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Gestion de Portefeuille

Partie II: Les mesures d'évaluation de la performance

Chapitre 5:
Les mesures classiques
et avancées
5.1. Introduction

5.2. Calcul des rentabilités et du risque


5.2.1. Les rentabilités simples
5.2.2. Les rentabilités instantanées
5.2.3. Comparaison entre rentabilités simples et instantanées
5.2.4. Annualisation de rentabilités
5.2.5. Apports/retraits de capitaux dans un portefeuille
5.2.6. La mesure du risque

5.3. Les mesures classiques: Sharpe, Treynor, Jensen.


5.3.1. Introduction
5.3.2. Le ratio de Sharpe
5.3.3. Le ratio de Treynor
5.3.4. La mesure de performance de Jensen
5.3.5. Mesures de performance et stratégies actives

5.4. Les mesures avancées


5.4.1. L'utilisation de modèles multifacteurs
5.4.2. Modèles avec sensibilités variables
5.4.3. Modèles fondés sur les proportions investies dans les actifs

5.5. Les mesures de performance pour des actifs autres que les actions domestiques
5.5.1. Contexte international
5.5.2. Portefeuilles obligataires
5.5.3. Portefeuilles contenant des options
GP-Chap. 5-SA 2009 Page 1 © D. Isakov
5.1. Introduction

Le but de ce chapitre est d'établir des mesures permettant d'évaluer la


performance d'un portefeuille

Ces mesures doivent avoir différentes caractéristiques:

Elles doivent nous permettre de distinguer entre la chance et le talent d'un gérant
de fonds.
Elles doivent intégrer la notion de risque.

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Voici l'évolution de la valeur d'un fonds de placement investi en actions
suisses
SWISSCA FONDSLEITUNG SWISSCANTO CH EQ.SWITZ.

400

350

300

250

200

150

100

50

0
janv.94

janv.95

janv.96

janv.97

janv.98

janv.99

janv.00

janv.01

janv.02

janv.03

janv.04

janv.05
juil.94

juil.95

juil.96

juil.97

juil.98

juil.99

juil.00

juil.01

juil.02

juil.03

juil.04

juil.05
Comment procéder pour évaluer la performance du fonds?

Il existe différentes mesures que nous allons passer en revue dans le


présent chapitre.

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Ces mesures ne seront pas basées sur la valeur du portefeuille (les prix)
mais sur les variations de valeur (prix), c'est-à-dire les rentabilités calculées
à intervalles réguliers.

Une partie de ces mesures utiliseront un benchmark (indice de référence).

La plupart des mesures analysées intégreront la notion de risque.

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5.2 Le calcul des rentabilités

5.2.1. Les rentabilités simples

Gain / Perte
Les rentabilités simples sur un actif sont définies comme:
Capital investi

P −P−
où: Rt = t t 1
Pt −1

où Pt est le prix de l'actif au temps t

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Comment calcule-t-on des rentabilités sur plusieurs périodes?
Il faut les multiplier du fait de la composition de l'intérêt

Exemple 1: On a 3 rentabilités:+10%,+5%,-9%
3
(1 + Rtot ) = ∏ (1 + Rt ) = (1 + 10%)(1 + 5%)(1 − 9%) = 1 + 5.105%
t =1

Exemple 2: On a 2 rentabilités :+10%,-10%

(1 + Rtot ) = (1 + 10%)(1 − 10%) = 0.99 = 1 − 1%

different de 0%!

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Comment mesurer la rentabilité moyenne?

Supposez que la valeur du portefeuille est:

Période Valeur du port. Rentabilité sur une période


0 100 -
1 300 200%
2 200 -33.33%

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(200 − 33.33 )
Moyenne arithmétique: = 83.33%
2

200 − =
Moyenne géométrique: 1 41.4%
100

⎛V ⎞1 T
Réponse: il faut utiliser la moyenne géométrique R ⎜ T
= ⎟ −1
⎝ V0 ⎠

La moyenne arithmétique donne un réponse qui dépend de l'évolution des


rentabilités (path-dependent) !

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L'utilisation de rentabilités simples requiert des calculs de moyenne
géométrique, ce qui est relativement "compliqué".

