63362TEWB0019 NoteDeSyntheseCours

RÉDACTION D’UNE NOTE DE
SYNTHÈSE
Antoine ROTHÉ
Formateur consultant - Officier en retraite
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© CNED 2020 6-3362-TE-WB-00-19
Retour d’expérience de Milan van Gaver,
ancien candidat, sous-lieutenant de
la promotion colonel Vallette d’Osiade de
l’EMIA
Lorsque je reçus le premier et massif colis du CNED, un soir d’hiver après un retour de mission, je
sentis la solitude et le découragement le plus total. Il fallait donc trouver le temps et la motivation
pour travailler tout seul, après des années de rupture avec le système scolaire, à un hypothétique
projet : devenir officier. Vaste programme…Qu’importe ! La chance m’était offerte dans une des der-
nières institutions où l’ascenseur social est présent pour ceux qui veulent bien le saisir !
Il s’agit d’abord d’organiser son travail, il s’agit d’être régulier, pas à pas, un petit peu chaque jour, et
tout faire, au moins. Si c’est la motivation qui vous fait débuter, c’est l’habitude qui vous fera conti-
nuer. Se donner des dead-lines, des objectifs personnels. Négocier avec ses supérieurs des cré-
neaux de travail, quitte à sacrifier quelques mois en amont pour ensuite avoir un peu plus de liberté
de manœuvre lors des grosses échéances.
La solitude se brise d’elle-même, d’abord lors de la première PED, ce qui permet au moins de ren-
contrer les autres candidats, ses correcteurs, commencer déjà à créer un esprit promotion. Le culti-
ver en restant en contact, en s’entre-aidant. Puis selon les unités, profiter un maximum de ce qui est
offert : cours, formation, examens blancs… sans hésiter à s’insérer dans d’autres formations si elles
sont utiles (OAEA, BSTAT etc), harceler son officier guide, et s’il n’existe pas trouver un tuteur, être
demandeur, acteur de sa formation. Même essayer de trouver une salle délaissée, et la transformer
en salle de révision avec les autres candidats. Lors du concours blanc, faire tout sérieusement, et
profiter des ratés pour réajuster le tir. Tomber et se relever. Vous n’avez aucune idée de ce dont vous
êtes capables.
La gestion du temps, entre les premiers devoirs et le jour des écrits, devra être régulière. Commen-
cer large, doucement même, accentuer sur la méthodologie, trouver et fabriquer ses outils et sa
méthode propre entre tous les sons de cloches que l’on entend, parfois dissonants, entre le CNED
et d’autres formateurs. Essayer d’atteindre l’efficience, aller à l’essentiel, avec une structure, un
squelette solide. Avoir une boite à outil de citations, de plans types, de méthodes simples.
Il faut aussi tenter d’acquérir, en un an, une certaine culture qui servira pour les écrits et l’oral. Il
s’agit d’être assez pragmatique avec le travail déjà demandé et le temps réduit dont on dispose dans
ce contexte opérationnel dense. C’est-à-dire, encore avec régularité, lire des livres qui tournent au-
tour des thèmes abordés, ou leurs synthèses, s’abonner à des podcasts et à un ou deux magazines
selon ses besoins (géopolitique, histoire, langue…), regarder des reportages (dessous des cartes),
écouter la BBC, visiter la page web de l’EMIA, etc. Demandez conseil à ceux qui ont réussi. Réussis-
sez à transformer le travail et la contrainte en plaisir. Ayant conscience que toutes ces conditions
sont difficiles à réunir, essayez au moins d’en regrouper un maximum.
Vous, futurs cadets, futurs Dolos, n’oubliez pas que ce n’est pas le chemin qui est difficile mais le
difficile qui est chemin.
CNED – 6-3362-TE-00-19 3
Sommaire
Préambule��5
Note de synthèse ��7

Avant-propos - Trouver la bonne attitude ��7
Étape 1
Analyser le sujet��8
Étape 2
La découverte des documents��10
1. La lecture de découverte��10
2. Le plan et la problématique��36
Étape 3
L’exploitation des documents��40
Étape 4
L’introduction et la conclusion��42
1. L’introduction��42
2. La conclusion��42
3. Exemples��43
Étape 5
La rédaction au propre ��45
1. Quelques points importants pour cadrer le développement��45

2. Points particuliers caractéristiques de la note de synthèse��46
Corrigés des mises en application��50

Mise en application 1 ��50
4 CNED Sommaire – 6-3362-TE-00-19

Préambule
La note de synthèse est une épreuve technique qui s’appuie sur un savoir-faire où la méthodologie
est primordiale.
L’épreuve de note de synthèse

L’épreuve de note de synthèse est l’épreuve type des concours d’entrée aux grands corps de la fonc-
tion publique mais aussi aux concours d’entrée aux grandes écoles. Pour cette raison, il existe de
nombreuses références méthodologiques pour préparer à cette épreuve. Ce guide méthodologique,
lors de certaines phases, ne respecte pas la méthodologie classique. Il se veut pragmatique et pré-
tend pouvoir éviter au candidat de se perdre dans la richesse des documents et surtout l’aider à aller
« droit au but ! ».
Le guide qui suit est centré sur le concours de l’EMIA/EMCTA, écoles militaires d’officier de l’armée
de Terre, qui présente la caractéristique suivante :
u les candidats sont des militaires et le dossier à synthétiser traite d’une problématique spécifique
au ministère de la Défense.
u les candidats ne sont pas formés aux techniques spécifiques de la rédaction militaire (étudiées
à l’École d’État-Major) et par conséquent la méthodologie de l’épreuve de la note de synthèse
s’appuiera sur les grands principes conformes à la fonction publique d’État.
La rédaction administrative est « un art technique » difficile à maîtriser et nécessite de l’entraînement…
Destinée à présenter aux échelons supérieurs de la hiérarchie un dossier complexe et volumineux,
la note de synthèse permet aux lecteurs d’accéder rapidement et de manière objective, concise,
voire simplifiée de l’évolution du sujet à traiter. À cet égard, elle doit être donc bâtie avec rigueur
autour d’un plan logique et ne doit en aucun cas être un simple résumé des faits.
Il s’agit par conséquent de réaliser la présentation d’un dossier composé d’une vingtaine de pages
traitant d’un problème lié à la politique de défense de la France.
Pour cette épreuve, le candidat doit, dans un temps court (moins de 4 heures), présenter un document
de synthèse, soigné, destiné à donner à un supérieur hiérarchique toutes les informations utiles
conformément à sa demande, et uniquement les informations extraites du dossier fourni. Le
candidat doit faire la démonstration de son analyse en peu de mots.
Ce guide méthodologique a vocation à présenter les grandes lignes de la méthodologie de la synthèse
d’un dossier. Il vous appartient d’y revenir régulièrement, notamment avant chaque entraînement
(surtout les premiers).
Durant l’épreuve, deux moments doivent être particulièrement distingués ; deux démarches
distinctes mais complémentaires doivent être engagées pour les besoins de l’analyse :
u Le moment de la compréhension : il s’appuie sur les qualités intellectuelles et culturelles du
candidat et suppose des connaissances générales, la maîtrise des concepts abstraits et d’un
vocabulaire spécifique, le repérage des mots clés, l’évaluation des idées…
u Le moment de la rédaction : c’est le temps de la restitution qui permettra au jury d’évaluer
l’aptitude du candidat à s’exprimer dans une forme alliant des qualités de correction et d’élégance
à des exigences de fidélité et de densité. Ces critères relèvent d’un savoir-faire qu’il est facile
d’améliorer.
CNED Préambule – 6-3362-TE-00-19 5

Ces deux moments doivent impérativement être disjoints : il ne s’agit en effet pas de se lancer dans
la rédaction sans avoir bien compris et analysé le sujet et les documents ni, à l’inverse, d’interrompre
la rédaction par de nouvelles interrogations ou réflexions.
En conclusion
Cette épreuve est accessible moyennant une bonne et sérieuse préparation.
Surtout, efforcez-vous de profiter entièrement des quatre heures de l’épreuve et ne partez jamais
avant la fin de l’épreuve. La ténacité est une des clés de la réussite. Partez avec l’idée que les sujets
proposés présentent un intérêt certain. Soyez curieux et ayez la volonté d’approfondir l’analyse.
6 CNED Préambule – 6-3362-TE-00-19

Note de synthèse
Avant-propos
Trouver la bonne attitude
Le jour de l’épreuve, il convient d’adopter un comportement doublement positif :
u Face à l’épreuve : il est impératif d’avoir une attitude positive et confiante. Cette confiance devra
être renforcée du fait de la préparation à laquelle vous vous serez astreint. Bien préparé, tout
candidat peut traiter n’importe quelle note de synthèse avec, certes, plus ou moins de succès,
mais au moins de manière honorable. L’épreuve n’est pas une loterie : une bonne connaissance
de la technicité de l’épreuve et un bon entraînement devraient assurer au candidat une note
satisfaisante.
u Face au sujet : la même confiance doit vous habiter. Peu importe que le sujet vous soit familier
ou pas, vous semble difficile ou abordable. C’est avec méthode et confiance que vous devez
l’appréhender avec comme unique objectif de fournir un travail construit et cohérent dans le délai
qui vous est imparti. Pensez avant tout que vous écrivez à un lecteur qui est colonel ou général.
Donc un supérieur dont les années d’expérience vous obligent à élever le débat. Mettez‑vous à la
place de cette autorité et lisez le texte avec ses yeux et son expérience. Soyez sûr que vous allez
produire un travail intéressant et soyez fier de votre résultat. Elle est le fruit d’un travail régulier
d’entrainement et de lecture approfondie des corrigés et d’une méthodologie acquise puis rodée.
CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 7

Étape 1
Analyser le sujet
Durée : 10 minutes
Ce point de départ est essentiel : l’expérience prouve que de nombreux candidats obtiennent des
notes médiocres dans l’épreuve de la note de synthèse parce qu’ils ont mal compris ou trop partiel‑
lement interprété le sujet. Il importe donc de bien comprendre la question posée, en lisant avec
la plus grande attention les indications de l’énoncé. Le libellé contient en effet des indications
décisives qui doivent vous permettre d’apprécier le sujet dans toutes ses dimensions et vous guider
dans la lecture des documents. Il convient donc de lire avec attention tous les termes du sujet, acti‑
vement, en s’interrogeant sur chacun d’entre eux afin de :
u Repérer les termes essentiels, en décomposant systématiquement les divers éléments du sujet.
L’objectif est d’en apprécier la portée précise et d’éviter tout contresens. Toutes les pistes que
vous aurez pu glaner de l’analyse des termes du sujet, de la mise en situation à la question posée,
sont autant d’indices qui devront guider votre lecture. Souvenez-vous pour qui vous rédigez cette
note de synthèse et mettez-vous à sa place en exploitant les documents. Ne négligez rien : la
ponctuation ou la place des mots peuvent être des indicateurs précieux.
u Délimiter le champ du sujet : cette délimitation doit se faire tant au niveau du thème (zone
géographique, domaine, question ouverte ou fermée) qu’au niveau de l’échelon hiérarchique
destinataire de la note. Le sujet peut en effet donner quelques indications utiles concernant
l’approche du dossier. Il conviendra de s’y conformer, sous peine de hors sujet. Il est rare que le
sujet soit limitatif. La plupart du temps et de manière implicite, c’est une invitation à traduire le
dossier dans sa globalité sans exclure tel ou tel document.
u Reformuler la question posée : cette technique, qui consiste à reformuler la question posée avec
d’autres mots, doit vous rassurer et permettre de mesurer que vous avez parfaitement compris
le sens de la question posée. Cette reformulation intelligente s’appelle la « problématique ». Elle
est le pivot central de l’introduction.
Remarque : il arrive que le sujet soit limité à la phrase laconique suivante : « Le candidat établira une
synthèse du dossier ci-joint. » Dans ce cas, la problématique est formulée par le candidat à partir de la
lecture des documents.
8 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

MISE EN APPLICATION 1
Décortiquez le sujet suivant :

« Vous êtes un lieutenant sorti de l’École militaire interarmes et vous avez rejoint le 1er régiment.
Votre colonel chef de corps vous demande par l’intermédiaire du chef de BOI et votre com‑
mandant d’unité de lui rédiger une synthèse des documents ci-après. Elle aura pour objectif
d’aider votre chef de corps à faire une intervention sur les longs engagements militaires que
mène la France depuis les vingt dernières années auprès de chefs d’entreprise du MEDEF
local. Cette intervention entre dans le cadre des relations établies entre le MEDEF et le régi‑
ment qui institue une rencontre bimensuelle.
Trois points fondamentaux, centrés sur la problématique de « réussir à ramener la Paix », sont
à prendre en compte :
1. La France et les forces occidentales dans leur ensemble éprouvent des difficultés à stabili‑
ser puis normaliser un pays.
2. D’où l’intérêt et la pertinence de cette interrogation dont les membres du MEDEF attendent
une réponse.
3. Il vous est demandé de faire ressortir l’importance du facteur humain dans la réussite des
opérations qui conduisent à la Paix. »
Quels sont les termes importants du sujet ? Quels points sont à prendre en
compte ?
(Les propositions de réponse sont à la fin du fascicule)

Étape 2
La découverte des documents
1. La lecture de découverte
Durée : 15 min
1A. Repérer
La lecture de l’ensemble des documents du dossier est incontournable. Dans la note de synthèse
toutes les idées, et uniquement celles des documents, doivent être extraites du dossier. Il faut noter
cependant que lire l’ensemble du dossier n’est pas une obligation car certains passages peuvent
être hors sujet. Par conséquent leur lecture ne s’impose pas.
Un premier survol des textes permet de se familiariser avec ceux-ci. Cette lecture rapide n’empêchera
pas d’examiner plus attentivement les textes du dossier lors d’une seconde lecture.
Même si cela peut paraître inutile à certains candidats, il est suggéré de vérifier que les pièces
mentionnées sur le récapitulatif après le sujet figurent bien dans le dossier. Cette lecture des titres
des différentes pièces du dossier va aussi permettre d’opérer les premiers choix.
L’entraînement à une technique de lecture rapide peut s’avérer très utile. Le temps imparti est
court, il faut aller à l’essentiel. Les spécialistes s’accordent à estimer qu’un candidat qui s’exerce
assidûment peut doubler sa vitesse de lecture, tout en maintenant une bonne compréhension du
texte. Cette lecture rapide doit prendre en compte les périphériques (titre, auteur, source) et les
aspérités (sous-titres, parties en caractères gras, mots ou phrases mises en valeur, voire introduction
et conclusion…) afin d’avoir une idée générale de la contenance du texte. Il s’agit de faire ressortir
les mots clés et paragraphes importants. La lecture rapide (ou lecture de survol) doit permettre
aussi d’écarter certains passages hors sujet, hors propos ou sans grand intérêt. Ces paragraphes
seront barrés d’un trait. Il ne faudra plus y revenir.
Remarque : Cette méthode de lecture pourra aussi être appliquée à des ouvrages entiers, en priorisant
la lecture approfondie de certains passages identifiés comme centraux par la lecture rapide (sommaire,
introduction, conclusion…).
u Faites un premier tri en déterminant les caractéristiques essentielles des différents documents
proposés : longueur, nature (exposé technique, tableau statistique, rapport ou texte juridique...).
Ce travail permet de cerner les documents qui concernent directement le sujet et ceux qui peuvent
être considérés comme accessoires (développements annexes ou tableaux statistiques, par exemple).
À cette occasion, un document pourrait être écarté éventuellement s’il apparaissait vraiment inutile
dans le cadre du thème à traiter (cette hypothèse est toutefois rarement constatée).

1B. Hiérarchiser
En ce qui concerne les textes juridiques, il est important de respecter le principe de la hiérarchie des
normes, grand principe du droit administratif. Vous éviterez donc de classer une circulaire avant un
décret ou une loi. Au sommet de cette hiérarchie se situe la Constitution, et juste après les traités
internationaux. En résumé la hiérarchie des normes comprend trois niveaux :
1. Le bloc fondamental constitutionnel
• La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 aout 1789
• La Constitution de la Vème République du 4 octobre 1958
• Les traités internationaux
2. Le bloc législatif et réglementaire

• Législatif
– Lois
– Ordonnances
• Réglementaire
– Décrets
– Arrêtés ministériels
– Arrêtés préfectoraux
– Circulaires
– Instructions
3. Le bloc des actes conventionnels

• Normes réglementaires
• Conventions collectives
• Règlement intérieur d’entreprise ou d’établissement
• Contrats de travail
Il est important de noter que le droit européen est supérieur à la hiérarchie du droit français.
Soyez donc très vigilant au respect de cet ordre. Notez bien qu’un document inférieur à un autre dans
la hiérarchie des normes sera certainement redondant par rapport au texte qui lui est supérieur.
Pour les textes d’un même niveau, c’est le plus ancien qui doit être classé en premier. Un contrôle
rapide vous permettra d’éliminer les textes abrogés qui ne doivent pas être cités.
Pour les autres textes, le même principe de hiérarchisation peut s’appliquer : l’auteur du document
peut être une instance officielle, un spécialiste, un journaliste…
u Élaborez une première hiérarchisation et donc un ordre de lecture, en discernant les documents
qui méritent un examen plus attentif, en raison de leur importance. Il s’agit de dégager le(s)
document(s) pivot(s) du dossier, celui ou ceux qui intéressent directement le sujet et qui en
donnent une vision globale.
Cette première hiérarchisation est tout à fait primordiale. Elle vous servira de trame de lecture et
conditionnera pour beaucoup le déroulement de l’épreuve. À ce stade, le sens général des textes doit
avoir été compris et leur intérêt relatif identifié.

