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Revue française d'histoire d'outre-

mer

Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939)


Léonard I. Sah

Abstract
It was in 1 936 that Germany began officially and loudly to claim the return of its former colony. Nazi propaganda going along
with this demand was to a certain extend echoed throughout part of Cameroonians among who the prominent personalities were
members of the Native Baptist Church led by Révérend Lotin Samé.
The repression of French Administration swooped down on the whole germanophile Cameroonian community. In the meantime,
German scholars and notabilities has payed some surveying visits to Cameroon, while their compatriots living in British
Cameroon and Spanish Guinea did their Cameroonian workers some paramilitary training.
In French Cameroon, a séries of spying activities followed one another, aiming at a future armed take-over of the Reich former
colony. But germanophiles found francophiles, mainly young people, facing them as a counterbalance.
World War II brought this situation to an end, situation which the administrating power could actually be worried about.

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Sah Léonard I. Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939). In: Revue française d'histoire d'outre-mer,
tome 69, n°255, 2e trimestre 1982. pp. 129-144;

doi : https://doi.org/10.3406/outre.1982.2358

https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1982_num_69_255_2358

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\2S

ACTIVITÉS ALLEMANDES

ET GERMANOPHILIE AU CAMEROUN
(1936-1939)*

par
LÉONARD I. SAH

Parmi les principales préoccupations de l'administration française au Cameroun


dans l'entre-deux-guerres figuraient en bonne place les revendications du Hle
Reich visant à récupérer son ancienne colonie. Les responsables des mandats
français et britannique furent amenés à accorder à ce problême d'autant plus
d'attention que l'influence allemande dans les deux territoires se faisait de plus
en plus sentir. Les Allemands qui revinrent au Cameroun français travaillaient
dans diverses compagnies commerciales françaises, britanniques et allemandes
installées surtout à Douala et à Kribi ; certains d'entre eux purent acquérir en
toute propriété de petites plantations; apparemment, ils semblaient accepter
leur nouvelle situation et le statu quo dans leur ancienne colonie ; ce n'était là
qu'apparence car, avec le temps, il apparut clairement qu'ils souhaitaient le
retour du Cameroun à l'Allemagne ; ils ne tardèrent d'ailleurs pas à passer à
l'action en animant sur place une importante propagande doublée de missions
d'espionnage destinées à obtenir la rétrocession de la colonie à l'Allemagne.
Beaucoup plus que les Anglais, les Français laissèrent percevoir une inquiétude
certaine qui pesa sur la conception et l'orientation de leur politique dans la
mesure où, soucieux d'écarter le danger dans une population restée en partie
germanophile, ils cherchèrent à s'attirer la sympathie des indigènes ; certaines
méthodes coloniales appliquées depuis le début du mandat français, notamment
le système de l'indigénat, les travaux forcés et l'organisation de la justice, furent
de ce fait revues, repensées de manière à donner, dans une certaine mesure,
satisfaction aux désirs des Camerounais. Telle était la situation sur place, à
laquelle les administrateurs envoyés par la rue Oudinot étaient confrontés.
Sur la scène internationale, la diplomatie allemande n'était pas moins active.
Elle était d'ailleurs plus dynamique et plus offensive que l'action des Allemands
du Cameroun qui, obligés de tenir compte des présences française et anglaise

* Ce travail entre dans le cadre de la préparation d'une thèse d'État en histoire sur le
Cameroun dans la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) en voie d'achèvement par
l'auteur (Université de Paris I).
Rev. franc. d'Hist. d'Outre-Mer, t. LXIX (1982), n» 255.
130 LÉONARD I. SAH

comme puissances administrantes, avaient les mains moins libres que celles des
hommes politiques et des diplomates qui intervenaient et agissaient depuis
Berlin. De puissantes associations coloniales comptant des milliers d'adhérents
furent créées. Elles s'occupaient soit de la propagande, soit des problèmes
économiques et commerciaux, ou bien regroupèrent les anciens colons. La plupart de
ces organisations étaient représentées au sein d'une centrale, la K.O.R.A.G.1.
Quant aux différents gouvernements, ils n'avaient jamais admis comme un fait
accompli la perte des colonies; mais le désir de les récupérer fut longtemps
timidement exprimé et même souvent purement et simplement refoulé à cause
de la conjoncture européenne peu favorable à l'Allemagne.
La situation changea avec l'avènement du Ille Reich. L'Allemagne nazie, en
effet, acquit une place de plus en plus prépondérante en Europe et ses dirigeants
en profitèrent, parce qu'ils avaient dorénavant les mains libres, pour développer
leur propagande coloniale. Le 7 mars 1936, jour de l'occupation de la zone
démilitarisée de la Rhénanie par les troupes allemandes, Hitler rendit officielles
ses revendications2. Le Fùhrer fut appuyé dans son action par de hauts
dignitaires nazis dont Hjalmar Schacht, directeur de la Reichsbank, ministre de
l'Économie, et le général Von Epp, gouverneur de la Bavière et responsable du
nouveau mouvement colonial réorganisé et centralisé dans la Ligue coloniale
du Reich (RJC.B.) et dans YOffice colonial du Reich (KJP.A./N.SD.A J.)3. De
gros moyens furent utilisés à partir de 1936 pour faire connaître en substance
à l'opinion allemande et internationale ces revendications et les maintenir,
souvent bruyamment, sous les feux de l'actualité.
Pourtant, c'était pat des paroles apparemment définitives qu'en août 1934
Hitler avait affirmé au journaliste anglais Ward Price que l'Allemagne «n'avait
rien à demander à l'Angleterre, des colonies moins que toute autre chose».
En rappelant cette déclaration deux ans plus tard, dans le Temps du 17 octobre
1936, Gratien Candace devait constater que les choses avaient bien changé.
Pour l'ancien sous-secrétaire d'État français aux Colonies, Hitler était encore,
en 1934, fidèle à la doctrine âuMein Kampf, selon laquelle l'avenir de
l'Allemagne était en Europe et non pas en Asie ou en Afrique ; à l'arrivée d'Hitler
au pouvoir, la propagande coloniale n'était encore le fait que de groupes sans
influence décisive sur l'opinion et surtout, ce qui est plus important, sans
intelligence dans l'état-major du parti national-socialiste. Par contre, en 1936,
le thème colonial était bruyamment exploité ; le gouvernement et le parti s'y
intéressèrent officiellement à un tel point que le Manchester Guardian put
souligner non sans humour qu'il existait maintenant tout ce qui était nécessaire
pour constituer un empire colonial, à la seule exception des colonies elles-
mêmes4. C'est donc dans ce contexte que les autorités du Reich s'activèrent
à développer une gigantesque propagande destinée à sensibiliser simultanément
les opinions nationales et internationales, y compris celle des anciens sujets
coloniaux de l'Empire alors administrés par les Anglais et les Français.

