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CHAPITRE 6.

SENSIBILITÉS, TONUS, ÉMOTION, SCHÉMA CORPOREL ET


RELAXATION

Bernard Etchelecou
in André Etchelecou, Grand manuel de sophrologie

Dunod | « Les nouveaux chemins de la santé »

2017 | pages 144 à 164


ISBN 9782100763276
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/grand-manuel-de-sophrologie---page-144.htm
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Sensibilités, tonus,
Chapitre
émotion, schéma
6 corporel
et relaxation
BERNARD ETCHELECOU

> Pourquoi ce chapitre ?


Tout ce qui précède montre qu’il existe une intrication obligatoire entre les différentes
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sortes de sensibilités, le tonus musculaire, les états émotionnels et le schéma corporel.
Le schéma corporel est en effet le fruit de la combinaison des innombrables informations
sensorielles, intéroceptives, proprioceptives et extéroceptives.
Il s’élabore avec la différenciation puis l’articulation de ces sensibilités, au fur et à mesure
d’un développement, sous-tendu par la maturation du système nerveux et l’influence
sociale, qui aboutit à la conscience de soi.

Sommaire
1. Applications pratiques : la sophronisation de base et la
relaxation dynamique....................................................................... 146

2. Aperçu des autres techniques.......................................................... 149

3. Bibliographie...................................................................................... 163

Le schéma corporel, lorsqu’il est constitué, devient ce référent, cette représentation,


qui permet de situer notre corps dans l’espace et dans le temps, de repérer à tout
moment et dans n’importe quelle situation les parties qui le composent, ainsi que
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 145

de les articuler les unes avec les autres et avec la totalité corporelle. Il fonde notre
sentiment d’unité, d’individualité, espace personnel et espace extérieur étant clai-
rement distingués, et constitue le socle même de notre identité.
Nous avons par ailleurs observé que le tonus reçoit lui aussi ses stimulations des
différentes sensibilités. Celles-ci peuvent susciter des états hyper- ou hypotoniques
générateurs de dysfonctionnements, d’une mauvaise adaptation, voire d’émotions
plus ou moins violentes. Il devient clair que toute relaxation corporelle, axée par
définition sur la régulation de la fonction tonique, va simultanément provoquer :
● une meilleure réceptivité aux diverses sensations (intéro – et proprioceptives
notamment) ;
● un état général de quiétude, la régulation tonique équivalant à une régulation
émotionnelle (Wallon) ;
● une consolidation, ou même une restructuration du schéma corporel.

GROS PLAN
L’action de la relaxation peut encore être définie à deux niveaux :
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● Celui de l’équipement : structuration du schéma corporel qui se fait
notamment par le renforcement de la structuration temporelle (inté-
gration des notions de durée, d’ordre, de succession, de rythmes), et
de la structuration spatiale (notions d’intérieur, d’extérieur, localisa-
tion des parties corporelles, axe du corps, latéralisation droite-gauche,
symétrie, haut-bas, devant-derrière, dessus-dessous, vertical-
horizontal, etc.).
● Celui du fonctionnement et du vécu corporel : sensations diverses,
tensions, détente, énergie, impressions multiples, vécu cardiaque,
vécu respiratoire, vécu des divers organes, des mouvements, etc.

Mais la fonction tonique est aussi, ne l’oublions pas, une fonction de communication
et l’on a vu l’importance du dialogue mère-enfant au cours du stade tonico-
émotionnel décrit par Wallon.
L’apprentissage de la détente se fait également sous le regard et avec l’aide d’autrui,
le thérapeute, à qui est formulée une demande de soulagement par l’intermédiaire
du corps.
Son terpnos logos doux, rythmé, tranquille, conduisant le sujet « aux portes du
sommeil » n’est pas sans évoquer, à bien des égards, les comportements d’une mère
qui tente de calmer son bébé, avant qu’il ne s’endorme, totalement apaisé.
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146 Éléments théoriques fondamentaux

La relaxation replace l’individu dans une situation où le tonus constitue le mode


d’expression, de relation, par excellence ; les difficultés de la détente, les tensions
corporelles, sont autant d’appels, d’émotions, adressés au thérapeute chargé de les
entendre et de les résoudre.
On connaît en outre, depuis Wallon, la prépondérance des processus de condition-
nement au stade tonico-émotionnel où la distinction entre physiologique et psy-
chologique est, plus encore qu’à toute autre période, difficile à soutenir. Il ne faut
pas dès lors s’étonner de l’impact, en relaxation, des images et des inductions condi-
tionnantes, dans le registre psychosomatique notamment.

1. Applications pratiques : la sophronisation


de base et la relaxation dynamique
La sophronisation de base, en position debout ou allongée et la relaxation dyna-
mique (surtout dans son 1er degré) peuvent être rapportées à ce premier niveau
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d’approche privilégiant la restructuration du schéma corporel et le vécu qui accom-
pagne la recherche de résolution tonique.
La respiration établit un lien permanent entre le monde intérieur et le monde exté-
rieur, entre les espaces interne et externe, le dedans et le dehors.

IMPORTANT
En relaxation de groupe, il faut tenir compte de ce que l’on appelle la
« distance affective », le « territoire personnel », ou autre « halo pro-
tecteur » (cf. la notion d’espace affectif chez Wallon). Une distance trop
rapprochée entre les participants ou, à l’opposé, une pièce trop vaste,
suscitent l’insécurité (sentiments d’intrusion d’autrui dans la « sphère
personnelle », ou impression d’anonymat complet).

