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Contexte historique et élément biographique de Otto dix

Otto Dix est né en 1891 à Géra (Allemagne) et mort en


1969. C'est un peintre allemand de la Nouvelle
Objectivité et de l'Expressionnisme.
Après des études artistiques dans sa jeunesse, Dix, issu
d'un milieu ouvrier reçoit une bourse qui lui permet
d'entrer à l'École des arts appliqués de Dresde de 1909 à
1914.
En 1914, Otto Dix , encore élève de l’École des Beaux-
arts de Düsseldorf, s’engage à l’âge de 24 ans dans les
troupes allemandes du front occidental.
Il s'engage volontairement en tant que soldat dans la
première guerre mondiale, et combattra en France et en
Russie.
Cela l'amène à participer à la guerre des tranchées entre
novembre 1915 et décembre 1916. Artilleur, puis
mitrailleur, il connaîtra tous les champs de bataille.
Champagne, Somme, Artois, Yser, Russie.
Ce qu'il voit chaque jour le hante et devient le sujet de son travail artistique.
Dans un entretien de 1961, il déclare : « C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim,
les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes
premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n''avait pas encore été peint :
l'aspect hideux. »
Pour savoir et comprendre cela, il demande à être en première ligne sur le champ de bataille.
A son retour de la guerre, il crée vers 1920,le mouvement artistique de La Nouvelle Objectivité.
Qui se développe dans plusieurs grandes villes de l'Allemagne et réunit alors beaucoup de grands
artistes et intellectuels qui, provenant souvent du mouvement dadaïste, ont fortement pris
conscience de leur responsabilité politique et de leur « devoir contestataire ».

Il réalise entre 1920 et 1924, sous l’influence de George Grosz, un peintre et caricaturiste allemand,
qui fut un membre important du mouvement Dada , des œuvres dans laquelle il prône son anti-
militarisme, sa haine de la guerre dans un style pathétique et violent.
Inspiré par « les désastres de la guerre » de Goya, ces œuvres réponde à la nécessité d’oublier les
horreurs vécues : « le fait est que, étant jeune, on ne se rend absolument pas compte que l’on est,
malgré tout, profondément marqué. Car pendant des années, pendant 10 ans au moins, j’ai rêvé
que je devais ramper à travers des maisons en ruines, à travers des couloirs, où je pouvais à peine
passer. Les ruines étaient toujours présentes dans mes rêves… »
Ces gravures et peinture explorent les thèmes macabres d’un quotidien abominable. Les thèmes des
destructions, déformations et mutilations du corps humain émergent d’un clair-obscur ambiant dans
une vision apocalyptique. Une grande partie de ces scènes où se reflète le désespoir objectif de la
mort sont situées dans la Somme ou en Picardie, où Otto Dix a combattu.
Otto Dix ne fait preuve que de peu de respect pour les combattants, ses anciens camarades. Loin
d’exalter l’héroïsme, il dénonce la sauvagerie destructrice. L’artiste ne cessera de témoigner des
effets de la guerre sur l’homme, la nature, le patrimoine. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit parmi
les cibles d’Hitler et Goebbels qui veulent une « Nouvelle Renaissance », soit un art qui exalte les
valeurs du national-socialisme.
Destitué en 1933, Otto Dix est l'un des premiers professeurs d'art à être renvoyé de son poste de
professeur à l’Académie de Dresde et persécuté par les autorités nazies, il voit ses œuvres figurer à
l’exposition des “arts dégénérés” (Entartete Kunst), l'expression officielle adoptée par le régime
nazi pour interdire l'art moderne en faveur d'un art officiel appelé l'« art allemand  » ou l'« art
héroique », et en partie détruites. Il s’installe avec sa famille dans le Sud de l’Allemagne, non loin
de la frontière suisse, mais il refuse de quitter « le pays où sont ses tableaux« . Il se mure dans un
exil intérieur à Hemmenhofen, il est interdit d’exposition mais continue de peindre, principalement
la nature qui l’entoure : «j’étais condamné aux paysages. La peinture de paysages était une sorte
d’émigration», menacé de prison et de déportation, il s’exile en Suisse et à partir de 1935, il se
consacre alors à des thèmes religieux. Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par les
Allemands en 1938. Même pendant ce temps il peint.
Il participe par obligation à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental entre
1944 et 1945 et sera fait prisonnier en Alsace par les Français. A partir de ce moment là et jusqu'à sa
mort, Dix s'éloigne des nouveaux courants artistiques allemands.
Il meurt le 25 juillet 1969 à Singen en Allemagne.

