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2 Séries de fonctions
Même si on peut étudier la convergence d’une série de fonctions à partir de l’étude de la suite de ses sommes
partielles, il est utile d’énoncer séparément les résultats et d’introduire un nouveau type de convergence, la
convergence normale.
Notations : soit fn : X → F des applications d’un ensemble X non vide dans un e.v.n. F (fonctions si F = R
P Pn
ou C). On note n fn la série des fn , et pour n ∈ N, Sn = k=0 fk la somme partielle des fk à l’ordre n.

3.2.1 Convergence d’une série de fonctions


Comme pour les suites, il y a plusieurs types de convergence issus de la convergence des sommes partielles :

Définition 3.2.1 Convergences simple et uniforme.


P
On dit que n fn converge simplement si la suite (Sn ) converge simplement, i.e. pour tout x ∈ X, (Sn (x))n∈N
P
converge dans F . On appelle alors somme de la série n fn la limite de (Sn ), c’est l’application de X dans F ,
P∞
x 7→ n=0 fn (x).
P
On dit que n fn converge uniformément (resp. uniformément sur tout compact) si la suite (Sn ) converge
uniformément (resp. uniformément sur tout compact).
P
Dans le cas où la série converge, on note pour tout n ∈ N, Rn : X → F ; x 7→ k≥n+1 fk (x) la fonction reste
d’ordre n. On a donc S(x) = Sn (x) + Rn (x).
P
Proposition 3.2.2 Soit fn convergeant simplement sur X. Alors :
P
1. Si fn converge uniformément, alors (fn ) converge uniformément vers 0.
La réciproque est fausse.
P
2. fn converge uniformément si et seulement si la suite (Rn ) converge uniformément vers 0.

On retrouve également le critère de Cauchy uniforme, utile quand on ne connait pas la somme de la série.

Proposition 3.2.3 Critère de Cauchy uniforme. Si F est un Banach, alors :


P
fn converge uniformément ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀(m, n) ∈ N2 , m ≥ n ≥ N ⇒ ∀x ∈ X, ||fn+1 (x) + ... + fm (x)|| ≤ ε
⇐⇒ ∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n ∈ N, ∀p ≥ 1, n ≥ N ⇒ ∀x ∈ X, ||fn+1 (x) + ... + fn+p (x)|| ≤ ε

Définition 3.2.4 Convergence absolue.


P P
On dit que fn converge absolument sur X lorsque ∀x ∈ X, ||fn (x)||F converge dans R+ .

Ici on travaille avec une série numérique à termes positifs. On peut donc toujours considérer la somme finie ou
égale à +∞.
P
Proposition 3.2.5 Si F est un Banach, si fn converge absolument, alors elle converge simplement.
La réciproque est fausse.

C’est donc le cas pour toute série de fonctions à valeurs réelles ou complexes.
Un exemple est bien entendu l’exemple des séries alternées.
P
Proposition 3.2.6 Soit la série (−1)n gn où gn : X → R avec :
1. ∀x ∈ X, la suite (gn (x)) décroit vers 0,
2. (gn ) converge uniformément vers 0 sur X.
P
Alors (−1)n gn converge uniformément sur X.

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Définition 3.2.7 Convergence normale.
P P
On dit que fn converge normalement sur X lorsque pour tout n ∈ N, fn est bornée et que n ||fn ||∞ converge.

En général, pour montrer la convergence normale, il suffit de majorer convenablement la série des normes infinies
par une série convergente.

L’intérêt de la convergence normale réside dans la proposition suivante.

Proposition 3.2.8 Si F est complet, alors pour toute série d’applications de X dans F , la convergence normale
implique la convergence uniforme.

Exercices :
P P P
1. Vérifier que la somme (un + vn ) de deux séries de fonctions un et vn convergentes simplement
(resp uniformément, resp absolument, resp normalement) converge simplement (resp uniformément, resp
absolument, resp normalement).
2. Pour x ∈ [−1, 1], on pose fn (x) = (−1) (−1)
n n

n+xn et un (x) = fn (x) − n .


P
(a) Montrer que la série un est uniformément convergente sur [−1, 1].
P
(b) En déduire que le série fn converge uniformément sur [−1, 1].
n n+1
3. Montrer que la série de terme général xn − xn+1 converge uniformément sur [−1, 1]. Montrer qu’il y a
convergence normale sur [0, 1] mais pas sur [−1, 0].

3.2.2 Continuité, intégration et dérivation d’une série de fonctions convergente.


Les théorèmes suivants résultent des théorèmes établis pour les suites de fonctions appliqués ici aux sommes
partielles.

Théorème 3.2.9 Continuité.


La somme d’une série d’applications continues sur X et convergeant uniformément sur X (resp. tout compact
de X) est continue.

Théorème 3.2.10 Intégrabilité.


P
Soit pour tout n ∈ N, fn : [a, b] → R. On suppose que n fn converge uniformément. Alors sa somme S est
intégrable sur [a, b] et
Z b +∞ Z b
X
S= fn .
a n=0 a

Théorème 3.2.11 Dérivabilité.


Soit I un intervalle de R d’intérieur non vide, (fn ) une suite de fonctions réelles de classe C 1 sur I. On suppose
que :
P
i) il existe un point a ∈ I tel que n fn (a) converge ;
P
ii) la série n fn′ converge uniformément sur I vers une fonction g : I → R.
P
Alors n fn converge uniformément sur tout compact J ⊂ I vers une fonction S : I → R. De plus, S est de
classe C 1 sur I et S ′ = g.

Bien entendu, dans ces théorèmes, la convergence uniforme peut être remplacée par la convergence normale, ou
normale sur tout compact.

On peut généraliser le théorème de dérivabilité à ”de classe C k de la manière suivante.

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Théorème 3.2.12 Soit k ≥ 1, I un intervalle de R et x0 ∈ I. Soit pour tout n ∈ N, fn : I → R de classe C k
sur I telles que :
P (p)
i) pour p = 0, ..., k, la série n fn (x0 ) converge ;
P (k)
ii) la série n fn converge uniformément sur I.
Alors
P (p)
1. pour tout p = 0, ..., k − 1, n fn converge uniformément sur tout compact de I ;
P+∞
2. De plus, f := n=0 fn est de classe C k sur I et ses dérivées s’obtiennent en dérivant terme à terme :

X
+∞
∀ p = 0, ..., k, ∀x ∈ I, f (p) (x) = fn(p) (x)
n=0

Exercice :
Soit I =]1, +∞[. Pour x ∈ I, on pose
X
+∞
1
fn (x) =
n=0
1 + xn
1. Vérifier que f est définie sur I.
2. Montrer que f est continue sur I.
3. Montrer que f est de classe C 1 sur I.
4. Montrer que limx→1+ f (x) = +∞. On pourra minorer fn (x) par une série géométrique.

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