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 13-021-A-50

Maladie de Willebrand
C. Paris, J. Goudemand, S. Susen

Résumé : La maladie de Willebrand est une maladie hémorragique constitutionnelle causée par un défaut
de concentration, structure ou fonction du facteur Willebrand (VWF). Sa principale particularité est sa très
grande hétérogénéité, tant clinique que biologique et moléculaire. Le diagnostic repose sur la présence
d’une histoire hémorragique personnelle et parfois familiale, associée à des anomalies biologiques. Une
classification des différentes formes de la maladie existe pour orienter le diagnostic, le traitement et le
conseil génétique des patients. Si les anomalies biologiques isolées sont relativement fréquentes, les formes
symptomatiques sont rares, touchant probablement moins de 10 000 patients en France. L’objectif est
ici de décrire la structure et le rôle du facteur Willebrand en physiologie humaine, ainsi que les grands
principes du diagnostic clinique et biologique, de la classification, du traitement préventif du risque
hémorragique périopératoire et des accidents hémorragiques de la maladie de Willebrand.
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Mots-clés : Maladie de Willebrand ; Facteur Willebrand ; Maladie hémorragique constitutionnelle ;


Hémorragies cutanéomuqueuses ; Traitement substitutif

Plan Willebrand (von Willebrand factor, abrégé VWF dans la nomen-


clature internationale). Aujourd’hui, on admet que le terme de
■ Introduction 1 MW se rapporte à toute pathologie hémorragique causée par un
défaut génétique de la concentration, la structure ou la fonction
■ Facteur Willebrand : du gène à la protéine 2 du VWF, que l’anomalie moléculaire soit située sur le gène du
Gène 2 VWF ou sur d’autres gènes dits « modulateurs » [1] . Cette affection
Protéine : structure, biosynthèse et élimination 2 est caractérisée par sa très grande hétérogénéité dans sa présenta-
Fonctions de la protéine 3 tion clinique, biologique ou moléculaire. Cette hétérogénéité est
Facteurs génétiques et environnementaux influençant les taux une des principales particularités de la MW. Ainsi, une classifi-
de facteur Willebrand 4 cation des différentes formes de la maladie existe pour orienter
■ Maladie de Willebrand 4 le diagnostic, le traitement et le conseil génétique des patients
Épidémiologie 4 (Tableau 1).
Diagnostic clinique 4
Diagnostic biologique 6
■ Classification
Maladie de Willebrand de type 1
Maladie de Willebrand de type 2
9
10
10
“ Point fort
Maladie de Willebrand de type 3 11
La maladie de Willebrand est une maladie hémorragique
■ Traitement 12 constitutionnelle caractérisée par sa grande hétérogénéité.
Desmopressine 12
Traitement substitutif par facteur Willebrand 13
Médicaments adjuvants 13 Aujourd’hui, le séquençage du gène du VWF à la recherche
Situations particulières 13 des mutations est accessible dans certaines structures et repré-
■ Diagnostic prénatal 14 sente une aide à cette classification. Si les anomalies biologiques
■ Syndrome de Willebrand acquis 15 isolées sont relativement fréquentes, les formes symptomatiques
de la MW sont rares, touchant probablement moins de 10 000
■ Conclusion 15 patients en France. Dans le cadre du Plan national maladies rares
2005–2008, un centre de référence de la MW (CRMW) a été
labellisé en France pour structurer et graduer l’offre de soins en
apportant un niveau d’expertise et de recours, et en organisant
 Introduction avec des centres de compétence la prise en charge des patients
afin d’assurer l’équité pour l’accès au diagnostic et au traitement.
En 1926, Erik von Willebrand, médecin finlandais, décrit Il est intégré, avec le Centre de référence de l’hémophilie et autres
une anomalie constitutionnelle de l’hémostase distincte de maladies hémorragiques constitutionnelles et celui des thrombo-
l’hémophilie, connue depuis sous le nom de maladie de Wille- pathies constitutionnelles, à la filière de santé maladies rares :
brand (MW ; von Willebrand disease, abrégé VWD dans la littérature maladies hémorragiques constitutionnelles MHémo. Il comporte
internationale). Le trait commun à toutes les formes de la maladie en 2019 un site coordonnateur (Lille), deux sites constitutifs (Lari-
est l’existence d’un déficit quantitatif et/ou qualitatif en facteur boisière et Nantes) et 31 centres de ressources et compétences. La

EMC - Hématologie 1
Volume 31 > n◦ 2 > mai 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1984(20)68174-2

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Tableau 1. conduit à réévaluer la structure primaire de cette protéine, consti-


Classification de la maladie de Willebrand (d’après [1] ) a . tuée d’une répétition de quatre types de domaines (A, C, D et CK)
Type Mécanisme Transmission dans l’ordre suivant (Fig. 1) : D1, D2, D’, D3, A1, A2, A3, C1, C2,
C3, C4, C5, C6, CK (anciennement : D1, D2, D’, D3, A1, A2, A3,
1 Déficit quantitatif partiel en VWF Autosomique D4, B1, B2, B3, C1, C2, CK). Les domaines A forment des struc-
dominante tures globulaires. Les domaines C1 à C6 forment une structure
Pénétrance variable
flexible qui facilite la transition de la conformation globulaire à
2A Défaut d’interaction du VWF avec Autosomique la conformation fibrillaire « active » dans des conditions de forces
les plaquettes ou le dominante ou récessive de cisaillement élevées, comme dans la microcirculation. La pro-
sous-endothélium lié à une téine comporte 232 résidus cystéine, soit quatre fois plus que la
anomalie des multimères de haut moyenne des protéines humaines, 17 chaînes N-glycosylées (4 sur
poids moléculaire
le propeptide et 13 sur la sous-unité mature) et dix O-glycosylées.
2B Augmentation de l’affinité du Autosomique Parmi les glycanes de la sous-unité mature figurent les détermi-
VWF pour la GPIb plaquettaire dominante nants de groupe ABO. Ils sont présents sur le VWF des cellules
2M Défaut d’interaction du VWF avec Autosomique endothéliales, mais pas sur le VWF plaquettaire. Les domaines D1,
les plaquettes ou le dominante D2, D’ et D3 sont impliqués dans le processus de multimérisation
sous-endothélium sans anomalie de la protéine alors que le domaine CK est impliqué dans la
des multimères de haut poids formation des dimères. Le propeptide (domaines D1 et D2) agit
moléculaire comme une protéine chaperon intermoléculaire, indispensable
2N Diminution importante de Autosomique récessive à la multimérisation et au stockage du VWF. Les domaines D’
l’affinité du VWF pour le FVIII et D3 contiennent 51 résidus de cystéine, tous engagés dans
3 Déficit quantitatif quasi total en Autosomique récessive des ponts disulfures : ponts intrachaînes pour le domaine D’ et
VWF ponts interchaînes impliqués dans la multimérisation pour le
domaine D3. Les domaines D’ et D3 comportent aussi des sites
VWF : facteur de Willebrand ; GP : glycoprotéine ; FVIII : facteur VIII. de liaison du VWF au facteur VIII (FVIII). Les domaines A1 et
a
Elle distingue les types quantitatifs (1 et 3) des qualitatifs (type 2).
A3 possèdent des sites de liaison au collagène : collagène de
types IV et VI pour le domaine A1, et collagène de types I et III
MW figure parmi les maladies rares répertoriées par Orphanet. pour les domaines A1 et A3 [3] . Le domaine A1 est très important
Une association de patients avec MW est individualisée au sein pour la fonction puisqu’il contient aussi les sites de liaison
de l’Association française des hémophiles. pour la glycoprotéine (GP) Ib plaquettaire et pour des molécules
Parallèlement, à des fins épidémiologiques et de recherche, s’est induisant la liaison du VWF à la GPIb, comme la ristocétine
constitué en France depuis 2003 le réseau FranceCoag, cohorte (antibiotique issu d’un actinomycète), qui forme des ponts entre
nationale de patients souffrant d’un déficit héréditaire en pro- la GPIb et le VWF. Enfin, le domaine C4 permet l’interaction du
téines de la coagulation ; les patients avec les formes les plus VWF avec un autre récepteur plaquettaire, la GPIIb/IIIa.
sévères de MW sont inclus dans cette cohorte. Le réseau Fran- Les différentes étapes de la biosynthèse du VWF incluent le cli-
ceCoag est coordonné par l’Assistance publique-Hôpitaux de vage du peptide signal conduisant au pro-VWF, qui s’associe en
Marseille depuis le mois de janvier 2017. dimères dans le réticulum endoplasmique grâce à un pont disul-
fure entre les domaines C-terminaux cystine knot (CK). Les dimères
de pro-VWF sont N-glycosylés puis transportés dans l’appareil de

“ Point fort Golgi où se poursuit la N-glycosylation puis l’O-glycosylation.


Simultanément, le propeptide facilite l’alignement des dimères
et leur assemblage en multimères en formant des ponts disul-
fures à la partie N-terminale des sous- unités de VWF (domaines
La prise en charge de la maladie de Willebrand, du diag- D’ et D3). La taille des multimères varie du dimère à plus de
nostic au traitement, nécessite l’expertise des centres de 60 sous-unités assemblées, avec une masse moléculaire (MM)
compétences appartenant au Centre de référence de la de plus de 20000 kDa. Le propeptide est ensuite clivé dans le
maladie de Willebrand. réseau transgolgien par une convertase, la furine. Après clivage,
le propeptide et le VWF multimérisé restent associés de façon
non covalente dans un rapport équimolaire. Le VWF est stocké
dans des organelles en vue d’une sécrétion régulée : ce sont les
 Facteur Willebrand : du gène corps de Weibel-Palade des cellules endothéliales, ou les granules
alpha des plaquettes. La microscopie électronique a montré que
à la protéine les corps de Weibel-Palade se forment à partir de multimères de
VWF organisés en hélice où le propeptide est à l’intérieur et le
Gène domaine CK à l’extérieur, le tout formant une structure tubu-
laire. À partir des granules de stockage, le VWF est sécrété dans
Le gène VWF, situé sur le bras court du chromosome 12 le sang circulant et le sous-endothélium en réponse à des stimuli
(12p13.3), comprend 178 kb d’acide désoxyribonucléique (ADN) physiologiques ou pharmacologiques, comme la thrombine, les
répartis en 52 exons. L’ADN complémentaire du VWF a été cloné forces de cisaillement ou la desmopressine. Il existe également une
en 1985 à partir de l’ARN (acide ribonucléique) messager de 8,9 kb, sécrétion basale constitutive émanant des cellules endothéliales
isolé de cellules endothéliales de la veine ombilicale humaine, et à l’origine du VWF circulant, a priori majoritairement à partir
la séquence du gène a été publiée en 1986. Cette séquence est en de corps de Weibel-Palade, qui fusionnent aléatoirement avec
partie répliquée sous la forme d’un pseudogène VWFP1 porté par la membrane plasmique et déversent leur contenu dans l’espace
le chromosome 22 (exons 23 à 34). extracellulaire (sang circulant ou sous-endothélium) [4] .
Dans le sang circulant, les multimères du VWF ont une demi-vie
Protéine : structure, biosynthèse de 12 à 20 heures après injection de concentré de VWF plasma-
tique [5, 6] et de 4,2 à 26 heures pour le VWF endogène libéré
et élimination après une injection de desmopressine (DDAVP) [7] . Un modèle
Le produit primaire du gène est synthétisé dans les cellules murin déficitaire en VWF a permis de montrer que la clairance
endothéliales et les mégacaryocytes, précurseurs des plaquettes, du VWF a principalement lieu dans les macrophages du foie et
sous forme d’un pré-pro-polypeptide de 2813 acides aminés qui de la rate, notamment via le récepteur de lipoprotéine LRP1 (low-
comporte un peptide signal de 22 acides aminés, un propeptide density lipoprotein receptor-related protein-1) [4] . La clairance du VWF
de 741 acides aminés et une sous-unité mature de 2050 acides est indépendante de la taille des multimères, mais dépend du
aminés. En 2012, une étude en microscopie électronique [2] a profil de glycosylation, notamment du groupe sanguin ABO, avec

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Peptide signal - 22 aa

Propetide - 741 aa
Monomère VWF mature - 2050 aa

Multimérisation ADAMTS13 Dimérisation

Nt
D1-2 D'-D3 A A A D4 C1 C2 C3 C4 C5 C6 CK
1 2 3

FVIII GPIb Collagène GPIIbIIIa


Collagène

Type
1
IIC IIE IIA IID
2A
2B
2M
2N
3

Figure 1. Facteur Willebrand, du gène à la protéine. Le produit primaire du gène VWF est synthétisé sous forme d’un pré-pro-polypeptide de 2813 acides
aminés qui comporte un peptide signal de 22 acides aminés, un propeptide de 741 acides aminés et une sous-unité mature de 2050 acides aminés. La
protéine est constituée d’une répétition de quatre types de domaines (A, C, D et CK) dans l’ordre suivant : D1, D2, D’, D3, A1, A2, A3, C1, C2, C3, C4, C5,
C6 et CK. Les domaines A forment des structures globulaires. Les domaines C1 à C6 forment une structure flexible qui facilite la transition de la conformation
globulaire à la conformation fibrillaire « active » du gène VWF. Les domaines D1, D2, D’ et D3 sont impliqués dans le processus de multimérisation de la
protéine alors que le domaine CK est impliqué dans la formation des dimères. Les domaines D’ et D3 comportent des sites de liaison du VWF au facteur VIII.
Les domaines A1 et A3 possèdent des sites de liaison au collagène. Le domaine A1 contient aussi les sites de liaison pour la glycoprotéine (GP) Ib plaquettaire.
Le domaine C4 permet l’interaction du VWF avec un autre récepteur plaquettaire, la GPIIb/IIIa. La partie basse de la figure montre la distribution des mutations
retrouvées en fonction du type de maladie de Willebrand.

