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Art plastique

Natures mortes et vanités

par francisco barbara 301


natures mortes

définition
Une nature morte est une représentation le plus souvent peinte d'objets inanimés (fleurs, fruits,
livres…) ou d'animaux morts (aigles, poissons...)

Charles Sterlingqui est un spécialiste des natures mortes propose la définition suivante:
« Une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir
comme sujet et d'organiser en une entité plastique un groupe d'objets. Qu'en fonction du temps et du
milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d'allusions spirituelles, ne change rien à son
profond dessein d'artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu'il a
entrevue dans ces objets et leur assemblage. »

Histoire
C'est en Grèce, durant l'antiquité, période pendant laquelle l'art est tourné vers la nature et les
habitudes du quotidien, imageant des fleurs, des fruits qu'apparaît la nature morte. Les fresques et
les mosaïques romaines découvertes à Herculanum et Pompéi montrent différentes scènes ou
l’Homme n’est pas présent. Mais les peintures de nature mortes semblent avoir disparues avant
même la chute de l’empire Romain. Suite à de multiples guerres menées contre les tribus barbares
les conditions de vie des Romains devinrent plus difficiles et provoquèrent une dégradation des
mœurs qui progressivement fit oublier tout le raffinement des années fastes. En outre la chrétienté
imposa aux Romains des règles de vie différentes, et certainement plus sévères. Durant plus de
1000 ans la civilisation occidentale n’accepta plus la représentation d’objets inanimés. Au Moyen-
Age dans les enluminures qui illustrent les textes sacrés des moines la nature morte est utilisée
comme décoration, pour enjoliver et enluminer le texte. Au début les fleurs ne sont que des détails
miniatures. Mais progressivement la décoration occupe de plus en plus d'espace : dans plusieurs
livres sacrés les enluminures et la décoration représente plus des deux tiers de certaines pages. Elles
sont alors considérées comme des tableaux dont le sujet est une nature morte.

Fort logiquement dans les retables et les toiles du haut moyen-âge on en arrive au tableau dans le
tableau. Ainsi dans des œuvres du style de l'Annonciation les fleurs de lys symbolisent la pureté de
la vierge et parfois un vase en cristal vient ajouter un élément supplémentaire qui renforce l'image.
La nature morte (ici le lys) est utilisée en tant que symbole. La nature morte garde longtemps cette
valeur de symbole, au moins jusqu'à ce que l'école hollandaise n'en fasse un genre autonome au
XVIe siècle. Les objets peints sont très souvent à interpréter comme des symboles.Durant toute l'ère
baroque " les vanités " ont pour objectif de rappeler aux hommes le coté éphémère de la vie. Sous sa
forme la plus élémentaire, le crane ou sous des formes plus élaborées comme le sablier, le verre
renversé, la bougie éteinte, les coupes et les bijoux précieux, les instruments de musique… tous ces
éléments sont à considérer dans les œuvres comme des allusions à la fragilité du temps qui passe.
Ainsi dans sa Madeleine à la veilleuse Georges de La Tour utilise le crane et la bougie pour rappeler
que la mort guette tout être humain et que nul n'en connaît l'heure.Parfois les vanités sont
représentées dans les natures mortes parmi d'autres éléments qui eux évoquent les plaisirs de la vie
ceci confère de l'ambiguïté et de l'ambivalence aux œuvres comme ici chez Lubin Baugin . Si le
genre prend véritablement naissance au XVIe siècle il connaît son apogée dans la peinture
hollandaise du XVIIe siècle. A cette époque la nature morte était tellement appréciée des Hollandais
que des centaines de peintres se spécialisèrent dans ce genre. Ceux-ci travaillaient aussi d'un autre
côté et en même temps en tant qu'illustrateurs de manuels de botanique. La bourgeoisie hollandaise
du XVIIe siècle est attachée au concret et très préoccupé par la morale. Ainsi les scènes d'intérieur
et les natures mortes font l'objet d'une véritable passion chez les amateurs d'art.En ce qui concerne
le traitement bien des artistes utilisent les contrastes clairs-obscurs pour mettre en valeur les
couleurs et les contours.
Ainsi Van Beyeren dans son banquet, Jan de Heem pour les fleurs ou les victuailles, Jan Bruegel le
vieux appelé aussi Bruegel aux fleurs ou Bruegel de Velours et Willem Van Aelst. Un peu plus tard,
en France, Henri Fantin-Latour s'il sait tirer partie du clair-obscur dans les natures mortes n'hésite
pas non plus, certainement sous l'influence de Courbet, à éclaircir sa palette. Concernant les
couleurs l'artiste peut utiliser des harmonies d'analogies comme par exemple Jan de Heem dans sa
nature morte Nautilus.C'est aussi l'harmonie d'analogie qu'utilise Van Huysum, dans les rouges ou
les teintes orangées, mais il emploie aussi les contrastes entre couleurs chaudes et froides (rouge et
bleu) et les contrastes entre complémentaires (rouge et vert). En fait dans la nature morte chaque
école utilise sa palette, les impressionnistes, comme ici Rita Briansky démontrent de manière
éblouissante que leur technique n'est pas simplement adaptée à la peinture en extérieur.
Van Gogh dont la touche expressionniste déforme le réel et amplifie les couleurs nous présente des
œuvres non-conformistes, au style très particulier. Cézanne s'applique à représenter des " formes-
couleurs " qui préfigurent l'abstrait. Les surréalistes, comme Dali alimentent aussi le genre avec des
compositions qui semble venir du pays des songes. Même des adeptes de l'abstraction comme
Delaunay ou Ferat deviennent friands du genre, jusqu'aux œuvres de Picasso où seul l'œil
véritablement exercé distingue la table, ses pieds, la carafe et les fleurs... Pratiquée par tous les
styles et toutes les écoles, la nature morte est redevenue au fil du temps depuis le moyen-âge ce
qu'elle était dans l'antiquité : un genre majeur en peinture.