Sur place, au Cameroun, la propagande allemande (dans la partie aussi bien


française que britannique) fut placée sous la haute direction du Deutscher
Kolonial Dienst (Office colonial allemand) dont le siège était à Nuremberg.
Il existait au Cameroun en 1936 un Landesgmppe (Groupe des représentants
ACTIVITÉS PRO-ALLEMANDES AU CAMEROUN 131

du Land) qui comprenait deux directions : une direction politique et une


s'occupant de la propagande, des mouvements et de la situation individuelle
des Allemands résidents. Selon le bulletin de renseignement n* 1 du
des forces de police du Cameroun daté du 3 septembre 1936 (Yaoundé), la
direction politique aurait été assurée par le chef de la société Dekage à Douala5.
Quant à la direction de la propagande, elle aurait été confiée à un Allemand
résidant au Cameroun britannique, directeur d'une plantation et dont le nom
était connu des autorités françaises ; il s'agirait de Théo Bleich, propriétaire de
la plantation de bananes de Likomba, une localité située entre Buéa et Tiko,
la Kamerun Bananen Gesellschaft6. Bleich était assisté de deux adjoints,
directeurs de plantations et résidant au Cameroun britannique. La liaison
entre l'ancienne métropole et le Cameroun s'effectuait par des bateaux allemands
qui avaient tous à leur bord un politischer Leiter (guide politique).
Il existait également au Cameroun une association connue sous le nom de
Kamerun Eingeborenen Deutsch Geseinter Verein (Association des indigènes
camerounais germanophiles). Selon le bulletin de renseignements de septembre
1936, cette association ne semblait pas jouir d'un grand crédit auprès des
mais le gouverneur Bonnecarrère n'était pas de cet avis, lui qui, dans un
rapport au ministre des Colonies, s'inquiétait dès 1933 de l'ampleur prise par les
activités de lu Native Church et signalait la découverte d'un foyer d'agitation dans
le sud de la circonscription de Nkongsamba, en région Pongo (les habitants de
Pongo portent le même nom)7. Or l'association germanophile avait de nombreux
amis dans la mission de la Native Baptist Church dont les adeptes avaient pour
profession d'assurer, moyennant un salaire assez conséquent, le chargement des
bateaux bananiers allemands8. Avant de quitter le Cameroun à cause de la
Première Guerre mondiale, les pasteurs allemands avaient confié la direction de
leur église à leur homologue camerounais, Lotin Samé9. En 1922, des
de l'église protestante française l'expulsèrent de la direction de la Native
Church sous le prétexte qu'il baptisait des polygames et se livrait à des activités
politiques et commerciales, mais, contre toute attente, le pasteur Lotin Samé
fut suivi par la majorité de ses paroissiens qui devinrent à la fois hostiles à la
mission protestante française et à l'administration française au Cameroun.
En 1931, l'église protestante recula et Lotin Samé put alors célébrer librement
son culte à Douala. Ses partisans devinrent de plus en plus nombreux et de
plus en plus politisés. Dès 1933, encouragés par l'accession d'Adolf Hitler au
pouvoir en Allemagne, ils commencèrent à présenter aux autorités coloniales
françaises des revendications de plus en plus hardies10. Lotin Samé s'entoura
d'un état-major de choc comprenant des pasteurs, des chefs supérieurs, des
employés de maisons de commerce et des notables influents tels Ndoué et
Ebellé, deux Douala qui avaient été condamnés à dix-huit mois de prison ferme
et à deux ans d'interdiction de séjour pour avoir notamment prophétisé le retour
imminent des Allemands au Cameroun11. Les événements évoluant rapidement,
Lotin Samé et ses partisans s'organisèrent davantage au cours de plusieurs
réunions clandestines ; les participants à ces réunions recevaient de la part des
encadreurs allemands des instructions et indications sur la manière dont la
propagande antifrançaise allait être conduite ; l'assistance était aussi tenue au
courant de l'évolution de la situation de crise en Europe ;des lettres en provenance
132 LÉONARD I. SAH

