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- Le règlement

Un règlement est un texte de portée générale impersonnelle et obligatoire émanant


du pouvoir exécutif, c’est-à-dire du Président de la République, du Premier Ministre,
des membres du gouvernement et des autorités administratives, dans le domaine du
règlement. Dans cette catégorie on range les Décrets, les arrêtés et les circulaires.
Les décrets sont les textes les plus élevés dans la hiérarchie des règlements. Ils sont
de la compétence exclusive du Président de la République et du Premier ministre.

Paragraphe 2- La jurisprudence
Dans un sens très large, le mot jurisprudence évoque l’ensemble des décisions
rendues par les juridictions. De manière plus précise, elle désigne l’interprétation
donnée, par les juges de la règle de droit ou d’une question de droit particulière (ex :
la jurisprudence sur les accidents de circulation, sur le licenciement) c’est-à-dire le
sens dans lequel les juridictions ont l’habitude de trancher ces questions.

La jurisprudence assume trois fonctions essentielles : l’interprétation,


l’adaptation et la suppléance de la loi.

La fonction d’interprétation : la jurisprudence assure le passage de la


règle abstraite aux cas concrets en en définissant le sens et la portée. En fait, hormis
les cas où la loi est si claire et précise qu’il suffit de l’appliquer, le juge doit, le plus
souvent, se livrer à un travail de définition des composantes de la règle de droit.

La fonction de suppléance est celle qui permet au juge de trancher des


litiges en l’absence de texte ou de solution prévue par les textes. Elle découle de
l’article 4 du Code civil qui dispose que le juge qui refuserait de juger sous prétexte
du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi sera poursuivi comme
coupable de déni de justice.

La fonction d’adaptation permet à la jurisprudence de faire correspondre


les textes de loi à l’évolution de la société. Le problème ici n’est pas le silence du
législateur, mais le caractère sommaire ou dépassé de l’expression de sa volonté. Le
juge adapte alors la loi en considération des besoins de la société et il peut, pour
cela, aller en dehors, voire contre les textes.
Paragraphe 3- La coutume
La coutume apparaît comme une pratique de la vie juridique qui présente un
caractère habituel et qui, de ce fait, tend à se poser en règle de droit. La
coutume suppose la réunion d'un élément matériel et d'un élément psychologique.

- L'élément matériel. Les critères classiques sont : usage ancien, constant, notoire
et général. L'usage doit être ancien, c'est-à-dire résulter d'un assez grand nombre
d'actes semblables (plus vrai aujourd’hui dans le domaine des affaires); constant,
ce qui signifie que les comportements doivent avoir été relativement semblables ;
notoire, c'est-à-dire connu du groupe de personnes concernées et général, c'est-à-
dire s'appliquer à l'ensemble du groupe de personnes. L'usage doit être un
comportement suivi de manière habituelle.

- L'élément psychologique : Il y a une véritable conviction du groupe d'agir en


vertu d'une règle obligatoire. L'usage est perçu comme un comportement obligatoire
par l'opinion commune. Il est perçu comme étant une règle de droit et devient
ainsi règle de droit. La coutume émane directement du peuple sans passer par
ses représentants.

La coutume seconde, supplée ou contredit la loi.La coutume seconde la loi lorsqu’elle


s’applique en vertu des prescriptions de la loi. Ainsi, il est référé aux usages (à la
coutume) pour compléter ou interpréter les contrats : On parle de coutume
secundum legem. Il en ainsi de l’article 1134 alinéa 3 du Code civil qui demande que
les contrats soient interprétés en tenant compte des usages. On parle de coutume
secundum legem.
La coutume supplée la loi en cas de silence du législateur : on parle de coutume
praeter legem. (Hypothèse devenu rare du fait de l’intervention régulière de la
jurisprudence).
La coutume peut contredire la loi : on parle de coutume contra legem. Il en est ainsi
lorsqu’une pratique résiste à la loi : Par exemple le mariage polygamique a résisté à
tous les textes coloniaux. Il en est de même de la dot.
Paragraphe 4. La doctrine

Ce qu’on appelle la doctrine regroupe l’ensemble des travaux écrits et publiés


consacrés à l’étude du droit. Elle s’exprime en des œuvres de nature et de forme
variables, qui sont élaborées principalement par les universitaires.

