceftazidime.
Les tests phénotypiques pour la détection de la production de carbapénèmases sont :
 Le test de Hodge modifié (MHT) (ou clover leaf method) a été très utilisé comme
méthode phénotypique générale de détection de la production de carbapénèmase et
c’est pour le moment la seule méthode recommandée par le CLSI.Ce test est sensible
pour la détection des carbapénèmases, mais ne fournit pas d’information sur le type
de carbapénèmase mis en cause.
 Pour la détection spécifique des producteurs de MBL, ces tests sont basés sur la
synergie entre les inhibiteurs de MBL comme l’EDTA et les carbapénèmes.Ce test
peut être réalisé à partir de disques (test de synergie sur doubles disques ou test de
disque combiné) ou en utilisant les bandelettes E-test MBL commercialisées.
Cependant, ces tests doivent être interprétés avec prudence et il est fortement
recommandé d’inclure un contrôle de l’activité intrinsèque de l’inhibiteur.

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 La détection de souches productrices de KPC ou autres carbapénèmases de classe A
est basée sur l’effet inhibiteur de l’acide boronique.
 Enfin, les propriétés enzymatiques des carbapénèmases de classe D n’ont pas permis
le développement de tests phénotypiques spécifiques pour leur détection.
Ainsi, l’identification spécifique de tels organismes nécessite des techniques
moléculaires (PCR spécifiques des gènes d’intérêt).
Il est aussi important de noter que les tests phénotypiques sont non contributifs pour les
souches co-produisant différentes classes de carbapénèmases.

7.3.2. Méthodes génotypiques :

Seules les méthodes moléculaires (PCR +/- séquençage ou hybridation sur puces à ADN)
permettent, à l’heure actuelle, de caractériser de façon précise les enzymes produites.

8. Traitement :
Les choix thérapeutiques doivent donc être fondés sur des associations d’antibiotiques
comprenant, lorsque cela est possible et en fonction des résultats de l’antibiogramme, la
plupart du temps un aminoside (l’amikacine et la tobramycine sont pharmacologiquement les
mieux placées vis-à-vis Acinetobacter) associé à une carboxypénicilline (ticarcilline), une
céphalosporine de 3ème génération (ceftazidime) ou une carbapénème (imipénème ou
méropénème) encore souvent active ou une fluoroquinolone associée à l’amikacine.
Pour le traitement des infections liées à des souches résistantes à l’imipénème, le choix des
molécules antibiotiques est très limité.
L’association de la rifampicine avec soit l’imipénème, la tobramycine ou la colistine semble
intéressante.
D’autres associations ont été proposées : le méropénème ou l’imipénème associé au
sulbactam.

9. Prévention :
L’identification d’Acinetobacter impose l’isolement du patient, tant que son caractère
multirésistant aux antibiotiques n’est pas écarté.
En cas d’épidémie hospitalière impliquant une même souche d’Acinetobacter multirésistant,
identifiée par PCR, il est indispensable d’identifier la source et de revoir les procédures
d’hygiène et les habitudes de prescription antibiotique, notamment pour les céphalosporines
de troisième génération, les fluoroquinolones et les carbapénèmes.

10. Conclusion :
Le laboratoire de Bactériologie a un rôle primordial dans la maîtrise des infections à
Acinetobacter.
Il est au centre de la surveillance de l’ensemble des services cliniques d’un hôpital et donne
l’alerte en cas d’augmentation anormale de l’incidence des cas dans un service. Il doit
disposer de moyens pour un diagnostic précis de l’espèce A.baumannii par la recherche du
gène blaOXA-51 en PCR et de typage des souches épidémiques en électrophorèse en champs
pulsé (ECP).

9
Annexe : Stratégie diagnostique d’Acinetobacter spp au laboratoire.
Examen entre lame et lamelle : cocco-bacilles immobiles.
Gram : Négatif ou douteux.
Morphologie : diplocoque et/ou diplobacilles et gros amas.

Neisseria, Moraxella Staphylocoque Cullture sur Gélose trypticase soja,

Oxydase (+) Cocci Gram (+) GN, Drigalski,....

Bacille à Gram négatif

Stenotrophomonas Oxydase négative, aérobie strict


voir Gram et mobilité
imipénème R
Galerie d’identification

Hydrolyse gélatine Culture +< = 35°C Culture à 40°C (-) Culture à 44°C (+)
A. haemolyticus, sp6 A. johnsonii autres A .baumannii
ou 14 à 17. sp 11 et 13 non baumannii

11. Références :
Boukhalfa S. Apport de la biologie moléculaire dans le diagnostic bactériologique et
l’étude des mécanismes de résistance d’Acinetobacter baumannii isolé au CHU de Batna.
thèse de Doctorat 2014.

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