Exemples 1

de Heem - Nature Morte au Dessert (1640)

Cette nature morte du XVIIème est d'une complexité et d'une dimension exceptionnelle. Le peintre
a certainement été obligé de vider étagères et tiroirs pour trouver les accessoires destinés à remplir
l'espace de la toile ; il nous présente du coup l'inventaire des objets classiquement employés dans
les natures mortes de l'époque et nous fait quelques révélations supplémentaires.

Les objets de la nature morte sont habituellement regroupés autour d'une thématique, et notre
premier tableau n'échappe pas à cette convention. La thématique annoncée par le titre du tableau
(Nature morte au dessert) est celle des aliments ; on retrouve dans ce tableau, comme dans des
dizaines d'autres, les fruits, les plats, quelques mets préparés, les carafes à boisson, une nappe.

Mais il a fallu remplir le vide ; l'artiste a probablement manqué de vaisselle ; à gauche, sur le
devant, on voit du coup s'inviter un deuxième thème, celui de la musique. Ce thème peut parfois
être associé au repas mais il est d'habitude plus souvent traité en lui même, constituant toute la
nature morte, dans des ensembles qui regroupent des instruments et des partitions.

Cela ne suffisait pas encore, il y avait de l'espace vide ; de Heem a du taper dans un troisième
registre, encore moins apparenté aux aliments, celui de la connaissance scientifique. Registre plus
éloigné logiquement, il est énoncé en arrière-plan à droite de l'image : on devine un globe, une
planisphère, quelques vieux livres.

Finalement cette nature morte trop ambitieuse par la taille a absorbé tout le placard des objets à la
disposition de l'artiste ou presque : de Heem a probablement reculé devant un autre thème courant,
la vanité, ce thème dont les attributs sont le crâne, la chandelle qui fume encore et le miroir. Trop
loin du titre de l'œuvre peut-être !

Exemples 2

Willem Van AELST (1625-1683)


Nature morte avec équipement de chasse et oiseaux morts
huile sur toile, 68 cm x 54 cm

Pourquoi ce regroupement des objets de natures mortes par thème ?

En réalité, l'assemblage des objets par thème permet d'éveiller l'intérêt du spectateur par l'amorce
d'une narration ; cette nature morte de Willem Van Aelst témoigne de ce qu'une partie de chasse a eu
lieu, que des oiseaux ont été tués ; le spectateur est invité à entrer dans le tableau, à chercher
l'anecdote, à établir une relation de cause à effet entre les volatiles abattus et le matériel présenté.
Sur l'intersection des deux diagonales principales, fait pour être vu et pas seulement coquetterie de
peintre doué, un insecte met un peu de vie sur la peinture. Il signale par sa présence narquoise qu'ici
on parle avant tout de vie et de mort.

Assembler les objets suivant un thème, c'est parler de la vie de l'homme, montrer en quoi son
action, sa volonté, empreignent encore l'état du monde alors que l'homme est parti ailleurs. Une
composition n'est pas un simple tas, c'est déjà une volonté1.

L'homme a fait passer sa volonté : vivant et maître de la vie des autres, il a tué les oiseaux ; la
nature est bien morte. Mais l'insecte trotte insolemment sur l'aile du gibier : still-life, vie tranquille,
qui prospère dès que l'homme est parti.