Parmi les différents types d’œuvres, on distingue les ouvrages qui peuvent
être généraux ou spéciaux et les périodiques plus ou moins volumineux (traités,
manuels, précis, répertoires) sont consacrées à une branche du droit comme le droit
civil, le droit pénal.

Chapitre 2. Les spécificités de la règle de droit

Il convient ici de distinguer au préalable la règle de droit des autres règles


d’organisation sociale, avant de s’intéresser aux particularités de la règle de droit.

Section 1. Règle de droit et autres règles d’organisation sociale

Droit et Morale :

Ouverte aux impératifs de la conscience, la morale est plus exigeante que le


droit, elle attend de l'homme, un dépassement. La morale est individualiste. Le droit
ne régit pas les consciences mais le corps social. Vous pouvez, en toute impunité,
avoir des envies de meurtre, des envies les plus inavouables, le droit ne s’en
préoccupe pas. La morale, quant à elle, tend à la perfection de la personne et à son
épanouissement

En réalité, plusieurs niveaux de distinction sont à relever. Le premier est celui


des sources : le droit prend sa source dans le commandement de l’autorité publique
régulièrement habilitée ; la morale prend la sienne dans l’éthique sociale, les
prescriptions religieuses, la conscience individuelle. Le deuxième niveau est celui des
finalités : le droit vise le bien de la société et l’épanouissement des relations
interindividuelles ; la morale vise le perfectionnement de l’individu. Le troisième
niveau de distinction est celui du contenu : le droit contient des droits et des devoirs
pour les sujets ; la morale ne connaît que des devoirs. Le quatrième niveau de
distinction est celui de la sanction : le non-respect de la règle de droit appelle une
contrainte organisée par le corps social ; le non-respect de la règle morale n’appelle
qu’une sanction intérieure au sujet.

Droit et justice :

Il faudrait distinguer clairement la justice en tant qu’institution de la justice en


tant que valeur. C’est dans cette seconde acception qu’on peut comprendre son
rapprochement avec le droit. La justice est certainement un idéal que le droit veut
atteindre. La difficulté, dans la poursuite de cet idéal, provient de la variété des
conceptions de la justice : celle-ci peut être commutative ou distributive. La justice
commutative est celle qui préside aux échanges dans les relations d’individu à
individu ; elle est fondée sur la réciprocité et l’égalité arithmétique. Dans les
échanges, il faut établir une égalité de proportion entre ce que l’on recoit et ce que
l’on donne (celui qui a vendu un bien doit recevoir l’exacte valeur de son bien). La
monnaie a été inventée à cette fin. En matière de responsabilité civile, la justice
commutative conduit à la conclusion que celui qui a souffert d’un préjudice doit
recevoir l’exacte réparation de son préjudice. En matière pénale, le coupable d’une
infraction doit subir une peine proportionnelle à la gravité de l’infraction, sans aucun
égard pour sa personnalité. A l’opposé, la justice distributive a pour objet la meilleure
répartition des richesses et des charges de la cité entre ses différents membres. Elle
met en présence non plus des personnes privées dans leurs rapports interindividuels,
mais la collectivité et les citoyens. Elle est une justice hiérarchique, non plus
horizontale. Le critère de répartition des richesses et charges varie selon qu’on
adopte une conception libérale ou une conception sociale. Dans le premier cas, la
proportion à attribuer à chacun repose sur le mérite, ce qui veut dire que des
personnes ayant des mérites différents n’auront pas la même chose : il faut traiter
inégalement ce qui est inégal. Dans le second cas, la répartition doit être
rigoureusement égalitaire, peu importent les mérites des uns et des autres. Les
conceptions de la justice étant opposées, le droit ne peut poursuivre l’une sans
délaisser l’autre ou, à tout le moins, s’en éloigner. Il est dans tous les cas toujours à
mi-chemin de la justice, dans ce sens qu’il n’y aura jamais de coïncidence parfaite
entre droit et justice. Le droit s’efforce toujours d’atteindre la justice.

