Vous êtes sur la page 1sur 46

2017 le temps

2022 du bilan
AUCUN ACTE DE RUPTURE
N’AURA ÉTÉ POSÉ
Avec ce bilan du quinquennat, le groupe LR au Sénat a
souhaité prendre au mot Emmanuel Macron. « Je veux être
jugé sur les actes » déclarait-il en novembre 2019. C’est chose
faite. De l’immigration à l’environnement, de la compétitivité
à la réforme de l’Etat, en passant par la justice ou la place de la
France en Europe, tous les résultats du Chef de l’Etat ont été
rassemblés, analysés, passés au crible de ses engagements de
candidat.

Car le macronisme doit être jugé à l’aune des promesses qu’il


avait formulées. Emmanuel Macron fut élu sur un projet,
non pas de continuité, mais de rupture, de « révolution »
même, pour reprendre le titre du livre – programme qu’il
avait écrit avant la campagne de 2017. Révolution donc, mais
réconciliation également. Car telle était aussi l’ambition affichée
par l’inventeur de « l’en même temps », celui qui, se revendiquant
« et de droite et de gauche », prétendait abolir les clivages, réunir
en lui-même les diverses traditions et aspirations politiques.

Cinq ans après, ne restent de ces deux grandes promesses


qu’une formidable déception.

La révolution promise n’a pas eu lieu. Qu’il s’agisse de


l’insécurité, du laisser-aller migratoire, mais également de
l’augmentation des dépenses ou de l’explosion de la dette, rien
n’a vraiment changé, tout a continué. Car Emmanuel Macron
n’aura, en définitive, rien réformé. Derrière un activisme
médiatique effréné, aucun acte de rupture n’aura été posé,
ni sur les retraites, ni sur la justice, l’école ou même la santé.
Le macronisme qui, nous assurait-on, devait être une cure
de jouvence, pour libérer, pour moderniser, n’aura été que la
perpétuation d’une social-démocratie finissante. Car ce sont
de bien vieilles ficelles que ce jeune Président n’aura cessé de
tirer. A chaque problème, une dépense. A chaque crise, les
artifices d’une communication omniprésente, comme pour
masquer, d’états généraux en grands débats, l’impuissance
d’une politique.
Quant à la réconciliation annoncée, elle s’est fracassée sur le verbe diviseur d’un Président qui, des
« gaulois réfractaires » à « ceux qui ne sont rien », n’aura cessé de rabaisser, d’humilier, de fracturer.
Ajoutons à cela la repentance, les concessions verbales faites au wokisme par un Président qui aura
affirmé la nécessité de « déconstruire » l’histoire de France et reconnu l’existence d’un « privilège blanc
», et nous avons là tous les ingrédients d’un cocktail explosif, mortifère pour l’unité française.

Ce bilan dessine donc un échec. L’échec d’une politique. L’échec, aussi, d’une pratique, celle de la
verticalité macronienne. Car le mépris jupitérien pour les élus locaux ou le Parlement aura montré,
tout au long de la crise sanitaire, son inefficacité : les décisions uniformes, prises sans concertation
dans le huis clos du conseil de défense sanitaire, n’auront fait qu’alourdir la technocratie, compliquer
la gestion de l’épidémie et renforcer l’incompréhension et la colère de nos concitoyens. Un homme
seul ne peut pas tout, les contrepouvoirs sont essentiels : telle est aussi la leçon que nous devons
tirer de cette crise. Emmanuel Macron l’aura-t-il, finalement, retenue ? Rien n’est moins sûr tant sa
verticalité n’est, en réalité, que le prolongement institutionnel de son individualisme politique.

Car le projet d’Emmanuel Macron, c’était lui-même, en définitive. Lui-même et lui seul tant ce
Président, se tenant au-dessus de tous, semble ne se sentir tenu par rien. Par aucune cohérence
de convictions, aucune colonne vertébrale intellectuelle. En se faisant tour à tour le chantre d’une
souveraineté qu’il ignorait superbement avant le déclenchement de la pandémie, le héros d’une
laïcité française qu’il considérait pourtant, en 2016, comme « revancharde », ou le champion de « l’art
d’être français », lui qui niait jusqu’à l’existence même d’une culture française, Emmanuel Macron
aura montré, par ses revirements incessants, ses retournements opportuns, toute la vacuité de
sa verticalité. L’authenticité : voilà ce qui, au fond, aura cruellement manqué au macronisme, et
marqué son bilan du sceau de l’échec. Car si « l’en même temps » aura tout dit, tout promis, force est
de constater qu’il n’aura mener à rien, ou si peu, prisonnier de ses contradictions, cloué sur le lit de
l’impuissance à force de multiplier les contorsions et les circonvolutions politiques.

Tel est le vrai bilan d’Emmanuel Macron. Tel est aussi la situation qu’il revient à la droite d’affronter,
pour redresser vraiment, pour rassembler largement, dans la fidélité à ses convictions, en assumant
ses valeurs, sans excès mais sans concessions.

Bruno RETAILLEAU
Président du Groupe LR au Sénat.

3
LES
CHIFFRES
DU BILAN
+18%
C’est l’augmentation du nombre
de coups et blessures volontaires
entre 2017 et 2020.

1 370 600
C’est le nombre d’étrangers que la France a
accueillis entre 2017 et 2020 (immigration
légale, droit d’asile et MNA).

C’est la proportion d’enseignants qui disent en 2020


53% avoir déjà observé une fois une contestation des
enseignements au nom de la religion. Soit 7 points
de plus qu’en 2018.

+60 milliards C’est l’augmentation de la dépense publique, hors crise


sanitaire, sous le quinquennat.

+10 milliards C’est le déficit du système des retraites prévu en 2025, faute de
réforme durant ce quinquennat.

63.5 milliards C’est le déficit commercial enregistré sur les 10 premiers mois de 2021.
Contre 65.2 milliards sur les 12 mois de 2020.

4
1250
C’est le nombre d’équivalents temps plein dans la fonction publique d’Etat
qui auront été supprimés entre 2017 et 2022. Contre une promesse de
50 000.

20% C’est la proportion de lits qui restent fermés, 18 mois après le début
de la crise, malgré le Ségur de la Santé.

43 jours C’est l’équivalent de la consommation d’énergie que la


France a dû importer en 2020. Contre 25 jours en 2019.

+18.5% C’est la hausse du prix de l’immobilier entre mai 2017


et l’été 2021.

C’est le nombre de propositions

0 sur l’Europe qui ont été acceptées


par l’Allemagne et les autres pays
européens.

5
SOMMAIRE
SÉCURITÉ ET JUSTICE page 8

IMMIGRATION ET ASSIMILATION page 11

ÉDUCATION page 15

DÉPENSES PUBLIQUES page 18

EMPLOI ET TRAVAIL page 20

COMPÉTITIVITÉ page 22

RÉFORME DE L’ÉTAT ET DÉCENTRALISATION page 25

SANTÉ ET SOLIDARITÉ page 28

ENVIRONNEMENT page 32

LOGEMENT page 36

EUROPE page 40

SÉCURITÉ
& JUSTICE
VIOLENCES : TOUS LES
INDICATEURS SONT DANS
LE ROUGE
Qu’il s’agisse des violences en bandes, des prison. A sa place, le Gouvernement a préféré
coups et blessures, des agressions sexuelles ou un simple suivi administratif que le Conseil
des menaces contre les élus, la violence sous Constitutionnel a par ailleurs partiellement
toutes ses formes aura littéralement explosé censuré.
depuis 2017 et aura touché l’ensemble des
territoires. Désormais, aucun territoire n’est
épargné, y compris les départements ruraux. Que
ce soit la Dordogne, la Corse-du-Sud, le Lot ou
encore la Meuse, ces départements sont parmi LA POURSUITE DE LA
ceux qui auront connu entre 2019 et 2020 la
plus forte augmentation du nombre de coups et POLITIQUE SOCIALISTE DE
blessures volontaires. DÉSARMEMENT PÉNAL
Une explosion de violence à laquelle Emmanuel Pour endiguer les violences, il eut fallu
Macron a répondu par l’envoi sur le terrain assumer une rupture pénale, avec davantage
de jeunes policiers, pour la plupart encore en de magistrats – la France compte 10.9 juges et
formation et sans expérience. Une décision 3 procureurs pour 100 000 habitants, loin de
très discutable alors que les forces de l’ordre la médiane européenne, à 17.7 juges et 11.2
sont les cibles « faciles » des violences urbaines procureurs – et un renforcement des peines, afin
et des attentats terroristes qui endeuillent notamment d’incarcérer plus tôt, dans le cadre de
régulièrement la France. Une menace courtes peines, dès les premiers actes délinquants,
terroriste qui reste d’ailleurs vive et contre à l’image de la politique mise en place aux Pays-
laquelle le Gouvernement a refusé de lutter Bas. Or, la politique pénale menée par les
efficacement en rejetant la proposition du Ministres de la Justice successifs s’est inscrite
groupe LR au Sénat de créer un dispositif dans la continuité de celle de Christiane
judiciaire de surveillance des condamnés Taubira, désarmant l’Etat et désespérant ses
pour des faits de terrorisme à leur sortie de agents.
LE RETOUR DU « SENTIMENT
LES CHIFFRES D’INSÉCURITÉ »
Coups et blessures volontaires : + 18% entre 20 ans après Lionel Jospin, Éric Dupond-Moretti
2017 et 2020 (contre +7% entre 2014 et 2017) renoue avec la politique du déni. Ainsi déclarait-il
Rixes entre bandes : + 60% depuis 2017 en septembre 2020 que « L’ensauvagement est un
Agressions sexuelles : +38% depuis 2017 mot qui développe le sentiment d’insécurité. L’insécurité,
Agressions et menaces contre les élus : ×3 il faut la combattre, le sentiment d’insécurité, c’est plus
depuis 2019 difficile car c’est de l’ordre du fantasme. »

8
En effet, Nicole Belloubet a prévu que des peines inférieures
à 1 mois de prison ne puissent plus être décidées et a demandé
à ce que les peines comprises entre 1 et 6 mois fassent l’objet, par
principe, d’un aménagement, et que celles comprises entre 6 mois
et un an soient aménagées dans la mesure du possible. L’ancienne
Garde des Sceaux a également doublé le nombre de sorties de prison
en 2020, arguant de la crise sanitaire.

