Vous êtes sur la page 1sur 7

NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES

SUR L'ENVIRONNEMENT
(repères chronologiques)

Écrit par

Jean-Paul DELÉAGE : historien des sciences, professeur émérite de l'université d'Orléans

Carte mentale

Élargissez votre recherche dans Universalis

1968 Première conférence intergouvernementale posant le problème de la conservation et de


l'utilisation rationnelle des ressources de la biosphère. Organisée par l'U.N.E.S.C.O., du 4 au
13 septembre, à Paris, elle recommande l'élaboration d'un grand programme mondial de
recherches sur l'homme et la biosphère, le programme M.A.B. (Man and Biosphere), qui sera
lancé en 1970.

1972 Conférence des Nations unies sur l'environnement humain, à Stockholm (Suède), du 5
au 16 juin. Elle débouche sur le concept d'éco-développement et la fondation du P.N.U.E.
(Programme des Nations unies pour l'environnement). À partir de cette date, la plupart des
pays du monde se doteront d'un ministère de l'Environnement.

1973 Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d'extinction : la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of
Wild Fauna and Flora), aussi appelée Convention de Washington – du nom de la capitale des
États-Unis où elle a été signée le 3 mars.

1987 Protocole de Montréal, signé le 16 septembre par quarante-trois pays, qui vise la
diminution puis l'arrêt de la production et de la commercialisation des substances qui
appauvrissent la couche d'ozone, dont les fameux CFC (chlorofluorocarbures). Ces derniers,
utilisés en grandes quantités dans les circuits de réfrigération et dans les bombes aérosols,
provoquent dans la stratosphère la dégradation de l'ozone, composé chimique qui protège la
Terre en absorbant les rayonnements ultraviolets de haute énergie. Dès l'an 2000, la
production des CFC chutera de 85 p. 100.

© Encyclopædia Universalis France 1


1987 Publication du rapport Brundtland – du nom de la Norvégienne Gro Harlem
Brundtland qui préside alors les travaux de la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement : Our Common Future (Notre Avenir à tous). Celui-ci définit
institutionnellement l'objectif du développement durable.

1988 Création, par l'Organisation météorologique mondiale (O.M.M.) et le Programme des


Nations unies pour l'environnement (P.N.U.E.) du G.I.E.C., Groupement intergouvernemental
sur l'évolution du climat (I.P.C.C. en anglais, pour Intergovernmental Panel on Climate
Change). Son rôle est « d'évaluer l'information scientifique, technique et socio-économique
pertinente pour comprendre le risque du changement climatique d'origine humaine ».

1990 Publication du premier rapport du G.I.E.C., préparatoire à la conférence des Nations


unies sur l'environnement et le développement qui se déroulera à Rio de Janeiro.

1992 Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (ou Sommet
planète Terre) à Rio de Janeiro (Brésil), du 3 au 14 juin. Après avoir mis en évidence la
nécessité du développement durable, elle débouche sur la Déclaration de Rio (ou Charte de la
Terre), qui énumère 27 principes pour une bonne gestion des ressources de la planète, et sur
un programme d'action pour le XXIe siècle (Agenda 21) qui dresse la liste de
2 500 recommandations. Ces documents définissent les grandes lignes directrices et les
actions les plus urgentes à entreprendre pour mettre la société mondiale sur les rails du
développement durable. La convention-cadre sur les changements climatiques et la convention
sur la diversité biologique sont aussi signées à Rio, ainsi qu'une déclaration de principes sur la
forêt. La conférence de Rio lance aussi une convention sur la lutte contre la désertification, qui
sera adoptée en 1994.

1992 Publication de la liste rouge des espèces menacées (recension de plus de dix mille
espèces), après plus de vingt ans de négociations laborieuses depuis 1973 (création de la
C.I.T.E.S.). Celle-ci sera remise à jour régulièrement.