une demi-vie plus courte chez les sujets de groupe O [8] expliquant le collagène du sous-endothélium mis à nu et le VWF circulant
la concentration plasmatique en VWF plus basse chez les sujets subissent un changement de conformation [9] . En présence de
de groupe O. Les multimères de plus grande taille, encore appelés faibles forces de cisaillement (flux sanguin lent, gros vaisseaux),
« ultralarges », se fixent à la surface des cellules endothéliales, en le VWF est sous forme globulaire, « inactive ». Dans cette confor-
partie à une protéine membranaire des corps de Weibel-Palade, la mation, les domaines A1 et A2 ne sont pas exposés. Dans des
P-sélectine ; ces multimères soumis à des forces de cisaillement éle- conditions de forces de cisaillement élevées (artères, sténoses,
vées subissent une réduction physiologique de leur taille par une capillaires), le VWF s’étire en longs filaments, ce qui permet
métalloprotéase spécifique, ADAMTS13 (a disintegrin and metallo- l’exposition du domaine A1, site d’interaction avec la GPIb. Ce
protease with thrombospondin type 1 repeats, member 13), qui clive le changement de conformation permet également l’ouverture du
site de protéolyse situé dans le domaine A2 du VWF entre les acides domaine A2, site de protéolyse par l’ADAMTS13 (résidus Y1605-
aminés Tyr1605 et Met1606. Par ce mécanisme, l’ADAMTS13 M1606 dans le domaine A2) [10, 11] . La liaison du VWF à la
remodèle la distribution initiale des multimères, réduisant la taille GPIb initie la première phase d’adhésion plaquettaire réversible,
des multimères « ultralarges », prévenant ainsi leur interaction qui permet le recrutement des plaquettes au niveau du sous-
spontanée avec les plaquettes. endothélium lésé, et conduit à leur activation et à l’exposition
Le propeptide n’a pas de fonction connue dans le sang circulant de la GPIIb/IIIa à leur surface. L’interaction entre le VWF (ou le
et sa demi-vie est estimée à environ deux heures ; il est le reflet de fibrinogène) et la GPIIb/IIIa permet l’adhésion irréversible des pla-
la sécrétion du VWF. quettes au sous-endothélium et l’agrégation des plaquettes entre
elles, avec formation d’un thrombus qui colmate la brèche vas-
culaire. L’importance du VWF dans le processus d’hémostase est
Fonctions de la protéine modulé en fonction de la localisation dans le lit vasculaire, où
les forces de cisaillement varient. La taille des multimères joue
La structure multimérique du VWF fournit des sites de contact
un rôle important : les multimères de haut PM sont les plus
multiples avec différents ligands présents dans le sang circulant
efficaces dans l’hémostase. En leur absence, la liaison du VWF
et dans la paroi vasculaire lésée. C’est ainsi que le VWF exerce ses
à la GPIb est diminuée ainsi que les phénomènes d’adhésion
deux principales fonctions dans l’hémostase.
et d’agrégation. À l’inverse l’excès de formes lourdes, comme
au cours du purpura thrombotique thrombocytopénique, peut
Adhésion et agrégation plaquettaires induire des microthromboses.
Le VWF permet l’adhésion des plaquettes à la paroi vasculaire
lésée grâce à ses sites de liaison pour la GPIb plaquettaire et le
collagène (domaines A1 et A3) ; il facilite aussi l’agrégation des
Transport et survie du facteur VIII
plaquettes entre elles grâce à son interaction avec la GPIIb/IIIa Le VWF se lie au FVIII au niveau des domaines D’ et D3 et ainsi
(domaine C4). Ce rôle du VWF est primordial aux forces de le FVIII est lié au VWF dans la circulation. L’interaction entre le
cisaillement élevées, comme dans la microcirculation. In vivo, VWF et le FVIII est essentielle à la fonction et à la durée de vie
tous les sites fonctionnels du VWF impliqués dans l’adhésion du FVIII dans le sang circulant. La liaison du VWF au FVIII inhibe
et l’agrégation plaquettaires sont directement accessibles à leurs l’interaction entre le FVIII et différentes protéases comme le fac-
ligands, à l’exception du site d’interaction avec la GPIb pla- teur X activé ou la protéine C activée, ce qui protège le FVIII de la
quettaire. En cas de brèche vasculaire, le VWF immobilisé sur protéolyse plasmatique et lui permet d’avoir une demi-vie de 12 à

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20 heures. En revanche, cette liaison ne s’oppose pas à l’action de faut cependant souligner les limites méthodologiques inhérentes
la thrombine sur le FVIII. En l’absence de VWF ou lorsque le VWF aux études épidémiologiques, du fait des difficultés du diagnos-
ne peut pas lier le FVIII (comme dans le type 2 N), celui-ci a une tic [23] .
demi-vie très raccourcie, de l’ordre de deux heures, à l’origine du Néanmoins, le nombre de patients ayant une MW avec symp-
déficit en FVIII constaté chez certains patients. Le taux de VWF tomatologie hémorragique nécessitant un traitement, tous types
détermine donc le taux de FVIII. confondus, a été estimé à 30 à 125 par million, ce qui est sem-
Outre son rôle crucial dans l’hémostase, le VWF intervient dans blable à la prévalence de l’hémophilie A [24] . La prévalence de
de nombreux processus pathologiques comme l’angiogenèse, la la forme sévère (récessive) a été estimée entre 0,5 et 5 par mil-
prolifération cellulaire, l’inflammation, la diffusion métastatique lion d’habitants. La maladie ne montre aucune différence de
et l’apoptose [12] . répartition géographique ou ethnique. Alors que la transmission
génétique autosomique prédit que les deux sexes héritent d’allèles
VWF mutés dans la même proportion, il y a une plus grande fré-
Facteurs génétiques et environnementaux quence de formes symptomatiques chez les femmes à cause du
influençant les taux de facteur Willebrand « défi » hémostatique que représentent dans cette maladie les
Les taux de VWF dans le plasma de sujets normaux ont une règles, la grossesse et l’accouchement.
large distribution, variant environ de 50 à 150 UI/dl. De nombreux La prévalence réelle de la MW est difficile à déterminer. En
facteurs, génétiques, physiologiques, hormonaux ou environne- effet, des déficits modérés en VWF peuvent ne pas être associés
mentaux, influencent ces taux. Ainsi, les taux de VWF pour à des anomalies moléculaires du gène du VWF, et la plupart des
lesquels on peut parler de déficit, voire de maladie, sont encore symptômes hémorragiques présents dans la MW peuvent égale-
mal définis, et une parfaite connaissance du contexte clinique est ment être retrouvés dans une population non affectée par des
nécessaire pour les interpréter. anomalies du VWF. Aussi, le diagnostic de MW est souvent sures-
Des polymorphismes du gène du VWF ou de son promoteur timé, particulièrement lorsque le déficit en VWF est quantitatif et
peuvent moduler l’expression génique [8] . Le profil de glycosyla- modéré [23, 25] .
tion des chaînes O-glycosylées du VWF influence le taux de ce
dernier dans la circulation [13] . Le groupe sanguin ABO, le sta-
tut sécréteur, l’origine ethnique et l’âge influencent largement le
taux de VWF dans le sang circulant (et le taux de FVIII par voie de
conséquence). Le groupe ABO explique près de 30 % des variations
“ Point fort
d’origine génétique. Ainsi, chez les sujets de groupe O, les taux de La prévalence des formes symptomatiques est d’environ
VWF sont de 25 à 35 % inférieurs à ceux des sujets non O. En
10 000 patients en France.
effet, les antigènes ABH exprimés sur les chaînes N-glycosylées du
VWF influencent sa protéolyse par ADAMTS13 [14] . Les sujets sécré-
teurs homozygotes (SeSe) ont des taux de VWF plus élevés que les
hétérozygotes ou les non-sécréteurs. D’autres gènes modulateurs
ont été rapportés ; il a été récemment identifié de nouveaux loci Diagnostic clinique
impliqués dans le trafic vésiculaire et l’exocytose (syntaxin-binding
protein 5 et syntaxin 2), des récepteurs de clairance « scavenger » Le diagnostic de MW repose avant tout sur les données cliniques
(scara-5 scavenger receptor class A member 5 et stabilin 2), une lec- et la recherche d’antécédents hémorragiques documentés person-
tine (C-type lectin type 4 member M) ou encore UFM1 (ubiquitin fold nels et/ou familiaux. Il est important de noter que leur intensité
modifier 1), qui influenceraient les taux de VWF [15, 16] . peut avoir été modulée par des événements intercurrents qui
Les taux de VWF sont plus élevés d’environ 15 % chez les sujets doivent être également recherchés : un syndrome inflammatoire
d’origine africaine [17] , ainsi que dans la population coréenne [18] . peut majorer le taux de VWF et limiter le saignement ; à l’inverse,
L’âge est également un facteur important. À la naissance, le taux de une prise médicamenteuse peut modifier la symptomatologie ou
VWF s’élève puis diminue progressivement pour être à son taux les résultats des tests biologiques. C’est la confrontation des don-
le plus faible vers l’âge de 1 an [19] . Ces variations font que le nées cliniques et biologiques qui permet de poser le diagnostic de
diagnostic (affirmation ou exclusion) de MW n’est pas fiable dans MW, qui doit inclure la caractérisation du type de MW, indispen-
les formes modérées en période néonatale. Après l’adolescence, le sable à une prise en charge thérapeutique optimale du patient.
taux de VWF s’élève avec l’âge, d’environ 10 UI/dl par décennie En pratique, le diagnostic de MW, et l’établissement d’une carte
chez les sujets sains comme chez les sujets de type 1, a priori sans d’urgence et de soins conforme au modèle ministériel, relèvent
correction claire du phénotype hémorragique, même après avoir du cadre d’une consultation d’hémostase spécialisée.
atteint des taux supérieurs à 50 UI/dl [20] .
Le taux de VWF varie pendant le cycle menstruel, les taux les Manifestations cliniques
plus faibles étant atteints lors des règles et les plus élevés lors de
Le diagnostic clinique de MW repose sur l’existence d’une
la phase lutéale [21] . La prise d’une contraception œstroproges-
histoire personnelle ou familiale objective de symptomatologie
tative n’élève que modestement le taux de VWF. Le traitement
hémorragique cutanée et muqueuse. Le profil hémorragique est
substitutif de la ménopause ne modifie pas le taux de VWF. En
très variable, dépendant du type et de la sévérité de la maladie.
revanche, le taux de VWF augmente tout au long de la grossesse
L’interrogatoire doit soigneusement recueillir les caracté-
pour atteindre à terme des valeurs multipliées par trois par rapport
ristiques de chaque symptôme hémorragique : spontanéité,
au taux basal [22] . Le taux de VWF peut être transitoirement élevé
localisation, taille, fréquence, durée, sévérité. Il doit préciser
par le stress (ou simplement « la peur de la piqûre », en particulier
les challenges hémostatiques auxquels le patient a pu être
chez de jeunes enfants) ou l’exercice physique, surtout si celui-
confronté (avulsion dentaire, procédure invasive, accouchement,
ci est intensif. Enfin, de nombreuses pathologies intercurrentes
etc.), rechercher la notion d’anémie ferriprive et de supplémen-
peuvent modifier le taux du VWF, protéine de la phase aiguë de
tation martiale itérative. Les antécédents transfusionnels et le
l’inflammation, et multiplier par deux à cinq le taux basal : mala-
groupe sanguin doivent être notés, de même que les médica-
dies infectieuses, inflammatoires ou malignes, ainsi que diabète,
ments concomitants du saignement qui peuvent en modifier
insuffisance hépatique ou rénale, hyperthyroïdie, etc.
l’expression. L’interrogatoire doit aussi recueillir les antécédents
hémorragiques familiaux afin d’établir un arbre généalogique
 Maladie de Willebrand détaillé.
Les manifestations cliniques de la MW sont essentiellement des
Épidémiologie hémorragies cutanéomuqueuses (épistaxis, ecchymoses, gingivor-
ragies, ménorragies, hémorragies gastro-intestinales, hémorragies
Les anomalies biologiques du VWF sont probablement les ano- du post-partum, etc.) et des saignements prolongés après une pro-
malies constitutionnelles de l’hémostase les plus fréquentes. Il cédure invasive, même mineure.