d'Allemagne étaient lues à leur intention ; en retour, des membres du groupe


adressaient des correspondances à Hitler12. Le Fùhrer faisait-il répondre ? Nous
n'en savons rien. Le moins que l'on puisse dire est que le mouvement de Lotin
Samé connut une intense activité pendant la période de grande crise en Europe
et que l'administration coloniale française finit par croiser les bras, non sans
avoir auparavant essayé de l'étouffer par diverses mesures : affectation loin de
Douala de fonctionnaires sympathisants du mouvement, instructions données
aux chefs des circonscriptions de Nkongsamba et de Yabassi voisines d'interdire
l'accès de leur territoire à Lotin Samé et son principal lieutenant Jonnie Ekwe,
qui seuls pouvaient accorder le sacrement à leurs adeptes, peines de prison
prononcées contre certains partisans les plus en vue comme Ebolo Bile, assesseur
à la Chambre d'homologation depuis de nombreuses années et qui, à ce titre,
jouissait d'une influence indéniable dans les milieux douala13; celui-ci fut
accusé de diffamation à l'égard d'un notable douala de religion protestante et
de porter atteinte à l'ordre public. Simultanément, l'administration travailla
à monter une partie des Douala contre Lotin Samé ; c'est ainsi qu'une délégation
«importante» de notables conduits par leurs chefs alla voir le gouverneur pour
réclamer la fermeture d'un des quatre temples de la Native Church à Douala
dans l'intérêt de la «tranquillité», car ce lieu était devenu un «foyer d'agitation
politique»14.
Autre groupe germanophile, le K.FD.G.V. (Kamerunen Farbringen fur
deutsche Gesinnung Verein — entendons les «Camerounais de pensée
était aussi connu sous le nom de Société des amis de l'instruction.
Tous ses adhérents étaient tenus de prêter serment de fidélité à l'Allemagne15.
La répression de l'administration française s'abattit sur le mouvement ; deux
procès furent intentés contre certains de ses membres (tous originaires de la
région côtière), l'un en 1934 et l'autre en 1941 ; à l'issue du procès de 1941,
le chef et principal animateur du groupe, dont le nom nous est inconnu, fut
condamné à mort et ses principaux lieutenants, Akwan et Bassi, condamnés
chacun à dix ans de travaux forcés16. La gravité des peines infligées s'explique
ici par l'évolution de la situation politique au Cameroun depuis l'entrée en
guerre.

Les mouvements organisés n'étaient pas seuls à militer en faveur du retour


des Allemands. Les Camerounais formés à l'école allemande, qui avaient joui
d'un certain nombre de privilèges et les avaient perdus avec l'arrivée des Français,
partageaient le même sentiment. La troisième catégorie de germanophiles
comprenait ainsi des chefs indigènes, des anciens combattants, des anciens
gardiens de plantations et des anciens domestiques, tous de la période de
allemande. Il faut y ajouter ceux des Camerounais qui haïssaient la France
simplement à cause des mauvais traitements que ses représentants leur faisaient
subir (travaux forcés, application du système de l'indigénat, etc.). Il n'était pas
rare de voir certains éléments de cette catégorie, à l'instar de Jean Nyap, chef du
groupement de Ndogbessol (région d'Eseka), écrire directement au chancelier
Hitler. Une de ces lettres est conçue et présentée de la manière suivante :
ACTIVITÉS PRO-ALLEM AN DES AU CAMEROUN 1 33

Expéditeur : Nyap Jean, chef de groupement de Ndogbessol, par Eséka


Destinataire : Monsieur le Chancelier Hitler Adolph et dominateur en Allemagne.
Monsieur, au Cameroun, beaucoup d'embûches vous sont tendus par les
français, Moi votre fils que vous avez délaissé ne puis m 'empêcher de vous
l'écrire : je suis né sous votre empire et j'accuse actuellement 35 ou 36 ans. Je
vous le dis alors avec les larmes aux yeux, ce que les français font de mauvais
au Cameroun et solustinent [s'obstinent] de ne plus retourner en France pour
que vous veniez aussi vous installer au Cameroun jadis vôtre. Le mois écoulé,
tous les points, chemins de fer, gare Essondo et Sodibanga furent gardés par
des sentinelles et diverses équipes pour vous attendre. Je vous l'avertissons
gêne [sic] [sans gêne ? dans le sens : clairement, ouvertement ?] pour que vous
prudents et vainqueurs pour que vous repreniez votre Cameroun longtemps
abandonné. J'aime beaucoup l'Allemagne. Je voudrai bien que vous reviviez
[sic] [reveniez], les ordures [sic] [ordres] des français sont différents des autres
[sic] [vôtres] quand j'était autrefois sous votre tutelle, je n'étais ennuyé de la
sorte comme je le suis à présent. J'ai beaucoup besoin de vous écrire le plus
souvent possible, mais il n'y a pas la route. Prière de me renseigner comment
faire pour vous correspondre souvent. Je vous serais toujours très reconnaissant
et vous me direz comment faire pour vous apprendre le plus souvent possible
les nouvelles du Cameroun français maudit.
Veuillez agréer, Monsieur mes salutations vavorables [sic] [favorables].
Votre fili?

