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Bernhardt Jean. Steven Shapin, Simon Schaffer, Leviathan et la pompe à air : Hobbes et Boyle entre science et politique.
Trad, de l'anglais par Thierry Plélat avec la collab. de Sylvie Barjansky (Paris : La Découverte, 1993). In: Revue d'histoire des
sciences, tome 49, n°2-3, 1996. Théorie et pratique dans la construction des savoirs alchimiques. pp. 368-369;
https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1996_num_49_2_1261_t1_0368_0000_1
gués les plus exhaustifs et les plus fidèles, on pensera à Epicure et au célèbre
principe épistémologique de la « non-infirmation ». Quant à Hobbes, l'un des
nombreux savants de son époque, comme Descartes, Gassendi et tant d'autres,
à cultiver l'inspiration épicurienne, on saisit mieux son ralliement au plénisme,
à partir de l'observation du chevalier Charles Cavendish, selon laquelle la lumière
est visible à l'intérieur du tube de Torricelli (aspect empirique), ce qui serait
impossible, puisque la lumière n'est concevable (aspect théorique) que comme
une propriété ou un attribut inhérent à une substance existante : il y a donc
nécessairement un milieu plein, véhicule de la lumière qui le manifeste et qui
n'est pas une substance (1).
(1) J'ai sans doute fait trop confiance à Cari Hempel à propos de Linus, qui apparaît
beaucoup plus empiriste aux deux chercheurs britanniques et beaucoup moins entiché
d'argument ad hoc que ne le prétend Hempel dans sa présentation de la « ficelle » (funiculus).
Jean Bernhardt
Nous savons par Stahl lui-même que c'est la lecture de la Physica subterranea
(Francfort, 1669) de Johann Joachim Bêcher (1635-1682), qu'il réédita en 1703,
qui lui inspira sa célèbre théorie du phlogistique. Bêcher en effet, reprenant
explicitement la doctrine paracelsienne des trois principes métalliques que sont le
Mercure, le Soufre et le Sel, appelait terra pinguis une terre huileuse et
combustible qui conférait à toute chose sa chaleur et son inflammabilité. Mais Bêcher
n'était pas seulement chimiste, il fit surtout une belle carrière de médecin et
mathématicien à la cour de Félecteur-archevêque de Mainz, puis à celle de
Ferdinand-Maria à Munich, avant de se mettre au service de l'empereur à Vienne
en tant que conseiller commercial. A ce titre, il s'employa à convaincre les princes
et les nobles d'Allemagne que désormais, bien davantage que la propriété
terrienne, c'était le processus de production, d'échange et de consommation des
biens manufacturés qui produisait des richesses.
Pamela Smith, en retraçant l'itinéraire du personnage (le plus souvent à partir
du témoignage autobiographique de ses ouvrages et de ses lettres), montre comment
il introduisit les valeurs du commerce dans la culture aristocratique de la cour,
en tirant parti du statut d'expert que lui conféraient ses connaissances de médecin
et d'alchimiste; en particulier, l'alchimie devint pour lui « le véhicule par lequel
il parlait à la cour de production et de croissance matérielle » (p. 9). Dans le
monde ouvert dont on trouve le modèle chez Alsted et Comenius, où l'on apprend
à contrôler la fortune en suivant l'enseignement néo-stoïcien de Juste Lipse, la
pratique est aussi productrice de connaissance théorique : voilà ce dont témoigne
l'alchimie, qui est nécessairement théorie et pratique. L'ordre du laboratoire
représente alors l'ordre idéal d'une société organisée pour la production des richesses,
autour d'un prince qui dirige son économie, comme l'alchimiste qui contrôle
les feux et les mélanges par l'intermédiaire de ses assistants. Désormais, le crédit