De même, Éric Dupond-Moretti a permis aux juges


d’application des peines d’accorder des réductions de peines
allant jusqu’à 6 mois par an et a rendu automatique la
libération sous contrainte 3 mois avant la fin de la peine,
si celle-ci est inférieure à 2 ans de prison. Quant à la construction
de nouvelles places de prison, l’engagement d’Emmanuel Macron
d’en réaliser 15 000 n’a pas été tenu : à peine 2700 places auront été
créées dont 2000 initiées sous François Hollande.

Pourtant, les moyens n’ont pas manqué. Entre 2018 et 2020,


378 millions d’euros de crédits votés par le Parlement n’ont pas été
dépensés par le Ministère de la Justice. Autant de ressources qui
auraient pu être utilisées pour recruter de nouveaux magistrats et
construire de nouvelles places de prison.

MOYENS : DES DÉCISIONS EN FORCE DE L’ORDRE :


TROMPE L’OEIL LE GRAND MALAISE

Tout au long du quinquennat, nos forces


Au cours de ce publique. Ce que de l’ordre auront été continuellement et
quinquennat, nos forces confirme la Cour des injustement mises en cause, sans qu’elles
de l’ordre auront été Comptes dans un rapport bénéficient d’un soutien plein et entier
toujours plus sollicitées paru en novembre 2021. de l’exécutif. Au point qu’Emmanuel
et auront payé le prix Malgré les trois plans de Macron aura validé les accusations
fort du délitement de renfort dont la police a délirantes de « racisme systémique » et de «
l’autorité de l’Etat. bénéficié depuis 2015, « violences policières », que l’extrême-gauche
les résultats qu’elle affiche, profère depuis des années.
Si l’augmentation des en termes de présence sur
budgets de la sécurité le terrain ou d’élucidation
intérieure est positive, des faits de délinquance, ne Ainsi déclarait-il le 4 décembre 2020 : « Je
elle ne suffira pas à mettre montrent pas d’amélioration peux vous dire ‘il y a des violences policières’
un terme à la dégradation significative et tendent si ça vous fait plaisir que je le dise […]
des conditions de même à se détériorer sur la Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau
travail – 21 millions période. » qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus
d’heures supplémentaires contrôlé. On est identifié comme un facteur
étaient toujours non- Gérald Darmanin ne de problème et c’est insoutenable. »
payées au 31/12/2019, s’est ainsi intéressé
soit l’équivalent de qu’à la seule question Alors que les outrages et les agressions
825 millions d’euros financière, en délaissant contre les forces de l’ordre ont
– ni à renforcer totalement les nombreux augmenté de 72% en 20 ans, la police
substantiellement les autres sujets. et la gendarmerie auront été rendues
effectifs sur la voie coupables d’une violence dont elles sont
les premières victimes.
La question prédominante du temps administratif auquel sont contraintes nos forces de l’ordre
(procédures, paperasses, etc.) n’a toujours reçu aucune réponse. Pourtant, celui-ci ne cesse
d’augmenter au détriment du temps passé sur le terrain. Le taux d’engagement des effectifs de
la police est ainsi passé entre 2011 et 2019, de 39.3% à 36.4%.

Seule une loi de programmation et d’orientation de la sécurité intérieure (LOPSI), que le


Gouvernement s’était engagé à présenter avant de la repousser, aurait pu apporter des réponses
structurelles au « malaise policier » et de sanctuariser sur plusieurs années les dépenses de l’État en
matière de sécurité.

« La sécurité
n’est pas
un projet
politique »
Emmanuel
Macron
janvier 2016

10
IMMIGRATION &
ASSIMILATION
IMMIGRATION : TOUS
LES RECORDS ONT ÉTÉ
BATTUS

De 2017 à 2020, la France aura accueilli pas moins de 1 370


600 étrangers, soit l’équivalent d’un territoire comme LES CHIFFRES
la Haute-Garonne, 13ème département le plus peuplé. (2017-2020)
Avant la pandémie et la fermeture des frontières, la France
battait chaque année des records d’admission, qu’il s’agisse de Immigration légale :
l’immigration légale, du droit d’asile ou des mineurs isolés. 1 002 000 individus (+16% par
Elle est même devenue, sous ce quinquennat, le premier rapport à 2013-2016)
pays européen pour les déboutés du droit d’asile : ceux
qui, chez nos voisins, se voient refuser un accueil, privilégient Asile (premières demandes
désormais notre pays pour renouveler leur demande. OFPRA) : 415 000 personnes,
mineurs accompagnants inclus
Par ailleurs, si l’immigration a continué à augmenter, (+52% par rapport à
les reconduites aux frontières n’ont, elles, cessé de 2013-2016)
diminuer : le taux d’exécution des OQTF (obligation de
quitter le territoire français) est ainsi passé de 13.5% en 2017 à
Mineurs isolés : 58 200 (+170% par
6.9% en 2020 et 5.6% sur le premier semestre de 2021.
rapport à 2013-2016)

CE QUE LE GOUVERNEMENT A REFUSÉ

Le Gouvernement a dit non à toutes les mesures de fermeté et de responsabilité proposées au


Sénat par le groupe LR. Il s’est ainsi opposé :

- Au resserrement des conditions du regroupement familial,


- A la transformation de l’aide médicale d’Etat (AME) en AMU pour ne prendre en compte que
les soins d’urgence,
- A la systématisation des tests osseux dans la détermination de l’âge des mineurs non
accompagnés,
- A un débat pluriannuel au Parlement pour définir des quotas migratoires,
- Au passage de 3 à 5 ans de la durée maximale des mesures d’interdiction de retour sur le
territoire français, la durée permise par le droit européen.
11
LES « POMPES ASPIRANTES »
N’ONT PAS ÉTÉ SUPPRIMÉES
Les raisons de ce laisser-aller migratoire sont connues de tous : un droit des étrangers
complexe et procédurier qui ne permet ni de réguler les flux entrants ni d’expulser efficacement, un
modèle social et une assistance médicale parmi les plus attractifs au monde, etc.

La France est, de loin, l’Etat qui présente le moins de contraintes et le plus d’avantages.
Autant de « pompes aspirantes » à l’immigration que le Gouvernement, loin de supprimer, a renforcées.
Ainsi les possibilités de rapprochement familial pour les mineurs étrangers ont-elles été élargies avec
la loi Collomb.

COMMUNAUTARISME, LAÏCITÉ : QUAND EMMANUEL


MACRON EMPLOIE LES MOTS
UNE RÉPONSE TARDIVE ET DU COMMUNAUTARISME
INSUFFISANTE
A l’occasion de la remise du rapport
Il aura fallu attendre plus de 4 ans pour que le de JL Borloo, en mai 2018 : « Quelque
Gouvernement se décide enfin à aborder la question part ça n’aurait aucun sens que deux
du communautarisme avec la loi confortant le respect mâles blancs, ne vivant pas dans ces
des principes de la République. Au-delà des déclarations et quartiers, s’échangent l’un un rapport et
de quelques dispositions allant dans le bon sens, ce texte ne l’autre disant, ‘on m’a remis un plan, je
suffira pas à lutter contre le séparatisme islamiste. l’ai découvert’ ».
Le privilège blanc, « c’est un fait »
Un seul exemple : la majorité présidentielle s’est refusée répondait Emmanuel Macron à cette
à traiter la question des signes religieux, et notamment question de l’Express en mai 2020 :
du voile qui constitue pourtant l’un des tout premiers
«Vous pensez qu’être un homme blanc de
marqueurs utilisés par le communautarisme islamiste.
moins de 50 ans est un privilège ? »
Ainsi le Gouvernement s’est-il opposé, lors de l’examen de
cette loi par le Sénat, aux propositions du groupe LR pour interdire les signes ostentatoires religieux
pour les accompagnants lors des sorties scolaires et prohiber le voilement des petites filles dans
l’espace public. Par ailleurs, la proposition de loi constitutionnelle que nous avions présentée au Sénat
pour inscrire dans la Constitution que « nul ne peut se prévaloir de sa religion ou de son origine pour se
soustraire à la règle commune » a été écartée d’un revers de main par le Garde des Sceaux. Cet ajout
aurait pourtant permis de renforcer nos défenses juridiques contre les revendications et les
provocations communautaires dans les services publics, comme à l’hôpital.

De même dans le domaine du sport. Alors que le Conseil d’Etat a été saisi par une association
communautariste afin de contraindre la Fédération française de football à autoriser le port du hijab
sur ses terrains, Roxane Maracineanu s’est refusée à « commenter une procédure en cours » tout en
affirmant que son expérience lui imposait « de défendre le rôle du sport dans l’apprentissage de la tolérance,
dans l’acceptation et la sublimation des différences ». Cette nouvelle provocation communautariste aurait
pu être évitée si le Gouvernement avait eu le courage d’accepter la proposition du Sénat d’interdire le
port de signes religieux ostensibles lors de la participation à des compétitions et autres événements
sportifs.
12
CE QU’AURAIT PU CONTENIR LE TEXTE

Au-delà des mesures concernant le voile, de nombreuses propositions issues du groupe LR au


Sénat ne figurent pas dans la loi confortant les principes de la République, à l’image de :
- L’interdiction des listes électorales communautaristes,
- La dissolution d’associations interdisant l’accès à leurs réunions sur des critères ethniques ou
religieux,
- L’interdiction de délivrer un titre de séjour à un individu ayant manifesté un rejet des principes
de la République,
- L’interdiction faite aux individus condamnés pour infraction terroriste de diriger une
association mixte ou accueillant des mineurs,
- L’interdiction des drapeaux étrangers dans les mairies et abords durant les mariages.
« L’immigration n’est
pas quelque chose dont
nous pourrions nous
départir. Elle se révèle
une chance d’un point
de vue économique,
culturel, social. »
Emmanuel
Macron
janvier 2016

14
ÉDUCATION
NOTRE ÉCOLE CONTINUE
DE SOMBRER
Edition après édition, les études aléatoire la maitrise des fondamentaux et de
internationales démontrent la baisse renforcer la course des parents vers les meilleurs
inquiétante du niveau des élèves français, établissements pour leurs enfants.
et notamment à la fin du cycle primaire, où les
S’agissant de la réforme de la formation
difficultés et inégalités se structurent. La France
initiale des enseignants, elle met en péril la
se situe ainsi au 22e rang des 24 pays européens
participant à la dernière édition du PIRLS, un
sélection des futurs professeurs sur des critères
programme qui s‘intéresse à la compréhension de
académiques : désormais, la maitrise des
l’écrit des élèves de CM1. Quant à la maitrise des
connaissances des candidats au Capes externe
mathématiques par les élèves de même niveau, la
n’est plus évaluée que par une épreuve sur
dernière édition du programme TIMMS place la
quatre, les autres se contentant de sanctionner
France à la dernière place des 24 pays européens
la motivation du candidat, la « construction d’une
participants. séquence pédagogique » à travers une analyse
critique de documents ainsi que la conception et
Ces résultats sont la conséquence d’une l’animation d’une séance d’enseignement.
double crise qui frappe l’Ecole depuis de
longues années.