La Guerre est une œuvre expressionniste d'Otto DIX Cette œuvre est donc celle d'un homme qui a
vécu l'horreur et l'inhumanité de la "Grande Guerre" et qui témoigne de son expérience de soldat.
Otto DIX réalise le triptyque La Guerre entre 1929 et 1932, plus de dix ans après l'armistice, une
période où les idées nationalistes trouvent de nouveau une place en Allemagne. C'est dans ce
contexte particulier que le peintre réalise cette œuvre afin de rappeler l'extrême brutalité et la
sauvagerie vécues pendant le conflit. Exposée une seule fois à Berlin en 1938, l’œuvre sera
considérée comme appartenant à « l’art dégénéré ». La Guerre est ensuite cachée pour éviter la
destruction…
Analyse Plastique
La Guerre est une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois de l’œuvre.
Dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de brun. La couleur
dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement quotidien et unique horizon
des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le ciel tourmenté sous lequel les soldats
partent au front (panneau de gauche), l’amas de viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du
champ de bataille (panneau de droite). L’artiste choisit le rouge parce que c’est une couleur
organique (celle du sang) mais aussi pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le rouge
symbolise en effet le violence et parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto DIX :
une guerre qui se déploie dans la boue et la crasse et qui répand la violence et la mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans lequel le
peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur, qui est un autoportrait
de Otto dix. Cet éclairage puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de
l’image, peut-être la plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part
d’espérance et de vie.

L’œuvre se lit de gauche à droite, chaque panneau décrit avec précision un moment de la bataille :
A gauche est représenté le départ vers le front. Il représente les soldats, reconnaissables à leur
équipement (casques, baïonnettes, uniforme...) qui partent pour la guerre. On les voit de dos, ils
s’avancent vers un horizon brumeux qui symbolise métaphoriquement le chaos qui les attend.
Au centre, le champ de bataille, le plus grand panneaux qui représente un amoncellement de
cadavres et de corps en décomposition, avec au loin, un paysage ravagé. Cette représentation
montre la guerre dans toute son horreur. Morts et survivants semêlent dans un paysage ravagé de
ruines et de cratères d’obus. Le paysage est recouvert par un cadavre en
décomposition empalé sur les ruines d’un pont comme une alegorie de la mort. Le seul vivant
quand à lui est déshumanisé par la présence de son masque.
Sur le panneau de droite, on montre l’arrêt des combats le soir, la relève des blessés. Il met en scène
Otto Dix à travers un autoportrait il se représente extirpant un camarade blessé de l’enfer. Un soldat
rampe au sol.Ce sont ici les survivants, témoins de cette guerre.
La prédelle (panneau du bas) représente des gisants, des corps sans vie. La forme du support
s’apparente désormais à celle d’un cercueil.
Cette composition met en scène la journée d’un soldat sur le front et, plus symboliquement, le
cercle vicieux de la bataille qui mène inéluctablement à la mort.
La succession d’images fonctionne comme un cercle ; la guerre comme moment ou histoire qui se
répète à l’infini. L’absence de perspective (atmosphérique pour les 3 panneaux et linéaire pour la
prédelle) ne permet pas au spectateur de poser son regard, de s’offrir un moment de repos, l’horreur
est partout.
L’ art dégénéré et l’instrumentalisation idéologique
Une fois le régime fondé, Goebbels prend en charge le ministère de la propagande en mars 1933,
puis crée la Chambre de la Culture du Reich, dont dépendent une multitude de chambres
professionnelles. Toute activité artistique est impossible à qui n'y est pas enregistré. La Ligue de
Combat pour la Culture allemande mène des actions contre l'art « bolchévique, l'art dégénéré et
subversif » dans les Länder.
Les premiers artistes à être touchés sont les musiciens et les écrivains.
L'expression « art dégénéré » provient l'exposition Entartete Kunst, elle meme que les nazis
organisèrent en 1937 à Munich. La dégénérescence, l'Entartung, terme emprunté à la biologie,
suppose qu'un objet a perdu certains de ses traits distinctifs au point qu'il cesse d'appartenir à son
genre, à son espèce d'origine. Ainsi, selon l'idéologie nazie, du Juif qui n'appartient plus à l'espèce
humaine. Ainsi de l'œuvre qui, faute de satisfaire à des critères de savoir-faire, de favoriser la
cohésion de la communauté allemande. D'autres œuvres d'art moderne avaient déjà été confisquées
et montrées au public dans des « cabinets des horreurs » Malgré le désordre de l'accrochage de
l'« art dégénéré », le choix des œuvres témoignait d'un jugement très sûr. Tous les courants de
l'avant-garde étaient représentés depuis Die Brücke, Der Blaue Reiter, l'expressionnisme jusqu'à
Dada, le Bauhaus et même la Nouvelle Objectivité.
En mai 1933, un gigantesque autodafé est organisé. L’exposition Entartete Kunst de Munich est le
point culminant de cette politique. Ziegler, lors de l'inauguration de l'exposition d'« art dégénéré »
en 1937, charge le peuple d'une « mission » contre « la décadence et la dégénérescence».
L'idéologie nazie met donc en avant le Volk allemand qui doit préserver la pureté de la race aryenne
et se protéger de toute contamination. La « grande exposition de l'art allemand » présente ainsi des
paysages ruraux, des familles paysannes idéalisées, des soldats et des scènes de guerre héroïques,
rappelant l'attachement à la terre et à l'histoire du Volk allemand.
Guyot, Adelin, Restellini, L'art nazi, un art de propagande, Complexe, Bruxelles, 1996.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/art-degenere/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/otto-dix/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/censure-art/3-images-du-pouvoir-pouvoir-des-images/
The Visual Arts in Germany 1897-1940  : Utopia and Despair
«  Otto Dix ou le regard impitoyable  », Arte — Documentaire de Nicola Graef (Allemagne, 2017,
53 mn)

Alexandre Godefroy Chevalier L1 Art Appliqué

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