Effectuez une lecture rapide des deux premiers documents reproduits dans les pages
suivantes en reprenant la consigne du sujet précédent. Essayez de faire l’exercice en 10
minutes ou moins (sans compter la relecture du sujet si elle est nécessaire). Les documents
3 et 4 ne sont présents pour que vous puissiez suivre la démarche face à un dossier complet
mais il ne vous est pas demandé de les travailler pour l’instant.
Document 1 : David Galula, « le Clausewitz de la contre insurrection ».
Document 2 : Les fantômes furieux de Falloujah, Cahier du RETEX, ministère de la Défense.
Document 3 (deux articles) : (1) Principes de la contre-insurrection, ouvrage des colonels,
Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain et Nicolas Le Nen commenté par Jean-Dominique
MERCHET du journal Libération (29/07/2010). (2) Comment mener à bien une guerre de
contre‑insurrection ? Ouvrage des colonels Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain et
Nicolas Le Nen. Interview des auteurs par Jean Guisnel du Point (26/06/2010).
Document 4 : Mali, l’intervention militaire française en perspectives, publication de Michel
Goya1 du 21/06/2013.
Exemples de lecture rapide (à vous de déterminer celle qui vous convient, voire d’en utiliser
plusieurs) :
u Surligner les points et les mots qui vous permettront d’établir l’essentiel de ce que contient le
texte.
u Annoter le texte en marge en reformulant les idées principales.
u Reformuler les points essentiels sur une autre feuille en les classant (on se rapproche alors
d’une ébauche de plan).
Que retenez-vous de ces textes ? Lequel liriez-vous en premier ?
1er texte :
2e texte :

DOCUMENT 1 Source : Musée du Souvenir. Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan
Davis Galula, « le Clausewitz de la contre insurrection »
David Galula, Élève officier à Saint-Cyr en 1939
L’itinéraire d’un officier français

David Galula est originaire d’Afrique du Nord. Il est né à Sfax (Tunisie) en 1919 et est de confession juive.
En 1939, il s’engage dans l’Armée de Terre et choisit la voie de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Sa
promotion est la 126e, celle “De l’Amitié franco-britannique”, mais il n’a pas le temps de finir sa scolarité que
la Deuxième Guerre mondiale éclate. Affecté au Maroc, il assiste à la défaite et son rapatriement à Aix-en-
Provence - où a été réinstallée l’ESM de Saint-Cyr - sera de courte durée. Juif, Galula est radié des cadres de
l’armée le 2 septembre 1941.
L’antisémitisme du gouvernement de Vichy le contraint à fuir la France pour se réfugier en Afrique du Nord
en juillet 1943. Le Général Henri Giraud le réintègre alors dans l’armée. Dès lors, le Lieutenant David Galula
participe à tous les combats de la Libération jusqu’en 1945. Blessé à l’île d’Elbe, il est cité à l’ordre du Corps
d’Armée et est déjà distingué par ses supérieurs comme un officier “très vif, mais toutefois trop mobile”. Nous
approchons, ici, l’une des caractéristiques fondamentales de Galula - et qui ne cessera de s’affirmer tout au long
de sa carrière militaire - à savoir une originalité et une liberté intellectuelle qui devaient le mettre en décalage
si ce n’est en porte-à-faux avec l’institution militaire.
Avec la fin du conflit mondial - et du fait de sa connaissance de la langue chinoise -, il est très rapidement
engagé sur le théâtre d’opération d’Extrême-Orient notamment en Chine où la guerre civile fait rage. Galula
est alors l’un des rares officiers occidentaux à voyager en Mandchourie intérieure. Capturé et relâché par les
communistes, il fut un observateur particulièrement attentif de la victoire de Mao Tsé-Toung. De retour en Chine
au sein de la Mission militaire française, il y restera cinq années au cours desquelles il étudiera de près l’orga-
nisation militaire chinoise, ainsi que l’idéologie communiste envers laquelle il vouait une profonde aversion.
Il retrouve le communisme en Grèce où il sert comme observateur des Nations-Unies en 1949. Cependant
et contrairement à l’expérience chinoise, il assiste cette fois à l’échec de la guerre insurrectionnelle déclenchée
par les communistes grecs. Profondément sensibilisé aux guerres révolutionnaires et subversives, dont il perçoit
désormais l’ampleur à la lumière de la Guerre froide et de la décolonisation, il commence à en dégager des
contre-principes théoriques qu’il va pouvoir expérimenter durant la Guerre d’Algérie à partir de 1956.

Confrontée à un véritable conflit insurrectionnel et asymétrique en Algérie, la France va tenter d’y faire
face avec une réponse militaire classique, mais également avec une action sociale aussi originale qu’elle sera
dangereuse pour le FLN. C’est ici que Galula va donner la pleine mesure de sa réflexion et de ses capacités,
d’abord comme commandant de la 3e compagnie du 45e Bataillon d’Infanterie coloniale puis en tant que com-
mandant en second de ce même bataillon. Il obtient ainsi de remarquables résultats en pacifiant le quartier du
Djebel de Mimoun, en Grande Kabylie, dont il a la charge. La citation qu’il reçoit à cette occasion fait état de
“méthodes originales” qui ont “réussi à amener la majorité d’une population hostile à une position favorable
à notre politique”. Dans ce type de conflit - et par de tels mots - l’armée française commençait à percevoir la
valeur de l’un des siens. Deux autres citations devaient suivre en 1956 et 1957.
Le théoricien de la contre-insurrection
On le comprendra, David Galula fut bien plus qu’un officier d’Infanterie. Il fut, certes, un soldat forgé dans le
feu de la guerre, mais il fut aussi un témoin sensible et éveillé de son époque. Ses qualités intellectuelles et son
ouverture d’esprit, renforcées par ses expériences, lui permirent de bâtir une véritable théorie de la contre-insur-
rection qu’il exprima dans deux ouvrages: “Pacification in Algeria, 1956-1958” et, surtout,“Counterinsurgency
warfare. Theory and practice”. Galula prolongea ainsi ses compétences et ses expériences militaires dans une
véritable réflexion théorique et stratégique.
Il n’est, cependant, pas le seul à réfléchir sur la manière de tenir en échec une insurrection, et de triom-
pher dans une guerre subversive. Le Colonel Roger Trinquier avait également écrit un livre sur le sujet : “La
guerre moderne” paru en 1961. Dans ce livre, Trinquier préconisait le retournement des méthodes utilisées par
l’ennemi contre ce même ennemi. Celui-ci ne devant plus être considéré comme un ennemi au sens classique
du fait de son recours à la guerre révolutionnaire et asymétrique. L’usage de la terreur et de la torture devenait
donc parfaitement légitime. Réduire la pensée de Trinquier à la terreur et à la torture serait, cependant, excessif
car l’officier intègre également une action psychologique et politique à sa stratégie avec le développement de
“hameaux stratégiques” dont les Américains reprendront le concept durant la Guerre du Vietnam. Cette action
est toutefois périphérique et non centrale dans sa pensée.
Galula va davantage insister sur ces derniers facteurs, qu’il place d’emblée au cœur de sa stratégie. Dans un
premier travail resté longtemps dans les archives de la Rand Corporation, “Pacification in Algeria, 1956-1958”,
Galula énonce les principes de la lutte contre-insurrectionnelle, illustrés à l’aune de son expérience algérienne.
Selon lui et avant toute chose, il y a une urgente nécessité pour les armées occidentales de se donner un corps de
doctrine contre-insurrectionnel. Le vide intellectuel de la pensée militaire à cet endroit est patent au moment où
le monde de la Guerre froide et de la décolonisation voit un nombre important de conflits subversifs et asymé-
triques s’ouvrir. Or, si d’une manière générale les armées occidentales disposent de la puissance conventionnelle,
elles sont paradoxalement exposées à la défaite faute de ne pas comprendre les luttes dans lesquelles elles sont
engagées. C’est dans cette perspective que Galula tente d’élaborer cette “boussole conceptuelle” qui fait défaut
à la pensée stratégique occidentale.
“Pacification in Algeria, 1956-1958” est bientôt prolongé par un véritable traité sur le sujet. Dans
“Counterinsurgency warfare. Theory and practice” Galula refuse la violence massive que Trinquier préconise
systématiquement. Cette violence ne rapproche pas les populations de l’autorité. Bien au contraire, elle les rend
plus vulnérables à la propagande révolutionnaire qui profite alors de son caractère aveugle pour miner l’autorité
établie. La violence engendrée par les opérations militaires classiques sont donc contre-productives dans une
guerre asymétrique, et le cœur du problème est la LÉGITIMITÉ qu’il faut conquérir et enlever aux révolution-
naires et «aux insurgés». Seule cette légitimité pourra détacher les populations de ces derniers, lesquels - mettant
en pratique la stratégie de Mao Tsé-Toung – se cachent et évoluent en leur sein “comme un poisson dans l’eau”.
Il faut donc s’attacher les populations afin d’isoler l’insurrection, et faire naître un parti loyaliste qui - sur la
durée - pourra soutenir le plus efficacement l’autorité en place contre la contagion révolutionnaire. On com-
prendra donc que pour Galula, l’essentiel de l’action sera avant tout politique, psychologique et policière, plutôt
que militaire au sens conventionnel du terme. Certes, il ne faudra pas hésiter à employer des moyens militaires
lourds pour contrer toute offensive majeure de l’insurrection, mais le plus important réside dans un maillage
serré et durable du territoire et des populations. Ces dernières doivent être plus que jamais protégées, car sans
elles aucune victoire n’est possible.

Dans ses deux ouvrages, David Galula expose de manière claire et concise ses grands principes :
1- Le grand danger à ne pas percevoir à temps les signes avant-coureurs d’une insurrection.
2- Les insurgés chercheront surtout à opérer en milieu urbain afin de profiter des densités démographiques pour
se cacher. Ces densités sont aussi propices à l’amplification psychologique de leurs actions.
3- Il faut séparer la population des insurgés, ou du moins éviter à tout prix de se les aliéner.
4- Les femmes jouent un rôle très important (notamment en milieu musulman). Il ne faut pas les négliger et,
au travers d’une politique habile d’émancipation, les retourner contre l’insurrection.
5- La police joue un rôle plus important dans la lutte contre-insurrectionnelle que les actions militaires clas-
siques. Il faut cependant fermer les frontières du territoire sur lequel opèrent les insurgés.
6- La décapitation de la direction d’une insurrection est insuffisante pour en venir à bout. Galula s’appuie, ici,
sur l’exemple algérien où la capture des 5 principaux chefs du FLN (dont Ahmed Ben Bella) ne parvint pas
à détruire un mouvement de toute manière mal hiérarchisé.
7- Information et propagande sont fondamentales pour ne pas laisser les insurgés occuper ces mêmes terrains.
En cas de défaut sur ce plan, les effets pourraient être désastreux non seulement sur le théâtre d’opération
mais également dans les pays démocratiques concernés par le conflit du fait du retournement possible de
leur opinion publique.
8- Il ne faut pas s’aligner sur le même niveau de violence que les insurgés, et refuser la spirale perverse du
cycle terrorisme, torture, répression. En ce sens, Galula s’éloigne des positions de Trinquier et préconise,
contrairement à ce dernier, un traitement humain des prisonniers insurgés.
L’oubli français et la reconnaissance américaine

À la lumière des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle et de l’actualité immédiate, les conclusions
de Galula peuvent nous paraître aujourd’hui singulièrement pertinentes. Pourtant au fait de la valeur d’un tel
officier, l’Armée française ne sut cependant pas lui donner la place qu’il méritait. Il est connu que l’institution
militaire peine à valoriser le caractère atypique, non conventionnel, voire progressiste des siens. Qu’elle freine
trop souvent les initiatives jugées “débordantes” car non conformes à ses schémas de pensée. L’histoire de
David Galula illustre on ne peut mieux de tels blocages mentaux et culturels, malheureusement encore présents.
Ce n’est donc pas de l’Armée française que Galula devait recevoir la reconnaissance logique et attendue - et
encore moins la consécration - mais d’une autre armée. Désigné pour enseigner son expérience de la guerre
contre-insurrectionnelle à des officiers américains dans le cadre de l’OTAN, Galula est envoyé à Norfolk en
Virginie, à la fin de l’année 1959, afin de suivre les cours de l’Armed forces staff college. Les contacts qu’il
noue à cette occasion ainsi qu’une ouverture d’esprit qu’il ne trouve pas en France, le décident à prolonger
cette expérience américaine. De retour, il souhaite son détachement comme “visiting fellow” à Harvard, mais se
heurte au refus de sa hiérarchie. Il demande donc une mise en disponibilité de 3 ans, ce qui devait correspondre
à une mise à la retraite anticipée.
En effet, David Galula ne reviendra pas dans l’Armée française. Un dernier avis de notation le concernant
dira de lui : “esprit vif et bouillonnant, parfois un peu brouillon mais toujours efficace. Ne manquant ni d’initia-
tive, ni d’originalité, Galula gagne à ne pas être bridé. [Il est] à ne pas perdre de vue dans l’intérêt de l’armée”.
Encore de nos jours, et quarante ans après sa disparition, ce propos résonne comme un terrible aveu d’échec
pour la communauté militaire française qui, tout en reconnaissant la grande valeur de l’un des siens, ne sut le
retenir nonobstant ses résultats obtenus au sein du 45e Bataillon d’Infanterie coloniale.
C’est donc aux États-Unis que Galula va s’installer pour quelques années, et où il va écrire ses deux prin-
cipaux ouvrages. Accueilli favorablement par un public qui commence à s’intéresser de près aux événements
vietnamiens, Galula est considéré comme le spécialiste de la guerre contre-insurrectionnelle. Son aversion du
marxisme est également mieux reçu aux États-Unis qu’en France où la force du parti et des idées communistes
sont davantage prégnants. Il enseigne comme chercheur associé à l’Université d’Harvard. Les 16 et 20 avril

1962, il est invité à un colloque organisé par un “think tank” américain: la Rand Corporation. C’est au cours
de ce colloque qu’il est particulièrement remarqué par un membre de la Rand, Stephen T. Hosmer, qui l’invita
à venir travailler pour lui. L’année suivante Galula publiait “Pacification in Algeria, 1956-1958”. En 1964, il
publie “Counterinsurgency. Theory and practise”.
En juin 1968, Galula, revenu en France, disparaît. Il meurt à Arpajon dans l’Essonne à l’âge de 49 ans. Ses
travaux ont été publiés en anglais et sont alors quasiment inconnus dans son pays d’origine. Un homme va
beaucoup œuvrer pour le ramener sur le devant de la scène, et lui redonner une actualité singulière: c’est le
Général David Howell Petraeus, commandant en chef de la Force Multinationale en Irak à partir de 2007.
Le Général Petraeus a effectué deux séjours en Irak, où il a commandé la Force Multinationale en Irak lors du
«surge» de 2007. Considéré comme un «warrior scholar» au sein de la communauté militaire américaine, il a
beaucoup étudié les guerres insurrectionnelles. On lui doit la réhabilitation des travaux de Galula.
Alors qu’en France, il est de bon ton de gloser sur les échecs américains, notamment le conflit vietnamien
et celui en Irak que d’aucuns aimeraient considérer d’ores et déjà comme une défaite annoncée, la commu-
nauté militaire américaine a opéré, durant ces dernières décennies, un véritable travail de fond et de renouveau
doctrinal quant à l’approche des guerres insurrectionnelles et asymétriques. Elle le fait sans préjugé et avec
un pragmatisme qu’il serait souhaitable de rencontrer plus souvent au sein de l’institution militaire française.
N’en déplaisent à ceux qui, depuis 2003, ont fait flèche de tout bois à vouloir comparer la Guerre du Vietnam à
celle qui se livre en ce moment même en Irak, les deux conflits ne se ressemblent guère. En Irak, les Américains
ont réussi en partie à faire ce que Galula préconisait, à savoir retourner de manière active une partie de la popu-
lation contre l’insurrection. Il est vrai que la violence aveugle des djihadistes les plus convaincus, ainsi que
des négociations à coup de dollars ont aussi beaucoup joué. Cependant dans le cadre du “surge” de 2007, le
Général Petraeus a rallié la majorité des populations sunnites au gouvernement de Nouri Al-Maliki, les détachant
de l’insurrection et d’Al-Qaida. Ce ralliement a produit des résultats spectaculaires comme le mouvement du
“Réveil des tribus”, dont les milices (“Les Fils de l’Irak”) ont appuyé très efficacement les forces de la coalition
contre Al-Qaida. En 2008, Al-Qaida est chassée de la province d’Al-Anbar ainsi que de Bagdad, et se trouve
pourchassée aux confins du pays kurde au Nord-Est de l’Irak. La situation irakienne de 2008 n’est plus celle
de 2003-2006, quand bien même Petraeus reconnaît-il lui-même que “la situation reste fragile et réversible”.
En attendant la suite d’une Histoire encore en cours d’écriture, force est de constater que le Général Petraeus -
que d’aucuns aiment à railler de ce côté de l’Atlantique - a été un lecteur assidu de David Galula. Il en a retenu la
quintessence, l’adaptant aux défis que l’armée américaine doit actuellement affronter en Irak et en Afghanistan.

