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SOCIETE D’EGYPTOLOGIE
GEN ÈVE

( ISSN 0255 -6286)

BULLETIN N ° 16 1992
BAKETATON FILLE DE KIYA ?
Marc GABOLDE

1. BAKETATON

La tombe de Houya à Tell cl - Amama accueille les seules repr ésentations légend ées
connues de la princesse Bakeiaton. Il s'agit en tout et pour tout de cinq scènes où la jeune
fille est syst é matiquement associ ée «à la reine-mère Tiyi. Dans un premier tableau,
Baketaton accompagne Tiyi conduite par Akhenaton dans le sanctuaire «Ombre de Rc» qui
.
lui est consacr é f 1 ) ( fig I ) . Elle est encore pr ésente, aupr ès du fauteuil de la reine Tiyi,
dans une sc ène de banquet où Akhenaton, Nefertiti et quatre de leurs filles se restaurent en
compagnie de la reine -mère qui leur fait face ( 2 ) ( fig. 2) Une autre scè ne semblable où la
famille royale se désalt ère montre Baketaton dans la meme attitude que pr écédemment (3 )
( fig. 3) . Sur un linteau de porte, Baketaton, toujours sous la conduite de Tiyi, lè ve le bras
en signe d ' adoration devant une figuration d' Amenophis III installé dans un fauteuil en face
.
de son épouse ( 4 ) ( fig 4 ). La derni ère représentation de Baketaton dans la tombe de Houya
est , en fait , une image d’image puisqu'il s'agit d’une sc ène figurant le sculpteur Youty
mettant la derni è re main à une statuette de la princesse ( ) ( fig. 5 ) . Une é tiquette de jarre
dat ée de fan XIII ( ?) provenant des fouilles de J . D . S Pcndlcbury donne, pour sa part , le
titre principal et le début du nom de la princesse (6) ( fig. 6) .

L’intimit é de la jeune princesse avec Tiyi dans la tombe de Houya atteste assurément qu'un
lien étroit les unissait, aussi a - t -on souvent fait de Baketaton une fille tardivement née de
Tiyi et Aménophis III. Cependant , la Miniature de Bakeiaton n'offre, paradoxalement , que
peu d'indications sur la nature exacte de la relation qui existait entre les deux femmes. Les
cinq légendes qui accompagnent la jeune fille comme le texte de l'étiquette de jarre se
ressemblent et donnent :

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I ) N. de C î. Davies, Tiw / lock Tombs of El Anmmrs , vol. Ill, pis. IX - X


2 ) N. de G Davies, o. c. vol (II, pl IV .
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3 ) N de G. Davies, o. c. , vol III, pi. VI.


d ) N. de Ci. Davies, o. c. , vol . Ill, pl. XW .
5) N. de Ci. Davies, o. c. col. Ill, pl. X 1TI.
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.
6) J D. S . Pcndlchury, The City of Akheno / en , vol. Ill, Londres 1951, 164 et pl LXXXV1, n° 42
2X MARC GABOI.DI:- BSIXi 16 ( 1992)

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- À : <d xijille du roi , de sa chair , son aimée. Baketaton » ( 7) ( fig. 1 ).


- B: « Jxt fille du roi . de sa chair , son ai nice. Baketaton » ( * ) ( fig. 2 ) .
- C : « / .a fille du roi , de sa chair , son aimcc. / Bake / jalon » ( 9 ) ( fig. 3 ) .
,
- D: « Ixi fille du roi , de sa / chairL son / aimele. Ba / keljalon » ( 0 ) ( fie . 4 ).
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E: « Baketaton » ( ) ( fig. 5).
F: « la fille du roi . Bakel / aion / ... » ( l 2 ) ( fig. 6) .

Le plus surprenant, dans ce prolocolc princier, est que jamais n'appara î t le litre de « soeur
royale » qui eû t etc conforme au sinlul de Baketaton par rapport à Akhenaton si celle - ci
avait etc fille d' Â mcnophis III et de son épouse principale ( 13 ) . Elle n' est pas plus « née de
la grande épouse royale e / mère royale Tiyi » ( l 4 ) comme on serait en droit de l 'attendre de

.
7 ) N. de G. Davies, o. e. vol. Ht, pis. IX - X .
8) N. de G. Davies, o. cvol. Ill, pi. IV
9 ) N de G. Davies, o. cvol. III. pi. VI.
10) N. de G . Davies, o. c. , vol. Ill, pi XIII .
11 ) N. de ( i. Danes, o. cvol. Ill, pl XIII
12 ) J. D. S. Pendlebury, o. c.. pl. LXXXVI, n° 42. ( Jne certaine Baketpaalo» est mentionnée sur le
papyrus comj)lablo de Brooklyn 35 1453, mais elle n'est pas fille royale et sa mère n'est pas une reine,
cf. V Condon, RdT. 35 ( 19X4 ), 63. ligne 4 et 65, n 4.
'

13 ) Le titre est bien attesté, mais la plupart de ces soeurs royales sont également les é jxmses de leur
frère. Cependant, la princesse Neferourè, tille de Thoutinosis II. est sporadiquement soeur royale de
Thoulinosis III, sans être jamais son è jxuisc, cf . II. Ganlhicr, Le livre des mis d' Egvpie ( MtLAO IX ) , vol . Il,
Le Caire 1910, 252 ( 13); Ch. Meyer, L \ IV ( 19X 2 ). col. 3 X 2 -3 \ s . v. «Nefcmre»). Voir cejx:ndanl
P. Donna ». The Monuments of Senenmut , Londres/New York 197 X , 79. qui é voque la possibilit é d'un
mariage entre Thontinosis Ill et Neferourè en suivant une suggestion invérifiable de D . B. kodford, JEA 51
.
( 1965), I 0X l ia, soeur de Ramsès II bien que conjointe d ' un simple pnrticuhci sur lesquel(|ues monuments
-
( [ u'on lui conna î t , conserve son titre de sn.i nj swi , cf . G . 1 . Martin, ./ / . I 70 ( 19 X 4 ). 25. A Amarna,
'