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Chez les femmes, les ménorragies peuvent être le seul symp- hémorragies digestives [32] . C’est pourquoi des scores hémorra-
tôme qui amène au diagnostic de MW, et peuvent au contraire giques ont été développés.
faire défaut en cas de contraception orale. L’interrogatoire doit
précisément recueillir l’importance et la durée des règles depuis la Quantification du syndrome hémorragique
puberté, s’aidant au besoin de pictogrammes [26] .
Dans une étude néerlandaise, plus de 80 % des femmes atteintes Des outils permettant une appréciation semi-quantitative du
de MW rapportaient des ménorragies et plus de 20 % avaient syndrome hémorragique ont été développés [33, 34] . Ils ont été vali-
relevé d’une hystérectomie, soit deux fois plus que dans la dés dans la MW de type 1, mais peuvent être utilisés dans tous les
population générale [10] (cf. infra « Situations gynécologiques et types. Le document le plus abouti (score de Tosetto) [34] attribue à
obstétricales »). neuf items (manifestations hémorragiques spontanées) un score
Les hémorragies des tissus profonds et les hémarthroses sont de 0 à 4, et à trois autres un score de –1 à 4 (la valeur –1 étant
très rares, sauf chez les patients atteints de MW de type 3, et attribuée à une chirurgie, une extraction dentaire ou un accou-
de rares patients de type 2N avec des taux de FVIII très abaissés chement qui n’a pas donné lieu, en l’absence de tout traitement
(1–5 UI/dl). L’étude suédoise de Silwer [11] fait toujours référence préventif, à une manifestation hémorragique).
quant à la fréquence des différents symptômes comparée à celle L’addition des scores de chaque item permet de définir le score
d’une population saine. hémorragique (SH) du patient, à établir lors du diagnostic. Chez
Le plus souvent, l’expression clinique de la MW est modérée. les sujets atteints de MW de type 1, le SH augmente avec l’âge,
C’est le cas dans la plupart des formes de type 1 et de type 2N. Elle est plus élevé chez les femmes, et comporte une forte corrélation
est plus sévère, avec parfois des hémorragies vitales du système négative avec les taux plasmatiques de VWF et FVIII. Il n’y a encore
nerveux central, amygdaliennes ou digestives, notamment liées que peu d’études publiées dans les autres types de MW. Les études
à la présence de malformations vasculaires artérioveineuses ou multicentriques suggèrent qu’un SH supérieur à 3 chez l’homme,
d’angiodysplasies, dans le type 2M, le type 2B et le type 2A (proba- supérieur à 5 chez la femme et supérieur à 2 chez l’enfant est
blement selon une échelle croissante, mais cela reste à démontrer). en faveur d’une diathèse hémorragique qui doit imposer la réali-
L’expression clinique la plus grave est observée dans le type 3. La sation des dosages du VWF:Ag, du VWF:Act et du FVIII [33] . Ces
sévérité clinique est généralement corrélée au taux de VWF et de scores ont une haute valeur prédictive négative dans le dépistage
FVIII. des maladies hémorragiques, avec un SH toujours inférieur à 4
Compte tenu de l’hétérogénéité de la symptomatologie clinique chez les sujets sains.
dans les différents types de MW, l’âge au diagnostic est extrê- Un questionnaire pédiatrique a été développé avec des items
mement variable, pouvant aller de la période néonatale à un supplémentaires spécifiques de cette population (saignement à la
âge adulte avancé. En 2015, les données du Réseau FranceCoag chute du cordon ombilical, céphalhématome, saignement après
indiquent un âge médian au diagnostic de 12 ans (extrêmes 0–80), circoncision ou prélèvement veineux, hématurie macroscopi-
tous types confondus. Le CRMW a pu déterminer à 12,5 mois que) [35] . Ces scores ont une utilité limitée chez les sujets jeunes
(extrêmes 0–29 ans) l’âge médian au diagnostic chez 80 patients qui n’ont pas encore été confrontés à un challenge hémostatique.
atteints de MW de type 3 (données non publiées). De plus, ils sont cumulatifs, donc restent élevés même si l’épisode
Dans la population pédiatrique, le diagnostic de MW est dif- hémorragique sévère recensé ne récidive jamais.
ficile car il existe peu de situations de défi hémostatique dans Le score ISTH-BAT (International Society on Thrombosis and
cette population avant la ménarche, en dehors des interven- Haemostasis – Bleeding assessment tool) comporte 14 items,
tions chirurgicales et des avulsions dentaires ; a contrario, les dont des items propres à l’enfant (hémorragies du cordon,
épistaxis, ecchymoses et saignements oropharyngés sont fré- céphalhématome, hématome de la joue par succion, hémor-
quents chez les enfants indemnes de maladie hémorragique. ragie conjonctivale, saignement après circoncision, saignement
Dans une étude menée chez 113 enfants âgés de 0 à 16 ans après prélèvement veineux). Outre l’avantage d’être applicable
atteints de MW modérée ou sévère, les symptômes les plus à l’enfant, ce score comporte une évaluation plus détaillée
fréquents étaient les ménorragies, les saignements cutanés, les des manifestations hémorragiques gynéco-obstétricales et semble
saignements oropharyngés, les saignements prolongés lors de bien adapté au suivi de l’évolution des manifestations hémorra-
blessures mineures et les épistaxis [27] . Comme dans la popula- giques [36] .
tion adulte, les saignements étaient plus fréquents en cas de MW
de type 2 ou 3 que de type 1, avec un âge de début plus pré-
coce et une fréquence inversement proportionnelle aux taux. À
noter qu’environ 30 % de saignements surviennent après vaccina-
“ Point fort
tion.
Les sujets de plus de 65 ans sont plus souvent victimes La symptomatologie se présente sous la forme
d’hémorragies postopératoires, probablement car ils sont davan- d’hémorragies cutanéomuqueuses spontanées et
tage exposés à des interventions à risque hémorragique, comme provoquées.
la chirurgie orthopédique ou urologique. Ils ont en revanche
moins de saignements lors des blessures de la vie quotidienne [20] .
Par ailleurs, le phénotype hémorragique est plus sévère chez les
patients de plus de 65 ans atteints de MW de type 2, avec une
plus grande fréquence des hémorragies digestives, comme dans Intérêt d’une approche statistique fondée
la population générale, du fait de la prévalence croissante avec
l’âge des pathologies dégénératives digestives et des angiodys-
sur le théorème de Bayes
plasies [28] . L’équipe italienne de l’Hôpital San Bartolo à Vicence a déve-
Des taux élevés de VWF représentent un facteur de risque de loppé une approche de type bayésien [37] pouvant contribuer
thrombose [29] . À l’inverse, il a été montré que la prévalence des au diagnostic différentiel en cas de déficit quantitatif modéré
complications de type thrombose artérielle est plus faible chez les en VW : s’agit-il d’un sujet normal avec un taux de VWF dis-
patients atteints de MW [30] . crètement abaissé ou d’une véritable MW ? Le SH et le taux
Pour évaluer la symptomatologie hémorragique au cours de la de VWF du patient, ainsi que du plus grand nombre possible
MW, il faut garder à l’esprit que, chez les adultes sains, notamment de membres de sa famille sont traduits en probabilités permet-
chez les femmes, la prévalence des symptômes hémorragiques tant de calculer une probabilité finale d’être atteint de MW de
est substantielle : épistaxis 25 %, ecchymoses faciles 18 %, sai- type 1. En pratique, pour un sujet avec un taux de VWF supé-
gnement prolongé après avulsion dentaire 18 %, ménorragies rieur à 40 UI/dl, le diagnostic de MW de type 1 est a priori peu
47 % [31] . Certains sites hémorragiques ont une faible valeur pré- probable (valeur prédictive positive inférieure à 66 %) ; il ne
dictive dans le diagnostic de la MW de type 1 (définie avec une devient probable qu’avec un SH anormal et la notion d’un taux
limite haute de VWF à 40 UI/dl dans l’étude MCMDM-1 VWD), de VWF inférieur à 40 UI/dl chez au moins un autre membre de la
comme les gingivorragies, les hémorragies du post-partum et les famille.

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13-021-A-50  Maladie de Willebrand

Tableau 2. actuel est limité à des centres spécialisés et il ne fait pas partie de
Principales étapes du diagnostic biologique a . la stratégie du dépistage de la MW.
Tests Numération des plaquettes
er Elle se situe dans les limites de la normale chez les patients de
1 niveau FVIII:C
VWF:Ag tout type de MW, excepté dans le type 2B, souvent associé à une
PD-VWFact (VWF:RCo ; VWF:GPIbR ; thrombopénie fluctuante de profondeur variable qui constitue un
VWF:GPIbM ; VWF:Ac) facteur de risque indépendant de saignement. Elle peut en être
2e niveau RIPA l’unique signe et amener au diagnostic [39] . C’est par exemple le cas
VWF:CB pour certaines thrombopénies néonatales qui ne doivent pas faire
Multimères méconnaître une MW 2B. Elle doit amener à faire rechercher une
VWF:FVIIIB hyperagrégation aux faibles concentrations de ristocétine (RIPA).
VWFpp Par ailleurs, les thrombopénies constitutionnelles sont un des
Liaison à la GPIb diagnostics différentiels de la MW.
3e niveau Biologie moléculaire
Anticorps anti-VWF Temps de céphaline avec activateur (TCA)
Il est sensible au déficit en FVIII, inconstamment modifié dans
a
Les tests de deuxième puis de troisième niveau sont réalisés en consulta- la MW. Le TCA est toujours allongé dans la forme sévère (type
tion spécialisée en cas d’anomalie des tests de premier niveau associée à une
symptomatologie hémorragique personnelle et/ou familiale.
3) et dans les formes comportant une anomalie d’interaction du
VWF avec le FVIII (type 2N). En revanche, il est souvent normal
en cas de déficit quantitatif modéré ou de déficit qualitatif : un
Diagnostic biologique TCA dans les limites de la normale ne permet donc pas d’exclure
le diagnostic de MW.
L’exploration biologique doit permettre d’affirmer le diagnos-
tic et de préciser le type d’anomalie (quantitative ou qualitative) Tests de premier niveau pour le diagnostic
du VWF et le sous-type de MW. Des tests de dépistage sont réali-
de maladie de Willebrand
sés devant une diathèse hémorragique associée à des antécédents
familiaux (ou d’apparition récente dans les rares cas acquis), ainsi Le diagnostic de MW repose sur le dosage du taux de VWF
qu’un bilan de première intention afin d’affirmer ou infirmer le antigène, du taux fonctionnel de VWF et du FVIII. Le dosage du
diagnostic de MW. S’il est confirmé, des tests de deuxième inten- VWF:Ag quantifie la protéine en circulation, qu’elle soit fonction-
tion permettent de typer cette MW (Tableau 2). L’exploration nelle ou non, sans détecter les anomalies qualitatives du VWF, et
biologique peut également être réalisée dans le cadre d’une étude doit donc toujours être couplé à un test fonctionnel. L’analyse du
familiale, soit dès la naissance chez les enfants à risque de type 3, rapport entre eux doit permettre de distinguer les déficits quanti-
de type 2 ou de type 1 sévère, soit à partir de 18 mois ou avant tatifs et qualitatifs.
un geste invasif dans les autres cas. Nous utilisons la nomen-
Dosage du facteur Willebrand antigène (VWF:Ag)
clature recommandée en 2015 par le sous-comité du VWF pour
le comité de standardisation scientifique de l’ISTH. La démarche La méthode de référence est l’enzyme-linked immunosorbent assay
diagnostique est résumée à la Figure 2. (Elisa), qui est pratiquement la seule technique dont la limite
de détection (inférieure à 1 UI/dl) permette de diagnostiquer un
déficit total. Des techniques immunoenzymatiques et immuno-
Tests de dépistage de routine turbidimétriques plus adaptées à la routine et semi-automatisées
Ils sont nécessaires et doivent être réalisés quand les antécédents sont fréquemment utilisées ; cependant, leur sensibilité et parfois
personnels ou familiaux sont évocateurs d’une maladie hémorra- leur spécificité sont inférieures à celles de l’Elisa convention-
gique. Néanmoins, ils ne sont pas suffisants pour le typage. nel, avec une limite de quantification de l’ordre de 5 UI/dl.
De plus, la présence de facteur rhumatoïde peut conduire à
Temps de saignement (TS) surestimer les résultats des tests immunoturbidimétriques et
Ce test in vivo, réalisé à l’avant-bras par la méthode d’Ivy, n’est masquer un authentique déficit en VWF. L’immuno-chimio-
ni reproductible, ni spécifique, ni sensible, et n’a pas de valeur luminescence, de développement plus récent, semble bien
prédictive du risque hémorragique : un TS normal ne permet pas corrélée à l’immunoturbidimétrie, avec une sensibilité équiva-
d’exclure le diagnostic de MW. Il ne doit donc pas être utilisé pour lente à l’Elisa tout en étant adaptée à l’urgence [40] .
le dépistage et n’est plus inscrit en France à la nomenclature des
actes de biologie médicale depuis 2013. Activité de liaison du VWF aux plaquettes (VWF:Act)
Le dosage du VWF cofacteur de la ristocétine (VWF:RCo) mesure
Mesure du temps d’occlusion sur l’analyseur PFA-100® la capacité du VWF à se lier à des plaquettes fixées en présence d’un
(platelet function analyzer) glycopeptide appelé ristocétine. La liaison du VWF aux plaquettes
Le test PFA-100 mesure le temps nécessaire à l’arrêt du flux san- en présence de ristocétine requiert la présence de multimères de
guin à des taux de cisaillement élevés par l’occlusion d’un orifice haut PM et un site de liaison du VWF à la GPIb intacte : elle
au travers duquel passe le sang total, percé dans une membrane entraîne l’agglutination des plaquettes, évaluée par agrégomé-
recouverte de collagène, après induction de l’agrégation pla- trie ou par visualisation macroscopique sur lame. Le VWF:RCo
quettaire par l’épinéphrine et l’adénosine diphosphate, mimant reste le test de référence malgré sa sensibilité insuffisante pour
in vitro le contact entre la paroi vasculaire et les plaquettes [38] . des taux inférieurs à 15 UI/dl, sa difficulté de standardisation
Un allongement indique un défaut dans l’hémostase primaire. Ce et son manque de reproductibilité. Il existe des tests de troi-
test est sensible aux thrombopathies sévères (thrombasthénie de sième génération automatisés qui s’avèrent plus précis, sensibles
Glanzmann et syndrome de Bernard-Soulier) et à la liaison du et reproductibles [41, 42] , et même de quatrième génération en cyto-
VWF aux plaquettes pour les formes sévères de MW, avec une métrie de flux encore plus reproductibles [43] mais qui ne sont pas
sensibilité proche de 100 % pour les types 2A, 2B, 2M et 3. Très applicables en routine. De plus, il existe un polymorphisme du
sensible aux anomalies quantitatives et qualitatives du VWF, ce VWF (p.D1472H) qui induit l’absence de liaison à la ristocétine,
test possède une haute valeur prédictive négative : un PFA normal ce qui fait apparaître un taux de VWF:RCo faussement bas alors
permet d’exclure une MW, en dehors du type 2N. Sa sensibilité que le VWF se lie aux plaquettes in vivo : cet artefact ne semble
supérieure à 90 % en fait un bon test de dépistage, particuliè- pas corrélé aux signes hémorragiques et entraîne donc un risque
rement avec l’adénosine diphosphate comme inducteur. Il n’est de diagnostic de MW à tort. Ce variant est surtout prévalent dans
cependant pas spécifique de la MW et un résultat anormal requiert la population afro-américaine [44] .
des dosages de VWF. Il doit s’accompagner d’un hémogramme De nouveaux tests dits « Willebrand activité » (VWF:Act)
car la connaissance de l’hématocrite et de la numération plaquet- évaluant la liaison VWF-GPIb␣ plaquettaire ont été développés
taire est indispensable à son interprétation. Son positionnement (Tableau 3). Ces tests fonctionnels sans plaquettes s’avèrent plus

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Maladie de Willebrand  13-021-A-50

Antécédents hémorragiques personnels et/ou familiaux

FVII:C, VWF:Act FVIII:C/


Type 3 ≤ 5UI/dl VWF:FVIIIB
VWF:Ag VWF:Ag < 0,7

VWF:Act/ VWF:Act/ Très diminuée N


VWF:Ag < 0,7 VWF:Ag ≥ 0,7 ou nulle

Agrégation Hémophilie
plaquettaire VWF:CB/ Type 2N
VWF:CB A
induite par la VWF:Ag < 0,7
ristocétine (RIPA)

VWF:CB/
Présente Normale ou VWF:Ag ≥ 0,7
à faibles doses Diminuée Déficit
VWF:Act
modéré
≥ 30Ul/dl
en VWF

BM exon 28 VWF:Act
MM
VWF et GP1B < 30Ul/dl

Type Pseudo Répartition Absence des VWFpp


2B -VWD subnormale MHPM et MPMI Test DDAVP
perte des MHPM

Type 2M Type 2A Type 1

MM normaux
RIPA Normale
Figure 2. Démarche diagnostique. En présence d’antécédents hémorragiques personnels et/ou familiaux et en cas de constatation, lors des tests de
dépistage, d’un déficit en FVIII et/ou en VWF:Act ou VWF:Ag, c’est-à-dire : si le rapport VWF:Act/VWF:Ag est inférieur à 0,7 ; si le rapport FVIII/VWF:Ag est
inférieur à 0,6 ; ou si le taux de VWF:Act et/ou VWF:Ag est inférieur à 30 UI/dl (ou de 30–50 UI/dl avec des arguments cliniques ou familiaux en faveur d’une
MW) ; des tests de deuxième niveau pour le diagnostic de MW doivent être réalisés. La classification du type et du sous-type de MW repose sur ces tests.
FVIII:C : facteur VIII chronométrique ; VWF:Act : activité VWF ; VWF:Ag : antigène VWF ; N : normal ; Hém A : hémophilie A ; VWFpp : propeptide du VWF ;
VWF:CB : liaison au collagène du VWF ; MM : multimères du VWF ; MHPM : multimères de haut poids moléculaire ; MPMI : multimères de poids moléculaire
intermédiaire.

