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LES LIMITES DES APPROCHES

MASTER :APGT
ANALYSE DES POLITIQUES PUBLIQUES

Présenté par : encadré par :


Eponou marius wilfried ABA NAIMA
Lonombo Lokufa Défi
Belkharraz Chaimae

Année 2022/2023
PLAN

INTRODUCTION
I-L’APPROCHE SEQUENTIELLE
A) présentation de la grille séquentielle selon Jones
B) succès et faiblesse de l’approche séquentielle selon Jones
II-LES LIMITES DE L’APPROCHE SEQUENTIELLE
A) La distinction trop étanche entre les gouvernants et les
gouvernés 
B) Une lecture de processus trop linéaire et Les séquences
présentées de manière successive et hiérarchisé
INTRODUCTION

L’Analyse des politiques publiques est une étude de l’action publique


ou une étude de l’action de l’Etat.
L’Analyse des politiques publiques est apparue pour la première fois aux Etats-
Unis dans les années 1930, au moment du New deal. Il s’agissait des premiers
travaux d’intervention publique du gouvernement fédéral américain. Il fallait
comprendre pour agir.
Dans les années 1970, plusieurs travaux des politiques publiques ont été
conduits selon une approche séquentielle. On l’appelle aussi « grilles de
Jones ».
Charles Jones est celui qui aborde cette approche par grille séquentielle dans
un des premiers manuels de politique publique. Elle a fait l’objet de multiples
critiques : les étapes sont difficiles à distinguer dans la réalité, elles sont parfois
inversées et ont entre elles de nombreux effets de rétroaction.
Les approches séquentielles constituent un premier modèle de compréhension
de l’émergence et du développement d’une politique publique. Elles
permettent d’identifier l’architecture et les logiques de déploiement.
En outre, il existe d’autres approches des politiques publiques tel que
l’approche procédural, intégrée, constitutive mais pour bien étudier les
diverses approches des politiques publiques, nous allons mettre l'accent sur
l'approche séquentielle des politiques publiques.
Les approches séquentielles constituent un premier modèle de compréhension
de l’émergence et du développement d’une politique publique. Elles
permettent d’en identifier l’architecture et les logiques de déploiement.
I-L’APPROCHE SEQUENTIELLE

La première question qu'on peut poser ici est : comment, ou si vous


préférez à partir de quelle méthode d'analyse, peut-on étudier l'action
publique ? Pour répondre à cette question, nous allons analyser la présentation
de la grille séquentielle de Jones avant de voir ses succès et faiblesses.

A-Présentation de la grille séquentielle 

Dans les écoles de politique publique, se développent, fin 50 début 60,


les grilles séquentielles d'analyse. La plus célèbre dans les années 60-70 fut
la grille de Jones. C'est Charles Jones qui systématise cette approche par grille
séquentielle dans un des premiers manuels de politique publique. Une action
publique peut être découpée en une séquence d'activités qui vont de
l'émergence d'un problème jusqu'au à la « terminaison de l'action ». Il y a
généralement 5 séquences principales qui composeraient le processus. Chaque
phase pourrait faire l'objet d'un mémoire de recherche. Voyons
successivement ces cinq séquences.
. Identification d'un problème : Un problème est identifié par un système
politique ou les autorités publiques comme exigeant un traitement. Tous les
problèmes ne sont pas traitables. Seuls les problèmes exigeant politiquement
un traitement sont inscrits à l'agenda d'une autorité publique. Pour cela il faut
l’avoir construit comme un problème politiquement traitable.
Formulation d'une solution ou d'une action : Pour faire une politique publique,
il faut la faire selon des critères juridiques et économiques. Les réponses, les
solutions, sont la plupart du temps des solutions négociées pour permettre
d'établir un cadre d'action publique. Ce qui requiert un certain nombre de
formalités non négligeables : Élaboration de réponses / Etudes de solutions /
Mise en conformité avec des critères / proposition d'une réponse.
Prise de décision : Il faut avoir créé une coalition (pour que la loi existe, il faut
qu'elle soit votée au parlement...) et pour que la décision soit possible, il faut
un processus de légitimation de la politique. La politique doit apparaître
comme répondant bien au problème que l'on a cerné. Le décideur légitime va
choisir une des solutions ou un mixage de solutions qui va devenir finalement la
politique publique la plus légitime.
 Mise en œuvre : C'est la phase la plus analysée de la politique publique car elle
reste la phase de construction de solution. Mais à partir de là, on peut mesurer
un certain nombre de chose. La politique est appliquée et administrée sur un
territoire et/ou sur un secteur. Il faut la gérer et l'administrer. Mais le seul fait
de la mettre en œuvre produit des effets parfois souhaités ou non (effets
pervers). Gestion et administration / production d'effet.
 La résolution d'un problème est en théorie : la terminaison de l'action : mais
très peu de problèmes ne se résolvent par une politique publique. Elles
résolvent généralement qu'une partie du problème voir en crée de nouveaux.
Cette cinquième phase débouche alors une phase d'évaluation : une vision des
effets de la politique et d'une pensée sur comment ajuster la politique au
mieux. Ceci étant dit il reste à voir le succès de la grille séquentielle de Jones.