Conclusion : David Galula et David Petraeus
“Counterinsurgency. Theory and practise” est enfin traduit et publié en France en 2008 grâce au travail du
Chef d’Escadron Philippe de Montenon. Il était plus que temps !
De formation classique et alors que rien ne le prédisposait au départ à s’émanciper des schémas militaires
intellectuels admis, David Galula nous livre le message selon lequel une insurrection n’est pas une fatalité.
Une démocratie peut vaincre dans une guerre révolutionnaire à condition qu’elle comprenne parfaitement la
nature de l’adversaire qu’elle combat. À condition aussi qu’elle accepte de se donner les moyens de vaincre
dans un contexte d’asymétrie, ce qui demande du temps, des hommes et - surtout - une adhésion de son opinion
publique. Pour conduire cette analyse, Galula propose des outils conceptuels à la fois théoriques et pratiques
qui, assemblés, donnent lieu à une véritable stratégie contre-insurrectionnelle. Ce message ne pouvait qu’attirer
l’attention des militaires américains dans le contexte de l’après Vietnam, de l’Irak et de l’Afghanistan actuels.
De retour de son premier séjour d’Irak (2003-2004) - où il se distingue déjà des autres généraux américains par
les succès de sa politique pacificatrice dans le Nord du pays -, Petraeus reçoit le commandement, en 2005, de l’US
Army Combined Arms Center de Fort Leavenworth dans le Kansas. Ce centre héberge entre autres le Command
and General Staff College (CGSG) qui n’est autre chose que le think tank de l’US Army. Il forme chaque année
1200 stagiaires. C’est au sein de ce creuset de la pensée stratégique américaine que Petraeus va imposer les
principes de David Galula, rendant la lecture de “Contre-insurrection. Théorie et pratique” obligatoire. Dans le
même temps, il supervise un manuel de doctrine en matière de contre-insurrection (Counterinsurgency Field
Manual - COIN FM) qui est publié en décembre 2006. Une grande partie des idées de Galula sont reprises et
adaptées dans ce manuel.
Si la pression des événements irakiens et afghans prédispose la communauté militaire américaine à redécou-
vrir avec une certaine acuité la “boussole conceptuelle” de Galula, toujours est-il que c’est cette communauté
qui répare dans le même temps une profonde injustice. Alors qu’il reste très largement ignoré en France, David
Galula est, aujourd’hui, considéré comme l’un des plus grands stratèges militaires français du XXe siècle aux
États-Unis où la qualification de “Clausewitz de la contre-insurrection” par Petraeus et Nagl lui a été attribuée.
Il n’est pas ainsi sans ironie de voir un Général américain rendre, aujourd’hui, le plus grand hommage à la
fois par le verbe et par l’action à un Lieutenant-Colonel qui fut rejeté en tant que juif par l’armée française de
1941 avant d’être marginalisé intellectuellement par celle qui, quelques années plus tard et paradoxalement,
venait d’affronter le Viet-Minh et le FLN.
LE GÉNÉRAL D’ARMÉE DAVID HOWELL PETRAEUS (1952-)
Le Général David Howell Petraeus est né le 7 novembre 1952 d’une famille d’origine néerlandaise, et qui
émigre aux États-Unis dans les années 1940. Il entre dans l’US Army (infanterie) en 1974, et est diplômé de
l’Académie de West Point. Brillant et cultivé, titulaire d’un doctorat en Relations internationales sur « Les
leçons de la Guerre du Vietnam pour l’US Army » (Princeton, 1987), Petraeus fait figure d’intellectuel dans le
milieu des généraux américains.
En mars 2003, il commande la 101st Airborne Division (« Screaming eagles »), qui s’empare de Bagdad pour
ensuite être envoyée dans le Nord de l’Irak, aux confins du Kurdistan et de la Syrie. Jusqu’en février 2004, il
met en œuvre une stratégie qui préserve cette région de l’embrasement que connaissent au même moment les
autres provinces irakiennes. Face à une situation tout aussi difficile qu’ailleurs (Mossoul est un bastion du parti
Baas), Petraeus agit systématiquement de manière à ne pas s’aliéner les esprits.
Pour lui, la chose la plus pressante est de combler le vide politique sans pour autant tomber dans le piège de
l’administration directe. Sa première action sera donc d’organiser des élections locales. Dans un second temps,
il relance l’économie de la région, créant un fonds spécial à partir de l’argent confisqué aux baasistes, négociant
avec les Syriens la fourniture en électricité pour les localités frontalières. Pendant ce temps, ses soldats réparent
les infrastructures, et les écoles. L’opération « Démocratie 101 » révèle le talent d’un véritable gouverneur.

En février 2004, David Petraeus quitte le commandement de la 101e pour accomplir une nouvelle mission. Il
doit diriger l’équipe chargée de former la nouvelle armée irakienne. Petraeus privilégie l’intégration de petites
unités américaines dans les bataillons irakiens afin de les encadrer au plus près, et d’en améliorer l’efficacité.
Son action est cependant contrariée par l’Administrateur civil de l’Irak : Paul Bremer. Ce dernier - pressé de
liquider l’ancienne armée baasiste - va contribuer à alimenter et structurer la première guérilla anti-américaine.
Brutalement démobilisés, de nombreux officiers de Saddam Hussein iront donner à la guérilla ses premiers
cadres.
En 2005, Petraeus quitte l’Irak pour prendre le commandement de l’US Army Combined Arms Center à
Fort Leavenworth. Ce centre est le « think tank » de l’armée américaine. Le Général profite de ce retour aux
États-Unis pour superviser un manuel de contre-insurrection, qui sera publié en décembre 2006. Petraeus y
élabore une théorie, à destination de l’US Army et du Corps des Marines, qui revisite la doctrine en la matière
de l’armée américaine. Cette doctrine dite COIN (acronyme pour Counter-Insurgency) propose de résoudre la
contradiction entre la nature coercitive propre à toute stratégie de contre-insurrection et le discours démocra-
tique de la diplomatie américaine.
Le COIN FM (Counterinsurgency Field Manual) du Général Petraeus s’appuie largement sur les expériences
historiques de la Grande-Bretagne en Afghanistan et en Malaisie, de la France en Algérie et des États-Unis
au Vietnam. David Galula exerce une profonde influence sur la doctrine COIN qu’il supervise et qui place au
centre de sa réflexion la dimension fondamentale de la légitimité du gouvernement pour lequel les Américains
se battent. Ce gouvernement qui demande l’aide des États-Unis (concept de « nation hôte ») doit être accepté
par l’ensemble de la population, ce qui n’était pas le cas au Vietnam, et qui se joue en ce moment même en Irak.
La clé de la victoire réside, donc, dans la protection de la population civile qui, en retour, produit une adhé-
sion qui légitime le pouvoir politique alors en place et soutenu par les États-Unis. La dynamique démocratique
devient dès lors possible. Une telle stratégie nécessite un déploiement équilibré de moyens à la fois militaires
et non militaires. Si l’armée américaine est trop directement impliquée dans la stratégie COIN, elle risque de
priver le gouvernement de la nation hôte de sa légitimité démocratique.
Petraeus prend le commandement de la Force Multinationale en Irak au début de l’année 2007, et parvient
à stabiliser momentanément le pays. Le nombre d’attentats et de soldats tués est en net recul depuis sa prise
de commandement. Mais alors que la lutte armée entre Chiites menace à nouveau, il est nommé parGeorge W.
Bush Commandant du CENTCOM - le grand commandement régional qui va de la corne de l’Afrique jusqu’en
Asie centrale – en remplacement de l’Amiral William J. Fallon. Petraeus qui aura, cette fois, à gérer le théâtre
d’opération afghan en plus du théâtre irakien devrait entrer en fonction au mois d’octobre 2008. C’est son
second en Irak, le Lieutenant-Général Raymond T. Odiernoqui le remplace à la tête de la Force Multinationale.

DOCUMENT 2 Les fantômes furieux de Falloujah, Cahier du RETEX, ministère de la Défense
CHAPITRE 2 : ÉTUDE PAR FONCTION OPÉRATIONNELLE
COMMANDEMENT
Les nécessités du combat urbain et les possibilités des nouvelles technologies ont développé les capacités
et les responsabilités des échelons de commandement les plus bas. Grâce à la numérisation, pour certaines
unités de l’US Army, mais aussi par un entraînement rigoureux, les commandants d’unités élémentaires ont
été capables de coordonner tous les appuis y compris aériens. Il s’est avéré cependant nécessaire d’étoffer
le poste de commandement de la compagnie. Un capitaine d’une unité américaine numérisée dispose donc,
en général, d’un adjoint tactique, d’un adjoint logistique (un sous-officier) et d’un adjoint feu (le sous-officier
commandant l’équipe d’appui feu ou fire support team). C’est généralement l’adjoint tactique qui gère les outils
de commandement numérisés. (ref. 22, 47 et 48). Le commandant d’unité dispose de plus en plus en propre ou
sous OPCON de moyens de renseignement, comme les mini-drones ou les équipes de scouts-snipers.
L’échelon S/GTIA1 numérisé peut être un échelon de coordination interarmées. Dans ce cadre, le rôle de
l’officier adjoint semble être beaucoup plus tactique que logistique. Il peut permettre au commandant d’unité
de tirer pleinement parti des systèmes numérisés sans en subir les contraintes.
Les chefs de section à Falloujah commandaient tous des détachements interarmes, de formes variées. Les
unités blindées-mécanisées de l’US Army associaient systématiquement chars de bataille et véhicules de combat
d’infanterie. Les sections de Marines étaient systématiquement renforcées d’un élément de génie d’assaut et,
ponctuellement, d’une patrouille de chars. La tâche du lieutenant des Marines était facilitée par le regroupement
de certains éléments. Les sapeurs d’assaut étaient répartis dans les groupes de combat. Un groupe était affecté
à la protection de la patrouille de chars. Le chef de section ne commandait donc toujours que trois pions. De
plus, un observateur d’artillerie était généralement dans sa zone d’action, ce qui évitait au lieutenant de faire
la plupart des demandes et des réglages de tir. Si les demandes d’appui feu aérien étaient réservées à l’échelon
minimum du commandant d’unité, les sections ont souvent bénéficié d’un appui direct de la part d’hélicoptères.
L’efficacité constatée de ce commandement a reposé sur deux piliers : un entraînement collectif intensif depuis
le milieu des années 1990 jusqu’à quelques jours avant l’attaque de Falloujah et un pragmatisme de tous les
instants. Entre un quart et un tiers des chefs de section des Marines ont été tués ou blessés. La forte proportion
des pertes en chefs de section démontre la nécessité d’une formation des sous-officiers au commandement d’une
section ou détachement interarmes. Le commandement d’un détachement interarmes en milieu urbain ne peut
être efficace que s’il repose sur un entraînement intensif et réaliste. L’exemple de Falloujah valide pleinement
le concept de détachement interarmes (DIA). Celui-ci doit conserver un caractère très souple de manière à
s’adapter aux besoins sans alourdir le commandement. L’efficacité prime sur les susceptibilités d’armes.
Le combat de l’infanterie en milieu urbain impose aussi une nouvelle définition des procédures de commandement
du groupe de combat d’infanterie et de clarifier le rôle du chef d’équipe. Ces points sont précisés dans la partie
relative au combat débarqué.
L’ORGANISATION DU RETOUR D’EXPÉRIENCE

Les deux batailles de Falloujah ont fait l’objet d’une exploitation approfondie en matière de retour
d’expérience (RETEX). Le succès de la deuxième est, entre autres, le fruit d’une bonne analyse de la première
et d’une intégration rapide des enseignements qui en ont été tirés. Le RETEX est organisé en distinguant
nettement entre les fonctions recueil, exploitation et mémoire/diffusion. En novembre 2004, le Marines Center
1. Sous groupement interarmes

for Lessons Learned (MCCLL) disposait d’une équipe de 12 personnels en Irak dont 5 à Falloujah avec
pour mission de collecter les informations utiles (enseignements, besoins, propositions, etc.). Pour cela, ces
« capteurs » RETEX participent, si possible, aux opérations et interrogent ensuite, « à chaud », les acteurs2 (ref.
12). Un effet secondaire de ces entretiens, déjà observé dans la passé, est la possibilité pour les combattants de
se soulager d’expériences vécues. Par ailleurs, cela leur permet de mettre en perspective leur vision fragmentaire
des évènements et l’image complète de la situation dans laquelle ils se sont retrouvés impliqués. Ces informations
de première main sont complétées par les rapports officiels mais aussi par les études réalisées à l’initiative
d’officiers ou de sous-officiers qui ont la culture de l’analyse après action, de l’échange d’informations et de
l’écriture. Une des sources utilisée dans ce document a été l’analyse effectuée après la bataille par des sergents
et des caporaux. Toutes ces informations sont ensuite transmises simultanément à l’équipe du MCCLL chargée
de l’exploitation qui distingue ce qui doit être diffusé immédiatement, ce qui doit faire l’objet d’une adaptation
rapide et ce qui relève d’une tendance plus lourde nécessitant analyse plus approfondie en liaison avec les études
doctrinales. La troisième équipe est chargée de la mise en mémoire de toutes ces informations et de la diffusion
immédiate de certaines d’entre elles. L’outil privilégié pour cela est le Lessons Management System (LMS),
une base de données accessible à tous les bataillons du Corps par le réseau sécurisé SIPRNET. La qualité du
retour d’expérience repose sur une bonne organisation mais aussi sur une culture générale d’analyse après action
et d’échange des idées. La présence d’un officier RETEX engagé dans l’action, à l’instar d’un journaliste «
embedded », permet d’avoir des analyses de première main, riches, objectives et rapidement exploitables Le cœur
du LMS est constitué par les 16 000 fiches accumulées par les rédacteurs du Centre ou envoyées directement par
les unités de Marines selon un principe d’échange. Par un système très simple de recherche, un bataillon peut
ainsi trouver toutes les réflexions des autres sur un problème tactique précis. Le MCCLL a accès également à
la base de données des forces armées israéliennes. Outre le LMS et les différentes bases de données gérées par
le MCCLL, le Corps des Marines et l’US Army utilisent le support plus classique des revues militaires pour
diffuser les idées et les enseignements. Le RETEX n’est pas le monopole des occidentaux. Dès la fin de la
bataille, le réseau Internet des rebelles a été inondé de textes sur les enseignements tactiques à tirer des combats
(comment contrer la supériorité aérienne, nécessité de larges stocks de munitions, comment mieux employer
les snipers, etc.). Le groupe rebelle Tandhim al-Qaeda a édité un rapport complet de 85 pages sur la bataille
et en septembre 2005 le premier exemplaire de Jami, un journal clandestin de la résistance, a été consacré à
l’analyse des batailles urbaines de 2004.
SYSTÈMES D’INFORMATION ET DE COMMANDEMENT

Les contraintes physiques de la zone urbaine ont posé un grand nombre de problèmes dans le domaine des
communications, les liaisons étant rendues très difficiles dès lors qu’il n’y avait plus de vues directes. Des relais
ont dû être installés mais, du fait des menaces d’infiltrations, ceux-ci ont dû être protégés (ref. 110). Les infor-
mations concernant l’emploi des systèmes numérisés de commandement dans la bataille de Falloujah sont très
rares. Cette discrétion s’explique en partie par la dotation relativement limitée des unités engagées, surtout chez
les Marines. Néanmoins, en recoupant avec d’autres combats urbains (à Nadjaf et Sadr City essentiellement),
on peut déterminer certains caractères du combat urbain numérisé. Les difficultés de liaison constituent un frein
majeur à la manœuvre urbaine. Leur résolution devrait donc être un axe de recherche prioritaire. Les petites
antennes relais placées par les forces britanniques à l’entrée des bâtiments sont une solution intéressante. En
attendant des solutions techniques adaptées, il faut consentir un effort particulier en matériel et en personnel pour
mettre en œuvre et protéger des relais. L’organisation américaine du RETEX fondée à la fois sur l’échange des
idées entre les unités et un processus centralisé de collecte, exploitation et diffusion, quel que soit les niveaux
tactiques concernés, est à la fois riche et réactive. Une base de données RETEX accessible jusqu’au niveau 4
de commandement apparaît comme un bon multiplicateur d’efficacité. Les principales limitations de ces sys-
tèmes proviennent de la difficulté des transmissions par ondes dans l’espace urbain, du caractère souvent très
fugitif des combats qui imposent des réactions rapides « à vue » et des ordres « à la voix » peu compatibles
avec l’emploi d’un clavier-écran et enfin parce que la miniaturisation est encore insuffisante pour les troupes
2. L’armée de terre britannique a adopté ce principe puisqu’une cellule RETEX va être rattachée à la 16e brigade lors de sa relève en
Afghanistan.