Tableau 3.
Principes des différentes méthodes de mesure de l’activité de liaison du VWF aux plaquettes VWF:Act a .
Réactifs Méthodes Distinction type 1
sévère/type 3
VWF:RCo Plaquettes fixées + liaison induite par la Sur lame Oui sur lame
ristocétine Agrégométrie Non pour les autres
Automate
VWF:GPIbR rGPIb␣ + liaison induite par la ristocétine Elisa Oui
Latex
Billes magnétiques
VWF:GPIbM rGPIb␣ variant gain de fonction se liant Elisa Oui
spontanément au VWF
VWF:Ab Anticorps monoclonaux dirigés contre le LIA Non
site de liaison à la GPIb␣ (domaine A1)

VWF : facteur de Willebrand ; Elisa : enzyme-linked immunosorbent assay ; GP : glycoprotéine ; LIA : immunoturbidimétrie latex.
a
Les principes et les sensibilités des méthodes sont différentes et elles n’apportent pas les mêmes informations diagnostiques.

reproductibles, avec des coefficients de variation aux alentours de • le VWF:GPIbR est un test Elisa sans plaquettes, remplacées par
5 %. Ils utilisent des fragments recombinants de la GPIb␣ pla- un fragment GPIb␣ recombinant déposé sur une plaque ou fixé
quettaire. Une nouvelle nomenclature a de ce fait été publiée sur des particules latex ou sur billes magnétiques [46] à l’aide d’un
en 2015 [45] . Certains tests emploient la ristocétine pour induire anticorps monoclonal. L’adhésion du VWF est induite par la ris-
la liaison VWF/GPIb␣, d’autres un recombinant mutant gain-de- tocétine [40] . Il offre une bonne corrélation avec le VWF:RCo,
fonction de la GPIb␣ liant le VWF sans ristocétine. Trois méthodes apparaît plus précis et sensible, mais on retrouve la même
existent : limite concernant les variants du site de liaison à la ristocétine.

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Tableau 4.
Profils biologiques en fonction du type de maladie de Willebrand.
Type 1 1C 3 2A 2B Pseudo-MW 2M 2N
NP n n n n ↓↓ ↓↓ n n
TOP ↑ ↑ ↑↑ ↑ ↑ ↑ ↑ n
VWF:Ag ↓ ↓ ↓↓↓ n/↓ n/↓ n/↓ n/↓ n/↓
VWF:RCo ↓ ↓ ↓↓↓ ↓↓ ↓↓ ↓↓ ↓↓ n/↓
VWF:RCo > 0,7 > 0,7 NA < 0,7 < 0,7 < 0,7 < 0,7 > 0,7
/VWF:Ag
FVIII:C n/↓ n/↓ ↓↓↓ n/↓ n/↓ n n/↓ ↓↓
FVIII:C > 0,7 > 0,7 > 0,7 > 0,7 > 0,7 > 0,7 > 0,7 < 0,7
/VWF:Ag
RIPA ↑ ↑
MM n n Abs. ↓ HPM ↓ HPM ↓ HPM/n n n
Autres ↑ VWFpp/ RIPA ↑ en RIPA ↑ en ± ↓ CB ↓ FVIIIB
VWF:Ag Plaq.Témoin Plasma Témoin

NP : numération plaquettaire ; n : normal ; NA : non applicable ; Plaq : plaquettes ; CB : VWF:CB ; FVIIIB : VWF:FVIIIB ; TOP : temps d’occlusion plaquettaire (PFA) ; RIPA :
agrégation plaquettaire induite par la ristocétine ; MM : multimères.

On observe actuellement une grande variabilité entre les tests est inférieur à 0,6, ou si le taux de VWF:Act et/ou de VWF:Ag est
commercialisés en ce qui concerne les sources et concentra- inférieur à 30 UI/dl (ou de 30–50 UI/dl avec des arguments cli-
tions de ristocétine, les fragments de GPIb␣ et la spécificité niques ou familiaux en faveur d’une MW). La classification du
épitopique de l’anticorps monoclonal ; type et du sous-type de MW repose sur ces tests (Tableau 4).
• le VWF:GPIbM utilise un mutant gain de fonction du fragment
GPIb␣ avec liaison spontanée du VWF, cette fois sans activation Agrégation (ou agglutination) plaquettaire à la ristocétine
par la ristocétine. Il n’expose donc pas au risque de faux posi- La place du test d’agrégation plaquettaire induite par la risto-
tifs avec les variants ne liant pas la ristocétine. Ce dosage est cétine (ristocetin-induced platelet aggregation [RIPA]) reste discutée
corrélé avec le VWF:RCo, apparaît précis et sensible, avec une dans la littérature : test de première ou de deuxième intention ?
limite basse de détection aux alentours de 2 UI/dl, permettant la Nous recommandons de le réaliser lors du deuxième prélèvement
distinction entre les MW de type 1 sévères et de type 3, et entre afin de ne pas méconnaître certaines formes de MW de type 2B
les MW de type 2 et de type 1. Plusieurs tests sont disponibles, qui peuvent se présenter sans anomalie des dosages du VWF:Ag,
soit en Elisa [47] soit automatisés [48] ; du VWF:Act et du FVIII, et aussi sans anomalie de la numération
• le VWF:Ab repose sur la recherche de la liaison d’un Ac des plaquettes
monoclonal dirigé contre un épitope du domaine A1 du VWF L’agrégation dépend de la concentration de VWF et de l’affinité
impliqué dans la liaison à la GPIb␣, en immunoturbidimétrie du VWF pour la GPIb. Différentes concentrations de ristocétine
latex (LIA). Il montre une bonne corrélation avec le VWF:RCO, (de 0,2 à 1,5 mg/ml) sont ajoutées au plasma riche en plaquettes
mais n’est pas un test d’activité au sens strict ; de plus, certains du patient dans un agrégomètre. L’agrégation est indétectable en
types 2M ne sont pas détectés, et sa sensibilité vis-à-vis du défi- cas de déficit total ou presque total en VWF, mais peu modifiée en
cit en MHPM n’est pas claire. Il ne permet pas la distinction cas de déficit quantitatif modéré. En cas de diminution d’affinité
entre MW de type 1 sévère et de type 3. Ce test ne peut donc du VWF pour les plaquettes (types 2A et 2M), l’agrégation est
actuellement pas être effectué en remplacement du VWF:RCo, nulle ou très diminuée aux concentrations de ristocétine de 1,3 à
et son utilisation n’est pas recommandée [49, 50] . 1,5 mg/ml. L’intérêt majeur de ce test est de mettre en évidence
chez les patients avec augmentation d’affinité du VWF pour la
Dosage du facteur VIII GPIb (type 2B) une agglutination paradoxale pour des concentra-
Le dosage du FVIII coagulant (FVIII:C) est assuré par des tions de ristocétine inférieures à 0,8 mg/ml, incapables de l’induire
techniques chronométriques en un ou deux temps, ou chromogé- dans une population normale. On retrouve le même profil chez
niques. Le taux de FVIII antigène (FVIII:Ag) peut être mesuré par les patients atteints de pseudo-MW par augmentation d’affinité
Elisa. de la GPIb pour le VWF.
Dans toutes les formes de MW sauf dans le type 2N, le taux de
FVIII est au moins aussi élevé que le taux de VWF:Ag et souvent Mesure de la capacité du facteur Willebrand à se lier
notablement plus élevé. Dans le type 2N, le taux de FVIII (FVIII:C au collagène (VWF:CB)
et FVIII:Ag) est nettement plus abaissé que le taux de VWF:Ag. Un Elle est assurée par un test Elisa utilisant les collagènes I et III, qui
taux de FVIII dans les limites de la normale est donc fréquent dans souffre encore d’un manque de standardisation. Cette capacité de
la MW et ne permet pas d’exclure le diagnostic. liaison au collagène dépend de la présence d’un site de liaison du
VWF au collagène intact et de multimères de haut PM. Un rapport
Étude des rapports VWF:Act/VWF:Ag, et FVIII/VWF:Ag
VWF:CB/VWF:Ag abaissé est en faveur soit d’un type 2A (IIA, IIC,
Elle permet classiquement de distinguer une anomalie qualita- IID), soit d’un type 2B de MW, par défaut des MHPM. Un rapport
tive d’une anomalie quantitative. Un rapport VWF:Act/VWF:Ag VWF:CB/VWF:Ag normal est en faveur d’un type 1, d’un type 2M
abaissé est en faveur d’une anomalie d’interaction du VWF avec ou d’un type 2A (IIE) de MW. Les seuils discriminatifs (0,6 ou 0,7)
les plaquettes, associée ou non à l’absence de multimères de haut sont encore discutés. Ce test très sensible à la perte des multimères
PM. Il peut être en défaut pour des valeurs de VWF:Ag inférieur de haut PM est également intéressant pour détecter une protéolyse
à 15 UI/dl. Un rapport FVIII/VWF:Ag abaissé (< 0,6) peut être en excessive du VWF, par exemple dans un syndrome de Willebrand
relation avec une anomalie d’interaction du VWF avec le FVIII, ou acquis lié à une sténose aortique. Cependant, il ne permet pas le
avec une hémophilie A modérée ou mineure (ou avec un statut diagnostic des défauts de liaison aux collagènes IV et VI, qui ne
de conductrice d’hémophilie A). sont pas encore accessibles à un test commercial. Une étude multi-
À ce stade, un arbre décisionnel est proposé pour s’orienter dans centrique américaine a montré une incidence relativement élevée
le choix des tests de deuxième niveau (Fig. 2). des défauts de liaison aux collagènes IV et VI, de 5 % pour le type 1
et 27 % pour le type 2M, en association à des scores hémorragiques
Tests de deuxième niveau pour le diagnostic plus élevés [3] . Il semble s’agir plutôt d’un facteur de risque hémor-
de MW ragique que d’un facteur causant une authentique MW. Les très
Une sélection de tests doit être réalisée si le rapport rares anomalies isolées de liaison au collagène (les plus fréquentes
VWF:Act/VWF:Ag est inférieur à 0,7, si le rapport FVIII/VWF:Ag étant p.W1745C et p.S1783A) ne peuvent être mises en évidence

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Maladie de Willebrand  13-021-A-50