La relaxation dynamique 1er degré et ses gestes développent considérablement cette


intégration spatiale, tandis que la RD2 A ajoute aux sensations internes une repré-
sentation de soi, avec le « regard extérieur » : se voir de l’extérieur, d’un espace qui
n’est pas le nôtre, faire le tour de soi et se voir devant, derrière, sur les côtés. Se
regarder d’un autre lieu, celui de l’autre, aller même explorer l’espace, le cosmos,
avec sa conscience, en découvrant l’environnement, puis – étape fondamentale –
nous resituer dans notre corps, à la place qui est la nôtre, et l’occuper complètement,
le plus confortablement possible.
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 147

Note : Les mouvements, fort simples, de la RD2 A visent aussi à prendre conscience
de l’espace occupé par chacun des segments corporels.

La progression, en relaxation dynamique, passe d’abord par la perception de soi,


puis par la saisie de son « être-au-monde-avec-autrui » qui s’ébauche avec la
concentration sur un objet « naturel » extérieur à soi, se poursuit avec la « réflexion »
de soi (double en miroir) impliquant le « regard de l’autre », et s’achève, si l’on peut
dire, par une harmonisation entre soi et le cosmos, obtenue dans le 3e degré. Mais

ZOOM. Sophronisation, relaxation et schéma corporel


L’intégration du schéma corporel incluant l’ordre et la durée (sensiblement tou-
Elle s’y élabore d’abord par l’identification des jours la même entre les mouvements respira-
différents segments corporels, puis leur articu- toires ou les battements cardiaques). Le sujet
lation dans le corps perçu comme un tout. Il qui se relaxe se met à l’écoute des rythmes de sa
s’agit d’un véritable repérage topologique don- respiration et de ses battements cardiaques,
nant assise au sentiment d’une identité propre lents et réguliers, pour finalement s’identifier à
ces tempos générateurs de détente (« Tout mon
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(bien reflétée par la formule « Je suis mon
corps »). corps respire », « Je suis respiration »).

La structuration temporelle La structuration spatiale


Elle se développe à partir de nombreux élé- Elle est présente dès le début de la sophronisa-
ments, non verbalisés habituellement, mais tion, lorsque sont localisées les différentes par-
toujours sous-jacents. Cette dimension tempo- ties du corps les unes par rapport aux autres. Le
relle n’est pas seulement visible dans l’aspect sujet, en position couchée – horizontale –, ou
quelque peu rituel de la progression d’une debout – verticale –, prend conscience de l’axe
séance : atteinte du niveau sophroliminal- de son corps (représenté par la colonne verté-
approfondissement-travail intrasophronique- brale), avec pour corollaire la perception de sa
désophronisation-dialogue postsophronique. symétrie (parties droite et gauche du corps). Il
Elle est aussi présente en relaxation dynamique porte son attention sur le devant ou le dos de
dans cette alternance des gestes et de la récu- son corps, le haut ou le bas ; il effectue tel mou-
pération, de la tension et de la détente dans la vement avec le bras droit ou le bras gauche, tel
succession des mouvements, dans le découpage autre avec la jambe droite ou gauche… On sait
des gestes en trois temps synchronisés avec les que ces distinctions droite-gauche, avant-
phases respiratoires (inspiration-rétention- arrière, sont au cours du développement
expiration). Les mouvements, tels qu’ils sont d’abord repérées sur le corps propre avant d’être
exécutés en relaxation dynamique, impliquent projetées puis étendues aux éléments extérieurs
d’ailleurs à la fois la notion de succession (diffé- à soi.
rentes phases) et de simultanéité (respiration- La relaxation tend à consolider cette organisa-
mouvement). tion des repères spatiaux. Le simple fait de fer-
La notion de rythme y est également présente : mer les yeux induit un temps, si court soit-il, de
les rythmes internes, respiratoire et cardiaque, déstructuration spatiale, le sujet devant alors
qui nous imprègnent – dès avant la naissance – nécessairement reconstituer un schéma corpo-
nous situent dans une dimension temporelle rel adéquat.
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148 Éléments théoriques fondamentaux

ce corps perçu, représenté, dont la relaxation consolide le schéma, est en même


temps éprouvé, vécu, d’une certaine façon : sensations de bien-être ou de malaise,
tensions musculaires diverses ou détente générale, sensations, images, impressions
subjectives innombrables. Le vécu tonique sera ainsi diversement apprécié : tonus
de base en sophronisation allongée, et aussi tonus d’activité, d’attitudes, d’orienta-
tion et d’expression en relaxation dynamique.
La RD2 B contribue aussi au développement des organes des sens : vue, ouïe, odorat,
goût, toucher qui nous mettent en relation avec nous-mêmes, avec les autres et le
monde extérieur.
La description du corps et de ses parties s’accompagne d’un sentiment plus ou moins
prononcé de son unité. La sensation d’équilibre physique s’éprouve aussi sur un plan
personnel plus global.
En RD, le moment où l’on se « récupère » après les mouvements, est particulièrement
favorable à l’émergence des sensations propres qui donnent à notre « équipement »,
à notre « appareil corporel », à notre être, le sentiment d’exister, de fonctionner (plus
ou moins harmonieusement d’ailleurs).
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Le vécu respiratoire, celui de la circulation sanguine, ajoute aussi à notre anatomie
sa dimension de vie, d’énergie, de chaleur.
Le rythme respiratoire anime, par son flux et son reflux perpétuel, ce corps qui
devient ainsi plus qu’une simple unité spatiale ; les échanges respiratoires sont le
trait d’union entre les espaces externe et interne. Le ventre, centre de soi, peut être
vécu comme un centre de vie, d’énergie, de chaleur, d’équilibre… Bref, la relaxation,
outre l’intégration du schéma corporel qu’elle favorise, aide au réinvestissement
positif, au développement d’un espace interne sécurisant.
Être à l’aise dans son corps, « bien dans sa peau », c’est encore pouvoir engager des
relations satisfaisantes avec autrui. Le thérapeute est là comme pour « authenti-
fier », donner aux différents vécus toniques un « statut dans la parole » (Bergès). Ses
inductions, le dialogue post-sophronique, aident à intégrer les vécus divers dans le
champ de la parole. Nous reviendrons par la suite sur cet aspect très important de
la relation thérapeutique.
Mon propos, qui est de faire apparaître les caractéristiques fondamentales des
méthodes sophrologiques, reste ici avant tout centré sur la sophronisation et la
relaxation dynamique. Il serait cependant tout à fait injuste de ne pas mentionner
les principales autres techniques de relaxation – bien qu’en en brossant un rapide
tableau – techniques dont le but immédiat est aussi l’intégration du schéma corporel
et la résolution tonique.
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 149