Une crise de la transmission d’abord. L’Ecole


est aujourd’hui le produit du pédagogisme
avec lequel Jean-Michel Blanquer n’a pas
réellement rompu. Malgré ses discours sur
l’importance de la maitrise des savoirs, il n’a
pas supprimé les enseignements pratiques
interdisciplinaires, contenus dans la réforme
de Najat Vallaud-Belkacem de 2015, qui
privilégient la construction de compétences à
l’acquisition de connaissances. Il a vidé encore
un peu plus le Baccalauréat de son contenu,
en augmentant le poids du contrôle continu, au
risque de fragiliser l’exigence méritocratique
que garantissent des épreuves nationales et
anonymes, et en détournant de nombreux
élèves de l’enseignement des sciences. La
réforme du Baccalauréat a ainsi mené à une
spécialisation plus forte et plus précoce
au lycée qui menace dès lors de rendre plus
Une crise des vocations ensuite, avec de jeunes
professeurs, mal formés, peu rémunérés, sans réelles
NOUVEAU BAC : UNE RÉFORME
perspectives de carrière, envoyés au « casse-pipe » dans les QUI FRAGILISERA ENCORE
zones prioritaires où l’indiscipline est forte. A la session PLUS LA MAÎTRISE DES
2021, 238 postes n’ont ainsi pas trouvé preneurs au SAVOIRS FONDAMENTAUX
concours externe du Capes, notamment en allemand,
lettres classiques et mathématiques. Au même moment, La réforme du Baccalauréat,
1648 enseignants rompaient leur contrat. Trois fois
qui remplace les séries par des
plus qu’en 2011. Face à cette crise d’attractivité du métier
d’enseignant, Jean-Michel Blanquer n’aura proposé enseignements de spécialité, a abouti
qu’une solution financière. Et insuffisante qui plus est. à une baisse entre 2019 et 2021 de
Les deux revalorisations salariales initiées, dont l’une n’a 18% et de 6% du nombre d’heures
concerné que 31% des personnels, ne sauraient combler dispensées par les professeurs de
l’écart avec le salaire moyen dans l’OCDE en 2020. Un mathématiques et de lettres aux élèves
écart de 4 à 10% en début de carrière et de 18 à 23% de première et de terminale (générale
après une quinzaine d’années d’ancienneté. et technologique).
Alors qu’une logique de moyens a été préférée à une
Si les choix de spécialisation des
réforme d’ampleur pour répondre à la crise de l’Ecole,
le double objectif imposé par Emmanuel Macron élèves sont en partie responsables de
d’un taux de réussite au CP de 100% et d’une cette chute, elle résulte également de
réduction importante des écarts entre les réseaux la disparition des mathématiques du
n’a pu être atteint. Ce dont témoignent les études de tronc commun d’enseignement.
la Depp – l’organisme évaluant les politiques conduites
par le Ministère – selon lesquelles, entre mi-CP 2019 Ainsi, à la rentrée 2020, 31% des
et mi-CP 2021, les écarts entre les élèves relevant de lycéens de première et de terminale
l’éducation prioritaire et les autres se sont creusés dans générales ne suivaient plus aucun
la quasi-totalité des catégories d’exercices comparables.
enseignement de mathématiques. Une
Et ce malgré un coût du dispositif de dédoublement des
classes dans le réseau prioritaire de 154 millions d’euros proportion qui monte à 41% pour les
pour la seule année 2018. seuls élèves de terminale générale.

AUTONOMIE, LIBERTÉ :
UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ
L’Education nationale est une éducatif qui permette à chaque élève d’avoir
administration trop centralisée qui ne accès au savoir, en faisant confiance et en
permet pas aux chefs d’établissements de responsabilisant les acteurs de l’enseignement.
recruter les enseignants ou de mettre en œuvre
des projets innovants pour s’adapter aux diverses Dès 2018, le groupe LR au Sénat avait d’ailleurs
réalités éducatives sur le terrain. proposé dans un rapport appelant à rénover
le cadre du métier d’enseignant, à ce que soit
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle donnée une plus grande autonomie aux
certains parents choisissent l’instruction en établissements en matière d’organisation
famille, pour les besoins particuliers de leurs pédagogique, de recrutement et d’emploi des
enfants, et usent ainsi d’une liberté scolaire moyens internes, ou même que soient mis en
qu’Emmanuel Macron a pourtant choisi de place des concours de recrutement spécifiques
réduire, en conditionnant « l’école à la maison par académie. Le Gouvernement s’y est toujours
» à autorisation administrative. Pourtant, il opposé.
est possible de reconstruire un système
UNE PROMESSE
RÉPUBLICAINE NON TENUE

L’Ecole républicaine, destinée à construire et produire du commun, est aujourd’hui aux prises
avec tous les particularismes, sans que les pouvoirs publics n’y opposent une résistance ferme et
solide. S’agissant du communautarisme, le Gouvernement a ainsi rejeté la proposition du groupe
LR au Sénat d’interdire le port de signes religieux ostentatoires aux accompagnants scolaires.

De même, en affectant le dossier de certains élèves d’un Indice de Positionnement Social sur la
plateforme Affelnet et en incitant les grandes écoles à mettre en place un système de bonification
pour les élèves boursiers, Jean-Michel Blanquer cède aux tenants de la discrimination
positive avec comme seul résultat, une sélection injuste. Tout comme il facilite l’entrisme
de l’idéologie woke lorsqu’il diffuse une circulaire relative au changement de prénom des élèves
transgenres à l’école, aux normes vestimentaires, à l’usage des lieux d’intimité, etc.

Champ de bataille idéologique, l’Ecole se transforme en champ de bataille tout court.


Selon Jean-Michel Blanquer lui-même, il y aurait 20 à 30 accidents graves chaque jour. Un
chiffre qui ne l’a pourtant pas incité à accepter la proposition du groupe LR de pouvoir effectuer
une retenue sur les allocations familiales en cas d’absentéisme ou de violence.

UNE LAÏCITÉ MISE EN DANGER

L’Ecole est aujourd’hui le théâtre privilégié des pressions communautaristes. Ce dont témoignent
de nombreuses études.

Selon le sondage réalisé pour la Fondation Jean Jaurès et Charlie Hebdo en décembre 2020 :
- 49% des enseignants affirment s’être déjà autocensurés dans leur enseignement des questions
religieuses (+13 points par rapport à 2018),
- 53% ont déjà observé au moins une fois une contestation des enseignements au nom de
la religion (+7 points par rapport à 2018).

Selon le sondage réalisé pour la revue Le Droit de vivre et la Licra en mars 2021 :
- 37% des lycéens considèrent comme discriminatoires les lois interdisant le port de signes
religieux,
- 52% des lycéens contestent le droit au blasphème.

Selon le sondage réalisé également pour la Licra et Le Droit de vivre, paru en décembre 2021 :
- 40% des lycéens estiment que les règles religieuses sont supérieures aux lois de la
République.

17
DÉPENSEs
PUBLIQUEs
DU « POGNON DE DINGUE »
AU « QUOI QU’IL
EN COÛTE »
En mai 2018, Emmanuel Macron déclarait : « il n’y a pas d’argent
magique ». En juin de la même année, il s’en prenait au « pognon LES CHIFFRES
de dingue » des dépenses sociales. Près de trois ans après, il aura
finalement cédé aux vertiges du « quoi qu’il en coûte ». Entre 2017 et 2021, la
France est passée :
Reniant ses engagements de 2017 de diminuer de 2 points le déficit
public, de 3 points les dépenses publiques et de 5 la dette, le Président - D’une dette de 98.1% à
de la République présente à la France une facture salée sur 115.3% du PIB
le plan financier. Une facture qui fragilise la signature de notre
pays : aujourd’hui, parmi les grandes démocraties, la France est la - D’un déficit public de 3% à
lanterne rouge budgétaire. 8.2% du PIB
Les chiffres en témoignent : sur les dépenses publiques, notre - D’un taux de dépenses
pays est 38ème sur 38, c’est-à-dire bon dernier, dans l’OCDE. La
publiques de 55.1% à 59.7%
crédibilité de la France est aujourd’hui considérablement abimée.
Comment un pays qui ne tient pas ses comptes pourrait-il tenir son du PIB.
rang en Europe ?

