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MANAGEMENT INDUSTRIEL

SECTION 4 – LE SYSTEME D’INFORMATION INDUSTRIEL

1. Le système d’information

Toute entreprise quelle soit industrielle ou de service, privée ou publique, traite de


l’information pour répondre aux besoins de ses clients. Le système d’information de
l’entreprise est un ensemble organisé de ressources, matérielles et immatérielles,
permettant d’enregistrer et de traiter l’information.

Au sein de l’entreprise, l’informatique intervient essentiellement dans :

• la gestion des matières, c’est-à-dire l’approvisionnement, la gestion des divers


stocks et en-cours, la distribution vers les clients internes (autres unités de la
même entreprise) ou clients extérieurs.

• la gestion des moyens de production, notamment les machines et la main-


d’œuvre pour lesquelles il faut adapter charges et capacités.

• la gestion administrative de la production, en établissant une planification puis


un pilotage de l’exécution mais aussi en renseignant les autres fonctions de
l’entreprise (comptabilité, finances, service des Méthodes, bureau d’études...).

La gestion de production manipule un nombre très important de données. Elle est


donc par nature intimement liée au système d’information de l’entreprise et à l’offre
logicielle présente sur le marché qui a considérablement évoluée ces dernières
années.

En effet, alors que très longtemps elle a été concentrée autour de la GPAO (Gestion
de production assistée par ordinateur) et des logiciels d’ordonnancement et de suivi
de production, on a vu apparaître de nombreux sigles nouveaux (ERP, SCM, APS,
MES…).

Cette évolution correspond à la fois à une évolution des fonctions de bases intégrées
dans les logiciels de GPAO, mais également à une intégration de fonctionnalités
connexes qui a considérablement modifié la portée de la gestion industrielle.

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Cette intégration s’est réalisée sous forme verticale (depuis la gestion du poste de
travail jusqu’aux planifications stratégiques), mais aussi horizontale par la prise en
compte des contraintes multi-sites et des relations clients-fournisseurs.

Cette intégration horizontale prend un essor vital pour l’entreprise avec le


développement de l’e-commerce qui demande un raccourcissement extrême des
délais entre la commande du client et le début de la chaîne logistique.

Positionnement de l'offre logicielle en SCM [Botta-Genoulaz, 2003]

2. L’évolution par l’intégration

Une grande tendance s’est développée et a conduit aux logiciels arrivés sur le
marché à la fin du siècle dernier: c’est la notion d’intégration.

En effet, l’entreprise qui informatisait ses fonctions se retrouvait avec des logiciels
indépendants les uns des autres. Ceux-ci ne pouvant pas échanger entre eux, il
s’ensuivait une saisie multiple des mêmes données avec évidemment des risques
d’erreurs et même de contradictions !

Au-delà d’un échange par interfaçage, c’est-à-dire par des fichiers communs, l’idée la
plus rationnelle a paru de construire un ensemble de logiciels autour d’une base de
données commune. Il en résulte une intégration des fonctions de l’entreprise
(processus transversaux).

En outre, on comprend toute la démarche commencée par les grands groupes visant
à unifier les méthodes de travail entre différents sites et à obtenir aisément
l’ensemble des données de toutes natures (et notamment financières) des divers
sites. Au-delà, le même principe d’intégration appliqué à l’environnement d’une

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entreprise (fournisseurs et clients) conduit au processus tranversal inter-entreprises
de chaîne logistique.

En suivant cette idée, les nouveaux logiciels correspondent soit à une filiation des
logiciels existant auparavant, soit à une approche différente mais qui s’inscrit dans le
même esprit de globalisation et de transversalisation.

3. Les ERP (Enterprise Resources Planning)

3.1 Définition

Un ERP ou progiciel de gestion intégré (PGI) est destiné à la gestion globale des
différents flux de l’entreprise aux niveaux stratégique, tactique et opérationnel. Il met
en commun, pour les diverses entités et fonctions, l’ensemble des données
nécessaires à cette gestion dans une base de données unique. Nous reprendrons
les définitions complémentaires données par deux organismes réputés compétents
en la matière : le CXP, organisme français (Conseil sur les systèmes d’information à
base de progiciels, www.cxp.fr), et l’APICS, association américaine (American
Production Inventory Control Society, www.apics.org) de notoriété internationale.
Nous les compléterons par le standard extrait du marché.