L'organisation du sujet permet donc de mettre en scène l'équilibre entre la vie et la mort. Un sujet
assemblé parle de la vie humaine, même si l'homme est absent du tableau. Les oiseaux morts ont
subi l'homme. L'homme parti, sa volonté demeure dans l'organisation muette des objets. La bestiole
vivante, en plein milieu du tableau, dénonce pourtant la vanité de l'homme qui pensait tout
contrôler.

Conclusion

Une nature morte met en scène la disparition de l'homme, dans le spectacle arrêté d'activités
organisées qu'il a quittées. Ce faisant toute nature morte porte la mort de l'homme en gène. Des
rappels directs de cette mort (animaux morts, fond en gouffre, désordres de composition) ou des
rappels indirects (insectes vivants indifférents, vies suffisamment petites pour ne pas passer au
premier-plan, fond infini) permettent de doser le degré de la disparition humaine dans l'image.

L'effet de la nature morte est détruit par des représentations trop importantes de vie ; la nature morte
cesse alors d'être le tableau d'une absence de vie.
Si elle doit représenter un espace confiné, il faut néanmoins que cet espace donne à sentir la
profondeur de l'espace réel et ne propose pas la clarté d'une profondeur exactement délimitée. Dans
ce dernier cas, le tableau propose une illusion et non une suggestion ; la nature morte devient alors
un simple trompe-l'œil.

Vanités
definitions

Les « Vanités » sont des oeuvres d'art qui nous rappellent que nous sommes mortels et que notre vie
s'achèvera un jour. Il peut s'agir de tableaux, de sculptures ou même de bijoux.
Les vanités illustrent, de façon symbolique, le thème philosophique de l’impermanence de
l’homme. Ce sont des natures mortes, des allégories ou encore des images de saints qui représentent
l’inéluctabilité de la mort, la futilité des plaisirs ou encore la fragilité des biens terrestres. Elles
dénoncent également la relativité de la connaissance et la vanité du genre humain. Ce sont des
oeuvres à haute valeur morale.
Ces "memento mori" ("Souviens toi que tu vas mourir") sont donc présents dans la représentation
des activités humaines tels que le savoir ou la science mais aussi à travers des figurations du plaisir,
de la beauté et de la richesse

Histoire

Le principe des « Vanités » remonte à l'Antiquité. Ainsi lorsqu'un général romain défilait après une
grande victoire, paradant devant le peuple lors d'une cérémonie de triomphe, un esclave se tenait
debout derrière lui. Tandis que le général recevait les plus grands honneurs, se gonflait d'orgueil et
de satisfaction, l'esclave brandissait une couronne de lauriers au-dessus de sa tête. Et il ne cessait de
lui répéter à l'oreille : « Memento mori ! Memento mori ! ». Cela signifie : « Souviens-toi que tu es
mortel, souviens-toi que tu vas mourir. ». Le général romain ne pouvait donc pas être trop
prétentieux. Il était invité à profiter de ce triomphe mais aussi à se rappeler que sa joie ne pouvait
être qu'éphémère et qu'après tout, il n'était qu'un homme, appelé à mourir un jour... En un mot, son
orgueil était rabaissé.

Horace, un célèbre poète latin du Ier siècle avant Jésus-Christ écrit également, dans le même esprit :
« Mangeons, buvons et soyons joyeux, car nous mourrons demain ». Cette fois, on le comprend, il
s'agit moins de modérer une tendance à la prétention que d'inviter chacun à profiter de la vie. En ce
sens, la pensée d'Horace se rapproche du célèbre adage romain : « Carpe diem », c'est-à-dire «
Cueille le jour » qu'on pourrait résumer ainsi : profite de la vie !
Le rappel de cette mort qui viendra achever chaque existence humaine est également présent dans
l'Ancien Testament de la Bible, dans le livre appelé « L'Ecclésiaste » ou bien « Livre de Qohelet ».
Cet homme se désigne comme étant « fils de David, roi de Jérusalem ». En latin, ce discours débute
ainsi : « Vanitas vanitatum et omnia vanitas » ce qui signifie : «Vanité des vanités, tout est vanité»
(des extraits sont donnés en bas de cette page). Dans ce célèbre livre, il est indiqué entre autres qu' «
il n'y a rien de nouveau sous le soleil » et qu' « il y a un temps pour tout ».