De plus, les calculs de variance sont basés sur la propriété d'additivité des
rentabilités.

Du fait que les rentabilités simples ne peuvent être additionnées, les calculs
de moyenne et de variance (risque) ne sont pas aussi directs qu'il le
semble.

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Malgré tout en pratique, cela est fait relativement souvent pour éviter les
complications et car la plupart des logiciels ne sont pas prévus pour ce type
de calculs.

Les erreurs systématiques qui sont commises sont négligées.

Heureusement, ces erreurs sont généralement d'une ampleur moindre.

Tous ces problèmes peuvent être évités en utilisant des rentabilités


instantanées (et/ou continûment composées).

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5.2.2. Les rentabilités instantanées

Concept mathématique, pas forcément réaliste mais qui présente l'avantage


d'être additif.

Illustration:

Soit une rentabilité simple annuelle de 10%

Divisons l'année en 4, sachant que les intérêts sont payés à chaque sous-
période.

Quel est le taux nominal annuel équivalent?

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Il vaut 9.6454% et est obtenu à partir du calcul suivant:

⎛ taux ⎞4
1 + 10% = ⎜ 1 + ⎟
⎝ 4 ⎠

Supposons maintenant que l'année est divisée en une infinité de sous-


périodes.

⎛ taux ⎞m
1 + 10% = lim ⎜ 1 + ⎟ = etaux ,taux = ln(1 + 10%) = 9.531%
m →∞ ⎝ m ⎠

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On a les relations

r = ln (1 + R ) et R = er − 1

Ou r est la rentabilité instantanée et R la rentabilité simple

Pour calculer la rentabilité totale, on a:


(1 + Rtot ) = (1 + R1 )(1 + R2 )(1 + R3 ) = er er er
1 2 3 = e r1 + r2 + r3 = e rtot

Les rentabilités instantanées sont donc additives et on peut utiliser la


moyenne arithmétique pour calculer la moyenne des rentabilités

Bien que les rentabilités instantanées soient plus exactes, les résultats
doivent être présentés en termes de rentabilités simple car ils sont plus
faciles à interpréter (et plus réalistes).

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5.2.3. Comparaison entre rentabilités simples et instantanées

200.00%

100.00%

0.00%
0 50 100 150 200

-100.00%
R. simples
R. instantanées
-200.00%

-300.00%

-400.00%

-500.00%

Soit une valeur initiale de 100 et une valeur terminale donnée sur l'axe des
abscisses
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5.2.4. Annualisation de rentabilités

Les rentabilités sont associées à une durée de placement


Dans la pratique la base de comparaison temporelle (de référence) est
l'année
Il faut donc passer d'une rentabilité périodique à une rentabilité annuelle

Le calcul dépend du type de rentabilités.


Pour des rentabilités simples on a:
1 + R1Y = (1 + R1M )
12

Exemple:
On a une rentabilité simple moyenne mensuelle de 1%, que vaut-elle sur
une base annuelle?
1 + R1Y = (1 + 1% ) = 1 + 12.682%
12

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Pour des rentabilités instantanées, il faut multiplier par le nombre de
périodes inclues dans une année.

Exemple:
On a une rentabilité simple moyenne mensuelle de 1%, que vaut-elle sur
une base annuelle?

r1Y = 12 × 1% = 12%

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5.2.5. Apports/retraits de capitaux dans un portefeuille

Lorsque l'on cherche à mesurer la performance d'un portefeuille, il faut


uniquement juger de la rentabilité obtenue par le gérant. Des
apports/retraits décidés par le propriétaire des fonds peuvent brouiller ces
mesures, il faut en tenir compte.

r2/1 Cash flow


Ending market value

r1/begin Beginning market value

r3/2

tbegin t1 t2 t3

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La mesure de rentabilité doit tenir compte des apports et retraits qui ne sont
pas sous le contrôle du gérant.

Ceci illustre un principe important de la mesure de performance. Une bonne


mesure de performance doit éliminer l'influence des facteurs qui ne sont
pas sous le contrôle du gérant de fonds.