débarquées. Par défaut, les outils comme le Force XXI Battle Command Brigade-and-below (FBCB2) ou le Blue
Force Tracking (BFT) ont donc profité aux éléments tactiques motorisés et/ou disposant de temps et d’espace.
On trouve dans ces catégories :
• Les unités effectuant le cordon extérieur qui pouvaient couvrir un espace plus important que les unités
non-numérisées, autorisant ainsi une économie des forces au profit des troupes d’attaque. C’était le cas en
particulier du bataillon Stryker engagé, dont tous les véhicules de combat disposent du FBCB23. Au cours
de la bataille, ce bataillon a également réussi à intervenir en moins de 12 heures dans le secteur de Mossoul,
à 400 km de là, tout en employant une compagnie dans une mission secondaire. La numérisation a incon-
testablement aidé cette réversibilité.
• Les deux GTIA blindés-mécanisés de l’US Army engagés dans la ville sur de larges avenues. Le suivi per-
manent sur écrans de la position des véhicules amis a largement facilité le combat « toutes tapes fermées »
et la coordination des appuis. Les procédés de raids urbains sont donc facilités par ces outils.
• Les niveaux de commandement de l’unité élémentaire et au-dessus. En 2001, les expériences du projet
Métropolis avaient montré qu’à l’époque, le PC d’un GTIA de l’USMC engagé dans un combat urbain
connaissait la position d’environ 50 % de ses cellules tactiques et entre 10 et 20% de celles de l’ennemi
(ref. 16). Il semble que la connaissance des forces amies ait nettement augmenté, pouvant aller jusqu’à 90%
dans les situations les plus favorables de transmission de données. La logistique entre les TC1 et TC2 s’en
est trouvé facilitée en permettant, par exemple, d’éviter les erreurs d’itinéraires4.
• Les sections de reconnaissance de l’US Army. Celles-ci sont dotées du LRAS-35 qui, en combinant imagerie
thermique, FBCB2 et un télémètre laser, permet d’intégrer dans l’« image opérationnelle commune » tout
ennemi « illuminé » jusqu’à plusieurs kilomètres. Au moins, deux sections de ce type ont été engagées au
sein du GTIA 2-2 en flanc-garde le long des abords est de la ville. Le système est jugé si efficace qu’il est
envisagé d’en doter les équipes d’appui feu. En revanche, la numérisation a été peu utile pour avoir une
meilleure connaissance de l’ennemi. Celui-ci était trop fugitif pour être « acquis ».
RENSEIGNEMENT EMPLOI DES DRONES

Plusieurs modèles de drones de reconnaissance au contact (DRAC) ont été utilisés par les GTIA pendant la
bataille. Le modèle de l’US Army est le RQ-11 Raven (2,5 kg, 1 m de long sur 1, 3 m d’envergure, portée 10 km
avec 80 minutes d’autonomie, 60km/h, coût de 40 000 dollars). Les Marines, de leur côté, utilisent le Dragon
Eye, dont 35 systèmes sont présents en Irak33 avec des caractéristiques un peu inférieures à celles du Raven
(portée 5 km, une heure d’autonomie). Ces modèles sont transportés dans des sacs à dos, lancés à la main après
10 minutes de préparation puis pilotés manuellement depuis un ordinateur portable. Ils sont normalement dédiés
aux compagnies mais du fait de leur nombre limité et du terrain, leur emploi a plutôt été centralisé au niveau du
GTIA. Outre leur sensibilité à la météo, leur résolution est cependant insuffisante pour différencier un homme
armé d’un civil innocent, ce qui dans un contexte de guérilla urbaine est essentiel. Le Raven ne transmet pas
les coordonnées métriques de ce qu’il voit, il est donc peu utile pour des réglages de tir. Volant à quelques cen-
taines de mètres d’altitude et relativement bruyant (ce qui est moins grave dans un contexte de combat de haute
intensité en ville), ils peuvent être détruits par des armes de petit calibre. Ils sont aussi un indice d’un intérêt
particulier des Américains pour un secteur particulier et donc sans doute une zone d’engagement imminent. Ces
engins de reconnaissance et de surveillance sont néanmoins très précieux par leur capacité à voir derrière les
murs et les bâtiments. Ils ont permis de déceler un certain nombre de points d’appui avant la prise de contact.
Les DRAC ont prouvé leur incontestable efficacité au niveau des GTIA. Il est sans doute encore trop tôt pour
mesurer leur influence sur le combat des S/GTIA. Leur capacité à voir au-delà des obstacles, sans risquer des
vies humaines, est particulièrement précieuse en combat urbain. Les systèmes de commandement numérisés
3 Une compagnie sur Stryker évolue en moyenne sur la zone d’action d’un bataillon sur Bradley. En Irak, la zone d’action de la
brigade toute entière est de 48 000 km2 au lieu de 2500 pour une brigade légère non numérisée.
4 Malgré les faibles distances en cause, cela n’est pas marginal. Rappelons que lors des combats du 3 octobre 1993 à Mogadiscio,
un convoi de secours américain s’est perdu en essayant de rejoindre un hélicoptère abattu à quelques centaines de mètres de sa
position.
5 Long Range Advanced Scout Surveillance System.

actuels facilitent le combat embarqué en milieu urbain et autorisent donc des modes d’action audacieux pour
des sous-groupements blindés. Ils n’apportent pas, en revanche, pour l’instant d’avantage significatif aux troupes
débarquées. Le dépassement des limitations actuelles imposées par le milieu aux ondes radio permettrait de
multiplier leur efficacité.
Un système Dragon Eye se compose d’une station de contrôle et de 3 drones. Au mois de janvier 2005, 22 Dragon
Eyes auraient été perdus en Irak dont 11 du fait de l’ennemi. Les drones Predator, Shadow, Hunter et Pioneer
ont été très efficaces. Leurs images en « temps réel » transmises aux GTIA pour exploitation immédiate ont
permis d’avoir une bonne description des objectifs. Comme les mini-drones, ils ont permis de déceler des mor-
tiers, des embuscades, des engins explosifs, avant le contact avec la troupe (ref. 410). La ville était survolée en
permanence par 4 ou 5 engins de ce genre, le jour, et 7 ou 8, la nuit (avec un pic de 13 au même moment) En
revanche, la tentative d’effectuer des tirs d’opportunité avec une surveillance permanente par drone a été un
échec relatif du fait de la difficulté à coordonner l’action entre la cellule appui feux du GTIA et les opérateurs
des drones tactiques (qui ne sont pas formés au réglage de tirs), basés à Camp Fallujah. Il était en effet souvent
difficile d’avoir à temps les bons angles de vue. La méthode la plus utilisée consistait à projeter l’image fournie
par un drone sur un grand écran et d’imaginer un observateur virtuel faisant une demande de tir à partir d’une
position sur le terrain. On peut citer néanmoins l’exemple d’une position de mortiers repérée dans le quartier
de « Queens », le 8 novembre. Le tube était dans une mosquée en construction. Les tireurs, postés dans une
maison proche, arrivaient en courant avec un obus, lançaient leur obus chacun à tour de rôle puis retournaient
se cacher. Ils ne restaient ainsi que quelques secondes à découvert. Un Pioneer repéra le tube et permit l’envoi
d’un tir d’artillerie pas assez précis cependant pour toucher le tube ou les servants. Un Predator armé fut alors
envoyé de Bagdad et guidé depuis la Californie, en liaison avec Camp Fallujah par courrier électronique. Le
Predator fut finalement détourné et une patrouille de 2 AV- 8B qui volaient à 6000 m prit le relais, guidée par un
contrôleur aérien qui reçut les coordonnées de la maison refuge des rebelles et la détruisit. Les drones permettent
des tirs précis sur l’ensemble de la zone d’action urbaine et bien au-delà de la ligne de coordination des feux.
Aucune zone n’est sûre pour l’adversaire et son réseau de commandement est toujours vulnérable. Les drones
créent un climat permanent d’insécurité pour l’ennemi et constituent une entrave importante à sa manœuvre.
Pour permettre des tirs indirects d’opportunité, un drone doit avoir la capacité de donner des coordonnées
métriques de la cible, sa direction de vol et son angle de vue. Sa caméra doit être suffisamment puissante pour
permettre une identification claire ami-ennemi et les ajustements de caméra doivent être très rapides. Il doit
pouvoir s’attarder sur la zone visée. La bataille de Falloujah a été également l’occasion d’expérimenter le Silver
Fox (10 kg, vol à 500/1000 pieds) et surtout le Scan Eagle de Boeing (20 kg, 15 heures d’autonomie, vol entre
1500 et 4000 pieds, coût 100 000 dollars) qui a la possibilité de distinguer un porteur d’arme et d’illuminer un
objectif par laser. Cette dernière capacité a donné naissance à de nouvelles tactiques, comme celle consistant à
utiliser le Dragon Eye comme appât pour attirer les feux tandis que le Scan Eagle désigne les agresseurs à une
frappe. Grâce à sa capacité d’ajustements rapides, le Scan Eagle est également considéré comme la meilleure
plate-forme pour les réglages de tirs indirects avec le Shadow.
LOGISTIQUE RAVITAILLEMENT DE L’AVANT

Même si certaines munitions ont failli manquer comme les obus de 155 mm, les « montagnes de fer » ont bien
remplis leur office et aucun compte-rendu ne parle de problème de manque hormis les grenades à main assour-
dissantes. Le principal problème logistique a finalement été la gestion et la protection des flux entre le premier
échelon et les trains de combat de sous-groupement ou de bataillon. Les unités de chars, gourmandes surtout
en carburant, faisaient des rotations en arrière pour effectuer les opérations de ravitaillement et de maintenance
en sécurité. Les trains de combat des escadrons (cinq camions armés dont trois blindés, deux citernes et un
transport de munitions classe III, un véhicule de réparation M-88) stationnaient à l’extérieur de la ville où ils
ne risquaient que des tirs indirects. Dans le même esprit, les phases de repos pour les patrouilles de chars se
faisaient loin de la ligne de contact de manière à pouvoir sortir des chars, faire les opérations de maintenance,
se ravitailler, etc... Les patrouilles étaient alors en réserve d’intervention à 10 minutes. Inversement, les unités
débarquées des Marines faisaient venir à elles le ravitaillement, soit pendant les phases de repos en début de
soirée, soit en cours d’action. Dans le premier cas, les camions 7 tonnes des TC1 rejoignaient sous escorte
les unités au plus près dans des zones sécurisées. Dans le second cas, La mise en place d’une plate-forme de

contrôle commune à tous les drones permettrait d’optimiser grandement leur emploi. Les ravitaillements au
plus près et les évacuations se sont effectués systématiquement en véhicules blindés. Le concept normal est
d’utiliser une section de ravitaillement-évacuation (combat support team, CST) d’environ 20-30 personnels par
GTIA et travaillant au profit du premier échelon. Équipés, en général, de Humvee blindés et entraînés au combat
urbain (navigation, combat rapproché), ces hommes sont chargés d’approvisionner l’avant en munitions (par
lots constitués) et d’évacuer les blessés sans prélever des hommes dans les unités au combat. Les besoins ont
toutefois été tels qu’il a parfois été nécessaire de faire appel à des sections d’infanterie en deuxième échelon
pour assurer ces navettes. Elles utilisaient souvent pour cela les véhicules blindés amphibies, qui ne sont pas
affectés à des cellules tactiques mais réunis en pool. Ces engins sont cependant très volumineux pour le milieu
urbain. La durée des combats, la prépondérance du combat aux armes d’infanterie du côté des rebelles, les
coups frappant majoritairement la région du torse ont entraîné beaucoup de dégâts dans l’armement individuel.
Le combat urbain génère beaucoup de dégâts dans l’armement individuel. Cela impose une capacité élevée de
réparation ou d’échange. Dans le cadre d’un combat urbain, le soutien logistique et sanitaire entre la ligne de
contact et le train de combat n°1 ou n°2 peut difficilement se concevoir autrement qu’en véhicule blindé. Un
parc de « véhicules logistiques de l’avant », blindés et chenillés, susceptibles de renforcer les unités engagées
serait d’un grand secours. Cette mission de soutien logistique au plus près doit également être envisagée comme
une mission courante pour une section de combat.
SOUTIEN SANTÉ
Le soutien sanitaire a été organisé de façon à ce qu’un soldat blessé puisse bénéficier de premiers soins
efficaces dans le quart d’heure qui suit la blessure, grâce à l’instruction de presque tous les Marines en gestes
de premiers secours et la présence dans chaque groupe d’un infirmier. Ces infirmiers sont autorisés à pratiquer
des gestes médicaux d’urgence en toute légalité (perfusion par exemple), ce qui a permis de sauver de nom-
breuses vies. Le deuxième seuil critique est ensuite celui de l’heure, délai au-delà duquel l’intervention
chirurgicale a beaucoup moins de chances de réussir. Chaque blessé est donc évacué au plus vite et en engin
blindé sur le point de regroupement de la compagnie (géré par l’adjudant d’unité), puis du bataillon (batta-
lion aid station, BAS), en périphérie de la ville où l’attendent les médecins regroupés dans la section « shock/
trauma » (rôle 1). Les blessés légers rejoignent en général rapidement leurs unités tandis que les blessés graves
sont évacués par voie terrestre ou aérienne sur la base Taqaddum où est installée une compagnie chirurgicale
(rôle 2). Entre la blessure et une intervention chirurgicale, il s’est établi une moyenne de 52 minutes, en deçà
donc de la « golden hour », et les hommes arrivés sur la table d’opération ont alors 95% de chances de survie.
Ils sont ensuite évacués sur des hôpitaux de Bagdad (trois pour la Coalition, un pour les forces irakiennes) (rôle
3) ou sur Landstuhl, en Allemagne (rôle 4).
Tout combattant doit avoir une formation aux gestes de premiers secours en situation de combat. Il doit avoir
été confronté à la vue du sang ou de blessures avant d’être engagé au combat. Un infirmier qualifié par groupe
ou demi-section et capable d’effectuer des perfusions est indispensable en combat de haute intensité.
Parmi les innovations utilisées, on peut noter l’emploi du Battlefield Medical Information System (BMIST),
un assistant électronique personnel de type organiseur permettant un diagnostic rapide sur le terrain (ref. 11)
et l’emploi de cartes d’identification portées par chaque homme. Chacune de ces trois cartes, identiques, porte
un code d’identification (lettre de compagnie, première lettre du nom et quatre derniers chiffres de son numéro
d’immatriculation) et les renseignements utiles sur l’homme comme son groupe sanguin. En cas d’évacuation,
une carte est donnée au PC du bataillon, une autre au chef de l’équipage d’évacuation et la dernière reste sur
l’homme. Dans un bataillon, ce code réduit et le groupe sanguin étaient inscrits sur le gant gauche (ref. 42).
Certains infirmiers ont combiné les deux méthodes en utilisant des appareils de type PALM pour transmettre
électroniquement les données aux centres de soins (identification, diagnostic rapide). Les pertes totales ont
été lourdes (bien qu’inférieures aux prévisions) mais, même dans les phases les plus critiques, les évacuations
ne dépassaient pas la moyenne d’un homme par heure et par bataillon, ce qui permettait de concentrer les
moyens. Il semble qu’en combat urbain, les hommes soient surtout frappés dans la partie supérieure du corps.
Les blessures les plus graves ont donc lieu dans les zones peu protégées : le visage et les parties du torse non
protégées par les plaques en céramique (épaules, buste, parties latérales) (ref. 16). Un rapport récent révèle que

80% des Marines tués en Irak depuis le début du conflit auraient pu être sauvés avec des protections recouvrant
ces parties vulnérables. Le Corps a donc acquis 28 000 protections renforcées et l’US Army 130 000 plaques
supplémentaires. Si le rapport morts/blessés est d’environ 1 pour 10, il y a en revanche plus d’amputations
que dans les guerres précédentes. Il faut noter la présence d’une chaîne spécifique pour les civils, comprenant
des pédiatres, et rattachée à des hôpitaux locaux ou des ONG. La présence de la population civile au cœur
des combats implique la mise en place d’une chaîne santé spécifique et adaptée. Des procédures simples de
transmissions rapides des informations sanitaires sont particulièrement utiles. Comme pour le ravitaillement
de l’avant, il est nécessaire de disposer d’engins d’évacuation blindés. Un certain nombre de personnels des
unités de bouclage de la ville ont dû être affectés à la surveillance des blessés ennemis. La division de Marines
est également dotée d’une équipe de soutien psychologique (combat stress team, CST). Celle-ci a traité deux
types de cas assez distincts. Les premiers étaient des jeunes Marines qui découvraient la réalité des combats,
les seconds furent au contraire plutôt des vétérans qui après plusieurs semaines de combat s’avouaient saturés
de violence34. Le stress augmente grandement lorsqu’on a la sensation que l’on ne peut agir pour contrôler son
environnement. Le milieu urbain introduit un multitude de menaces cachées dans un espace en trois dimensions
que l’on ne peut surveiller complètement et qui frappent presque toujours par surprise. A ces caractéristiques
s’ajoutent, à Falloujah, la durée des combats, le poids des équipements et surtout l’accumulation des pertes.
Par ailleurs, deux facteurs positifs ont permis de réduire ce stress : le haut niveau de compétence en combat
urbain et le soulagement d’avoir enfin un adversaire tangible après des mois de lutte contre des fantômes. Il
s’agit néanmoins de la bataille la plus éprouvante pour les forces américaines depuis la guerre du Vietnam. Il
n’y a pas de statistiques de pertes psychologiques mais des travaux de la Rand Corporation sur le stress dans les
combats urbains permettent de les estimer à 100-150 hommes, soit environ deux hommes par section engagée
en première ligne. Rappelons que chaque jour en Irak, si les forces américaines perdent en moyenne un à deux
hommes tués, elles perdent aussi un homme rapatrié pour des troubles psychiatriques. La CST a été d’un grand
secours mais les facteurs de résistance psychologique les plus importants furent, sans surprise, l’attachement
au Corps des Marines, cultivé avec force depuis la formation initiale, et la cohésion des petites unités stables,
forgées dans les années de vie et d’épreuves communes, notamment dans les mois qui ont précédé en Irak.
La référence à la guerre du Pacifique est permanente en particulier dans les déclarations des sous-officiers.
Les pertes psychologiques sont inversement proportionnelles au niveau d’entraînement de l’unité au combat
urbain. Il n’est pas inutile non plus de rappeler que l’esprit de corps, la cohésion d’unités stables dans le temps,
le mélange anciens-nouveaux, la confiance dans ses capacités propres à faire face aux événements (armement,
instruction), l’accoutumance préalable à certaines visions (dans un SAMU par exemple) réduisent également
considérablement les pertes psychologiques. Un combat urbain de longue durée face à un adversaire fanatisé
est générateur de fortes pertes psychologiques. La présence d’une cellule de soutien psychologique, colocalisée
avec la cellule santé et l’aumônier militaire est d’une grande utilité, non seulement pour traiter les traumatismes
des événements vécus mais aussi pour supporter la longue durée des combats. Chapitre 2 - Logistique 34 Un
phénomène similaire, à une échelle moindre, est survenu dans certains bataillons français lors des évènements
de novembre 2004 en Côte d’Ivoire. Certains jeunes engagés ont découvert qu’ils pouvaient mourir dans une
opération extérieure. D’autres, plus anciens, ont revécu des expériences malheureuses sur d’autres théâtres
d’opérations extérieures