Cette lettre appelle quelques remarques : spontanée et authentique, elle est


criblée de nombreuses fautes d'orthographe et le style qu'elle affiche est entaché
d'incorrections. Cela s'expliquerait soit par le fait que son auteur était
instruit, soit par le fait que le rédacteur, ne connaissant qu'un français
sommaire, voire approximatif, a fait office de secrétaire. Mais elle traduit et
restitue le sentiment alors éprouvé par nombre de Camerounais à l'égard de la
puissance administrante, en l'occurrence la France.
Enfin, les Allemands du Cameroun, principalement ceux du Cameroun
britannique et leurs concitoyens de la Guinée équatoriale, s'appliquaient à
encadrer les ouvriers travaillant dans leurs plantations et à les soumettre à un
entraînement militaire. En 1934, on dénombrait, dans les plantations allemandes
du Cameroun britannique, entre 300 et 400 hommes ayant suivi ce genre
En 1935, 5000 ouvriers, pour la plupart originaires du Cameroun
sous mandat français, étaient employés dans ces plantations ; la population
dans cette partie du territoire passa, elle, de 193 à 537 hommes, rien
qu'au cours de cette même année19. Il est à noter que ces ouvriers étaient pour
la plupart recrutés en priorité parmi les vétérans de l'armée coloniale allemande,
ce qui facilitait d'autant plus leur formation en unités para-militaires. Des
Camerounais hostiles à l'administration française, réfugiés ou résidant en Guinée
équatoriale, y étaient également encadrés par les Allemands et soumis à une
formation militaire ; au total 123 hommes dans cette colonie espagnole20. Cette
sorte de milice constituait une partie des forces susceptibles de participer à une
action contre le Cameroun. Elle comprenait surtout des hommes adultes; les
jeunes étaient dans leur grande majorité francophiles.
134 LÉONARD I. SAH

Les séjours au Cameroun et les activités d'espionnage de la part des nationaux


allemands constituaient le deuxième volet du projet devant conduire à la
de la colonie. L'intérêt pressant que manifesta le Reich à l'endroit du
Cameroun s'exprima en effet sous la forme des voyages qu'entreprenaient des
personnalités en vue dans l'ancienne colonie. Ces visites devinrent plus régulières
et plus nombreuses à partir de l'année 1936, année au cours de laquelle - nous
l'avons vu — les revendications allemandes devinrent officielles. Les notabilités
désignées avaient une notoriété et une compétence coloniale éclatantes. Rien
qu'au cours du premier semestre de l'année 1937, les services de renseignement
de la police française au Cameroun signalèrent l'arrivée de quatre importantes
personnalités allemandes :
- le baron von Bodenhausen, qui accompagnait le grand duc de Mecklembourg.
Ils invoquaient la chasse et le tourisme comme motifs officiels du voyage ; en
réalité, le grand duc de Mecklembourg était le chef de la mission de propagande
du Deutsche Kolonial Bund (Fédération des colonies allemandes). Subitement
rappelé à Berlin, le 7 mars 1937, après un séjour d'une semaine, von Bodenhausen
fut remplacé pour accompagner le grand duc dans sa traversée du Sahara à partir
du Cameroun par le professeur Frantz Heske, de l'Université polytechnique de
Dresde, ex-chef de la mission forestière allemande au Cameroun ;
- le professeur Rosé, très connu dans le monde médical pour ses travaux sur
les maladies tropicales ;
- Mathias Brunner, suisse, «ou se disant tel», toujours selon les services de la
police; né à Constance en 1904, il dirigea la compagnie commerciale allemande
Dekage. Résidant à Kreuzlingen (Suisse), selon sa déclaration, il avait la
d'un homme très instruit, très sympathique, parlant correctement plusieurs
langues sans accent ; mais, «intimement lié au chef régional du parti nazi, espion
notoire», il était soupçonné d'être «un des agents les plus actifs et les plus
dangereux de la Wilhelmstrasse » par la police française : «il serait intéressant
de ne pas le perdre entièrement de vue » , soulignaient avec emphase les services
de renseignement français21.
Au cours de cette année 1937, des rumeurs faisant état d'un prochain
des troupes allemandes au Cameroun se firent de plus en plus
Les autorités coloniales étaient donc sur le qui-vive et c'est dans cette
atmosphère extrêmement tendue que fut annoncée, pour le 10 décembre,
l'arrivée à Douala d'un bateau de guerre allemand. Il s'agissait en effet du navire-
école Schleswig-Holstein, ayant à son bord 900 hommes dont la plupart étaient
des cadets. Accompagnée de deux navires ravi tailleurs, cette unité faisait en
réalité partie d'un groupe de trois croiseurs de bataille que le gouvernement du
Ille Reich avait envoyé faire le tour de l'Afrique, de l'Amérique, des Indes, de
l'Indochine et de l'Australie. Le voyage avait pour but d'apporter à tous les
sujets allemands des régions visitées le salut du Vaterland.
L'itinéraire de la croisière africaine passait par Accra, Lagos, Loanda et le
Cap. Douala n'était donc pas concerné et les autorités coloniales françaises
ne souhaitaient pas une telle escale. C'est donc avec une grande surprise, mêlée
d'inquiétude, que le pouvoir colonial vit les bateaux allemands mouiller au port
de Douala le 10 décembre 1937. V Action française publia peu après une lettre
du Cameroun relative au passage de ces navires de guerre transportant des
ACTIVITÉS PRO-ALLEMANDES AU CAMEROUN 135