Dans l'exemple précédent, on va calculer des rentabilités pour chacune de


périodes et ce juste avant le retrait/apport et ensuite on va chaîner les
rentabilités (time-weighted return).
Pour calculer la moyenne, on peut prendre une moyenne géométrique avec
les rentabilités simples (i.e. (1.1x1.25x0.9)(1/3)-1)= 1.2375(1/3)-
1=0.0736=7.36%
Ou le faire avec des rentabilités instantanées, avec une moyenne
arithmétique: (i.e (1/3)*(ln(1.1)+ln(1.25)+ln(0.9))=7.103%

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5.2.6 La mesure du risque

Lors de l'analyse de la performance, il faut tenir compte du risque qui a été


pris.

Bien sûr ex-post il est logique d'affirmer que le meilleur portefeuille est celui
qui a obtenu la plus grande rentabilité.

Toutefois lorsqu'on mesure la performance on est dans un cadre ex-ante et


on raisonne en termes de rentabilités espérées. Il y a donc toujours un
risque qui est associé avec une certaine rentabilités espérée.

Parmi les mesures existantes, la théorie du portefeuille est fondée sur la


variance qui représente l'incertitude liée à un investissement

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De ces deux titres lequel est le plus risqué (en supposant qu'ils ont la même
moyenne)?

Probability
A Probability
B

Return Return

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La variance des rentabilités est calculée comme:
T
σ 2 = 1 ∑ (r − r )2
p
T t =1 t t

Pour avoir des unités comparable avec les espérance de rentabilités on


raisonne en termes d'écart-type (la volatilité):
σ σ = 2
p p

σ
Annualisation du risque: σ2 = n × 2
σ σ= n ×
1Y 1Y

Exemple:
Soit une variance calculée à partir de rté instantanées mensuelles de
0.0033333 (or 33.33(%2)).
Que vaut la variance annualisée? 0.0033333 x 12= 0.04 = 400 (%2)
Que vaut la volatilité annualisée (= écart-type)?
0.0033333(1/2)x12(1/2)=0.2=20%

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Une mesure de risque alternative provient de la théorie du portefeuille.

( )
β
Il s'agit du bêta, qui est défini comme: = cov Ri , Rm
var (Rm )
i

Comme cette mesure est une mesure relative, elle ne nécessite pas
d'annualisation.

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5.3. Les mesures de performance classiques: Sharpe, Treynor,
Jensen

5.3.1 Introduction

Une bonne mesure de performance doit être basée sur la rentabilité ET le


risque.

Est-ce que ces deux critères suffisent pour comparer différentes


performances?

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 23 © D. Isakov


Av. return

A B
P

C D

Variance

Comment choisir entre des portefeuilles qui ont des caractéristiques


différentes de P?
Ceux situés dans l'aire A sont préférés à P.
P est préféré à tous les portefeuilles situés dans l'aire D.
On ne peut rien conclure concernant les portefeuilles situés dans les aires B et
C!
Il n'est donc pas toujours possible de comparer des portefeuilles en utilisant
ces mesures séparément. Nous avons besoin d'une mesure composite qui
combine le risque et la rentabilité.

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5.3.2. Le ratio de Sharpe

a) Définition

Proposé par W. Sharpe en 1966


La mesure la plus utilisée par l'industrie des fonds de placement (aux USA
en tous cas).
Aussi appelé "excess return to volatility ratio"
Il s'agit de la rentabilité du portefeuille en excès du taux sans risque par
unité de volatilité:

= E (Rp ) − Rf
SR p
σ
p

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Plus ce ratio élevé, meilleure est la performance d'un portefeuille.

Exemple de calcul:

Ptf A:E(Rp)=1%, Rf=0.3%, σp=4% SRp=0.175

Ptf B:E(Rp)=0.8%, Rf=0.3%, σp=2% SRp=0.25

Le portefeuille B domine le portefeuille A selon le SR

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 26 © D. Isakov


Graphiquement, on a:
Average
Return

B
A

Rf

Standard deviation

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 27 © D. Isakov


Le SR est la pente d'une droite reliant le portefeuille au taux sans risque.

Plus grande est cette pente, plus grande est l'utilité de l'investisseur qui
détient un portefeuille situé sur cette droite.

Les droites représentent une infinité de combinaison du portefeuille et du


taux sans risque.