Moulnedjemet est « soeur de la grande é|>ousc royale Nefertili», cf R Mari, Horemheh el In reine
Moutncdjemei, Genè ve 1966, 157 - 166 et pl. XXVIII . Ce dernier titre est encore port é, jxMir la fin de la
XVIIIe dynastie , par Moutemnoiib, belle- soeur du roi AS , d'apres les textes d'une statue conservée au
Brooklyn Museum , cf T G H. James. Corpus of the Hieroglyphic Inscriptions in the Brooklyn Museum,
vol I. Brooklyn 1974 , 172, n° 425, pl LXXXIV. Pom Te|>o<|ue tardive, consulter également H. Docisch-
.
Ambcrgcr, G \ / 3 1 ( 1979 ) 19.
Que Summon ne porte pas ce titre n'est pas étonnant , car elle nest jamais mentionnée à Amarna
autrement que sur des monuments dat é s du régne d’Aménophis III ( voir ci-dcssous, n. 14 ). Il est probable
qu'elle mourut avant que son frère ne r égnâ t . Les autres filles d'Amcnophis III ne sont pas plus mentionnées
sous le règne de leur frère . L'absence du titre de «soeur royale» est , en fait, due à l'abscncc de titulaire.
14 ) Avant la ] >ériodc amamicnne, l'ascendance maternelle n'est que rarement notée Cependant, trois des
.

filles de Tiyi, Salnmon. Ilenoutaneb et Ncblâhà sont « nées de In grande é pouse, royale Tiyi »
.
cf H. Gauthier, o. c., vol 11, 341 - 2; Ch . Meyer IA V ( 1984 ), 486 et n. I (n° 6-8) \ s. v. Snlaimm II ) . Voir
encore G . T. Martin, The Royal Tomb at EI - 'Amania, vol. I, Londres 1974, 88- 9 (avec le nom de Snlainon
.
regrav é en Nl> n\Vt Rr\ ) et B. van de Walle CdE 43 /lase. 87 ( 1968 ), 36-54. Ajouter également W. Helck,
GM 62 ( 1983), 2 - 24
BS / 'X 'i 16 ( 1992 ) BAKI-T ATON 1- II.I.K or. KIVA ? 29

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Fig I: Tombe dc Houva. Akhcnalon accompagnnnl Tiyi suivie de Bnkctnlon
dans le sancluairc «Ombre dc Re»,
d’apres N. de G. Davies. The Rock Tombs of h.l A marna III. p|. X . %
30 MARC GABOI.DI:- lï SF.G 16 ( 1992)

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Fig. 2: Tombe de Houya. la famille royale se rcsiauranl en compagnie de


Tiyi cl Dnketaton. d’apres N. de G. Davies, o. c . III. pi IV .

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Fig. 3: Tombe de ! lonya. la famille royale se désaltérant en compagnie


de Tiyi cl Rnkclalon. d’apres N. de G. Davies, o. c. , Il K pi. V ) .
BSEG 16 ( 1992 ) BAKHTATON FILLE DE KJYA ? 31

Fig. 4: Tombe de Houyn. linlcnu fignninl . à droite. Tiyi accompagn ée de


Baketaton rendant hommage à Amenophis III assis en face et . a gauche.
Akhenaton et Ncfcrtili recevant les salutations de leurs quatre Hiles a î n ées ,
.
d 'après N . de G . Davies, o . c. 111. pi . XIII .

Fig. 5: Tombe de Houyn. le sculpteur Youly achevant une statuette de


Baketaton. d 'apres N . de G . Davies , o , c.. III . pi. XIII .

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Fig. 6: Etiquette de jarre mentionnant la fille royale Baketaton .


d 'après J . D. S. Pcndlcbury, The City ofAkhenaten III , Londres ( 1951 ), 164
et pi . LXXXV1, n° 42.
32 MARC GABOLDL BSldi 16 ( 1992 )

sa parente supposée. Ces particularit és n'avaient pas échappé à N . de G . Davies qui s'en
était é tonne ; niais l 'attitude respectueuse de Baketaton vis-à -vis d ' Anié nophis III avait fini
par le convaincre que ce dernier ne pouvait ê tre que son pcrc ( 15 ) . Pourtant , l 'attention
port ée à l 'asccndancc des enfants royaux est presque maniaque à Amarnn ( l 6 ) et la
gé n éalogie des princesses est constamment rappel ée dans d ’interminables titulatures aussi
bien pour les rejetons de Nefertiti que pour la fille de Kiyn ( l 7 ) .

L' impossibilit é pour Tiyi d 'etre la m è re de Baketaton pourrait ê tre d éduite du fait que cette
reine n 'é tait sans doute plus en â ge de porter des enfants lorsque Baketaton fut mise au
monde. En fait , tout cela d é pend , en partie de l 'é pineux probl è me de la corégence entre
,

Am é nophis 111 et Akheiiaton et de la date de la naissance de Baketaton .

L' â ge de la reine Tiyi à la mort d ' Anié nophis 111 peut ê tre estim é grâ ce à plusieurs indices .
La reine appara î t pour la premi è re fois au cô t é de son époux dans le texte d ' un scarabée de
l 'an II d ' Anié nophis III relatant les exploits du jeune roi lors d ' une chasse au taureau ( lx )
On est en droit de supposer qu 'elle avait au moms Ll ans cette ann ée- l à ( l ';). La derniè re
date connue pour Am é nophis III est l ’an XXXVIII rév é lée par une étiquette de jarre du
palais de Malqata ( 2 Ü ) Lorsque Am é nophis III entra dans la XXXIXe et derni è re ann ée de
son règne. Tiyi avait donc au moins 50 ans.

Baketaton . pour sa part dut na î tre entre l ' an 11 et l ' an VIII d ' Akhenaton C . Aldred la
,

15 ) Cf N . de Cl . Davies, o. cvol lit . 5 et n . 1 . I n l ait , ce geste respectueux est commun à la plupart


des dignitaires, qu'ils appui tiennent ou non a la famille royale, lorsqu'ils se présentent devant le roi . Si
Aménophis III est figuré de maniè re |>ostlmme sur ce linteau , ce que même certains tenants de la corégence
acceptent désormais, ce geste rendrait simplement compte de l'hommage que tout un chacun doit rendre à
un pharaon d é funt , cf. C. Aldred, . Ikhenaien King ofligvpp Londres 198X, 17 1-5 . *