Pour le CXP, un progiciel de gestion d’entreprise est dit intégré s’il vérifie l’ensemble
des conditions suivantes: s’il émane d’un fournisseur unique, garantit l’unicité de
l’information, assure une mise à jour en temps réel des données et fournit les
éléments d’une traçabilité totale des opérations.

L’APICS considère qu’un ERP est un système d’information orienté comptabilité


permettant de gérer toutes les ressources nécessaires pour satisfaire le besoin du
client.

Ces définitions ne donnent pas de précision sur les aspects fonctionnels mais la
concentration du marché sur quelques éditeurs permet d’identifier clairement cinq
domaines de compétence :

• gestion de la production

• gestion des stocks, des approvisionnements et des achats

• gestion commerciale

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• gestion des ressources humaines

• gestion comptable et financière.

3.2 Fonctionnalités et modularité

Les cinq domaines qui viennent d’être décrits, assez généraux, se décomposent en
sous-groupes qui correspondent à peu près au découpage modulaire des logiciels
proposés:

• la gestion financière a pour objectif de maîtriser la situation financière de


l’entreprise. Elle gère les livres comptables, les comptes des clients et des
fournisseurs, les immobilisations. Elle permet également de consolider les états
financiers des diverses filiales.

• le contrôle de gestion permet d’analyser à l’aide de tableaux de bords la rentabilité


de l’entreprise sous divers angles (par produits, par processus, par types
d’activité…).

• la gestion de projet planifie et contrôle les étapes d’un projet et la disponibilité des
ressources nécessaires à sa réalisation.

• l’administration des ventes gère les différentes activités commerciales envers les
clients, dont les supports de vente, la facturation, la gestion des expéditions.

• la gestion des ressources humaines met à disposition les outils permettant de gérer
le personnel. Au-delà de la gestion des salaires et des activités corollaires, elle gère
le recrutement, les absences et congés du personnel et, surtout, de plus en plus, les
compétences des personnes.

• la gestion de la qualité assure l’enregistrement et la traçabilité des informations


relatives à l’élaboration des produits.

• la gestion de la production supporte évidemment la planification et l’exécution de la


production sur les différents horizons comme nous avons pu le voir (PIC, PDP, CBN,
gestion d’atelier), et elle gère les données techniques associées comme dans les
progiciels de GPAO.

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• la gestion des achats gère le processus d’achat auprès des fournisseurs avec
notamment leur évolution et le contrôle de la facturation.

• la gestion des approvisionnements et des stocks planifie les besoins en matières et


composants achetés en optimisant les niveaux des stocks et des emplacements. Ces
diverses catégories se retrouvent dans les différentes offres du marché.

Elles constituent le noyau du système d’information et servira aux différents acteurs


de l’entreprise. L’adaptation à l’entreprise de ces progiciels est réalisée par un
paramétrage important qui nécessite un effort considérable de structuration de
l’entreprise pour « faire coller » son mode de fonctionnement aux possibilités du
progiciel.

Fonctionnalités de L’ERP

4. Les MES (Manufacturing Execution System)

4.1 Définition

Un Manufacturing Execution System (MES) est un système informatique dont les


objectifs sont de collecter en temps réel les données de production de tout ou partie
d'une usine ou d'un atelier. Ces données collectées permettent ensuite de réaliser un
certain nombre d'activités d'analyse (traçabilité, contrôle de la qualité, suivi de
production, ordonnancement, maintenance).

De la même façon que pour les ERP, la redondance des informations, en entrée ou
en sortie, a conduit à la nécessité d’unicité de l’information et a donné naissance à
une nouvelle offre logicielle: les MES.

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4.2 Fonctionnalités

Les divers MES du marché présentent des différences parmi les fonctions assurées
car les éditeurs se sont souvent spécialisés selon leur cible d’activité. Toutefois, on
peut s’appuyer sur les onze fonctionnalités identifiées par une association regroupant
des sociétés impliquées dans le domaine des MES (éditeurs, consultants…), MESA
International :

• ordonnancement à capacité finie (Operations/Detail Scheduling) qui définit le


séquencement des opérations jugé optimal.