L'investisseur choisit d'abord le portefeuille avec le ratio de Sharpe le plus


élevé puis le combine avec l'actif sans risque de façon à avoir le niveau de
risque désiré.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 28 © D. Isakov


En pratique, le SR est calculé en utilisant les rentabilités moyenne d'un
portefeuille ainsi que le Rf sur la même période..

La volatilité est estimée en calculant l'écart-type des rentabilités sur la


même période.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 29 © D. Isakov


b) Les limites du SR

SR dépend du Rf!
Average
Return

A
Rf
B

Rf

Standard deviation

Des classements différents peuvent être obtenus avec différents Rf!

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 30 © D. Isakov


Si les taux d'emprunt et de prêt sont différents, classement peut être
différent pour différents niveaux de risque

Average
Return

B
RfB
Rf

Standard deviation

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 31 © D. Isakov


Les SR non-positifs sont inutilisables !

Il peut arriver que la rentabilité d'un portefeuille est inférieure au taux sans
risque.

Des SR négatifs ne peuvent être utilisés pour comparer 2 portefeuilles

Exemple:

Ptf A:Rp=5%, Rf=6%, σp=2% SRp=-0.5

Ptf B:Rp=5%, Rf=6%, σp=10% SRp=-0.1

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 32 © D. Isakov


Un SR nul peut être obtenu si le portefeuille a la même rentabilité que Rf.
Dans ce cas le classement est également impossible.

Exemple:
Ptf A:Rp=6%, Rf=6%, σp=2% SRp=0
Ptf B:Rp=6%, Rf=6%, σp=10% SRp=0

Quelle est la mesure de performance appropriée si on suppose que la


variance n'est pas la bonne mesure du risque (et que la TMP est vérifiée)?

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 33 © D. Isakov


5.3.3. Le ratio de Treynor

a) Définitions

Proposé par J. Treynor en 1965


Même idée que le SR sauf que le risque est mesuré par le bêta du
portefeuille.
C'est également un ratio rentabilité en excès du taux sans risque ramené au
risque sauf que le risque considéré est le risque systématique

En effet, on sait du modèle de marché (à un facteur) que:


2
var(βRp ) = +ε
i var(Rm ) var( p )

E ( R ) −R
Le ratio de Treynor (TR) est: = p f
TRp
β
p

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Plus ce ratio est élevé, meilleure est la performance

Exemple:
Ptf A:Rp=1%, Rf=0.3%, βp=1 TRp=0.7%
Ptf B:Rp=0.8%, Rf=0.3%, βp=0.6 TRp=0.833%

Portefeuille B domine le portefeuille A selon le TR

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Graphiquement, on a:

Average
return

Rf

Beta

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 36 © D. Isakov


Le TR est la pente d'une droite reliant le portefeuille à Rf

Plus cette pente est grande, plus l'utilité de l'investisseur est élevée

Les droites représentent une infinité de combinaison entre le portefeuille et


l'actif sans risque.

D'abord l'investisseur choisit le portefeuille avec le TR le plus élevé, puis


combine ce portefeuille avec l'actif sans risque afin de maximiser son utilité.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 37 © D. Isakov


En pratique, le TR est calculé à partir de rentabilités moyennes estimées
sur une période et celle du Rf sur la même période.

Le bêta du portefeuille est estimé sur la même période à partir d'un indice
de marché.

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b) Limites du TR

Doit être restreint aux portefeuilles avec le même niveau de diversification.

Souffre des problèmes inhérents au CAPM

Même type de problèmes que le SR


Dépendance de Rf
Différence entre taux d'emprunt et de prêt
TR non positifs sont inutilisables

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5.3.4. La mesure de performance de Jensen

Proposée par M. Jensen en 1968

Est communément appelée le alpha de Jensen (Jensen's alpha) voire


même alpha.

Elle permet d'examiner si le gérant de fonds à fait mieux que prévu en


fonction du risque du portefeuille.

Le point de départ de Jensen et que le portefeuille doit être situé sur la SML
et donc:

( )
E Rp β= Rf + p
⎡⎣E (R ) − R ⎤⎦
M f

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L'idée est de mesurer si le gérant de fonds est capable de choisir des titres
sous-évalués et d'obtenir des rentabilités dépassant celles prévues par la
SML.

ou au contraire s'il ne choisit que des titres sur-évalué et situés sous la


SML.