If» ) Ce souci ne semble pas avoir survé cu a la restauration de Tout à nkhamon. Il est pour le moins
é trange que. sous le régne î le ce roi , Ankhesenamon ne j^orte jamais le litre de « fille rovale ». La mort
d'Akhenaton jreut expliquer l'abandon de celle qualité mais c'est l à un exemple rare de reniement
,

d 'ascendance Si . par ailleurs. Tout à nkhamon é tait également un lils d 'Akhenaton , son é pouse aman dit
jrorlcr le titre de «soeur royale » qui convenait à son statut Or elle ne porte jamais ce titre , comme si les
liens qui unissaient les deux membres du couple roval à Akheiiaton avaient é t é volontairement passés sous
silence.
17 ) La m ê me précision se retrouve clans les titres des filles tic Merytaton et Ankhesenpaalon , bien que
l'existence de ces enfants soit encore l 'objet de conjectures , cf J . U . I lanis, « Kiyn », ( V //: 49/fnsc. 97 ( 197*1 ),
- - -
.70. n 6. Le bloc 151 vii s d'1 Icnuopolis donne la tilulaliirc d 'AnkhesenpuatonlasherW et ajoute qu 'Ankhe -
senpaaton |noiu rcgrnvé sut Kiya|, est en outre , tille de Nefertiti , cf. \ K llanke , Antania llcliefs auc -
. -
IIcnuopolis ( I / À I Ï 2 ) 135, 116 X. Voir encore Ch . Meyer , SAK 11 ( 19 X 1 ) \l''csisclnift IL. Ilelck \ , 263. qui
ne croit pas à l 'existence de ces enfants de Merytaton et Ankhesenpaaton
IX ) C. Blankcnberg - vnn Delden , The hnge Commemorative Scarabs of Anicnho/ cp I I I , l .cvdc I 960,
-
16 7 el pi . X .
19 ) C'est une estimation minimum. Il n’est pas concevable qu'elle ail été encore impubè re lors de son
mariage avec Am é nophis 111 . cm le titre de hm.r nj - xwt ( an contraire de celui de inn. f nir ) indique que la
maturit é sexuelle est effective. L'exemple î le Summon est significatif , cm elle ne devint é pouse royale que
tardivement dans le régne de son pè re , indiquant par l à m ê me qu'une telle union n'é tait pas envisageable
avant l'adolescence. Il ne faut pas perdre de vue que la procréation é tait probablement l'un des objectifs
majeurs des unions dans l'ancienne Lgypte et la promotion de Snlamon au rang de « grande é pouse royale »
est peut -ê tre à considérer en fonction de la possibilité que Tiyi liait plus é t é en âge de porter des enfants à
.
la fin du l ègue de son mari { attitude compréhensive de Tiyi peut se justifier si Salomon é tait en mesure
,

d'offrir ce que sa m ère ne dé tenait pins: le pouvoir de mettre au monde des enfants royaux du meme sang
. -
qu'elle, cf A . Vardlc , ASAIi -10 ( 191! ) 651 7: Ch. Meyer, «Sntuimin 11 », /. 1 V ( 19 X 4 ) , 1 X 5-7 .
* <

20 ) W . C . I layes . CdH 21/ là sc. 47 ( 19*19), 96


BSEG 16 ( 1992 ) BAKETATON in.LE DP. KIYA 9 33

suppose un peu plus ogee que l'aî née des filles de Nefertiti en se fondant sur les
représentations de la tombe de Hoiiva ( 21 ) . En fait, selon les parois considé r ées , la taille de
la princesse varie notablement . Elle est repr ésent ée une fois avec une taille à peu pr ès
équivalente «à celle de Merytaton ( 22). mais d'autres figurations la donnent plus petite
qu' Ankhcscnpaalon ( 21). voire de taille très nettement inférieure à cette dernière ( 24 ).
Connue, en outre, les dates de naissance des princesses nées de Nefertiti sont loin d'etre
sûres, on ne peut guère affiner cette estimation ( 25 ). En fait , seule une scène de la tombe de
llouya donne à penser que Baketaton est aussi âgée que Merytaton. Tous les autres
tableaux indiquent au contraire qu 'elle é tait sensiblement plus jeune que l’a î née des filles de
Nefertiti, pour autant que la taille des personnages soit rév élatrice de leur âge .

Si la cor égence entre Aménophis 111 et Akhenaton n ' a pas eu lieu, alors la reine Tiyi devait
avoir au moins 52 ans en l’an II de son fils et au moins 5 X ans en l'an VIII. ce qui exclut
absolument qu 'elle puisse être la mère de Baketaton, à moins de lui pr ê ter des parturitions
dignes de Sarah ou de Sainte Élisabeth ( 26).

Si une corégence de 12 ans. temps maximum acceptable, a exist é entre Amé nophis III et
Akhenaton, alors T iyi aurait eu au moins 40 ans en fan 11 d Akhenaton ( = an XXVIII 1

d' Aménophis III) et au moins 46 ans en l'an VIII de ce même roi ( an XXXIV
d' Aménophis III) Il n'existe malheureusement pas de statistique sur la fécondit é des
femmes dans l' Égypte ancienne, mais il semble bien que les grossesses au -delà de la
quarantaine aient é t é, comme à la fin du XVIIIe siècle en Egypte, exceptionnelles sinon
rarissimes ( 27).

Baketaton a donc bien peu de chances d'etre la fille d' Aménophis III cl de Tiyi. Les
partisans d'une absence de corégence entre Amé nophis 111 et son successeur s'en
convaincront facilement et ceux qui tiennent la corégence pour assurée ( 2 S) sont obligés

21 ) C Aldred.. Akhenaton, le pharaon mystique. Paris 1972, 91.