2. Aperçu des autres techniques


La méthode de Jacobson
Cette méthode prétend relever d’une approche exclusivement physiologique. La
détente s’y définit par l’absence de toute contraction musculaire, vérifiable à l’électro-
neuro-myographe par un potentiel d’action égal ou très voisin de 0. Le sujet, par
une série de contractions puis de relâchements de tous les muscles du corps, va
apprendre à reconnaître les sensations en rapport avec ces états de tensions et de
détente afin de parvenir par la suite de lui-même à effacer les tensions qui le gênent.

GROS PLAN
Le principe de base est qu’en amenant le potentiel d’action des muscles
périphériques sensiblement aux alentours de 0 (= tonus de repos), on
met automatiquement au repos les territoires cérébraux correspon-
dants. Autrement dit, la relaxation progressive des muscles engendre
avec le « repos cortical » une sensation de détente qui se manifestera
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dans le domaine psychique (quiétude, bien-être).
La technique se poursuit par une relaxation différentielle, qui consiste
à obtenir un tonus optimum dans les gestes de la vie quotidienne : uti-
lisation du minimum de contraction musculaire nécessaire à la réalisa-
tion d’un geste, d’un mouvement, le reste du corps étant parfaitement
relaxé.

Le relaxateur est considéré comme un pédagogue : il montre les gestes que le sujet
va effectuer, sans employer de suggestion particulière, ni prendre en compte la rela-
tion thérapeute-patient.
Cette technique, en se centrant sur les processus physiologiques, tend à donner un
moyen de contrôle et de réduction des tensions, le relâchement musculaire entraî-
nant une détente psychique. L’individu apprend à obtenir un tonus optimum à tout
instant.

L’eutonie de Gerda Alexander


L’étymologie du mot (eu = bon, juste ; tonie = tonus) indique bien que l’accent est
mis sur la recherche d’un tonus « juste », bien adapté aux différentes activités et
circonstances. L’organisme doit être capable de répondre de façon harmonieuse et
appropriée à n’importe quelle situation.
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150 Éléments théoriques fondamentaux

GROS PLAN
Le sujet s’entraîne à percevoir toute la gamme des tensions musculaires,
depuis les exercices les plus « durs » jusqu’aux attitudes qui réclament
le minimum de tension. Puis, il va assimiler une image de son corps
aussi complète que possible : développement de la sensibilité tactile
notamment (découverte des limites corporelles, prise de conscience de
la peau, etc.) ; les sens de la vue, de l’ouïe y sont aussi développés.
L’espace intérieur est ensuite exploré : régulation des tensions neuro-
végétatives et motrices, prise de conscience des systèmes osseux, déblo-
cage respiratoire…

Si le dialogue tonique est central dans la méthode de G. Alexander, le rythme, le


mouvement y ont aussi une fonction essentielle. Des mouvements divers sont ainsi
effectués, avec un maximum d’harmonie et de détente, en ayant conscience de
l’espace intérieur et de l’espace externe.
La relation prônée est encore ici du type maître-élève, centrée sur le corps « réel »,
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la recherche d’un meilleur contrôle et d’attitudes plus harmonieuses.

La désensibilisation systématique de Wolpe


Cette technique comportementale nous intéresse dans la mesure où elle associe une
méthode de relaxation (le plus souvent celle de Jacobson) à des procédés d’imageries
mentales. Avec cette méthode, nous faisons un pas supplémentaire (car elle prend
explicitement en compte les problèmes psychologiques), tout en restant dans le
même type d’approche (le symptôme est réduit par des procédés physiologiques).
Elle repose sur les théories du conditionnement, relève du réflexe conditionné, et ne
tient pas compte du contenu symbolique.
Rappelons son principe général (Wolpe, 1958) : « Si une réponse inhibitrice de
l’anxiété peut survenir en présence de stimuli anxiogènes, cette réponse pourra
affaiblir les liens existant entre ces stimuli et l’anxiété. »

GROS PLAN
On commence par établir une hiérarchie de stimuli anxiogènes en rap-
port avec une situation déterminée (par exemple, le sujet a peur de se
trouver enfermé ; cette peur est-elle plus ou moins importante dans un
magasin, dans un ascenseur, les transports en commun… ?). On choisit
ensuite le mode de « réponse inhibitrice antagoniste », comme la
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 151

relaxation de Jacobson (« On ne peut être angoissé et détendu en même


temps »).
Lorsque le sujet est relaxé, on lui demande de laisser venir une image
mentale évoquant la situation difficile, en commençant par celle qui,
dans la hiérarchie, est la moins anxiogène. Quand, à cette situation, est
désormais liée une réponse de détente, remplaçant la réaction émo-
tionnelle préalable, on passe au point suivant de la hiérarchie. Le sujet
va ainsi progressivement se déconditionner totalement vis-à-vis de la
situation anxiogène (en se conditionnant à nouveau, mais de façon
positive).