La mesure de performance mesure la différence entre la rentabilité réalisée


du portefeuille et celle qui aurait été obtenue si le portefeuille était situé sur
la SML.

p
( p
)
= E (R ) − R −
f p
⎡⎣E (R ) − R ⎤⎦
M f

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 41 © D. Isakov


Graphiquement, on a:

Average
return
SML
A

α <0
α >0 B
A

Rf B

Beta

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Une valeur positive de alpha indique que le manager a de bons talents de
sélectivité.

Cela signifie qu'il est capable de choisir des titres sous-évalués

Une valeur négative de alpha indique que le manager n'a pas de bons
talents de sélectivité.

Cela signifie qu'il n'est capable de choisir des titres sous-évalués

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 43 © D. Isakov


Un exemple:

Ptf A:Rp=1%, Rf=0.3%, Rm=1.1%, βp=1 α =-0.1%


p

Ptf B:Rp=0.8%, Rf=0.3%, Rm=1.1%, βp=0.6 α =0.02%


p

A partir de cette mesure on constate que le manager du portefeuille B a un


certaine capacité à choisir des titres sous-évalués alors que ce n'est pas le
cas de gérant du fonds A.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 44 © D. Isakov


En pratique, le alpha de Jensen est calculé en estimant une régression. La
constante est le alpha.

Rptα− Rft = p
+
p
(RMt − Rft ) + pt

Si le alpha est statistiquement significatif, cela signifie que la performance


est réellement due au talent du gérant et pas à la chance!

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 45 © D. Isakov


b) Alpha de Jensen et classement de portefeuilles

Le alpha de Jensen ne peut pas être utilisé pour classer des portefeuilles.

Il ne représnete que la rentabilité en excès de la SML. Les portefeuille ont


des risques différents et ne peuvent pas être comparés!

On peut simplement dire que les portefeuilles avec des alphas positifs sont
meilleurs que ceux qui ont des alphas négatifs!

Le alpha de Jensen souffre des mêmes problèmes que le CAPM (définition


du portefeuille de marché notamment)

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 46 © D. Isakov


Synthèse des mesures de performance classiques

Mesure Définition Déf. du risque


Sharpe SRp=(Rp-Rf)/σp Risque total
Treynor TRp=(Rp-Rf)/βp Risque syst.
Jensen α α = R -R - β (R -R )
p p f p m f Risque syst.

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5.3.5. Mesures de performance et stratégies actives

Les différentes mesures décrites jusque là permettent de détecter une


performance supérieure
Quelle est la source de cette performance?
Elle peut provenir de 2 types de compétences:
Sélectivité -> alpha de Jensen
market timing, i.e. la capacité à anticiper les mouvements généraux du marché

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On peut représenter graphiquement le alpha de Jensen comme:

Manager avec talent de sélectivité


Rp-Rf

Manager sans talent de sélectivité

α
Rm-Rf

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Quelle est la relation entre la rentabilité d'un fonds et le marché lorsque le
gérant du fonds fait du timing avec succès?

Les rentabilités devraient être positives lorsque le marché est haussier (le
fonds est investi dans le marché).

Les rentabilités d'un fonds devraient être indépendantes du marché lorsqu'il


est baissier (le fonds n'est pas investi dans le marché).

En termes de bêta, on devrait observer une relation positive entre bêta et


rentabilité du fonds

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Un fonds qui fait du timing devrait avoir la relation suivante avec le marché:

Rpt-Rft

Rmt-Rft

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Ou en termes de bêta on devrait avoir
β

Rmt-Rft

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 52 © D. Isakov


Le timing pose des problèmes par rapport aux mesures classiques (alpha
de Jensen).
Lorsque le gérant fait du market timing, les mesures classiques peuvent
être biaisées.

Choix de β élevé
Rmt-Rft

Choix de β bas

Rmt-Rft

α<0

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Deux types de mesures ont été proposées pour tenir compte de ce type de
problèmes.

Elles sont fondées sur le alpha de Jensen.

L'idée générale consiste à ajouter un terme à l'équation pour capturer le


comportement de market timing.