22 ) N. de G Davies, o. r , vol III, pi. IV
23 ) N. de G. Davies, o. c. . vol. Ill, pi . XIII
24 ) N. de G . Davies, o. r , vol HI . pi VI
25 ) L'an IV de là st èle K semble bien cire la dale de la première reconnaissance par Akhenaton du site
on il é leva le futur «Horizon d'Aton». Dans le cintre de la st èle, la princesse Merytaton est dé j à en âge
d'accompagner ses parents lors du service solennel du disque, ce qui jKMirrait indiquer qu'elle avail au moins
2 à 3 ans lorsque ce monument lut gravé, cf N. de G . Davies, o . c . , vol . V, pis. X X I X - X X X .
26 ) Genèse XVII, \ l \ L u c I. 5 - 23.
27 ) Cf. M. de Chabrol, «lissai sur les moeurs des habilans modernes de l’Egypte», Description de
l' Egypte. Etat moderne , tome XVIII, éd. Panckouekc ( 1826), 54 , qui décrit In situation de la fertilit é des
femmes égyptiennes en ces tenues; «Cependant les femmes ne sont jxts f écondes aussi tord qu 'en Europe:
dès qu' elles approchent de trente ans. des occidens r é it ér és rendent leurs couches laborieuses et coû tent la
vie à l ’enfant dont elles comptaient encore s'enorgueillir. Loge î le trente - cinq ans est le tenue ordinaire
pour le plus grand nombre. Quelques unes jouissent du bonheur d'ê tre m è res jusqu 'à quarante: tuais ces
exceptions sont rares: il est très e.xtmordinoire de voir une femme produire au -delà de cet âge ». Ces
observations n’ont aucune base statistique, mais on ne saurait leur ô ter tout cr édit jxmr c e t t e seule raison.
Elles doivent correspondre grosso modo à la réalit é cl il n’esl pas absurde d'extrapoler en supposant que
l'é tat sanitaire de l'Egypte au X I V e siècle avant noire ère é tait ] >en différent de celui observ é par les savants
de l'Expédition d’Egypte
28) I.c dernier point sur l'é ventuelle cor égence entre Aménophis III et Akhenaton est donne par
C . Aldred, Akhettaien k i n g of Egypt Londres 1988, 169 - 82 , qui la tient, quoique avec moins de conviction
%

qu’nuparavant , pour certaine. Voir encore les communications de W. R . Johnson cl J. r . Romano. The Art of
34 MARC GABOLDE BSFXi 16 ( 1992 )

d 'admettre qu ' une maternit é de Tivi au -del à de l 'an II d’ Akhenaton rel è ve d ' une fertilit é peu
ordinaire ( 20 ) . Les lignes qui suivent ne prennent donc en consid é ration que l ' hypothèse
selon laquelle Tiyi ne peut ê tre la m è re de Baketaton afin d ’é tudier les conséquences
é ventuelles de cette option .

U . L ' ENFANT DE KlYA

Le personnage de Kiya. depuis sa decouverte par W. C. Hayes ( '°) confirm ée par


H . W . Fairman ( 3 I ) et . surtout les travaux de Y . Y . Percpclkin ( 32 ) et R . Hanke ( 33 ), a
,

consid é rablement retenu l 'attention des égyptologues. La derniè re publication , qui n'apporte
pas moins de six nouveaux documents, est duc à C . N . Reeves ( 34 ) et elle fait le point sur
l 'ensemble des documents et hypoth èses relatifs à cette reine oubli é e un temps. Parmi les
myst è res qui entourent la personnalit é de Kiya . l ' identité de son enfant n ' est pas le moins
irritant . Les quelques blocs du Maron - Aton qui auraient du préserver les restes de sa
tilulaturc ont é t é martel és dans l ' Antiquit é et . bien souvent , les noms de Merytatontasheryt
et d 'Ankhcscnpantontashcryt ( 3 S ) ne laissent deviner sons les rcgravurcs que quelques
traces o ù l 'on a peine à reconna î tre le moindre signe. R . Hanke. avec beaucoup de persé-
vé rance parvint cependant à l 'aide du bloc 925 - viii -c (36 ), à montrer que ce patronyme
,

assez court ( 37 ) d é butait par le nom d 'Aton ( 3S) ( fig . 7 ) . D'autres indices lui permirent
Amenhofep III : Art Historical Analysis. Cleveland 1090 , 26-16 et ‘17- 54 Les preuves directes de celle
corégence oui tendance a se réduire connue une peau de chagrin avec le temps et celles que l’on tenait
autrefois pour in ébranlables ne r ésistent plus a un examen sé rieux , cf . Ch . b l .ocbcn , « No Evidence of
Coregency : Zwei gelilgle Inschriften ans dem Grab von Tulanchamun », IISIXi 15 ( 1091 ) , 82 - 90.
20 ) La fertilit é féminine en Occident diminue progressivement à partir de la trente-huitiè me aimée
jusqu a la m é nopause , mais d'innombrables facteurs |>cuvent contribuer à augmenter la st é rilit é. La
-
bilharziose cervico vaginale, par exemple , entra î ne la st é rilit é de 30% des femmes et celle parasitose qui
frapjK en moyenne 10% de la population é gyptienne est endémique en Egypte depuis des millé naires.
-
cf. R . Renaud & R . Le Cannelier , Encyclopédie. M édit o Chinirgicah\ Pans 1071 , 505 Al (\ 1 l . Pour les
cas observés sur des momies, cf . IL Lapp. « Histology and I listopathology of the Manchester Mummies » ,
.
Sciences in Egyptology Manchester 1086, 347-0 : S Jngailloux , Ui m édicalisation de l’Egypte au XI\x

siècle ( I 79S - I 9 I S ) . ( Edition Recherche sur les civilisations . Synthèse n ° 25|, Paris 1086, 256 - 258 . Je
.
remercie le docteur Catherine Lrolxu t pour les précisions m édicales cl les indications bibliographiques
'

qu'elle a aimablement mises a ma disposition .


Il n 'esi pas impossible , en outre , que l'arrivée î le nouvelles e ] x > nscs dans le harem royal , notamment des
princesses mitaniemics et , peut -ê tre , des propres tilles du roi . ait eu une influence pernicieuse sur la
fécondité de la grande é ) xnisc royale Tiyi , quand bien m ê me sa fertilit é n 'é tait pas alVeclée .
30 ) W . C . Naves. The Scepter of Egypt , vol II , New York 1050 , 204 .
31 ) 11 . W Eainnan , «Once again the so-called Collin of Akhenaten» , JE A 47 ( 1061 ). 25-10 .
32 ) Y . Y . Percpclkin , The Secret of the Gold Cofjin , Moscou 1078, passim .
-
33 ) R. I lanke , Amania Reliefs ans Ilennopohs { HAH 2 ) , I lildesheim 1078. 188 st/ .
34 ) N. C . Reeves. « New Light on Kiya from Texts in the British Museum » , JEA 74 ( 1988 ), 91 - 101 .
L’essentiel des autres sources relatives à Kiya est donn é par W . Ilelck dans le Ll II 1 /2 ( 1078 ), 422 - 5 [ s. v.
KijnJ.
35 ) Selon J . R . Harris , « Kiya », OIE 40/ l asc. 07 ( 1074 ), 30, n . 6. ces enfants ne sont |>cul -ctrc pas ceux
'