que par le dosage du VWF:CB, le VWF:Act étant dans les limites Analyse moléculaire du gène du facteur Willebrand
de la normale. La recherche des anomalies moléculaires constitue l’étape finale
de confirmation du type de MW, en complément de l’analyse
Étude de la répartition des multimères du facteur Willebrand
phénotypique, mais elle trouve également son utilité dans le
Il requiert une expertise technique importante et reste du res- diagnostic prénatal [56, 57] . Elle est principalement réalisée actuel-
sort de quelques laboratoires. Des gels de résolution intermédiaire lement en France par deux laboratoires experts, à Nantes et à
(agarose 1,4–2 %) sont utilisés pour reconnaître la présence (indi- Lille, sous l’égide du CRMW qui corrèle phénotype et génotype.
vidu normal, MW de type 1, MW de type 2M) ou l’absence (MW La stratégie actuelle consiste, chez les patients répondant aux cri-
de type 2A, MW de type 2B) des multimères de haut PM ; des tères diagnostiques du CRMW, à séquencer par la technique de
gels de faible résolution (agarose 0,6–1,2 %) permettent la détec- Sanger l’ADN génomique de l’exon 28, qui porte environ 40 %
tion de multimères ultralarges qui caractérisent la MW de type 1 des mutations décrites, puis l’ADN de l’exon 26, qui ne peut
« Vicenza ». Des gels de plus haute résolution (agarose 2,3–3 %) être discriminé de son pseudogène en séquençage à haut débit
permettent de visualiser des anomalies de structure de chaque ou NGS (next generation sequencing). En dernier lieu, s’il n’y a
multimère, qui apparaît normalement avec une structure en tri- pas de mutations sur ces deux exons, on réalise l’analyse par
plet (une bande majeure et deux bandes satellites qui traduisent la NGS des 50 exons restants, complétée éventuellement par une
protéolyse par ADAMTS13), voire en quintuplet pour les concen- recherche en MLPA (multiplex ligation-dependent probe amplifica-
trations d’agarose les plus élevées ; ces anomalies de structure sont tion) des variants délétères non visibles en NGS (grandes délétions,
caractéristiques de chaque variant IIA, IIC, IID, IIE, etc. Le renfor- insertions ou duplications). La classification des variants molé-
cement des bandes satellites traduisant une protéolyse accélérée culaires reste du domaine de spécialistes. Elle peut nécessiter
est rencontré dans le type 2A (IIA) et le type 2B ; la diminution des l’analyse in silico des variants identifiés, car la distinction de cer-
bandes satellites, traduisant une diminution de la protéolyse, est tains variants non pathogènes avec un type 1 est difficile, en raison
rencontrée dans le type 2M [51] . Les gels de haute résolution (aga- de la grande variabilité du gène VWF chez les sujets sains. Les ano-
rose > 2 %) ne sont pas utilisés en pratique courante. La réalisation malies responsables du type 3 ou de certains types 2 de MW ont
de cette électrophorèse permet la classification en types et sous- été les premières documentées, suivies des anomalies moléculaires
types mais n’est pas indispensable à la prise en charge thérapeu- responsables du type 1 grâce à deux grandes études multicen-
tique, notamment en situation d’urgence dans la plupart des cas. triques menées en Europe et au Canada [58, 59] . Un réseau Inserm
Étude de la capacité du facteur Willebrand à se lier au facteur a largement contribué à identifier les mutations responsables de
VIII (VWF:FVIIIB) variants moléculaires [60] , et les anomalies moléculaires retrouvées
dans la cohorte de 1167 patients appartenant à 670 familles ont
Elle mesure l’affinité du VWF pour le FVIII. Ce test doit être
été publiées en 2016 [61] . Une anomalie génotypique était iden-
systématiquement réalisé lorsque le rapport FVIII/VWF:Ag est
tifiée chez 662 cas index, dont 25 % classés en type 1, 18 % en
inférieur à 0,5, voire 0,6 pour différencier une MW de type 2N
type 2A, 17 % en type 2B, 19 % en type 2M, 12 % en type 2N,
(VWF:FVIIIB nul ou très abaissé) d’une hémophilie A (VWF:FVIIIB
8 % en type 3 et 1 % de type indéterminé. La majorité des MW de
normal ou peu diminué) [52] . Il reste encore réservé à quelques
type 1 étaient liées à un défaut de synthèse/sécrétion (53 %), puis,
laboratoires.
par ordre décroissant de fréquence, les MW par clairance accélé-
Dosage du propeptide rée (20 %), les MW associées à des mutations à l’état hétérozygote
Le taux de propeptide (VWFpp), mesuré en Elisa, reflète la syn- habituellement décrites dans le type 3 (20 %), ou à des mutations
thèse du VWF. Rapporté au taux d’antigène, il reflète la clairance dans le site de clivage du propeptide (3,5 %). Chez les patients de
du VWF. Contrairement au VWF, il n’est pas influencé par le type 2A, le plus prévalent était le sous-type IIA (62 %), avec majo-
groupe sanguin. Des taux plasmatiques diminués sont mis en ritairement des mutations du domaine A2, suivi du sous-type IIE
évidence dans les formes constitutionnelles de MW liées à une (34,5 %), puis des rares IIC et IID (3 % et 1 % respectivement).
anomalie de sécrétion du VWF (type 3). Dans les formes où existe Les patients de type 2B présentaient des mutations du domaine
une anomalie de clairance, le taux de VWFpp est augmenté alors A1 (85 %) ou plus rarement du domaine D3 (15 %, mutation New
que celui de VWF:Ag est diminué, soit un rapport VWFpp/VWF:Ag York). Chez les patients 2M, les mutations du domaine A1 avec
anormalement élevé [53] . Il en est de même dans certaines formes défaut de liaison à la GPIb étaient les plus fréquentes (63 %, phé-
de syndrome de Willebrand acquis. notype 2A-2M-like), suivies des défauts de liaison au collagène
(37 %, domaines A1 et A3). Les types 2N présentaient soit des
Tests de liaison du facteur Willebrand aux plaquettes mutations bialléliques (2N/2N dans 54 % des cas), soit une muta-
À l’origine, ces tests avaient recours à des plaquettes normales tion 2N monoallélique associée à un allèle silencieux (2N/3 dans
fixées par le formaldéhyde et à des anticorps anti-VWF radio- 46 % des cas).
marqués. Plus récemment ont été adoptés des tests Elisa utilisant La liste des mutations, régulièrement actualisée, est disponible
un fragment de GP1b recombinant et des anticorps marqués à sur les sites de l’Université de Sheffield pour l’ISTH et sur le site
la peroxydase mis en présence de concentrations croissantes de de l’EAHAD (European Association for Haemophilia and Allied
ristocétine [54] . Ces tests sont utilisés pour distinguer les variants Disorders).
avec diminution de l’affinité pour la GPIb (types 2A et 2M) de Cette étude génotypique peut être menée après phénotypage
ceux avec augmentation de l’affinité (type 2B). Ils sont également dans le cadre d’une étude familiale, afin d’adapter le conseil
utilisés pour distinguer la MW de type 2B (anomalie du VWF) de génétique en cas de situation particulière (néomutations, disomie
la pseudo-MW (thrombopathie avec augmentation de l’affinité de uniparentale, ségrégations atypiques).
la GPIb pour le VWF).
Anticorps antifacteur Willebrand
Aucun consensus n’existe à ce jour pour la standardisation de “ Point fort
cette recherche. Elle peut faire appel à des tests de neutralisation
de l’activité VWF:RCo ou VWF:CB, qui détectent les anticorps Le diagnostic biologique du type de maladie de Willebrand
neutralisants, ou à des tests Elisa [55] , détectant les anticorps non est complexe.
neutralisants, qui accélèrent la clairance du VWF de la circulation.
Cependant, il n’existe pas de trousse commerciale pour ce test et
les sujets de groupe O peuvent présenter des résultats faussement
positifs lorsque le substrat utilisé est un VWF d’origine plasma-
tique. Cette limitation pourrait disparaître avec l’utilisation de  Classification
VWF d’origine recombinante. Quelle que soit la technique utili-
sée, chaque laboratoire doit établir ses propres seuils de positivité. Le propos de la classification est clinique pour faciliter la prise
Son interprétation demeure délicate quelle que soit la technique en charge thérapeutique du patient. La distinction entre certains
utilisée. types et sous-types reste difficile et repose essentiellement sur le

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13-021-A-50  Maladie de Willebrand

phénotype du patient, encore que la confrontation à l’anomalie Tableau 5.


moléculaire soit souvent très informative. La classification publiée Principales anomalies moléculaires retrouvées selon le type de maladie de
pour la première fois par le sous-comité sur le VWF de l’ISTH en Willebrand.
1994 [62] a été actualisée en 2006 [1] . Type Anomalies les plus fréquentes du gène VWF
Trois grands groupes sont définis (Tableau 1). Le type 1 se rap-
porte à un déficit quantitatif partiel en VWF et le type 3 à un 1 Mutations faux sens (85 %)
déficit quasi total en VWF. Le type 2 définit des anomalies quali- Allèles silencieux (15 %)
tatives du VWF et inclut quatre sous-types : trois sont liés à des 2A Mutations faux sens des domaines D3, A2, CK
anomalies d’interaction du VWF avec les plaquettes et/ou le sous- et du propeptide
endothélium (2A, 2B et 2M) et le quatrième à une diminution de 2B Mutations faux sens du domaine A1
l’affinité du VWF pour le FVIII (2N). 2M Mutations faux sens du domaine A1
2N Mutations faux sens des domaines D’ et D3
Maladie de Willebrand de type 1 3 Allèles silencieux

Classiquement, le type 1 est le plus fréquent, représentant VWF : facteur de Willebrand.


de 50 à 75 % des formes. La transmission est dominante. La
symptomatologie hémorragique est liée à la concentration dimi- peuvent être visualisées. Cependant, parfois, l’analyse multimé-
nuée de VWF dans la circulation, alors que la répartition des rique, qui montre une réduction relative des formes de haut PM
multimères est normale et qu’il n’y a pas d’anomalie fonction- et la mauvaise réponse à la DDAVP, incite à classer les patients en
nelle. La réponse à la DDAVP, qui libère le VWF stocké dans les type 2 (2A, sous-type IIE), particulièrement lorsque la mutation
compartiments cellulaires, est bonne chez ces patients, mais de touche un résidu cystéine.
durée variable.
La grande difficulté diagnostique réside dans la distinction entre
Clairance accélérée
une situation normale, un déficit modéré en VWF représentant
un faible facteur de risque hémorragique et une véritable mala- Le type 1 peut aussi être lié à une clairance accélérée du VWF
die [25] , même en ajustant les fourchettes de valeurs normales dans la circulation. La clairance du VWF endogène peut être étu-
en fonction du groupe sanguin ABO, du fait de la pénétrance diée en mesurant sa demi-vie après administration de DDAVP.
incomplète de la MW de type 1. Les critères de diagnostic asso- Chez des sujets sains, le taux de VWF est multiplié par deux à cinq
cient [63] : une symptomatologie hémorragique significative, des une à deux heures après l’administration, puis retourne à son taux
antécédents familiaux compatibles avec le diagnostic de MW de de base en six à neuf heures ; en revanche, certaines mutations
type 1 chez un apparenté au premier degré ou deux apparentés induisent une réponse brève, avec une demi-vie du VWF infé-
au deuxième degré, des taux de VWF:Act et VWF:Ag parallèles, rieure à quatre heures témoignant de la clairance accélérée [7, 8] .
inférieurs à la moyenne moins deux déviations standard d’une Le sous-type « Vicenza » (MW de type 1C), antérieurement classé
population normale appariée en fonction du groupe ABO, à partir comme un variant de type 2M, est maintenant considéré comme
d’au moins deux déterminations. En pratique, une étude multi- une MW de type 1 liée à une augmentation extrême de la clairance
centrique a indiqué que seuls les patients avec des taux de VWF du VWF dans la circulation (taux très abaissé de VWF, inférieur à
(VWF:Ag et VWF:Act) inférieurs à 40 UI/dl avaient une probabi- 15 UI/dl, et demi-vie réduite de 4 à 5 fois après DDAVP). La muta-
lité d’être atteints de MW de type 1 [64] . Les consensus américain tion responsable (p.R1205H) est située dans le domaine D3 [72] . La
et britannique recommandent le seuil de 30 UI/dl pour définir clairance rapide du VWF réduit le temps où les multimères de très
une MW, et parlent plutôt de déficit modéré en VWF entre 30 haut PM « ultralarges » peuvent être clivés par ADAMTS13, ce qui
et 50 UI/dl [50, 65] . Ce critère est également retenu en France pour explique la persistance de tels multimères dans la circulation.
l’inclusion des patients dans le CRMW.
Sur le plan génotypique, trois grandes études menées dans des Sensibilité augmentée du VWF au clivage
familles considérées « historiquement » comme atteintes d’une par ADAMTS13
MW de type 1 ont montré qu’une mutation candidate du gène
VWF n’était retrouvée que dans 50 à 70 % des cas. Les mutations Un troisième mécanisme est observé chez des patients por-
décrites sont très variées et siègent sur toute la longueur du gène : teurs d’une mutation dans le domaine A2. Cette substitution
ce sont essentiellement des mutations faux sens [58, 59] . Plus le défi- (p.Y1584C) très fréquente et décrite chez des sujets avec des taux
cit en VWF est important, plus le pourcentage d’identification de VWF entre 30 et 50 UI/dl augmente la sensibilité du VWF au
d’une d’anomalie s’élève [59, 66, 67] . L’étude européenne a confirmé clivage par ADAMTS13 [72] et entraîne aussi une rétention intra-
la difficulté de différencier la MW de type 1 et certaines formes de cellulaire.
MW de type 2, notamment 2A(IIE) (cf. infra) : environ un tiers de
la cohorte présentait en effet des anomalies des multimères et un Maladie de Willebrand de type 2
rapport VWF:Act/VWF:Ag anormal en faveur d’un type 2 [58] . Le
spectre des mutations du gène VWF responsables de MW de type 1 Depuis l’avènement de la biologie moléculaire, il s’avère plus
est différent de celui de la MW de type 3 (où les mutations sont le fréquent qu’originellement décrit et pourrait être presque aussi
plus souvent responsables d’un allèle silencieux) ; ainsi, le statut fréquent que le type 1. Quatre grands sous-types ont été individua-
d’un sujet atteint de MW de type 1 n’est pas équivalent à celui lisés, avec une fréquence relative identique (données du Réseau
d’un hétérozygote pour une mutation de type 3. Les mutations Inserm 1996–2003 sur les anomalies moléculaires dans la MW)
ou délétions dans le type 1 entraînent des défauts d’activation de (Tableau 5). La plupart des anomalies moléculaires responsables
la transcription [68] , des anomalies d’épissage, ainsi que des ano- ont été décrites par ce réseau Inserm [61] .
malies de ciblage intracellulaire, de stockage, de sécrétion ou de
clairance [53, 57, 69] . Type 2A
Il inclut les variants entraînant une diminution d’affinité du
Sécrétion anormale VWF pour les plaquettes (et le sous-endothélium) liée à un déficit
Sur le plan physiopathologique, le type 1 peut être lié à une en multimères du VWF de haut PM [1] . L’anomalie des multimères
sécrétion anormale du VWF. Certaines mutations du gène VWF, résulte soit d’un défaut intracellulaire de leur assemblage (sous-
situées dans le domaine D3, affectent le transport intracellulaire types IIC, IID et IIE), soit d’une sensibilité accrue à ADAMTS13
des sous-unités de VWF. Elles entraînent une rétention intracellu- (sous-type IIA). Sur le plan du phénotype, le taux de VWF fonc-
laire et un déficit profond en VWF par un effet dominant négatif tionnel (VWF:Act et VWF:CB) est notablement plus abaissé que
sur la sous-unité normale, seuls les homodimères non mutés étant le taux de VWF:Ag, et l’agrégation plaquettaire à la ristocétine est
sécrétés [70, 71] . Avec des techniques sensibles, des anomalies très diminuée. Le plus souvent, la transmission est dominante, mais
modérées de la structure ou de la distribution des multimères certaines mutations sont associées à une transmission récessive.