Les 2 mesures existantes sont:


Treynor-Mazuy
Henriksson-Merton

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a) Treynor-Mazuy

S'il y a du market timing, on devrait observer la relation suivante:

Rpt-Rft

Rmt-Rft

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Treynor et Mazuy (1966) ont proposé une mesure de la performance qui
tient compte de cette relation quadratique:

Rpt − Rft = a + b (Rmt − Rft ) + c (Rmt − Rεft ) +


2
pt

S'il y a du market timing, c devrait être >0

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 56 © D. Isakov


b) Henriksson-Merton

S'il y a du market timing, une autre relation entre les rentabilités et le


marché est envisageable:

Rpt-Rft

Rmt-Rft

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 57 © D. Isakov


Henriksson et Merton (1981) ont proposé de tester l'existence de market
timing à l'aide d'une variable de type optionnel:

Rpt − Rft = a + b (Rmt − Rft ) + c max (Rmt − Rftε,0 ) + pt

S'il y a du market timing, on devrait avoir c >0

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 58 © D. Isakov


5.4. Les mesures avancées

Des mesures plus avancées ont été proposées sur la base des mesures
classiques
Elles affinent les mesures classiques dans trois directions:
Utilisation de modèles multifacteurs.
Modèles dynamiques avec sensibilités variables au cours du temps.
Modèles sans benchmarks basés sur les poids.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 59 © D. Isakov


5.4.1. L'utilisation de modèles multifacteurs

Modèles fondés sur le principe du alpha de Jensen

Supposent que les rentabilités ne sont pas générées par le modèle de


marché, ni le CAPM mais par un modèle multifacteurs

Facteurs peuvent provenir


D'une implémentation statistique de l'APT
De facteurs pré-spécifiés

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 60 © D. Isakov


Suite aux résultats et aux travaux de Fama et French, le modèle
multifacteurs qui s'est imposé pour évaluer la performance est le modèle de
Fama French (1993).

Rpt − Rft = a0 + a1 (Rmt − Rft ) + a2SMBt + a3HML


ε +
t t

Dans ce modèle, la sélectivité est mesurée par le coefficient a0

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 61 © D. Isakov


Suite aux résultats obtenus sur les stratégies momentum (v. chap. 7)
Carhart (1997) a proposé une extension du modèle de Fama French (1993)
et qui inclut un 4e facteur (le momentum).

Rpt − Rft = a0 + a1 (Rmt − Rft ) + a2SMBt + a3HMLt + a4WML


ε +
t t

Dans ce modèle, la sélectivité est toujours mesurée par le coefficient a0

Ce modèle est devenu le standard dans la littérature de la performance des


fonds de placement aux USA.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 62 © D. Isakov


L'utilisation d'un modèle multifacteurs peut être adaptée aux méthodes
tentant de détecter la présence de market timing Treynor-Mazuy ou
Henriksson-Merton.

Dans ce cas, on teste s'il y a du market timing sur les différents facteurs.

Ainsi pour HM avec un modèle à deux facteurs on aura par exemple:

Rptα− Rft = p
+b
p1
(RF 1t − Rft ) + t p1 max (RF 1t − Rft ,0 ) +
bp 2 (RF 2t − Rft ) + t p 2 max (RF 2t − Rftε,0 ) + pt

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 63 © D. Isakov


5.4.2. Modèles avec sensibilités variables

Les modèles basés sur l'approche de Jensen, font deux hypothèses


implicite:
Les portefeuilles analysés ne changent pas de composition au cours du temps et
leur bêta reste stabel
Le bêta est constant au cours du temps

Ces deux hypothèses sont très vraisemblablement violées dans la majorité


des cas, puisque les fonds suivent des stratégies dynamiques et les bêtas
semblent varier au cours du temps.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 64 © D. Isakov


Christopherson et Ferson (1999) ont proposé l'utilisation de modèles
conditionnels ou les bêtas (et les sensibilités en génral) changent au cours
du temps.

