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« Tous ceux qui m’ont connu, tous sans exception me croient mort. Ma propre conviction que
j’existe a contre elle l’unanimité́ . Quoi que je fasse, je n’empêcherais pas que dans l’esprit de la
totalité́ des hommes, il y a l’image du cadavre de Robinson. Cela seul suffit ‐ non certes à me
tuer ‐ mais à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans
les limbes, en somme. Speranza ou les limbes du Pacifique... » écrite par Tournier M. dans le livre
« Vendredi ou les limbes du pacifique ».
C’est l’histoire d’un homme qui se retrouve seul sur une île. Il explique alors que tous ceux qui l’ont
connu, c’est-à-dire avant dans sa vie « normale », le croient mort car ils n’ont plus de nouvelles de lui,
plus aucuns signe de vie. Sa propre conviction, donc sa propre certitude, du fait qu’il existe et qu’il est
vivant, a contre elle l’unanimité, qu’il est mort. Cette unanimité vient de toutes les personnes qu’ils
connaissaient avant et qui le croient mort. C’est comme si tout le monde était contre lui, contre le fait
qu’il soit vivant. Ensuite, Robinson nous dit que quoi qu’il fasse, il ne pourra pas enlever l’idée de sa
mort dans l’esprit des gens car il y règne l’image de son cadavre. Le fait que tout le monde croit à sa
mort, ne le tue pas mais le repousse aux limites de sa vie, dans un lieu entre le ciel et les enfers, dans les
limbes, en somme. Dans la religion catholique, les limbes désignent un état de l’au-delà situé aux limites
de l’enfer. On vit grâce aux regards des autres, c’est grâce à eux qu’on existe. Sans les autres, on se sent
vide, vers les limites de notre vie, pour reprendre ses mots. Robinson se retrouve donc seul et c’est
quelque chose de très difficile pour les Hommes. Il se retrouve dans l’inconnu. Par exemple, s’il part
dans la forêt, il va peut-être avoir l’impression que quelqu’un le suit ou que quelqu’un l’observe, c’est
donc ça le pouvoir que le regard d’autrui a sur l’humanité. On a peur de leur regard, de ce qu’ils peuvent
faire, de ce que nous voulons qu’ils fassent et aussi de ce que eux veulent qu’on fasse pour eux. Les
autres déterminent donc notre vision de voir le monde et donnent un sens à notre existence. Ensuite,
comme dernière phrase, il compare simplement son île, c’est-à-dire Speranza, à un enfer sur Terre.