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Maladie de Willebrand  13-021-A-50

Dans le sous-type IIA, premier variant décrit, la transmission met de faire la distinction, car il ne met pas en évidence de liaison
est dominante. Les mutations se situent dans le domaine A2, au en présence de faibles doses de ristocétine s’il s’agit d’une pseudo-
voisinage du site de protéolyse par ADAMTS13, et ont été divi- MW. Mais c’est la génétique moléculaire qui permet d’affirmer
sées en deux groupes : les mutations de groupe 1 augmentent la avec certitude le diagnostic : dans la pseudo-MW, la mutation
sensibilité du VWF à la protéolyse et affectent l’assemblage des porte sur le gène de la GPIba plaquettaire.
multimères, les mutations de groupe 2 augmentent la protéolyse
sans diminuer la sécrétion des multimères de haut PM. La consé- Type 2M
quence clinique la plus importante dans ce dernier cas est que le
DDAVP entraîne une sécrétion des multimères de haut PM, mais Il se réfère aux variants comportant une affinité diminuée du
la réponse est transitoire car ils sont clivés prématurément par VWF pour les plaquettes ou le collagène qui n’est pas causée
ADAMTS13. par le déficit en multimères de haut PM [1] . L’assemblage et la
Dans le sous-type IIC, de transmission récessive, les mutations sécrétion de ces multimères sont classiquement normaux, mais
sont situées dans le propeptide (domaines D1 et D2) et perturbent l’étude des VWF recombinants mutés a montré qu’ils pouvaient
le processus de multimérisation du VWF dans l’appareil de Golgi. être affectés. La transmission est presque toujours dominante.
L’étude des multimères précise que ceux qui sont sécrétés sont Les mutations responsables touchent les domaines de liaison aux
dépourvus de bandes satellites. plaquettes (domaine A1) ou plus rarement au sous-endothélium
Dans le sous-type IID, de transmission habituellement réces- (domaines A1 et A3). La plupart des patients sont identifiés par
sive (mais parfois dominante), les mutations sont situées dans le un rapport VWF:Act/VWF:Ag abaissé [75] . Les mutations peuvent
domaine C-terminal CK et empêchent la dimérisation dans le réti- porter sur les sites de liaison du VWF à la GPIb et modifier
culum endoplasmique, ce qui entraîne la formation de multimères directement son affinité, ou bien modifier la conformation du
constitués d’un nombre impair de sous-unités de VWF. domaine A1. Certaines ont un effet très délétère sur la structure
Dans le sous-type IIE, de transmission dominante, les muta- et la fonction du VWF, pouvant altérer l’expression, la multi-
tions se situent dans le domaine D3 et peuvent interférer avec la mérisation et la liaison du VWF à la GPIb, ce qui a incité une
formation d’un pont disulfure entre sous-unités dans l’appareil équipe française à les intituler « 2A-like ». Cependant, il n’y a
de Golgi. Ces mutations touchent des résidus cystéine et tous les pas de consensus dans la littérature sur la pathogénie en cause.
multimères sont présents, mais avec une diminution des formes Malgré la localisation de la mutation dans ou à proximité du site
lourdes et l’absence de structure en triplet. La distinction avec le de liaison du VWF aux plaquettes, les patients sont souvent clas-
type 1 est difficile car les mutations induisent aussi une rétention sés en type 2A (car c’est l’anomalie des multimères qui est alors
intracellulaire. privilégiée).
Le type 2A est donc hétérogène ; cependant, l’intérêt clinique Certains patients ont été identifiés avec une mutation au niveau
de la distinction des différents mécanismes n’est pas encore du domaine A3 qui affecte sélectivement la liaison du VWF au col-
démontré, même si l’on suppute une plus grande sévérité des lagène [76, 77] , mais aussi du domaine A1, empêchant la liaison au
manifestations cliniques dans les sous-types comportant claire- collagène de type IV et résultant en un phénotype hémorragique
ment une absence des multimères de haut PM. Peu d’études ont modéré.
étudié la fréquence relative de ces quatre sous-types : dans la
littérature le sous-type IIA est de loin le plus fréquent, mais la pré- Type 2N
valence du sous-type IIE est peut-être sous-estimée car il est plus
Le type 2N, de transmission récessive, aussi appelé « Norman-
difficile à reconnaître ; les sous-types IIC et IID de transmission
die » car initialement décrit en France chez un patient originaire
récessive sont rares.
de cette région, est caractérisé par une diminution marquée de
l’affinité du VWF pour le FVIII. Phénotypiquement, le dépistage
Type 2B repose sur la constatation d’un rapport FVIII:C/VWF:Ag abaissé
(inférieur à 0,6) avec des taux de facteur VIII compris entre 5
Le type 2B, de transmission dominante, caractérise les variants
et 40 UI/dl, et seule l’étude de la liaison du VWF au FVIII per-
avec augmentation d’affinité du VWF pour la GPIb [1] . Au
met de différencier une MW de type 2N d’une hémophilie A [52] .
laboratoire, il est surtout reconnu par la présence d’une agré-
Les mutations homozygotes ou hétérozygotes composites respon-
gation paradoxale des plaquettes en présence de faibles doses
sables sont situées dans les domaines D’ et D3. Dans ce dernier
de ristocétine. Le rapport VWF:CB/VWF:Ag est plus souvent
cas, la mutation 2N présente sur un allèle est associée à une autre
abaissé que le rapport VWF:Act/VWF:Ag. Chez la plupart des
mutation 2N ou à un allèle silencieux (responsable d’un taux de
patients, on met en évidence une absence des multimères de
VWF diminué). La liaison du VWF au FVIII est nulle ou très dimi-
haut PM dans le plasma, qui résulterait de deux mécanismes
nuée chez les patients et modérément diminuée chez les simples
intriqués : clairance augmentée par liaison spontanée de ces mul-
hétérozygotes qui n’ont pas de déficit en FVIII et sont asympto-
timères aux plaquettes, cette liaison entraînant une accélération
matiques. Les mutations situées dans le domaine D3 et touchant
de la protéolyse par ADAMTS13. Les plaquettes peuvent être
des résidus cystéine peuvent non seulement diminuer la liaison du
agrégées dans la circulation et on peut objectiver une throm-
VWF au FVIII, mais aussi affecter la synthèse et la multimérisation
bopénie très variable, exacerbée par le stress, la grossesse ou
du VWF [71] .
la DDAVP. Cependant, en dehors de ces situations, la throm-
bopénie fait souvent défaut et le diagnostic peut ne pas être
évoqué sur les simples dosages de VWF, qui peuvent être sub- Maladie de Willebrand de type 3
normaux [39] . Une étude dans un modèle murin [70] confirme
la clairance augmentée des plaquettes recouvertes de VWF par Le type 3 est la forme la plus sévère, caractérisée par un déficit
les macrophages. La thrombopénie peut aussi être marquée et en VWF pratiquement total, avec des taux de VWF:Act, VWF:CB
chronique : aujourd’hui on reconnaît que certaines mutations et VWF:Ag inférieurs à 5 UI/dl et un taux de FVIII inférieur à
pourraient aussi être responsables d’une mégacaryocytogenèse 10 UI/dl. La transmission est récessive et les parents hétérozy-
anormale [73, 74] . Les mutations responsables sont situées dans le gotes n’ont pas ou peu de symptomatologie hémorragique. Les
domaine A1 [57, 75] . patients présentent des hémorragies cutanéomuqueuses sévères
La distinction entre la MW de type 2B et la pseudo-MW, throm- et récurrentes, et, comme les hémophiles, des hémarthroses et
bopathie constitutionnelle caractérisée par une augmentation de des hématomes profonds [78] . Les mutations responsables, retrou-
l’affinité de la GPIb pour le VWF, est très difficile et réservée à vées à l’état homozygote ou hétérozygote composite, peuvent être
des laboratoires hautement spécialisés. Les anomalies phénoty- localisées sur tout le gène [79] . Les anomalies moléculaires réper-
piques sont les mêmes que dans la MW de type 2B : agglutination toriées sont dans 80 % des cas des mutations non sens, de larges
des plaquettes en présence de ristocétine à faible concentration, délétions, des micro- insertions ou microdélétions provoquant un
disparition des multimères de haut PM dans le plasma, thrombo- décalage du cadre de lecture, et des mutations des sites d’épissage
pénie modérée. Le test de liaison du VWF du plasma des patients à qui entraînent la synthèse de protéines tronquées ou sont res-
des plaquettes d’un sujet normal, en présence de ristocétine, per- ponsables d’un allèle silencieux. Des mutations faux sens ont été

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identifiées, touchant un résidu cystéine impliqué dans des ponts luation biologique de la réponse est réalisée à T0, T1h, T2h, T4h
disulfures. Certains patients (de 3 à 10 %) peuvent développer un (et T6h à titre optionnel). Les temps sont mesurés à partir de la
alloanticorps anti-VWF après traitement par concentré de VWF, fin de la perfusion. Les tests suivants sont réalisés : numération
responsable de l’inefficacité du traitement substitutif et parfois des plaquettes, PFA-100® , dosage de FVIII:C, VWF:Act, VWF:Ag.
à l’origine de réactions anaphylactiques, et semblant associé à Cette évaluation standardisée est proposée par le sous-comité sur
une délétion complète du gène du VWF, bien que cela reste à le VWF de l’ISTH-SSC. Les critères biologiques de réponse, évalués
confirmer [80] . à T2h et adoptés pour l’étude européenne molecular and clinical
markers for the diagnosis and management of type 1 von Willebrand
disease (MCMDM-1MW) sont les suivants :
 Traitement • réponse complète s’il y a une augmentation de FVIII:C et de
VWF:Act à des taux supérieurs ou égaux à 50 UI/dl ;
Le but du traitement est de normaliser les taux de VWF et de • réponse partielle s’il y a une augmentation de FVIII:C et de
FVIII en cas de manifestation hémorragique ou avant un geste VWF:Act d’au moins trois fois mais à des taux inférieurs à
invasif [81] . La symptomatologie clinique de la MW est extrê- 50 UI/dl ;
mement hétérogène, allant d’épisodes hémorragiques sévères • réponse insuffisante dans tout autre cas.
et récurrents requérant un traitement substitutif (patients avec Le dosage du VWF:Ag à T4h permet de distinguer, parmi les
type 3 ou certains types 2) et altérant fortement la qualité de patients avec MW de type 1, le défaut de synthèse du VWF
vie des patients, à un syndrome hémorragique mineur qui ne (demi-vie normale) et l’augmentation de la clairance (demi-vie
nécessite pas toujours un traitement spécifique. Une étude obser- raccourcie). En thérapeutique, les injections peuvent être répé-
vationnelle évaluant la qualité de vie des patients atteints de MW tées toutes les 12 à 24 heures selon le type et la sévérité de
est en cours (étude Wish-Qol) afin d’évaluer l’impact socioécono- l’épisode hémorragique ; cependant, un phénomène de tachy-
mique de la maladie sous toutes ses formes dans la population phylaxie s’installe dès la deuxième ou troisième injection, ce qui
adulte et la population pédiatrique. De plus, les différents types limite l’utilisation de la DDAVP en cas de nécessité de traitement
et sous-types de MW ne répondent pas de manière identique aux prolongé. La DDAVP est aussi disponible pour le traitement à
deux grandes thérapeutiques disponibles : la DDAVP et le traite- domicile par voie nasale (Octim® ), avec une absorption variable ;
ment substitutif par VWF. Lorsqu’il est décidé de mettre en œuvre la posologie est de 300 ␮g (soit 2 nébulisations) pour les patients
un traitement spécifique, il est important de considérer la nature de plus de 50 kg et de 150 ␮g (soit 1 nébulisation) pour les moins
de l’épisode hémorragique, les taux de base de VWF:Act et FVIII, de 50 kg. Les effets secondaires habituels sont liés à l’effet vaso-
le type de MW et la réponse à la DDAVP. Les renseignements rela- moteur : céphalées, flush facial, diminution légère et transitoire
tifs à la MW du patient sont transcrits par le spécialiste lors du de la pression artérielle diastolique et tachycardie modérée. Une
diagnostic sur la « carte de soins et d’urgence » que le patient hyponatrémie, pouvant conduire au coma, liée à l’effet antidiu-
porte sur lui (document établi par le ministère de la Santé et des rétique, a surtout été décrite chez les jeunes enfants qui reçoivent
Solidarités en concertation avec les professionnels de santé et les plusieurs administrations rapprochées, et beaucoup de cliniciens
associations de patients). Le but du traitement préventif ou cura- préfèrent ne pas utiliser la DDAVP avant l’âge de 2 ans. C’est pour-
tif est de corriger l’anomalie de l’hémostase primaire, c’est-à-dire quoi sa prescription s’accompagne d’une restriction hydrique de
le défaut d’interaction des plaquettes avec la paroi vasculaire, qui 20 m/kg/24 h chez l’enfant, et 750 m/24 h chez l’adulte. Elle
requiert la présence des multimères de haut PM, et/ou l’anomalie doit aussi être utilisée avec précaution (voire contre-indiquée)
de la coagulation secondaire à un déficit en FVIII lié au VWF. chez les patients ayant des antécédents cardiovasculaires (hyper-
On admet que le taux de FVIII est le meilleur facteur prédictif tension artérielle, insuffisance cardiaque), traités par diurétiques,
de l’hémostase en chirurgie et dans les tissus mous, et que le taux ou âgés. La DDAVP n’est pas conseillée pendant la grossesse, du
de VWF fonctionnel est le meilleur facteur prédictif dans les tissus fait d’une expérience insuffisante, et toujours contre-indiquée en
muqueux. cas de prééclampsie ; cependant, quelques publications font état
Dans tous les cas, l’adjonction de médicaments adjuvants, tels d’une utilisation prudente (pas d’utilisation prolongée, restriction
que des antifibrinolytiques (acide tranexamique) ou un traitement hydrique très stricte pendant les 24 heures qui suivent l’injection)
hormonal, doit être discutée en fonction de la situation clinique, et satisfaisante lors d’une amniocentèse ou d’une biopsie de tro-
et les médicaments qui interfèrent avec la fonction plaquettaire phoblaste [82] , et cette position est soutenue au Royaume-Uni [83] .
sont contre-indiqués (ou fortement discutés). Étant donné son mode d’action, la DDAVP n’est efficace que chez
les patients qui ont un taux de VWF suffisant, à la fois sur le plan
quantitatif et qualitatif, dans les granules de stockage des cellules
endothéliales [82] . C’est le traitement de choix dans la MW de
“ Point fort type 1, où il permet en une heure une correction des déficits en
VWF et FVIII, qui persiste généralement de six à huit heures. La
probabilité de bonne réponse dans les MW de type 1 est géné-
L’acide tranexamique est utilisé lors des saignements ralement corrélée au taux initial de VWF. Cependant, dans les
muqueux, notamment les règles. formes liées à une clairance accélérée du VWF, malgré des taux
de base très faibles, la réponse est habituellement bonne, voire
exagérée au pic, mais très raccourcie. Dans le type 2A, les taux
de FVIII sont augmentés mais le déficit en VWF:Act peut per-
Desmopressine sister, ainsi que l’allongement du test PFA. Il faut distinguer les
mutations de groupe 2, où la DDAVP entraîne une sécrétion de
La desmopressine (1-désamino-8-D-arginine vasopressine ou VWF multimérisé mais prématurément protéolysé, des mutations
dDAVP) est un analogue synthétique de la vasopressine, agoniste de groupe 1, où le VWF sécrété ne comporte pas de multimères
des récepteurs V2, qui induit la sécrétion du VWF endogène sto- de haut PM. Dans le type 2B, la DDAVP est en règle contre-
cké dans les corps de Weibel-Palade des cellules endothéliales. La indiquée, du fait du risque d’exacerbation de la thrombopénie ;
DDAVP, utilisée depuis les années 1970, est généralement admi- cependant, une efficacité clinique a été montrée chez certains
nistrée par voie intraveineuse (Minirin® solution injectable) à la patients. Une thrombopénie survenant après DDAVP oriente le
posologie de 0,3 ␮g/kg dilué dans 50 ml de sérum physiologique diagnostic vers le type 2B. Chez un patient thrombopénique, le
en 30 minutes. Le taux de VWF (et celui de FVIII) s’élève de trois recours à la DDAVP est a priori contre-indiqué (sauf dans le cas
à cinq fois en 30 à 60 minutes [82] et retourne à son taux de base de certaines mutations non associées à un risque de thrombopé-
en six à huit heures. Un test thérapeutique est recommandé lors nie). Dans le type 2M, la réponse est très variable et le recours
du diagnostic afin d’évaluer la réponse individuelle à la DDAVP à la DDAVP est conditionné par les résultats du test. Dans le
chez tout patient susceptible d’avoir une réponse positive [83] . Elle type 2N, les taux de FVIII peuvent être considérablement aug-
est variable d’un patient à l’autre mais constante au cours de la mentés après DDAVP, mais la demi-vie est très brève du fait du
vie pour un patient donné. Lors du test thérapeutique, une éva- défaut de stabilisation par le VWF. Les patients de type 3 ne