Cette technique n’est pas sans évoquer la sophro-correction sérielle du sophrologue


qui peut être aussi comprise comme un déconditionnement étape par étape. En fait,
comme le souligne O. Fontaine (1970, p. 201), il semble que l’efficacité de cette
méthode repose surtout sur deux types de phénomènes :
● L’alternance des phases de concentration sur les images anxiogènes et des phases
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de détente : alternance qui constituerait une sorte d’entraînement permettant au
sujet d’acquérir une forme de contrôle sur la situation anxiogène.
● L’exposition volontaire à une situation de non-évitement (alors que bien souvent,
comme c’est le cas chez le phobique, l’évitement est de règle).

La régulation active du tonus musculaire de Stokvis


Cette méthode, à base d’exercices de relâchement de chaque groupe musculaire (de
manière plus ou moins analogue à celle de Jacobson), a aussi pour objectif la réali-
sation d’un tonus optimal. Ce tonus optimal acquis, l’organisme devrait être libéré
des affects qui le perturbent dans son fonctionnement.
Ce qui démarque cette méthode des précédentes, c’est certainement l’introduction
et la prise en compte explicites de la dimension psychologique et relationnelle
comme faisant partie intégrante du processus thérapeutique. Stokvis s’intéresse en
effet davantage à l’impression psychique de détente qu’à la décontraction musculaire
elle-même. En outre, son approche n’est pas sans rappeler par certains aspects
l’approche sophronique. C’est une régulation « active » qui réclame la coopération
du patient (se sentir responsable de sa guérison). On explique clairement au début
tout ce qui a trait à la méthode dont le principe général est que toute émotion a son
pendant dans des tensions corporelles et que, par la décontraction musculaire, on
arrive à obtenir une détente psychique.
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152 Éléments théoriques fondamentaux

GROS PLAN
On met en place un programme d’entraînement qui devra être scrupu-
leusement suivi. Par exemple, des horaires sont fixés pour faire les exer-
cices ; si, aux heures prévues, le sujet oublie de s’entraîner, il devra
attendre le lendemain pour les pratiquer. Le patient est donc « cadré »
par certaines règles qu’il s’engage à respecter, qui ont été discutées au
départ avec le thérapeute, ce qui évoque la notion de contrat (Caycedo).
Le thérapeute utilise ici la suggestion pour approfondir la détente, et
hormis son rôle d’information sur les techniques, n’hésite pas à encou-
rager le patient si nécessaire, voire à le réprimander s’il ne s’entraîne pas
régulièrement chez lui comme prévu.
Ce parti pris relationnel rappelle certainement l’alliance préconisée par
Caycedo dans les rapports patient-thérapeute, même si le sophrologue
paraît plus souple, moins directif… ou moins obsessionnel !

À noter enfin que Stokvis qualifie sa méthode de couvrante. La signification des


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oublis dans l’entraînement quotidien, n’est par exemple pas analysée dans son aspect
transférentiel, ni replacée dans les difficultés de progression du sujet. Cette approche
se caractérise cependant par son abord de la sphère psychologique, en utilisant la
suggestibilité du patient accrue par l’état de détente, ainsi qu’une certaine relation
(certes encore fort délimitée) avec le thérapeute.

La méthode Vittoz
Cette méthode a pour objectif de retrouver un « équilibre cérébral » normal, qui est
un état « où chaque idée, impression ou sensation peut être contrôlée par la raison,
le jugement, la volonté, c’est-à-dire qu’elle peut être jugée, modifiée ou écartée »
(Vittoz, 1993). Ce « contrôle cérébral » qui équivaut donc à la maîtrise consciente
de soi, se fait au cours de différents exercices avec le souci d’être réceptif au maxi-
mum.

GROS PLAN
La relaxation musculaire (succession de crispation-détente de différents
muscles du corps) sert donc ici surtout au développement de la récep-
tivité et au meilleur contrôle du tonus musculaire (sentir son corps et
contrôler sa détente). Le sujet se concentre sur les sensations corpo-
relles, réalisant une prise de conscience de tout le corps.
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 153

Sa réceptivité sera également entraînée au moyen d’exercices tendant à


se rendre conscient d’actes habituellement effectués de manière auto-
matique ; il s’agit de réapprendre les sensations élémentaires en se
concentrant par exemple sur certains actes quotidiens (exemple : man-
ger consciemment). Est aussi développée la capacité à percevoir des
sensations pures, dégagées de l’objet (ressentir superficiellement son
corps).
Dans tous les cas, on apprend au cerveau à ne pas associer les idées nées
des sensations, mais à ne garder que la sensation pure.
Ce point constitue une des particularités de la méthode qui est ainsi
nettement distinguée de celles favorisant au contraire la libre associa-
tion. Tout est ici fait pour rééduquer, consolider la maîtrise consciente,
ce qui paraît aux antipodes du « laisser faire », de la consigne de « laisser
surgir tout ce qui peut apparaître ».

La méthode recoupe cependant, dans son projet d’accroître la réceptivité du sujet,


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ce que l’on fait en RD2 B en développant les cinq sens.
L’apprentissage de la concentration – se fixer sur un seul objet à la fois aussi long-
temps qu’on le veut, avec le minimum de fatigue –, la rééducation de la volonté,
concourent à parfaire le contrôle mental. Ce contrôle conscient et rationnel est donc
en définitive obtenu par la concentration sur les sensations corporelles dans les
exercices de tension détente, puis dans les actes quotidiens, et également par une
augmentation de la réceptivité, l’utilisation des images mentales.

Le training autogène de Schultz – 1re partie


Le principe de la méthode, dit Schultz « est d’induire par des exercices physiolo-
giques et rationnels déterminés, une déconnexion générale de l’organisme qui, par
analogie avec les anciens travaux sur l’hypnose, permet toutes les réalisations
propres aux états authentiquement suggestifs » (Schultz, 1997, p. 1).
Autrement dit, il s’agit « d’induire en quelque sorte d’une manière somatogène la
déconnexion organismique qui caractérise l’état hypnotique ».