troupes : pendant huit jours, rapportait ce journal, la population du Cameroun


qui redoutait un débarquement fut en proie à une «véritable panique». Sous le
titre « Navire de guerre devant le Cameroun, Attaques de la presse au sujet du
Schleswig-Holstein», les Hamburger Nachrichten (Nouvelles de Hambourg) du
30 décembre 1937 ripostèrent par une vive protestation; le journal hambour-
geois s'éleva contre la publication de cette lettre par VAction française et ajouta
que le gouvernement français savait parfaitement qu'il ne s'agissait que d'un
navire-école22.
Quelques mois avant l'arrivée de ces navires, précisément au début du mois
d'août 1937, une lettre d'un certain Prévost, cadre des chemins de fer du
Cameroun (section voie et bâtiment), adressée au directeur des Travaux publics
à Douala, informait celui-ci que tous les officiers du bateau Wahehe (battant
pavillon allemand) s'étaient rendus au pont de Japoma le 2 août 1937 (la lettre
était datée du 3 août). L'importance stratégique de ce pont ferroviaire sur le
fleuve Sanaga près d'Edéa résidait dans le fait qu'il reliait Douala à Yaoundé la
capitale et cette importance était d'autant plus grande qu'il n'existait pas de
pont routier sur ce fleuve ; les véhicules automobiles devaient emprunter un
bac sur la Dimbaba. Certains officiers du Wahehe étaient allés jusqu'à la berge,
ce qui ressemblait fort à une reconnaissance des lieux.
Dans les milieux coloniaux, l'émotion fut d'autant plus grande que des
renseignements émanant des sources les plus sérieuses faisaient état d'un regain
d'activité de la part des résidants allemands qui, pour la plupart, se livraient de
plus en plus ouvertement à des activités de renseignement en vue, croyait-on,
d'un prochain débarquement de troupes allemandes. Le grand intérêt marqué
pour la région de Japoma pouvait faire croire qu'elle avait pour la stratégie
allemande une importance particulière; l'administration coloniale le comprit
d'ailleurs ainsi; c'est la raison pour laquelle elle prit soin d'y installer deux
postes de garde : le premier sur le pont ferroviaire de Japoma, le second au bac
de la Dibamba. Les hommes qui y furent affectés appartenaient à la première
compagnie de milice stationnée à Douala et placée sous le commandement
du capitaine français Dulbecco ; deux Camerounais, un sergent nommé Issa et
un sergent-chef nommé Goldebery, furent chargés de la surveillance, le premier
au poste de Japoma, le second au poste de la Dibamba. Issa observa les
suivants :
— 21 août 1937, 4 Allemands vont à Japoma et traversent le pont; ils sont
suivis par deux miliciens qui les tiennent à l'œil ; leur voiture est immatriculée
2666/C;
— 22 août 1937, 18 Allemands vont «excursionner» à Japoma (le capitaine
Dulbecco trouve douteux ce chiffre) ; leur voiture est immatriculée 3920/C ;
— 23 août 1937, une voiture immatriculée 3969/C transportant 3 personnes
de nationalité inconnue suit le même parcours23 .
Deux des véhicules, immatriculés 2666/C et 3969/C, appartenaient aux
Européens, donc ne posaient aucun problême. En revanche, le troisième était
la propriété de «l'indigène» Nicolas Ahabi, ce qui était suffisant aux yeux du
commandant d'Armes pour ordonner une enquête plus approfondie ; cela signifie
que le nommé Ahabi était soupçonné de germanophilie.
136 LÉONARD I. SAH '

II est à noter que Japoma constitue un point stratégique de la Première |

;
Guerre mondiale ; abandonnant la ville de Douala, les troupes allemandes s'étaient
effectivement repliées sur Japoma d'où elles avaient opposé aux colonnes alliées

;
une vive résistance ; avant de décrocher et de se replier sur Edéa, elles avaient
fait sauter les ponts sur la Dimbaba et la Sanaga24. Des Allemands nostalgiques
pouvaient avoir à cœur de visiter ce lieu historique chargé de tant de souvenirs,
mais cette hypothèse était loin de satisfaire les autorités coloniales, qui
les visiteurs d'avoir l'esprit plus malveillant et de se livrer à
prélude à une prochaine action militaire.
De son côté, le sergent chargé de la responsabilité du poste de la Dibamba
fut rapidement conduit à constater la vulnérabilité de la position. Dans son
compte rendu du 1 1 décembre 1937, il rapporta une visite plutôt insolite qu'il
avait reçue la veille et qui est révélatrice du climat de méfiance qui se développait
alors :
J'ai l'honneur de rendre compte que le 10 décembre 1937 l'automobile
n° 2835-C s'arrête au bac à 18 h 50, en provenance de Douala. Son chauffeur
en descend, s'approche d'un groupe de miliciens parmi lesquels je me trouvais
et voici le dialogue qui s'est déroulé entre lui et moi :
- Sans s'adresser directement à quiconque, qui est-ce qui couche ici demande-
t-il ?
- Que faut -il, monsieur à votre service, lui demandai-je ?
- Ha! s'exclama-t-il, j'ignorais que vous êtes sergent Puis il précisa la question
suivante : sont-ce les hommes du poste de la plantation Schuller qui sont venus
ici, ou bien, vos miliciens occupent -ils à la fois et le poste et le bac ?
- Oui, lui répondis-je, le fait étant évident.
- Avez-vous également du monde à Japoma, reprit-il ?
- Nous avons du monde partout, repris-je.
- Avez-vous des mitrailleuses ? continua-t-il.
- Nous avons tout ce qui est nécessaire, répondis-je.
- En cas d'attaque, pensez-vous que vos hommes marcheront ?
- Je répondis affirmativement, en ajoutant que mes hommes sont de bons
guerriers.
- Y a-t-il un officier qui commande tous ces postes ? demanda-t-il.
- Vous connaissez mon colonel, lui répondis-[je].
Puis mon curieux interlocuteur pris [sic] congé de moi, me disant qu'il habite
à 30 kilomètres du bac, vers Edéa. J'ai su par la suite qu'il s'occupe d'une
plantation de caoutchouc, commençant à 4 kilomètres du bac, dit -on.
La Dibamba, le 11 décembre 1937.
Le sergent-chef Goldery2*.