des princesses Mcrvlnton et Ankhesonpaalon . En elïet , toutes leurs titulalures sont regravées sur le
protocole du myst é rieux rejeton de Kiya cl Ion ne j >ossede ni l'iconographie ni le nom original de ces
enfants supposes ê tre les fruits d ' unions incestueuses qui n 'ont jamais é t é prouvées. Voir encore Ch . Mover ,
SA K I I Cl 984 ) \ Festschnft W . He( ck \ , 263.
36 ) G . Koeder, Amama - Reliefs ans l / enuopolis , \ Ansgrnbungen der de.utschen Ilennopolis- Expedilion
in llermopolis / 929- 1939 ] , vol. Il , I lildesheim I 960, pi . CXLV 111 .
37 ) Voir notamment IC Hanke. a c , pl . 53 ( blocs 224 - viii , P. C . 102 et 925 - viu -c ); pi . 57 ( bloc
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Fij» 7: Bloc 925 - VIN -C d'I Icimopolis. Fig. 8: Uloc n° 2 d 'Hcrmopolis. dessin
dessin d'nprcs G. Roeder. . [ nmrnn - KcHcfs d'nprcs R . Hanke. Aninnw - ReHeJs nus
dus f J(' rmn/ >u / is. \ Ausxrnhungai lier l / cnnnpohs. H. \ H 2. ( 1978). 2 14 . pl . 2 .
dcutschcn llcrniopoHs- lixpcdilinn in n° 2 cl 267 . pl. 55. n° 2
flcnnopo / is 1 (J 2 ) / 929| II. Ilildcshcim
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( 1969 ). pl . CXLV 1 II.

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Fig 9: Bloc 152 -viii d’Ilcrmopolis. dessin Fi 10: Bloc 442 - viii d’1 lcrmopolis. dessin
^
d'après G. Roeder. o. c II ( 1969). pl . LVII. d'après G. Roeder. o. c. II ( 1969 ). pl . XI.

d'avancer que eel enfant avait le meme statut que Mcrytntontnshcryt et


Ankhcscnpaatontasheiyl et qu'il s'agissait donc d'une fille royale d' Akhenaton ( v;). Les
, ,
inscriptions des blocs 376- viii ( 0 ). 610- viii ( n ) et n° 3 ( 2 ) ( fig. 8) lui indiquèrent que la
tiliiInturo de celte fille, à l'instar de celle des filles de Ncfcrlit è se terminait dans certains

442-viii-a). Ce nom ne dépassait guère deux cadrais.


28 ) R . Ilanke, o. c. , 191 et pl 52. Cet entant se nommait donc soil AUm-A’. soil A -aton si la r ègle de
l’inversion respectueuse é tait appliquée.
. .
29) R . I lanke, o. c . , 192 el pl 56 . d’après le bloc 632 - viii cf Ci. Roeder, o. c. vol. II, pl . XXIX .
40 ) G. Roeder, o. c., vol. Il, pl. XXIII.
41 ) 0. Roeder. o. c. , vol. Il, p] XV.
42 ) R . 1 lanke, o. r., 214, pl. 2, 267, pl . 55, n° 3 , cf 4 - 6.
36 MARC GABOLDP. BSh'G 16 ( 1992 )

cas par l’asccndancc maternelle ( 41), alors que les pierres 153- viii ( 4 I ) ( fig. 9 ) et
442-viii (4 '- ) (fig . 10) lui donn è rent un arrangement o ù , en revanche, le nom cl le protocole
de Kiva pr écédaient le nom de la princesse ( 46 ) . Cet enfant fut apparemment la seule
progé niture de Kiya ( 47 ) , bien que la maternit é de Tout â nkhaton lui ait parfois ét é
accord ée ( 48) .

III . CONCLUSIONS

Le fait que Baketaton ne porte pas le titre de « soeur royale » , mais uniquement celui de
« fille royale de sa chair » et qu ' elle ne soit pas « née de la grande é pouse royale ci mè re
royale Tiyi » invite, on l 'a vu , à considé rer que son pè re est À khenaton plut ô t
qu 'Aménophis III ( 49 ) . Il n 'existe pas, en effet , d ' autre roi de l 'cpoquc amarnicnnc qui
pourrait assumer cette paternit é ( 50 ) Elle ne peut , comme le crut un instant
W . M . F . Petrie ( M ), cire la fille de Nefcrtiti , car elle n 'apparaî t jamais au milieu des autres
princesses issues de cette reine cl , surtout , sa litulaturc ne porte jamais l ' habituelle et
n écessaire formule « né e de la grande é pouse royale. son aimée. Ne / erneferouaion-
Neferlili ; puisse-t - elle vivre pour toujours et à jamais ». 11 y a donc quelque chance pour
quelle soit n ée d ' une é pouse secondaire d’Akhenaton entre l ' an 11 et l ' an VIII de ce dernier

43 ) IL 1 lanke, o. c. . 192 .
44 ) G . R oc(1er o. c. . vol . II pi . ! . VII . R Ilankc , o. c. . pl . 37.
45 ) G . Roeder , o. c .. vol . It . pl. XI ; R . 1 lanke, o. c. , pl , 57.
46 ) R . Ilanke, o. c. , 190 - 1 .
47 ) Sur le bloc 50- vni |= 435- viij jHirtanl la lilulalnrc d’un enfant de Kiya , le signe t du fé minin du mol
.
« fille » semble surcharger un Irail verlic il , mais celle marque pourrait n 'ê tre qu ' un éclat recenl . cf R . I lanke ,
o. c. 27 L pl . 59 et pl . 53 |xmr la reconstitution de l' inscription .
%

48 ) cf . W Hoick , « Kija » , JA 111 / 2 ( 1978 ) , 423 et n. 13; N. C. Reeves , I . c. , 101 et n . 42 . Voir encore
.