1995 Première Conférence des parties (dite COP 1 – pour Conference of the Parties – dans le
langage des spécialistes) à la convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (C.C.N.U.C.C., convention adoptée à Rio de Janeiro en 1992), tenue à Berlin
(Allemagne) du 28 mars au 7 avril. Rappelons que le terme « parties » désigne les États qui
ont signé une convention. Depuis cette date, une conférence de ce type a lieu chaque année
dans un des pays signataires.

1997 Conférence de Kyōto sur le réchauffement climatique réunissant, du 1er au 10 décembre,


cent cinquante-neuf pays. Celle-ci, troisième Conférence des parties (COP 3) à la convention-
cadre des Nations unies sur les changements climatiques, aboutit à un accord (protocole de
Kyōto) qui met en place un agenda pour réduire, d'ici à 2012, les émissions des gaz à effet de
serre des pays industrialisés de 5,2 p. 100 par rapport à 1990. La ratification du protocole par
la Russie en 2004 a permis l'entrée en vigueur de ce dernier le 16 février 2005.

© Encyclopædia Universalis France 2


2001 Publication du troisième rapport du G.I.E.C., préparatoire au Sommet mondial de
Johannesburg sur le développement durable.

2002 Conférence internationale sur le financement du développement, du 18 au 22 mars à


Monterrey (Mexique), pour mobiliser des fonds afin d'améliorer le potentiel des économies en
développement et réduire la pauvreté.

2002 Conférence sur la biodiversité à La Haye (Pays-Bas), du 8 au 19 avril. Elle s'achève sur
l'adoption d'un programme de lutte contre la déforestation. Les États-Unis refusent toujours
de signer la convention proposée à Rio et sérieusement modifiée depuis lors.

2002 Sommet mondial sur le développement durable, du 26 août au 4 septembre à


Johannesburg (Afrique du Sud), dit « Rio + 10 », qui s'achève sans résultat concret autre que
l'élargissement du nombre d'États (dont la Russie) s'engageant à signer le protocole de Kyōto.

2003 Le 23 septembre, le président de la République française propose, devant la


58e Assemblée générale des Nations unies, la création d'une Organisation des Nations unies
pour l'environnement (O.N.U.E.). Une telle organisation renforcerait l'efficacité de la
gouvernance internationale de l'environnement. Cette O.N.U.E. pourrait appuyer
politiquement l'action internationale en faveur de l'environnement et lui conférer une plus
grande cohérence, tout en donnant des moyens aux pays en développement pour mettre en
œuvre leurs politiques nationales de l'environnement.

2004 Septième conférence des États signataires de la convention sur la biodiversité, du 21 au


27 février, à Kuala Lumpur (Malaisie). La conférence achoppe sur le désaccord entre les pays
du Nord, favorables à un « accès libre et non contraignant » à la biodiversité, et les pays du
Sud abritant le plus gros de la biodiversité et opposés à cette clause d'accès libre et non
contraignant aux ressources de la diversité du vivant.

2005 Conférence internationale de Paris « Biodiversité : Science et gouvernance », du 24 au


28 janvier. Cette conférence produit deux documents : un Appel lancé par les scientifiques en
faveur de la biodiversité ; une Déclaration rappelant les engagements gouvernementaux visant
à renverser avant 2010 le taux actuel d'érosion de la biodiversité.

2005 Onzième Conférence des parties (COP 11) à la convention-cadre des Nations unies sur
les changements climatiques, tenue à Montréal (Canada) du 28 novembre au 10 décembre.
Elle est complétée par une rencontre des parties au Protocole de Kyōto (entré en vigueur le 16
février 2005), appelée CMP (pour Conference serving as the Meeting of the Parties to the
Kyoto Protocol). Les pays qui ont ratifié la convention-cadre sur les changements climatiques
sans accepter le Protocole de Kyōto ont le statut d'observateurs lors de cette seconde
conférence. L'accent est mis sur l'orientation à suivre après l'expiration du Protocole de Kyōto
à la fin de 2012 (qui sera finalement prolongé jusqu’en 2020). À partir de 2005, ces deux
rencontres seront couplées chaque année.