2. Le plan et la problématique
Durée : 15 min
2A. La problématique
Deux cas doivent être distingués :
u Le sujet propose déjà une problématique : il vous suffit alors de la reprendre et/ou de la reformuler.
u Le sujet est posé par la fameuse phrase laconique « Le candidat établira une synthèse du dossier
ci-joint. » : il vous faut alors établir votre propre problématique à partir de la lecture rapide.
Quelques conseils pour le deuxième cas :

u Le candidat n’a pas d’autre choix que d’aller chercher une problématique lui-même en
s’imprégnant du dossier à synthétiser ;
u Ceci implique qu’il est nécessaire de bien prendre connaissance des documents afin d’établir un
sujet précis et pertinent ;
u Après la lecture rapide, l’établissement d’une problématique doit être faite de la façon la plus
large possible (puisqu’aucune commande précise ne vous a été faite) ;
u Après réflexion sur la problématique, vous pouvez vous poser la question suivante : est-ce que j’ai
des éléments suffisants dans les documents pour répondre à cette problématique ?
2B. Le plan
La nécessité d’un plan s’impose dans toutes les épreuves de communication écrite et tout particu‑
lièrement en matière de note de synthèse. Sans plan, le devoir ne peut qu’être confus. Sans un plan
cohérent, on ne peut espérer une notation satisfaisante. C’est pourquoi il convient de soigner son
élaboration.
Le plan est fonction du sujet et du dossier.
Il semble indispensable, préalablement à la lecture détaillée des pièces du dossier de dresser le
plan. En effet il parait crucial pour rentrer dans les deux heures et demie et surtout de ne pas se
perdre dans des annotations nombreuses, de structurer en connaissance de cause (lecture rapide)
la future structure de la note. Procéder à la lecture approfondie et noter au fil de la plume les idées à
conserver constitue en effet un exercice pour le moins périlleux. Il convient donc d’élaborer un plan
détaillé avant d’aborder la phase de rédaction. II s’agit d’organiser les idées relevées pour les rendre
compréhensibles et opératoires pour le lecteur. Lors de la lecture approfondie, le report des idées
se fera donc directement au sein d’un plan pré-établi.
Remarque : Cette manière de faire est une proposition méthodologique qui a fait ses preuves. Libre à vous
de l’affiner ou de vous en détacher si vous en voyez l’utilité.
u L’élaboration du plan ne consiste pas à extraire du texte des phrases qui paraissent caractéristiques
et les placer bout à bout. Elle exige de présenter les idées retenues de façon ordonnée et logique,
chacune constituant le complément indispensable de celle qui précède et annonçant celle qui
suit.
Pour trouver un tel plan, voici quelques démarches qui peuvent vous aider.

2B1. Le classement des idées
À l’aide des mots clés que vous aurez identifiés, vous devrez sélectionner ceux qu’il faut privilégier ;
ce sont ces concepts clés qui constitueront l’architecture de la fiche.
Une fois les éléments extraits de la lecture rapide et recomposés, il y a lieu de les confronter pour
les organiser. Se dégageront deux ou trois grandes idées à partir desquelles il est possible de hié‑
rarchiser les autres. La démarche consiste donc à faire ressortir :
u les points de convergence ;
u les points de divergence ;
u les points de complémentarité ;
u les éventuels éléments isolés.
Doivent donc être proscrits les constructions littéraires trop longues et les plans complexes.
Un plan efficace est en général un plan simple. Si l’énoncé du sujet suggère un plan, un enchaîne‑
ment des développements, il y a normalement intérêt à le suivre.
2B2. La détermination de la ligne de force

Il est indispensable de dégager une logique solide au service du sujet à traiter. Le fil conducteur du
plan, la ligne de « synthèse », aura émergé dès la fin de la découverte du dossier. Dans tous les cas,
il faut mettre fortement en évidence les idées générales, car il est très désagréable de lire des déve‑
loppements dont on voit mal la provenance. En langage militaire, le fil conducteur, la ligne de force,
est appelé une idée maitresse.
2B3. Le choix des parties

L’institution militaire a longtemps privilégié (obligé) les plans en trois parties. Il reste le plan type qui
ne pourra pas avoir de reproches de la part des correcteurs. Le plan en deux parties est maintenant
accepté et il peut être utile de l’employer quand le sujet s’y prête.
On distingue plusieurs types de plan :
u Le plan en trois parties
Ce type de plan a été imposé aux officiers pendant des décennies. Dans les années 2000 le plan
en deux parties (classique à Sciences Po Paris) a été accepté.
Il n’existe pas de règle précise pour l’élaboration d’un plan en trois parties. Souvent, c’est l’énoncé
du sujet qui donne l’orientation du candidat sur les trois parties à traiter. Dans le cas contraire,
le plan en trois parties doit venir naturellement à l’esprit du candidat : s’il trouve rapidement un
plan logique et répondant à l’IM en trois parties, il se doit de l’adopter et le travailler (trouver 2
ou 3 sous parties pour chacune des parties). Dans le cas contraire, les plans qui suivent peuvent
aussi être adoptés.
u La structure binaire
Deux parties, deux sous-parties par partie, deux paragraphes par sous-parties reliés par des
phrases de liaison. La fiche ne doit pas dépasser en principe 6 pages. On obtient donc un devoir
concentré facile à lire.
u La structure de la dissertation (inadapté dans le cadre de cet exercice)
C’est le fameux plan « thèse, antithèse, synthèse ». Cette structure est à proscrire dans le modèle
de rédaction d’une note de synthèse.

u Le plan POUR/CONTRE (risqué)
C’est, au départ le plan le plus tentant, mais aussi un des plus dangereux. Il peut vous faire sortir
de votre neutralité. Vous ne devez pas prendre position. Dans ce cas, il faut rester le plus objectif
possible.
u Le plan en plus de trois parties (cas particulier)
C’est un plan qui vous permettra d’exposer plusieurs idées consécutivement. Il peut néanmoins
entraîner le candidat à la dérive d’une énumération de faits qui peut être considérée comme une
absence de plan. Cela sera cependant le type de plan à utiliser pour la description d’une opération
militaire avec, dans ce cas, quatre parties, comme par exemple ci-dessous :
• cadre de l’opération ;
• organisation ;
• moyens dégagés ;
• difficultés rencontrées.
Attention cependant, la multiplication des parties peut être le signe de l’impuissance à organiser ses
idées. Il est généralement conseillé de préférer un plan en deux parties ou trois parties.
Le bon plan est celui qui :
u restitue les idées importantes qui ressortent des documents ;
u dégage les liens logiques et hiérarchiques entre les idées ;
u reste fidèle au sujet.

Dégagez une problématique (posez le problème lié au sujet) et un plan à partir du travail de
lecture précédent. Afin de travailler sur un corpus complet, faites ce travail en prenant rapi‑
dement connaissance des documents 3 et 4. Une courte description de ces textes est faite
ci-dessous pour vous aider.
3e texte : Les trois principes de la contre-insurrection et leurs limites rapportés par Jean-Dominique
Merchet, journaliste au Monde s’appuie sur l’interview de trois colonels : Hervé de Courrèges,
Emmanuel Germain et Nicolas Le Nen. L’article a été écrit en 2010. Reprenant Galula, ils essaient
d’apporter une réponse actuelle aux guerres de stabilisation et normalisation menées par les
troupes françaises. Ils s’appuient pour cela de leurs RETEX en Afghanistan ou Côte d’Ivoire.
4e texte : Mali, l’intervention militaire française en perspective par Michel Goya (juin 2013). Toute
une première partie porte sur l’intervention française baptisée Serval démarrée le 11 janvier 2013.
Si Michel Goya vante la réussite de cette opération il s’interroge sur la difficulté de stabiliser puis
normaliser le mali afin de lui rendre toute sa souveraineté et sa propre indépendance à assurer
sa sécurité. Il en ressort que la mission sera longue et beaucoup plus complexe et couteuse que
l’intervention.
Quelle problématique donneriez-vous à ce sujet, à partir du corpus complet

(4 documents) ?
Un plan simple déjà fortement élaboré par la commande (sujet) est

perceptible. Quel est-il ? Vous lui trouverez des sous-parties.

Étape 3
L’exploitation des documents
Durée : 1 h 15 min
Le plan étant en place et les textes repérés, la seconde lecture s’établira autour de tableaux qui
permettront ensuite une rédaction au propre du devoir final. Pour un gain de temps, l’utilisation de
surligneurs de différentes couleurs est conseillée, à raison d’une couleur par partie. Un minimum
de notes sera pris au brouillon.
Remarque : Le plan et la problématique sont établis mais peuvent être amenés à changer légère‑
ment si les développements parcourus le requièrent. Il s’agira de changements mineurs, d’où l’inté‑
rêt de bien s’entrainer à la première lecture.
Il s’agira donc dans cette étape de pénétrer à l’intérieur des textes, pour y déceler les thèmes déve‑
loppés et ce par une lecture complète et active. Quand le texte a un sens facile à suivre, la lecture
pourra être extrêmement rapide sans risque de perte de substance. Quand le passage est moins
clair, la lecture devra être plus attentive. Il conviendra alors de ralentir le rythme des yeux. Seule
l’habitude vous permettra de savoir quelle vitesse de lecture il convient d’adopter pour chaque type
de lecture.
Pour que le temps réservé à l’analyse des documents soit le plus efficace, la lecture doit revêtir plu‑
sieurs caractères particuliers. Elle doit nécessairement être :
u Complète : elle doit porter sur l’ensemble des documents.
Ceci suppose que les candidats les lisent en entier et en comprennent le sens. Cette remarque
n’est pas superflue, car l’expérience prouve que bon nombre de candidats, surtout lorsqu’ils se
trouvent en présence de textes techniques ou juridiques, négligent, arbitrairement, certains points
présentés. Il va de soi que pour réussir une note de synthèse, il est indispensable de maîtriser
l’ensemble du dossier.
Si tous les documents n’exigent pas le même intérêt, ils doivent tous être lus (sauf lorsqu’ils sont
repérés hors sujet). Cette démarche évitera au candidat des omissions importantes, des erreurs
ou des contresens, préjudiciables à la cohérence de la note. Le risque est de négliger des idées
essentielles qui peuvent se trouver noyées dans des développements à l’aspect rébarbatif. Si un
passage apparaît confus ou trop abstrait, il conviendra d’y revenir, l’abord pouvant être plus simple
après la lecture de l’ensemble du dossier.
Il est fréquent que l’attention se relâche au fil de la lecture par manque de concentration, notamment
en présence d’un texte difficile. Il faut alors veiller à rendre son esprit davantage disponible. Les
bons lecteurs ont cette qualité. C’est une faculté qui s’acquiert.
u Active : au cours de cette seconde phase, l’analyse doit s’affiner.
Vous ne devez pas rester passif devant les documents et lire sans agir. Ayez toujours à l’esprit le
sujet et le plan que vous avez rédigé préalablement afin de lire les documents au travers de cette
trame. Ayez l’âme d’un détective qui cherche au travers des textes parfois denses et complexes les
éléments qui lui serviront à élaborer sa démonstration et répondre à l’énigme qui lui est soumise.
L’utilisation de tableaux peut soutenir cette démarche (voir ci-dessous).
u Utile : la lecture doit permettre de dégager les éléments les plus importants à partir desquels
vous bâtirez votre note.
Vous pouvez l’accompagner du soulignage ou surlignage des points jugés importants (en utilisant
plusieurs couleurs fluo en fonction des parties ou sous parties), d’annotations directement en
marge du texte (pour résumer une argumentation ou signaler une idée : technique des idées-
forces). Attention ! Cette méthodologie, sans entraînement, peut vite se transformer en séance
de coloriage rendant illisible le document par la suite.

Plusieurs techniques, issues de l’expérience personnelle de chacun peuvent être utilisées :
u Certains candidats préfèrent résumer au fil de la lecture, en quelques mots, le sens des
paragraphes (technique des mots clés), et dans un second temps les répartir dans le plan.
u D’autres relèvent sur un brouillon les idées qui déjà sont articulées autour du plan retenu. Cette
technique est celle retenue par le rédacteur de cette méthodologie. Sur un plan porté sur une
feuille de brouillon, le candidat porte, par des numéros et des lettres, les idées ou arguments à
produire dans le document final. Exemple : dans une des sous parties du plan il écrit « Texte x
page y § z » du dossier. Cela peut donner ce type de tableau :
1. La guerre contre insurrectionnelle au service de la nouvelle doctrine d’emploi des forces (code
couleur de cette partie)
Texte x : page y - §z
1.1. La genèse : de la guerre d’Indochine et d’Algérie Texte x : page y - §z

à l’Irak et l’Afghanistan

2.2. Les colonels français et la théorie de la contre-

insurrection
Quelle que soit la technique utilisée, il apparaît nécessaire de définir, d’un ou plusieurs termes, l’idée
ou l’argument développé. Pour parvenir à cette technique d’abstraction, il convient de s’exercer. Les
lectures de la presse ou d’ouvrages plus denses pourraient constituer autant d’occasions.
u Sélective : la lecture doit permettre de rechercher les idées contenues dans les textes en
distinguant le principal de l’accessoire.
Chaque idée principale constituant la charpente conceptuelle des textes pourra devenir un mot clé
qu’il conviendra de noter. Attention, il faut impérativement ne sélectionner parmi ces idées que
celles qui répondent à la question posée (problématique) et éliminer les autres, même si elles sont
intéressantes par ailleurs. Il est possible de distinguer trois sortes d’idées :
u les idées « principales », qui contiennent l’essentiel de la pensée et devront être notées ;
u les idées « secondaires », qui peuvent modifier le sens d’une idée principale ; pour certaines,
elles seront à conserver ;
u les idées « accessoires », qui viennent illustrer un propos, généralement sous forme d’exemples ;
sauf exception, elles ne sont pas à négliger car elles rendent votre synthèse illustrée et concrète.
Faites une lecture approfondie du document 2 uniquement. Établissez, à l’aide du plan déjà
établi, le vôtre ou celui de l’auteur, un suivi des idées que vous rencontrez. Utilisez pour cela un
code couleur et des annotations marginales. Cet entrainement vous sera très utile pour vous
familiariser avec l’exercice.

Étape 4
L’introduction et la conclusion
Durée : 20 min
Il est recommandé de préparer avec soin au brouillon l’introduction, la conclusion et certaines

transitions.
1. L’introduction
Elle va être le premier contact de votre lecteur (correcteur) avec votre travail. Comprenez qu’elle doit
être la plus parfaite possible.
L’introduction doit présenter le sujet et annoncer le plan afin que le correcteur puisse suivre le déve‑
loppement. La présentation est en effet un préambule nécessaire au bon éclairage du dossier.
L’annonce générale du plan résume la thèse émanant du dossier, qui sera ultérieurement dévelop‑
pée. Elle sera, néanmoins structurée de manière classique avec :
u une accroche (phrase d’appel), qui doit d’emblée donner un intérêt au lecteur ;
u une annonce du thème, appelée aussi contextualisation (introduction du sujet…) ;
u une problématique, qui n’est autre que la formulation du sujet (ou de ce que le candidat en a
compris) sous la forme d’une question (avec un point d’interrogation) ;
u une idée maîtresse (IM), qui en 2 ou 3 lignes donne la réponse à la problématique ;
u et une annonce du plan.
Il est fondamental de retenir que tous ces points doivent être extraits du dossier à synthétiser y
compris l’IM.
Attention au hors sujet dès le départ ! N’oubliez pas de rester neutre dès le début en respectant
impérativement le mode impersonnel (interdiction du « je, nous, notre, on »…).
L’accroche encore appelée phrase d’appel ou « le chapeau » doit être la plus percutante possible.
Cela peut être une citation tirée du texte ou une évocation illustrée du dossier.
L’idée maîtresse est la réponse à la problématique. Le candidat doit fournir une réponse au lecteur
de la note. Le plan suivi et les arguments exposés doivent être entièrement tournés vers la démons‑
tration du bienfondé de cette idée maîtresse.
2. La conclusion
Elle va être le dernier contact de votre lecteur (correcteur) avec votre synthèse. Une conclusion
bâclée peut nuire à l’image d’un bon devoir, tout comme elle peut rassurer un correcteur qui aurait
une vision négative de votre devoir. Le soin apporté à la langue française, à la syntaxe, à la forme
grammaticale et le très basique orthographe sont des points à travailler lors de la rédaction au
brouillon de votre conclusion.
La conclusion doit rester dans le cadre des documents du dossier.