D'après le compte rendu, le chauffeur qui sera identifié comme étant «un
Européen nommé Chalmot de la plantation allemande Sanaga» recherchait des
informations fort précises : l'effectif des miliciens et leur aptitude au combat ;
la qualité du commandement et de l'encadrement. Il faut aussi souligner l'heure
tardive (18 h 50) à laquelle la visite eut lieu.
Les autorités françaises réagirent en se préparant activement à faire face à
une entreprise militaire de réoccupation ; mais elles laissèrent percer une anxiété
certaine, car les Allemands comptaient dans la population camerounaise un
ACTIVITÉS PRO-ALLEMANDES AU CAMEROUN 137

nombre important de partisans sympathisants, toujours sensibles au fait que


«si toutes les colonisations furent militaires, celle de l'Allemagne eut au surplus
ce fond romantique qui constitue l'âme germanique...»26. Il faut ajouter que,
pendant la période de l'entre-deux-guerres, de nombreux voyageurs revenaient
du Cameroun avec l'impression que, comparé à la présente administration
française ou britannique, un grand nombre d'Africains estimaient que l'ancien
régime allemand avait été «un modèle de clémence et d'équité»27.
La portée de la germanophilie ne doit pas pour autant faire oublier celle de
la francophilie, fort répandue dans la jeunesse, et il faut rappeler à cet égard la
contre-propagande menée par ses organisations. Une association quasi pou' tique,
YUnion camerounaise, se constitua en 1937; composée, selon l'administration,
de «jeunes habitants du Cameroun qui, en général, étaient plus évolués que leurs
concitoyens», cette organisation, que présidait un notable lettré et homme
d'affaires douala, Mendessi Bell, regroupa des «chefs européens et indigènes» et
se proposa de «défendre les intérêts du Cameroun»28. En 1938, YUnion
envoya trois lettres identiques au président Franklin D. Roosevelt, au
premier ministre anglais Neville Chamberlain et au premier ministre français
Daladier pour protester contre tout retour éventuel du Cameroun à l'Allemagne.
En 1938, Paul Soppo Priso fonda laJEUCAFRA (Jeunesse camerounaise
mouvement que l'on reconnaît comme étant «la première organisation
politique légale du Cameroun»29. La JEUCAFRA inscrivit à la tête de son
programme l'opposition à l'Allemagne. Ce sont les militants de cette
qui commencèrent à réclamer pour les Camerounais les droits français.

CONCLUSION

A l'aube de la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun était donc partagé


entre germanophiles (francophobes) et francophiles (germanophobes) ; les
premiers se recrutaient surtout parmi les populations côtiéres (Douala et
Ngoumba de Kribi) et dans les zones limitrophes de la Guinée équatoriale
(Campo, Ambam, Sangmélima, Ebolowa). Que les Douala aient été plus
nombreux à inquiéter l'administration coloniale française n'a rien de
; les Allemands avaient volontairement fait d'eux des médiateurs privilégiés
entre les Européens et les habitants de l'arriêre-pays et ils furent de ce fait, plus
que les autres Camerounais, imprégnés, modelés par la culture allemande. Ils
avaient été nombreux à servir l'administration allemande comme négociants,
enseignants, fonctionnaires, miliciens ou missionnaires autochtones et en
avaient obtenu un certain nombre de privilèges qui leur avaient donné un certain
complexe de supériorité. Nombre de ces privilèges disparurent avec l'installation
de la nouvelle administration française et certains mécontentements ne tardèrent
pas à se manifester. Dans le pays Bamoun et le Nord-Cameroun, les nostalgiques
de la période allemande furent surtout les sultans et leur cour ; la nouvelle
faute d'avoir su obtenir leur collaboration et leur sympathie, préféra
les exiler après les avoir déposés. La germanophilie était-elle répandue dans les
138 LÉONARD I. S AH