A l’APPROCHE DES PRÉSIDENTIELLES,


LA POLITIQUE DU CARNET DE
CHÈQUES
LA CRISE SANITAIRE
Plan d’urgence pour Marseille, second chèque
énergie, revenu d’engagement pour les jeunes,
A BON DOS...
création d’une « indemnité inflation », etc.
Pour justifier ces dérapages budgétaires, le
Depuis juillet, les chèques et mesures de soutien Gouvernement argue de la crise sanitaire. Mais
se sont enchainés pour atteindre, hors plan « c’est oublier qu’avant même la pandémie, la
France 2030 », plus de 25 milliards d’euros que France avait dangereusement laissé filer ses
devront supporter nos finances publiques à dépenses et sa dette.
l’avenir.
Le Gouverneur de la Banque de France l’a lui-
A tel point que le Haut conseil des finances même souligné : « notre problème n’est pas la dette
publiques a déclaré, dans son avis du 17 Covid, c’est celle d’avant. La France est entrée dans la
septembre dernier, qu’il n’était « pas en mesure crise avec une dette de près de 100 % de son PIB, bien
de se prononcer sur la plausibilité de la prévision de plus que l’Allemagne à 60 %. »
déficit pour 2022 ».
Une réalité également rappelée par la Cour des Comptes,
LA FRANCE EST LE PAYS LE en juin dernier : « avant l’entrée dans la crise, avec un niveau
PLUS FISCALISÉ DE L’OCDE rapporté au PIB de 3.1% de déficit public et de 97.6% de dette en
2019, la France disposait ainsi de moins de marges de manœuvre
Le Gouvernement se targue d’avoir que la plupart de ses partenaires européens. »
baissé, entre 2018 et 2021, la fiscalité
des ménages et des entreprises de 45 Par ailleurs, la hausse des dépenses publiques ne résulte
milliards d’euros. pas uniquement de la crise. En 2020, aucun pays européen,
hormis la France, n’affichait un taux de dépenses supérieur à
- Tout d’abord, comme l’a démontré 60% (61.8% pour la France).
l’Ifrap, les 45 milliards de baisse
Les dépenses hors-mesures de soutien et de relance
affichés sont très largement
ne cessent d’augmenter : 19 milliards d’euros en 2020
surévalués en raison de plusieurs et 41 milliards estimés en 2021, selon le Haut conseil des
facteurs (« effet d’assiette » lié à la finances publiques. En définitive, sur le quinquennat, les
croissance, effet de bascule entre le dépenses publiques – hors crise sanitaire – auront été
CICE et les baisses de charges etc.) supérieures de 60 milliards d’euros à ce qui était prévu
et évoque, en valeur, une baisse par la loi de programmation des finances publiques
effective de 3.2 milliards d’euros, 2017-2022. Autrement dit, la pandémie a aussi été l’occasion,
passant de 1057.4 à 1054.2 milliards. pour le Président de la République, d’ouvrir en grand le
robinet budgétaire à l’approche des élections présidentielles.
- Ensuite, certaines baisses sont en
réalité des annulations de hausses,
auxquelles a été contraint le
Gouvernement comme l’annulation
– partielle – de la hausse de CSG OÙ SONT LES GRANDES
pour les retraités ou celle de la taxe
carbone suite à la crise des Gilets RÉFORMES STRUCTURELLES ?
jaunes.
Si en 2019, avant la pandémie, les deux tiers des Etats
- Par ailleurs, ce qui est donné européens étaient en excédent budgétaire, c’est parce que ces
d’une main est repris de l’autre : il pays avaient déjà réalisé les réformes structurelles nécessaires.
a ainsi été décidé du prolongement La France, elle, ne les a pas faites : aucune grande réforme
d’économies n’a été engagée par Emmanuel Macron.
de la CRDS, payée par les salariés,
jusqu’en 2033 au moins, alors qu’elle L’âge de départ à la retraite n’a pas été repoussé. Et
devait cesser en 2024, pour un pour cause : si en juillet dernier, le Président Macron l’avait
montant de 136 milliards d’euros ! évoqué, le candidat Macron, lui, l’avait écarté en 2017 !
Enfin, et c’est là l’essentiel, la Quant à la réforme de l’Etat, l’engagement de réduction
France est le pays le plus fiscalisé de 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat n’a pas
de l’OCDE (38ème sur 38). été tenu : entre 2017 et 2022, ils n’auront pas varié.

« Pour la première fois


depuis 40 ans, nous pouvons
envisager l’équilibre des
comptes publics en 2022. »
19
Bruno
Le Maire
18 avril 2018
EMPLOI
& TRAVAIL
UNE BAISSE
DU CHÔMAGE
EN TROMPE-L’OEIL
Emmanuel Macron revendique Une décision qui, si elle est LES BONUS-MALUS, UNE
régulièrement la responsabilité bienvenue, n’est pas de nature
de la baisse du taux de chômage. à améliorer véritablement
NOUVELLE USINE À GAZ
la compétitivité-coût des
S’il est effectivement passé de entreprises françaises et A partir du 01/09/2022, les
9.6% en mai 2017 à 8.1% en notamment industrielles. entreprises de plus de 11
février 2020, avant l’entrée salariés, de certains secteurs
dans la crise, pour s’établir D’autant plus que la tendance d’activité et contraintes d’avoir
en septembre 2021 à 8.1%, d’Emmanuel Macron, recours à des contrats courts,
la zone euro a connu une qui était déjà celle de son devront composer avec un
évolution plus satisfaisante sur prédécesseur, de concentrer système de bonus-malus
la période (de 9.3% à 7.3% puis les efforts de baisse de sur le taux de contribution
7.4%), ce qui tend à relativiser charges sur les bas salaires à l’assurance chômage, en
l’importance des mesures prises a accentué la spécialisation fonction de leur taux de
par Emmanuel Macron. française sur les secteurs de séparation
basse intensité productive Ce système touchera avant tout
Malgré cette baisse, la et sur un segment « moyenne
les secteurs dont l’activité est
France garde l’un des plus gamme ».
forts taux de chômage des structurellement saisonnière
grandes économies d’Europe Contrairement à l’Allemagne et qui sont confrontés à une
occidentale : entre mai qui compense un coût pénurie de main d’œuvre et à
2017 et septembre 2021, le horaire dans l’industrie des difficultés à la fidéliser.
taux de chômage britannique manufacturière élevé (41.78€)
et allemand a évolué par une forte compétitivité UN COÛT DU TRAVAIL
respectivement entre 4.43 et hors-coût (prestige des marques, TOUJOURS TROP
4.41% et entre 3.9 et 3.4%. qualité des produits, services IMPORTANT
associés, etc.).
Ce niveau de chômage est en Au 4e trimestre 2019, dans
grande partie dû à un coût
l’industrie et les services
du travail que le niveau des
charges continue de grever, marchands, une heure de
malgré certaines mesures prises travail coutait 37.46€ en
comme la transformation France. Contre 31.96€
au 01/01/2019 du CICE en en moyenne dans la zone
une réduction des cotisations euro. Seuls la Belgique et le
patronales pour les salaires Luxembourg affichaient un
inférieurs à 2.5 Smic. coût supérieur.
LES FRANÇAIS TRAVAILLENT
TOUJOURS MOINS
QUE LEURS VOISINS

A un taux de chômage plus élevé que dans les autres grands pays
européens, il faut ajouter un taux d’emploi plus faible. Si
LE «CONTRAT
67% de la population en âge de travailler possède un emploi au ENGAGEMENT JEUNE»
deuxième trimestre 2021 – proche de la moyenne de la zone euro ET LE RISQUE D’UN RSA
mais 8 à 9 points derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni – de JEUNE
nombreuses disparités existent.
Devant le chômage persistant
Le taux chute ainsi à 31.2% pour les 15-24 ans et n’atteint des jeunes, Emmanuel Macron
que 55.5% pour les 55-64 ans. Loin derrière l’Allemagne et le a proposé, à quelques mois
Royaume-Uni. Les Français travaillent aujourd’hui moins que des élections présidentielles,
leurs voisins européens. Selon une étude de la Direction générale qu’au moins 400 000 jeunes de
du Trésor de 2019, cette différence de temps de travail concerne : 16 à 25 ans puissent bénéficier
jusqu’à 500 euros par mois, en
> La semaine : la durée effective de travail, tous salariés échange de quelques heures
confondus, est de 36.1 heures, contre 36.3 en Europe. d’accompagnement ou de
Pour les seuls salariés à temps complet, l’écart est encore
formation par semaine.
plus grand : 39.1 heures contre 40.3.

> L’année : les Français bénéficient d’un « nombre de Si un budget de 500 millions
droits à jours de congés payés élevé par rapport aux autres d’euros pour 2022 est d’ores
pays européens » : 32 en moyenne en France contre 25 et déjà prévu, le coût total est
en Europe. évalué entre 1.2 et 2 milliards
d’euros.
> La vie : les Français profitent d’une sortie précoce du
marché du travail, deux ans avant la moyenne de Quant à la question
l’Union européenne, et qu’Emmanuel Macron a de la formation et de
consacrée lorsqu’il a refusé de mener la réforme des l’accompagnement, Emmanuel
retraites. Macron est resté très flou, ce qui
fait craindre que ce dispositif ne
soit en définitive qu’un simple
Un handicap pour notre économie dont a parfaitement
RSA jeune.
conscience Emmanuel Macron, qui déclarait en avril 2019 : « La
France travaille beaucoup moins que ses voisins : on rentre plus tard sur
le marché du travail, on part plus tôt en retraite et on travaille moins
dans l’année. » Sans toutefois que ce constat ne l’amène à une quelconque action pour ramener
les Français sur le chemin du travail et mettre un terme à leur appauvrissement. Avec un
taux de chômage relativement élevé, un taux d’emploi assez faible et une durée de travail sans cesse
raccourcie, la France se situait en 2019 au 26e rang des pays selon le PIB par habitant.

21
COMPÉTITIVITÉ
LA FRANCE, POIDS PLUME
DU COMMERCE
INTERNATIONAL

Avec un déficit de plus de 65 milliards d’euros en 2020,


LES CHIFFRES (2020) la France fait pâle figure face à l’excédent de 179.1 milliards
de l’Allemagne et de 63.5 milliards de l’Italie. Un décrochage
Déficit commercial : 65.2 Mds qui devrait s’accentuer en 2021. En effet, selon la Direction
(contre 57.9 Mds en 2019) générale des douanes et droits indirects, le déficit commercial
atteindrait, sur les 10 premiers mois de cette année, 63.3
Part de la France dans les milliards d’euros.
exportations de la zone euro
: 13.5% (contre 14.5% en 2019 et Aucun secteur n’est épargné par le décrochage, y compris ceux
17.9% en 2000) qui constituent les « bastions productifs » traditionnels de la
France, à l’image du secteur agroalimentaire. Selon le rapport
- Pour les biens : 12.7% d’information sénatorial « La France, un champion agricole : pour
(contre 13.9% en 2019) combien de temps encore ? », la France connaitra son premier déficit
agricole en 2023, après avoir vu son excédent en euros courants
divisé par deux entre 2011 et 2017.
- Pour les services : 15.7% (contre
16.1% en 2019) Emmanuel Macron, malgré ses discours volontaristes, n’aura
ainsi pas su infléchir la dégradation tendancielle du poids de la
Part de la France dans la valeur France dans le commerce international et en particulier dans les
ajoutée industrielle de la zone exportations de biens et services de la zone euro depuis 2000.
euro : 14.1% (contre 14.6% en 2019)
Au contraire, la chute s’accélère sans que la crise sanitaire
ne semble avoir eu un rôle déterminant. De nombreuses
économies européennes ont en effet mieux traversé la
crise. Entre 2019 et 2020, les exportations françaises de biens et services en valeur ont chuté
de 19.3%, alors que celles de l’ensemble de la zone euro n’ont diminué que de 13.2%.

Et alors que la France accuse un recul d’un point de sa part de marché dans les exportations
de biens et services de la zone euro, l’Italie ne perd que 0.4 point et l’Allemagne en gagne 0.5.
Quant au reste de la zone euro, sa part de marché progresse de 1.7 point.