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Maladie de Willebrand  13-021-A-50

répondent pas, car les granules de stockage ne contiennent pas de Médicaments adjuvants
VWF.
L’acide tranexamique (Exacyl® , 15 mg/kg 3 fois/j) par voie
orale ou intraveineuse est recommandé (seul ou associé au
Traitement substitutif par facteur Willebrand traitement spécifique) dans les hémorragies de la sphère
oto-rhino-laryngologique, les hémorragies digestives et les ménor-
En France en 2019, plusieurs médicaments contenant du VWF ragies. Il est contre-indiqué dans les situations thrombogènes et
humain d’origine plasmatique ont une AMM : Voncento® (VWF dans les hématuries.
humain contenant du facteur VIII humain avec un rapport Le traitement œstroprogestatif permet souvent de réduire la
FVIII/VWF voisin de 0,5, laboratoire CSL Behring), Wilfactin® sévérité des ménorragies, même s’il modifie peu les taux de VWF.
(VWF humain dépourvu de facteur VIII humain, laboratoire LFB) Le recours à un dispositif intra-utérin au lévonorgestrel est égale-
et Wilstart® (VWF humain contenant du facteur VIII humain avec ment envisageable (Mirena® ).
un rapport FVIII/VWF voisin de 0,5, laboratoire LFB). La prépara- Les traitements hémostatiques locaux (colle biologique) sont
tion de ces médicaments dérivés du sang comporte trois étapes de efficaces et doivent être privilégiés chaque fois que possible.
sécurisation : traitement par solvant-détergent, chauffage à sec et
nanofiltration à 35 nm pour le Wilfactin® et le Wilstart® . Dans
le cadre de la politique de maîtrise des dépenses hospitalières Situations particulières
et parallèlement à la mise en place de la tarification à l’activité
(T2A), les médicaments dérivés du sang figurent sur la liste « en Prophylaxie au long cours
sus » de la T2A, regroupant les médicaments innovants et/ou coû- Chez la plupart des patients avec MW de type 3 et quelques
teux. Ils sont réservés aux pharmacies des établissements de santé. patients des autres types, victimes d’accidents hémorragiques
Leur prescription se fait en concertation avec un médecin spé- graves récidivants, se pose la question de l’institution d’un traite-
cialisé dans la prise en charge des patients atteints de maladie ment prophylactique au long cours afin de prévenir les séquelles
hémorragique. Leur rétrocession aux patients pour le traitement articulaires liées à la répétition des hémarthroses ou les déglo-
à domicile est soumise à une prescription initiale hospitalière de bulisations répétées liées à des épistaxis, des ménorragies ou des
six mois. Ils sont soumis à une procédure de traçabilité rigoureuse. hémorragies digestives. On sait depuis de nombreuses années
Un autre médicament d’origine plasmatique devrait apparaitre que cette attitude est efficace pour prévenir la survenue des
sur le marché, Eqwilate® (VWF humain contenant du facteur VIII hémarthroses au cours de l’hémophilie grave et améliore considé-
humain avec un rapport FVIII/VWF voisin de 1, traité par solvant- rablement la qualité de vie. Dans la MW, une étude internationale
détergent et chauffage à sec). (von Willebrand Disease Prophylaxis Network) a été mise en place
Un concentré de VWF recombinant (vonicog alfa [Veyvondi® ]) en 2006, proposant le recours à un traitement substitutif par
produit en cellules CHO (Chinese hamster ovary) a obtenu une VWF/FVIII à la posologie de 50 UI/kg de VWF:Act par injection,
autorisation de mise sur le marché en 2019 chez l’adulte pour à répéter une, deux ou trois fois par semaine selon l’efficacité cli-
la prophylaxie et le traitement des hémorragies en contexte chi- nique afin de déterminer le meilleur schéma posologique selon
rurgical. Ce concentré comporte in vitro des multimères de haut l’indication [87–90] .
PM et des multimères ultralarges, le produit n’étant pas exposé
à la protéolyse par l’ADAMTS13 au cours de sa production. Les
essais ont montré des profils de sécurité et d’efficacité favorables, Situations gynécologiques et obstétricales
avec contrôle du saignement sans preuve d’immunogénicité, Les ménorragies sont le symptôme le plus commun chez les
et avec une dégradation rapide des multimères ultralarges par femmes atteintes de MW, rapportées chez 32 à 100 % d’entre
l’ADAMTS13 sans induction de microangiopathie après injec- elles [91] . Une carence martiale doit être recherchée régulièrement,
tion [84, 85] . voire prévenue. La meilleure approche pour leur prise en charge
Le traitement par apport exogène de VWF est efficace dans est multidisciplinaire et plusieurs traitements, associés ou non,
toutes les formes de MW ; cependant, compte tenu du coût et des choisis en fonction de l’âge et du désir de grossesse, peuvent être
risques résiduels potentiels des médicaments plasmatiques, il doit proposés [92] . L’acide tranexamique pendant les premiers jours des
être réservé au traitement préventif ou curatif de la MW lorsque règles est souvent efficace pour réduire le volume de saignement et
la DDAVP est inefficace (du fait du type de MW ou de la situation il est proposé en première ligne, l’efficacité étant jugée après trois
clinique) ou contre-indiquée. mois. Les ménorragies peuvent être prévenues par un traitement
Le schéma posologique est fondé sur la pharmacologie : œstroprogestatif au long cours suivi par un gynécologue ; un dis-
l’injection de 1 UI/kg de VWF augmente immédiatement le taux positif intra-utérin à libération de lévonorgestrel (Mirena® ) peut
de VWF:Act d’environ 2 % (UI/dl). L’injection de VWF induit une aussi être une bonne option. En cas d’échec de ces mesures, ou si
remontée progressive du taux de FVIII endogène, qui atteint son elles ne peuvent pas être appliquées, on peut recourir les premiers
maximum dans un délai d’environ 12 heures [6] ; en effet, lorsque jours des règles à la DDAVP chez le sujet répondeur ou à un trai-
le déficit en VWF est corrigé, le FVIII synthétisé par le patient est tement substitutif par VWF chez le sujet non répondeur. Enfin, le
stabilisé et reste en circulation. Ainsi, en urgence, chez un patient gynécologue peut discuter chez les femmes qui n’ont plus de désir
qui a un déficit en FVIII (inférieur à 40 UI/dl), la coadministration de grossesse une thermocoagulation de l’endomètre par ballonnet
de FVIII est nécessaire. Les injections suivantes peuvent faire appel (Thermachoice® , Novasure® , Thermablate® ), qui peut permettre
au concentré de VWF seul, pour éviter que l’addition du FVIII d’éviter un traitement chirurgical. En cas de dysménorrhée, le
exogène au FVIII endogène ne contribue à produire des taux très traitement anti-inflammatoire non stéroïdien est contre-indiqué
élevés de FVIII (en particulier quand les injections sont répétées, puisqu’il majore le saignement par son effet antiagrégant plaquet-
comme en chirurgie), qui peuvent représenter un facteur de risque taire. Le recours à un antalgique de palier adapté est préférable.
de thrombose veineuse. Ce schéma thérapeutique a fait la preuve Dans les formes les plus sévères peuvent survenir à répétition
de son efficacité [86] . La prescription se fait en unités internatio- des kystes ovariens hémorragiques [91] . Leur récidive peut être
nales de VWF:Act, avec des posologies initiales de 40 à 60 UI/kg prévenue par la suppression des cycles ovulatoires ou, chez les
dans les formes sévères et de 20 à 40 UI/kg dans les déficits plus femmes qui ont un désir de grossesse, par un traitement substitutif
modérés. Les injections sont répétées toutes les 24 heures (toutes prophylactique au moment de l’ovulation.
les 12 h dans les formes sévères le premier jour), puis peuvent être Le risque d’hémorragie lors de la grossesse est souligné par de
espacées toutes les 48 heures. Pour les interventions chirurgicales nombreuses études : il existe à la période anténatale, mais surtout
et dans les situations hémorragiques graves, on cherche à obtenir lors de l’accouchement, de la délivrance ou du post-partum, où
des taux de FVIII:C et de VWF:Act de 100 UI/dl au pic, maintenus l’incidence a été estimée entre 20 et 30 %, sans tenir compte du
supérieurs ou égaux à 50 UI/dl jusqu’à cicatrisation [50, 65] . Il est type de MW, y compris chez les patientes substituées au moment
conseillé de surveiller les taux de FVIII et de VWF:Act deux fois de l’accouchement [93] . Toute grossesse chez une patiente atteinte
par jour le premier jour, puis une fois par jour, juste avant une de MW, quel que soit son type, doit faire l’objet d’un suivi mul-
injection [82, 86] . tidisciplinaire (obstétricien, hématologiste et anesthésiste) et leur

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13-021-A-50  Maladie de Willebrand