G. Robin , OR 20 ( 1991 ). 71 - 3 et 1 )1: 22 ( 1992 ), 25- 7 , qui é voque la possibilité que Nefertiti soit la mè re de
Toulankhnlon .
49 ) Par comparaison , l'élude de la litulaturc de Tiyi ré vé le que, |>endant le ré gne de son tils, le titre de
« m è re royale » , en sus de celui de « grande é pouse royale », n'est que rarement omis . Lorsque Akhenaton est
pré sent par ses cartouches ou son image, ce premier titre ne manque jamais: - toml >e de Itouya ( les titres de
llousa ne sont pas pris en compte ) , cf. M . Sandman , Texts from the Time of Akhenaten ( Il. E 8), Bruxelles
1938 , 35 , 2; 35, 14; 36 , 12 - 13; 42 , 13, - catafalque de la tombe 55 de la Vallée des Rois. ibid. , 164 . 11 , 164 ,
'

13; 164 , 16 , 165 , 2; 165 , 12; 166 , 1 ( une exception non cnregislr ée par M . Sandman : ta scè ne d'offrande de
la pl . XXXIII de Th . Davis, The Tomb of Queen Tiyi , Londres 1910 , o ù la litulaturc de la reine est , de toute
mani è re, fautive ) - tombe de Kherouef , cf The Tomb of Khenuf Theban Tomb 192 ( OIT 102 ), Chicago
1980 , pl. IX - deux fois mwt ntj\ dont une fois avec hm.t nj- su' t HT./ , - boite à onguent du Louvre.
cf J . Vandier d'Abbadic , ( 'ufologue des objets de toilette é gyptiens , Paris. 1972 , 46, CT 122 - ouchebti de
.
la Vall ée des Rois , Description de l’Egypte Antiquit é V , pl . 60, n ° 7 ( dans le volume Antiquit é II , pl . 80 ,
n° 6 , un autre ouchebti avec le nom de roi de Haute et liasse- Egypte ti'Amé nophis U 1 écrit phon é tiquement
et la litulaturc de la reine ne porte pas le titre de « mere royale» ) . Lorsque Akhenmon n’est pas présent et
que le monument date neanmoins de son ré gne , seul le titre de hm .t nj - ssef wr .t est not é en gén é ral .
Selon cette règle, qui ne semble souffrir aucune exception hormis une inscription dé fectueuse par
ailleurs, les litres de Baketaton dans la tombe de 1 lonva auraient d û obligatoirement mentionner sa relation
de fraternit é avec ic roi sur les parois reproduites aux planches IV , VI , IX cl X de la publication de
N . de G . Davies. Le fait que ce ne soit pas le cas ne peut s'expliquer logiquement que si Baketaton n'est pas
la soeur d'Akhenaton .
50 ) Il ne peut être question de Semenekhkarè, dont la personnalité esl encore controversée, et qui
n'appara î t que beaucoup plus tard .
-
51 ) W M . Y . Rcirie , Tell el Amunui . Londres 1894 , 39.
BSEG 16 ( 1992) BAKKTATON FILLE DE KIYA ? 37

Celle épouse secondaire d'À khcnaton , qui aurait donne au roi une fille nommée Baketaton
entre l’an II et Y an VIII, n'est a priori pas connue . Cependant, il existe bien une épouse
secondaire d'À khcnaton nomm ée Kiya qui, on l ' a vu, entre les années VI et XII du règne
d' À khcnaton ( 52) mit au monde une fille nommée À'-aton ou Aton -X II n'est donc pas
nécessaire de chercher bien loin au sein de la progéniture féminine d' Akhcnaton cette
princesse dont le nom n 'est pas encore connu: ce pourrait être Baketaton ( 53) . Les restes du
nom de la fille de Kiya relevé s «à grand peine par R . Hanke s 'accordent , par ailleurs, tout à
fait avec cette identification ( 54 )

En somme, les conditions pour que Tivi soit la mè re de Baketaton sont beaucoup plus
difficiles à réunir que celles en faveur de l'opinion inverse. Seule l'habitude de considérer la
déduction de N . de G. Davies comme un fait acquis a, jusqu 'à pré sent , fait obstacle à la
critique de cette proposition du dessinateur anglais.

Pour que Baketaton soit la benjamine des enfants de Tiyi et Aménophis 111, il est , en effet,
nécessaire :

L que la corcgcnec entre Aménophis III et Akhenaton ait exist é.


2 . que Tiyi ait eu au plus 14 ans en l'an II d' Aménophis I1L
3 . qu 'elle ait pu mettre au monde un enfant en é tant au moins quadragénaire.
4 . que les textes de la tombe de Hou va ne respectent jamais les r ègles strictes de composi -
tion des titulaturcs des princesses observées partout ailleurs .

Pour que Baketaton soit la fille de Kiya. il faut , tout au plus, expliquer pourquoi cette
derni ère n'est ni cit ée ni représent ée dans la tombe de Houya et rendre compte de la raison
pour laquelle Tiyi semble la remplacer Cette absence de Kiya se comprend aisément si l’on
suppose que celle- ci était morte lorsque Tiyi entreprit sa grande visite d’Akhetaton ( 55). La

52 ) Sous l'appellation is .{/«. /, K i \ a est mentionnée sur deux cliquettes de jarre de Tell el -Amariia l a
première, dat ée de l'an XI, est publiée par W. M. F. Petrie , o. c., pi. X X V , n° 95 La seconde est dat ée pai
certains auteurs de l'an XVI, mais on ne peut lire sûrement (pie l'an VI, cf 11. Frankfort
.
8c J. 1). S. Pendlelniry. The C ity qf Akhenaien , vol . II. Londres 1933 pi. 58, n° 16 . Ses monuments portent
.
les deux formes du nom de l'Aton et sur les bas- reliefs ou la tonne ancienne de ce nom appara î t , sa fille
semble «âgée de quelques années .
53 ) Que Baketaton ne soit figur ée que dans la loml>e de Houya n’est pas extraordinaire en soi et a é t é
envisagé sans é tat d'â me pai lotis les auteurs ou presque jusqu'à présent . Le jeune Tonlànkhaton n'est lui
mê me attest é en tant que prince que sur le bloc d'Ilcrmopolis 831 - vii-c , ( cf. G Boeder, Amanui - Reliefs nus
Hennopolis , vol 11, [ Ausyrabungen dvr deufschcn ! Icnnopolis - R.xpedition in IfcnnopoJis i 929 - 1939 \ t