• gestion des ressources de production (Resource Allocation and Status) qui définit
l’utilisation et assure le suivi du personnel, des machines, des outils et de la matière.

• la gestion des ordres de fabrication (Dispatching Production Unit) qui gère le flux
des ordres et des lots et s’assure que tout ce qui est nécessaire sera disponible au
moment du lancement.

• la gestion des documents (Document Control) relatifs aux produits, aux process, à
la conception et aux ordres de fabrication, et parfois aux conditions de travail et aux
certifications.

• la traçabilité des produits (Product Tracking and Genealogy) qui suit les produits en
temps réel afin de conserver l’historique complet des composants utilisés et des
conditions de production de chaque produit fini.

• l’analyse des performances (Performance Analysis) qui suit les divers indicateurs
de performance concernant les opérations de production (taux d’utilisation, temps de
cycle, TRS…).

• la gestion du travail (Labor Management) assurant le suivi des temps machines et


opérateurs, des activités indirectes (outils), du statut des opérateurs.

• la gestion de la maintenance (Maintenance Management) permettant d’effectuer le


suivi et la planification des activités de maintenance périodique ou préventive
(alarmes, historique…).

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• la gestion des process (Process Management) pour maîtriser la production avec
correction et amélioration des activités (par exemple, alarmes si dépassement de
tolérance ou mieux des limites naturelles).

• la gestion de la qualité (Quality Management) assure l’enregistrement et la


traçabilité des informations relatives à l’élaboration des produits, le suivi des actions
correctives et la capitalisation des connaissances (KM, pour Knowledge
Management).

• l’acquisition de données (Data Collection) fournissant des interfaces pour collecter


des données en temps réel sur les équipements de l’entreprise ou par relevé manuel
des opérateurs.

5. Les APS (Advanced Planning and Scheduling)

5.1 Définition

Les APS ont commencé à apparaître au milieu des années 1990. Leur
positionnement par rapport aux progiciels de la gestion industrielle est original.

En effet, alors que les logiciels décrits précédemment n’opèrent que des transactions
sur la base de règles définies a priori et notamment sur celle édictant que seul
l’homme fait des choix parmi plusieurs possibilités, les APS vont au contraire
introduire la prise de décision.

5.2 Fonctionnalités

La gestion de production n’a d’autre but que de satisfaire la demande externe grâce
aux ressources de l’entreprise (stocks, machines, hommes, sous-traitance…) avec
des contraintes de satisfaction du client et de coût de revient. Les questions
fondamentales qu’elle se pose sont :

 quoi ? (choix de ce qu’il faut fabriquer, approvisionner, sous-traiter…),


 où ? (choix de machine, atelier, site…),
 quand ? (positionnement dans le temps pour satisfaire au moment de la
demande),
 comment ? (procédé, gammes, ressources humaines…).

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Les systèmes MRP2 réagissent aux demandes fournies à l’aide de paramètres fixés
par les hommes (horizons, périodes, lots, gammes, postes, lancement des calculs,
choix de sous-traitance…): ils ne font donc que des transactions et ne prennent pas
de décisions (validation des PDP, lancement des OF…).

Les logiciels d’ordonnancement entrent dans une boucle de décision plus complexe
puisqu’ils positionnent dans le temps des opérations sur des ressources machines
selon des gammes et en affectant des opérateurs, le tout avec des contraintes de
disponibilité (dont les calendriers) et de compétence. Ils travaillent avec une certaine
intelligence grâce à un algorithme mais ne choisissent pas une gamme secondaire à
la place de la principale et les calendriers sont fixés…

Le rôle décisionnel reste donc confié à l’homme. Pour prendre les décisions,
l’homme modélise ses problèmes et cherche la meilleure solution par optimisation ou
simulation.

Les APS peuvent notamment prendre en compte la capacité finie des ressources lors de la
planification, simuler plusieurs scénarios de planification et gérer plusieurs sites de
production, ce qui est nécessaire dans le cas des entreprises multi-sites ou des réseaux
d’entreprises.

Il permettra de modéliser des contraintes, d’exprimer des fonctions de coût et de


rechercher des valeurs de variables de décision qui optimisent les critères.

Ils pourront être utilisés non seulement au niveau interne à l’entreprise


(ordonnancement ou calcul des besoins) mais aussi au niveau global de la chaîne
logistique.

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