GROS PLAN
Cette technique, probablement la plus employée de toutes, repose donc
– dans sa première partie – sur la recherche d’un état hypnoïde à partir
d’une concentration sur les sensations physiques habituellement
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154 Éléments théoriques fondamentaux

ressenties en détente (lourdeur, chaleur, rythmes cardiaque et respira-


toire lents, plexus dénoué, front frais). Percevoir ces sensations permet
de réduire les tensions musculaires, de réaliser un tonus optimum, et
suffit souvent à dépasser bon nombre de difficultés (surtout d’ordre
psychosomatique).
On peut y ajouter, comme le fait Luthe, des formules organospécifiques
(FOS), semblables aux formules standards de Schultz (« Mon bras droit
est lourd », par exemple), mais agissant physiologiquement dans une
zone déterminée ; on peut aussi s’imprégner de formules intention-
nelles, concernant directement les fonctions psychiques.
● Les premières (FOS) sont choisies en fonction des atteintes orga-
niques ; par exemple, dans les cas de rhinite : « Mon nez est chaud ».
Ces formules peuvent être présentées sous forme d’images. On
retrouve là les procédés regroupés en sophrologie sous les termes
« techniques de focalisation ».
● Les secondes (FI) peuvent être des formules de neutralisation (« X
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m’est indifférent »), de renforcement (« Je suis très fatigué, j’ai envie de
dormir »), d’abstinence (« Il vaudrait mieux que j’évite de… »).
Chaque formule est adaptée selon les besoins du sujet. On peut ici éga-
lement associer ces formules à des images mentales suggérant l’attitude
à adopter.
L’objectif du TAS est d’amener l’individu à réaliser par lui-même cette
déconnexion organismique qui agit sur son tonus à partir des sensations
de base (lourdeur, chaleur) ; il s’efforcera de retrouver cet état chaque
fois qu’il en sentira le besoin, et adaptera à sa guise les FOS ou FI.
La première partie du TAS regroupe donc dans son approche des
aspects physiologiques (réduction des tensions, intégration d’un tonus
adéquat) et psychologiques (état hypnoïde favorisant la suggestibilité
selon divers procédés « mentaux »).
Dans sa seconde partie, le TAS s’apparente aux techniques de rêve-
éveillé favorisant un travail en profondeur de la personnalité.
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 155

Le training autogène modifié (TRAM) de R. Abrezol


et A. Dumont
Cette version modifiée du training autogène de Schultz donne au sophrologue,
notamment dans le travail en groupe, des possibilités de transition intéressante entre
la sophronisation de base (ou autres relaxations allongées) et la relaxation dyna-
mique 1er degré (avec ses gestes en posture debout).

Exercices de pratique
Debout
a. Mouvements de la tête à gauche et à droite (« comme pour dire non ») avec
concentration sur les sensations corporelles.
b. Mouvements de la tête de haut en bas (« comme pour dire oui »).
c. Lente rotation axiale du corps en laissant les bras ballants.
d. Mouvements latéraux du corps, en levant alternativement un bras et l’autre.
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e. L’arc : tension en arrière de toute la colonne vertébrale, puis flexion lente en
avant le plus bas possible, sans forcer la première fois, la seconde en saisissant
les chevilles et en tirant légèrement sur les bras, la troisième fois à nouveau
librement.

Assis par terre


f. On place le pied droit sous la cuisse gauche (vécu de la flexion), puis retour
jambe droite allongée (vécu de la détente de la jambe droite).
g. Même exercice avec l’autre pied.
h. On place le pied droit sur la cuisse gauche (vécu de la jambe fléchie), puis
retour jambe droite allongée (vécu de la détente de la jambe droite).
i. Même exercice de l’autre côté.
j. On fléchit les jambes en position de lotus (sans forcer, chacun travaille selon
ses possibilités).

Couché
k. On effectue trois respirations totales rythmées : un temps d’inspiration, quatre
temps de rétention, poumons pleins, deux temps d’expiration et quatre temps
de rétention, poumons vides.
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156 Éléments théoriques fondamentaux

l. On pratique enfin les exercices du training autogène classique1.

La rééducation psychotonique d’Ajuriaguerra


L’auteur, s’appuyant sur les travaux de Wallon et les données psychanalytiques, pro-
pose une rééducation du tonus musculaire qui prendrait en considération la « dia-
lectique tonico-affective qui préside à toutes les attitudes d’un sujet adulte2 ». Il met
l’accent sur l’état tonique en tant que mode de relation à autrui.

GROS PLAN
La méthode tend à restituer le dialogue tonique en examinant ce qui
s’oppose, dans la vie relationnelle, à une bonne adéquation des attitudes.
Elle analyse les résistances à la relaxation ; les tensions, angoisses, et
désordres divers y révèlent leur signification. La respiration, par
exemple, peut être saccadée, bloquée ; le sujet peut soupirer, avoir
besoin d’air ; les battements cardiaques peuvent se précipiter, etc.
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La maîtrise du tonus musculaire – et donc de la sphère émotionnelle,
passe par la première étape du training autogène. Avec l’apprentissage
de sensations musculaires nouvelles, le sujet établit des modes de rela-
tion différents à autrui. Mais ces modifications ne proviennent pas tant,
nous l’avons dit, de la répétition régulière des exercices, que de la
découverte du sens des tensions, des résistances, apparaissant imman-
quablement au cours de la « rééducation ».
La relation transférentielle, elle-même analysée, prend ici toute son
importance. Le patient pourra par la suite reconnaître ses réactions
toniques dans diverses circonstances de la vie quotidienne, et s’efforcer
d’y adapter son entraînement à la détente.
Il s’agit, en fin de compte, de prévenir les attitudes dystoniques symp-
tomatiques en développant une meilleure intégration tonico-
émotionnelle.