Droit et équité
Pour bien comprendre les rapports entre le droit et l’équité, il faudrait partir de
l’adage Dura lex sed lex (La loi est dure mais c’est la loi). La loi peut en effet être
trop dure pour une espèce, parce que conçue de façon trop générale, elle ne
convient pas à ladite espèce. Dans ce cas, on peut avoir deux attitudes : appliquer la
loi telle quelle, au risque de mal servir l’idéal de justice, ou corriger le droit en faisant
recours à l’équité, plus souple et plus douce. Dans cette seconde alternative, il s’agit
d’individualiser la solution du droit, en réintroduisant l’espèce tout entière dans
l’analyse du juge.

Section II- Les caractères de la règle de droit

La règle de droit a des caractères généraux (P.1) et des caractères spécifiques (P.2).

Paragraphe 1. Les caractères généraux

Les caractères généraux sont ceux que la règle de droit partage avec les autres
règles de la vie sociale. La règle de droit a trois caractères généraux : elle est
générale et impersonnelle, elle est modeste (une règle de conduite
sociale), elle est extérieure à l’individu.

- La règle de droit est générale et impersonnelle, cela signifie qu’elle


s’applique à tous les individus dans une société donnée, sans distinction et de la
même manière. Qu’elle ne tient pas compte des particularismes individuels. Ainsi,
toute personne se trouvant dans la situation définie par la règle a vocation à se la
voir appliquer, sans distinction. Ex : La règle de l’article 1382, La règle de l’article
2279 du Code civil (en fait de meubles possession vaut titre). Ainsi une règle qui ne
concerne qu’un individu en particulier n’est pas une règle de droit, mais une
décision : exemple (un décret nommant un individu à un poste de responsabilité est
une décision et non une règle de droit)

- La règle de droit est modeste en ce sens que c’est une simple règle de conduite
sociale. Elle a pour but uniquement d’organiser la vie en société et de régir les
comportements humains. Par conséquent ce n’est ni une règle de perfectionnement
des individus, ni une règle de salut. Ce caractère permet de distinguer la règle de
droit de la règle morale et de la règle religieuse. Tandis que le droit vise à organiser
la société et les relations qui s’établissent entre les personnes qui la composent, la
morale et la religion concernent essentiellement l’individu

Le caractère extérieur de la règle de droit : Parce qu’elle vise à organiser la


société et à régir les relations qui s’établissent entre ses membres, la règle de droit
ne peut qu’être extérieure à la personne : elle est un ordre, ou une suggestion
émanant d’une autorité et s’adressant à chacun des sujets qui composent le corps
social. Elle n’est pas et ne peut pas être une contrainte ou une consigne que chacun
s’impose spontanément, de sa seule volonté.

Paragraphe 2. Les caractères spécifiques de la règle de droit

La règle de droit a deux caractères spécifiques : elle est obligatoire et assortie de la


contrainte étatique –

La règle de droit est obligatoire, cela signifie qu’elle doit être respectée par tous,
y compris par celui qui l’a édictée et par les juges. Elle exprime un ordre, un
commandement qui doit être respecté, et doit être obéie. Les individus sont tenus de
s’y soumettre et de la subir, même s’ils ne sont pas au courant de son existence car,
en droit « nul n’est censé ignorer la loi ». Les règles de droit s’imposent aux juges
qui n’ont pas le droit d’invoquer d’autres règles chaque fois que le droit en a établi

La règle de droit est assortie de contraintes : Pour pouvoir assurer la sécurité


dans la société, la règle de droit doit non seulement être obligatoire, mais aussi et
surtout assortie de sanctions appuyées par l’autorité publique. Contrairement au sens
commun d’après lequel la sanction est synonyme de punition, en droit, le terme a un
sens plus large et désigne les procédés destinés à assurer l’effectivité des règles de
droit. On distingue les sanctions pénales qui se déclinent en punition (amendes,
peines de prisons etc…) et les sanctions civiles pour lesquelles l’idée de punition est
lointaine.

Chapitre III. L’existence de la règle de droit


Ce chapitre se développera en conséquence sur deux sections consacrées
respectivement à la question de naissance et de disparition de la loi.