Elle comprend trois paragraphes :
u La reprise des idées développées dans le corps de la note. Ce paragraphe comporte deux ou trois
phrases (une phrase par partie) qui se doivent d’être différentes et surtout plus explicites que
l’annonce du plan dans l’introduction.
u La reprise de l’idée maîtresse (montrer au lecteur que la boucle est bouclée et votre démonstration
imparable). La reprise intégrale (copié/collé) de votre IM de l’introduction est la meilleure des
solutions.
u Une ouverture sur un aspect du problème apporté dans un document ou une étape qui ferait suite
à la problématique demandée. L’ouverture doit être concise et directe : deux ou trois phrases au
plus. Pour la rédiger, il est heureux de s’inspirer d’un document.
3. Exemples
Afin d’illustrer les principes vus ci-dessus, voici une présentation d’une introduction et d’une conclu‑
sion. Toutes deux sont basées sur l’exploitation complète du dossier (les quatre documents).
3A. Introduction
Vous connaissez déjà la problématique et les trois parties de votre plan.
L’accroche est extraite du document 3 du dossier.
La contextualisation, tout comme l’idée maîtresse, sont le résultat d’une pensée en lien étroit avec la
teneur du dossier à synthétiser. L’idée maîtresse doit parfaitement coller au dossier, être en parfaite
adéquation avec lui.
u Proposition d’introduction :
À lire l’ouvrage « principes de contre-insurrection », on se rend compte que les guerres contre
insurrectionnelles ne sont qu’un nouvel avatar des guerres coloniales. Elles seraient en rupture
avec le « modèle occidental de la guerre » qui consiste « à anéantir l’adversaire ». Adieu Foch,
Good morning Petraeus ! », écrit Jean-Dominique Merchet journaliste à Libération le 29 juillet 2010.
La chute du mur de Berlin a laissé place à un autre type de conflit baptisé « asymétrique » ou « guerre
contre insurrectionnelle ». Il s’agit d’une conduite de la guerre mettant en œuvre des organisations
révolutionnaires ou terroristes. Ces dernières combattent en utilisant les procédés du faible au fort,
dont la population comme bouclier ou comme environnement protecteur. Ce nouveau type de conflit
nécessite une adaptation des armées occidentales impliquant les populations civiles.
Face à la réalité des interventions militaires françaises menées depuis les évènements
d’ex‑Yougoslavie comment repenser efficacement notre stratégie de défense pour réussir à ramener
la paix dans des pays traumatisés ?
En idée maîtresse, la reprise d’une phrase de Michel Goya s’impose : « […] il est désormais urgent de
définir une stratégie française pour la région et d’intégrer à sa réalisation des moyens de puissance
autres que militaires. Cela nécessitera la préservation des attitudes et des moyens qui ont permis
le succès initial, afin de pouvoir le rééditer. Cela impliquera aussi, de la part de l’échelon politico-
militaire, des quantités de résilience et de confiance dans les exécutants, qui ont parfois fait défaut
dans le passé. »

Il est impératif de présenter la guerre contre insurrectionnelle au service de la nouvelle doctrine
d’emploi des forces (I) pour ensuite décrire les nouvelles dimensions de ce type de conflit au service
de la préservation des forces (II). Enfin il est fondamental de démontrer que le facteur humain reste
prépondérant pour conduire à la paix (III).
3B. Conclusion
La France et son armée, fidèles à leur comportement habituel psychorigide, sont passées à côté
d’un des meilleurs théoriciens de la guerre contre insurrectionnelle, David Galula. Les jeunes géné‑
rations de colonels, conformes à la volonté affichée depuis vingt ans, qui consiste à encourager les
officiers à participer à la vie politique de la Cité, se sont mises à reprendre Galula et à écrire sur la
façon de gagner un conflit asymétrique. Ils demandent une nouvelle pensée stratégique et tactique
car les expériences américaines et françaises de ces dix dernières années, doublées d’un retour
d’expériences exploité, démontrent la nécessité d’une vision nouvelle. Cependant le facteur humain
augmenté d’une dimension politique reste prépondérant dans la réussite de ces opérations.
Ces explications démontrent la véracité de la phrase de Michel Goya reprise en idée maîtresse : « […]
il est désormais urgent de définir une stratégie française pour la région et d’intégrer à sa réalisation
des moyens de puissance autres que militaires. Cela nécessitera la préservation des attitudes et des
moyens qui ont permis le succès initial, afin de pouvoir le rééditer. Cela impliquera aussi, de la part
de l’échelon politico-militaire, des quantités de résilience et de confiance dans les exécutants, qui
ont parfois fait défaut dans le passé. »
Pourquoi l’armée de Terre française s’interdirait-elle de reprendre les théorisations de ces meilleurs
éléments (Estienne, de Gaulle, Galula…) et celles des armées étrangères (Auftragtaktik, COIN, …)
sous prétexte que l’intellectualisme et le benchmarking n’ont pas leur place dans l’institution ?

Étape 5
La rédaction au propre
Durée : 1 h 30 min
Il ne reste désormais plus qu’à formuler le contenu de l’analyse réalisée. C’est le temps de la
rédaction. Cette dernière phase de l’épreuve demande le plus de temps. Pratiquement la moitié de
la durée de l’épreuve doit y être réservée.
Cet exercice n’est pas évident, il demande donc de l’entrainement : si le temps imparti interdit la
rédaction d’un brouillon, il faut néanmoins que votre plume soit guidée et encadrée pour éviter de
dériver. Pendant l’épreuve, votre plan détaillé sera votre guide ; avant l’épreuve, les devoirs à envoyer
à la correction et les retours de votre correcteur vous aideront à progresser.
1. Quelques points importants pour cadrer le

développement
u Le développement ne doit pas être une énumération d’arguments. Il faut construire une
démonstration, uniquement à partir des idées des documents.
u Chaque partie doit être introduite et conclue. Les exemples doivent être pertinents et commentés.
Le candidat doit être précis dans son argumentaire.
Par exemple, au lieu de marquer « des moyens d’artillerie ont été engagés », il faut préférer écrire
« 6 mortiers de 120 et … ont été engagés par XXX ». Certains textes font allusion à des projets ou à
des techniques dont la finalité peut ne pas être connue par le destinataire de la fiche. Aussi, il ne
faut pas hésiter à compléter le terme utilisé par une brève explication éventuellement présente
dans un autre document. Si dans sa fiche, le candidat fait mention d’une procédure XXXXX, en
liaison avec un ministère, il doit identifier la procédure concernée, ce qu’elle permet, et de quel
ministère précisément elle relève.
u Il ne s’agit pas non plus de transformer la fiche de synthèse en un catalogue de citations. Il est
possible de citer les sources des arguments avancés mais de manière limitée, pour insister sur
leur importance.
Par exemple :
• « X affirme que l’emploi des forces aériennes a modifié le cours de la bataille » ;
• « Le Monde du xx dévoile, en publiant le rapport X, que … »
u La fiche de synthèse doit impérativement être conçue comme un document qui doit faire gagner
du temps au lecteur. Pour atteindre ce but, votre travail devra présenter des qualités formelles,
tant dans le style que dans la présentation.

2. Points particuliers caractéristiques de la note
de synthèse
Votre note doit être présentée d’une manière administrative, avec un en-tête ; elle doit avoir un style
de présentation qui la rend claire à son lecteur ; elle doit être écrite en bon français. Voici quelques
conseils de présentation de votre note.
2A. L’en-tête
Un en-tête comprend :
u Le nom et l’adresse de l’émetteur. Puisque signer une copie ou y insérer un signe distinctif
(votre régiment, votre ville de garnison…) peut être éliminatoire, contentez‑vous de reprendre
le sujet s’il désigne qui vous êtes (cas d’une mise en situation détaillée) ou inventez
simplement : « M. X ; Xe régiment de… ».
u La date et le lieu d’émission : « À T… le … » (mettez la date et le lieu de l’épreuve par exemple,
ne mettez aucun signe distinctif).
u Le titre de la note : « Note de synthèse à l’attention de… ; Commandant le Xe régiment de … ».
u L’objet : Soyez clair et évitez les sigles dans l’objet d’un document.
u Les références : pour chaque document il faudrait recopier les titres des documents fournis
avec le sujet. Le jour du concours abrégez les énumérations des titres en utilisant les « … ».
 Exemple :
Xe régiment de …
A T… , le 2 mai 2016
Note de synthèse à l’attention du colonel
Commandant le Xe régiment de ….
Objet : …
Références :
u Document 1 : …
u Document 2 : …
u Document 3 : …
u Document 4 : …
Début de l’introduction.

2B. Le style
2B1. Les titres et les paragraphes

L’emploi des titres de paragraphes est préconisé pour montrer la structure du plan. Les paragraphes
devront être numérotés, ainsi que les éventuels sous paragraphes. La numérotation se doit d’être
homogène. Dans ce cas, pas de paragraphe I suivi de parties A, B, C. Il est nettement préférable
d’utiliser la numérotation :
1. –
1.1. –
1.2. –
Ce type de numérotation allié à des paragraphes courts rend la fiche très lisible et facilement
synthétisable par le lecteur. Le candidat doit garder à l’esprit que la note de synthèse est également
un exercice de rédaction.
2B2. L’écriture
u Le style doit être incisif.
Le style est concis et direct. Il faut bannir les périphrases, banalités, répétitions qui ne font
qu’allonger inutilement la note.
Cette concision est le signe d’une conception claire du sujet. Le résultat est plus aisément accessible
lorsqu’on adopte des phrases simples, courtes, bien rythmées.
Deux règles d’or doivent vous permettre d’y parvenir :
• Une idée par phrase, si possible courte.
• Des mots simples.
Une seule idée sera abordée à la fois, développée dans les deux ou trois phrases qui suivent.
Cette brièveté interdit tout bavardage : il faut lutter contre la déformation de l’esprit qui consiste
à introduire, dans les travaux écrits, les périphrases ou les tournures qui alourdissent.
u Le style doit être précis.
La précision se mesure au niveau de la terminologie adoptée. Chaque dossier comporte des termes,
des expressions, qui doivent être reproduits. La recherche du terme adéquat est un élément décisif
de la rédaction. Le choix du mot exact permet d’éviter toute confusion et donne au travail un aspect
technique apprécié.
Si des éléments chiffrés peuvent être puisés dans les documents fournis, il convient d’en reprendre
les principaux pour appuyer les idées exprimées.
u Le style doit être impersonnel.
Le style doit être impersonnel et direct afin de mieux correspondre au profil de l’épreuve. Il s’agit
de prendre en charge le propos de l’énoncé et de le restituer le plus fidèlement possible. Bannissez
donc les « je, nous, notre, mon, on… ». Étudiez le style des corrigés pour améliorer votre écriture
à la forme impersonnelle.
u Quelques pièges doivent être impérativement évités. Ainsi, convient-il de prohiber :
• les formules familières ;
• les abréviations ;
• les citations longues ;

• les listes fastidieuses ;
• les mots qui servent de remplissage ;
• le recours systématique aux synonymes ;
• le recopiage des mots et des phrases des auteurs.
2B3. L’aspect général de la note

La présentation pèse aussi d’un poids particulier dans la note finale dans la mesure où le sentiment
de cohérence et d’homogénéité tient pour beaucoup à l’ordonnancement général de la copie. La
présentation doit prendre en compte trois exigences.
■ L’impression de clarté :
La seule vue de la copie doit donner un sentiment de clarté. Il faut songer au lecteur et lui faciliter la
tâche. Rien n’est plus fastidieux qu’une copie mal présentée. Le texte bien composé traduira, par son
articulation en paragraphes distincts, le plan détaillé de la note. Cette présentation aura l’avantage
de mieux mettre en relief les phrases clés du devoir. Concrètement, le candidat y parvient lorsque :
u les différentes divisions apparaissent distinctement ;
u les paragraphes ne sont ni trop courts, ni trop longs ;
u les parties sont séparées par des espaces blancs ou des astérisques.
Choisir d’aller à la ligne, de sauter une ligne, c’est distinguer dans le discours une respiration plus
ou moins importante qui relève à la fois de l’élégance de l’écriture et de la compréhension générale.
C’est un élément fort d’appréciation.
■ Le respect de la typographie :
Une ponctuation juste, des majuscules correctement placées, agrémentent l’ensemble et impres‑
sionnent favorablement le correcteur. La ponctuation est un élément de clarté irremplaçable, car
elle permet de saisir l’ordre, la liaison et les rapports des idées.
■ La longueur du devoir :
La note de synthèse doit être courte. Il est raisonnable de s’en tenir à un maximum de six pages.
Inutile de faire trop long. Verbiage et remplissage ne font guère illusion.

2C. La grammaire et l’orthographe
L’épreuve de la note de synthèse est une épreuve de langue française. Le candidat doit faire preuve
d’une aptitude à écrire dans une langue correcte pour restituer la pensée d’autrui. Le respect des
règles de l’orthographe et de la syntaxe est une nécessité absolue.
La présence de plusieurs fautes est de nature à réduire très sensiblement la note du devoir. Une
copie comportant un grand nombre de fautes ne peut prétendre obtenir la moyenne. Les règles
d’accord et la concordance des temps sont à l’origine de fautes fréquentes. Les règles grammati‑
cales sont parfois oubliées, il ne faut pas hésiter à se préparer en s’aidant d’un ouvrage de gram‑
maire récent et d’un dictionnaire.
u La relecture du devoir est particulièrement nécessaire le jour du concours. Il faut se ménager
un temps suffisant de correction : 10 minutes pour l’ensemble (note de synthèse et question
ouverte) sont à réserver à la relecture. Quelques corrections ou ajouts justifiés et très proprement
matérialisés peuvent valoriser une copie d’un demi-point ou plus, et ce, à peu de frais. Lors de la
relecture, il convient de vérifier notamment :
• l’orthographe et tout particulièrement les règles de ponctuation ;
• l’enchaînement logique des idées (la syntaxe).
3. La gestion du temps : conseils pour progresser

Plusieurs étapes sont à gérer :
u la lecture du sujet (étape 1) ;
u la lecture rapide (étape 2.1) ;
u la problématique et le plan (étape 2.2) ;
u la lecture détaillée (étape 3) ;
u la rédaction de l’introduction et de la conclusion (étape 4) ;
u la rédaction au propre (étape 5) ;
u la relecture (étape finale).
La perfection n’est jamais atteinte, il convient cependant de l’approcher en exploitant au mieux ses
possibilités.
Si la technique qui vient d’être décrite est susceptible de quelques aménagements personnels, elle
ne peut cependant être acquise que d’une seule manière : avoir fait, avant le jour du concours,
le maximum d’entraînements. Quelles que soient vos capacités de départ, la meilleure garantie
de succès réside dans la répétition d’entrainements demandant des efforts méthodiques. Il faut
atteindre une méthodologie complète et assimilée au cours des trois premiers devoirs. Ne soyez
pas surpris de passer 6 ou 8 heures sur vos premiers devoirs. Ensuite, seulement quand la bonne
méthodologie sera en place, il vous faudra vous entraîner à gagner en rapidité et en fluidité. Cela
vous permettra d’arriver au concours à la rédaction finale d’une note de synthèse exemplaire en
4 heures.

Corrigés des mises en application
Mise en application 1
Les termes importants du sujet sont :
« colonel chef de corps » Il est votre commanditaire. Vous allez lui adresser votre synthèse =>
mettez-vous à son niveau !
« synthèse des documents ». La commande est claire. Vous ne pouvez reporter dans vos écrits que
les idées portées dans les documents qui vous sont fournis. En clair vous n’avez pas droit à vos idées
et connaissances personnelles et aucune recherche complémentaire sur le sujet.
« auprès de chefs d’entreprise du MEDEF local » : ils sont la cible. Le colonel doit s’adresser à des
chefs d’entreprise donc des hommes et des femmes d’un bon niveau intellectuel mais non spécia‑
listes du monde militaire. L’armée professionnelle a besoin de s’ouvrir à l’extérieur, de ne pas rester
un vase clos. Les liens armée-nation sont nécessaires, surtout depuis que le service militaire n’est
plus obligatoire. De plus, tout le monde est concerné par la guerre et une partie des impôts des
français sert à payer les salaires et à financer les équipements. L’armée communique donc avec
les milieux économiques, éducatifs, judiciaires, etc., afin de présenter son rôle, ses institutions, son
fonctionnement, et de répondre aux questions.
« Trois points fondamentaux (…) sont à prendre en compte » :

u Les difficultés à stabiliser puis normaliser un pays
u Interrogation des invités sur ces difficultés
u L’importance du facteur humain qui reste prépondérant dans ces opérations
Ces trois points explicitent bien votre mission. Vous vous devez d’aborder et traiter les pièces jointes
en cherchant des réponses à ces trois points. Ils doivent vous guider dans la rédaction du plan.
Votre travail consiste à élever le débat et rédiger une synthèse du niveau de votre commanditaire et
ciblée sur un public non-éclairé. Il s’agit en l’occurrence d’axer vos propos vers un public civil (bien
décomposer chaque sigle militaire, etc.).