exemple 1

Les vanités sont une méditation sur la destinée humaine. Thématique fondamentale qui traverse la
littérature et la peinture plutôt que genre pictural, elles attirent l’attention sur la fragilité des
biens terrestres et des plaisirs mondains face à l’inéluctabilité de la mort.C’est l’objectif du
tableau de Nicolaes Van Veerendael, qui nous présente deux crânes : celui de gauche, vu de face,
est posé sur des ossements (fémur, radius et côte) ; celui de droite, renversé, repose sur un petit
socle de bois. Il s’agit sans doute d’un couple, uni dans la mort.
Le crâne de gauche porte une couronne de paille tressée agrémentée de fleurettes violettes
et blanches, sans doute des pensées ; tandis que le crâne de gauche est orné de fleurs plus colorées
et opulentes. Au premier plan, une bulle de savon tient encore à l’extrémité d’une
paille, posée sur une grande coquille nacrée à côté de quelques feuilles de laurier.
Exemples 2

Un tableau -sermon
La vanité a une visée argumentative puisqu’il s’agit d’amener l’individu à se détourner des choses
terrestres pour se tourner vers Dieu. Parfois un symbole religieux est représenté, afin d’orienter le
spectateur vers une solution spirituelle. Le crâne, symbole très fréquent, renvoie au crâne d’Adam
qui est traditionnellement représenté au pied de la croix dans les images de la passion du Christ, afin
de rappeler que la mort est un châtiment infligé par Dieu aux hommes pour le péché
originel.L'éphémère beauté face à l'éternité céleste. Georges de La Tour peignit plusieurs fois la
figure de Marie Madeleine et celle-ci est une de ses œuvres les plus achevées. La jeune femme,
autrefois courtisane, convertie par sa rencontre avec le Christ, est absorbée dans sa rêverie
religieuse. Elle regarde, sans fixer son regard ailleurs qu'en elle-même, la lampe qui brûle
devant des livres entassés, et appuie sa main sur un crâne, symbole de la vanité des choses
terrestres. L'œuvre apparaît comme une réflexion simple et directe d'une jeune femme sur sa beauté
éphémère et l'éternité des choses célestes. La Tour a volontairement dépouillé la jeune femme de
tout accessoire afin de concentrer l'action sur l'aspect religieux de son message.objets symboles

Quelques exemples :
-la pomme renvoie à Adam et au péché originel,
-les cerises au Paradis,
-le raisin à l’incarnation du Sauveur et au mystère de l’Eucharistie,
-le calice de vin au sang versé par le Christ
-la noix est la chair tendre de Jésus sur le bois de la Croix,
-le citron, l’amertume de la Chute.
-le lys signifie la pureté, l’ancolie, la présence du Saint-Esprit,
-l’iris, la douleur,
-l’œillet, par homonymie (carnation), l’incarnation du Christ

la corruption de toute matière : la mouche, qui précède le ver de la pourriture, et les petits insectes
d’une manière générale ; les pétales fanés ; les fruits abîmés ; les pierres lézardées ou les rebords de
coupelles ébréchés ; les cordes rompues ;

la fuite du temps : le chronomètre ou la montre, la bougie consumée, le sablier, le crâne ou le


squelette, la lampe à huile ;

la fragilité de la vie : crânes, bougies éteintes, fleurs fanées, miroirs, instruments de musique,
fumée, bulle de savon, chenille, papillon (qui est aussi symbole de l’âme), verre brisé ou renversé ;
objets en déséquilibre ;

la vanité des biens de ce monde : étoffes précieuses, coquillages, bijoux, pièces de monnaie, armes,
couronnes et sceptres (richesse et pouvoir), livres, instruments scientifiques, bustes antiques ou tout
objet d’art (connaissance), verres et vin, pipes, instruments de musique, cartes à jouer, dés
(plaisirs) ;

la vérité de la résurrection et de la vie éternelle : épis de blé, couronnes de laurier, citations des
Écritures ou des stoïciens qui soulignent l’inutilité des biens de ce monde sous forme de sentences :
Vanitas vanitatum et omnia vanitas (« Vanité des vanités, tout est vanité »), «Toutes choses ont leur
temps », « Sorti nu du ventre de sa mère, il s’en retournera de même, et n’emportera rien avec lui du
fruit de son labeur ».

http://www.copiedouble.com/content/histoire-des-arts-les-vanit%C3%A9s
http://www.smaragdine.fr/2014/03/10/objets-symboles-en-peinture-vanites-et-natures-mortes/
https://vanitesblog.wordpress.com/2013/03/21/symboles-de-vanite/
http://lyc-sevres.ac-versailles.fr/eee.12-13.dossiers/eee.12-13.vanites.pdf
http://www.galerie-photo.com/nature-morte.htm
http://www.peintre-analyse.com/naturemorte.htm

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