Section 1. La naissance de la loi

Il sera question de l’entrée en vigueur de la loi. Elle est subordonnée à deux


exigences : que celui qui en a compétence déclare officiellement l’existence de la loi
et que son destinataire, le sujet de droit, la connaisse. Mais pour des raisons
pratiques, on présume la connaissance de la loi à partir de l’opération de publication

Paragraphe 1- La promulgation

La promulgation est l’acte par lequel le Président de la république permet à


une loi votée par le parlement d’accéder à la vie juridique. L’opération de
promulgation consiste en l’attribution d’un numéro et d’une date à la loi. Le pouvoir
de promulguer les lois appartient selon l’article 8 alinéa 5 de la Constitution au
Président de la république. D’après l’article 31 de la constitution, il doit le faire dans
un délai de 15 jours à compter de leur transmission par le Parlement. Il peut
demander une seconde lecture de la loi ou saisir le conseil constitutionnel pour qu’il
se prononce sur sa constitutionnalité. Si le Président de la république ne promulgue
pas la loi dans ce délai (15 jours) et ne formule pas de demande de seconde lecture
ou ne saisit pas le Conseil constitutionnel, le président du Sénat, (de l’Assemblée
nationale), après avoir constaté cette carence, peut promulguer la loi en ses lieux et
place La promulgation se fait par un Décret dit de promulgation aux termes duquel le
Président de la République ordonne l’exécution de la loi. Ce Décret outre
l’authentification de la loi, précise sa localisation dans le temps. En effet, la loi est
datée du jour du Décret et porte en outre un numéro d’ordre qui est fixé par celui-
ci : par exemple, loi n° 92/007 du 14 août 1992 portant Code du travail. Mais la date
de promulgation de la loi ne fixe pas le moment de son entrée en vigueur.

Paragraphe 2. La publication

L’entrée en vigueur est subordonnée à une autre formalité : la publication, opération


par laquelle la loi est portée à la connaissance des citoyens. Au Cameroun elle se fait
au journal officiel en français et en anglais (art. 31 al. 3 de la Constitution). Cette
publication permet aux citoyens d’être informée de l’existence et du contenu de la loi
qui est appelée à régir leur comportement.

Si la publication est une condition d’efficacité des textes soumis à cette formalité,
cela ne signifie pas que la date de leur entrée en vigueur coïncide nécessairement
avec celle-ci. Il en va même autrement en principe. C’est que la finalité de la
publication (permettre aux citoyens de prendre connaissance du nouveau texte)
impose qu’un certain temps s’écoule entre la date où elle intervient et celle de
l’entrée en vigueur de la loi nouvelle. La difficulté est réglée lorsque le texte fixe lui-
même la date de son entrée en vigueur qui doit nécessairement être postérieure à
celle de publication. Ainsi le Code de procédure pénale a t-il prévu un délai assez
long qui a été repoussé au premier janvier prochain pour son entrée en vigueur (ce
qui permet à chacun, et en particulier aux juristes qui auront à l’appliquer de le
comprendre, d’en prendre la mesure exacte). A défaut de disposition particulière, les
solutions camerounaises qui datent de l’époque de promulgation du Code civil
français (art. 1 C. civ.) prévoient que le texte entre en vigueur un jour francs après
sa publication à la capitale (c’est à dire le surlendemain à 0 h du jour de la
publication) et en région un jour francs après l’arrivée du journal officiel au chef-lieu
de région.

La publication vise à porter le texte à la connaissance de ses destinataires, les sujets de


droit. Il est important que le mode de publication soit approprié à cet objectif. Le Journal
Officiel ou d’autres journaux de secours doivent être largement diffusés ; la lecture à la radio
doit se faire aux heures de grande écoute ou dans des émissions spécialisées. La publication
étant faite, par n’importe quel procédé, on présume que tout le monde a pris connaissance
du texte. Par suite, il n’est pas besoin de vérifier que telle personne en a effectivement pris
connaissance ; le citoyen ne peut pas plaider le fait que dans sa localité n’arrivent ni les
ondes de la radio, ni les journaux. C’est le sens de l’adage « Nul n’est censé ignorer la loi ».