Le corrigé proposé ci-dessous est rédigé en style télégraphique comme vous l’auriez fait dans la
réalité d’une épreuve en temps limité. En effet au brouillon, le jour du concours, il faut éviter de tout
rédiger (sujet- verbe-complément).
1er texte : David Galula et le général Petraeus

(US)
Bibliographie :
u du lieutenant-colonel David Galula officier de l’armée française  de longues années aux USA
u du général d’armées David Howell Petraeus (US).
Galula  combat dans les rangs de l’armée française toute la seconde guerre mondiale puis
Indochine et Algérie (commandant d’un bataillon d’infanterie)  plusieurs années auprès de
l’Université d’Harvard et des instances militaires américaines (la Rand Corporation)  rédaction de
2 livres aujourd’hui références sur la guerre contre-insurrectionnelle = guerre asymétrique.
Général Petraeus  deuxième guerre du Golfe (prise de Bagdad avec la 101e Airborne division qu’il
commande)  phase de stabilisation Irak puis Afghanistan (termine commandant en chef). Pour
rétablir la paix dans ces deux pays  s’inspire largement des écrits de Galula.
Théorie de David Galula  ouvrage majeur « Counterinsurgency warfare. Theory and practice » traduit
très tardivement en français en 2008 / en opposition aux théories du colonel Trinquier.
2e texte : Les fantômes furieux de Falloujah.

Extraits des cahiers du RETEX du
CDEF
Chapitre 2  étudie cette bataille menée par les US en Irak / fonction opérationnelle
Sont passés en revue :
u Le commandement et la numérisation du champ de bataille
u L’organisation et l’usage du RETEX
u Les SIC (système d’information et de commandement)
u Le renseignement et l’emploi des drônes
u La logistique et le ravitaillement de l’avant
u Le soutien santé
Bataille  proche du combat dissymétrique mais face à opération de COIN (contre-insurrection).
u Le premier texte à lire serait le texte sur Galula et Petraeus. Les deux textes sont importants
mais le deuxième traite d’un exemple américain et que le sujet impose de centrer nos propos sur
les OPEX de la France.

u Problématique proposée : Face à la réalité des interventions militaires françaises menées depuis
les événements d’ex-Yougoslavie comment repenser efficacement notre stratégie de défense
pour réussir à ramener la paix dans ces pays traumatisés ?
u Le plan déjà fortement élaboré par la commande est le suivant :

• La guerre contre insurrectionnelle au service de la nouvelle doctrine d’emploi des forces ;
• Des nouvelles dimensions au service de la préservation des forces ;
• Le facteur humain reste prépondérant.
u En ajoutant des sous-parties, le plan suivant peut être établi :

1. La guerre contre insurrectionnelle au service de la nouvelle doctrine d’emploi des forces
1.1. La genèse : de la guerre d’Indochine et d’Algérie à l’Irak et l’Afghanistan
1.2. Les colonels français et la théorie de la contre-insurrection
2. Les nouvelles dimensions au service de la préservation des forces
2.1. La dimension technologique et industrielle
2.2. L’investissement dans le champ politique
3. Le facteur humain reste prépondérant
3.1. L’Homme au cœur de la bataille
3.2. L’Homme ultime acteur de la réussite pour conduire à la paix

u Voici le document 2 (Les fantômes furieux de Falloujah, Cahier du RETEX, ministère de la Défense)
tel qu’il a été travaillé par l’auteur. Si vous avez pris le plan de l’auteur comme base de travail,
vous pouvez comparer les idées que vous avez surlignées avec celles qui ont été retenues ici.
1. La guerre contre insurrectionnelle au service de la nouvelle doctrine d’emploi des forces : le

document 2 n’alimente pas cette partie.
2. Les nouvelles dimensions au service de la préservation des forces (code couleur : gris clair)
Texte 2 : § commandement
Texte 2 : § systèmes d’information
2.1. La dimension technologique et industrielle Texte 2 : § emploi des drones
Texte 2 : § logistique ravitaillement
Texte 2 : § soutien santé
2.2. L’investissement dans le champ politique Le document 2 n’alimente pas cette partie
3. Le facteur humain reste prépondérant (code couleur : gris foncé)
Texte 2 : § commandement
3.1. L’Homme au sein de la mêlée ? Texte 2 : § RETEX
Texte 2 : § soutien santé
3.2. L’Homme ultime acteur de la réussite pour

Le document 2 n’alimente pas cette partie
conduire à la paix

CHAPITRE 2 - ÉTUDE PAR FONCTION OPÉRATIONNELLE
COMMANDEMENT
Les nécessités du combat urbain et les possibilités des nouvelles technologies ont développé les capacités
et les responsabilités des échelons de commandement les plus bas. Grâce à la numérisation, pour certaines
unités de l’US Army, mais aussi par un entraînement rigoureux, les commandants d’unités élémentaires ont
été capables de coordonner tous les appuis y compris aériens. Il s’est avéré cependant nécessaire d’étoffer
le poste de commandement de la compagnie. Un capitaine d’une unité américaine numérisée dispose donc,
en général, d’un adjoint tactique, d’un adjoint logistique (un sous-officier) et d’un adjoint feu (le sous-officier
commandant l’équipe d’appui feu ou fire support team). C’est généralement l’adjoint tactique qui gère les
outils de commandement numérisés. (ref. 22, 47 et 48). Le commandant d’unité dispose de plus en plus en
propre ou sous OPCON de moyens de renseignement, comme les mini-drones ou les équipes de scouts-snipers.
L’échelon S/GTIA1 numérisé peut être un échelon de coordination interarmées. Dans ce cadre, le rôle de l’offi-
cier adjoint semble être beaucoup plus tactique que logistique. Il peut permettre au commandant d’unité de
tirer pleinement parti des systèmes numérisés sans en subir les contraintes.
Les chefs de section à Falloujah commandaient tous des détachements interarmes, de formes variées.
Les unités blindées-mécanisées de l’US Army associaient systématiquement chars de bataille et véhicules
de combat d’infanterie. Les sections de Marines étaient systématiquement renforcées d’un élément de génie
d’assaut et, ponctuellement, d’une patrouille de chars. La tâche du lieutenant des Marines était facilitée par
le regroupement de certains éléments. Les sapeurs d’assaut étaient répartis dans les groupes de combat. Un
groupe était affecté à la protection de la patrouille de chars. Le chef de section ne commandait donc toujours
que trois pions. De plus, un observateur d’artillerie était généralement dans sa zone d’action, ce qui évitait au
lieutenant de faire la plupart des demandes et des réglages de tir. Si les demandes d’appui feu aérien étaient
réservées à l’échelon minimum du commandant d’unité, les sections ont souvent bénéficié d’un appui direct
de la part d’hélicoptères. L’efficacité constatée de ce commandement a reposé sur deux piliers : un entraîne-
ment collectif intensif depuis le milieu des années 1990 jusqu’à quelques jours avant l’attaque de Falloujah
et un pragmatisme de tous les instants. Entre un quart et un tiers des chefs de section des Marines ont été
tués ou blessés. La forte proportion des pertes en chefs de section démontre la nécessité d’une formation des
sous-officiers au commandement d’une section ou détachement interarmes. Le commandement d’un détache-
ment interarmes en milieu urbain ne peut être efficace que s’il repose sur un entraînement intensif et réaliste.
L’exemple de Falloujah valide pleinement le concept de détachement interarmes (DIA). Celui-ci doit conserver
un caractère très souple de manière à s’adapter aux besoins sans alourdir le commandement. L’efficacité prime
sur les susceptibilités d’armes.
Le combat de l’infanterie en milieu urbain impose aussi une nouvelle définition des procédures de commande-
ment du groupe de combat d’infanterie et de clarifier le rôle du chef d’équipe. Ces points sont précisés dans la
partie relative au combat débarqué.
L’ORGANISATION DU RETOUR D’EXPÉRIENCE

Les deux batailles de Falloujah ont fait l’objet d’une exploitation approfondie en matière de retour d’expé-
rience (RETEX). Le succès de la deuxième est, entre autres, le fruit d’une bonne analyse de la première et
d’une intégration rapide des enseignements qui en ont été tirés. Le RETEX est organisé en distinguant net-
tement entre les fonctions recueil, exploitation et mémoire/diffusion. En novembre 2004, le Marines Center
for Lessons Learned (MCCLL) disposait d’une équipe de 12 personnels en Irak dont 5 à Falloujah avec
pour mission de collecter les informations utiles (enseignements, besoins, propositions, etc.). Pour cela, ces
1. Sous groupement interarmes.

« capteurs » RETEX participent, si possible, aux opérations et interrogent ensuite, « à chaud », les acteurs2
(ref. 12). Un effet secondaire de ces entretiens, déjà observé dans la passé, est la possibilité pour les combat-
tants de se soulager d’expériences vécues. Par ailleurs, cela leur permet de mettre en perspective leur vision
fragmentaire des évènements et l’image complète de la situation dans laquelle ils se sont retrouvés impliqués.
Ces informations de première main sont complétées par les rapports officiels mais aussi par les études réalisées
à l’initiative d’officiers ou de sous-officiers qui ont la culture de l’analyse après action, de l’échange d’infor-
mations et de l’écriture. Une des sources utilisée dans ce document a été l’analyse effectuée après la bataille
par des sergents et des caporaux. Toutes ces informations sont ensuite transmises simultanément à l’équipe
du MCCLL chargée de l’exploitation qui distingue ce qui doit être diffusé immédiatement, ce qui doit faire
l’objet d’une adaptation rapide et ce qui relève d’une tendance plus lourde nécessitant analyse plus approfondie
en liaison avec les études doctrinales. La troisième équipe est chargée de la mise en mémoire de toutes ces
informations et de la diffusion immédiate de certaines d’entre elles. L’outil privilégié pour cela est le Lessons
Management System (LMS), une base de données accessible à tous les bataillons du Corps par le réseau sécu-
risé SIPRNET. La qualité du retour d’expérience repose sur une bonne organisation mais aussi sur une culture
générale d’analyse après action et d’échange des idées. La présence d’un officier RETEX engagé dans l’action,
à l’instar d’un journaliste « embedded », permet d’avoir des analyses de première main, riches, objectives et
rapidement exploitables Le cœur du LMS est constitué par les 16 000 fiches accumulées par les rédacteurs du
Centre ou envoyées directement par les unités de Marines selon un principe d’échange. Par un système très
simple de recherche, un bataillon peut ainsi trouver toutes les réflexions des autres sur un problème tactique
précis. Le MCCLL a accès également à la base de données des forces armées israéliennes. Outre le LMS et les
différentes bases de données gérées par le MCCLL, le Corps des Marines et l’US Army utilisent le support plus
classique des revues militaires pour diffuser les idées et les enseignements. Le RETEX n’est pas le monopole
des occidentaux. Dès la fin de la bataille, le réseau Internet des rebelles a été inondé de textes sur les ensei-
gnements tactiques à tirer des combats (comment contrer la supériorité aérienne, nécessité de larges stocks de
munitions, comment mieux employer les snipers, etc.). Le groupe rebelle Tandhim al-Qaeda a édité un rapport
complet de 85 pages sur la bataille et en septembre 2005 le premier exemplaire de Jami, un journal clandestin
de la résistance, a été consacré à l’analyse des batailles urbaines de 2004.
SYSTÈMES D’INFORMATION ET DE COMMANDEMENT

Les contraintes physiques de la zone urbaine ont posé un grand nombre de problèmes dans le domaine des
communications, les liaisons étant rendues très difficiles dès lors qu’il n’y avait plus de vues directes. Des
relais ont dû être installés mais, du fait des menaces d’infiltrations, ceux-ci ont dû être protégés (ref. 110). Les
informations concernant l’emploi des systèmes numérisés de commandement dans la bataille de Falloujah sont
très rares. Cette discrétion s’explique en partie par la dotation relativement limitée des unités engagées, surtout
chez les Marines. Néanmoins, en recoupant avec d’autres combats urbains (à Nadjaf et Sadr City essentielle-
ment), on peut déterminer certains caractères du combat urbain numérisé. Les difficultés de liaison constituent
un frein majeur à la manœuvre urbaine. Leur résolution devrait donc être un axe de recherche prioritaire. Les
petites antennes relais placées par les forces britanniques à l’entrée des bâtiments sont une solution intéres-
sante. En attendant des solutions techniques adaptées, il faut consentir un effort particulier en matériel et en
personnel pour mettre en œuvre et protéger des relais. L’organisation américaine du RETEX fondée à la fois
sur l’échange des idées entre les unités et un processus centralisé de collecte, exploitation et diffusion, quel
que soit les niveaux tactiques concernés, est à la fois riche et réactive. Une base de données RETEX accessible
jusqu’au niveau 4 de commandement apparaît comme un bon multiplicateur d’efficacité. Les principales limi-
tations de ces systèmes proviennent de la difficulté des transmissions par ondes dans l’espace urbain, du carac-
tère souvent très fugitif des combats qui imposent des réactions rapides « à vue » et des ordres « à la voix »
peu compatibles avec l’emploi d’un clavier-écran et enfin parce que la miniaturisation est encore insuffisante
2. L’armée de terre britannique a adopté ce principe puisqu’une cellule RETEX va être rattachée à la 16ème brigade lors de sa relève
en Afghanistan.

pour les troupes débarquées. Par défaut, les outils comme le Force XXI Battle Command Brigade-and-below
(FBCB3) ou le Blue Force Tracking (BFT) ont donc profité aux éléments tactiques motorisés et/ou disposant
de temps et d’espace. On trouve dans ces catégories :
• Les unités effectuant le cordon extérieur qui pouvaient couvrir un espace plus important que les unités
non-numérisées, autorisant ainsi une économie des forces au profit des troupes d’attaque. C’était le cas en
particulier du bataillon Stryker engagé, dont tous les véhicules de combat disposent du FBCB26. Au cours
de la bataille, ce bataillon a également réussi à intervenir en moins de 12 heures dans le secteur de Mossoul,
à 400 km de là, tout en employant une compagnie dans une mission secondaire. La numérisation a incon-
testablement aidé cette réversibilité.
• Les deux GTIA blindés-mécanisés de l’US Army engagés dans la ville sur de larges avenues. Le suivi per-
manent sur écrans de la position des véhicules amis a largement facilité le combat « toutes tapes fermées »
et la coordination des appuis. Les procédés de raids urbains sont donc facilités par ces outils.
• Les niveaux de commandement de l’unité élémentaire et au-dessus. En 2001, les expériences du projet
Métropolis avaient montré qu’à l’époque, le PC d’un GTIA de l’USMC engagé dans un combat urbain
connaissait la position d’environ 50 % de ses cellules tactiques et entre 10 et 20% de celles de l’ennemi
(ref. 16). Il semble que la connaissance des forces amies ait nettement augmenté, pouvant aller jusqu’à 90%
dans les situations les plus favorables de transmission de données. La logistique entre les TC1 et TC2 s’en
est trouvé facilitée en permettant, par exemple, d’éviter les erreurs d’itinéraires4.
• Les sections de reconnaissance de l’US Army. Celles-ci sont dotées du LRAS-35 qui, en combinant image-
rie thermique, FBCB2 et un télémètre laser, permet d’intégrer dans l’« image opérationnelle commune »
tout ennemi « illuminé » jusqu’à plusieurs kilomètres. Au moins, deux sections de ce type ont été engagées
au sein du GTIA 2-2 en flanc-garde le long des abords est de la ville. Le système est jugé si efficace qu’il
est envisagé d’en doter les équipes d’appui feu. En revanche, la numérisation a été peu utile pour avoir une
meilleure connaissance de l’ennemi. Celui-ci était trop fugitif pour être « acquis ».
RENSEIGNEMENT EMPLOI DES DRONES

Plusieurs modèles de drones de reconnaissance au contact (DRAC) ont été utilisés par les GTIA pendant la
bataille. Le modèle de l’US Army est le RQ-11 Raven (2,5 kg, 1 m de long sur 1, 3 m d’envergure, portée
10 km avec 80 minutes d’autonomie, 60km/h, coût de 40 000 dollars). Les Marines, de leur côté, utilisent le
Dragon Eye, dont 35 systèmes sont présents en Irak33 avec des caractéristiques un peu inférieures à celles
du Raven (portée 5 km, une heure d’autonomie). Ces modèles sont transportés dans des sacs à dos, lancés
à la main après 10 minutes de préparation puis pilotés manuellement depuis un ordinateur portable. Ils sont
normalement dédiés aux compagnies mais du fait de leur nombre limité et du terrain, leur emploi a plutôt été
centralisé au niveau du GTIA. Outre leur sensibilité à la météo, leur résolution est cependant insuffisante pour
différencier un homme armé d’un civil innocent, ce qui dans un contexte de guérilla urbaine est essentiel. Le
Raven ne transmet pas les coordonnées métriques de ce qu’il voit, il est donc peu utile pour des réglages de
tir. Volant à quelques centaines de mètres d’altitude et relativement bruyant (ce qui est moins grave dans un
contexte de combat de haute intensité en ville), ils peuvent être détruits par des armes de petit calibre. Ils sont
aussi un indice d’un intérêt particulier des Américains pour un secteur particulier et donc sans doute une zone
d’engagement imminent. Ces engins de reconnaissance et de surveillance sont néanmoins très précieux par
leur capacité à voir derrière les murs et les bâtiments. Ils ont permis de déceler un certain nombre de points
d’appui avant la prise de contact. Les DRAC ont prouvé leur incontestable efficacité au niveau des GTIA. Il est
4. Malgré les faibles distances en cause, cela n’est pas marginal. Rappelons que lors des combats du 3 octobre 1993 à
Mogadiscio, un convoi de secours américain s’est perdu en essayant de rejoindre un hélicoptère abattu à quelques cen-
taines de mètres de sa position.
5. Long Range Advanced Scout Surveillance System.