B- succès et faiblesse de l’approche séquentielle selon Jones

 Nous allons analyser ses succès (1) avant de pencher sur ses faiblesses (2).

1.Les succès de l'analyse de Jones


Au regard de la représentation de l'approche séquentielle de Jones, on peut se
demander pourquoi un tel succès pour cette grille d’analyse ? Principalement
parce que c'est une grille qui représente l'action publique de manière très
rationnelle, elle est à la fois adaptée à la rationalité des décideurs et à la
rationalité des chercheurs. Elle est de plus assez souple pour pouvoir être très
adaptable. La rationalité d'action qui est proposée implicitement dans la grille
est plutôt une rationalité de type substantive (coût-avantage). Mais, parce qu'il
y a des séquences d'action, on a aussi une dimension procédurale. A l'intérieur
de chaque étape on peut avoir une rationalité économique mais dans
l'ensemble on a une rationalité procédurale. On a alors les deux. Un deuxième
élément qui lui vaut son succès est qu'on part d'un modèle descriptif et d'un
modèle analytique mais très vite on remarque que c'est un modèle qui prescrit
des choses (point de vue prescriptif), un point de vue d'aide à la décision. On a
donc un modèle tout à fait adapté à la rationalité dominante des chercheurs,
mais elle s'adapte aussi à l'aspect juridique et administratif.
Mais aussi avec les élites politico-administratives parce que cela amène à une
décision rationnelle et rationalisable. On parle alors d'un modèle syncrétique
de rationalité parce qu'il rassemble plusieurs modèles de rationalité. Cela dit, il
y a lieu de retenir qu'une bonne politique publique, c'est une politique qui suit
de manière assez linéaire, ces différentes séquences d'action. On a l'idée que
ce schéma va aider à faire de bonnes actions publiques, mais on en déduit aussi
une certaine capacité du chercheur à peser sur l'objet à analyser (les politiques
publiques elles-mêmes). Le chercheur devient par ce biais, un expert potentiel,
qui va être capable de prodiguer une véritable aide à la décision. Malgré son
succès cette méthode fait l'objet de multiples critiques. D'où l'étude de ses
faiblesses.

1.Les faiblesses de l'analyse de Jones


Malgré sa pertinence, l'approche séquentielle de Jones a fait l'objet de
nombreuses critiques.
La première réserve concerne sa trop grande linéarité. En effet, une décision,
peut "sauter" l'une des phases évoquées par Jones et, de la même manière,
des phases peuvent être inversées. C'est le cas par exemple quand la décision
précède la définition du problème (Ex les urgences liées aux crises sanitaires (le
covid19), aux calamités naturelles etc..).
Un autre problème renvoie à la notion de terminaison ou de fin d'une
politique : cette notion repose sur un postulat rationaliste que l'on retrouve
difficilement sur le terrain. Par postulat rationaliste, il faut entendre par là
l'idée qu'une politique peut effectivement toucher parfaitement sa cible et
devenir donc ensuite inutile, ce qui expliquerait sa disparition. En réalité, les
conditions même d'élaboration d'une décision et les contraintes qui pèsent sur
sa mise en œuvre limitent largement la possibilité qu'une politique publique
puisse remplir parfaitement son office et puisse donc se terminer.
Plus fondamentalement, l'analyse séquentielle repose sur une hypothèse
générale à discuter, que l'on appelle l'hypothèse du problem solving.
Autrement dit, Jones considère avec d'autres spécialistes anglo-saxons des
politiques publiques que l'objet naturel et automatique des politiques
publiques consiste à régler des problèmes. Or ce postulat doit être discuté. On
doit en effet se demander si une politique publique a toujours et partout pour
fin de résoudre un problème. On peut, par exemple, faire l'hypothèse qu'une
politique publique vise à redéfinir un problème et à construire une nouvelle
représentation sociale de celui-ci.
Une autre hypothèse, à partir de la grille séquentielle de Jones, consiste à
discuter l’idée selon laquelle le cadre des politiques publiques se limite à un
débat ou à une confrontation entre ceux que Jones appelle dans son livre les
décisions-maker. Autrement dit, les prises de décision se caractériseraient
d'abord par une dimension technique ou pratique. Or ce qu'il faut rappeler
c'est que les politiques publiques sont aussi et surtout des problèmes
politiques. Elles reposent sur un affrontement entre des visions du monde, des
valeurs et des intérêts. D'où l'idée qu'une prise de décision c'est aussi un
élément de la vie politique, au même titre que le vote par exemple. Ce n'est
pas seulement un affrontement tactique entre organisations ou acteurs. On
retrouve là l'idée de Cobb et Elder du lien nécessaire entre Policy et politics,
c'est-à-dire entre action publique et action politique. Outre l'approche
séquentielle de John, d'autres approches ont été proposées.
II-LES LIMITES DE L’APPROCHE SEQUENTIELLE