22
5

LES EXPLICATIONS CONJONCTURELLES


NE SUFFISENT PAS
Ces éléments tendent ainsi à relativiser l’impact de la crise sanitaire. Ce que confirme Rexecode
qui met en lumière un indice de sévérité des mesures sanitaires plus élevé en Italie et en Espagne qu’en
France, sans que leur compétitivité ne dévisse autant.

Pas plus que la crise sanitaire, la spécialisation industrielle de la France n’explique la situation.

Loin d’être circonscrite aux seuls secteurs aéronautique ou agroalimentaire, la perte de


parts de marché a concerné la quasi-totalité des biens entre 2019 et 2020 : produits chimiques,
articles manufacturés, matériels informatiques ou de télécommunication, etc.

Or, ni l’Espagne, ni l’Italie, ni l’Allemagne n’ont connu une telle situation, eux qui affichent
un bilan beaucoup plus équilibré et peuvent même s’enorgueillir de certains succès, bâtis souvent
à nos dépens. Ainsi, alors que la France et l’Allemagne ont en commun un secteur aéronautique fort,
notre pays a perdu entre 2019 et 2020, 4.6 points de parts de marché dans les exportations
aéronautiques de la zone euro quand l’Allemagne en gagnait 2.5.

« IL FAUT TRAVAILLER SUR TOUT


L’ENVIRONNEMENT DE L’ENTREPRISE »
La compétitivité de la France recule avant Sur le déséquilibre entre la formation initiale
tout car le tissu industriel se contracte. et continue et la demande de compétences
Avec une part de l’industrie dans le PIB de 12.5% des entreprises : un tiers des chefs d’entreprise
– 10.1% pour l’industrie manufacturière – la industrielle, selon une enquête de la Banque
France est avec le Royaume-Uni le pays le plus de France d’août 2021, ont des difficultés pour
désindustrialisé du G7. recruter une main d’œuvre qualifiée.

Dans le rapport « Les politiques industrielles de la Sur l’investissement dans la recherche :


France : évolution et comparaisons internationales avec une Dépense Intérieure de Recherche et
» paru en novembre 2020, France Stratégie Développement de 2.19% du PIB en 2019, la
dénonce un environnement peu favorable France est en dessous de la moyenne de l’OCDE
à la réindustrialisation, qui dépasse le simple (2.38%). Il a fallu attendre juillet 2020 pour que
coût du travail ou la fiscalité. Pour Xavier Ragot, Frédérique Vidal promette de passer le budget de
Président de l’OFCE, « il faut travailler sur tout la recherche de 15 à 20 milliards d’euros par an.
l’environnement de l’entreprise : la formation, D’ici 2030.
mais aussi l’attractivité du territoire, la stabilité
Sur l’inflation normative qui « méconnaît les
administrative, la politique industrielle, etc. C’est
besoins des entreprises » et dresse des « obstacles entre
presque une philosophie économique en soi, qui ne doit
le monde de la recherche et celui de l’industrie » selon
pas se concentrer sur la seule question fiscale. »
le rapport de France Stratégie : aucun travail de
Or, sur toutes ces composantes, Emmanuel simplification n’aura été entamé.
Macron est en échec.

23
Sur la difficile éclosion d’ETI enfin : malgré un montant record LES IMPÔTS DE
de 5.14 milliards d’euros de fonds levés au premier semestre 2021 –
en hausse de 90% par rapport au premier semestre 2020 – la France
PRODUCTION EN CHIFFRE
repasse derrière l’Allemagne (7.83 milliards, en hausse de (2018)
298%) et reste très loin du Royaume-Uni (16.44 milliards,
en hausse de 243%). De plus, les startups françaises sont bien - 77 Mds d’euros,
moins nombreuses à solliciter des fonds late stage/growth. Selon - 3.7% de la valeur ajoutée (contre
le baromètre EY du capital-risque en France, seules 21 levées de 0.7% en Allemagne),
fonds étaient supérieures à 50 millions d’euros au premier - 2.1% du PIB (contre moins de 0.5%
semestre 2021, contre 33 en Allemagne et 62 au Royaume- en Allemagne).
Uni. De même, le growth equity – segment vers lequel se tournent Avec une baisse de 10 Mds
les structures au moment critique de leur développement où elles d’euros des impôts de production
ne sont plus de « jeunes pousses » et pas encore des entreprises décidée seulement cette année par
mâtures, et dont elles nécessitent des investissements de plusieurs le Gouvernement, la France reste
dizaines ou centaines de millions d’euros – représentait au premier encore très loin de la moyenne
semestre 2021, 39.7% des investissements dans les startups. Contre européenne.
56.7% en Allemagne et 58.6% au Royaume-Uni.

La faute à un écosystème moins mâture qu’en Allemagne et au Royaume-Uni et à des fonds dédiés
moins nombreux. Si Bruno Le Maire a fixé à 30 milliards d’euros l’objectif de collecte de fonds pour les
startups d’ici à fin 2022, plus des deux tiers proviendront de partenaires privés, dont des grandes banques
d’investissement internationales. A terme, la France aura peut-être des ETI technologiques plus
nombreuses, mais elles battront pavillon étranger.
RÉFORME DE L’ETAT
& DÉCENTRALISATION
UN ÉTAT TOUJOURS
AUSSI OBÈSE
Emmanuel Macron avait promis le non organisationnelles d’ampleur, comme la réforme
remplacement de 120 000 agents publics d’ici du statut de la fonction publique, la généralisation
2022, dont 50 000 dans la fonction publique du recours au contrat pour les agents, la
d’Etat. Un objectif ramené à 10 500 en 2019 suppression des doublons Etat-collectivités ou
puis définitivement abandonné en 2021. encore le transfert de la mission de placement de
Sur la période 2017-2022, la baisse du schéma Pôle Emploi à des acteurs privés.
d’emploi de l’Etat aura à peine été de 1250 ETP.
Alors que le quinquennat s’achève, le statut
« Notre objectif est désormais la stabilité des emplois à de la fonction publique n’a pas été modifié,
l’État » a ainsi sobrement déclaré Olivier Dussopt l’Etat possède toujours des directions dans
lors de la présentation du PLF 2022. les régions et départements pour remplir
des compétences qui ont été transférées à
La baisse de l’emploi public n’est pas la seule ces collectivités, le nombre de politiques
promesse qu’Emmanuel Macron a abandonnée. publiques n’a jamais été aussi important
La limitation du périmètre d’intervention et l’administration est toujours aussi
de la puissance publique et la rationalisation pléthorique, notamment à l’hôpital.
de son action figuraient également parmi Non seulement l’action publique n’a pas été
les axes majeurs du dispositif Action rationalisée, mais le poids des structures publiques
Publique 2022. Un objectif enterré avec le a été alourdi : le nombre de comités « Theodule »
rapport du Comité éponyme, paru en mars a ainsi augmenté, de 387 entités consultatives en
2018, qui comprenait des mesures d’économies 2018 à 394 en 2019, mettant ainsi un terme à dix
de 30 milliards d’euros et des réformes ans de baisse continue de leur nombre.

LES CHIFFRES
De même, rien n’aura été entrepris pour
- 2017 - 2018 : -0.4% du nombre d’agents lutter contre l’inflation normative, comme
publics (contrats aidés compris), l’a souligné David Lisnard lors de son élection
- 2018 – 2019 : +0.3% du nombre d’agents à la présidence de l’AMF : « Pour faire votre local à
publics. poubelle, il faut respecter le PLU, lui-même conforme
au PADD qui doit être respectueux en application
du SCOT quand il existe qui lui-même se met en
En 2020, les rémunérations brutes, hors application de la DTA, tout dans le respect du Sradet
cotisations sociales et contributions aux et du PLHi lorsqu’il a été adopté ».
régimes de retraite versées par les employeurs
publics, ont atteint près de 205 milliards
d’euros, soit 14.4% des dépenses publiques
et 8.9% du PIB. 25
LE QUINQUENNAT DE LA
RECENTRALISATION

Depuis les lois de décentralisation, rarement un


CE QUE LE Président de la République n’aura été aussi jacobin. Cela a
GOUVERNEMENT A commencé au lendemain de son élection, avec la suppression
REFUSÉ progressive de la taxe d’habitation qui s’est faite sans jamais
consulter les Maires. Méprisés, nombreux ont été également
jetés en pâture à la vindicte des réseaux sociaux, à travers
Le Gouvernement a dit non à
l’insupportable #balancetonmaire. Cette recentralisation
toutes les mesures d’adaptation a également touché les Régions, qui ont été en partie
de l’action publique aux réalités amputées de la compétence « apprentissage » que la réforme
locales proposées par le Sénat. Il de 2015 avait pourtant transférée à ces collectivités. La loi du
a ainsi refusé : 05/09/2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel
a ainsi réformé l’apprentissage en modifiant son financement,
- La garantie d’une compensation sa gouvernance et sa réglementation, sans que les Régions ne
financière pour toute soient jamais associées.
modification des compétences
locales, au moyen notamment Cette recentralisation a atteint son paroxysme lors de la
d’une autonomie financière crise sanitaire. Alors que les ARS ont été, selon les participants
réelle, d’une table ronde organisée au Sénat le 28/05/2020, « dépassées
sur le plan logistique, totalement perdues et incapables de gérer les
- L’inscription dans la flux, les livraisons et les stocks » et que leur action était marquée
par une « absence totale de coordination avec les médecins libéraux,
Constitution de :
les infirmières libérales ou les cliniques », le Gouvernement
> La clause de compétence a refusé de laisser les collectivités s’organiser pour
générale des communes, répondre à l’urgence.
> Le droit à la
différenciation. Ainsi, Olivier Véran a-t-il interdit au Maire de Cannes de
vacciner de manière anticipée de nouveaux publics, sous
- La mise en place de prétexte que cela contrevenait à la planification nationale du
mécanismes de délégation de Ministère. De même, face aux conséquences économiques de
compétences entre collectivités la pandémie, Emmanuel Macron a préféré instituer des « sous-
plus lisibles et flexibles pour préfets à la relance » au lieu de s’appuyer sur les Régions qui ont
faciliter leur coopération, la compétence du soutien au tissu économique.

- La prise en compte de l’impact Cette centralisation, où le respect des procédures


des lois votées sur les collectivités l’emporte sur l’efficacité, a été un échec, qu’Emmanuel
Macron lui-même a reconnu le 08/04/2021 : « La capacité
dans le processus législatif.
à mener une action publique résolue, rapide, vérifiable est remise
en cause par la multiplication des acteurs […] Aussi vrai qu’il faut
clarifier les financements, il faut d’abord clarifier les responsabilités ».