Hildeshcim 1969, pis. CV 1 el CCXXI). Cependant , le statut assez exceptionnel de Baketaton dans les
repr ésentations de l'hypogée de I louya ne peut ê tre qu'un sujet d'extrême é tonnement comparé à son absence
quasi totale du reste de documentation amarnienne on elle ne serait représent ée que par une é tiquette de
jarre, cf ci-dessus, n . 6.
54 ) Voir ci- dessus, n 37. Les deux nourrissons, qui n'en font probablement qu'un, repré sent és dans les
bras de leurs nourrices dans les salles ( dphn et Ranima de la tombe royale ne |>euvenl entrer en ligne de
compte malgré les remarques de G . 1 Martin, Tiw Royal Tomb nt Rl - ' Amanui , vol 11, Londres 1989, 40,
n. 5 et 44 (restitution du texte ini|K>ssible), cf pis. 58. 63. L'identit é de ce( s) nimrrisson( s) est discut ée dans
lin prochain article, cf M. Gabolde. «Douze propositions et un nouveau modèle historique |>our la fin de la
XVIIIe dynastie», à para î tre.
55 ) L'absence de l'ascendance maternelle dans les titres des filles de Nefertiti pour cause du déc ès de
leur mè re u é t é comment ée dans le RSRG 14 ( 1990), 40, n 14 L'effacement des noms et images de Kiya cl
de sa fille sur les blocs du Marou - Atou nesl pas forcément un acte de damnaho memoriae. Si toutes deux
38 MARC GABON »: BSJ' G 16 ( 1992 )

reine douairi è re recueillit -elle à celte occasion sa petite-fille orpheline? Cela se pourrait si
Kiya , dont le nom entier était probablement Kiloughcpa ( 56 ) avait , à l ' instar de Kiloughcpa
l ' Aincc cl Tadoughepa ( 57 ) , etc accueillie à la cour par Tiyi . Cette princesse en exil é tait
sans doute proche de la grande reine d ' Amcnophis III ( 5 R ) et cette derni è re s'en souvint lors
de son séjour aniarnicn en d écouvrant la jeune fille de Kiya .

Plus prosa ïquement . Houya , responsable du gyncccc royal ( 59 ). voulut probablement que
figurent , parmi les é vé nements importants de sa vie susceptibles de d écorer son tombeau ,
son investiture à cette charge ( 60 ) et la réception somptueuse «à laquelle il participa pour
l 'arrivée de la reine-m è re dans la nouvelle capitale ( r> l ). Ces tableaux lui permirent de faire
représenter en bonne place Baketaton qui é tait sa pensionnaire *à Tell cl - Amarna et de lui
associer celle dont il dirigeait le trésor et les é tats et qui se trouvait ê tre sa grand - m è re, la
reine Tiyi ( r' 2 ) .

Si Tiyi n 'est pas la m è re de Baketaton . ce qui est au moins une possibilit é au vu des

ciment mortes quand Men talon cl Ankliesenpaaton devinrent nubiles , ta r é utilisation de cet edifice nelait
.
eu rien une mesure vexaloiie à l 'encontre de la m é moire de Kiva mais simplement l ’adaptation d' une
structure alors d ésaffect ée a la nouvelle situation des princesses , l e martelage du nom de Neferliii dans la
tilulaline de Merytaton et Ankliesenpaaton sur deux bases de statue r é|xmd an m ê me souci d 'actualiser un
monument et l'animosité des filles de Neferliii envers leur m è re ne peut cire invoquée sé rieusement dans
ces cas cf . BM 1000 = I , K . S Ldwards, / Heroglwhic lexis from Tfrptian Stelae . . . . vol . VIII , Londres
*
,

. .
1930 , 27 8. pt . XXIV et 1 ' I . ( î n ïilih . // Cl 17 ( 193Ï), pi. XXVII n ° 4 5
- -
. .
56 ) W . Helek . « Kija » , L \ 111 / 2 ( 1978 ), 123 el I . Mnnniehe GM 18 ( 1975 ). 34 , soutiennent que Kiya est
.
probablement Tadoughepa . Cependant W I . Moran , V . 1 laas et O. Wilhelm , les leiires d'd Amanw
-
( IA PO 13 ). Paris 1987. 581 | index , v. « Kcliya » et « Kehi heba » ) , semblent considé rer que le diminutif de
Kilouglicpa est Kehya. ce qui , é tant donn é la liquidit é du aleph dans la langue égyptienne , |>ciil fort bien
avoir donné Kiya en égyptien Un revanche , celte Kilouglicpa ne |xnit ê tre la Kilouglicpa qui é|xnisa
--
Aménophis III et , semble t il . mourut sous son règne . Il pourrait s'agir d ' une homonyme milanicnne ou
hittite de cette derniè re Pour la version é gyptienne de ce nom : Kjr jpi . voir C Blankcuhcrg Van Delden , -
.
o. c.. 160- 2 pl XXXIV, n ° LSI ) l . ^
57 ) Pour la réception de Kiloughcpa à la cour égvpticnne , voir la lettre LA 17 et le scaral >éc du mariage
-
daté de Van X cit é à la noie pr écédente. Pour Tadoughepa . consulter les lettres de Tell cl Amama L A 22 .
'

. .
23 24 . 25. 27 28 cl 29 . La piemiè rc é tait une soeur du roi lousluatta du Mitani et la seconde une fille de
ce m ê me souveiam.
.
58 ) Tiyi contrairement à beaucoup d'autres cjxnises de pharaons , n'appaflcnait pas à la famille royale
-
avant son manage , cf B Sclnnit /. L \ VI ( 19X 6 ) , col . 305 6 el 307 -8|.v. v. Teje ) .
.

59 ) Mr i/ )i njywl . cf M Sandman , lexis from the Time of . Ikhenaien { ITT. 8 ). Bruxelles 1938 , 34 . 9;
.
'