Le CAPM peut être réécrit: R ptα− Rft = p


+
pt
(RMt − Rft ) + pt

On suppose que le bêtas évoluent au cours du temps en fonction de


variables macroéconomiques telles que: taux d'intérêt ou dividend yield

β
On suppose que: = c + c intérêt + c DY − + u
pt 0 1 t-1 2 t 1 pt

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 65 © D. Isakov


Si on remplace βpt dans l'équation du CAPM, on obtient:

R ptα− Rft = + (c + c intérêt + c DY − ) (R − R


ε ft ) +
p 0 1 t-1 2 t 1 Mt pt

Rptα− Rft = + c (R − R ) + c intérêt (R − R ) + c DY − (R − R


ε ft ) +
p 0 Mt ft 1 t-1 Mt ft 2 t 1 Mt pt

c0 représente le bêta constant alors que c1 et c2 représente la variabilité du


bêta au cours du temps

Le alpha tiendra compte de la variation des bêtas.


On peut également rendre alpha variable au cours du temps selon le même
procédé.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 66 © D. Isakov


5.4.3. Modèles fondés sur les proportions investies dans les actifs

Toutes les méthodes présentées jusque là analysent la performance en


observant les rentabilités des portefeuilles.

Dans certains cas, on a une description plus fine des portefeuilles analysés.
On a notamment les proportions investies dans les différents actifs
financiers.

La performance sera mesurée de façon plus précise lorsqu'on utilise ces


proportions.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 67 © D. Isakov


Mesures proposées pour la 1e fois par Cornell (1979) puis affinées par
Grinblatt et Titman (1989).

De façon générale on peut définir la philosophie des mesures de


performance basées sur les proportions comme regardant si les choix de
portefeuille à une période sont cohérents avec les rentabilités ultérieures.

On définit les MPP comme : MPP= cov(wt-1,rt)

Des extensions ont été proposées et représentent les mesures les plus
avancées de la performance à ce jour.

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5.5. Les mesures de performance pour des actifs autres que les
actions domestiques

5.5.1 Contexte international

Toutes les mesures ajustées au risque peuvent être utilisées sous une
hypothèse très forte:
Le CAPM international est valable.
Si tel est le cas on remplace le portefeuille de marché domestique par le
portefeuille de marché mondial.
Toutefois le CAPM international ignore le risque de change puisqu'il
suppose que la PPP est valable. Or, empiriquement ce n'est pas le cas et le
risque de change est compliqué à intégrer.
Il est donc très difficile de mesurer la performance d'un portefeuille
internationalement diversifié.

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 69 © D. Isakov


5.5.2. Portefeuilles obligataires

Les obligations ont des caractéristiques différentes des actions. En


particulier:
elles ont une échéance
elles présentent un risque de défaut
Pour cette raison l'utilisation du CAPM n'est peut-être pas la plus
appropriée
Néanmoins, quelques auteurs ont proposé d'utiliser une extension du
CAPM au cadre obligataire, ainsi Blake, Elton et Gruber (1993) proposent
une mesure similaire au alpha de Jensen

Rptα− Rft = p
+ (It − Rft ) + pt

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 70 © D. Isakov


5.5.3. Portefeuilles contenant des options

La principale caractéristique des options est qu'elles ont une valeur plafond
ou valeur plancher

Ceci a pour effet de tronquer la distribution de rentabilités

Dans ce cas, les distributions de rentabilités ne suivent plus une loi normale
et l'analyse du type moyenne-variance (ou théorie du portefeuille) ne peut
plus s'appliquer. L'utilisation est même dangereuse puisqu'elle pourrait
donner des résultats erronés

GP-Chap. 5-SA 2009 Page 71 © D. Isakov


Distribution des rentabilités d'un portefeuille d'action
240
Series: R
Sample 1 2000
200
Observations 2000

160 Mean 0.013479


Median 0.013298
120 Maximum 0.708843
Minimum -0.578566
Std. Dev. 0.201312
80 Skewness 0.057887
Kurtosis 2.905096
40
Jarque-Bera 1.867534
Probability 0.393070
0
-0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75

Distribution des rentabilité d'un portefeuille d'action avec une position de


type call couvert à 100%
700
Series: G
600 Sample 1 2000
Observations 2000
500
Mean -0.031221
400 Median 0.013298
Maximum 0.100000
Minimum -0.578566
300
Std. Dev. 0.144579
Skewness -1.013163
200
Kurtosis 3.294401

100 Jarque-Bera 349.3889


Probability 0.000000
0
-0.50 -0.25 0.00

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