Pourtant, Emmanuel Macron a toujours refusé d’accepter la main tendue du Sénat sur le
sujet de la décentralisation et de la flexibilité de l’action publique, et de reprendre les 50
propositions pour le plein exercice des libertés locales contenues dans trois propositions de loi
ordinaire, organique et constitutionnelle.

26
« Je ne qualifierai pas
la décision du maire
de Cannes, je regrette
qu’il l’ait fait de manière
autonome sans alerter ni
la direction générale de
l’ARS ni même le préfet. »
Olivier
Véran
mars 2021

27
SANTÉ &
SOLIDARITÉ
LA FRANCE NE DISPOSE PLUS
DU MEILLEUR SYSTÈME DE
SANTÉ AU MONDE

Alors qu’en 2017, la France comptait 3.2 médecins pour 1 000 habitants, contre une moyenne
européenne de 3.6, et que 45% des médecins étaient âgés d’au moins 55 ans (13% âgés d’au moins 65 ans),
Emmanuel Macron promettait un doublement du nombre de maisons de santé et de centres de santé
pluriprofessionnels d’ici 2022. Une politique qui n’aura pas permis d’enrayer la désertification
médicale de la France – en 2019, selon un baromètre de l’AMF et de la Mutualité française, 7.4
millions de Français continuaient de vivre dans un désert médical – mais aura, en revanche, contribué
à étatiser toujours davantage l’exercice de la santé. En témoignent : la remise en cause du paiement à
l’acte au profit d’une rémunération au forfait, l’incitation à former des communautés professionnelles
territoriales de santé ou encore la volonté de financer la santé non plus par les cotisations mais par
l’impôt.

Pourtant, des solutions existent pour lutter contre les déserts médicaux : le groupe LR au
Sénat porte de longue date une mesure qui prévoit d’inclure, au terme des études de médecine, une
« année de professionnalisation », réalisée en cabinet ou maison de santé dans les zones sous-denses.
Ces territoires pourraient ainsi bénéficier chaque année de 3900 médecins généralistes
supplémentaires.

Insuffisante pour résorber le déficit en médecins de ville, l’action du Gouvernement pour


l’hôpital a tout simplement été inexistante. Avant le déclenchement de la pandémie, 30%
des postes de médecins étaient non-pourvus à l’hôpital et 30% des nouveaux infirmiers
abandonnaient la profession dans les cinq ans suivant l’obtention du diplôme. Cela s’expliquant
à la fois par une gouvernance technocratique qui contraint les soignants à respecter à la lettre les
contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens passés avec les ARS, et par une suradministration qui
écrase les salaires : 34% des effectifs hospitaliers sont non-soignants contre 25% en Allemagne,
soit un différentiel de 127 000 postes.

28
LE SÉGUR DE LA SANTÉ : UNE PLUIE D’ARGENT PUBLIC
MAIS AUCUNE RÉFORME STRUCTURELLE
La crise sanitaire a mis en évidence la grande prévalence des maladies chroniques, et
précarisation de nombreux personnels qui a conduit à une diminution de la durée de
médicaux ainsi que les défauts d’une séjour en réanimation et à une hausse de celle
gestion hospitalière trop centralisée dans les Unités de Surveillance Continue.
et bureaucratique. A ce double défi, le
Gouvernement n’a apporté qu’une réponse Or, que ce soit avant ou après la crise
financière, en débloquant plus de 27 milliards sanitaire, les raisons de cette inadéquation
d’euros (8.1 milliards pour les revalorisations dans l’offre de soins n’ont pas été résolues,
salariales, 6 milliards dédiés aux infrastructures ni même relevées par le Gouvernement : une
et une reprise de dette estimée à 13 milliards) et tarification trop « basse » pour les actes médicaux
en creusant d’autant la dette publique. des services de réanimation – chaque lit de
réanimation entraine un déficit annuel de 115
En optant pour une simple logique de moyens, 000 euros – l’absence de formation spécifique
le Gouvernement s’est refusé à lever un des infirmiers à la réanimation, l’asymétrie
certain nombre de difficultés structurelles réglementaire entre les services de réanimation
auxquelles l’hôpital est pourtant confronté et les USC, les conditions de travail éprouvantes
depuis de nombreuses années et dont fait dans les services de réanimation, etc.
état un rapport de la Cour des Comptes paru
en septembre 2021 : « une dégradation lente En refusant de provoquer un choc de
mais constante du taux d’équipement au regard confiance et de simplification, pourtant
des évolutions démographiques, une insuffisante attendu par tous les acteurs de la santé, en
modularité, une mise en réseau et une informatisation méprisant la médecine de ville et en poursuivant
très insuffisantes, de fortes tensions sur les ressources une logique d’étatisation, le Gouvernement
humaines, un mode de financement inadapté. » L’on n’a non seulement pas amélioré la situation de
aurait pu ajouter une centralisation excessive et l’hôpital à court terme – 18 mois après le début de
une gouvernance inadaptée. En effet, depuis la crise sanitaire, 20% des lits restent fermés – mais
2013, 5000 lits de réanimation sont ouverts a pris le risque d’hypothéquer davantage
en France. Un nombre insuffisant au regard sa capacité à faire face à une prochaine
du vieillissement de la population et de la plus situation exceptionnelle.
LA SOLIDARITÉ NATIONALE,
MAIS PAS POUR TOUS

La crise sanitaire et l’augmentation des dépenses revalorisation des prestations familiales. Cette
de soins ont conduit au déficit le plus élevé politique antinataliste, initiée par François
jamais enregistré par la sécurité sociale, Hollande et assumée par Emmanuel Macron, a
à près de 40 milliards d’euros en 2020. La conduit à une baisse continue de l’indicateur
pandémie a ainsi annihilé tous les efforts entrepris conjoncturel de fécondité depuis 2014. Alors
depuis 2017 pour parvenir à l’équilibre. Des que celui-ci oscillait entre 2006 et 2014 autour
efforts qui ont néanmoins toujours été demandés de 2.0 enfants par femme, il n’a cessé depuis de
aux mêmes personnes. diminuer pour atteindre 1.84 en 2020.

Aux retraités premièrement. Depuis le Aux handicapés enfin, frappés de plein fouet
01/01/2018, environ 8.2 millions de retraités par le rejet par le Gouvernement du principe
subissent une hausse de 1.7% de la CSG. Pour d’individualisation de l’Allocation aux
l’année 2018, les ménages de retraités ont vu Adultes Handicapés, qui aurait permis de ne
leur niveau de vie chuter de 2%, quand celui pas tenir compte des revenus du conjoint dans le
de l’ensemble des Français ne perdait « que calcul de l’allocation. Une décision insupportable
» 0.4%. En outre, les retraités ont également et inique qui renforce un peu plus la dépendance
subi la sous-indexation de leur pension vis-à-vis de leur conjoint de personnes déjà
en 2019 et 2020 et le gel de leur pension durement frappées par la vie.
complémentaire en 2020. Par ailleurs, les
affiliés Agirc-Arcco ont également dû subir
la décision des partenaires sociaux de sous-
indexer durant les deux prochaines années la part
complémentaire de leur retraite de 0.5 point par
rapport à l’inflation.

Aux familles ensuite. Après François


Hollande, Emmanuel Macron a continué de
transformer les prestations familiales en
un instrument de redistribution sociale,
abandonnant l’objectif de soutien à la
natalité. Depuis 2014, un grand nombre de
familles sont ainsi pénalisées par la mise
en place d’un système de dégressivité des
allocations familiales lié aux revenus et
par la modulation de l’allocation de base de la
Prestation d’Accueil du Jeune Enfant, également
placée sous conditions de ressources. Par ailleurs,
en 2019, elles ont dû de surcroit subir la sous-

30
En définitive, les retraités, les familles et les
plus vulnérables d’entre nous, auront continué LOGIQUE ADMINISTRATIVE CONTRE
de payer l’incapacité publique à réformer en PRINCIPE D’HUMANITÉ
profondeur notre modèle social.

A commencer par notre système des retraites, Au plus fort de la crise, de nombreuses familles
qui affichera en 2025 un déficit de dix milliards ont dû supporter la douleur du deuil et celle de
d’euros. Emmanuel Macron aura été le seul ne pas avoir pu être avec leurs proches dans les
Président depuis 25 ans à ne pas avoir fait une derniers instants.
réforme des retraites.
Pour éviter que la logique administrative
Il aura ainsi rejeté le vote du Sénat intervenant n’écrase à nouveau les principes d’humanité, le
chaque année à l’occasion de l’examen du budget de groupe LR au Sénat avait proposé que soit créé
la sécurité sociale, en faveur d’un report progressif un « droit de visite opposable » dans les hôpitaux
de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. et les Ehpad et dont l’appréciation n’aurait
été confiée, en cas de crise sanitaire, qu’aux
Et ce au motif d’un projet de transformation du personnels soignants et non à l’administration.
système par répartition en un système à points,
unique et étatisé. Système aujourd’hui enterré,
Si le Sénat a voté à l’unanimité ce texte, le
remplacé par une vague promesse du Président
Macron de repousser l’âge de départ à la retraite, ce Gouvernement l’a renvoyé à un « groupe de
que le candidat Macron s’était précisément engagé, travail » interministériel dont les conclusions
en 2017, à ne pas faire… se font toujours attendre.
ENVIRONNEMENT
LE NUCLÉAIRE : UN « EN MÊME
TEMPS » IRRESPONSABLE ET
PRÉJUDICIABLE

Durant plus de quatre ans, Emmanuel Macron ne se soit


Macron n’aura cessé de fragiliser l’industrie opposé à cette
LE NUCLÉAIRE,
nucléaire, avec notamment la fermeture de décision, et qui a UNE ÉNERGIE
Fessenheim, site parmi les plus surs de France demandé à ce qu’EDF DÉCARBONNÉE
selon l’Autorité de Sureté Nucléaire et qui a soit démantelé, avec (CO2/kWh)
obligé l’Etat à dédommager EDF de 400 millions le concours, dans un
d’euros. Une gabegie financière amenée à se premier temps, du Nucléaire : 12g
reproduire puisque 14 autres réacteurs doivent Gouvernement. Hydraulique : 24g
être fermés d’ici 2035. Si les choix d’Emmanuel Solaire : 41-48g
Macron pèsent déjà sur les finances publiques, Si Emmanuel Macron, Gaz : 490g
ils menacent également notre indépendance parce qu’il va entrer Charbon : 820g
énergétique future, avec l’abandon du programme en campagne et
Astrid, le projet de réacteur nucléaire de quatrième qu’il est confronté
génération capable de recycler les combustibles à l’augmentation du prix du gaz, semble avoir
usagés. redécouvert les bienfaits du nucléaire, il reste
coupable du temps perdu, tant l’impératif
Fragilisé en France, le secteur nucléaire de sécurisation de nos approvisionnements
est également dans le collimateur de la énergétiques nécessite une stratégie
Commission européenne qui a interdit le constante et des investissements lourds sur le
financement des projets nucléaires par temps long.
les green bonds européens, sans qu’Emmanuel