© Encyclopædia Universalis France 3


2007 Publication du quatrième rapport du G.I.E.C., en novembre. C'est une synthèse des
travaux des groupes I (principes physiques et écologiques du changement climatique), II
(impacts, vulnérabilités et adaptation au changement climatique) et III (moyens d'atténuer le
changement climatique et ses effets), qui ont été rendus publics, respectivement, à Paris le
1er février, à Bruxelles le 5 avril et à Bangkok le 3 mai. Ce quatrième rapport souligne la
nécessité de limiter le réchauffement à 2 degrés Celsius au cours du XXIe siècle. Il met une fois
encore en évidence le contraste saisissant entre le large consensus scientifique sur
l'accélération du changement climatique en cours et l'inertie des gouvernements face à
l'urgence de la prise de mesures politiques à l'échelle internationale.

2009 Quinzième Conférence des parties (COP 15) à la convention-cadre des Nations unies sur
les changements climatiques, organisée à Copenhague (Danemark) du 7 au 18 décembre.
L'ordre du jour était l'élaboration d'une suite au protocole de Kyōto (qui se termine à la fin de
2012), afin de poursuivre et, si possible, d'intensifier la lutte contre le changement climatique
dont les dangers sont désormais considérés comme avérés. Ce sommet de Copenhague a été
une accumulation d'échecs dont le principal a été l'absence d'objectifs chiffrés et communs
aux horizons de 2020 et de 2050 en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre. La
Chine et les États-Unis vont continuer à polluer le monde pendant que l'Europe s'accrochera à
des objectifs non contraignants et sous-dimensionnés.

2010 Dixième conférence des 193 États signataires de la Convention sur la diversité
biologique (C.D.B.), qui s'est tenue à Nagoya (Japon), du 18 au 29 octobre (appelée parfois
COP 10, pour Conference of Parties, mais concernant cette fois la convention sur la diversité
biologique et non pas la convention sur les changements climatiques). Trois questions
principales étaient à l'ordre du jour : l'adoption du protocole A.P.A. (Accès et partage des
avantages), le plan d'action fixant les objectifs de protection après 2010, la notification par la
C.D.B. de la création de l'I.P.B.E.S. (Intergovernmental Platform on Biodiversity and
Ecosystem Services). L'accord obtenu à Nagoya, signé par 190 pays sur les 193 présents, est
un plan stratégique visant à freiner la disparition des espèces d'ici à 2020 et comportant vingt
objectifs précis, dont notamment la protection de 10 p. 100 de la surface des océans (les aires
marines protégées n'en représentant que 1 p. 100 en 2010), l'exploitation des ressources
génétiques moins spoliatrice pour les pays d'origine, la lutte contre les subventions néfastes à
la biodiversité (pêche et agriculture intensive).

2012 Conférence des Nations unies sur le développement durable, à Rio (Brésil), du 20 au 22
juin. Dite Rio + 20, elle avait pour objectif de renouveler les engagements internationaux afin
d’enrayer la dégradation de la planète et la pauvreté dans le monde. L’économie verte et la
gouvernance mondiale du développement durable ont constitué le cœur des débats de cette
conférence internationale. Le document final adopté (« L’avenir que nous voulons ») est
décevant, ne comportant guère d’engagements significatifs. L’un des résultats positifs est le
lancement des Objectifs du développement durable (O.D.D.), venant se substituer aux Objectifs
du millénaire pour le développement (O.M.D.) qui arrivent à échéance en 2015.

2013 Présentation, le 27 septembre, du premier volet du cinquième rapport d’évaluation du


G.I.E.C. : « Changement climatique 2013 : les éléments scientifiques ». Plus de 9 200 études

© Encyclopædia Universalis France 4


ont été analysées par des milliers de contributeurs. L’objectif de ce volume est de fournir aux
décideurs politiques et au grand public un état des connaissances consensuel sur le
changement climatique. Pour le G.I.E.C., il est ainsi « extrêmement probable » que l’influence
de l’homme a été la principale cause du réchauffement climatique observé depuis le milieu du
e
XX siècle.