Section 2. La disparition de la loi

L’abrogation est le mode habituel d’extinction de la loi. A côté d’elle, on ne peut retenir que
l’hypothèse de l’expiration du délai d’application d’un texte qui en aurait prévu un. L’idée d’une
extinction par désuétude, c’est-à-dire par non application prolongée, n’a en revanche pas été
retenue. L’acte d’abrogation de la loi est celui qui met fin à son existence. Il est souhaitable que
l’abrogation soit explicite ; mais elle est parfois implicite.
P.1 L’abrogation explicite

L’abrogation explicite résulte de l’indication, par un texte, que tel autre texte ne peut plus
s’appliquer. Lorsqu’une telle déclaration respecte la hiérarchie des normes, le texte ancien sort
indiscutablement de l’ordre juridique. L’ennui, c’est que de plus en plus se développent, dans la
pratique législative et réglementaire, des formules d’abrogation qui posent des difficultés, parce
qu’elles sont à mi-distance entre l’abrogation explicite et l’abrogation implicite. En effet, beaucoup
de textes se contentent d’indiquer qu’ils abrogent toutes les dispositions antérieures contraires.
Devant une telle formule, l’idée peut être avancée que l’abrogation est explicite, mais on ne peut
facilement désigner les textes abrogés. C’est pourquoi il est permis de dire qu’ici on n’est pas loin de
l’abrogation implicite.

p.2 L’abrogation explicite

Il y a abrogation implicite chaque fois que les dispositions de la loi ancienne sont incompatibles avec
celles de la loi nouvelle : lex posterior derogat priori . L’explication de cette solution est simple : si le
législateur vient d’adopter une solution nouvelle différente, c’est qu’il ne veut plus de l’ancienne. La
solution n’est cependant facilement utilisable que lorsque les deux textes ont rigoureusement le
même champ. Lorsqu’au contraire ils n’ont pas le même champ il faut faire appel à une autre règle :
specialia generalibus derogant (le spécial déroge au général). Plus concrètement, lorsqu’une loi est
générale, une loi spéciale peut y déroger dans son domaine particulier, la loi générale restant
applicable hors de ce domaine particulier. Par exemple, l’article 1832 du Code civil dispose que le
contrat de société est conclu entre deux ou plusieurs personnes qui conviennent d’affecter à une
entreprise commune des biens ou des industries en vue de partager le bénéfice qui pourra en
résulter. En disposant que la société commerciale peut être créée par une seule personne, l’article 5
de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique déroge à la règle générale posée par le Code civil (elle est reprise par l’article 4 de l’Acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique ; mais
même en l’absence de cette reprise le texte serait sous-entendu). 94. Un même texte peut
cependant contenir des dispositions générales et des dispositions particulières qui dérogent aux
premières. Par exemple, l’article 23 du Code du travail prévoit que le contrat de travail est conclu
librement, c’est-à-dire suivant la forme qu’il convient aux parties d’adopter. Cela signifie que suivant
la volonté des parties, le contrat peut être écrit ou verbal. Plus loin, le même code prévoit, en son
article 27, que tout contrat de travail stipulant une durée déterminée supérieure à trois mois ou
nécessitant l’installation d’un travailleur hors de sa résidence habituelle doit être constaté par écrit. Il
y a ici dérogation à la règle selon laquelle le contrat doit prendre la forme qu’il convient au parties
d’adopter : le législateur a en effet imposé la forme écrite. . La règle specialia generalibus derogant
ne pose aucune difficulté lorsque le texte particulier est plus récent : la solution qu’elle met en
œuvre se confond même avec celle de l’application de la loi postérieure.

Partie II- Les droits subjectifs

Le droit subjectif est une prérogative reconnue à une personne par le droit objectif. La notion est
construite sur deux éléments essentiels : la prérogative, c’est-à-dire le pouvoir, et le sujet qui en est
le bénéficiaire.

Compte tenu de la diversité des droits subjectifs, il paraît important de les classer. Mais le régime de
ces droits n’apparaît complètement que si l’on indique leurs sources.

Chapitre 1. La classification des droits subjectifs

la summa divisio, en ce qui les concerne, est la distinction entre les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux.