Si donc la méthode de Ajuriaguerra vise aussi la régulation de la fonction tonique,


et prend appui sur les thèses de Wallon, elle se démarque des techniques précédentes
par une approche privilégiant la dimension relationnelle dans son ensemble, avec
ses constituants conscients et inconscients.

1. Il nous arrive de simplifier en laissant les étapes h, i, k.


2. Introduction au livre de Lemaire, 1964.
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 157

La méditation de pleine conscience (mindfullness


meditation)
Bien que dépassant largement (comme c’est le cas de notre relaxation dynamique)
le domaine de la seule relaxation, la méditation de pleine conscience nous offre des
pratiques qui peuvent s’intégrer parfaitement à notre approche sophrologique.
Les pratiques de méditation, qui se sont surtout développées en Occident depuis
les années 1960, trouvent leur ancrage dans les principaux courants spirituels
(bouddhisme, hindouisme, soufisme, christianisme) dans une visée de développe-
ment spirituel et de soi en général, incluant la composante santé.

GROS PLAN
Les principales caractéristiques de la méditation de pleine conscience3
sont :
● « un état dans lequel le sujet est hautement conscient du moment
présent, le reconnaissant et l’acceptant ;
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● un état dans lequel l’esprit du sujet ne se laisse pas accrocher ou n’est
pas parasité par des pensées, sensations ou émotions à propos d’expé-
riences présentes, passées ou d’attentes futures qui surgissent ;
● un état dans lequel le sujet fait attention (observation) à l’expérience
présente de manière vigilante ou encore au flux de stimuli continu
interne et externe au fur et à mesure de son apparition dans une
optique de non-jugement et de non-évaluation ;
● un état d’esprit qui met en valeur la conscience, l’attention et l’habileté
à se dégager des schémas de pensée non adaptatifs qui rendent l’indi-
vidu vulnérable à des états de stress et à d’autres états pathologiques »
(Berghmans, Tarquinio, 2009, p. 111-112).

Il s’agit de développer une conscience qui ne se laisse pas guider par les analyses, les
élaborations, les questionnements et constructions mentales, les jugements et
autres interprétations à propos des pensées, des émotions, sensations diverses qui
ne manquent pas d’apparaître en cours de méditation. L’attention, renonçant alors
à la prégnance du cognitif, du « mentalisé », du jugement, peut par exemple être

3. Berghmans, Tarquinio, 2009. Nous renvoyons le lecteur à cet ouvrage de référence, et notamment pour la partie qui
nous concerne ici, au chapitre consacré à la méditation, p. 101-152, où l’on peut trouver des éclaircissements théoriques et
des données pratiques sur la méditation de pleine conscience.
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158 Éléments théoriques fondamentaux

réorientée sur le souffle, avant de se laisser porter à nouveau dans une réceptivité
ouverte par le flux des données immédiates qui surgissent à la conscience.
Pour exemple, le body scan, « balayage corporel » où l’on retrouve l’attitude d’accep-
tation ouverte préconisée ci-dessus : en cas de tensions, on ne cherchera pas à les
supprimer mais à en prendre conscience sans jugements, sans chercher leurs ori-
gines ni à quoi elles peuvent être reliées. Le patient est plutôt invité à refocaliser son
attention sur son corps, sa respiration…

Exercice
Body scan4
Cet exercice peut être guidé de la manière suivante.

Dans un premier temps et de manière introductive


« Allongez-vous confortablement, étendez vos jambes, vos bras le long du corps
et les paumes tournées vers le ciel. C’est la « position du cadavre » dans le yoga.
Autorisez-vous à fermer lentement vos yeux. Prenez votre temps.
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Inspirez profondément par le nez et sentez l’air passer à travers votre trachée et
se diriger vers vos poumons, et ensuite lors de la seconde inspiration, sentez l’air
passer dans vos bras, vos mains, jusqu’au bout de vos doigts, et se diffuser éga-
lement vers votre ventre, vos jambes, vos chevilles, vos pieds, et jusqu’au bout
de vos orteils. Imaginer cela.
Sentez l’air vous traverser, membre par membre, et prenez conscience de com-
bien cet air est bénéfique. Prenez conscience du fait que le simple fait de respirer,
d’inspirer et d’expirer, vous permet de vivre.
Lors de cette expiration, laissez-vous vous enfoncer plus profondément dans le
sol, vous détendant de plus en plus. Sentez-vous à l’aise.
Renouvelez cette lente respiration quatre ou cinq fois, en restant concentré, en
vous focalisant sur cet air qui entre en vous et en ressort librement.
Si vous sentez que votre esprit s’égare de votre respiration, ramenez-le simple-
ment vers votre souffle.
Et si par hasard des pensées viennent traverser votre esprit, considérez les sim-
plement comme des pensées, ne les jugez pas, et laissez les quitter votre esprit

4. Mes remerciements à Claude Berghmans et Cyril Tarquinio qui m’ont autorisé à reproduire l’exercice du body scan qu’ils
présentent dans leur ouvrage (p. 139 à 144).
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 159

pour pouvoir recentrer votre attention sur votre respiration. Si vous n’y arrivez
pas, laissez-vous aller, laissez les pensées vous traverser.
Concentrez-vous ensuite sur votre abdomen, sentez-le gonfler lors de l’inspira-
tion et se détendre lors de l’expiration.
Mettez votre main sur votre ventre, sentez-le se gonfler et se remplir d’air lorsque
vous inspirez. Puis sentez-le se dégonfler lors de l’expiration. Sentez l’air sortir
par votre bouche, tout en vous enfonçant de plus en plus dans le sol.
Relevez toutes les sensations que vous ressentez lors de cette prise de conscience
de la respiration. Ne les jugez pas, ressentez les simplement, tout en restant
concentré sur votre respiration.
Remettez-vous dans la « position du cadavre », les bras le long du corps, et
détendez-vous.
Vous pouvez alors vous féliciter d’avoir consacré du temps à cet exercice. »
Une fois cela fini, l’instructeur demande aux participants de s’exprimer sur ce
qu’ils ont ressenti, si cela les a détendus ou bien au contraire si cela les a rendus
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nerveux, les a contractés. »