sans doute encore trop tôt pour mesurer leur influence sur le combat des S/GTIA. Leur capacité à voir au-delà
des obstacles, sans risquer des vies humaines, est particulièrement précieuse en combat urbain. Les systèmes
de commandement numérisés actuels facilitent le combat embarqué en milieu urbain et autorisent donc des
modes d’action audacieux pour des sous-groupements blindés. Ils n’apportent pas, en revanche, pour l’ins-
tant d’avantage significatif aux troupes débarquées. Le dépassement des limitations actuelles imposées par le
milieu aux ondes radio permettrait de multiplier leur efficacité.
Un système Dragon Eye se compose d’une station de contrôle et de 3 drones. Au mois de janvier 2005,
22 Dragon Eyes auraient été perdus en Irak dont 11 du fait de l’ennemi. Les drones Predator, Shadow, Hunter
et Pioneer ont été très efficaces. Leurs images en « temps réel » transmises aux GTIA pour exploitation immé-
diate ont permis d’avoir une bonne description des objectifs. Comme les mini-drones, ils ont permis de déceler
des mortiers, des embuscades, des engins explosifs, avant le contact avec la troupe (ref. 410). La ville était
survolée en permanence par 4 ou 5 engins de ce genre, le jour, et 7 ou 8, la nuit (avec un pic de 13 au même
moment) En revanche, la tentative d’effectuer des tirs d’opportunité avec une surveillance permanente par
drone a été un échec relatif du fait de la difficulté à coordonner l’action entre la cellule appui feux du GTIA et
les opérateurs des drones tactiques (qui ne sont pas formés au réglage de tirs), basés à Camp Fallujah. Il était
en effet souvent difficile d’avoir à temps les bons angles de vue. La méthode la plus utilisée consistait à projeter
l’image fournie par un drone sur un grand écran et d’imaginer un observateur virtuel faisant une demande de
tir à partir d’une position sur le terrain. On peut citer néanmoins l’exemple d’une position de mortiers repérée
dans le quartier de « Queens », le 8 novembre. Le tube était dans une mosquée en construction. Les tireurs, pos-
tés dans une maison proche, arrivaient en courant avec un obus, lançaient leur obus chacun à tour de rôle puis
retournaient se cacher. Ils ne restaient ainsi que quelques secondes à découvert. Un Pioneer repéra le tube et
permit l’envoi d’un tir d’artillerie pas assez précis cependant pour toucher le tube ou les servants. Un Predator
armé fut alors envoyé de Bagdad et guidé depuis la Californie, en liaison avec Camp Fallujah par courrier
électronique. Le Predator fut finalement détourné et une patrouille de 2 AV- 8B qui volaient à 6000 m prit le
relais, guidée par un contrôleur aérien qui reçut les coordonnées de la maison refuge des rebelles et la détruisit.
Les drones permettent des tirs précis sur l’ensemble de la zone d’action urbaine et bien au-delà de la ligne
de coordination des feux. Aucune zone n’est sûre pour l’adversaire et son réseau de commandement est tou-
jours vulnérable. Les drones créent un climat permanent d’insécurité pour l’ennemi et constituent une entrave
importante à sa manœuvre. Pour permettre des tirs indirects d’opportunité, un drone doit avoir la capacité de
donner des coordonnées métriques de la cible, sa direction de vol et son angle de vue. Sa caméra doit être suf-
fisamment puissante pour permettre une identification claire ami-ennemi et les ajustements de caméra doivent
être très rapides. Il doit pouvoir s’attarder sur la zone visée. La bataille de Falloujah a été également l’occasion
d’expérimenter le Silver Fox (10 kg, vol à 500/1000 pieds) et surtout le Scan Eagle de Boeing (20 kg, 15 heures
d’autonomie, vol entre 1500 et 4000 pieds, coût 100 000 dollars) qui a la possibilité de distinguer un porteur
d’arme et d’illuminer un objectif par laser. Cette dernière capacité a donné naissance à de nouvelles tactiques,
comme celle consistant à utiliser le Dragon Eye comme appât pour attirer les feux tandis que le Scan Eagle
désigne les agresseurs à une frappe. Grâce à sa capacité d’ajustements rapides, le Scan Eagle est également
considéré comme la meilleure plate-forme pour les réglages de tirs indirects avec le Shadow.
LOGISTIQUE RAVITAILLEMENT DE L’AVANT

Même si certaines munitions ont failli manquer comme les obus de 155 mm, les « montagnes de fer » ont bien
remplis leur office et aucun compte-rendu ne parle de problème de manque hormis les grenades à main assour-
dissantes. Le principal problème logistique a finalement été la gestion et la protection des flux entre le premier
échelon et les trains de combat de sous-groupement ou de bataillon. Les unités de chars, gourmandes surtout
en carburant, faisaient des rotations en arrière pour effectuer les opérations de ravitaillement et de maintenance
en sécurité. Les trains de combat des escadrons (cinq camions armés dont trois blindés, deux citernes et un
transport de munitions classe III, un véhicule de réparation M-88) stationnaient à l’extérieur de la ville où ils
ne risquaient que des tirs indirects. Dans le même esprit, les phases de repos pour les patrouilles de chars se

faisaient loin de la ligne de contact de manière à pouvoir sortir des chars, faire les opérations de maintenance,
se ravitailler, etc... Les patrouilles étaient alors en réserve d’intervention à 10 minutes. Inversement, les unités
débarquées des Marines faisaient venir à elles le ravitaillement, soit pendant les phases de repos en début de
soirée, soit en cours d’action. Dans le premier cas, les camions 7 tonnes des TC1 rejoignaient sous escorte
les unités au plus près dans des zones sécurisées. Dans le second cas, La mise en place d’une plate-forme de
contrôle commune à tous les drones permettrait d’optimiser grandement leur emploi. Les ravitaillements au
plus près et les évacuations se sont effectués systématiquement en véhicules blindés. Le concept normal est
d’utiliser une section de ravitaillement-évacuation (combat support team, CST) d’environ 20-30 personnels par
GTIA et travaillant au profit du premier échelon. Équipés, en général, de Humvee blindés et entraînés au com-
bat urbain (navigation, combat rapproché), ces hommes sont chargés d’approvisionner l’avant en munitions
(par lots constitués) et d’évacuer les blessés sans prélever des hommes dans les unités au combat. Les besoins
ont toutefois été tels qu’il a parfois été nécessaire de faire appel à des sections d’infanterie en deuxième éche-
lon pour assurer ces navettes. Elles utilisaient souvent pour cela les véhicules blindés amphibies, qui ne sont
pas affectés à des cellules tactiques mais réunis en pool. Ces engins sont cependant très volumineux pour le mi-
lieu urbain. La durée des combats, la prépondérance du combat aux armes d’infanterie du côté des rebelles, les
coups frappant majoritairement la région du torse ont entraîné beaucoup de dégâts dans l’armement individuel.
Le combat urbain génère beaucoup de dégâts dans l’armement individuel. Cela impose une capacité élevée
de réparation ou d’échange. Dans le cadre d’un combat urbain, le soutien logistique et sanitaire entre la ligne
de contact et le train de combat n°1 ou n°2 peut difficilement se concevoir autrement qu’en véhicule blindé.
Un parc de « véhicules logistiques de l’avant », blindés et chenillés, susceptibles de renforcer les unités enga-
gées serait d’un grand secours. Cette mission de soutien logistique au plus près doit également être envisagée
comme une mission courante pour une section de combat.
SOUTIEN SANTÉ
Le soutien sanitaire a été organisé de façon à ce qu’un soldat blessé puisse bénéficier de premiers soins
efficaces dans le quart d’heure qui suit la blessure, grâce à l’instruction de presque tous les Marines en
gestes de premiers secours et la présence dans chaque groupe d’un infirmier. Ces infirmiers sont autorisés à
pratiquer des gestes médicaux d’urgence en toute légalité (perfusion par exemple), ce qui a permis de sau-
ver de nombreuses vies. Le deuxième seuil critique est ensuite celui de l’heure, délai au-delà duquel
l’intervention chirurgicale a beaucoup moins de chances de réussir. Chaque blessé est donc évacué au
plus vite et en engin blindé sur le point de regroupement de la compagnie (géré par l’adjudant d’unité), puis
du bataillon ( battalion aid station, BAS), en périphérie de la ville où l’attendent les médecins regroupés dans
la section « shock/trauma » (rôle 1). Les blessés légers rejoignent en général rapidement leurs unités tandis
que les blessés graves sont évacués par voie terrestre ou aérienne sur la base Taqaddum où est installée une
compagnie chirurgicale (rôle 2). Entre la blessure et une intervention chirurgicale, il s’est établi une moyenne
de 52 minutes, en deçà donc de la « golden hour », et les hommes arrivés sur la table d’opération ont alors 95%
de chances de survie. Ils sont ensuite évacués sur des hôpitaux de Bagdad (trois pour la Coalition, un pour les
forces irakiennes) (rôle 3) ou sur Landstuhl, en Allemagne (rôle 4).
Tout combattant doit avoir une formation aux gestes de premiers secours en situation de combat. Il doit avoir
été confronté à la vue du sang ou de blessures avant d’être engagé au combat. Un infirmier qualifié par groupe
ou demi-section et capable d’effectuer des perfusions est indispensable en combat de haute intensité.
Parmi les innovations utilisées, on peut noter l’emploi du Battlefield Medical Information System (BMIST),
un assistant électronique personnel de type organiseur permettant un diagnostic rapide sur le terrain (ref. 11)
et l’emploi de cartes d’identification portées par chaque homme. Chacune de ces trois cartes, identiques, porte
un code d’identification (lettre de compagnie, première lettre du nom et quatre derniers chiffres de son numéro
d’immatriculation) et les renseignements utiles sur l’homme comme son groupe sanguin. En cas d’évacuation,
une carte est donnée au PC du bataillon, une autre au chef de l’équipage d’évacuation et la dernière reste sur

l’homme. Dans un bataillon, ce code réduit et le groupe sanguin étaient inscrits sur le gant gauche (ref. 42).
Certains infirmiers ont combiné les deux méthodes en utilisant des appareils de type PALM pour transmettre
électroniquement les données aux centres de soins (identification, diagnostic rapide). Les pertes totales ont
été lourdes (bien qu’inférieures aux prévisions) mais, même dans les phases les plus critiques, les évacuations
ne dépassaient pas la moyenne d’un homme par heure et par bataillon, ce qui permettait de concentrer les
moyens. Il semble qu’en combat urbain, les hommes soient surtout frappés dans la partie supérieure du corps.
Les blessures les plus graves ont donc lieu dans les zones peu protégées : le visage et les parties du torse non
protégées par les plaques en céramique (épaules, buste, parties latérales) (ref. 16). Un rapport récent révèle que
80% des Marines tués en Irak depuis le début du conflit auraient pu être sauvés avec des protections recouvrant
ces parties vulnérables. Le Corps a donc acquis 28 000 protections renforcées et l’US Army 130 000 plaques
supplémentaires. Si le rapport morts/blessés est d’environ 1 pour 10, il y a en revanche plus d’amputations
que dans les guerres précédentes. Il faut noter la présence d’une chaîne spécifique pour les civils, comprenant
des pédiatres, et rattachée à des hôpitaux locaux ou des ONG. La présence de la population civile au cœur
des combats implique la mise en place d’une chaîne santé spécifique et adaptée. Des procédures simples de
transmissions rapides des informations sanitaires sont particulièrement utiles. Comme pour le ravitaillement de
l’avant, il est nécessaire de disposer d’engins d’évacuation blindés. Un certain nombre de personnels des unités
de bouclage de la ville ont dû être affectés à la surveillance des blessés ennemis. La division de Marines est
également dotée d’une équipe de soutien psychologique (combat stress team, CST). Celle-ci a traité deux types
de cas assez distincts. Les premiers étaient des jeunes Marines qui découvraient la réalité des combats, les
seconds furent au contraire plutôt des vétérans qui après plusieurs semaines de combat s’avouaient saturés de
violence. Le stress augmente grandement lorsqu’on a la sensation que l’on ne peut agir pour contrôler son envi-
ronnement. Le milieu urbain introduit un multitude de menaces cachées dans un espace en trois dimensions
que l’on ne peut surveiller complètement et qui frappent presque toujours par surprise. A ces caractéristiques
s’ajoutent, à Falloujah, la durée des combats, le poids des équipements et surtout l’accumulation des pertes.
Par ailleurs, deux facteurs positifs ont permis de réduire ce stress : le haut niveau de compétence en combat
urbain et le soulagement d’avoir enfin un adversaire tangible après des mois de lutte contre des fantômes. Il
s’agit néanmoins de la bataille la plus éprouvante pour les forces américaines depuis la guerre du Vietnam. Il
n’y a pas de statistiques de pertes psychologiques mais des travaux de la Rand Corporation sur le stress dans les
combats urbains permettent de les estimer à 100-150 hommes, soit environ deux hommes par section engagée
en première ligne. Rappelons que chaque jour en Irak, si les forces américaines perdent en moyenne un à deux
hommes tués, elles perdent aussi un homme rapatrié pour des troubles psychiatriques. La CST a été d’un grand
secours mais les facteurs de résistance psychologique les plus importants furent, sans surprise, l’attachement
au Corps des Marines, cultivé avec force depuis la formation initiale, et la cohésion des petites unités stables,
forgées dans les années de vie et d’épreuves communes, notamment dans les mois qui ont précédé en Irak.
La référence à la guerre du Pacifique est permanente en particulier dans les déclarations des sous-officiers.
Les pertes psychologiques sont inversement proportionnelles au niveau d’entraînement de l’unité au combat
urbain. Il n’est pas inutile non plus de rappeler que l’esprit de corps, la cohésion d’unités stables dans le temps,
le mélange anciens-nouveaux, la confiance dans ses capacités propres à faire face aux événements (armement,
instruction), l’accoutumance préalable à certaines visions (dans un SAMU par exemple) réduisent également
considérablement les pertes psychologiques. Un combat urbain de longue durée face à un adversaire fanatisé
est générateur de fortes pertes psychologiques. La présence d’une cellule de soutien psychologique, colocali-
sée avec la cellule santé et l’aumônier militaire est d’une grande utilité, non seulement pour traiter les trauma-
tismes des événements vécus mais aussi pour supporter la longue durée des combats. Chapitre 2 - Logistique
34 Un phénomène similaire, à une échelle moindre, est survenu dans certains bataillons français lors des évè-
nements de novembre 2004 en Côte d’Ivoire. Certains jeunes engagés ont découvert qu’ils pouvaient mourir
dans une opération extérieure. D’autres, plus anciens, ont revécu des expériences malheureuses sur d’autres
théâtres d’opérations extérieures.

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RÉDACTION D’UNE NOTE DE

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1. Quelques points importants pour cadrer le développement�������������������������������������������45

Corrigés des mises en application���������������������������������������������������������������������50

4 CNED Sommaire – 6-3362-TE-00-19

L’épreuve de note de synthèse

CNED Préambule – 6-3362-TE-00-19 5

6 CNED Préambule – 6-3362-TE-00-19

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 7

8 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

Décortiquez le sujet suivant :

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 9

10 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

2. Le bloc législatif et réglementaire

3. Le bloc des actes conventionnels

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 11

Que retenez-vous de ces textes ? Lequel liriez-vous en premier ?

12 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

Davis Galula, « le Clausewitz de la contre insurrection »

David Galula, Élève officier à Saint-Cyr en 1939

L’itinéraire d’un officier français

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 13

14 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

L’oubli français et la reconnaissance américaine

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 15

16 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

LE GÉNÉRAL D’ARMÉE DAVID HOWELL PETRAEUS (1952-)

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 17

18 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

CHAPITRE 2 : ÉTUDE PAR FONCTION OPÉRATIONNELLE

L’ORGANISATION DU RETOUR D’EXPÉRIENCE

1. Sous groupement interarmes

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 19

SYSTÈMES D’INFORMATION ET DE COMMANDEMENT

20 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

RENSEIGNEMENT EMPLOI DES DRONES

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 21

LOGISTIQUE RAVITAILLEMENT DE L’AVANT

22 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 23

24 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

Quelques conseils pour le deuxième cas :

36 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

2B2. La détermination de la ligne de force

2B3. Le choix des parties

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 37

38 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

Quelle problématique donneriez-vous à ce sujet, à partir du corpus complet

Un plan simple déjà fortement élaboré par la commande (sujet) est

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 39

40 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

Texte x : page y - §z

1.1. La genèse : de la guerre d’Indochine et d’Algérie Texte x : page y - §z

Texte x : page y - §z

2.2. Les colonels français et la théorie de la contre-

Texte x : page y - §z

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 41

Il est recommandé de préparer avec soin au brouillon l’introduction, la conclusion et certaines

42 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 43

44 CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19

1. Quelques points importants pour cadrer le

CNED Note de synthèse – 6-3362-TE-00-19 45

1. Quelques points importants pour cadrer le développement��45

Corrigés des mises en application��50