Section 1. Les droits patrimoniaux

On désigne ainsi les droits subjectifs qui font partie du patrimoine. Le patrimoine est un sac
imaginaire dans lequel se trouve les droits et les obligations d’un sujet de droit. C’est un attribut
essentiel de la personnalité juridique. Toute personne juridique a un patrimoine qui s’ouvre sans son
avis dès sa naissance, dès sa naissance, dès son accession à la personnalité, à la vie juridique. Dans le
patrimoine se trouvent les droits patrimoniaux Les droits patrimoniaux sont des prérogatives de la
personne évaluables en argent et susceptibles d’opérations juridiques : on les appelle encore droits
pécuniaires. Ils se subdivisent en droits réels et droits personnels ou droits de créance

P.1 Les droits réels

- Le droit réel est une prérogative exercée par une personne directement sur une chose. C’est le droit
qu’à une personne sur une chose. Il confère à une personne un pouvoir direct et immédiat sur une
chose, (pouvoir qui s’exerce sans l’entremise d’un autre individu). Il comporte seulement deux
éléments : la personne sujet actif du droit, et la chose objet du droit : c’est un droit direct sur la
chose (jus in re). On en distingue deux catégories : les droits réels principaux et les droits réels
accessoires ou droits de garantie. Les droits réels principaux tendent à l’utilisation ou l’exploitation,
directe de la chose par le titulaire du droit. Dans cette catégorie on range le droit de propriété, le
droit d’usufruit, d’usage, d’habitation, de servitude, d’emphytéose (bail de très longue durée : 18 à
99 ans et qui de ce fait est considéré par la loi comme un droit réel) etc… Les droits réels accessoires
ou de garanties n’ont pas d’existence propre et ne se conçoivent que comme accessoires d’un droit
personnel ou de créance. Ce sont des garanties données au créancier sur un bien de son débiteur.
Lorsque le bien donné en garantie est un immeuble on parle d’hypothèque ; lorsque c’est un meuble
on parle de gage ; s’il s’agit d’un fond de commerce c’est un nantissement

P.2 Les droits personnels ou de créance

Le droit de créance est celui qui confère à son titulaire (le créancier) le droit d’exiger d’une autre
personne (le débiteur) une certaine prestation positive ou une abstention ; il met ainsi en rapport
deux personnes : le créancier et le débiteur. Dans le patrimoine du premier, il est un élément de
l’actif ; dans celui du second, il est un élément du passif. Le droit de créance est aussi appelé droit
personnel, par opposition au droit réel. L’appellation « droit personnel » vise à souligner la relation
interpersonnelle qui caractérise le droit de créance. La créance sur laquelle porte le droit peut avoir
des objets les plus variés, à l’image de la variété de choses ou de prestations que nous pouvons
devoir les uns aux autres. Tout d’abord, le débiteur peut devoir une somme d’argent au créancier. Il
peut aussi lui devoir un livre, un ordinateur ou toute autre chose matérielle ou immatérielle. Ensuite,
le débiteur peut devoir une prestation de services, par exemple deux heures de travail ; l’employeur
a une créance de travail sur le salarié. Enfin, ce qui est attendu du débiteur peut être une abstention ;
celui qui est lié par une clause de non concurrence doit s’abstenir de mener une activité de nature à
faire concurrence au créancier de l’obligation. 142. Contrairement au droit réel, le droit de créance
ne donne pas au créancier la possibilité de suivre un bien sorti du patrimoine du débiteur. En cas
d’inexécution de la part du débiteur, le créancier peut certes poursuivre l’exécution forcée sur les
biens du premier ; mais il ne pourra saisir et faire vendre que les biens qu’il trouve dans le patrimoine
du débiteur au moment de la saisie. Mais, si par fraude le débiteur a appauvri son patrimoine, le
créancier pourrait demander et obtenir la révocation des actes d’appauvrissement par ce qu’on
appelle action paulienne.

Section 2. Les droits extrapatrimoniaux

L’homme n’a pas besoin que de biens matériels ou immatériels ; sa personnalité se nourrit aussi
d’éléments d’ordre spirituel, de choix de façon d’être et d’agir. Ces éléments d’ordre spirituel
forment les droits extrapatrimoniaux. Les droits extrapatrimoniaux sont ceux qui, présentant pour le
sujet un intérêt moral, se trouvent en dehors de son patrimoine et ne sont pas évaluables en argent.
Ils sont hors commerce, insaisissables, intransmissibles et incessibles. Il en est ainsi des droits de
droits de l’homme, des droits, intellectuels, des droits de la personnalité (qui visent
l’épanouissement de la personne envisagée individuellement), les droits civils et politiques, etc

Chapitre II- Les sources des droits subjectifs

La question des sources des droits subjectifs est essentielle à la vie juridique. Il s’agit en ef f et de
savoir quels évènements, quelles circonstances provoquent la naissance d’un droit subjectif au profit
d’un sujet de droit. Ces circonstances sont, toujours, des faits de l’homme ou plus exactement des
sujets de droit. Il convient donc d’étudier les actes juridiques et les faits juridiques.