Plusieurs précautions doivent être prises si l’on veut éviter une


approche trop simpliste du phénomène étudié. Certaines concernent l’ordre
des étapes et d’autres les étapes elles-mêmes.

A) La distinction trop étanche entre les gouvernants et les


gouvernés 

Plusieurs limites à la grille de Jones doivent être relevées. En premier


lieu, la grille donne à voir une distinction (trop) étanche entre les gouvernants
et les gouvernés, alors que les seconds peuvent participer aux processus de
décision. Il s’agit d’une invitation à prendre en compte la diversité d’acteurs à
chaque étape dont le schéma ne rend pas compte.
Les gouvernés peuvent participer aux processus de décisions. Cette
participation consiste à prendre en compte la diversité d’acteurs à chaque
étape dont le schéma ne rend pas compte. Certaines étapes sont difficiles à
identifier. Ainsi, il est délicat de fixer avec précision le moment où une décision
est prise.

B) Une lecture de processus trop linéaire et Les séquences


présentées de manière successive et hiérarchisé

1. Une lecture de processus trop linéaire

Alors que des étapes distinguées peuvent se chevaucher, rétroagir voire


s’inverser. Les arguments développés pour légitimer une politique publique
peuvent conduire à formuler en d’autres termes la solution proposée, comme
dans le cas d’une mesure économique dont le volet social est accentué.

Une décision peut sauter l’une des phases évoquées par Jones, et de la même
manière des phases peuvent être inversées.
Les arguments développés pour légitimer une politique publique peuvent
conduire à formuler en d’autres termes la solution proposée.
L’ordre des étapes peut être inversé ou perturbé.

2.Les séquences présentées de manière successive et hiérarchisé

Elles ne sont pas un reflet de la réalité. Les grilles d’analyse par repérage
de séquences présentent en particulier les politiques publiques comme des
conséquences logiques d’évaluations et d’estimations rationnelles et font de la
phase de décision la phase la plus importante dans un schéma où le décideur
est prépondérant.
Les processus qui conduisent à la définition et à la mise en œuvre de politiques
publiques sont souvent complexes et ainsi difficilement réductibles à des
enchaînements logiques. Ces processus peuvent au contraire être pensés
comme un mélange d’interactions variées, accidentellement reliées les unes
aux autres, excluant tout schéma rationnel et mettant en rapport des groupes,
qui agissent en fonction d’intérêts hétérogènes pour des problèmes qu’ils ne
perçoivent pas de la même manière.
La décision est considérée comme un acte isolé. Elle est perçue sous forme
idéale de choix politique indépendamment de ses conditions spatio-
temporelles de production.
BIBLIOGRAPHIE

 Jacques de Maillard, Analyser les politiques publiques, Presses


Universitaires de Grenoble, Politique en +, 2016. Pages 18.
 Boussaguet L., Jacquot S. et Ravinet P. (dir.), Dictionnaire des politiques
publiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2010, 3e éd.
 Paquin S., Bernier L. et Lachapelle G. (dir.), L’Analyse des politiques
publiques, Presse de l’université de Montréal, 2011.
 « Approches, méthodes et concepts dans l’analyse politique des
politiques publiques », Revue française de science politique, février 2005,
numéro spécial, vol. 55, no 1.
 GARDON, Sébastien ; GAUTIER, Amandine ; et LE NAOUR, Gwenola.
Chapitre 1 - Les approches séquentielles et leur dépassement In : La
santé globale au prisme de l'analyse des politiques publiques [en ligne].
Versailles : Éditions Quæ, 2020 (généré le 11 janvier 2023). Disponible
sur Internet : <http://books.openedition.org/quae/36595>. ISBN :
9782759233915.

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