différents milieux sociaux ? Oui, répond le Dr Simon Pierre Tchoungui,


par le jeu des alliances et des relations familiales, amicales ou professionnelles ;
il suffisait que tel chef ou tel «émancipé» soit germanophile pour entraîner dans
son sillage tout son entourage.
Cela était d'autant plus facile que les Allemands avaient laissé, à tort ou à
raison, un bon souvenir :
Ils représentaient un modèle de droiture et d'équité que n'avaient pas les
Français ; par exemple, lorsqu'un Allemand contractait mariage avec une indigène
Camerounaise, il le faisait officiellement, régulièrement, conformément aux
lois, tandis que le Français préférait vivre avec elle en concubinage d'une part;
d'autre part, l'Allemagne n'envoyait au Cameroun que des gens sérieux, bien
formés, fils de bonne famille, contrairement aux Français qui y recevaient des
aventuriers à la morale plus ou moins douteuse. Avec les Allemands, c'était oui
ou non (on savait à quoi s'en tenir) et non le «oui mais...» des Français30.
Par ailleurs, les germanophiles étaient encouragés par la présence sur le sol
camerounais d'une importante colonie allemande (voir en annexe l'etaf nominatif
des nationaux allemands en résidence au territoire à la date du 25 juin 1936).
Si, aujourd'hui, il est vérifié que l'administration allemande ne fut pas aussi
dure qu'on l'a souvent dit (le Reichstag la poussa d'ailleurs vers plus
il faut par la même occasion reconnaître qu'elle ne transforma pas le
Cameroun en un jardin d'Eden. La germanophilie, qui était en réalité un mythe,
servait simplement d'exutoire à un certain nombre de privilégiés spoliés, en mal
de défoulement et qui péchaient par l'ignorance des menaces et des réalités
nazies. C'est donc sans surprise que l'on dénombra simultanément une
population sincèrement francophile ; jeune dans sa majorité, elle était
reconnaissante à la France «humanitaire», «mère patrie» dispensatrice du savoir
et «magnanime» dans sa politique31. Cette catégorie de Camerounais aspirait
surtout à retrouver les droits français, à obtenir qu'on lui reconnaisse le statut
d'« assimilé». C'était là aussi succomber à la tentation d'une réalité plutôt
mythique.
Le plus important, parce que réel et durable, fut que les Camerounais
montrèrent ainsi au grand jour leur volonté et leur capacité à déterminer eux-
mêmes leur propre choix et à adopter une attitude éminemment politique
indépendamment du souhait de la puissance administrante. Cette attitude mit
en exergue le sentiment national camerounais en évolution.
Léonard I. S AH
(Université de Yaoundé, Cameroun)

NOTES
N. B. — Sigles utilisés :
S.H.A.T. : Service Historique Armée de Terre, Vincennes.
A.N.S.O.M. : Archives Nationales, Section Outre-Mer, Paris.
A.N.Y. : Archives Nationales, Yaoundé.
A.P.A. : Affaires Politiques et Administratives.
ACTIVITÉS PRO-ALLEMANDES AU CAMEROUN ] 39