36 , 2. 4 , 7; 37 7: 38, 2; 39. 2 . 9: 42. 5: 43, II


60 ) Par deux fois il esi fail mention de la nomination de 1 louyn à celle charge , cf M . Sandman , o. c. ,
-
35, 16 ( dim n mr j/ >t nj xu t ) , 36 , 2; 36 , 4 ; 38. 2
61 ) Le sanctuaire «Ombre î le R é » de Tiyi ressemblait sans doute à celui (|uc le roi avait fail construire
jxmr Kiya et que Merytaton et Ankliesenpaaton reprirent plus lard ) >onr leur propre usage . Les nombreux
blocs d'ilermopolis figurant î les scè nes d’mlimit é ainsi que la présence de nourrices et de jeunes enfants
semblent indiquer que ces pavillons ont pu tenir le rô le d évolu ult é rieurement aux inammisis. Ces édifices
sont certainement attest és à partir de la XIXe dynastie ainsi que l’a dé montre Ch Desrochcs - Noblocourl ,
« Le mammisi de Ramsès au Rnmcsseum » , Memnonia 1 ( 1991 ) , 25 -^16 . Voir encore , jxmr ces chajxzlles
«Ombre de Rca , .1. D S. Pciulleburv , The C’/Tv of Akhenafen . vol . Ill , Londres 1951 , 201 8 et R . Sladelmann ,
-
A IDA! K 25 ( 1969 ), 159-78.
62 ) I /affection de l 'a ïeule jxmr ses petits-enfants est nllest ée par la présence de clnquoirs aux noms de
Merytaton et Tiyi dans la tombe de Tout â nkhnmon cf H . Beinlich . M . Saleb , Corpus der
ffieroglvpJiischcn Inschrifteu ans dem Grab des TiHauchannin > Oxford 1989, 221 ( = Carter 620 ( 13 )]. Le
-
texte donne: hm.t nj swt wr .t (Tjj ) rnh.tj si .t nj - .vwf ( Mr ( j.t ] Jtn ) cl , si cet objet avait é t é le seul connu an
nom de Merytaton , nul doute que Von aurait donné cette princesse pour llllc de Tiyi comme ce fut le cas
pour Baketaton
HSKG 16 ( 1992 ) BAKKTATON FILLK ni:* KIYA ? 39

arguments pr é sentes ci -dessus, In maternit é de Tout â nkhanion ne lui est guè re plus
imputable. Ce dernier après dix années de r ègne (61), mourut âgé de 16 à 18 ans selon la
,

plupart des spécialistes qui étudièrent sa momie ( 4 ) . 11 naquit donc entre l' an IX et l'an XI
°
d ' Akhenaton si les r ègnes de Scmcnckhkarc et Aukh(ct )khcpcrourc Nefemeferouaton/
Meryaton sont entiè rement compris dans celui d' Akhenaton et entre l'an XII et l'an XIV si
Scmcnckhkarc et alii eurent des règnes indépendants. Or Tiyi avait au moins 47 ans en l'an
IX d'Akhenaton si celui - ci fut le corégent d' Amenophis III et elle ne peut raisonnablement
avoir mis au monde le jeune Toulà nkhamon à celte époque Si la cor égence n' a pas exist é,
elle avait alors au moins 59 ans à cette meme date du r ègne de son fils, ce qui interdit , cette
fois - ci, toute grossesse . Il est donc trè s vraisemblable que la mè re de Tout â nkhaton, à
l'instar de celle de Baketnton dont l'identit é a é t é suggé r ée plus liant, est à chercher au
moins à la génération suivant celle de Tiyi .

L'identification de la fille de Kiya avec Baketaton offre de nouveaux jalons chronologiques


pour la seconde partie du r ègne d' Akhenaton. Les parois du Marou - Aton attestent que Kiya
surv écut à la naissance de sa fille C5). Les bas reliefs de la tombe de Hou va permettent de
supposer que l'épouse secondaire d' Akhenaton disparut alors que sa fille avait entre 3 et 10
ans (66). On peut donc proposer que Tiyi survécut à sa bru d'au moins quelques mois (r> 7)

Marc GABOLDL
Av . de Saxe 135
69003 LYON

6.1) L’an X est la plus haute date comme du roi Llle se trouve sur l'une des cliquettes hiératiques du
tomlxam de Toulànkhamon cf. } Corny lheraiic hi .unptions from the Tomb of Tut'ankhannm
.

( Tuf 'ankhanntn's Tomb Scries 2 ), Oxlot <l I 96 \ pi 24. if 24 .


-
64 ) Cf 1 Filee- Leek , Human Remains from the Tomb of TuTankhamun ( I nfankhamuns Tomb Series
5), Oxford 1972. 12, 17. 19 Les r écentes estimations proj>osées par léqui|>e de l'lJuiveisite du Michigan
.
donnent mie fourchette de quatre années eniie 22 et 27 ans cf J. 1 lluriis and L. F VVente, (.2 des du
'

colloque \ After Tut ankhanmn . New York et Londres 1792. IL Cejxmda ïU. les mé thodes utilisées el les
'

é valuations projxysées par ces savants sont extrêmement contestables et justement contest ées, cf R . Germer,
« Oie angchlichc Mummieder Teje», SA K 11 ( 19 X 1 ) \ l 7esischrifi If. Ilelck ) , 85 -91 .
65) Coniniy G T Martin, The Royal Tomb at Hl - ' Amama , vol 11, Londres 19 X 9, 40 cl n , 5 .
66) Ce qui r éduirait a néant les hypothè ses de W Ilelck publiées dans les A //9.4 / À’ 28 ( 1982 ), 162,
réit ér ées lors du congrè s de Turin et qui font de Kiya ( tf ips.i ) la Oahamonnsou ( / b a i l nj - stet ) de la lettre
*
au roi hittite. Selon N. C Reeves, lepithé te ri .t de la formule lun.l n j x w t r /> .i ( en place de b / n.i nj -s\\ l w r .f )
fut récujiérée par Nelèrtiti à la «disparition» de Kiya. cf. JT.’ A 74 ( 19 XX ). 100- 1 . avec bibliographie des
occurrences C'est de l'époque qui suivit la mort de Kiya el pr écéda celle de Nelèrtiti que doit dater le bloc
451 - vii- s d'IIcnuopolis où Ankhesenpaaton |nom regravé sur Kiya ) . bien que mère d'Ankhesenixiaton-
tashcryl, est encore désignée comme fille de Nelèrtiti, cf. R . Hanke, Amanui - Reiiefs ans / Icnuopolis
( II ÀH 2 ), Ilildesheim 1978, 125, 146 - 8 La date de l'an XVI pour H &ps.i est une restitution, on ne peut lire
.
sûrement que l'an VI, cf II frank fort éi J. 19 S. Pcndlclmry o. c. , vol. Il ( 1922 ), pi. 58, n° 16 et rien
n'indique qu’elle vécut aussi longtemps, bien que des formes du nom d’Aton qui apparaissent sur scs
monuments soient , pour certaines, assurément tardives.
.
67 ) G . T. Martin, o. c., vol. Il, 24 et pis. 25 -6 suppose avec de bons arguments que Tiyi fut enterr ée
dans la tombe royale d'Amarna. La tonne du nom d'Aton que l'on rencontre sur la paroi qui semble
concerner son déc è s appartient à l'une des deux versions intermédiaires dit protocole du disque.

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