Section 1. Les actes juridiques

La notion d’acte juridique a deux sens dans le langage juridique. Il peut s’agir de l’opération
accomplie en vue de produire des effets de droit, par exemple une vente. Dans ce sens, on
s’intéresse au fond de l’acte, à ce pour quoi il y a manifestation de volonté : c’est le negotium. Dans
un second sens, la notion d’acte juridique renvoie à l’écrit destiné à constater l’opération juridique, à
ce par quoi il y a manifestation de volonté : c’est l’instrumentum. Seul le premier sens de l’acte
juridique nous intéresse dans cette section. Il est d’usage de distinguer trois catégories d’actes
juridiques : les conventions, les actes juridiques unilatéraux et les actes juridiques collectifs

Les conventions peuvent être réparties dans plusieurs catégories. Certaines créent des droits réels
(constitution d’hypothèque, d’usufruit, de servitudes) : ce sont des conventions constitutives.
D’autres se bornent à constater un droit préexistant (ex. le partage) : ce sont des conventions
déclaratives. Un troisième groupe de conventions entraînent la disparition d’un rapport de droit
(remise de dette190, dation en paiement191) : ce sont des conventions extinctives. Un quatrième
groupe de conventions opèrent un déplacement de propriété (la vente, la donation, la cession de
créance, etc.) : ce sont les conventions translatives. Dans la plupart de cas, les conventions créent des
droits et obligations réciproques à l’égard des parties : ce sont les contrats synallagmatiques, dont la
vente est l’exemple parfait : le vendeur transfère la propriété du bien contre argent ; l’acheteur verse
de l’argent contre l’acquisition de la propriété de la chose. Mais parfois la convention ne crée des
obligations qu’à la charge d’une seule des parties, au profit de l’autre ; il s’agit alors d’un contrat
unilatéral. C’est le cas, par exemple, de la donation, puisque celui qui reçoit ne donne rien en
contrepartie. L’hypothèse ne doit pas être confondue avec l’acte juridique unilatéral car dans le cas
de la donation, il y a acceptation par le donataire de ce qui est donné, donc rencontre de deux
volontés

L’acte collectif est l’acte juridique par lequel se manifestent les volontés d’un ensemble de
personnes unies par une communauté d’intérêts ou impliquées dans une action commune 192. Dans
cette catégorie, on peut citer les délibérations des assemblées : les membres des assemblées sont
unis par une communauté d’intérêts, au moins parce qu’il faut penser que tous tiennent au bon
fonctionnement et au développement de l’organisme qu’ils animent. L’acte collectif peut, en même
temps, être conventionnel ; c’est le cas avec la convention collective de travail. La loi la définit
comme « un accord ayant pour objet de régler les rapports professionnels entre les employeurs et
les travailleurs… »

Section 2. Les faits juridiques

Les faits juridiques sont des évènements, volontaires ou non, qui engendrent des effets de droit
directement déterminés par la loi. Cette définition tout à fait générale peut être illustrée par
l’obligation de réparer que la loi impose à celui qui a causé un dommage par sa faute (fait personnel
dommageable), ou encore par la transmission du patrimoine de la personne qu’elle attache au décès
de celle-ci. Elle ne signifie pas (il faut y prendre garde), que le droit soit en l’occurrence indifférent à
la volonté de la personne ; bien au contraire, cette volonté, si elle existe, peut déterminer des
conséquences de droit particulières (ainsi, le f ait que des blessures aient été infligées à autrui
volontairement justifie une sanction pénale plus sévère que dans le cas de blessures involontaires).
Elle indique seulement que les effets que la loi attache à l’événement considéré se produisent
indépendamment de sa volonté, qu’elle les ait voulus ou non, l’auteur de la faute dommageable sera
tenu, bon gré mal gré, de réparer le préjudice causé ; nul ne peut faire obstacle à la transmission de
son patrimoine au jour de son décès. De même, un meurtre prémédité est bien une manifestation de
volonté, mais il ne constitue pas un acte juridique car, l’intention a été de donner la mort, non de
subir une condamnation

Section III- les preuves des droits subjectifs

Il existe deux grands procédés ou modes de preuve en droit : les procédés de preuve parfaits et les
procédés de preuve imparfaits.