Dans un second temps et de manière plus approfondie


« Allongez-vous sur le dos, confortablement, prenez le temps nécessaire à bien
vous positionner. Mettez vos bras étendus le long du corps, les paumes ouvertes
vers le plafond de manière détendue. Une fois que vous vous sentez à l’aise,
prenez conscience de vos paupières, fixer votre attention sur elles et ressentez
les lourdes. Elles ont envie de se fermer. Vous les fermez doucement, calmement.
Ensuite porter votre attention sur votre respiration. Laissez votre corps respirer,
n’essayez pas de manipuler votre respiration d’une quelconque façon. Laissez-
vous aller.
Essayez d’expérimenter simplement la façon dont l’air se déplace dans votre
corps, dirigeant en particulier votre attention sur votre ventre, votre abdomen.
L’air entre doucement par vos narines et pénètre dans vos poumons. Ressentez
les sensations dans cette région lorsque l’air pénètre dans votre corps et que
l’abdomen gonfle doucement et lorsque l’air ressort du corps et que le ventre
dégonfle, ceci en suivant le mouvement rythmique de votre ventre à chaque
respiration.
Inspirez doucement, expirer doucement. Accompagnez ce cycle en conscience,
inspirez doucement et expirez doucement.
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160 Éléments théoriques fondamentaux

Laissez-vous aller, laissez votre corps devenir lourd alors qu’il s’enfonce un peu
plus profondément dans le sol. Accordez de l’importance à votre respiration à
chaque instant.
Lorsque vous vous sentez prêt, déplacez l’objectif de votre attention sur le bas
de la jambe gauche et plus particulièrement sur les orteils du pied gauche, et
prenez-en conscience.
L’important est que vous sentiez juste vos orteils tels qu’ils sont, en vous concen-
trant.
Expérimentez le gros orteil, essayez de le ressentir puis le petit, sans les bouger,
mais juste en les ressentant individuellement, puis les autres orteils et, lorsque
vous inspirez, imaginez que l’air descend directement dans les poumons et le
ventre et vers le bas de la jambe gauche jusqu’à vos orteils et lorsque vous expirez,
que l’air remonte de vos orteils et ressort automatiquement par votre nez,
comme si vous inspiriez vers le bas jusqu’à vos orteils et expiriez à partir de vos
orteils.
Essayez cet exercice. L’important n’est pas de réussir mais de le pratiquer.
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Lorsque vous êtes prêt, expirez pour quitter vos orteils complètement et déplacez
votre attention sur le bas de votre pied gauche, respirez avec lui, et expirez à
partir de celui-ci en le laissant juste s’en aller.
Respirez ensuite dans le talon et lors d’une expiration, laissez-vous quitter celui-
ci, devenant conscient du dessus de votre pied ; ne pensez pas autrement à votre
pied qu’en étant juste présent ici avec lui, le ressentant, le laissant prédominer le
champ de votre conscience, respirant avec lui.
Laissez cette conscience s’étendre aux chevilles également et ressentez votre
propre cheville gauche, respirez à l’intérieur de celle-ci et lors d’une expiration,
quittez la cheville et votre pied gauche et devenez alors conscient de la partie
inférieure de la jambe gauche, de la surface comme de la profondeur.
Expérimentez cette région telle qu’elle est, n’essayez pas de la rendre différente,
acceptez les sensations que vous ressentez, respirez avec elles et lorsque vous
êtes prêt, quittez également cette partie du corps.
Focalisez maintenant votre attention en remontant vers votre genou, expéri-
mentez votre genou gauche, respirez à l’intérieur et lors d’une expiration, laissez-
le s’effacer également.
Déplacez-vous maintenant vers la région de la cuisse, en remontant jusqu’à l’aine
à l’intérieur et la hanche à l’extérieur, expérimentant juste votre cuisse gauche,
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 161

la laissant aussi molle et détendue que possible, et s’il y a une quelconque tension,
laissez la sortir lors d’une expiration.
Lorsque vous êtes prêt, prenez une respiration plus profonde vers le bas dans
votre cuisse et lorsque vous expirez, laissez-la s’en aller.
Écartons-nous maintenant vers la jambe droite, devenons conscients des sen-
sations dans les orteils droits, ressentez les sensations du gros orteil, du petit et
des autres, dirigeant l’air inspiré vers les orteils et lors de l’expiration, laissez l’air
remonter de vos orteils et ressortir par votre nez, en enregistrant les sensations
qui sont présentes dans cette région, sans les juger.
Quand vous le voulez, prenez une inspiration plus profonde vers le bas à l’inté-
rieur de vos orteils et lors de l’expiration, laissez vos orteils s’évanouir dans le
champ de votre conscience, laissant l’attention se porter sur le bas de votre pied
droit, en incluant le talon.
Puis profitez d’une expiration pour quitter cette région et déportez doucement
votre attention sur le dessus du pied et la cheville, inspirant et expirant, puis
laissez-la juste partir, se détendre et s’évanouir de votre conscience alors que
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vous prenez conscience de la partie inférieure de la jambe.
Lorsque vous êtes prêt, respirez à l’intérieur de la jambe et profitez de l’expiration
pour la quitter également et prenez alors conscience de votre genou droit avant
de le quitter également lors de l’expiration. Maintenant, prenez conscience de
votre cuisse droite, entre la hanche, le bassin et l’aine, en partant du genou.
Lors d’une expiration, quittez cette région également.
Devenez maintenant conscient du bassin, d’une hanche à l’autre, des fesses en
contact avec le matelas et des sensations de contact et de pesanteur.
Prenez conscience de la région des organes génitaux, des hanches elles-mêmes
et respirez avec votre bassin dans son intégralité.
Dirigez l’air vers le bas lors de l’inspiration et, lors de l’expiration, laissez le bassin
se relâcher et se détendre, toute tension présente s’en allant avec l’air ; soyez
satisfait d’être comme vous êtes juste à cet instant.
Dirigez ensuite votre attention vers le bas du dos, expérimentant les sensations
qui s’y trouvent.
Expérimentez votre dos tel qu’il est en cet instant, laissant l’air pénétrer, se
déplacer dans chaque région du bas du dos lors de l’inspiration et de l’expiration.
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162 Éléments théoriques fondamentaux