prise en charge est maintenant bien codifiée. Cependant, le risque atteints d’anomalies de l’hémostase altérant les interactions
n’est pas le même selon le type de MW. Une évaluation des taux plaquettes-paroi vasculaire. Elles ont été décrites dans la MW
de VWF (VWF:Ag et VWF:Act) et de FVIII:C (ainsi qu’une numé- constitutionnelle pour la première fois en 1976, et sont res-
ration des plaquettes en cas de MW de type 2B) doit être réalisée ponsables d’un saignement occulte récidivant ou d’hémorragies
lors de la première visite, puis à 28 et 34 semaines d’aménorrhée, extériorisées mettant en jeu le pronostic vital. Une enquête inter-
ainsi qu’avant toute procédure invasive. En effet, les taux de VWF nationale que nous avons réalisée a montré qu’elles n’étaient
et FVIII s’élèvent tout au long d’une grossesse normale à par- associées qu’aux formes de MW comportant un déficit en mul-
tir de dix ou 11 semaines d’aménorrhée, avec des taux à 34 ou timères de haut PM du VWF (MW de type 2 et type 3), les larges
36 semaines d’aménorrhée qui reflètent ceux du terme : chez une multimères étant indispensables à la prévention du saignement
femme atteinte de MW, l’évolution des taux de VWF et FVIII pen- dans ces ectasies vasculaires, qui produisent localement des taux
dant la grossesse dépend étroitement du type de MW. Dans le de cisaillement très élevés [95] . Leur prise en charge est extrême-
type 1, la plupart des femmes atteignent des taux de VWF:Act, ment difficile, notamment à cause des récidives et de la difficulté
VWF:Ag et FVIII:C supérieurs à 50 UI/dl au troisième trimestre à localiser les lésions, et nécessite une étroite collaboration entre
de la grossesse ; cependant, chez des femmes avec MW de type 1 le gastroentérologue et l’hématologue. L’exploration endosco-
« sévère » (taux de base de VWF inférieur à 15 UI/dl et souvent pique repose fréquemment sur la vidéocapsule, pour visualiser
une mutation entraînant une anomalie de clairance), les taux de les lésions de l’intestin grêle. Le traitement local (par coagulation
VWF et FVIII restent pathologiquement abaissés. Dans le type 2, au plasma argon ou au laser au cours de l’endoscopie) peut per-
on constate une augmentation des taux de VWF:Ag, mais la molé- mettre d’éviter les résections intestinales. Ces gestes invasifs sont
cule reste dysfonctionnelle : persistance d’un déficit en VWF:Act réalisés sous traitement substitutif. Aucun traitement n’a fait la
dans les types 2A, 2B et 2M (et persistance d’anomalies des multi- preuve de son efficacité à prévenir les récidives et l’approche thé-
mères dans les types 2A et 2B) ; persistance d’un déficit en FVIII:C rapeutique est souvent multiple : identification et traitement de
dans le type 2N. Dans le type 3, il n’y a aucun changement au comorbidités comme l’hypertension portale ; traitement substitu-
cours de la grossesse, les taux de VWF restant indétectables. Un tif prophylactique, associé ou non à l’acide tranexamique ; recours
suivi en maternité de niveau 3 est recommandé dans les formes à un analogue de la somatostatine, l’octréotide, au thalidomide,
les plus sévères. ou aux statines, comme cela a été proposé dans quelques obser-
En pratique, l’analgésie péridurale n’est pas formellement vations [96–98] . L’association d’estrogènes et de progestérone s’est
contre-indiquée dans le type 1 chez les femmes qui ont atteint avérée inefficace [99] .
des taux de VWF:Act, VWF:Ag et FVIII:C supérieurs à 50 UI/dl
et l’accouchement peut se faire sans recours systématique à un Maladie de Willebrand de type 3
traitement préventif ; si les taux restent inférieurs à 50 UI/dl, le avec alloanticorps anti-VWF
recours à un traitement substitutif de concentré de VWF, ou à une Les patients qui ont un déficit total en VWF peuvent dévelop-
injection de DDAVP après clampage du cordon si la patiente a un per après traitement substitutif des anticorps anti-VWF qui sont
statut de bonne réponse, est proposé. L’analgésie péridurale est inhibiteurs. Cette complication grave est rare : on estime qu’elle
contre-indiquée chez les patientes avec MW de type 2 ou 3. Que touche de 6 à 10 % des patients atteints de MW de type 3, sur-
l’accouchement ait lieu par voie basse ou par césarienne, il faut tout en cas de grande délétion du gène du VWF. La présence
recourir à un traitement substitutif par VWF ou VWF/FVIII (seules d’antécédents familiaux d’immunisation serait également un fac-
quelques formes très modérées de MW de type 2A ou 2M peuvent teur de risque. Un cas a été décrit chez un sujet de type 2B [100] .
bénéficier de DDAVP), établi par un médecin spécialiste de la prise Cependant, l’incidence exacte est inconnue. Tout patient atteint
en charge des maladies hémorragiques, et institué dès le début du de MW de type 3 doit bénéficier régulièrement d’une recherche
travail en cherchant à obtenir des taux de FVIII:C et de VWF:Act d’anticorps anti-VWF, et systématiquement en cas d’inefficacité
de 100 UI/dl au pic, maintenus supérieurs ou égaux à 50 UI/dl clinique ou biologique du traitement ou de réaction anaphy-
pour une durée au moins de trois jours si l’accouchement a eu lieu lactique (liée à la formation d’immuns complexes) lors d’un
par voie basse et au moins de cinq jours pour une césarienne ; la traitement substitutif. La prise en charge de ces patients est réser-
durée du traitement doit être plus longue dans le type 3 (au moins vée à des centres très spécialisés. Compte tenu du faible nombre
7 j après une césarienne) et un traitement substitutif prophylac- de patients, certainement moins de dix en France, il n’y a pas
tique (de 40 à 60 UI/kg de VWF:Act 2 ou 3 fois par semaine) peut de consensus thérapeutique clairement établi quant au meilleur
être discuté en relais. Dans tous les types de MW existe un risque traitement [101] : perfusion continue (à cause de la demi-vie très
d’hémorragie du post-partum (plus important dans les formes brève en l’absence de VWF) de facteur VIII recombinant (pour évi-
sévères) et ce risque peut être prévenu par la prescription d’acide ter les relances anamnestiques liées aux traces de VWF présentes
tranexamique ou d’un traitement œstroprogestatif. dans le facteur VIII plasmatique), facteur VII activé recombinant
Des recommandations pour le nouveau-né sont utiles. L’enfant (NovoSeven® ) ou VWF, malgré le risque de réaction anaphylac-
d’une mère atteinte de MW de type 1 ou 2 a une chance sur deux tique, éventuellement associés à des séances d’immunoadsorption
d’avoir le même déficit que sa mère. L’enfant d’une mère atteinte des anticorps sur colonne de protéine A. Une étude internationale
de MW de type 3 (forme récessive) n’a généralement pas de défi- est en cours, 3WINTERS-IPS (Type 3 von Willebrand International
cit en VWF à la naissance (sauf si le père est lui-même atteint Registries Inhibitor Prospective Study).
d’une MW). Ce sont les critères obstétricaux qui influencent le
mode d’accouchement. Particulièrement pour les fœtus qui ont
un risque de MW de type 2 ou 3, il faut éviter, à cause du risque
d’hémorragie intracrânienne, les manœuvres telles qu’extraction
par ventouse ou forceps, ainsi que les mesures de monitoring fœtal
“ Point fort
invasives. Après la naissance, la vitamine K doit être prescrite per La prévention du risque hémorragique lors des procédures
os et toute procédure invasive non indispensable proscrite. Chez
invasives et le traitement des épisodes hémorragiques
un enfant susceptible d’être atteint de MW de type 3, un diagnos-
reposent sur l’administration de traitements prohémosta-
tic sur sang de cordon est proposé ; dans les autres cas, les taux
de VWF étant surévalués en période néonatale, les tests diagnos- tiques spécifiques : la desmopressine ou le traitement
tiques ne sont réalisés qu’après l’âge de 2 ans, ou plus tôt en cas substitutif par le facteur Willebrand/facteur VIII.
de procédure invasive ou de syndrome hémorragique [94] .

Angiodysplasies gastro-intestinales
 Diagnostic prénatal
Les angiodysplasies sont des malformations vasculaires dégé-
nératives favorisées par l’hypoxie et un âge supérieur à 60 ans. Il peut être discuté en réunion de centre pluridisciplinaire de
Elles peuvent se développer n’importe où dans le tractus gastro- diagnostic prénatal (génétique médicale, obstétrique, hématolo-
intestinal et restent généralement muettes, sauf chez des patients gie, biologie moléculaire) pour les couples susceptibles d’avoir un

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Maladie de Willebrand  13-021-A-50

enfant atteint de MW de type 3, souvent déjà parents d’un enfant nostic de SVWA est encore trop rarement porté, malgré le contexte
atteint d’une forme sévère chez qui les anomalies géniques ont clinique évocateur, souvent parce que l’étude de l’hémostase n’est
été identifiées, après une consultation de conseil génétique, et pas assez approfondie. Le profil des réponses thérapeutiques est
s’ils souhaitent aller vers une interruption médicale de grossesse aussi très évocateur. Par exemple, le diagnostic de SVWA doit être
en cas d’atteinte du fœtus (article L. 2131-1 du Code de la santé évoqué lorsque la récupération du VWF est mauvaise et sa demi-
publique, loi n◦ 2004-800 du 6 août 2004). Ce cas de figure est vie très raccourcie lors d’un traitement substitutif par VWF/FVIII
extrêmement rare au vu de la faible fréquence de la MW de type 3 (car le VWF exogène subit le même sort que le VWF synthétisé
(0,5 pour 10 millions de naissances). La technique privilégiée est par le patient). Le SVWA associé à certaines gammapathies mono-
l’obtention de tissu fœtal pour l’analyse de l’ADN par biopsie du clonales peut répondre de façon assez spécifique aux immunoglo-
trophoblaste entre 11 et 13 semaines d’aménorrhée, ou sur amnio- bulines (Ig) polyvalentes à fortes doses par voie intraveineuse. La
centèse après 16 semaines d’aménorrhée. Ce geste invasif doit durée de réponse est de deux à trois semaines. Plusieurs études ont
être encadré par un protocole thérapeutique adapté au phénotype montré que les Ig intraveineuses étaient efficaces dans les SVWA
maternel. Lorsque la ou les mutations ne sont pas connues, diffé- associés à une gammapathie monoclonale de signification indé-
rents polymorphismes du gène du VWF sont étudiés pour repérer terminée (GMSI) de type IgG, mais pas de type IgM [106] . Il est
les allèles mutés de façon indirecte. important en termes de stratégie thérapeutique de bien identi-
fier la pathologie sous-jacente, afin de déterminer le mécanisme
pathologique en cause et de proposer des traitements de fond
 Syndrome de Willebrand acquis susceptibles d’être efficaces : corticoïdes, immunosuppresseurs,
chimiothérapie, plasmaphérèse, remplacement valvulaire, etc.
Le syndrome de Willebrand acquis (SVWA [acquired von Wille- Lorsque le traitement à visée étiologique est impraticable, inef-
brand syndrome]), aussi appelé MW acquise, se définit comme ficace ou pas encore efficace, le seul recours est le traitement
un syndrome hémorragique comportant les anomalies biolo- symptomatique visant à corriger le déficit en VWF, indiqué en
giques de la MW constitutionnelle, le plus souvent sous sa cas de saignement anormal ou pour sa prévention en cas de pro-
forme de type 2A, chez un sujet sans antécédents hémorragiques cédure invasive. Dans une GMSI-IgG, les Ig par voie intraveineuse
personnels ou familiaux. Le SVWA est rare, mais certainement sont le traitement de première intention. Dans les autres cas, on a
sous-diagnostiqué ; un registre international rétrospectif éla- le choix entre la DDAVP et le traitement substitutif par VWF/FVIII,
boré en 2000 [102] a montré qu’il était surtout décrit au cours selon leur efficacité. Il faut tenir compte de la demi-vie du VWF
des syndromes lympho- ou myéloprolifératifs, mais aussi dans (endogène ou exogène), qui peut être très raccourcie. Une étude
des affections immunes, cardiovasculaires ou néoplasiques. Ce pharmacocinétique est justifiée avant toute chirurgie majeure.
registre est aujourd’hui maintenu pour des études prospectives, C’est pourquoi, dans certaines situations où toutes les thérapeu-
qui visent à préciser l’incidence du SVWA en fonction de la tiques sont inefficaces, il a été proposé de recourir au facteur VII
pathologie sous-jacente, et à dégager les meilleures approches activé recombinant [107] .
diagnostiques et thérapeutiques.
On reconnaît trois grands mécanismes pathogéniques à
l’origine d’un SVWA :  Conclusion
• des autoanticorps, inhibiteurs ou non, qui forment des
complexes avec le VWF et subissent alors une clairance en La MW est très hétérogène dans ses aspects cliniques, bio-
même temps que le VWF par les cellules portant un récepteur logiques et moléculaires. Le diagnostic en est souvent facile ;
Fc (ce mécanisme est privilégié dans les gammapathies mono- cependant, la caractérisation précise de l’anomalie présente dans
clonales et les pathologies auto-immunes) ; les différents types et sous-types peut être malaisée et relève alors
• une adsorption du VWF sur les clones de cellules malignes de l’expertise d’une équipe multidisciplinaire, comme celle du
(mécanisme associé aux néoplasies) ; CRMW. Il ne faut pas oublier que l’objectif de la classification est
• une protéolyse excessive des multimères du VWF de haut PM clinique : guider le traitement des patients. L’étude de la réponse
par ADAMTS13 dans des conditions hémorhéologiques anor- à la DDAVP est une étape très importante de leur prise en charge.
males, avec des taux de cisaillement très élevés, comme on peut
les rencontrer dans des malformations cardiovasculaires (rétré-
cissement aortique) ou en présence de troubles de la viscosité Déclaration de liens d’intérêts : C. Paris : Essais cliniques (co-investigateur
sanguine majeurs. Shire) ; J. Goudemand : expertise (LFB, Shire, Roche, NovoNordisk, Sobi) ; essais
Il existe aussi plus rarement des défauts de synthèse associés à cliniques, investigateur principal CSL-Behring, co-investigateur (LFB, Shire) ;
S. Susen : expertise (CARMAT, Hemabiologics, LFB, Shire, Sobi, Stago) ; essais
certains médicaments (notamment le valproate de sodium) ou à
cliniques (investigateur principal Biomarin, LFB, Shire, Sobi, co-investigateur
l’hypothyroïdie.
CSL-Behring).
Les manifestations hémorragiques ressemblent à celles de la
maladie constitutionnelle. On observe aussi des hémorragies
digestives liées à des angiodysplasies gastro-intestinales ; il est
intéressant de rappeler que le syndrome de Heyde, qui associe un  Références
rétrécissement aortique et des hémorragies digestives liées à des
angiodysplasies régressant après remplacement valvulaire, a été [1] Sadler JE, Budde U, Eikenboom JC, Favaloro EJ, Hill FG, Holmberg
décrit dès 1958, mais que le lien avec le SVWA n’a été fait qu’en L, et al. Update on the pathophysiology and classification of von Wille-
1992 [103, 104] . Une remarquable étude du SVWA dans le rétrécisse- brand disease: a report of the Subcommittee on von Willebrand Factor.
ment aortique a été publiée en 2003 par des auteurs français [105] . J Thromb Haemost 2006;4:2103–14.
Les meilleurs tests diagnostiques sont la mise en évidence de taux [2] Zhou Y-F, Eng ET, Zhu J, Lu C, Walz T, Springer TA. Sequence
and structure relationships within von Willebrand factor. Blood
de VWF:Act ou VWF:CB anormalement bas par rapport au taux
2012;120:449–58.
de VWF:Ag, et la disparition sélective des multimères de haut
[3] Flood VH, Gill JC, Christopherson PA, Wren JS, Friedman KD, Habe-
PM. Le dosage du propeptide, dont le taux reste élevé par rap-
richter SL, et al. Comparison of type I, type III and type VI collagen
port à celui du VWF:Ag, est également informatif, objectivant la binding assays in diagnosis of von Willebrand disease. J Thromb Hae-
clairance anormalement rapide du VWF:Ag dans la circulation. most 2012;10:1425–32.
Cependant, aucun de ces tests n’est discriminatif par rapport à [4] Lenting PJ, Christophe OD, Denis CV. von Willebrand factor bio-
une MW constitutionnelle. Seule la mise en évidence d’anticorps synthesis, secretion, and clearance: connecting the far ends. Blood
anti-VWF, inhibiteurs ou non, peut signer le caractère acquis, mais 2015;125:2019–28.
ces anticorps ne sont détectés que dans 14 % des SVWA [102] ; [5] Favaloro EJ, Lloyd J, Rowell J, Baker R, Rickard K, Kershaw G,
leur recherche, difficile, doit être standardisée. Ainsi, le plus sou- et al. Comparison of the pharmacokinetics of two von Willebrand
vent, c’est l’identification d’anomalies biologiques du VWF, dans factor concentrates [Biostate and AHF (High Purity)] in people with
un contexte de symptomatologie hémorragique récente associée à von Willebrand disorder. A randomised cross-over, multi-centre study.
une pathologie particulière, qui permet le diagnostic. Mais le diag- Thromb Haemost 2007;97:922–30.

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CS 70001, 59037 Lille cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Paris C, Goudemand J, Susen S. Maladie de Willebrand. EMC - Hématologie 2020;31(2):1-18 [Article
13-021-A-50].

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