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES


NE SONT PAS AU RENDEZ-VOUS
En juin 2021, Barbara Pompili Pourtant, l’augmentation
déclarait à propos des énergies de leur part n’est pas à la
renouvelables : « Il faut qu’on hauteur des ambitions
installe partout une filière, parce qu’Emmanuel Macron
que j’en ai marre qu’on soit en affichait lui-même. En
retard sur ces énergies-là qui, 2020, la part du renouvelable
selon l’Agence internationale de a ainsi atteint 19.1% de la
l’énergie représenteront 90 % de la consommation finale brute
production d’électricité. On ne peut d’énergie. Loin de l’objectif de
pas être à la traîne là-dessus. » 23%.
Un retard qui a poussé le Gouvernement à modifier a posteriori les
objectifs de sa stratégie nationale bas carbone, en remplaçant pour
L’ILLUSION DU 100%
2019 une baisse des émissions de GES initialement prévue de EnR
2.3% par une baisse de 1.5%. Un tour de « passe-passe » qui lui a ainsi
permis de se prévaloir, grâce à une diminution constatée de 1.9%, Le rapport « Futurs
d’un dépassement de ses objectifs. Un retard qu’a d’ailleurs souligné énergétiques 2050 » de RTE
le Haut Conseil pour le Climat : « En raison du retard accumulé par la l’affirme : la France doit
France, le rythme actuel de réduction annuelle devra pratiquement doubler, développer les EnR matures,
pour atteindre au moins 3% dès 2021 et 3.3% en moyenne sur la période du prolonger le nucléaire
troisième budget carbone (2024-2028). » existant et investir dans les
EPR. Aucun mix ne peut en
D’un côté, des énergies renouvelables insuffisantes pour effet reposer sur les seules
répondre à la hausse que prévoit RTE de 20% de la demande énergies intermittentes : en
d’électricité d’ici 2035. De l’autre, une obstination à fermer septembre 2020, lorsque la
des réacteurs nucléaires sans même conditionner leur France a importé 717 GWh
arrêt à de nouvelles capacités d’énergies renouvelables
de plus qu’elle n’a exporté,
équivalentes - mesure de bon sens proposée par le groupe LR au
Sénat et refusée par le Gouvernement. Voilà le bilan énergétique en majorité des centrales
d’Emmanuel Macron. Avec un tel bilan, la France s’expose à charbon allemandes, la
mécaniquement au risque de blackout que dénonçait production éolienne a atteint
récemment Barbara Pompili et à la nécessité de rouvrir des 19% de sa capacité totale
centrales à charbon. A moins que nous ne soyons contraints de pendant les deux premières
sacrifier notre indépendance énergétique en important davantage semaines, puis 50.2% la
d’électricité, issue des énergies fossiles, que nous ne le faisons troisième et enfin 75% la
actuellement. Déjà en 2020, la France a importé l’équivalent quatrième, avant de rechuter
de 43 jours de consommation énergétique, contre 25 en 2019. lourdement.

CETA, LOI ÉNERGIE-CLIMAT, CONVENTION L’INACTION


CLIMATIQUE
CITOYENNE : LA GRANDE TARTUFFERIE DE L’ÉTAT
CONDAMNÉE
En matière d’environnement, diminution des émissions de gaz à
Emmanuel Macron n’a cessé de effet de serre. Dans le même temps,
faire le contraire de ce qu’il a il sacrifiait l’industrie nucléaire et En juillet 2020, le
promis. Il s’était engagé, en septembre importait de l’électricité carbonée Conseil d’Etat a enjoint
2019, à « ne plus avoir un agenda d’Allemagne. Une politique de le Gouvernement à
commercial contraire à notre agenda non-sens qui a valu à l’Etat d’être prendre les mesures
climatique » et à viser le « zéro carbone et condamné pour n’avoir pas respecté nécessaires pour
le zéro déforestation ». Dans le même ses objectifs en termes de lutte contre réduire la pollution
temps, l’Assemblée nationale le réchauffement climatique. de l’air sous peine
ratifiait le CETA et l’importation d’une astreinte de 10
de produits agricoles respectant des
Emmanuel Macron voulait millions d’euros par
règles environnementales moins promouvoir une écologie positive semestre de retard.
strictes que celles auxquelles sont
réconciliant le développement humain
soumis les producteurs français. Peu
et la préservation de l’environnement. En octobre 2021, le
après, le Parlement européen Dans le même temps, il choisissait Tribunal administratif
ratifiait un accord de libre- l’écologie punitive à travers
de Paris a condamné
échange avec le Vietnam et la l’augmentation de la TICPE qui
Commission signait un nouvel pénalise traditionnellement les l’Etat pour n’avoir
accord avec le Mexique. classes moyennes et instituait une pas respecté ses
Convention citoyenne pour le climat engagements de baisse
Emmanuel Macron avait affiché qui proposa d’inscrire l’idéologie de la des émissions de GES
des objectifs très ambitieux de décroissance dans la Constitution. entre 2015 et 2018.
« 14 réacteurs de 900
MW seront fermés d’ici
2035. Ce mouvement
commencera à l’été 2020
avec l’arrêt définitif des 2
réacteurs de Fessenheim.
Il se prolongera avec
la fermeture de 4 à 6
réacteurs avant 2030. »
Emmanuel
Macron
novembre 2018 « Nous allons, pour la
première fois depuis des
décennies, relancer la
construction de réacteurs
nucléaires dans notre
pays. »
Emmanuel
Macron
novembre 2021

35
LOGEMENT
UNE BAISSE DU NOMBRE
DE CONSTRUCTIONS

Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne présidentielle, de relancer la construction


immobilière pour répondre aux besoins de logement des Français. Les étudiants et les jeunes actifs
devaient par exemple bénéficier respectivement de 60 000 et 20 000 nouveaux logements dédiés. Or,
entre 2017 et 2020, le nombre de permis de construire délivrés n’aura cessé de diminuer,
passant de 497 000 à 381 600 annuels. Quant aux mises en chantier, elles auront suivi la
même tendance sur la période, passant de 436 000 à 376 700
annuelles. Des logements collectifs aux maisons individuelles, LA HAUSSE DES PRIX
aucun type de logement n’aura été épargné par la pénurie. DE L’IMMOBILIER,
CONSÉQUENCE DE
Cette crise du logement est le fruit de décisions qui ont L’IMMOBILISME
pénalisé l’ensemble des acteurs du secteur. Dès l’été 2017, le
Gouvernement a ainsi décidé une baisse des APL de cinq
Depuis l’élection d’Emmanuel
euros qu’il entendait compenser, pour les locataires du parc
social bénéficiaires de cette aide, par la mise en place d’une Macron, et jusqu’à l’été 2021,
Réduction de Loyer de Solidarité d’un montant équivalent et le coût de l’immobilier, neuf
dont la charge incombait aux organismes HLM. Ce faisant, et ancien, s’est accru de plus
le Gouvernement a grevé les capacités d’investissement de 18.5%. Et ce, alors que la
de ces structures. Le Gouvernement a également décidé dynamique était au recul des prix
de raboter, à partir du 01/02/2018, les conditions d’accès entre 2011 et 2016. Quant aux
au dispositif « APL accession » qui permettait aux ménages loyers, dans le parc privé, ils ont
modestes d’accéder à la propriété, avant de le supprimer augmenté sur la même période de
définitivement en 2020. près de 3%.
Les Français payent ainsi les
Au-delà de ces décisions contreproductives, le Gouvernement erreurs et les hésitations du
a également nourri un climat d’incertitude en Gouvernement qui ont abouti à
entretenant des revirements successifs sur un grand créer un climat d’inquiétude qui
nombre de dispositifs. Alors que le Gouvernement a
s’est traduit par une pénurie, alors
décidé en 2017 de ne pas reconduire le dispositif d’Aide
aux Maires Bâtisseurs, qui soutient financièrement que les besoins sont estimés à 500
les Maires qui facilitent la construction immobilière, il a 000 logements par an.
finalement arbitré dans un sens contraire trois ans plus tard,
en incluant dans le plan de relance de 2020 un mécanisme équivalent. Fidèle à son habitude, le
Gouvernement a fini par instituer une commission afin de réfléchir à ce sujet et à d’autres.
Ces atermoiements auront été poussés jusqu’à la caricature sur la question du « Prêt à Taux
Zéro » : entre les lois de finances 2018 et 2022, le dispositif a été prorogé trois fois et modifié
dans ses conditions d’accès deux fois, dont une modification relative à la contemporanéisation des
revenus, abandonnée avant même son entrée en vigueur.
UNE POLITIQUE DU LOGEMENT À
RÉFORMER DE TOUTE URGENCE

La politique du logement d’Emmanuel Macron aura ainsi été réduite, durant cinq années, à une
valse-hésitation et à des rabots insignifiants. Le secteur n’aura pourtant jamais eu autant besoin d’une
réforme profonde qui simplifie et rationalise l’action publique.

Parmi les 37.6 milliards d’euros dédiés à la politique du logement, toutes administrations
publiques confondues, 14 milliards proviennent d’un ensemble de 65 dépenses fiscales.