1. LE VINE Victor T., The Cameroons front Mandate to Independence , University of


California Press, 1964, p. 126.
2. KUM'A NDUMBE III A., Hitler voulait l'Afrique, Paris, L'Harmattan, 1980, p. 33-34.
3. KUM'A NDUMBE III A., op. cit., p. 36.
4. Manchester Guardian, sept.-oct. 1936, cité par Gratien Candace, député noir de la
Guadeloupe, ancien sous-secrétaire d'État aux Colonies dans la Presse coloniale du 1 7 oct.
1936, S.H.A.T., Cameroun, carton 61.
5. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°l, Activité des
sous mandat britannique, 73/s, 3 sept. 1936.
6. A.N. Y., APA 1 1 223/F, Organisation militaire du Cameroun britannique, s. d.
7. A.N. Y., APA 11225/A, Menées antifrançaises. Communications et correspondance
adressées au département, 1933-1937. Bonnecarrère au ministre des Colonies, n°120,
Intrigues antifrançaises, 15 déc. 1933.
8. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n°l, doc. cit.
9. Ibid.
10. A.N. Y., APA 1 1 22S/A, Menées antifrançaises..., doc. cit.
11. A.N.Y., APA 10124/C, Menace de mort contre Gouverneur général, espionnage,
surveillance, Douala 1 939-1 940.
12. S. H. A. T., Cameroun, carton 6 1 , Bulletin de renseignements n1 1 , doc. cit.
13. A.N. Y., 1AC 107 (2), Rapport sur les activités antifrançâises des Douala, 1934.
Gouverneur Bonnecarrère au ministre des Colonies, rapport n*9 (Intrigues antifrançaises),
3 févr. 1934.
14. Ibid.
15. A.N. Y., APA 10190, Activités anti-françaises n" %5 , 10 oct. 1935.
16. OWONA Adalbert, L'évolution du Cameroun de 1884 à 1970, cours polycopié,
Yaoundé, vol. 2, p. 32.
17. A.N. Y., APA 1 1229/D, Manifestations anti-françaises d'indigènes, juill. 1940, Police
et santé 441.
18. A.N. Y., APA 11225/A, op. cit., Rapport n* 5 6, 9 mai 1934.
19. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n^l, doc. cit.
20. A.N. Y., APA 10128, Guinée équatoriale,S.E.Y. A. n° 1427, 6 mai 1940.
21. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Bulletin de renseignements n'E 2675 du 24 mai
1937, Photographies de personnalités allemandes ayant récemment visité le Cameroun.
22. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Arvengas G., Consul général de France à Hambourg,
au ministre des Affaires étrangères, Paris (Hambourg, le 31 déc. 1937).
23. S. H. A. T., Cameroun, carton 61, Place de Douala. Renseignements fournis par le
sergent Issa, chef de poste de Japoma, 27 août 1937.
24. AYMERICH Gén., La conquête du Cameroun : 1er août 1914-20 février 1916, Paris,
Payot, 1933, p. 14-15.
25. S.H.A.T., Cameroun, carton 61, 1ère Compagnie de Milice, compte rendu du sergent-
chef Goldery , poste de la Dibamba, 1 1 déc. 1937.
26. IKELLE-MATIBA Jean, Cette Afrique-là, Paris, Présence africaine, 1963, p. 12.
27. LE VINE V.T.,op. cit., p. 37-38.
28. LE VINE V. T., op. cit. , p. 1 1 7.
29. HODGKIN Thomas, The French Cameroons, cité par LE VINE V.T., op. cit., p. 117.
30. TCHOUNGUI Simon Pierre, Président de l'Office des Anciens Combattants, dans un
entretien qu'il m'a accordé à Yaoundé le 29 décembre 1982.
31. Ibid.
ANNEXE
TERRITOIRE DU CAMEROUN ÉTAT NOM
RÉGION DU WOURI EN RÉSIDE
VILLE DE DOUALA
COMMISSARIAT SPÉCIAL
n d'ordre noms et prénoms date et lieu de naissance âge
1 ADAM Otto né le 27 décembre 1906 30 ans
à Kattowitz, Allemagne
2 ARETZ Heinrich né le 12 mai 1911 25 ans
à Yuchem, Allemagne
3 BECKER Paul né le 22 septembre 1901 35 ans
à Hambourg
4 BENDIX Gerhart né le 1 er janvier 1913 23 ans
à Berlin
5 BECKER WUNIBALD né le 14 janvier 1886 50 ans
à Kemmerick bei lindlar
6 BOEHM Jean né le 18 février 1909 27 ans
à Courtrai
7 BRUNGER Gérard né le 24 décembre 1909 27 ans
à Hambourg
8 BUTINER Alexandre né le 26 avril 1909 27 ans
à Zwickau, Allemagne
9 CORDS Hans né le 29 mars 1903 33 ans
à Lûbeck
M- -•■■■"<+■+-
10 DEDEKIND Robert né le 16 mars 1912 24 ans
à Hambourg
11 DEDEKIND Henri né le 2 1 février 1 883 53 ans
à Hambourg
12 DIEGEL Alfred né le 4 mai 1 894 42 ans
à Ellwagen
13 FANTINI Paul né le 23 septembre 1900 36 ans
àWerl
14 FRAPPIER Ludwig né le 8 juillet 1888 48 ans
à Bremen
15 FREYER Walter né le 3 mai 1906 30 ans
à
16 FUNK Erich né le 24 juin 1889 47 ans
à Breslau
17 GREGORITZA Colomban né le 12 février 1895 41 ans
à Swoboda
18 HAACK Heinrich né le 26 août 1904 32 ans
à Lubeck
19 HAMANN Auguste né le 3 mai 1881 53 ans
à Hambourg
20 HAACK Ernest né le 15 décembre 1910 26 ans
à Lûbeck
21 HAUGH Alfred né le 30 décembre 1 889 47 ans
à Lohma
22 HOHENSEE Walter né le 11 juillet 1900 36 ans
a Landsberg am den Warther
Prusse
n'a ordre noms et prénoms date et lieu de naissance âge
23 HORNUNG Wilhelm né le 26 mars 1876 60 ans
à Fnederichstal sur Baden
24 KLETT Karl né le 31 mai 1875 61 ans
à Bremen
25 KNITH Maximilian né le 23 mars 1902 34 ans
à Garatshausen
26 KOHNE Ernest né le 19 janvier 1877 59 ans
à Hausvre, Allemagne
27 KRUG Adolphe Ernest né le 6 juin 1907 29 ans
à Pfaffebdorf
28 KRUG Adolphe né le 4 octobre 1873 63 ans
à Homberg
29 LESCHMER Friedrich né le 31 décembre 1886 50 ans
à Alexandra-Hûtte
30 LEUCHS Georges né le 1 1 septembre 1 890 46 ans
à Munich, Allemagne
31 MEYER Ernest né le 12 décembre 1884 52 ans
à Bremen
32 MUNY Hermann né le 1 6 août 1 882 24 ans
à Loerrach
33 OTZMANN Albrucht né le 23 juillet 1889 47 ans
à Wuremberg
34 PETERS Johannes né le 21 février 1893 43 ans
à Wesselburen Mordon
Schleswig, Allemagne
35 PUNJER Bruno né le 11 mai 1882 54 an
à Altona, Allemagne
36 ROHWER Hans né le 12 janvier 1890 46 an
à Hambourg
37 ROOSEN Max né le 15 novembre 1910 26 an
à Berlin
38 SCHARENBERG Jean né le 15 mai 1901 25 an
à Essen, Allemagne
39 STRELITZ Hermann né le 12 septembre 1896 40 an
à Hambourg
40 STROBEL Willielm né le 9 avril 1887 49 an
à Muternldingen
41 ULLRICH Emile né le 23 décembre 1904 32 an
à Haspe in Westphalien
42 WENDT Théodor né le 26 janvier 1871 65 an
à Lùbeck
43 WILHELM Rocber né le 5 août 1902 34 an
à Bûllerich Dusseldorf
44 ZENKER Jean né le 14 avril 1894 42 an
à Yaoundé, Cameroun
45 ZENKER Kurt né le 7 octobre 1890 46 an
à Yaoundé, Cameroun
(S .H. A. T., Cameroun, carton 6 1 , Les revendications coloniales allemandes).
144 LÉONARD I. SAH

SUMMARY
It was in 1 936 that Germany began officially and loudly to claim the return
of its former colony. Nazi propaganda going along with this demand was to a
certain extend echoed throughout part of Cameroonians among who the
personalities were members of the Native Baptist Church led by Révérend
Lotin Samé.
The repression of French Administration swooped down on the whole
germanophile Cameroonian community. In the meantime, German scholars
and notabilities has payed some surveying visits to Cameroon, while their com-
patriots living in British Cameroon and Spanish Guinea did their Cameroonian
workers some paramilitary training.
In French Cameroon, a séries of spying activities followed one another, aiming
at a future armed take-over of the Reich former colony. But germanophiles
found francophiles, mainly young people, facing them as a counterbalance.
World War II brought this situation to an end, situation which the adminis-
trating power could actually be worried about.

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