Laissez toute tension ou contraction être là puis s’en aller lors de l’expiration et
lors d’une expiration, quittez le bas du dos et remontez vers le haut, respirant
avec vos sensations.
Et quelles que soient les tensions ou contractions, laissez-les simplement dispa-
raître et quitter le corps lors de l’expiration alors que vous vous laissez aller et
sombrez encore plus profondément dans la quiétude et la relaxation.
Portez ensuite votre attention à nouveau sur le ventre, expérimentant la dilata-
tion et la rétraction de celui-ci, permettant à la conscience de se diffuser du ventre
vers la poitrine également.
Expérimentez la poitrine qui se gonfle à l’inspiration et se rétracte quelque peu
à l’expiration.
Lorsque vous êtes prêt, contentez-vous de laisser cette région s’évanouir dans la
relaxation également.
Déplacez votre attention vers les extrémités de vos doigts, prenant conscience
des sensations présentes maintenant dans les extrémités de vos doigts et dans
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les paumes.
Soyez juste dans vos doigts, à l’intérieur et sur la partie arrière de vos doigts puis
ressortez par les extrémités laissant le champ de votre conscience se diffuser
jusqu’à inclure les paumes de vos mains, l’arrière de vos mains et les poignets,
devenant aussi conscients des avant-bras et des coudes, expérimentant votre
corps tel qu’il est.
Incluez maintenant la partie supérieure de vos bras, remontez vers les aisselles
et les épaules.
Expérimentez vos épaules et s’il y a une tension, respirez juste dans celles-ci et
dans vos bras lors de l’inspiration et laissez cette tension s’en aller lors de l’expi-
ration.
Soyez présent à chaque instant, quittant n’importe quelle partie se présentant.
Maintenant, laissons l’objectif de notre attention remonter vers le cou, la colonne
vertébrale, puis vers la gorge et ressentez cette région de votre corps dans son
intégralité.
Inspirez vers le bas dans le cou intentionnellement et lors de l’expiration, quittez-
le également, le laissant se relaxer.
Prenez alors conscience de votre visage et concentrez-vous en premier sur la
mâchoire et le menton, l’expérimentant juste tel qu’il est, respirant avec cette
région, et lors de l’expiration, laissez-la disparaître, devenant conscient de vos
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Chapitre 6 Sensibilités, tonus, émotion, schéma corporel et relaxation 163

lèvres et de votre bouche, des dents et des gencives, de la langue et du palais, de


l’arrière de la bouche et de la gorge et lors d’une expiration, laissez cette région
s’évanouir également.
Devenez alors conscient de votre nez ; ressentez de quelle façon l’air se déplace
dans le nez au niveau des narines, en étant conscient de vous-même ainsi que
de vos yeux, des sourcils, de l’espace entre les sourcils et de toute la région autour
des yeux, des paupières.
S’il y a une tension, laissez-la s’en aller en même temps que l’air s’en va lors de
l’expiration, permettant à vos tempes de se relaxer et de s’effacer alors que vous
expérimentez les sensations sur le côté de votre tête, respirant vers vos oreilles
et expirant à partir des oreilles.
Respirez ensuite juste avec votre front, le laissant se relâcher, et si vous sentez
un quelconque mouvement associé à de la tension, soyez en juste conscient et
inspirez.
Respirez ensuite avec l’intégralité de votre visage comme si vous veniez du des-
sous et de l’intérieur, quittant votre visage dans son intégralité, le front inclus.
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Maintenant, devenez conscient de l’arrière de la tête, du sommet de la tête, de
la région entière du crâne, en inspirant dans cette région tout entière et expirant
en laissant l’air quitter votre nez.
Lorsque vous êtes prêt, ressentez votre corps comme un tout du sommet de
votre tête au bas de vos pieds, étant allongé ici dans un état de quiétude et de
relaxation profonde, vous sentant vraiment tel que vous êtes. Lorsque l’exercice
s’arrêtera, ramenez votre conscience à votre corps de nouveau et ressentez-le
comme un tout, renouez avec l’activité de votre vie.
Vous pouvez vous féliciter d’avoir pris le temps et l’énergie pour vous relaxer de
cette façon et rappelez-vous que cet état de relaxation et de clairvoyance vous
est accessible en prêtant simplement attention à l’inspiration et l’expiration quoi
qu’il se passe, à n’importe quel moment de la journée, le laissant être une source
de force et d’énergie constante pour vous. »

3. Bibliographie
Berghmans C., Tarquinio C. (2009). Comprendre et pratiquer les nouvelles psy-
chothérapies, InterÉditions.
Fontaine O. (1970). Introduction aux thérapies comportementales, Bruxelles, Des-
sart.
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164 Éléments théoriques fondamentaux

Lemaire (1964). La Relaxation, Paris, Payot.


Schultz J. H. (1997) Le Training autogène, Paris, PUF, 7e éd.
Vittoz P. (1993). Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle
cérébral, Paris, Pierre Téqui, 13e éd.
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