2014 Publication, le 31 mars, du deuxième volet du cinquième rapport du G.I.E.C. qui est
dévolu aux impacts du dérèglement climatique sur les sociétés humaines et les écosystèmes.
Intitulé « Impacts, adaptation et vulnérabilité au changement climatique », il fait la synthèse
du savoir accumulé, reposant sur les quelque 12 000 études publiées dans la littérature
scientifique. En avril est publié le troisième volet consacré aux mesures nécessaires à mettre
en place pour enrayer le changement climatique. Le 31 octobre, la synthèse du cinquième
rapport du G.I.E.C. est adoptée. Celle-ci constitue une base de travail fondamentale pour les
futures négociations climatiques mondiales.

2015 Conférence de Paris sur le changement climatique, tenue sur le site Paris-Le Bourget du
30 novembre au 12 décembre. C’est la vingt et unième Conférence des parties (COP 21) à la
convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et la onzième rencontre
des parties au Protocole de Kyōto (CMP 11). L’objectif est d’aboutir à un nouvel accord
international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le
réchauffement mondial en deçà de 2 C d’ici 2100, afin d’éviter des conséquences graves et
irréversibles pour notre planète. La COP 21 a débouché, comme prévu, sur un accord malgré
les réticences de pays comme la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil. Appelé « Accord de
Paris », celui-ci entrera en vigueur à partir de 2020 s’il est ratifié par cinquante-cinq des pays
signataires de la C.C.N.U.C.C. (convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques) et que ces cinquante-cinq pays totalisent au moins 55 p. 100 des émissions
mondiales de gaz à effet de serre (G.E.S.). Les prises de position au niveau des grands
principes sont claires, mais le texte adopté à Paris, le 12 décembre, par les 195 pays
représentés à cette COP reste totalement imprécis quant aux échéances à respecter. Il y a une
contradiction entre ce texte – dont l’objectif est un réchauffement inférieur à 2 C, le plus près
possible de 1,5 C – et les fameuses contributions nationales au sauvetage du climat
(transmises par chaque pays en vue de cette COP et appelées I.N.D.C. pour Intended
Nationality Determined contributions) dont l’effet cumulé implique un réchauffement de 3 C à
l’échéance 2030. Un tournant est certes annoncé, mais d’autant plus tard que les exploitants
des énergies fossiles (comme l’Arabie Saoudite pour le pétrole, la Chine et l’Australie pour le
charbon…) s’évertuent à le freiner et que le monde multipolaire est déchiré par de profondes
fractures entre les États, sans leadership clair.

— Jean-Paul DELÉAGE

FORMATS DE CITATION

AFNOR
APA
CHICAGO STYLE

© Encyclopædia Universalis France 5


POUR CITER L’ARTICLE

Jean-Paul DELÉAGE, « NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES SUR L'ENVIRONNEMENT -


(repères chronologiques) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 novembre 2021. URL :
http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/negociations-internationales-sur-l-environnement-reperes-chronologiques/

Pour citer l’article


Classification

CLASSIFICATION

Droit et institutions
Droit international
Conventions internationales

Sciences de la vie
Écologie
Écologie appliquée
Protection et gestion de l'environnement

Environnement
Environnement: droit et politique

Sciences humaines et sociales


Politique
Relations internationales
Coopération internationale

Environnement
Environnement: histoire de la notion

Options d'impression

Je choisis les éléments à imprimer :

les informations auteur


le corps de l'article

Pour citer l'article :

format AFNOR
format APA
format Chicago Style
la classification

Plus sur Internet

© Encyclopædia Universalis France 6


À partir de l’article en cours de consultation, vous pouvez lancer une requête sur différents moteurs
de recherche.
Il vous suffit de cocher un ou plusieurs mots clés et de choisir un moteur de recherche : une
nouvelle fenêtre (ou onglet) s'ouvrira, affichant les résultats de la recherche.

Je choisis mes mots clés :

chargement

Requête :

Je choisis mon moteur de recherche :

© Encyclopædia Universalis France 7

Vous aimerez peut-être aussi