Modes de preuves parfais : Dans cette catégorie on range la preuve littérale ou l’écrit et l’aveu.

La preuve littérale C’est celle qui résulte d’écrits émanant des parties et destinés à servir de preuve.
L’écrit peut être un acte authentique ou sous seing-privé. L’acte authentique est un acte dressé par
une personne qui a reçu spécialement pouvoir à cet effet, qui a qualité d’officier public. Par exemple :
un OEC, un notaire. (son régime tout entier est dominé par un souci de sécurité : outre le fait que
l’acte ne peut être établi que par des personnes spécialement habilitées par la loi, sa rédaction est
soumise à des multiples exigences, notamment de forme : mentions obligatoires, indication de la
date, signature de l’officier public, des parties etc. Il peut être dressé sur support papier ou
électronique

L’acte sous seing-privé est un écrit établi par de simples particuliers ou des personnes n’ayant pas la
qualité d’officier public ; normalement les parties à l’acte juridique qu’il constate. Les contraintes
formelles y sont très réduites. Hormis l’exigence, générale, de la signature des parties, il n’en est que
deux

L’aveu : L’aveu est une déclaration par laquelle une personne tient pour vrai un fait qui peut produire
contre elle des conséquences juridiques. Le régime de l’aveu varie selon qu’il est fait dans le cadre
judiciaire ou en dehors.

Modes de preuve imparfaits :

Les procédés de preuve imparfaits sont ceux qui ne permettent pas au juge de trancher directement,
mais lui laissent une marge d’appréciation. Dans cette catégorie on retrouve : les témoignages, les
présomptions de fait ou de l’homme et indices et le serment supplétoire. Le témoignage est une
déclaration faite par une personne sur des faits dont elle a eu personnellement connaissance (ce qui
permet de le distinguer de la preuve par commune renommée qui consiste en ce que des personnes
rapportent, non plus ce qu’elles ont constatées elles-mêmes, mais ce qu’elles ont su par ouï-dire, à
propos de tel ou tel fait. Cette preuve courante sous l’Ancien droit, était et reste dangereuse par son
imprécision croissante au fur et à mesure que l’on s’éloigne du témoignage directe). Il peut recueilli
dans le cadre d’une procédure d’enquête, ou directement par le juge. La preuve par témoin est
appelée preuve testimoniale. Les présomptions de fait ou de l’homme qu’il ne faut pas confondre
avec les présomptions légales, sont les conséquences que l’on tire d’un fait connu à un fait inconnu.
Dans la catégorie on range les indices qui sont les premiers éléments de preuve. Ex : pour
reconstituer la vitesse à laquelle roulait la voiture, on mesure les traces qu’ont laissées les pneus sur
la route. On prouve ainsi directement des faits (traces de pneus) qui ne sont pas l’objet de la preuve,
mais en établissant un lien de causalité (la trace de pneu est la conséquence d’une certaine vitesse),
on déduit de la preuve fournie la preuve indirecte de la vitesse. [La présomption légale est un
déplacement de l’objet de la preuve ou une dispense de preuve. Le législateur met en place une
présomption lorsqu’il observe que la preuve directe d’un fait est trop difficile ou lorsqu’il désire
éviter des disputes probatoires sur certains sujets. Ex : en f ait de meuble possession vaut être ; 312,
l’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari). On distingue deux sortes de présomptions
légales : les simples et les irréfragables. La présomption simple est celle qui admet la preuve
contraire. La irréfragable est celle qui n’admet pas la preuve contraire : exemple autorité de chose
jugée). Le serment supplétoire est celui déféré d’office par le juge à une partie. C’est le juge qui
décide le déférer à une partie pour disposer d’un élément de conviction complémentaire. Il n’a que
la force probante d’un témoignage. Les témoignages, les présomptions de fait ou de l’homme et le
serment supplétoire ont une force probante de pur fait et laissent au juge une grande marge
d’appréciation. Mais ils peuvent renforcer un commencement de preuve par écrit, servir dans les
hypothèses où il a été impossible de se pré-constituer un écrit. Les différents modes de preuve
connus, il est important de se préoccuper de leur admissibilité

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