Or, selon un rapport de la Cour des Comptes paru en novembre 2021, ces dépenses fiscales « sont
devenues si complexes qu’elles ne concourent ni à la transparence ni à l’efficience de cette politique. Faute
d’arbitrage entre les différents leviers (construction dans les zones tendues, modération des loyers, développement
de la propriété et de la primo-accession, ventes de logements sociaux, etc.), nombre de ces dépenses fiscales sont
gérées dans une logique de droits acquis ou de reconduction. Ainsi, peu de logements sont concernés par le
bénéfice de ces dépenses fiscales au regard de la production totale de logements et aucune étude économique n’est
concluante sur l’effet qu’elles peuvent avoir sur la production de logements locatifs. »

A nouveau, l’absence de réformes qui aura marqué le quinquennat aboutit à une action publique
inefficace et une dépense stérile. Une absence dont pâtissent les Français, et ce bien au-delà de
la pénurie de logements. En effet, malgré ces 37.6 milliards d’euros, soit 1.6% du PIB (contre une
moyenne UE de 0.5%), « la dépense de logement restant à la charge des ménages français demeure à la fois
plus élevée (26.2% de leur revenu en 2019, contre 23.5% au sein de l’Union européenne) et croissante (20.9% de
leurs dépenses de consommation en 2020, contre 19% en 2008). »
LA MAISON INDIVIDUELLE : LE POIDS DES
RÉGLEMENTATIONS
DU BONHEUR SIMPLE À L’ÉCOCIDE ENVIRONNEMENTALES
Pour nombre de Français, la maison individuelle est A l’image de nombreux
le projet d’une vie. Elle est la promesse de voir ses enfants autres secteurs et industries,
s’épanouir loin des centres urbains saturés de circulation,
le logement est paralysé
de bruit, de pollution et d’insécurité.
par une surrèglementation
Si 58% des Français habitaient au 01/01/2018 un tel environnementale qui alourdit les
logement, ils sont aujourd’hui 75% à plébisciter ce coûts et entraine une baisse de la
mode de vie. Une aspiration que la crise sanitaire et les demande.
désagréments des divers confinements ont profondément
renforcée. Depuis le 01/01/2021, la RE2020,
une nouvelle réglementation
A cette aspiration naturelle et légitime, le Gouvernement environnementale, s’applique aux
a répondu par la culpabilisation en pointant du doigt constructions neuves. Si l’objectif
ce « non-sens écologique, économique et social » qu’est le « de diminuer l’impact carbone
modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture ». Or, c’est des bâtiments est louable, elle
bien davantage le modèle d’Emmanuelle Wargon de « entrainera une hausse des coûts de
densité heureuse » qui va aujourd’hui à contresens. construction de l’ordre de 10%.

Les grands ensembles urbains généralement reliés à des zones commerciales périphériques,
sont bien davantage responsables de l’artificialisation des sols que les habitats individuels
accolés les uns aux autres.

Du reste, quel modèle d’habitat le Gouvernement vante-t-il ? Celui des fractures géographiques que la
crise des Gilets jaunes a révélées et qu’une politique de densification ne ferait qu’accroitre ?

« Le modèle à l’ancienne du
pavillon avec jardin n’est plus
soutenable et nous mène à une
impasse »

Emmanuelle
Wargon
Octobre 2021
38
EUROPE
DES PROPOSITIONS
RESTÉES LETTRE MORTE

Après son échec à faire adopter, en tout début de


mandat, un projet fédéraliste de budget permanent pour
LES TRAVAILLEURS DÉTACHÉS :
la zone euro, doté de plusieurs points de PIB et géré LA QUESTION N’EST PAS RÉGLÉE
par un Ministre européen des finances sous le contrôle
d’un Parlement de la zone euro, Emmanuel Macron Depuis la révision de 2018, une
a tenté de favoriser une plus grande convergence entreprise est tenue de respecter
entre les pays européens. Sans plus de succès. pour son employé la rémunération,
le temps et les conditions de travail
Dans une lettre adressée aux citoyens des nations en vigueur en France. Néanmoins, les
européennes en mars 2019, Emmanuel Macron cotisations sociales continuent d’être
présentait ainsi de nombreuses propositions devant payées dans le pays d’origine, où le taux
mener à « une renaissance européenne ». Chacune est nécessairement inférieur à celui
des réformes qu’il souhaitait voir aboutir s’est de la France, parmi les plus élevés de
néanmoins heurtée au scepticisme, sinon à l’Union. Un travailleur détaché reste
l’indifférence, des autres chefs d’Etat et de ainsi toujours plus avantageux qu’un
gouvernement.
travailleur français.
Emmanuel Macron a ainsi échoué à :
1. « Réformer la politique de la concurrence » qui empêche la constitution de grands champions
industriels européens et à « assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une
préférence européenne ». Hormis une révision des conditions des PIIEC, aucune réforme n’a été
menée.

2. « Remettre à plat l’espace Schengen », à travers des « obligations de responsabilité (contrôle rigoureux
des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus) » et
« une police des frontières commune et un office européen de l’asile sous l’autorité d’un Conseil européen
de sécurité intérieure ». S’il a fallu attendre l’été 2021 pour que la Commission annonce une
future révision du code frontières Schengen, celui-ci ne contiendra pas plus qu’aujourd’hui de
régime de sanctions ou de système de pilotage politique de haut niveau de l’espace Schengen.

3. « Instaurer pour chaque travailleur […] un bouclier social lui garantissant la même rémunération
sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen ». Emmanuel Macron a ici essuyé le
refus des pays nordiques et d’Europe de l’Est qui y ont vu respectivement une remise en cause
de leur modèle social et de leur compétitivité.
40
En échec sur les réformes structurelles, Emmanuel Macron n’est pas plus heureux sur les
débats ponctuels. Dernier exemple en date : son souhait de remettre en cause les règles du marché
de l’énergie qui lient prix du gaz et de l’électricité, dans un contexte d’augmentation générale des prix.
Ce projet a été repoussé par la Commission européenne et la plupart des Etats membres, et tancé pour
sa démagogie par la Commission de régulation de l’énergie, autorité administrative française.

Le rejet de ces nombreuses propositions marque l’affaiblissement de la France sur la scène


européenne, alors qu’elle aborde la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne.
Elle paye ainsi les conséquences de son incapacité à se réformer et sa relégation parmi les économies
secondaires de la zone euro.

Incapable de tirer les leçons de ces revers répétés et de proposer un agenda plus modeste mais
plus consensuel et réaliste, Emmanuel Macron a au contraire choisi de persévérer. Au-delà des
traditionnelles incantations pour une directive sur les salaires minimums, pour une réforme
en profondeur de Schengen ou encore pour une souveraineté européenne, Emmanuel Macron a
proposé un new deal économique et financier avec l’Afrique, un nouveau cadre budgétaire, un service
civique européen, une histoire et une historiographie « officielles » de l’Europe, etc. Un programme
titanesque pour une période de six mois. Ou moins de six mois car faut-il rappeler la date du
premier tour des élections présidentielles ?

Alors qu’il était tout à fait possible de décaler la présidence française et de donner au prochain
chef de l’Etat un semestre plein et une forte légitimité pour impulser une nouvelle politique
européenne qui restaure le rang de la France, Emmanuel Macron a choisi de privilégier son
intérêt personnel et sa stratégie de communication.
PLAN DE RELANCE : LE COMPTE N’Y
EST PAS POUR LA FRANCE
Emmanuel Macron présente la conclusion européen pour compenser les rabais octroyés et
du plan de relance européen comme un la probabilité d’arbitrages en sa défaveur sur les
grand succès. Cela l’est sans doute pour modalités de remboursement, en cas d’absence de
d’autres pays européens qui ont su faire ressources propres.
prévaloir leurs intérêts.
Plus inquiétant encore, la France a sacrifié
En effet, l’Allemagne a obtenu que les plans des programmes importants pour elle qui
de relance de chaque Etat soient validés par la devaient bénéficier du budget pluriannuel
Commission puis au Conseil des Ministres à la de l’UE. A titre d’exemple, le Fonds européen de
majorité qualifiée et que les financements soient défense, que la France a pourtant promu auprès
obtenus en échange de réformes structurelles.. de ses partenaires est passé de 13 à 8 milliards sur
la période 2021-2027.
Les pays frugaux ont obtenu une large baisse
de la part des subventions ainsi que le maintien, L’ILLUSION DES RESSOURCES
voire l’augmentation, de leurs rabais au budget de PROPRES
l’UE.
Emmanuel Macron avait promis que le
Quant aux pays du sud de l’Europe, comme plan ne serait pas financé par des impôts
l’Italie et l’Espagne, ils recevront respectivement nouveaux mais par des ressources propres,
70 et 60 milliards d’euros de subventions. parmi lesquelles la taxe GAFA. Celle-ci ne
S’agissant de la France, pour à peine 40 milliards verra probablement pas le jour, les Etats-Unis
d’euros – une somme qu’elle aurait sans problème
ayant accepté la taxation des multinationales
pu emprunter à des taux négatifs –notre pays a
accepté une tutelle budgétaire renforcée, une en échange de son abandon. Une ressource
augmentation de sa contribution au budget propre en moins pour l’Europe donc.

L’EUROPE ET LE
LE PARI RATÉ DE « PARAPLUIE
L’AUTONOMIE STRATÉGIQUE AMÉRICAIN »

Depuis le jour de son élection, Emmanuel Macron Emmanuel Macron n’aura pas réussi
n’a eu de cesse de promouvoir une hypothétique à convaincre les Européens de ne plus
souveraineté européenne, notamment au travers compter uniquement sur le « parapluie
de grands projets industriels communs. Pourtant, américain ».
les preuves de la pusillanimité des Européens Depuis plus de quatre ans, l’Europe
à s’affirmer comme des acteurs politiques et refuse de s’engager face à la Turquie
militaires se sont accumulées. qui menaçait l’intégrité de la Grèce et
entretenait le conflit en Lybie ou encore
Nombre de projets lancés en coopération – face aux groupes terroristes au Mali :
hélicoptère Tigre, missiles MAST-F – ont été
plus d’un an après le lancement de la
abandonnés ou sont en grand danger.
Task Force Takuba, seuls sept pays y
participent, à hauteur de 300 hommes.
42
Soit autant que la France.
Quant aux autres, à l’image du SCAF, les industriels français font face à des exigences de
partage des connaissances et de la maitrise d’œuvre toujours plus poussées de la part de
leurs homologues européens.

Ces programmes sont d’autant plus fragilisés que de nombreux pays préfèrent, malgré les appels
d’Emmanuel Macron à une plus grande solidarité européenne, s’équiper en matériels américains.

A l’image de l’Allemagne qui a choisi d’acquérir cinq avions-patrouilleurs, en dépit du


programme franco-allemand MAWS initié en 2017 et censé développer de tels équipements.
Conséquence du désintérêt européen pour une défense commune, le secteur est absent du plan de
relance de 750 milliards.

« Le vrai Danois
n’existe pas, il est
déjà Européen. C’est
vrai aussi pour les
Français »

Emmanuel
Macron
août 2018

43

Vous aimerez peut-être aussi